LA FRANCE POURRAIT PRODUIRE 20% D’HYDROÉLECTRICITÉ DE PLUS, SELON LES EXPLOITANTS

Les centrales hydroélectriques assurent 12% de la production d’électricité en France et bien qu’ancien, le secteur a encore un potentiel de développement qui permettrait de produire « 20% de plus, essentiellement avec de nouveaux ouvrages », a estimé jeudi France Hydro Électricité.

En moyenne, ces installations produisent 60 térawattheures (TWh) par an, soit la consommation électrique de 27 millions de Français, a rappelé le syndicat professionnel qui fédère les exploitants de 720 ouvrages.

Ces ouvrages peuvent être des centrales qui turbinent au fil de l’eau (un torrent, un fleuve…), ou des barrages qui stockent l’eau avec des centrales qui turbinent à la demande pour produire l’électricité.

« Le potentiel de développement est de 12 TWh, cela représente 20% de plus, essentiellement avec le développement de nouveaux ouvrages », a précisé lors d’une conférence de presse le président de France Hydro Électricité Xavier Casiot.

Il n’a pas dit le montant d’investissements que cela représenterait, variable d’un projet à l’autre et fonction du cours d’eau, de la puissance et des contraintes environnementales.

À horizon 2028, la France a planifié un développement de 5% de l’hydroélectricité, soit 3 à 4 Twh de plus. Une nouvelle loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est en préparation.

Gaz Électricité de Grenoble (GEG) compte ainsi sept installations nouvelles sur des torrents de montagne, dont la mise en service approche: « la plus petite de 2 GW, équivalent de la consommation de 1.000 habitants et la plus grosse de 12 GW à Peisey-Nancroix dans la vallée de la Tarentaise » et qui commencera à produire « au mieux pour 2025 », selon Nicolas Fléchon, directeur production énergies renouvelables chez GEG.

Le parc hydroélectrique, pilier de la production électrique française avant le développement du nucléaire civil à partir des années 1970, est « un outil extrêmement précieux pour assurer l’équilibre du réseau », a rappelé M. Casiot.

Son développement « permettrait d’éviter le recours aux énergies fossiles, charbon et gaz, auxquels la France a encore recours lors des pics de consommation », assure France Hydro Électricité.

La France manque cependant de centrales Step ou « stations de transfert d’énergie par pompage ».

Ces centrales, au nombre de six seulement actuellement, sont capables de pomper l’eau d’un bassin inférieur vers un bassin supérieur. Si elles utilisent de l’énergie solaire ou éolienne excédentaire pour pomper cette eau, cela revient à « stocker » cette énergie excédentaire. C’est une solution vue pour accompagner l’essor du solaire et de l’éolien et pallier le phénomène d’intermittence de ces énergies renouvelables.

« On a des possibilités qui vont au-delà des besoins » en matière de Steps, a souligné M. Casiot, alors qu’une concertation est engagée avec les pouvoirs publics pour que la construction de Steps bénéficie d’aides.

Par AFP, publié le 23.03.2023

Photo en titre : stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). ©Nant de Drance 2013

https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/hydroelectricite-stations-de-transfert-denergie-par-pompage-step

AUTOMOBILE, NUCLÉAIRE: LES TENSIONS PARIS-BERLIN PLANENT SUR LE SOMMET DE L’UE

Les disputes franco-allemandes sur la place du nucléaire dans la lutte contre le changement climatique et l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 jettent une ombre sur le sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UE jeudi et vendredi.

Les dirigeants des Vingt-Sept, qui arriveront à Bruxelles à partir de 10H30 (09H30 GMT), doivent discuter de l’Ukraine et des moyens de renforcer la compétitivité de l’économie européenne, selon les points officiellement à l’agenda.

Mais les conflits récents sur l’automobile et le nucléaire ne manqueront pas de s’inviter dans les débats, selon les diplomates.

Une réunion bilatérale franco-allemande est prévue vendredi matin alors que les relations entre les deux puissances européennes sont tendues depuis des mois. Le contexte est difficile pour le président français Emmanuel Macron, confronté à des manifestations violentes en France sur la réforme des retraites. Mais aussi pour le chancelier allemand Olaf Scholz, en difficulté dans les sondages et empêtré dans les divisions de sa coalition.

Paris et Berlin se sont affrontés la semaine dernière sur la place du nucléaire dans une proposition de règlement de la Commission européenne en matière de politique industrielle.

La France et une dizaine d’autres États qui misent sur cette technologie souhaitaient obtenir la reconnaissance de l’atome dans les moyens à soutenir pour décarboner l’économie, contre l’avis de l’Allemagne et d’une poignée de pays antinucléaires.

Finalement, Paris a obtenu que le nucléaire soit mentionné, arrachant une victoire symbolique. Mais, en pratique, la filière ne bénéficiera quasiment d’aucun des avantages prévus par le texte comme l’accélération des procédures d’autorisation de projets ou les facilités de financements qui profiteront aux énergies renouvelables.

Une bataille s’annonce déjà pour remanier le texte au sein du Conseil qui réunit les 27 États membres et au Parlement européen.

Berlin brusque ses partenaires

Autre pomme de discorde: l’automobile. L’Allemagne a choqué ses partenaires début mars en bloquant un texte clé du plan climat de l’UE sur les émissions de CO2 des voitures qu’elle avait pourtant déjà approuvé.

Ce texte, qui imposera de fait les motorisations 100% électriques pour les véhicules neufs à partir de 2035, avait fait l’objet en octobre d’un accord entre États membres et négociateurs du Parlement européen, et avait été formellement approuvé mi-février par les eurodéputés réunis en plénière.

Pour justifier sa volte-face, rarissime à ce stade de la procédure, l’Allemagne a réclamé de la Commission européenne qu’elle présente une proposition ouvrant la voie aux véhicules fonctionnant aux carburants de synthèse.

Cette technologie, encore en développement, consisterait à produire du fuel à partir de CO2 issu des activités industrielles en utilisant de l’électricité bas-carbone. Défendue notamment par des constructeurs haut de gamme allemands et italiens, elle permettrait de prolonger l’utilisation de moteurs thermiques après 2035.

L’exécutif européen mène des discussions complexes avec Berlin pour trouver une issue à cette crise. L’idée est qu’elle précise, dans un texte séparé, comment l’UE pourra accorder à l’avenir un feu vert aux carburants de synthèse, sans remettre en cause ses objectifs de réduction de CO2.

Cette technologie est vivement contestée par les ONG environnementales qui la jugent coûteuse, énergivore et polluante.

Le blocage allemand est une initiative des libéraux du FDP qui cherchent à surfer sur l’impopularité de la fin des voitures essence et diesel.

Plusieurs responsables s’inquiètent d’une remise en cause des procédures de l’UE qui pourrait faire dérailler de nombreux autres textes, notamment du plan climat européen, si d’autres États suivent cet exemple.

« C’est un sujet interne à la politique allemande qui a atteint l’Europe« , peste un diplomate européen. « Ce n’est pas bien vu d’intervenir encore dans le débat alors que Parlement et États membres avaient trouvé un accord. On ne peut pas gérer notre boutique comme cela. »

Le ministre français des Transports Clément Beaune a regretté « une forme de fronde » de Berlin.

« On ne souhaite pas rouvrir le texte. On ne souhaite pas non plus revenir sur la date de 2035« , explique-t-on à l’Élysée.

Par Daniel ARONSSOHN, AFP, (© 2023 AFP), publié le 23 mars 2023 à 05h00

Photo en titre : Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz à l’Élysée le 8 février 2023. afp.com – Emmanuel DUNAND

https://information.tv5monde.com/info/automobile-nucleaire-les-tensions-paris-berlin-planent-sur-le-sommet-de-l-ue-492827

HYDROGÈNE NUCLÉAIRE : L’EUROPE RESTE DIVISÉE

L’hydrogène nucléaire continue de créer des divisions en Europe. Un groupe de sept États membres mené par l’Allemagne vient de rejeter son intégration dans la loi européenne sur les énergies renouvelables.

« La production et l’usage d’hydrogène et de carburants faiblement carbonés ne devraient pas être encouragés par l’intermédiaire d’une directive sur la promotion des énergies renouvelables« , explique une lettre transmise le 16 mars à la Commission européenne par l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne, l’Irlande, le Luxembourg, le Portugal et l’Espagne.

La France et huit autres pays de l’UE (la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Tchéquie) demandent, quant à eux, l’exemption des carburants d’origine nucléaire des objectifs inhérents aux transports verts inclus dans la directive sur les énergies renouvelables. Plus concrètement, ces nations souhaitent que les carburants concernés soient retirés du dénominateur servant au calcul des objectifs contraignants en matière de carburants verts pour les transports.

Selon la France, cette décision ne limiterait pas le potentiel de l’hydrogène renouvelable, mais permettrait aux électrolyseurs européens de fonctionner de manière optimale en étant alimentés par de l’électricité renouvelable et nucléaire. Un argument auquel s’opposent les nations contestatrices qui estiment qu’une législation trop ouverte freinerait les investissements dans d’autres solutions renouvelables cruciales pour l’Europe. Ces pays admettent néanmoins que l’hydrogène nucléaire peut aider certaines nations, tout en soulignant qu’une réglementation claire demeure indispensable. Ils précisent par ailleurs que ce sujet devrait être plutôt abordé lors de la révision de la législation européenne sur le gaz.

L’industrie favorable à l’hydrogène bas-carbone

Dans une lettre ouverte adressée à la Commission le 10 mars dernier, les industries sidérurgiques et chimiques ont lancé un appel pour intégrer les combustibles d’origine nucléaire dans les objectifs d’énergie renouvelable de l’UE. Initiée par France Hydrogène, la lettre compte plus d’une trentaine de signataires dont de nombreux acteurs de la filière, des associations professionnelles mais aussi des groupes comme Arcelor Mittal 

« Nous sommes engagés dans une course mondiale. Un tel cadre retarderait la décarbonation de l’industrie », préviennent les signataires, proposant d’exclure l’hydrogène bas-carbone consommé pour l’industrie et le transport des objectifs de la Directive. 

Par La rédaction, (Source : Pixabay) publié le 23 mars 2023

Photo en titre : Pixabay

https://www.h2-mobile.fr/actus/hydrogene-nucleaire-europe-reste-divisee/

UKRAINE EN DIRECT : LA SÛRETÉ DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE ZAPORIJJIA DANS UN ÉTAT « PRÉCAIRE »

Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, la « dernière ligne électrique de secours » de la centrale ukrainienne de Zaporijjia, endommagée depuis le 1er mars, reste « déconnectée et en réparation« . Or, elle lui permet en dernier recours d’assurer la sûreté et la sécurité nucléaires, en refroidissant notamment ses réacteurs. Suivez les derniers développements de la guerre en Ukraine heure par heure.

9 h 31 : l’Ukraine compte « très bientôt tirer parti » de la fatigue russe à Bakhmout

L’Ukraine a indiqué compter « très bientôt tirer parti » de la fatigue russe à Bakhmout, épicentre des combats dans l’est du pays depuis plusieurs mois et où les forces russes, avec le groupe paramilitaire Wagner en première ligne, ont subi d’importantes pertes.

« L’agresseur ne désespère pas de prendre Bakhmout à tout prix, malgré les pertes en hommes et en matériel« , a indiqué sur Telegram le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky. « Très bientôt, nous tirerons parti de cette opportunité, comme nous l’avons fait autrefois près de Kiev, Kharkiv, Balakliïa et Koupiansk« , a-t-il dit, citant de précédentes victoires militaires ukrainiennes.

8 h 26 : une arrestation de Poutine de la CPI serait une « déclaration de guerre« , prévient un responsable russe

Une arrestation de Vladimir Poutine par un pays étranger à la suite du mandat d’arrêt émis la semaine dernière par la Cour pénale internationale reviendrait à « déclarer la guerre » à Moscou, a mis en garde un haut responsable russe.

« Imaginons la chose (…) Le chef de l’État d’une puissance nucléaire se rend disons, par exemple, en Allemagne et est arrêté. Qu’est-ce que cela ? Une déclaration de guerre contre la Russie« , a déclaré, mercredi soir, l’ex-président Dmitri Medvedev, actuel numéro 2 du Conseil de sécurité russe.

3 h 50 : l’Ukraine à l’agenda du sommet de l’Union européenne

Les dirigeants des Vingt-Sept, qui arriveront à Bruxelles à partir de 10 h 30 (09 h 30 GMT), doivent discuter de l’Ukraine et des moyens de renforcer la compétitivité de l’économie européenne, selon les points officiellement évoqués à l’agenda du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UE jeudi et vendredi.

3 h 47 : la sûreté de la centrale nucléaire de Zaporijjia dans un état « précaire« , alerte l’AIEA

La sûreté nucléaire de la centrale ukrainienne de Zaporijjia (sud-est) se trouve dans un « état précaire« , a mis en garde le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, dans un communiqué.

Selon l’organisation, la « dernière ligne électrique de secours » de la centrale, endommagée depuis le 1er mars, reste « déconnectée et en réparation« . Or, elle lui permet en dernier recours d’assurer la sûreté et la sécurité nucléaires, en refroidissant notamment ses réacteurs.

La centrale dépend depuis trois semaines de l’électricité fournie par une seule ligne externe principale de 750 kV, et « tout dommage (sur cette ligne) entraînera la perte totale de toute l’alimentation hors site de la centrale« .

« La sûreté nucléaire au sein de la (centrale) reste dans un état précaire« , a déclaré Rafael Grossi. « J’appelle une fois de plus toutes les parties à s’engager à garantir la sûreté nucléaire et la protection de la sécurité de la centrale. »

Par FRANCE 24 , avec AFP et Reuters, publié le 23/03/2023 à 08h43, modifié le 23/03/2023 à 08h49

Photo en titre : La centrale nucléaire de Zaporijjia, dans la ville d’Enerhodar, en Ukraine, le 11 septembre 2022. © AFP

https://www.france24.com/fr/europe/20230323-%F0%9F%94%B4-en-direct-la-s%C3%BBret%C3%A9-de-la-centrale-nucl%C3%A9aire-de-zaporijjia-dans-un-%C3%A9tat-pr%C3%A9caire

NUCLÉAIRE DANS LA MANCHE : REPRISE CURIEUSE DE LA CONCERTATION AUTOUR DE LA PISCINE DE DÉCHETS

La concertation autour du projet de création d’une piscine EDF de stockage de déchets nucléaires à la Hague (Manche) reprend. Selon une méthode qui ne manque pas d’étonner les opposants.

Les représentants du collectif Stop piscine nucléaire, qui s’opposent depuis des mois au projet d’EDF de construire une nouvelle installation de stockage à la Hague (Manche) sur les terres d’Orano, ont été conviés jeudi 23 mars 2023 par la sous-préfète de Cherbourg, Élisabeth Castellotti, et le sénateur Jean-Michel Houllegatte pour l’installation du comité de suivi permanent de la consultation continue, menée par la Commission nationale du débat public.

Une réunion « pas ouverte au public »

Ils s’étonnent cependant de la méthode appliquée. « Alors qu’on parle de consultation publique, cette réunion n’est pas ouverte au public », pointe Yannick Rousselet, qui craint un « verrouillage ». Il regrette par ailleurs que la presse ni certains acteurs locaux comme la Confédération paysanne ne soient pas conviés, s’interroge sur la nomination du tandem invitant et leur position par rapport aux garants de la CNDP.

Il propose enfin que la structure prévue fonctionne à l’image d’une CLI (commission d’information locale) avec plusieurs collèges, comme pour toute installation nucléaire.

Par Ouest-France, publié le 22/03/2023 à 08h00

Photo en titre : Yannick Rousselet, pour le collectif Stop piscine et Greenpeace, s’étonne de la méthode adoptée pour la reprise de la concertation. | OUEST-FRANCE

https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/nucleaire-dans-la-manche-reprise-curieuse-de-la-concertation-autour-de-la-piscine-de-dechets-8425e1c4-c811-11ed-80c7-e23f0fe16482

CENTRALE NUCLÉAIRE DU BUGEY : LE PROGRAMME DE MAINTENANCE POUR 2023 EST CONNU

Corrosion sous contrainte, visite décennale… La commission locale d’information de la centrale nucléaire du Bugey s’est réunie le 16 mars à Saint-Vulbas afin de présenter le programme de maintenance 2023.Sujet sensible…

Or, dans un contexte de forte tension sur le marché énergétique, la situation des centrales nucléaires françaises est évidemment sous le feu des projecteurs, chaque arrêt pouvant peser sur la disponibilité en électricité.

Et justement, la centrale du Bugey va, durant l’année 2023, subir des arrêts pour notamment passer à la loupe ses tuyauteries. « Les contrôles de corrosion sous contrainte dans les tuyauteries nécessitent un travail de très grande précision », rappelle Pierre-Louis Boyer, le directeur de la centrale.

Une pièce fissurée doit en effet être découpée, envoyée dans un laboratoire spécifique à Chinon, puis ressoudée par des soudeurs de qualification très particulière. « L’expérience me rend très prudent quant au temps et au coût de ces interventions. »

Centrale nucléaire du Bugey : vers la prolongation des réacteurs

Le planning est pourtant déjà construit. L’unité 2 de la centrale sera ainsi arrêtée 95 jours à partir du 22 juillet pour une visite partielle (coût estimé de 30 millions d’euros). Et surtout l’unité 3 se pliera à sa visite décennale, avec un arrêt programmé de 179 jours… Six mois de contrôles et de maintenance dont le coût total est estimé à 74 millions d’euros. L’unité 5 subira aussi un arrêt, mais de seulement 43 jours pour un simple rechargement en matériau à partir du 6 mai, (coût estimé 10 millions d’euros).

Bien sûr, la question de la corrosion sous contrainte inquiète les riverains. « À la prochaine visite décennale, le réacteur aura dépassé les 45 ans, je trouve qu’il mérite beaucoup plus que le contrôle technique de nos voitures », a soulevé une personne dans l’assistance. Une inquiétude qui n’est pas réellement partagée par les décideurs.

En effet, la CLI a rendu un avis favorable sur la prolongation des réacteurs 2, 4 et 5. « Compte tenu des examens positifs cela va permettre au centre de fonctionner des années supplémentaires », se réjouit Jean-Yves Flochon, vice-président du Département de l’Ain et président de la CLI auprès du centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) du Bugey.

À lire aussi : « Ville bioclimatique et positive d’ici 2035 » : Belleville-en-Beaujolais avance ses pions

FR-Alert : des alertes en temps réel en cas d’incident nucléaire

En parallèle le dispositif d’alerte et d’information des populations (en cas d’incident) a été remanié. Déployé sur le territoire national depuis fin juin 2022, FR-Alert, puisque c’est son nom, permet de prévenir en temps réel toute personne détentrice d’un téléphone portable de sa présence dans une zone de danger afin de l’informer des comportements à adopter pour se protéger.

« Il est maintenant déployé et opérationnel sur le département de l’Ain, précise la préfecture. Il concerne non seulement la centrale du Bugey mais l’ensemble des risques du département et, vous le savez, nous sommes bien lotis en terme de risques sur le département. »

Si vous vous trouvez dans l’une des zones concernées par un danger imminent, vous pourrez recevoir une notification accompagnée d’un signal sonore spécifique, même si votre téléphone portable est en mode silencieux. La réception de cette notification ne nécessite aucune installation préalable sur votre téléphone.

En fonction de la marque du téléphone mobile, de l’opérateur et de l’endroit dans lequel vous vous trouverez au moment de l’envoi de l’alerte, des délais de réception différents des notifications pourront être constatés.

Par Christel Dalsbaek pour Aletheia Press, publié le 22 mars 2023 à 12h26

Photo en titre : © Aletheia Press, Christel Dalsbaek – La centrale nucléaire du Bugey connaîtra plusieurs arrêts par tranches en 2023 sur les réacteurs 2, 3 et 5.

https://www.lepatriote.fr/centrale-nucleaire–du-bugey-le-programme-de-maintenance-pour-2023-est-connu-122533.html

LA COUR DES COMPTES APPELLE À MIEUX ADAPTER LE NUCLÉAIRE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

La Cour des comptes appelle notamment les acteurs du nucléaire à mieux appréhender le problème de l’eau nécessaire au refroidissement des centrales.

La Cour des comptes appelle les acteurs du nucléaire, EDF et État en tête, à renforcer l’adaptation des réacteurs au réchauffement climatique notamment en appréhendant mieux le problème de l’eau nécessaire au refroidissement des centrales, dans un rapport publié mardi.

Plus qu’un enjeu financier, « l’adaptation des réacteurs nucléaires au changement climatique représente un défi d’anticipation, surtout à l’heure où notre pays s’engage sur le projet ambitieux du nouveau nucléaire, » a résumé devant les sénateurs Annie Podeur, présidente de la 2ème chambre de la Cour des comptes.

« Les conséquences du changement climatique affectent les installations (la résistance des matériels, la compatibilité avec des conditions de travail acceptables) et l’environnement proche en lien avec l’exploitation (le débit et la température des cours d’eau mais aussi le niveau de la mer)« , a rappelé la magistrate.

Estimé par EDF, le coût des investissements (construction de digues, rénovation de tours aéroréfrigérantes…) demeure « modeste« , à environ 960 millions d’euros entre 2006-2021 et 600 millions pour les 15 ans à venir, souligne le rapport, qui appelle à une évaluation plus complète. Mais le pays manque de projections pour ces 10-15 ans quant à la disponibilité en eau douce et au débit des fleuves, alerte la Cour.

« Alerte adressée aux acteurs du nucléaire »

« La disponibilité en eau représente le principal enjeu« , souligne Annie Podeur, car les réacteurs en dépendent pour leur refroidissement, en « circuit ouvert » (eau prélevée puis rejetée, ce qui augmente la température des cours d’eau) comme « fermé » (moins de prélèvement d’eau mais évaporation). La Cour appelle à « mettre à jour les fondements scientifiques justifiant les limites réglementaires des rejets thermiques, et cela de manière concertée« .

Et pour le « nouveau nucléaire« , susceptible de démarrer dès 2035, les contraintes climatiques seront encore plus fortes, insiste le rapport, qui invite à « examiner » les sites fonctionnant à l’étranger sous des climats chauds: « C’est une forme d’alerte adressée aux acteurs du nucléaire« , dit Annie Podeur.

Sur le même sujet : Nucléaire: François Hollande et Nicolas Sarkozy défendent leur bilan devant les députés

De fait, la cour constate que les 6 futurs EPR2 souhaités par le gouvernement ne comportent « pas d’évolution technologique marquée » en terme de système de refroidissement « sobre en eau« . Ne sont pas considérées non plus les projections les plus extrêmes en termes d’élévation de niveau des mers. La Cour invite à « produire rapidement des études de préfaisabilité » quant à la localisation des huit EPR supplémentaires aujourd’hui en option, et appelle à « une approche territorialisée et commune à l’ensemble des acteurs directement concernés« .

Par P.L. avec AFP, publié le  21/03/2023 à 20h41

https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/la-cour-des-comptes-appelle-a-mieux-adapter-le-nucleaire-au-rechauffement-climatique_AD-202303210732.html

LES REJETS DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE DAMPIERRE-EN-BURLY (LOIRET) SONT-ILS NOCIFS POUR LA LOIRE ?

À Dampierre-en-Burly (Loiret) comme partout ailleurs, l’eau est au centre même du bon fonctionnement de la centrale nucléaire. Mais les rejets qu’elle émet, même encadrée, sont au cœur des débats par leur nature polluante.

C’est un sujet devenu brûlant en pleine crise climatique, dès lors qu’est évoquée la question des centrales nucléaires et son impact sur l’environnement. En cause, parmi d’autres facteurs, la nature des rejets en eau dans les fleuves.

À Dampierre-en-Burly (Loiret), « l’eau est récupérée dans un canal d’amenée« , explique le directeur de la centrale, Laurent Berthier. « Elle est filtrée avec un dégrilleur, déminéralisée et rejetée, en petite quantité après le passage dans les différents circuits. Une étude chimique et radioactive est systématiquement effectuée. »

Des rejets contrôlés selon le débit de la Loire

Si Laurent Berthier explique qu’il est « difficile de quantifier en volume ces rejets », le directeur de la centrale rappelle que tout est fait dans des conditions sûres et contrôlées. « Lorsque le débit de la Loire atteint 30 mètres cubes par seconde, les rejets radioactifs liquides sont interdits. À 25 mètres cubes par seconde ils sont stoppés et les prélèvements d’eau, faits pour compenser le panache de vapeur des aéroréfrigérants (à hauteur de 0,8 mètres cubes par seconde), sont arrêtés ».

Face au manque d’eau, l’ouverture du canal de Briare s’accompagne de mesures préventives

Des situations qui n’ont pas eu lieu jusqu’à présent, le débit d’eau étant tombé au plus bas à 38 mètres cubes par seconde en 2022, malgré un été très sec. « On ne fait de toute façon pas des rejets tous les jours », précise Laurent Berthier, conscient du problème en période d’étiage, lorsque le niveau d’eau baisse, mais pas inquiet pour l’avenir.

Ces explications laissent cependant perplexes les antinucléaires comme Françoise Pouzet, présidente de l’association Sortir du Nucléaire Berry-Giennois-Puisaye.

Des difficultés pour les biotopes ligériens ?

Les rapports des rejets de l’autorité de sûreté nucléaire de 2020 ont démontré qu’à Dampierre il y avait 396 tonnes de rejets chimiques – c’est 88,3 tonnes pour Belleville-sur-Loire, dans le Cher. Les centrales assurent qu’elles restent dans les normes fixées par l’autorité de sûreté nucléaire, mais elles devraient en revanche se pencher sur la qualité de l’eau rejetée, « souvent écocide. »

La Loire, impactée par les rejets de la centrale de Dampierre, a reçu 396 tonnes de rejets chimiques en 2020.

Le cuivre, le zinc et le tritium (élément radioactif), sont notamment pointés du doigt par la présidente de l’association. Ils causeraient des difficultés aux biotopes ligériens (les êtres vivants qui vivent grâce à l’eau).  » On considère de notre côté que dès qu’il y a de la matière chimique, il s’agit d’une petite catastrophe environnementale. » 

Une accusation réfutée par Laurent Berthier qui assure être « très précautionneux vis-à-vis des enjeux de l’environnement et de la biodiversité. Il s’agit là d’un des objectifs prioritaires. » Plus que jamais, la question des rejets en eau reste un sujet sensible au cœur d’un plus vaste débat environnemental.

Par Thomas Bogeard, publié le 22/03/2023 à 14h00

Photo en titre : Le canal de l’amenée ou est récupérée l’eau qui va dans les circuits et notamment les aéroréfrigérants © Marc DIDIER

https://www.lamontagne.fr/dampierre-en-burly-45570/actualites/les-rejets-de-la-centrale-nucleaire-de-dampierre-en-burly-dans-le-loiret-sont-ils-nocifs-pour-la-loire_14281237/

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VOTE DU PROJET DE LOI D’ACCÉLÉRATION DU NUCLÉAIRE PAR L’ASSEMBLÉE NATIONALE : RÉACTION DE GREENPEACE FRANCE

Nucléaire – Suite au vote de la loi d’accélération du nucléaire par l’Assemblée nationale cet après-midi, Greenpeace France dénonce l’enfumage du gouvernement pour laisser croire aux citoyens et citoyennes que l’accélération d’une technologie qui se base sur un fiasco industriel pourrait être possible.

En plein contexte de crise démocratique, le gouvernement reste sourd aux appels du GIEC et bafoue le débat public en persistant dans sa fuite en avant nucléaire. Greenpeace déplore également la temporalité de cette loi, qui a contribué à piétiner le débat public en cours et a entériné la reprise à marche forcée du nucléaire avant même la tenue des débats et du vote des député·es à l’Assemblée nationale sur la loi de programmation énergie-climat.

Un bâton dans les roues de la transition écologique et de la souveraineté énergétique de la France

Le gouvernement feint de développer “en même temps” le nucléaire et les énergies renouvelables. Or, l’accélération du nucléaire se fera au détriment du développement des énergies renouvelables, notamment de l’éolien terrestre, et de la sobriété, dont le plan du gouvernement demeure superficiel et injuste.

Le gouvernement persiste dans le mensonge de l’indépendance énergétique et maintient la France sous perfusion  des pays fournisseurs d’uranium ou collaborant avec la filière nucléaire française, comme la Russie.

Hier encore, le 20 mars 2023, Greenpeace constatait au port de Dunkerque l’arrivée d’une importante cargaison d’uranium enrichi russe pour EDF via Orano. Une réalité bien loin de la souveraineté énergétique promise par le nucléaire que mettent en avant les fervents défenseurs de ce projet de loi.

Pourtant, depuis la publication par Greenpeace d’une investigation sourcée sur la dépendance de l’industrie nucléaire française à Rosatom, la réponse de la rapporteure du projet de loi sur la relance du nucléaire Maud Bregeon, qui s’est faite la porte-parole dans l’hémicycle de contre-vérités portées par les tenants de l’industrie nucléaire et démenties, a consisté à méthodiquement dénigrer Greenpeace.

Enfin, cette loi remet à une échéance bien trop tardive l’étude de la vulnérabilité des centrales nucléaires aux impacts du dérèglement climatique. Alors que les prochaines décennies dans laquelle s’inscrit ce projet de construction de réacteurs nucléaires vont être marquées par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes, cette étude devrait être le premier critère à vérifier pour pouvoir juger ou non de sa pertinence.

La décision de la majorité gouvernementale enferme la France dans une impasse climatique. La dernière publication du GIEC est sans appel : les choix politiques que nous allons faire pendant cette décennie vont être cruciaux pour préserver ou non nos conditions de vie sur Terre”, rappelle Pauline Boyer, chargée de campagne Nucléaire à Greenpeace France.

Cette synthèse réaffirme notamment que d’ici 2030, les développements de l’éolien et du solaire ont ensemble un potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre neuf fois supérieur au nucléaire, à un coût bien moindre (1).

Antonio Guterres enjoint aux pays développés de prendre comme objectif la neutralité carbone en 2040. Le gouvernement et EDF, le plus grand fournisseur d’électricité d’Europe, doivent revoir leur copie pour se mettre à la page. Ce qui est urgent, c’est d’accélérer ce qui permet de faire face au défi climatique, et ce n’est pas le cas pour la construction de réacteurs nucléaires. Il est urgent d’accélérer le déploiement de mesures qui auront un impact significatif dans les mois et années qui viennent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La France doit sans tarder accélérer la mise en place de plans massifs de sobriété, d’efficacité énergétique et le déploiement d’énergies renouvelables”, ajoute Pauline Boyer.

(1) IPCC Sixth Assessment Report (AR6) “Climate Change 2023”, Draft Synthesis Report, Figure SPM.7

Par Greenpeace, publié le 21 mars 2023

https://www.greenpeace.fr/espace-presse/vote-du-projet-de-loi-dacceleration-du-nucleaire-par-lassemblee-nationale-reaction-de-greenpeace-france/

SEPT ÉTATS MEMBRES ÉCARTENT L’HYDROGÈNE D’ORIGINE NUCLÉAIRE DU TEXTE EUROPÉEN SUR LES RENOUVELABLES

Un groupe de sept États membres, mené par l’Allemagne, a rejeté les appels à l’intégration de l’hydrogène d’origine nucléaire dans les objectifs de l’UE en matière de transports verts, ravivant ainsi un différend avec la France qui a empêché la conclusion d’un accord sur la directive de l’UE sur les énergies renouvelables.

Dans une lettre adressée à la Commission européenne, les sept pays réitèrent leur opposition à l’inclusion de l’énergie nucléaire dans le calcul des objectifs en matière de carburants verts pour les transports. Cette lettre est datée du 16 mars et signée par l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne, l’Irlande, le Luxembourg, le Portugal et l’Espagne.

« Nous partageons le point de vue selon lequel la production et l’utilisation d’hydrogène et de carburants à faible teneur en carbone ne devraient pas être encouragées par le biais d’une directive sur la promotion des énergies renouvelables », indique la lettre.

La France et huit autres États membres ont demandé que les carburants d’origine nucléaire soient exemptés des objectifs de la directive sur les énergies renouvelables en matière de transports verts. En pratique, il s’agirait de les retirer du dénominateur utilisé pour calculer les objectifs contraignants en matière de carburants verts pour les transports.

Paris affirme que cette décision ne vise pas à limiter le potentiel de l’hydrogène renouvelable, mais à garantir que les électrolyseurs installés en Europe puissent fonctionner au maximum de leur capacité en utilisant à la fois des sources d’électricité renouvelables et nucléaires.

Cette coalition pronucléaire comprend la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, la France, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie.

Hydrogène bas-carbone : neuf États membre réclament son intégration dans les objectifs renouvelables de l’UE

Neuf États membres, dont la France, ont adressé mercredi soir (1er février) une lettre à la Commission européenne pour intégrer l’hydrogène bas-carbone dans les objectifs de développement d’hydrogène renouvelable au niveau européen.

Mais les sept États membres ne sont pas d’accord, affirmant que les carburants à faible teneur en carbone devraient être exclus de la directive sur les énergies renouvelables, « notamment en les comptabilisant dans l’objectif global pour 2030 ou dans tout objectif sectoriel en matière d’énergies renouvelables, ou en les déduisant du dénominateur ».

Ils expriment également leur « opposition claire au lien entre les combustibles à faible teneur en carbone et les objectifs [en matière d’énergies renouvelables] au titre de l’article 8 bis de la directive sur le gaz », soutenu par la France et les autres pays pronucléaires.

« Compter l’énergie à faible teneur en carbone dans les objectifs en matière d’énergies renouvelables réduirait nos efforts en matière de climat et ralentirait les investissements dans les capacités renouvelables supplémentaires dont nous avons tant besoin », affirment-ils. Les signataires ajoutent également que la directive sur les énergies renouvelables « n’empêche ni n’interdit aux États membres d’utiliser d’autres carburants à faible teneur en carbone et de l’hydrogène à faible teneur en carbone ».

Les sept pays reconnaissent que l’hydrogène dérivé du nucléaire « peut jouer un rôle dans certains États membres » et qu’« un cadre réglementaire clair pour eux est nécessaire ». Mais selon eux, cette question devrait être abordée dans le cadre de la révision en cours de la législation européenne sur le gaz.

La France a fait pression pour que l’Union européenne reconnaisse l’énergie nucléaire comme une source d’énergie à faible teneur en carbone, au même titre que les énergies renouvelables.

Au début du mois, Paris a lancé une « alliance du nucléaire » avec dix autres États membres de l’UE, dans le but de coopérer plus étroitement tout au long de la chaîne d’approvisionnement nucléaire et de promouvoir des « projets industriels communs » dans le domaine des nouvelles capacités de production.

L’Allemagne s’était d’abord opposée à cette initiative, mais elle a semblé faire marche arrière il y a deux semaines, en déclarant qu’elle ne s’opposerait pas aux projets visant à reconnaître la contribution de l’énergie nucléaire aux objectifs de décarbonation de l’UE.

La directive sur les énergies renouvelables est actuellement freinée par la définition de l’hydrogène renouvelable dans les objectifs de l’UE en matière de transports écologiques.

Lire le texte intégral de la lettre ci-dessous ou le télécharger ici.

Par Frédéric Simon ( EURACTIV.com), traduit par Anna Martino, publié le 20 mars 2023

Photo en titre : Dans une lettre adressée à la Commission européenne, les sept pays réitèrent leur opposition à l’inclusion de l’énergie nucléaire dans le calcul des objectifs en matière de carburants verts pour les transports. [Gabriele Rohde / Shutterstock]

https://www.euractiv.fr/section/energie/news/sept-etats-membres-ecartent-lhydrogene-dorigine-nucleaire-du-texte-europeen-sur-les-renouvelables/

BRETAGNE : LA RÉGION NE VEUT PLUS DE NUCLÉAIRE MAIS BEAUCOUP PLUS D’ÉNERGIES RENOUVELABLES

DOSSIER SPÉCIAL – Résolue à devenir « une région à impact », et à gagner en autonomie, la Région Bretagne a tracé une feuille de route énergétique pour 2050 orientée vers les énergies renouvelables. À l’heure du démantèlement de la centrale de Brennilis, le nucléaire n’est plus une option. En revanche, l’exécutif régional appelle de ses vœux de nouveaux appels d’offres pour l’éolien flottant.

La Bretagne, plus ouverte aux énergies marines qu’au nucléaire ? Depuis l’abandon en 1981 du projet de centrale à Plogoff, à la suite d’une forte mobilisation des habitants devenue le symbole d’une forme de résistance, voire de désobéissance civile, le nucléaire n’est plus une option pour la Bretagne. La région n’abrite sur son sol que le site de Brennilis. Cette unique centrale électrique à eau lourde de 75 MW a cessé son activité en 1985 et va être entièrement démantelée d’ici à 2040. Alors que le Sénat a voté en janvier en faveur du projet de loi de relance de la filière nucléaire sur des sites existants, la Bretagne n’est pas concernée, d’ici à 2050, par de nouveaux projets.

Pas d’usage pour les SMR en Bretagne

Quant à l’ambition du président Macron d’investir, dans le cadre du plan « France 2030 », un milliard d’euros d’ici à 2030 pour la construction de mini centrales nucléaires (SMR) de 170 mégawatts (MW), « elle en est au stade de la preuve de concept » tranche André Crocq, conseiller régional membre de la commission « Climat, transitions et biodiversité ».

« Nous n’avons pas connaissance que des régions aient déjà été approchées. Cette décision appartient à l’État, mais, au sens de l’exécutif régional, on ne sera pas candidat » ajoute le conseiller régional.

« Le nucléaire n’est pas une option que nous retenons pour diversifier notre mix énergétique, gagner en sobriété et en efficacité » ajoute-t-il.

Il estime que si l’option SMR vise à assurer un service complémentaire au réseau local, la centrale à gaz naturel de Landivisiau, d’une puissance de 450 MW, soit une demi-tranche nucléaire, et les systèmes de stockage à batteries, garantissent l’équilibre du réseau.

« Je ne vois pas quel usage on aurait en Bretagne » appuie-t-il. « S’il s’agit d’assurer la suppléance aux pointes de consommation hivernale, là nous préférons travailler sur un système de décalage ou d’effacement dans l’esprit du dispositif Écowatt plutôt que d’amener une production supplémentaire. Enfin si c’est pour l’export, cela peut poser, la question de la dissémination du nucléaire civil. Et de tout façon, il faudra bien gérer les déchets. »

Multiplier par six la production d’énergies renouvelables

Le dossier du nucléaire en Bretagne demeure un sujet sensible. Pour gagner en autonomie, la région, qui, en 2022, a importé 81% de son électricité d’autres territoires, a tracé une feuille de route énergétique à 2050 davantage orientée vers les énergies renouvelables et vers la création d’une filière solaire.

La Bretagne ne couvre actuellement que 19% de ses besoins électriques avec une production propre provenant aux trois quarts du renouvelable : la moitié est issue du barrage de la Rance, le reste provient du solaire, de l’éolien terrestre et de la méthanisation. La biomasse et plus particulièrement le bois-énergie est la ressource la plus utilisée.

« D’ici à 2040, l’objectif global, fixé par le Schéma régional d’aménagement (Sraddet) est de multiplier par six la production annuelle d’énergies renouvelables et d’atteindre 45.000 Gigawattheures (45 Térawattheures), environ 60.000 Gwh en 2050 » rappelle André Crocq.

Le plan prévoit en parallèle de réduire les émissions de GES de 50% d’ici à 2040 et les consommations énergétiques de 35% par rapport à 2015. Notamment grâce à la rénovation énergétique des bâtiments ou le report modal.

Demande d’appels d’offres sur l’éolien marin

Tandis que la centrale à gaz naturel de Landivisiau (TotalEnergies), en service depuis mars dernier, tourne quasiment en continu pour produire 1,5 TWh par an (et 500.000 tonnes de CO2 en six mois), le futur mix énergétique breton s’appuiera sur l’éolien terrestre et maritime, sur l’hydrogène et sur 8% de solaire en 2050 au lieu de 3% aujourd’hui. Faute de modèle économique, l’hydrolien n’est en revanche pas envisagé comme une source d’énergie avant 2040.

« À la place des SMR, nous sommes plutôt demandeurs d’appels d’offres sur l’éolien marin » ironise André Crocq.

Le parc éolien offshore de Saint-Brieuc sera opérationnel fin 2023 et contribuera à hauteur de 1,7 TWh par an, mais sur l’éolien flottant seul un appel d’offres (AO5) a été lancé par l’État.

Situé en Bretagne Sud, au large de Belle-Ile-en-Mer (250 MW de puissance installée dans un premier temps), le futur parc est prévu pour 2029. Une dizaine de candidats sont en lice.

« Nous serons vigilants que la relance du programme nucléaire n’amène pas le gouvernement à revoir à la baisse son ambition sur l’éolien flottant » avertit André Crocq, alors que le Conseil régional a investi 220 millions d’euros dans un polder EMR sur le port de Brest. « Nous attendons des garanties sur d’autres appels d’offres afin de construire une filière industrielle. » 

Brennilis : 17 ans de travaux, un démantèlement à 850 millions d’euros

La (mauvaise) relation du territoire breton avec la filière nucléaire n’est toutefois pas totalement rompue, alors que le démantèlement de la centrale de Brennilis, dont la partie la plus sensible est celle du bloc-réacteur, veut servir de vitrine à EDF, gestionnaire du site. Tant en termes d’innovation, voire de filière exportable, que de transparence avec le public.

« La dernière étape du démantèlement complet de la centrale est un projet majeur dans le territoire breton, faisant appel à de la haute-technologie » font volontiers valoir les porte-parole de l’énergéticien. « Les opérations seront réalisées à l’aide de robots télé-opérés par des entreprises très spécialisées avec des acteurs du territoire. Ce chantier induit aussi des retombées économiques positives. »

80 à 150 personnes vivent ou vivront sur le site, certains avec leur famille, estime EDF.

En termes de calendrier, l’étape finale devrait démarrer d’ici à 2024, après la parution du décret de démantèlement complet signé par le Ministère de la Transition écologique, attendu pour cette année et visé par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

En mars 2022, le projet a reçu un avis favorable de la commission d’enquête publique, et en septembre dernier, les travaux préparatoires d’EDF ont été validés par l’ANS. Le chantier, dont le coût total est estimé à 850 millions d’euros, devrait durer 17 ans, dont 13 pour le démantèlement du bloc réacteur, avec un horizon fixé à 2041. Le devis des travaux à venir est évalué à 320 millions d’euros (40% du total), provisionné à 100% assure EDF.  Cette dernière étape des opérations devrait générer 8.000 tonnes de déchets radioactifs. « 19.000 tonnes environ ont déjà été évacuées vers les centres de stockage pendant le démantèlement partiel » précise le groupe. Le prototype de Brennilis étant unique au monde, il ne pourra pas, selon l’ANS, servir d’enseignement technique pour les futurs démantèlements de réacteurs nucléaires en France.

Par Pascale Paoli Lebailly, publié le 20 Mars 2023 à 16h37

Photo en titre : Le chantier du démantèlement de la centrale de Brennilis, dont le coût total est estimé à 850 millions d’euros devrait durer 17 ans, dont 13 pour la déconstruction du bloc réacteur, avec un horizon fixé à 2041. Le devis des travaux à venir est évalué à 320 millions d’euros (40% du total), provisionné à 100% assure EDF. (Crédits : vjoncheray-EDF)

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/la-bretagne-ne-veut-plus-de-nucleaire-mais-beaucoup-plus-d-energies-renouvelables-952350.html

LA RELANCE DU NUCLÉAIRE AU VOTE À L’ASSEMBLÉE, SANS LA RÉFORME DE LA SÛRETÉ

Avec les voix du camp présidentiel, de LR et du RN, l’Assemblée nationale devrait largement adopter en première lecture mardi le projet de loi de relance du nucléaire, amputé de la réforme controversée de la sûreté.

Cette adoption doit intervenir alors que s’est achevé lundi le combat parlementaire autour de la réforme des retraites : le gouvernement s’est maintenu à neuf voix près et le texte phare du second quinquennat Macron a été définitivement adopté.

Sur le nucléaire, le vote solennel est prévu en fin d’après-midi après la séance de questions au gouvernement. Et il n’y a guère de suspense autour de ce texte que LR, RN, voire certains communistes s’apprêtent à soutenir.

Technique, le projet de loi réduit les procédures et les délais pour concrétiser les promesses d’Emmanuel Macron de bâtir six nouveaux réacteurs EPR à l’horizon 2035, et lancer des études pour huit d’autres.

Limité à de nouvelles installations situées sur des sites nucléaires existants ou à proximité, il avait déjà reçu un large soutien du Sénat fin janvier.

Après le vote de l’Assemblée, il doit poursuivre son parcours parlementaire, en commission mixte paritaire ou lors d’une deuxième lecture.

Pour « atteindre la neutralité carbone« , il ne faut « plus avoir le nucléaire honteux » : tel est le slogan des députés macronistes comme la rapporteure Maud Bregeon, ancienne d’EDF, qui a ferraillé contre EELV et les Insoumis, favorables à la sortie de l’atome et au passage aux 100% renouvelables à partir de 2045.

Face aux énergies fossiles, « accélérer les énergies renouvelables, c’est être écologiste. Relancer notre filière nucléaire, c’est être écologiste« , avait insisté la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher au coup d’envoi des débats la semaine dernière.

Dans l’hémicycle, la députée écolo Julie Laernoes a combattu l’atome, ses « déboires industriels en cascade« , nos « centrales qui vieillissent mal« , citant la fissure « importante » révélée récemment dans la tuyauterie d’un réacteur de la centrale de Penly (Seine-Maritime).

Et l’Insoumis Aymeric Caron a insisté sur les « dangers » du nucléaire, rappelant les catastrophes de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011).

Plus de « verrou »

Mais en pleine crise énergétique, une majorité de l’hémicycle soutient le nucléaire, « décarboné » et gage de « souveraineté« .

Dans le sillage du Sénat, l’Assemblée nationale a ainsi fait sauter l’objectif de réduction à 50% de la part de l’énergie nucléaire dans le mix électrique français d’ici à 2035, un « verrou » introduit sous la présidence de François Hollande.

Agnès Pannier-Runacher ne veut « ni plafond ni plancher » sur le sujet, alors que l’énergie nucléaire représente environ 70% de la production d’électricité habituellement, mais seulement 63% en 2022 en raison des arrêts de plusieurs réacteurs pour corrosion.

Les députés ont aussi validé un durcissement des peines en cas d’intrusions dans les centrales, sous les protestations de la gauche, qui redoute un frein aux actions militantes anti-nucléaires.

Le gouvernement a en revanche été mis en échec sur son projet de réforme de la sûreté, objet de vives critiques jusque dans la majorité.

L’exécutif voudrait fondre l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert technique, au sein de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme des centrales. Mais les députés ont voté pour préserver « l’organisation duale » actuelle.

L’exécutif n’entend pas pour autant désarmer et pourrait remettre le sujet sur la table durant la suite de la navette parlementaire.

« C’est un match en plusieurs sets et nous avons gagné la première manche« , estime François Jeffroy, représentant de l’intersyndicale de l’IRSN, qui a déjà organisé plusieurs journées de grève. « Nous sommes vigilants pour la suite. Nous restons mobilisés, et nous sommes prêts à intervenir auprès des sénateurs« , prévient-il.

La disparition de l’IRSN avait été décidée pendant un « conseil de politique nucléaire » autour d’Emmanuel Macron le 3 février, et introduite par un simple amendement en commission au Palais Bourbon.

Et cette fusion avec l’ASN, prévue pour « fluidifier » les décisions et faire face « au volume croissant d’activités lié à la relance de la filière« , ne figurait pas dans le projet de loi lors de sa large adoption au Sénat en janvier.

Ce texte nucléaire fait suite à une loi d’accélération des énergies renouvelables, adoptée en février, et précède une loi de programmation pluriannuelle de l’énergie, attendue au mieux cet été. Les oppositions critiquent un « saucissonnage« .

Par AFP, parue le 21 mars 2023 à 03h51

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/la-relance-du-nucleaire-au-vote-lassemblee-sans-la-reforme-de-la-surete-230321

FUSION NUCLÉAIRE : FACE À L’EMBALLEMENT MÉDIATIQUE PRO-NUCLÉAIRE, DES CITOYENS RÉPONDENT

Tout ce que les médias détenus par les oligarques français contiennent de dévots du nucléaire s’emballe depuis deux mois pour la fusion nucléaire présentée comme l’avenir du nucléaire sur la planète. Tenter de reproduire pendant quelques fractions de secondes l’énergie développée au cœur d’une étoile, tel le soleil, serait le must du progrès. Pourtant il n’y a pas de quoi s’emballer pour cette expérience à très très haut risque et ruineuse tant en financement qu’en consommation d’énergie. C’est ce contre quoi déjà dans les années 2000 des Prix Nobel – dont le français physicien Pierre-Gilles de Gennes – mettaient en garde la population, les médias et les scientistes amoureux de la destruction de l’atome. Sans parler des déchets mortels produits.

À l’image du magazine « Sciences et Avenir » qui a dernièrement été fusionné de force avec « La recherche« , l’ode scientiste à la fusion nucléaire bat son plein depuis quelques temps. Dans une mise en scène internationale à la course vers le toujours plus, le toujours plus démentiel et le toujours plus auto-glorificateur, les équipes qui représentent les luttes des financiers étatiques et privés, n’en finissent pas de se pousser du coude. C’est à qui fera l’annonce la plus extra-ordinaire, qui publiera l’avancée décisive telle qu’on y croyait plus. La dithyrambe irrationnelle et a-scientifique occupe le devant de la scène quitte à manipuler réalité et opinion publique. Des lecteurs à l’œil acéré et bien plus réalistes que les sprinteurs à la course à la publication dans telle ou telle revue réagissent et s’adressent aux rédactions qui se sont faites les promoteurs de cette perversion idéologico-financière. Dans ce vaste mouvement de réhabilitation du doute comme principe premier de la recherche scientifique, notre Coordination vient de s’adresser à la Rédaction en Chef du magazine « Sciences et Avenir« . En voici le contenu :

 » Bonjour,

Lecteur  de votre revue, je suis surpris et déçu de votre dossier sur la fusion nucléaire. Il s’agit davantage d’une prise de position idéologique que d’une étude scientifique ! Vous auriez au moins pu mettre un point d’interrogation dans vos titres : « Fusion nucléaire, une révolution pour l’humanité ? une énergie propre et abondante ? » « fusion l’énergie du futur ? »

Heureusement que la lecture de votre dossier montre bien que ce n’est pas si simple, « que de nombreux verrous technologiques devant encore être levés ».  Il nous éclaire aussi sur l’intérêt militaire de la fusion nucléaire.

« Une énergie propre ». Certainement pas !

L’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) a reconnu que la toxicité du tritium avait été sous-évaluée. Quasiment impossible à confiner et facilement absorbé par l’organisme, cet élément radioactif peut s’intégrer à l’ADN au cœur des cellules humaines.

Les réacteurs nucléaires en rejettent involontairement des quantités importantes dans l’environnement. Sa période radioactive est certes plus courte que celle de l’uranium 238 (4,5 milliards d’années) mais loin d’être insignifiante. Sa demi-vie est de 12,3 ans, soit 200 ans pour la disparition totale de sa radioactivité.

D’ailleurs, comme vous le dites, ce sont les institutions militaires qui sont les plus intéressés par la fusion nucléaire et par le tritium pour développer leur armement et mettre au point une nouvelle génération de bombes atomiques. Ils manquent de tritium car ils doivent le remplacer tous les 12 ans dans les têtes nucléaires stockées.

Le tritium n’est pas non plus une énergie abondante.

25 kg dans le monde comme vous le précisez. La France en produit un kilo par an pour son arsenal militaire. L’espoir est de générer le tritium dans l’enceinte même des réacteurs à fusion. On en est très loin et c’est tant mieux pour notre santé.

« Une énergie respectueuse de l’environnement »? Non plus.

Par contre c’est une énergie dangereuse pour notre santé ! Les réacteurs à fusion nucléaire  nécessitent pour leur construction et fonctionnement une quantité démesurée de matières premières rares, précieuses et dangereuses. Le National Ignition Facility (NIF) est composé dans son cœur entre autres de diamant, d’or, de tungstène et même d’uranium appauvri !

Pour ITER, la liste est encore plus stupéfiante. Je ne citerai que le béryllium, un des métaux les plus toxiques du monde, poison cancérigène à doses infimes. En électronique, on l’utilise à l’échelle du gramme. ITER en consommera 12 tonnes pour son revêtement ! Ou encore les 450 tonnes de niobium, élément chimique hautement toxique pour les poumons et les os.

ITER est très loin d’être opérationnel. Son coût est déjà passé de 5 à 20 milliards d’euros. Et il n’est pas certain que ça marche un jour. Votre article émet d’ailleurs des réserves. Si l’expérimentation avec du tritium devait avoir lieu, le tokamak entier deviendrait alors un gros déchet radioactif de 30 000 tonnes.

Il n’y a pas de quoi s’emballer avec l’expérience très médiatisée réalisée par le NIF. « l’avancée majeure » avec un gain de 1,53 obtenu, est à relativiser car comme vous le précisez  « les lasers du NIF engloutissent eux mêmes 322 mégajoules d’électricité pour fonctionner » et qu’il faudrait des « gains supérieurs à 100 pour produire de l’électricité à un prix acceptable !». Ce ne sera pas pour demain !

Et c’est pour demain, c’est-à-dire au plus tard dans 10 ou 20 ans, que nous avons besoin de cette énergie du futur, pas à la fin du 21ᵉ siècle.

Pour résumer, la fusion nucléaire ne sera ni « une révolution pour l’humanité », ni « l’énergie du futur ». Ce n’est pas une énergie propre, pas non plus une énergie abondante. Elle est dangereuse pour la santé humaine et produit des déchets (certes de moins longue durée). Son intérêt est purement militaire et qu’elle puisse sauver la filière nucléaire très mal en point. Les solutions pour le futur nous les connaissons déjà.
Avant tout économiser l’énergie, mettre fin au gaspillage. Et ensuite développer et améliorer encore les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrologique) seules vraies énergies propre et d’avenir.

Ce mythe, voire ce fantasme, d’une énergie gratuite et inépuisable qui nous permettrait de consommer et gaspiller indéfiniment est à éliminer des esprits une fois pour toutes.

La sobriété énergétique, il n’y a pas d’autres alternatives si nous voulons qu’il y ait un futur pour l’humanité. Et nucléaire et sobriété ne riment pas ensemble, qu’il s’agisse de fusion ou de fission.

Antoine Calandra, 18 mars 2023, Coordination Antinucléaire Sud-est

Nous avons également reçu copie de la lettre d’un abonné à cette revue dont voici le texte :

 » Bonjour,

Quel problème journalistique de déontologie professionnelle et de rigueur scientifique avez-vous avec le nucléaire, fission ou fusion?

En effet, encore une fois, le traitement dans votre dernier numéro de mars 2023, en « une » et en pages intérieures, de la « fusion  nucléaire » relève plus de l’ode scientiste que de l’approche scientifique. Pas une seule référence aux positions de nombre de Prix Nobel (dont Pierre Gille de Gennes) opposés au projet ITER (1) de fusion nucléaire.

Pas de recul et même des affirmations de dévotion de pure style a-scientifique sur la fusion telle « une énergie propre… » (à la « une ») alors que tout acte industriel ou de recherche ne peu par essence être propre ni sa production ultérieure. Affirmer qu’il n’y a pas de « déchets » radioactifs avec la fusion (p28 et p30) ni GES est une pure hérésie irrationnelle.

Finalement je me questionne sérieusement sur le renouvellement de mon abonnement.

Jean-Pierre Seignon

(1) Pierre-Gilles de Gennes : « Je trouve que l’on consacre beaucoup trop d’argent à des actions qui n’en valent pas la peine. Exemple, la fusion nucléaire. Les gouvernements européens, de même que Bruxelles, se sont rués sur le réacteur expérimental Iter sans avoir mené aucune réflexion sérieuse sur l’impact possible de ce gigantesque projet. Quoique grand défenseur des grosses machines communautaires il y a trente ans, et ancien ingénieur du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), je n’y crois malheureusement plus, même si j’ai connu les débuts enthousiastes de la fusion dans les années 1960… avant de construire un réacteur chimique de 5 tonnes, on doit avoir entièrement compris le fonctionnement d’un réacteur de 500 litres et avoir évalué tous les risques qu’il recèle. Or ce n’est absolument pas comme cela que l’on procède avec le réacteur expérimental Iter. Pourtant, on n’est pas capable d’expliquer totalement l’instabilité des plasmas ni les fuites thermiques des systèmes actuels. On se lance donc dans quelque chose qui, du point de vue d’un ingénieur en génie chimique, est une hérésie. Et puis, j’aurais une dernière objection. Connaissant assez bien les métaux supraconducteurs, je sais qu’ils sont extraordinairement fragiles. Alors, croire que des bobinages supraconducteurs servant à confiner le plasma, soumis à des flux de neutrons rapides comparables à une bombe H, auront la capacité de résister pendant toute la durée de vie d’un tel réacteur (dix à vingt ans), me paraît fou. Le projet Iter a été soutenu par Bruxelles pour des raisons d’image politique, et je trouve que c’est une faute. »

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Par Rédaction, publié le dimanche 19 mars 2023 à 19h27

http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2023/03/19/Fusion-nucleaire_emballement-mediatique-et-recations-citoyennes

INDUSTRIE VERTE DE L’UE : FEU VERT POUR LE NUCLÉAIRE ?

Après de nombreux rebondissements, la Commission intègre finalement le nucléaire dans sa proposition pour une industrie européenne décarbonée et autonome. Les défenseurs de l’atome saluent un « signal politique positif », mais restent très vigilants sur la substance réelle de cette reconnaissance.

Jeudi 16 mars, la Commission européenne dévoilait sa proposition visant à ce que d’ici 2030, 40% des besoins de l’UE pour développer ses technologies énergétiques soient couverts par des capacités industrielles européennes. 

Après le Chips Act sur les semi-conducteurs et le Critical Raw Materials Act sur les métaux stratégiques, le Net Zero Industry Act (NZIA) « s’inscrit dans la réponse européenne à l’IRA », avance Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, en conférence de presse de présentation de la proposition. 

Pour redévelopper l’industrie en Europe, le texte liste ainsi les technologies « à émissions nettes » susceptibles de faire l’objet d’un soutien de l’UE pour leur montée en puissance. Entre le solaire, l’éolien, le stockage ou encore les pompes à chaleur, peut-on ainsi retrouver le nucléaire. 

« Et oui, nous avons pu converger sur le besoin de couvrir le nucléaire dans cette proposition. Car il est temps de dépasser les idéologies » s’est félicité M. Breton.

Inclusion du nucléaire

Le ministère de l’Économie français, qui confirmait mardi 14 mars en conférence de presse son soutien à l’intégration du nucléaire dans le texte, peut donc pousser un « ouf » de soulagement. 

Surtout que l’affaire n’était pas réglée d’avance.

Dans la première fuite du document dans la presse, le nucléaire figurait en bonne place. Mais dans les jours qui ont suivi, le doute s’était progressivement installé. Mardi (15 mars), le média britannique Financial Times avançait que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, épaulée par M. Breton, avait ferraillé avec Frans Timmermans, commissaire au Climat, soutenu par Margreth Vestager, commissaire à la Concurrence, sur l’introduction ou non du nucléaire dans le texte.

Les discussions auraient même duré jusqu’à quelques minutes avant la présentation officielle du texte, selon une journaliste du média européen Politico

Finalement, les commissaires sont parvenus à un compromis selon lequel font partie des « technologies nette zéro » les « technologies avancées pour produire de l’énergie à partir de nucléaire avec un minimum de déchets et les petits réacteurs modulaires ».

Exclusion du nucléaire existant

De fait, les technologies nucléaires existantes, comme les réacteurs de 2ème génération à eau pressurisée [REP] que la France souhaite développer, sont exclues. 

Mais pour l’eurodéputé français du groupe Renew (centre) Christophe Grudler, à ce stade,  « l’essentiel était que le nucléaire soit dans le texte. Il l’est », glisse-t-il à EURACTIV France. 

L’industrie nucléaire française s’inquiète tout de même. « Que le nucléaire apparaisse dans la proposition de la Commission est un signal politique positif », avance Erkki Maillard, directeur des affaires européennes d’EDF, auprès d’EURACTIV France. 

En revanche, « le fait que les technologies [de réacteurs nucléaires] de 2ème et 3ème générations ne soient pas incluses […] témoigne de blocages au sommet de la Commission », complète-t-il. 

Pire, « c’est une porte ouverte aux concurrents extraeuropéens qui sont, par exemple, déjà implantés en Pologne, comme l’Américain Westinghouse, le sud-Coréen KHNP et le Britannique Rolls Royce », confie à EURACTIV France une source au sein de l’industrie nucléaire française. 

Grudler se veut toutefois rassurant : « il y a encore des négociations avant de trouver un accord. Le Parlement européen va prendre la main et permettra d’améliorer le texte, sur l’inclusion du nucléaire existant notamment »

Zones d’ombre sur le futur nucléaire

Au-delà du nucléaire existant, même pour les technologies nucléaires du futur inscrites dans le texte, des zones d’ombre persistent. 

D’abord, parce que si elles figurent dans la liste des « technologies nette zéro », elles ne figurent pas dans l’annexe de la proposition. Or, l’annexe liste les « technologies nette zéro » dites « stratégiques », auxquelles « est limité l’accès au marché », explique un haut fonctionnaire de Bruxelles. 

Interrogé sur ces dichotomies en conférence de presse, Frans Timmermans a simplement répondu que le collège des commissaires avait conservé une « position neutre » sur les choix technologiques, se référant « exactement au libellé de la taxonomie verte de l’UE » qui identifie les activités économiques durable bénéficiant de facilités de financements.

Le commissaire au Climat en a profité pour appeler les États membres défenseurs du nucléaire à se responsabiliser : « ne faites pas un choix idéologique, faites les comptes », car selon lui, « les énergies renouvelables sont presque chaque jour de moins en moins chères, ce qui n’est pas le cas du nucléaire ».

Par Euractiv, publié le 20 mars 2023 à 08h27

https://lesfrancais.press/industrie-verte-de-lue-feu-vert-pour-le-nucleaire/

BANQUES, ÉTATS, FONDS PRIVÉS… QUI FINANCE LES ÉNERGIES FOSSILES, PRINCIPALE CAUSE DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ?

Les énergies fossiles, dont la consommation est la principale cause du changement climatique, continuent de bénéficier d’importants investissements privés et de subventions publiques.

Les déclarations de bonne intention des entreprises ou des États sur la transition écologique masquent la réalité. Huit ans après l’accord de Paris, ils continuent de financer davantage le réchauffement climatique que les solutions pour le limiter. « Les financements publics et privés pour les énergies fossiles sont toujours plus importants que ceux pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique », constatait en avril 2022 le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui doit publier lundi 20 mars la synthèse de ses derniers rapports. La consommation de charbon, de pétrole et de gaz est pourtant, de très loin, la première cause du changement climatique (PDF) provoqué par les activités humaines. En brûlant, ces énergies fossiles dégagent des gaz à effet de serre, qui piègent la chaleur du soleil.

Sortir de cette dépendance est donc indispensable pour préserver les conditions de vie sur Terre. « Les investissements d’aujourd’hui déterminent le niveau des émissions de gaz à effet de serre de demain », alerte Maxime Ledez, chargé de recherche à l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE). « Personne n’a dit qu’il fallait sortir des énergies fossiles du jour au lendemain », complète Lucie Pinson, directrice de l’ONG Reclaim Finance. Le problème est que ces capitaux vont vers de nouveaux projets [comme le projet EACOP de TotalÉnergies ou le nouveau terminal méthanier du Havre] incompatibles avec nos objectifs climatiques et des entreprises qui n’ont pas de plan de transition. »  L’Agence internationale de l’énergie (AIE), une agence historiquement créé après le choc pétrolier de 1974 pour sécuriser l’approvisionnement en énergie, ne dit pas autre chose. En 2021*, elle estimait, dans une déclaration remarquée, qu’il n’était pas nécessaire de lancer de nouveaux projets d’exploitation de gaz, de charbon ou de pétrole pour réaliser la transition énergétique.

Pourtant, les sommes injectées par les banques dans cette industrie « restent au même niveau et les subventions publiques sont en augmentation« , constate Natalie Jones, experte à l’Institut international du développement durable (IISD). Franceinfo fait le point sur ces flux financiers qui alimentent le réchauffement climatique.

Les banques et les acteurs privés financent les entreprises productrices

Les banques. Depuis la signature de l’accord de Paris en 2015, les 60 plus grandes banques du monde ont fourni chaque année en moyenne 764 milliards de dollars (718 milliards d’euros) aux entreprises productrices d’énergies fossiles, selon les calculs de la coalition d’ONG Banking on climate chaos* (« Miser sur le chaos climatique« ). Si le montant alloué chaque année aux géants du secteur comme ExxonMobil ou Saudi Aramco diminue depuis 2019, les financements plafonnent plus qu’ils ne baissent : le dernier chiffre disponible – 742 milliards de dollars pour l’année 2021 – reste supérieur aux années 2016 et 2017. Parmi ces banques, 44, soit presque les trois-quarts, se sont pourtant engagées à atteindre la neutralité carbone en 2050. « Elles ont fait de grandes promesses et elles continuent de faire des chèques sans condition, sans demander à leurs clients de prendre les mesures qui s’imposent« , regrette Lucie Pinson, dont l’ONG fait partie de la coalition Banking on climate chaos.

BNP Paribas, première banque française du classement (10ème) devant la Société générale (21ème) et le Crédit Agricole (23ème), défend sa stratégie critiquée par les ONG. « Ces classements qui additionnent des montants de financement sur cinq ans ont le défaut de gommer notre trajectoire de réduction », assure Laurence Pessez, directrice chargée de la responsabilité sociale et environnementale à la BNP, même si la courbe d’investissements de la banque dessine pour le moment plutôt un plateau, avec 14,75 milliards de dollars en 2021 contre 17,87 en 2016. « Fin 2022, nous avons d’ores et déjà plus de financements qui vont vers les énergies bas carbone, essentiellement renouvelables, que vers les fossiles, à savoir 55% contre 45% », développe-t-elle. BNP s’est engagée à réduire de 30% ses financements liés à l’extraction et à la production de gaz, et de 80% ceux liés à l’extraction et à la production de pétrole d’ici 2030.

Des engagements insuffisants pour les observateurs. En février, trois ONG ont assigné la banque en justice et 600 scientifiques ont publié une lettre ouverte dans L’Obs appelant l’entreprise à « cesser de soutenir de nouveaux projets pétroliers et gaziers ». « Nous déplorons que ces ONG aient choisi la voix du contentieux plutôt que le dialogue », réagit Laurence Pessez, avant de répondre aux chercheurs : « Il y a un consensus scientifique sur la nécessité de diminuer nos émissions. Les scientifiques, qui se concentrent sur cette dimension, constatent que cela ne va pas assez vite [les émissions continuent même d’augmenter]. On l’entend et on a d’ailleurs pris de nouveaux engagements. Ils s’inscrivent pleinement dans la traduction opérationnelle de l’Agence internationale de l’énergie, qui intègre à la fois l’urgence climatique et d’autres paramètres économiques et sociaux. » La banque estime enfin que « la transformation du secteur de l’énergie ne se fera pas sans les majors pétrolières et gazières qui investissent de façon importante dans les énergies bas-carbone ».

Chez Reclaim Finance, Lucie Pinson reconnaît que les objectifs à 2030 pour le portefeuille de BNP Paribas sont alignés sur la feuille de route de l’AIE. Mais « c’est la trajectoire qui compte. Leur portefeuille est au bon niveau en 2030. Est-ce qu’entretemps, ils ne vont pas aider beaucoup d’entreprises fossiles ? » s’interroge-t-elle. La militante relève également que les engagements des banques ne couvrent que les prêts et pas l’émission d’obligations, un autre outil de financement qui a l’avantage de ne pas figurer à leur bilan et qui consiste à vendre des créances d’une entreprise sur les marchés. Un exemple récent permet d’illustrer le problème : le 23 février, un prêt accordé à des filiales de Saudi Aramco, la puissante entreprise pétrolière saoudienne, a été transformé en obligation, avec le concours de BNP Paribas, du Crédit agricole, de la Société générale et de Natixis.

« Est-ce que les banques françaises comptent respecter leurs objectifs de décarbonation ou est-ce qu’elles sont juste en train de faire le ménage pour sortir ces transactions de leur bilan ? » (Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance à franceinfo)

Enfin, la militante insiste sur le fait que BNP ne demande pas à ces clients « d’arrêter le développement de nouveaux projets » et conteste le traitement de faveur accordé au gaz, labellisé énergie de transition par l’Union européenne. « C’est une énergie fossile, qui dit diminuer dans les scénarios, au même titre que les autres », rappelle Lucie Pinson.

Toutes les banques ne sont pas sur la même ligne. Le site Change de banque, développé par Reclaim Finance, distingue quatre alternatives responsables en France, dont La Banque postale et le Crédit coopératif. Spécialisées dans la banque de détail, elles ne financent pas ce secteur ou se sont engagées à en sortir totalement d’ici 2030. « Toutes les banques devraient appliquer une logique de précaution et conditionner leur soutien à l’arrêt du développement des énergies fossiles. Mais cette approche-là n’est pas bonne d’un point de vue business », contextualise Lucie Pinson.

Les gestionnaires d’actifs, les assurances et autres acteurs privés. 

Le financement privé des énergies fossiles ne se résume pas aux banques. Les gestionnaires d’actifs, qui investissent les capitaux qui leur sont confiés, et les fonds de pension mettent aussi la main au pot. Les compagnies d’assurance fournissent leurs services, souvent indispensables pour la réalisation d’un projet. Mais aucun chiffre n’existe faute d’obligation, regrettent les ONG. 

En France, l’I4CE dresse chaque année un panorama des investissements, publics et privés, dans les énergies fossiles sur le territoire français. Ces investissements, dominés par l’achat par des particuliers, des entreprises ou des administrations de véhicules à essence, sont en baisse, avec 62 milliards d’euros en 2021, contre 86 en 2019. Une diminution qui s’explique avant tout par les difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs des constructeurs automobiles. « Une fois que ces contraintes seront levées, il y risque d’y avoir un rebond », prévient Maxime Ledez.

La situation n’est cependant pas désespérée. Selon les données de Bloomberg Nef, les investissements dans la transition énergétique, privé et public confondus, étaient en 2022 au même niveau que les sommes allouées aux énergies fossiles, à 1 100 milliards de dollars. Une première pour cet indicateur.

Les États subventionnent la consommation de ces énergies

Si les financements accordés par les banques plafonnent, les subventions des États pour la consommation de charbon, pétrole ou gaz sont à la hausse, sous l’effet de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine. Les sommes ont même triplé pour le charbon. En 2022, 1 000 milliards de dollars (939 milliards d’euros) ont ainsi été distribués, selon les chiffres de l’AIE*. Un record, auquel il faut ajouter 626 milliards de dollars (587 milliards d’euros) d’aides à la consommation non prise en compte par la méthodologie de l’AIE sur les subventions. Derrière ces sommes, on trouve des mesures comme le plafonnement des prix – par exemple, le bouclier tarifaire sur le prix du gaz en France –, des avantages fiscaux ou des chèques énergies.

Si ces mesures peuvent se défendre d’un point de vue social, l’AIE relève qu’elles sont « rarement bien ciblées pour protéger les plus vulnérables et qu’elles ont tendance à profiter aux plus aisés« , qui consomment davantage d’énergie. L’agence y voit « un signe inquiétant pour la transition énergétique », freinée par ce type de mesures. Dans le pacte de Glasgow pour le climat*, la déclaration finale de la COP26, la communauté internationale appelait d’ailleurs à « supprimer progressivement les subventions inefficaces aux énergies fossiles, tout en soutenant de manière ciblée les plus pauvres et les plus vulnérables ». Pour Natalie Jones, chercheuse à l’Institut international du développement durable, « le meilleur moyen, à long terme, de protéger les consommateurs de la volatilité des prix de l’énergie est de construire un système basé sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ».

« Ces subventions affaiblissent l’effort global contre le changement climatique parce qu’elles nous enferment dans notre dépendance aux énergies fossiles. » (Natalie Jones, chercheuse à l’IISD à franceinfo)

La France n’est pas en reste. En 2023, elle dépensera 19,6 milliards d’euros dans des dépenses « défavorables » au climat, un chiffre largement minoré comme franceinfo l’avait expliqué en octobre. À l’Institut de l’économie pour le climat, Maxime Ledez relève également que certains financements des énergies fossiles, comme le différentiel de fiscalité entre le diesel et l’essence ou la TVA minorée sur les billets d’avion, ne sont pas non plus pris en compte par l’État dans ses calculs. « Clairement, ces dispositifs fiscaux ne vont pas dans le sens de nos objectifs climatiques », résume-t-il. Pour Maxime Ledez, nos sociétés auront « du mal à se passer à court terme de ces subventions » : « La question, c’est comment on arrive à organiser la décarbonation le plus rapidement possible sans perturber nos activités sociales et économiques ? »

* Tous les liens signalés par un astérisque sont en anglais.

Par Thomas Baïetto, France Télévisions, publié le 20/03/2023 à 05h51

Image en titre : Le secteur public comme privé continue de financer massivement les énergies fossiles, cause principale du réchauffement climatique. (PAULINE LE NOURS / FRANCEINFO

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/infographies-banques-etats-fonds-prives-qui-finance-les-energies-fossiles-principale-cause-du-rechauffement-climatique_5688446.html

EN ALLEMAGNE LA SORTIE DU NUCLÉAIRE EST MAINTENUE POUR LA MI-AVRIL

BERLIN (dpa-AFX) – La ministre allemande de l’Environnement Steffi Lemke a réaffirmé que l’utilisation de l’énergie nucléaire devrait prendre fin dans un peu plus de quatre semaines en Allemagne. « On en restera à la sortie du nucléaire à la mi-avril« , a déclaré la politicienne écologiste aux journaux du groupe de médias Funke (dimanche). « Les risques du nucléaire sont en fin de compte incontrôlables« .

Le gouvernement fédéral rouge-vert-jaune avait décidé l’an dernier, après un coup de force du chancelier Olaf Scholz (SPD), que les trois centrales nucléaires restantes continueraient à fonctionner jusqu’au 15 avril, au-delà de la fin d’exploitation prévue en principe pour la fin de l’année. Après cette date, l’Allemagne devrait cesser d’utiliser l’énergie nucléaire. Le vice-président du groupe FDP au Bundestag, Lukas Köhler, a récemment mis en garde contre un démantèlement rapide des trois centrales nucléaires.

La CDU/CSU veut au moins les maintenir en état de fonctionnement.

Par seb/DP/nas, publié le 19/03/2023 à 14h13

https://www.zonebourse.com/cours/action/E-ON-SE-3818998/actualite/Lemke-La-sortie-du-nucleaire-est-maintenue-pour-la-mi-avril-43286804/

VERS UNE MANIFESTATION NATIONALE HISTORIQUE CONTRE LE NUCLÉAIRE ET SON MONDE LE 3 JUIN 2023 À BURE

Depuis des mois une coalition d’organisations, de collectifs et d’élu.e.s organise ce qui se veut être une manifestation historique antinucléaire à Bure pour le 3 juin 2023. L’enjeu est de taille alors que le gouvernement met « plein gaz » pour tenter de relancer une filière nucléaire moribonde.  Relance ne suscitant quasiment aucune réaction du mouvement écologiste et social pris à la gorge par bien d’autres enjeux, alors que le projet d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure continue d’avancer et que les travaux menacent de reprendre sur le terrain, alors aussi que le mouvement sur place reprend de la force et continue de s’ancrer, et que la déferlante répressive de «l’association de malfaiteurs » a été battue en brèche au cours des dernières semaines lors du jugement en appel.

https://bure3juin2023.noblogs.org/
Signature de l’appel au bas du texte (faites-le aussi tourner autour de vous et auprès d’organisations et associations): https://framaforms.org/signez-lappel-cent-mille-a-bure-le-3-juin-1675705963

Cent Mille Ans – Cent Mille Luttes – Cent Mille espoirs à Bure le 3 juin 2023 : Appel à un grand rassemblement à Bure (Meuse-France) contre Cigéo, le nucléaire et son monde. Stop!

Le 3 juin, nous appelons à une vaste et somptueuse opération de convergence contre Cigéo, le nucléaire et son monde aux frontières des départements de la Meuse, de la Haute-Marne et des Vosges !
 
Désastreux pour l’environnement, le climat et l’humanité, le nucléaire est une industrie du passé. Il n’a aucune solution pour ses propres déchets. Le projet insensé Cigéo à Bure (Meuse/Haute-Marne) qui consisterait à les cacher sous terre en est la preuve.

Le pire est à venir si le gouvernement français parvient à lancer un nouveau programme nucléaire, et si d’autres pays européens en font une énergie de transition ! Nous sommes toutes et tous concerné⋅es et nous devons donner un signal à la hauteur des enjeux.  
 
Le 3 juin 2023, nous organisons à Bure un évènement national et international à l’image de ceux qui nous ont déjà rassemblé.es (Malville, Plogoff, Larzac, Gorleben, ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Lützerath, luttes paysannes et territoriales, …) et qui nous rassemblent aujourd’hui autour d’autres luttes sociales et écologiques.
 
Nous voulons nous exprimer massivement contre ce nucléaire qui ne respecte ni le vivant, ni la planète. Et au-delà, nous appelons à nous retrouver uni⋅es pour la protection de nos territoires et nos communs : les terres agricoles, les forêts, l’eau, le climat, la biodiversité jusqu’aux acquis sociaux et l’accès à l’énergie ; comme des droits essentiels aujourd’hui et pour les générations à venir.
 
Rassemblé⋅es par un même objectif, des cortèges thématiques de nos luttes convergeront vers un point de visualisation symbolique à côté de Bure. Nos slogans mettront en avant nos valeurs et illustreront nos désirs de rebâtir un monde commun plus équilibré et un futur vivable.  
 
Une écologie sociale et solidaire est à construire de toute urgence, nous ne pouvons plus différer sa mise en œuvre : c’est pour cela que nous devons lancer un signal puissant et décisif aux décideurs et aux gouvernants !
 
Notre rassemblement sera enthousiaste et massif. Nous demandons aux autorités de donner des consignes fermes aux forces de l’ordre afin qu’elles ne débordent pas de leur rôle de protection de notre droit à une expression libre, en réprimant les cortèges sans raison, comme on l’a trop vu dans le pays ces dernières années.
 
À Bure, le projet Cigéo semble avancer inexorablement, mais il se heurte à une résistance farouche. C’est donc là où se joue en grande partie la survie du nucléaire, mais aussi celle du consumérisme et de cette folle course en avant dont nous ne voulons plus, là où nous allons confluer par milliers !

Le 3 juin soyons 100 000 luttes à Bure contre le nucléaire et la destruction de nos territoires, pour préserver les 100 000 ans à venir !
 
Dès maintenant, signez cet appel en tant que personnalité publique et/ou organisation d’ici au samedi 11 février 2023, et faites le tourner dans votre réseau ! Et réservez cette journée du 3 juin (et vos deux nuits de voyages si vous venez de loin !) et réfléchissez d’ores et déjà à comment visibiliser vos luttes locales dans l’un des cortèges thématiques. Ce rassemblement est le nôtre : rejoignez l’organisation en contactant cent-mille-bure@riseup.net . Toutes les forces et intelligences collectives sont les bienvenues !

https://bure3juin2023.noblogs.org/ Signature de l’appel au bas du texte (faites-le aussi tourner autour de vous et auprès d’organisations et associations): https://framaforms.org/signez-lappel-cent-mille-a-bure-le-3-juin-1675705963

Modalités pratiques:

*Rappel important* : C’est un évènement seulement sur la journée, nous ne prévoyons pas d’hébergement. Il faut venir avec votre pique-nique et votre gourde. Nous mettrons des tonnes à eau à disposition.

Les lieux d’accueil collectif ne seront pas ouverts, ni visitables ce jour-là : il serait impossible de gérer un tel flux de personnes.

Covoiturage, c’est ici : https://www.mobicoop.fr/covoiturages-evenements/2506/Cent-Mille-Bure

Bus : Pour s’inscrire aux bus qui vont partir de toute la France (et peut-être même de plus loin) : il va falloir patienter encore un peu

– Blog : https://bure3juin2023.noblogs.org/
– FB : https://www.facebook.com/events/3444120125865809?ref=newsfeed
– Telegram : https://t.me/Bure3juin2023
– Twitter : @bure3juin <https://twitter.com/bure3juin?t=NINxzjtX0N8lKoE2LNJzuQ&s=35>
– Infomail (il faut vous y inscrire pour avoir toutes les infos car on ne les enverra pas toutes systématiquement sur toutes les listes) : info-3juin2023-subscribe@lists.riseup.net
– Ici les visuels : https://bure3juin2023.noblogs.org/?p=11
– Affiches : bientôt, nous pourrons vous proposer de vous envoyer des affiches : nous étudions encore les conditions.

Vous pouvez relayer et soutenir et faire soutenir cet appel par d’autres organisations : https://framaforms.org/signez-lappel-cent-mille-a-bure-le-3-juin-1675705963

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Par Rédaction, publié le samedi 18 mars 2023 à 11h00

Pour retrouver cet article et voir la liste des premiers signataires, cliquer sur : http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2023/02/07_manifestation-nationale-historique-contre-le-nucleaire-et-son-monde-le-3-juin-2023-a-Bure

DÉFAUTS PROLONGÉS DE SECTORISATION INCENDIE DES QUATRE RÉACTEURS DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE PALUEL

Le 23 février 2023, EDF a déclaré à l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) un événement significatif relatif à des défauts de sectorisation incendie constatés sur les quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Paluel.

La sectorisation consiste à séparer physiquement des locaux avec des éléments constructifs résistants au feu, afin d’éviter la propagation d’un incendie. Elle permet notamment de s’assurer qu’un même incendie ne puisse affecter simultanément des équipements assurant, de manière redondante, une même fonction. Afin de garantir l’intégrité de cette sectorisation, les tuyauteries en PVC traversant des murs en limite d’un secteur de feu disposent de colliers coupe-feu intumescents et les siphons de sol, susceptibles de déboucher dans d’autres locaux, doivent toujours être en eau.

Le 30 janvier 2023, des contrôles réalisés par EDF sur la sectorisation incendie des bâtiments du réacteur 4 de la centrale de Paluel ont mis en évidence l’absence de garde d’eau dans certains siphons de sol, engendrant quatre ruptures de sectorisation.

Le 10 février 2023, la réalisation d’un programme de maintenance a mis en évidence  l’absence de colliers coupe-feu intumescents sur des traversées en PVC provoquant quatre nouvelles ruptures de sectorisation incendie. A la suite de ces constats, l’examen des résultats des précédentes opérations de maintenance réalisés en 2017 sur les réacteurs 1, 2, et 3 a montré la présence d’anomalies identiques qui n’avaient pas été corrigées.

EDF n’a donc pas respecté la règle de gestion de la sectorisation incendie qui limite à cinq le nombre cumulé de pertes d’intégrité de la sectorisation incendie.

Aucun incendie n’ayant affecté les locaux concernés, cet événement n’a pas eu de conséquence réelle sur le personnel, l’environnement et la sûreté de l’installation. Néanmoins, en raison du nombre de défauts de sectorisation incendie, du risque de propagation d’incendie qui aurait pu en résulter, et de la non-prise en compte d’un retour d’expérience de même nature, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.

La remise en conformité des pertes d’intégrité de la sectorisation incendie du réacteur 4 s’est achevée le 15 février 2023, et le traitement de l’ensemble des écarts sur les autres réacteurs a été finalisé le 6 mars 2023.

L’analyse de cet évènement devra notamment s’attacher à comprendre les raisons de l’absence d’identification des écarts lors des contrôles précédents, et déterminer pourquoi un retour d’expérience semblable n’a pas correctement été pris en compte par l’exploitant.

Date de la dernière mise à jour : 17/03/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/defauts-prolonges-de-sectorisation-incendie-des-quatre-reacteurs-de-la-centrale-nucleaire-de-paluel

LE JAPON ENTAME LES TRAVAUX DE PRÉPARATION D’UNE DÉCHARGE D’EAUX USÉES CONTAMINÉES PAR LE NUCLÉAIRE AVEC UN « PRIX PLUS ÉLEVÉ À PAYER »

La centrale nucléaire japonaise de Fukushima Daiichi, paralysée, a mis en service pour la première fois vendredi l’équipement nécessaire à son plan de déversement des eaux usées contaminées par le nucléaire, en prélude au rejet final des eaux usées en pleine mer.

Les experts ont averti que malgré les critiques croissantes du pays et de l’étranger, le Japon s’en tiendra probablement à son plan de dumping, soit à en juger par ses considérations politiques, soit en pesant les coûts technologiques et d’investissements nationaux.

Cependant, le Japon a négligé le coût durable causé par le plan de dumping qui serait beaucoup plus lourd, qu’il causerait un préjudice inimaginable au monde, en particulier à ses régions environnantes, perdrait sa crédibilité en tant que puissance mondiale respectueuse de l’environnement et nuirait grandement à son image internationale. , sans parler de susciter des mécontentements généralisés parmi son propre peuple, ont déclaré certains experts.

Selon le média japonais Asahi Shimbun, l’équipement impliqué a passé l’inspection de l’Autorité japonaise de régulation nucléaire mercredi et a commencé sa première opération vendredi.

L’opération comprend d’abord l’agitation des eaux usées radioactives et l’homogénéisation de la concentration des substances radioactives, après quoi l’équipement mesurera si les substances autres que le tritium sont inférieures à la valeur standard. Il faudra environ deux mois pour faire avancer la mesure des eaux usées contaminées par le nucléaire.

Le Japon commencera à déverser plus d’un million de tonnes d’eau irradiée dans l’océan Pacifique au printemps ou à l’été de cette année, a confirmé le gouvernement japonais en janvier, malgré de fortes oppositions au sein de son pays, parmi les voisins et la communauté internationale.

La Chine, avec la Russie, a présenté une liste conjointe de questions techniques au Japon en novembre 2022, mais la partie japonaise n’a pas répondu en déformant les concepts, en éludant la partie cruciale ou même en refusant de parler de la question, ont déclaré des responsables chinois sur Jeudi.

Le plan de déversement des eaux usées initié par le Japon est allé au-delà d’une question environnementale pour devenir une question politique, avec les cercles occidentaux dirigés par les États-Unis d’un côté et la Chine, la Corée du Sud, la Russie et certains pays du Sud-Est de l’autre. Il ne s’agit plus seulement du plan lui-même, mais d’un spectacle politique pour affirmer le pouvoir et la domination du Japon sur les autres, a déclaré samedi Da Zhigang, directeur de l’Institut des études sur l’Asie du Nord-Est à l’Académie provinciale des sciences sociales du Heilongjiang.

Sur le plan environnemental, le Japon a approuvé la construction d’installations de dilution et de rejet d’eaux contaminées par le nucléaire alors que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a ni terminé son évaluation du plan d’élimination du Japon ni tiré de conclusions précises.

Un premier bilan montre que les eaux usées contaminées par le nucléaire contiennent plus de 60 radionucléides dont du tritium. Certains radionucléides à longue durée de vie peuvent se propager dans les courants océaniques et avoir un effet de bioconcentration, causant des dommages imprévisibles à l’environnement marin, a déclaré jeudi à Pékin Sun Xiaobo, directeur général du Département du contrôle des armements du ministère chinois des Affaires étrangères. .

Cette décision irresponsable et égoïste a suscité des réactions négatives alors que des rassemblements ont eu lieu au Japon et dans de nombreux autres pays et régions du monde.

Cependant, l’administration de Kishida a choisi de n’écouter que les voix de ses alliés occidentaux qui sont loin de la zone concernée mais ignorent le tollé et les interrogations de ses voisins qui seront directement touchés par sa décision, a noté Da.

Le Japon cherchera à obtenir l’approbation des pays du G7 pour son projet de déverser l’eau contaminée par le nucléaire lorsqu’il accueillera une réunion des ministres de l’énergie du groupe en avril, a rapporté le Japanese Times en février.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a de nouveau dénoncé mardi la décision unilatérale du Japon de déverser des eaux usées contaminées par le nucléaire dans la mer, ce qui est considéré comme une tentative de transférer le risque de pollution nucléaire à toute l’humanité. Le ministère a également averti le pays de ne pas lancer le plan sans avoir pleinement consulté ses voisins et les autres parties prenantes ainsi que les institutions internationales compétentes.

Par Yannis Patsopoulos, publié le19 mars 2023

Photo en titre : Les réservoirs de la centrale nucléaire paralysée de Fukushima stockent les eaux usées contaminées par le nucléaire. Photo : Xinhua

https://chinedirect.net/actualite/societe/le-japon-entame-les-travaux-de-preparation-dune-decharge-deaux-usees-contaminees-par-le-nucleaire-avec-un-prix-plus-eleve-a-payer/7928/

LA CORÉE DU NORD ANNONCE 800.000 NOUVEAUX VOLONTAIRES POUR « COMBATTRE LES IMPÉRIALISTES AMÉRICAINS »

L’agence officielle nord-coréenne KCNA a annoncé samedi que plus de 800.000 jeunes nord-coréens ont volontairement rejoint l’armée de leur pays pour combattre « les impérialistes américains« , sur fond de manœuvres militaires menées par Washington et Séoul et inédites en cinq ans.

« Plus de 800.000 » jeunes « à travers le pays se sont portés volontaires » pour « rejoindre l’armée du peuple (nord-)coréen« , sur la seule journée de vendredi, a indiqué samedi l’agence officielle nord-coréenne KCNA, alors que Séoul et Washington se livrent depuis le début de la semaine à leurs plus grands exercices militaires conjoints en cinq ans.

Ils sont déterminés à « anéantir de façon impitoyable les obsédés de la guerre » et ont rejoint l’armée pour « défendre le pays« , ajoute l’agence KCNA.

« Guerre nucléaire »

Le quotidien officiel Rodong Sinmun a publié des images montrant de longues files d’attente de jeunes devant ce qui ressemble à un chantier de construction. Selon l’agence officielle, des centaines de milliers de personnes se sont enrolées en réponse à des exercices militaires américains que KCNA qualifie de tentative de « provoquer une guerre nucléaire ».

Baptisés « Freedom Shield« , ces exercices américano-sud-coréens ont débuté lundi et doivent durer dix jours. Ils se focalisent sur « l’évolution de l’environnement de sécurité » due à l’agressivité redoublée de la Corée du Nord, ont déclaré les alliés.

Qualifiés d’exercices militaires « frénétiques » par KCNA, la Corée du Nord y a riposté, jeudi, par le lancement d’un missile balistique intercontinental (ICBM). S’en est suivi, dimanche, le lancement d’un nouveau missile balistique de courte portée, selon l’armée sud-coréenne. Il s’agit de sa quatrième démonstration de force en une semaine.

« Notre armée a détecté un missile balistique de courte portée tiré des environs de la zone de Tongchang-ri, dans la province du Pyongan du Nord (nord-ouest), à 11H05 (02H05 GMT) vers la mer de l’Est », a indiqué l’état-major interarmées (JCS), en référence au nom coréen de la mer du Japon.

Les renseignements américains et sud-coréens analysent le projectile, qui a volé sur 800 kilomètres, a déclaré le JCS dans un communiqué, qualifiant ce lancement de « provocation sérieuse » en violation des sanctions de l’ONU. 

Le missile lancé jeudi en direction de la mer du Japon était un Hwasong-17, selon KCNA, un « missile monstre » selon les analystes militaires, qui a théoriquement une portée suffisante pour atteindre la partie continentale des États-Unis.

« Ligne rouge »

Les exercices de Séoul et Washington rendent furieux Pyongyang, qui les perçoit comme des répétitions à une invasion de son territoire et promet régulièrement une réponse « écrasante« .

Les exercices des États-Unis et de la Corée du Sud « se rapprochent de la ligne rouge de façon impardonnable« , a dit l’agence officielle KCNA samedi.

Pyongyang s’était déclarée puissance nucléaire « irréversible » l’année dernière, et Kim a récemment appelé à une augmentation « exponentielle » de la production d’armes, y compris d’armes nucléaires tactiques.

Début mars, Kim a en outre donné à l’armée nord-coréenne l’ordre d’intensifier les exercices pour se préparer à une « véritable guerre« .

Pyongyang se sert des exercices américains pour présenter son programme d’armement nucléaire comme « crucial et nécessaire« , a estimé Yang Moo-jin président de l’université des études nord-coréennes à Séoul, interrogé par l’AFP.

Renforcement de l’alliance entre Washington et Séoul

Cela « répand l’idée que les exercices américano-sud-coréens ont pour ultime objectif de détruire le régime nord-coréen actuel et même d’occuper sa capitale Pyongyang« , a-t-il ajouté.

Selon les experts, outre les exercices militaires conjoints et la rencontre cette semaine entre le président sud-coréen Yoon Suk Yeol et le dirigeant japonais Fumio Kishida, la Corée du Nord s’est offusquée du projet du président américain Joe Biden d’accueillir Yoon et son épouse à la Maison Blanche le mois prochain.

Cette visite d’État, la deuxième de la présidence de Joe Biden, soulignant les liens étroits entre les États-Unis et la Corée du Sud, aura lieu le 26 avril. Le conservateur Yoon Suk Yeol et son administration ont fait du renforcement de l’alliance entre les États-Unis et la Corée du Sud une priorité de leur politique étrangère. Des relations que Joe Biden a cherché à entretenir également.

Sur le même sujet

En riposte, Pyongyang pourrait « ordonner des tirs de missiles à plus longue portée, tenter de lancer un satellite espion, faire la démonstration d’un moteur à combustible solide et peut-être même procéder à un essai nucléaire« , a déclaré Leif-Eric Easley, professeur à l’université Ewha Womans de Séoul, à la CNN.

Par ML avec agences, publié le 19/03/2023 à 12h17

Photo en titre : L’annonce de Pyongyang est intervenue alors que Séoul et Washington organisent leurs plus grands exercices militaires conjoints en cinq ans depuis le 13 mars 2023. – JUNG YEON-JE / AFP

Pour retrouver cet article ainsi que la vidéo (1mn26s) de l’envoi du missile Nord Coréen, cliquer sur: https://www.bfmtv.com/international/asie/coree-nord/la-coree-du-nord-annonce-800-000-nouveaux-volontaires-pour-combattre-les-imperialistes-americains_AN-202303190179.html

NUCLÉAIRE : LE LONG ET COÛTEUX DÉMANTÈLEMENT DE FESSENHEIM

DOSSIER SPÉCIAL. Dans la centrale alsacienne à l’arrêt depuis 2020, les salariés s’activent déjà en attendant le décret qui autorisera, en 2026, le démantèlement complet. Le combustible a été évacué et certaines pièces ont été recyclées dans d’autres centrales en exploitation.

800 millions d’euros : c’est le coût estimé par EDF pour le démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim. Un processus engagé dès l’arrêt de la production il y a 32 mois, et qui se poursuivra jusqu’en 2042. 

« Les travaux de prédémantèlement ont déjà débuté », confirme Elvire Charre, qui dirige depuis octobre 2020 cette centrale dont les réacteurs ont été déconnectés du réseau EDF en février 2020 pour la première tranche, puis en juin la même année pour la seconde. Tout le combustible usé a été transporté vers l’usine de retraitement de La Hague, sous surveillance de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). D’autres fluides dangereux, tels que le fioul utilisé pour alimenter les générateurs de secours ou l’hydrogène qui servait à refroidir l’alternateur, ont été évacués de Fessenheim. Les circuits de la zone nucléaire du premier réacteur ont été décontaminés.

L’opération menée avec Framatome a mobilisé 23 entreprises partenaires, six mois de préparation, et un peu plus d’un mois sur le terrain, en fin d’année 2022, pour traiter 17.000 mètres carrés de circuits. Le second réacteur sera traité de la même manière, au mois de mars cette année. Autre opération terminée : la dernière turbine de la centrale, un composant emblématique prélevé dans la salle des machinés, a été démontée et transférée vers la centrale de Gravelines.

Dans l’attente d’un décret

Pour aller plus loin, un décret est désormais nécessaire et attendu en 2026. Le démantèlement durera alors 16 ans, dont une année pour la restauration du site. « L’objectif est d’aboutir en fin de démantèlement à un retour à la terre, qui permettra d’envisager un usage futur du site pour d’autres usages industriels », rappelle Elvire Charre.

Le chemin qui reste à parcourir jusqu’en 2026 apparaît bien balisé.

« Le démantèlement se déroule en trois chemins d’ordre administratif, technique et social », résume Elvire Charre.

EDF s’est engagé dans le processus réglementaire en déposant son dossier de démantèlement à l’ASN, en décembre 2020. L’instruction technique par l’ASN est en cours. La préfecture du Haut-Rhin pilotera l’enquête publique pour recueillir les avis des parties prenantes du territoire et aboutir à la déclaration d’utilité publique du projet.

Le deuxième « chemin » technique vise à rejoindre les hypothèses décrites par EDF dans son dossier de démantèlement.

« Par exemple, le combustible nucléaire a été en totalité évacué du site et les circuits de la zone nucléaire sont en cours de décontamination. On bénéficie de l’expérience de ce qui a été fait sur Chooz, qui est un réacteur de même technologie. Nous ne partons pas dans l’inconnu », estime Elvire Charre.

Cet ancien réacteur de la centrale située dans les Ardennes a été mis à l’arrêt en 1991.

Le volet social du démantèlement de Fessenheim a déjà permis le départ de la moitié des effectifs présents sur le site.

« On avait un effectif initial en production de 740 salariés EDF et de 300 personnes chez les partenaires industriels permanents. Pendant le démantèlement, l’effectif nécessaire sera beaucoup plus faible, avec 80 personnes chez EDF et un peu plus de 200 personnes chez les partenaires industriels », prévoit Elvire Charre.

Des reclassements dans l’hydraulique

Pour atteindre l’effectif ciblé, EDF a mis en œuvre un accompagnement social qui n’a pas suscité de levée de boucliers chez les syndicats.

« 95 % de nos salariés savent déjà où ils vont aller. La moitié d’entre eux sont déjà partis de Fessenheim », a pu observer Elvire Charre.

La moitié des salariés sur le départ ont rejoint une autre entité nucléaire chez EDF. Un quart d’entre eux sont restés dans une autre entité de l’électricien sur le territoire alsacien, dans l’exploitation et la maintenance hydraulique (les barrages sur le Rhin se situent à proximité de Fessenheim), chez le distributeur Enedis ou dans des unités tertiaires. Le quart restant est parti ou s’apprête à exercer ses droits à la retraite. L’exercice est plus délicat chez les sous-traitants, où les reclassements n’ont pas toujours été possibles. « L’arrêt de la centrale a introduit chez certains sous-traitants comme Clemessy une fragilité qui pourrait avoir des conséquences désastreuses », prévient Raphaël Schellenberger, député (LR) du Haut-Rhin et président de la Commission locale d’information et de surveillance (Clis) de Fessenheim.

Quel sera l’avenir de Fessenheim après le démantèlement ? Le projet de Technocentre prévu par EDF et Orano pour recycler les déchets nucléaires de très faible activité (TFA) n’a pas encore été confirmé. En Alsace, les opposants au nucléaire, qui avaient accueilli l’arrêt de Fessenheim comme une victoire tardive, y sont déjà opposés. La rentabilité économique d’un tel projet dépend de la constitution d’un marché à l’échelle européenne. Elle demeure incertaine. 

Les « farces » des projets de requalification

« Il existe en France 19 sites qui permettent d’accueillir une production nucléaire, dont Fessenheim. Il ne faut pas geler ce territoire. Le petit réacteur modulaire SMR serait le bon format pour conserver sa vocation », plaide Raphaël Schellenberger.

Les élus locaux plaident aussi pour la relance du territoire par l’accueil d’autres activités économiques. Plus de 200 hectares de surfaces foncières aux abords immédiats du site EDF ont été prévus pour accueillir des projets, mais aucune des pistes évoquées dans le photovoltaïque, l’hydrogène ou le bois énergie n’ont encore abouti.

Les surfaces prévues pour ce redéploiement industriel ont récemment été réduites à une cinquantaine d’hectares et la société d’économie mixte Novarhéna, imaginée par les collectivités pour porter les projets fonciers, a été mise en faillite faute de projets concrets. « Certaines promesses ont ressemblé à des grosses farces », s’emporte Raphaël Schellenberger, décidé à défendre coûte que coûte un avenir pour la filière nucléaire à Fessenheim.

Par Olivier Mirguet, publié le 18 Mars 2023 à 07h00

 Photo en titre : Entrée en service en 1977, Fessenheim était la plus ancienne centrale nucléaire dans le parc français. (Crédits : Reuters)

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/nucleaire-le-long-et-couteux-demantelement-de-fessenheim-951883.html

« NOTRE FOI IRRATIONNELLE DANS LE NUCLÉAIRE NOUS FAIT PRENDRE UN RETARD CLIMATICIDE », AFFIRME MARINE TONDELIER

INTERVIEW  La patronne d’Europe Écologie-Les Verts veut remettre la lutte anti-nucléaire en tête des priorités des écologistes

 Propos recueillis par Rachel Garrat-Valcarce

L’Assemblée nationale examinait cette semaine le projet de loi visant à accélérer la relance du nucléaire, qui devrait être largement adopté la semaine prochaine.

Les écologistes, et notamment EELV, s’opposent à cette relance et proposent une Convention citoyenne pour, d’après eux, enfin organiser un débat juste sur la question.

Pour Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV, la France a pris un retard « climaticide » à cause de son choix du nucléaire, aux dépens des énergies renouvelables. Elle répond à 20 Minutes

Voilà un sujet sur lequel le gouvernement n’a pas de mal à trouver de majorité : la relance du nucléaire est presque un sujet consensuel, du RN à la majorité en passant par LR. Les communistes et quelques socialistes peuvent aussi se laisser séduire. Mais Europe-Écologie – Les Verts, avec Marine Tondelier à leur tête, veulent relever le drapeau anti-nucléaire en France. La nouvelle secrétaire nationale des écologistes propose notamment une Convention citoyenne sur la question. Elle explique à 20 Minutes pourquoi les parlementaires font fausse route.

L’Assemblée examinait cette semaine le projet de loi sur l’accélération de la relance de l’énergie nucléaire en France. Une large majorité devrait l’adopter. Les sondages sont aussi favorables au nucléaire. Est-ce un combat perdu pour vous ?

Les sondages sont favorables aux énergies renouvelables beaucoup plus qu’au nucléaire. On fait croire aux gens qu’on va faire les deux : c’est faux. Le nucléaire nous coûte si cher que ça nous empêche de développer les renouvelables. Le problème, c’est que ces nouveaux EPR [le gouvernement souhaite en faire construire six] ne nous aideront pas à respecter l’accord de Paris, qui nous engage à baisser de 40 % nos émissions de gaz à effet de serre en 2030. Car ces EPR ne seront pas construits, au mieux, avant 2035 selon la parole officielle du gouvernement, et 2040 selon les rapports en leur possession qui ont fuité. Et ils n’ont jamais réussi à en construire un seul ! Celui de Flamanville devait ouvrir en 2012 et coûter 3 milliards d’euros, nous sommes en 2023, il n’est toujours pas ouvert, et on en est à 20 milliards. Les parlementaires peuvent voter ce qu’ils veulent, je fais le pari que ces EPR ne seront pas en fonction ni en 2035 ni en 2040. 

Les écologistes déplorent depuis longtemps le manque de débat sur notre stratégie énergétique. Vous réclamez cette fois une Convention citoyenne, sur le modèle de celle sur le climat…

Je suis stupéfaite de voir à quel point on a du mal à avoir un débat public sérieux et rationnel sur le sujet. On a un lobby nucléaire qui dépense un « pognon de dingue », qui a des relais très agressifs sur les réseaux sociaux. Mais si on prenait 150 personnes tirées au sort pour les faire travailler sur le sujet, en faisant en sorte qu’elles se fassent leur propre avis, il n’y a aucune raison qu’elles fassent le choix que vont faire les parlementaires.

Emmanuel Macron peut-il accéder à cette requête ?

Quand 3 millions de personnes défilent dans la rue pour les retraites et qu’il n’écoute pas, on se dit « à quoi bon ? ». Mais s’il ne l’organise pas lui, d’autres peuvent le faire : le Conseil économique, social et environnemental par exemple, ou des tiers de confiance. Nous mettons le sujet sur la table, et tous les moyens possibles seront explorés pour que cela ait lieu.  

Un des visuels de la campagne anti-nucléaire lancée par EELV. – EELV

Une des critiques actuelles porte sur l’usage de l’eau pour refroidir les réacteurs, sur fond de sécheresse…

Un premier problème est l’utilisation de l’eau par le nucléaire : certes, une bonne partie est rendue à la rivière, mais 10 °C plus chaude que l’eau prélevée, ce qui fait qu’elle s’évapore davantage. Cela nuit aux écosystèmes, et cela va s’aggraver avec le réchauffement climatique. Mais il y a aussi l’eau consommée par les centrales nucléaires, c’est-à-dire utilisée par le processus de production et non rendue à la rivière : selon les chiffres officiels du gouvernement, elle représente de 20 à 30 % du total de consommation d’eau en France, davantage que tous les usages domestiques. Et d’ici à 2050, il y aura 40 % de débit en moins dans les fleuves et rivières françaises…

La Société française d’énergie nucléaire (Sfen) propose d’installer les centrales au bord de la mer pour remédier à ce problème…

Les écologistes ont proposé et fait adopter au Sénat un amendement qui empêche qu’on mette les nouveaux EPR en zones inondables. Cela concerne les centrales du Blayais, de Gravelines et Penly, toutes en bord de mer. On oublie que d’éventuels EPR qui ouvriraient en 2040 seront en fonction jusqu’en 2100. Sur une industrie aussi dangereuse que celle du nucléaire, choisir de les installer sur les côtes, c’est se remettre entre les mains du destin.

Vous l’avez abordé, une relance aussi massive et rapide du nucléaire pose des questions industrielles et techniques. Mais ne seraient-elles pas les mêmes en cas de massification de la production d’énergies renouvelables ?

D’abord, qu’importe le scénario, nucléaire ou renouvelable, on voit qu’on ne pourra pas continuer cette fuite en avant d’utiliser toujours plus d’énergie. Il faut activer un plan de sobriété, grâce à la réhabilitation thermique des logements et en réfléchissant à nos usages. Ensuite, la question est de savoir quel effort on fait, avec quelle énergie, et avec quels moyens. Ce n’est pas simple, car rien n’est simple en matière d’énergie. C’est pour cela qu’il y a un vrai conflit entre le nucléaire et les énergies renouvelables. L’Allemagne, par exemple, sera à 80 % d’énergies renouvelables en 2030, et est déjà à 49 %. Cela montre qu’il est possible d’augmenter rapidement les capacités d’un pays en la matière si on le décide.

Elle s’est engagée sur ce chemin bien avant nous…

Si on ne commence jamais, il sera toujours trop tard. La France s’était engagée à être à 23 % d’énergies renouvelables en 2022 auprès de la Commission européenne. C’était déjà très petit bras, et nous sommes le seul pays d’Europe à ne pas avoir respecté cet engagement. Nous n’étions en 2022 qu’à 19 %. C’est la honte, et nous passons à côté d’un énorme potentiel industriel et commercial. On a perdu beaucoup trop de temps dans le déploiement opérationnel, mais aussi en recherche et développement. Si on avait mis dans les EnR le quart de la somme utilisée sur le nucléaire, on aurait gagné tellement de temps. Malheureusement, notre foi absolue, irrationnelle dans le nucléaire, nous a fait prendre un retard dangereux et climaticide.

La crise énergétique, notamment liée à la guerre en Ukraine, semble avoir rapproché l’opinion des Français du nucléaire, même ceux qui ont des convictions écologiques…

La nature du débat public sur le sujet et l’argent déployé par le lobby pro nucléaire, particulièrement en France, portent leurs fruits. Or il faut expliquer aux Françaises et aux Français que la moitié des réacteurs nucléaires étaient à l’arrêt cet automne, et ce n’est pas à cause des écologistes. Parce que ça ne marchait pas, parce qu’ils sont en maintenance, parce qu’il y a des microfissures, des malfaçons, parce que cette filière nucléaire s’est elle-même mise dans l’impasse. Cela démontre le fait que tout miser sur le nucléaire est irresponsable.

Marine Tondelier, Secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts (EELV), dans son bureau à Paris, le 15 mars 2023. – O. Juszczak / 20 Minutes

Vous avez lancé des États généraux de l’écologie en vue de transformer l’écologie politique en un mouvement de masse. De quoi s’agit-il concrètement ?

Beaucoup de gens n’ont pas envie de s’engager dans un parti politique, ni le nôtre, ni un autre. Par contre, de plus en plus de gens sont écologistes dans un coin de leur tête, des électeurs d’un jour ou de toujours, des personnes inquiètes pour leurs enfants et leurs petits-enfants… Celles et ceux que Bruno Latour appelait « la classe écologique », potentiellement majoritaire dans ce pays. Mais cette classe n’est pas consciente d’elle-même, pas organisée, alors qu’en face, ils le sont. 

Mon travail est de créer cet endroit pour toutes ces personnes et de leur confier les clés du camion. Nous avons mis à disposition des moyens de s’exprimer, une grande enquête populaire en ligne sur lesecologistes.fr, des cahiers de doléances, des ateliers. Nous allons à la rencontre des habitants, des ruralités, des quartiers populaires. 

Au terme de cette phase d’écoute, il y aura une phase de réflexion : des personnes tirées au sort trancheront les questions qui se poseront. Cela se terminera à l’été par une grande convention de refondation pour lancer ce nouveau mouvement dont on espère qu’il aura, avant la fin du mandat, un million de sympathisants.

Quel bilan tirez-vous de ces trois derniers mois de mobilisation contre la réforme des retraites ?

D’abord, je refuse d’en parler comme si c’était fini, parce que je pense que tout commence. Les semaines qui viennent sont imprévisibles. Ensuite, ce qu’il s’est passé va bien plus loin que le sujet des retraites : la France a relevé la tête après une série d’humiliations. Cette réforme, c’était l’humiliation de trop. Quelque chose s’est mise en marche : un travail en intersyndicale qui n’avait pas existé depuis très longtemps, un soutien massif des Français à l’action syndicale, un travail entre les syndicats et les partis politiques progressistes.

Y compris si la réforme est bien mise en application ?

La seule défaite possible est celle du gouvernement. Soit parce qu’ils seront obligés de retirer cette réforme, soit parce qu’ils continueront de passer en force contre neuf Français actifs sur dix qui rejettent leur texte et que ça ne pourra que mal se passer. J’entends beaucoup nous dire : « on nous a dit qu’il fallait un mouvement social exemplaire. On s’est tenu à carreau. Mais si défiler dans le calme, l’apaisement, être poli et dire merci ne marche pas, on en tirera aussi les conséquences ». 

Je veux alerter là-dessus, dans un contexte où l’on a un président de la République élu face à Marine Le Pen à seulement 58 %, grâce à la mobilisation de gens comme moi qui savent ce qu’est l’extrême droite au pouvoir. Tout cela va laisser des traces. Emmanuel Macron est le garant de l’unité de ce pays, de la cohésion de ses institutions, et il est en train de le fracturer. Je ne sais pas comment il peut faire abstraction de cela en vue de 2027.

Propos recueillis par Rachel Garrat-Valcarcel,  publié le 18/03/23 à 09h07

Photo en titre : Marine Tondelier, Secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts (EELV), dans son bureau à Paris, le 15 mars 2023. — O. Juszczak / 20 Minutes

https://www.20minutes.fr/politique/4028192-20230318-foi-irrationnelle-nucleaire-fait-prendre-retard-climaticide-affirme-marine-tondelier?xtor=RSS-176

FISSURES DANS LE NUCLÉAIRE : EDF VA EXAMINER 320 SOUDURES

EDF a dévoilé sa nouvelle stratégie de contrôle de la corrosion sous contrainte. Le groupe prévoit d’examiner 320 soudures des circuits d’injection de sûreté (RIS) et de refroidissement du réacteur à l’arrêt (RRA) ayant fait l’objet de réparations lors de la construction de l’installation, a rapporté l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) jeudi 16 mars dans un communiqué. Plus de 90 % des soudures identifiées comme prioritaires par EDF devraient avoir été contrôlées d’ici fin 2023.

Ce plan fait suite à la découverte d’une fissure d’une profondeur très importante — 23 millimètres (mm) sur une épaisseur de tuyau de 27 mm — à un endroit inattendu, la branche chaude d’un des circuits d’injection de sûreté du réacteur Penly 1 (Seine-Maritime). Ce défaut « a été vraisemblablement généré par [des] opérations ciblées de double réparation lors du premier montage des tuyauteries », avait estimé EDF dans une note d’information datée du 8 mars — d’où l’examen des 320 soudures ayant déjà été réparées.

Lire aussi: : Inquiétudes après la mégafissure à la centrale nucléaire de Penly

L’ASN « prend acte » de cette évolution de la stratégie. Des discussions sont en cours avec l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et EDF sur la « pertinence » du calendrier proposé par l’exploitant. « Nous nous demandons si certains contrôles ne doivent pas être avancés et attendons des justifications complémentaires d’EDF », a indiqué l’ASN lors d’un point presse jeudi 16 mars.

Autre dossier sur la table, les fissures de fatigue thermique. EDF en a découvert deux, sur les réacteurs Penly 2 — d’une profondeur inédite de 12 mm — et Cattenom 3. Ce phénomène est bien connu d’EDF et fait l’objet d’un programme de surveillance dédié. Mais ces deux dernières fissures ne sont pas apparues sur des zones a priori sensibles et ont été détectées non pas dans le cadre du contrôle de la fatigue thermique, mais dans celui de la corrosion sous contrainte. « La découverte d’un défaut de fatigue thermique parmi les grands défauts récemment caractérisés, sur une soudure pour laquelle ce mode de dégradation n’était pas attendu, nécessite des analyses complémentaires », a donc estimé l’ASN dans son communiqué du 16 mars.

Par Reporterre, publié le 17 mars 2023 à 14h13

Photo en titre : EDF a découvert une fissure de fatigue thermique sur le réacteur nucléaire de Cattenom 3. – CC BY 3.0 / Michel G / Wikimedia Commons

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SIX GRAPHIQUES POUR (ENFIN) COMPRENDRE LE DÉBAT SUR L’ÉNERGIE EN FRANCE

Une commission d’enquête de l’Assemblée nationale se penche sur l’épineuse question de l’énergie en France. L’occasion, en données, de mieux comprendre quelques grands principes inhérents à ce débat.

Production, gigawatt, Fessenheim… des termes reviennent souvent dans les débats enflammés autour de l’énergie en France. Le nucléaire notamment, fleuron industriel et repoussoir d’une majorité d’écologistes, se trouve régulièrement au cœur des débats.

Or depuis octobre 2022, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale s’est saisie d’une partie de ce sujet. Son ambition ? « Établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France ». Présidée par le député alsacien Raphaël Schellenberger (Les Républicains), elle auditionne depuis l’automne des noms prestigieux du secteur de l’énergie.

Le très médiatique Jean-Marc Jancovici faisait partie des premiers interrogés. Ont défilé depuis trois anciens PDG d’EDF : Pierre Gadonneix (2004-2009), Henri Proglio (2009-2014) et Jean-Bernard Lévy (2014-2022).

Ou encore l’ex-patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, ainsi que deux anciens présidents de la République : Nicolas Sarkozy et François Hollande, le 16 mars 2023. Ces deux auditions sont les dernières avant l’examen du rapport, prévu le 30 mars.

Ces auditions, accessibles en ligne en rediffusion, permettent de « refaire le récit des choix qui nous ont conduits à cette situation et surtout formuler des propositions ou injonctions pour éviter de revenir à cette situation, » explique Raphaël Schellenberger.

Elles permettent aussi de trouver des « coupables » à la situation complexe d’EDF : l’Allemagne, l’Union européenne et son marché de l’électricité, l’Arenh, les responsables politiques depuis 10, 15 ou 20 ans…

L’intérêt de cette commission d’enquête réside en réalité sur ses hypothèses de travail. Elles méritent d’être éclaircies, afin de mieux appréhender son rapport final, prévu en avril 2023.

La France a dû importer de l’électricité

VRAI. L’année 2022 a marqué un changement profond dans les échanges d’électricité en Europe sur un an : la France, longtemps première exportatrice d’électricité, est devenue importatrice nette l’année précédente. Les importations d’électricité augmentent régulièrement depuis plusieurs années, passant de 26 TWh en 2018 à 44 TWh en 2021.

Ce qui fait écrire dans la courte présentation de la commission d’enquête qu’il existe une « hausse substantielle des importations d’électricité ces dernières années. »

C’est vrai, mais attention ! La moyenne des importations sur la période 2018 – 2021 est de 33 Twh, quasiment la même que sur la période 2005 – 2017 (32 TWh). L’année 2022 a pu être exceptionnelle, et le retour progressif des réacteurs nucléaires à l’arrêt a changé la donne. Début janvier 2023, la France est redevenue exportatrice d’électricité.

Fessenheim aurait changé la donne

FAUX. Le débat autour du manque de production électrique est devenu avant tout politique. Mais d’un point de vue comptable, difficile de dire que la centrale alsacienne, d’une puissance de 1,76 GW et fermée en 2020, aurait changé la situation.

« Si on avait 2 GW de nucléaire en plus on se poserait beaucoup moins la question, Fessenheim c’était que 2 GW mais c’est ce qui manque », affirme le président de la commission d’enquête.

Au plus bas de la capacité nucléaire, atteint à l’été 2022, seulement 25 GW sur les 61 GW étaient disponibles (moins de la moitié des 56 réacteurs français).

Le 1,76 GW de Fessenheim n’aurait donc pas changé fondamentalement l’équation, la chute de capacité nucléaire étant largement due aux travaux de maintenance (grands carénages) et aux problèmes de corrosion dans certains réacteurs. Même si ceux-ci peuvent repartir, alors que ceux de Fessenheim sont en effet « perdus » pour la production nucléaire.

La France perd des capacités de production

FAUX. « Depuis une dizaine d’années, 13 GW de production électrique pilotables ont été fermés », affirme Raphaël Schellenberger. Ce qui est vrai. Plus précisément, depuis 2012, la France a perdu 9,85 GW de capacité thermique et a fermé la centrale nucléaire de Fessenheim (1,76 GW).

Mais elle a entre-temps gagné 21,8 GW d’énergies renouvelables. Le gain est donc net. Le débat repose donc davantage sur la notion de pilotage, c’est-à-dire l’activation rapide des sources d’énergie.

L’indépendance énergétique baisse

FAUX. Dans son titre même, le rôle de la commission est d’établir « les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France ». Pourtant, la France n’a jamais été indépendante énergétiquement.

Ou pas « depuis que nous sommes rentrés dans l’ère des combustibles fossiles », explique Jean-Marc Jancovici lors de son audition. L’indépendance, c’est « l’autosuffisance, on en est loin et on a toujours été très loin », admet Raphaël Schellenberger.

Et si le nucléaire assure une majorité (67 % en 2020) de la production d’électricité, ce n’est pas le cas pour l’énergie plus largement. Le nucléaire assure 40 % du mix énergétique primaire, le pétrole encore 28 % et le gaz presque 16 %.

Or la France importe son uranium, son pétrole et son gaz. Résultat, selon les bilans annuels du ministère de la Transition écologique, le taux d’indépendance réel (rapport entre la production et la consommation nationale d’énergie primaire) est proche des 12 %. « Il évolue relativement peu depuis le début des années 1990 », soulignait le ministère dans le rapport 2019.

L’Hexagone perd aussi sa souveraineté

FAUX. Côté souveraineté, le député y voit la « maîtrise des vulnérabilités. On sait que l’on est dépendant mais pour chaque dépendance on assure une sécurité d’approvisionnement, une stratégie de gestion de crise. »

La France aurait donc moins de sources d’approvisionnement qu’avant ? Jusqu’en 2022, c’était plutôt l’inverse.

Pour le gaz, l’approvisionnement entre 2010 et 2020 a peu évolué, la Norvège reste le premier fournisseur, devant la Russie.

Pour le pétrole, la France en importe deux fois moins en 2021 qu’en 2011, et les approvisionnements sont assez stables : la France a réduit ses importations russes, pour augmenter celles venant d’Afrique.

L’invasion russe de l’Ukraine, les sanctions économiques entre l’Europe et la Russie font que la situation en 2022 est évidemment bien différente des autres années. La Russie représentait jusque-là environ 8 % de nos importations en pétrole et 17 % de celles en gaz.

Pour l’or noir comme pour le gaz, l’Hexagone semble capable de diversifier rapidement ses sources d’approvisionnement, et ne pas se retrouver lié à un seul pays, gage d’une perte de souveraineté.

Concernant l’uranium naturel en revanche, la France semble avoir moins de fournisseurs aujourd’hui qu’il y a quelques années. Le graphique ci-dessous, obtenu auprès du Comité technique Euratom, montre les fournisseurs d’Orano (ex-Areva), lui-même principal fournisseur d’EDF.

Mais l’entreprise publique peut se fournir auprès d’autres pays. EDF ne communique pas la lise précise de l’origine de ses approvisionnements.

D’après des données fournies à Ouest-France par le comité technique Euratom, la France comptait 9 fournisseurs d’uranium naturel en 2005, avant un pic à 13 en 2011 ; depuis 2019, ils ne sont plus que 5.

Concernant l’uranium enrichi, la France reste dépendante de la Russie, comme révélé récemment.

Par Jean-Marie CUNIN, publié le 18 mars 2023

Photo en titre : La centrale nucléaire de Civaux, en France. © REUTERS

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/six-graphiques-pour-enfin-comprendre-le-d%C3%A9bat-sur-l-%C3%A9nergie-en-france/ar-AA18MpE0?ocid=Peregrine

NDLR: Heureusement qu’il y a parfois de bons journalistes pour relever les mensonges de certains politiques!

PACIFISME : 38ÈME VIGIE CITOYENNE ANTI-NUCLÉAIRE À DIJON ET VALDUC

Ce jeudi 16 mars, les militants pacifistes ont actualisé l’heure de «l’Horloge de la fin du monde» afin d’alerter sur «les dangers mortels qui pèsent sur notre Humanité».

Communiqué du collectif Bourgogne Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires du 16 mars 2023 :

« L’Horloge de la fin du monde » avancée à moins 90 secondes.
Le 16 mars 2023, 12 lanceurs d’alerte ont déployé des banderoles à Dijon et Moloy, près du site du CEA de Valduc (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) qui assure la maintenance et la modernisation des 290 armes nucléaires françaises.
Ils demandent :
– le respect par la France de l’art. 6 du ‘Traité de non-prolifération‘ (TNP) auquel elle a adhéré en 1992 et dont elle viole l’esprit et la lettre,
– l’adhésion de la France au ‘Traité sur l’interdiction des armes nucléaires‘ (TIAN), norme du droit international depuis le 22 janvier 2021,
– l’arrêt du financement par les banques françaises de la production des armes nucléaires,
– la reconversion à des activités pacifiques des sites CEA-DAM, dont celui de Valduc.
L’horloge du Bulletin of the Atomic Scientists

L’horloge de la fin du monde’ ou ‘horloge de l’Apocalypse’ (Doomsday Clock) est un concept né en 1947, après le début de la guerre froide. Pour alerter et inciter à réagir, « Minuit » y représente la fin du monde. Elle est mise à jour régulièrement par les directeurs du Bulletin of the Atomic Scientists de l’université de Chicago, après une estimation collégiale.

L’horloge décompte les minutes restantes avant minuit pour dénoncer les dangers mortels qui pèsent sur notre Humanité : menaces nucléaires, écologiques et technologiques. Réglée sur la possibilité d’une guerre nucléaire mondiale, et pointant la menace de prolifération des armes nucléaires, elle s’aligne en 2007 sur la reprise de la course à l’armement nucléaire, le risque de déclenchement de guerre par accident technique, attaque terroriste ou informatique, les problèmes liés au dérèglement climatique, aux hydrocarbures et les risques des nouvelles technologies.

Mise à l’heure de l’horloge avec la guerre en Ukraine
La guerre en Ukraine est la principale cause de cette aggravation très inquiétante, depuis que Poutine a proféré des menaces à peine voilées d’utiliser des armes nucléaires. Les dangers liés aux centrales nucléaires ukrainiennes sont également considérés, car les risques de rejets radioactifs à grande échelle sont très importants si elles venaient à être endommagées par la guerre.
Mais il n’y a aucune fatalité : Si la France, comme nous le souhaitons, devenait la première des 9 puissances atomiques à adhérer au ‘Traité sur l’interdiction des armes nucléaires‘ (TIAN), ce serait un signal très fort adressé au monde entier. La France, ce n’est pas que le président Macron, c’est nous tous !
Comment les Citoyen-nes peuvent-ils soutenir le TIAN ?

Chacun doit être conscient de la menace permanente des 13 000 bombes atomiques détenues par 9 pays.

Et agir avec les élus et l’ONU pour le désarmement atomique.

– Écrivez à votre Maire, pour que votre commune rejoigne les 69 mairies et collectivités qui ont déjà signées l’Appel des villes d’ICAN pour le désarmement nucléaire, dont Besançon, Paris et le Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté ! http://icanfrance.org/appel-aux-maires

À votre Député et Sénateur pour que la France adhère au TIAN.

– Questionnez votre banque sur son financement des bombes atomiques et participez à la campagne d’action sur ce thème. http://icanfrance.org/engagez-votre-banque

– Intéressez-vous aux armes nucléaires, aux questions de sécurité internationale et aux alternatives de défense de la démocratie.

Participez aux :

– Vigies Citoyennes à Dijon et Moloy : 27 avril – 16 mai – 14 juin – 6 juillet, Paris, …
– Rassemblement international du 3 Juin 2023 contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires (Cigéo à Bure). Les déchets militaires représentent déjà 9% des déchets de la France. https://bure3juin2023.noblogs.org
– Aux commémorations internationales des bombardements atomiques d’Hiroschima et Nagasaki, 6 > 9 août.
– 4 journées d’action pour que la France soit observatrice à l’ONU à la 2ème réunion des États-parties au TIAN, à New-York du 27 nov. au 1er déc. 2023 : Marche et conférences à Marcoule (16 septembre), Lyon (le 17), Dijon (le 23 mairie des Grésilles avec un Bal Folk en soirée), Paris (le 24).

Les vigies et actions non-violentes menées par le ‘Collectif Bourgogne Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires’ s’inscrivent dans le cadre d’ ICAN, ‘Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires’ (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons), prix Nobel de la Paix 2017, et dans la suite des précédentes victoires de l’ONU : interdiction des armes biologiques (1972), des armes chimiques (1993), des mines antipersonnel (1997), et des bombes à sous-munitions (2008).

Regardez la vidéo « Le début de la fin des armes nucléaires ».

Découvrez l’historique avec photos des actions à Dijon et Valduc depuis 2013.

Faites connaître les 7 vices de la dissuasion nucléaire.

Le collectif Bourgogne Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires :

http://abolitiondesarmesnucleaires.orgabolitiondesarmesnucleaires@laposte.net

tél : 06 14 24 86 96

NUCLÉAIRE : L’ASSEMBLÉE VOTE DES PEINES DURCIES POUR INTRUSION DANS LES CENTRALES

Cet article du projet de loi de relance du nucléaire prévoit une peine pour intrusion portée de un à deux ans de prison et de 15 000 à 30 000 euros d’amende, au grand dam de la gauche qui redoute un frein aux actions de militants antinucléaires ou de lanceurs d’alerte.

L’Assemblée nationale a voté jeudi soir un durcissement des peines sanctionnant les intrusions dans les centrales. Les députés ont validé cet article du projet de loi de relance du nucléaire, qui prévoit que la peine pour intrusion sera portée de un à deux ans de prison et de 15 000 à 30 000 euros d’amende, les sanctions étant supérieures en cas de menace d’une arme, action en bande organisée… « On a le droit d’être opposé au nucléaire mais cela doit se faire dans le cadre de la loi », a défendu la rapporteure Maud Bregeon (Renaissance).

La gauche fustige des peines « totalement disproportionnées »

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a étrillé une « espèce de romantisme » autour de ces actions militantes, « complètement à côté de la plaque ».

De son côté, la gauche a dénoncé une « criminalisation de l’action écologiste » et une nouvelle échelle des peines « totalement disproportionnée » pour sanctionner par exemple le simple déploiement d’une banderole sur un site. Des amendements EELV, PS, PCF, LFI et également de l’ancienne ministre de la Transition écologique Barbara Pompili (Renaissance), pour supprimer l’article, ont été rejetés.

Il avait été ajouté par le Sénat lors de la première lecture du projet de loi en janvier, mais les députés ont revu à la baisse certaines peines, et rayé en séance la possibilité de dissolution d’une personne morale.

Esprits échauffés à l’Assemblée nationale

La tension est montée d’un cran dans l’hémicycle lorsqu’Emmanuel Blairy (RN) a fait un parallèle entre la « menace intérieure » de militants et la « menace extérieure » de « mouvances terroristes » sur les centrales.

Les esprits se sont échauffés, et Laurent Jacobelli (RN) a affirmé qu’un élu LFI avait lancé « ta gueule » à un membre de son groupe. Le député Insoumis Matthias Tavel a été rappelé à l’ordre par la présidente de séance Caroline Fiat (LFI).

Les députés ont achevé dans la soirée l’examen de l’ensemble du projet de loi, qui sera soumis mardi à un vote solennel de l’Assemblée. Il vise à simplifier la construction de six nouveaux réacteurs EPR en France à l’horizon 2035.

À lire aussi : « Aucune raison de faire un mea-culpa » : sur le nucléaire, François Hollande assume son bilan

La surprise est venue mercredi du rejet de la réforme controversée de la sûreté nucléaire, quelques voix de la majorité ayant rejoint la gauche pour s’opposer au « démantèlement » de l’Institut dédié à la sûreté (IRSN). Agnès Pannier-Runacher a indiqué qu’elle ne demanderait pas de nouvelle délibération de l’Assemblée sur ce point. La ministre a indiqué avoir « proposé au Sénat » une « deuxième lecture » de l’ensemble du projet de loi.

Par Le Parisien avec AFP, publié le 17 mars 2023 à 08h11

Photo en titre : La centrale de Penly devrait recevoir un nouveau réacteur dans le cadre du projet de loi de relance du nucléaire. (Illustration) LP/ Philippe Lavielle

https://www.leparisien.fr/economie/nucleaire-lassemblee-vote-des-peines-durcies-pour-intrusion-dans-les-centrales-17-03-2023-U22BTRDAEFHPZPRAVGBAWVTJWE.php

« NOTRE PAYS SEMBLE ÊTRE DANS UNE FORME DE DÉNI DES DIFFICULTÉS DE LA FILIÈRE NUCLÉAIRE »

Tribune par le Collectif

Alors que le nécessaire débat sur les choix énergétiques de la France doit s’appuyer sur des données fiables, il est biaisé par une désinformation outrancière au profit du seul nucléaire, estime, dans une tribune pour « Le Monde », un collectif de défenseurs des énergies renouvelables, parmi lesquels l’ancienne ministre Corinne Lepage.

Le débat dans le secteur de l’énergie s’est durci au cours de ces dernières années au fur et à mesure de l’arrivée d’échéances importantes en termes de choix sur l’avenir climatique et énergétique de la France. Mais cette confrontation des propositions, nécessaire et louable, peine à trouver sa place comme l’illustre l’échec du débat organisé par la Commission nationale du débat public sur la construction des réacteurs EPR2, achevé le 27 février. Elle se résume le plus souvent à de l’invective, aux dépens de la qualité des informations portées à la connaissance du plus grand nombre. Ce désespérant état de fait doit changer pour ne pas nous induire collectivement en erreur sur les choix qui déterminent le futur énergétique du pays.

Le débat sur l’énergie en France est biaisé par la place du nucléaire qui, pendant longtemps, a relégué les énergies renouvelables à la portion congrue. Au moment où se pose la question de renouveler notre système de génération électrique, il convient de s’interroger sur la pertinence de maintenir les mêmes choix technologiques qu’il y a cinquante ans dans un contexte éminemment différent. Mais notre pays semble être dans une forme de déni des difficultés de la filière nucléaire et ressasse les mêmes arguments contre les énergies renouvelables depuis une vingtaine d’années : supposée surconsommation de matières, manque d’esthétisme, présumée destruction de la biodiversité… et un coût prétendument astronomique.

Ces éléments contiennent des traces de vérité, mais sont pour l’essentiel des exagérations extrêmes. Le versement de près de 31 milliards d’euros à l’État par les producteurs d’énergies renouvelables en 2022-2023, selon l’estimation de la Commission de régulation de l’énergie, est un contre-argument éclatant. Les énergies renouvelables sont en fait le seul recours souverain et résilient au changement climatique mobilisable à un coût raisonnable dans les quinze années qui viennent pour décarboner l’économie française.

La BD de Jean-Marc Jancovici a empiré les choses

Malgré cela, l’éolien a été l’un des sujets clivants de la dernière campagne présidentielle, les oppositions sur ce sujet prenant une tournure « tribale ». Mais pourquoi tant de haine ? Au travers du débat sur les sources énergétiques, ce sont des visions du monde qui s’affrontent. Ces points de vue sont pourtant conciliables, notamment en France où les scénarios proposant un mix d’énergies renouvelables et de nucléaire, au moins pour un temps, semblent les plus réalistes. Mais la désinformation outrancière qui circule dans notre espace public entraîne une polarisation à l’extrême qui rend tout dialogue impossible.

Fin 2021 est publiée la bande dessinée de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain, Le monde sans fin (Dargaud, 2021). Vendu à plus de 500 000 exemplaires, l’ouvrage, plutôt que de clarifier et éclairer le débat, ne fait qu’empirer les choses. Les auteurs suggèrent par exemple (pages 36 et 37) que le recours à l’éolien équivaudrait à un retour à 2000 ans en arrière. Pourtant, de nombreuses études – comme « Transition(s) 2050 » de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le scénario 2050 du Réseau de transport d’électricité (RTE) ou d’autres disponibles à l’international – confirment la possibilité de soutenir une société industrielle moderne avec un mix composé à majorité, voire intégralement, d’énergies renouvelables. Autre exemple d’assertion fantaisiste assénée (page 127) dans Le monde sans fin : dans le cas d’un scénario 100 % renouvelable, l’Allemagne aurait besoin d’un barrage de 150 mètres de hauteur le long de toute sa façade maritime pour contrebalancer la variabilité de la production électrique solaire et éolienne…

Or, le pays, dont l’objectif officiel est d’atteindre 100 % d’énergie renouvelable en 2035, a déjà accompli la moitié du chemin depuis 2005 et aucun barrage n’est évidemment prévu. Ce torrent de chiffres et d’arguments, dont beaucoup sont faux ou biaisés à l’extrême, est pourtant repris directement par les mouvements d’opposition aux énergies renouvelables.

Le recours aux renouvelables en hausse partout

La qualité des récents débats à l’Assemblée nationale ou au Sénat a été influencée par ces argumentations très pauvres, avec des appels purs et simples à arrêter tout développement des énergies renouvelables dans le pays. Cela aboutit à entraver la constitution d’une filière nationale qui permettrait à notre pays de se positionner dans le nouveau paradigme énergétique bas carbone qui émerge à l’international.

Le recours aux renouvelables est en forte hausse partout, y compris dans des systèmes isolés comme l’Irlande ou la péninsule ibérique, et cela sans apparition de problèmes de fiabilité du réseau. Les récentes tendances en ce domaine sont largement méconnues en France, car la seule solution qu’on nous impose demeure le tout-nucléaire. Pourtant, l’amélioration continue des performances de ces technologies influe sur le prix de l’électricité ainsi produite pour les consommateurs et génère un attrait grandissant pour les industriels, qui multiplient les contrats d’achat d’électricité renouvelable.

Le débat sur l’avenir énergétique du pays porte sur des décisions qui nous engageront jusqu’à la fin du siècle et mérite des échanges basés sur des informations fiables. Une mobilisation de toutes les parties prenantes (l’État bien sûr, mais aussi les médias, les réseaux associatifs, les partis politiques…) est nécessaire à cet égard, pour faire du futur débat parlementaire sur l’avenir électrique du pays prévu au printemps une réussite. Il en va bien sûr de la qualité du débat, mais surtout de celle des décisions.

Parmi les signataires : Xavier Daval, président de KiloWattsol ; David Dornbusch, directeur général de Vertsun ; Ghislain Dubois, consultant ; Jérôme Guillet, fondateur de Green Giraffe ; Stéphane His, consultant ; Grégory Lamotte, président de Comwatt ; Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’environnement ; Myriam Maestroni, présidente du fonds E5T ; Karim Megherbi, fondateur directeur exécutif d’Orisun invest ; Cédric Philibert, analyste à l’Institut français des relations internationales (IFRI).

La liste complète des signataires est accessible en cliquant sur ce lien.

Par le Collectif, publié le 16 mars 2023 à 17h30, mis à jour le 17 mars 2023 à 10h33

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/16/notre-pays-semble-etre-dans-une-forme-de-deni-des-difficultes-de-la-filiere-nucleaire_6165759_3232.html

SÛRETÉ NUCLÉAIRE : AU SÉNAT, LES DOUTES PERSISTENT SUR LA FUSION ENTRE L’ASN ET L’IRSN

Ce mercredi, l’Assemblée nationale a, à la surprise générale, rejeté la fusion entre l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), prévue dans le projet de loi sur la relance du nucléaire. Cette fusion entre les deux instances chargées de la sûreté nucléaire française, l’une faisant office d’autorité administrative alors que l’autre qui est un institut plus orienté vers la recherche, a été annoncée entre l’examen au Sénat et celui à l’Assemblée nationale.

Une mesure qui avait inquiété les sénateurs, et qui n’avait absolument pas été évoquée lors des débats au Sénat, confirme le rapporteur LR du texte, Daniel Gremillet : « J’ai été très surpris de cette annonce, on l’a appris presque en même temps que la presse. Cela me semble vraiment incroyable par rapport à l’importance du sujet et l’importance du travail parlementaire que nous avons fourni au Sénat en matière de sécurité. »

« C’est bien trop précoce pour vous dire ce que l’on va faire »

Sur le fond, le rapporteur du texte estime que « c’est un peu prématuré d’en parler. » Il semblerait en effet qu’Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique veuille une deuxième délibération sur le sujet à l’Assemblée nationale, explique Daniel Gremillet. « Si c’est retiré du texte, on reviendra à la discussion sur la base du texte initial. S’il est réintroduit par un amendement qui serait voté majoritairement à l’Assemblée, en tant que rapporteur je vais devoir travailler mais aujourd’hui c’est bien trop précoce pour vous dire ce que l’on va faire », explique le sénateur des Vosges.

Déjà, cela veut dire que si l’Assemblée nationale ne revient pas sur sa décision, la fusion de l’ASN et de l’IRSN ne devrait pas être réintroduite au Sénat. Si les députés réintroduisent finalement la mesure, Daniel Gremillet espère avoir assez de temps pour travailler sur ce point : « On ne peut pas imaginer un débat quelques jours après, il faut travailler. Ce ne serait pas sérieux, ce serait irresponsable vis-à-vis du Parlement que d’amener mes collègues à se prononcer sans avoir eu le temps d’étudier la question. »

« L’histoire du nucléaire français s’est faite avec l’ASN et l’IRSN »

Sur le fond de la fusion controversée de ces deux institutions, Daniel Gremillet semble plutôt circonspect. « Il y a urgence pour relancer le nucléaire et quand on peut simplifier, il faut le faire pour aller plus vite. Mais sur le dossier de la sécurité et de la sûreté, on ne peut pas être faible. On ne joue pas avec la sécurité. » Le rapporteur du texte d’accélération de la relance du nucléaire rappelle que « l’histoire du nucléaire français s’est faite avec l’ASN et l’IRSN » et que c’est un modèle de sûreté « reconnu à travers le monde. »

Si évolutions il doit y avoir, estime Daniel Gremillet, « il faudra mesurer les implications, or ça n’a pas été fait. » Par exemple, l’IRSN « ne travaille pas que sur le nucléaire, mais aussi sur la recherche en matière de santé, d’applications militaires », donc le sujet de la fusion avec l’ASN, dont les compétences ne recouvrent pas ces thématiques « est complexe. » Dans tous les cas, « que ce soit dans la forme actuelle ou dans d’éventuelles formes futures », l’ASN et / ou l’IRSN auront besoin de renforts, explique Daniel Gremillet : « Il faut des moyens pour accompagner cette nouvelle génération du nucléaire. Il y a besoin de beaucoup de connaissances et d’humain, c’est essentiel à l’indépendance énergétique de la France. »

Par Louis Mollier-Sabet, publié le 16/03/2023 à 17h04

Photo en titre : Alors que les députés ont refusé la fusion entre l’ASN et l’IRSN mais que le gouvernement pourrait demander un nouveau vote, le rapporteur du texte sur la relance du nucléaire au Sénat continue de s’interroger sur la mesure. Cette fusion n’avait absolument pas été évoquée au Sénat, et Daniel Gremillet (LR) estime qu’il est encore trop tôt pour se prononcer. Crédits photo principale : SIPA

https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/surete-nucleaire-au-senat-les-doutes-persistent-sur-la-fusion-entre-l-asn-et-l

SÛRETÉ NUCLÉAIRE : LES DÉPUTÉS SAUVENT L’IRSN

L’Assemblée nationale a rejeté le 15 mars la dissolution de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans le gendarme du nucléaire (ASN). Mais le projet pourrait être revu une seconde fois.

Raté ! Le gouvernement n’aura pas réussi à imposer la dissolution de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert technique, dans l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), gendarme de la filière. L’Assemblée nationale a rejeté cette réforme lors de l’examen de la loi d’accélération sur le nucléaire, le 15 mars en début de soirée.

Le suspense a duré jusqu’au bout. Peu après 17 h 30, le gouvernement avait obtenu le maintien de la réforme à 2 voix près, 147 voix pour et 145 contre, avec le soutien du Rassemblement national. La situation s’est retournée juste après, avec le vote à main levée d’un amendement d’un député Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires (Liot). « La sécurité nucléaire repose sur une organisation duale composée de l’Autorité de sûreté nucléaire […] et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, a lancé Benjamin Saint-Huile. Cette organisation garantit l’indépendance entre d’une part, les activités de contrôle de la sûreté nucléaire […] et, d’autre part, les missions d’expertise et de recherche. »

Lire aussi : Démocratie, sûreté… Pourquoi la loi sur le nucléaire pose problème

Fait notable, quelques députés de la majorité ont joint leurs voix aux oppositions de gauche à la réforme, comme l’a observé l’AFP. « Sans aucune étude d’impact […] c’est une folie de nous balancer ça comme ça », a ainsi lancé la députée Renaissance et ancienne ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, se disant « choquée ». « Tu sais parfaitement que cette réforme et cette interrogation étaient engagées déjà il y a quelques mois », lui a répondu la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Dégradation de la sûreté nucléaire

Le projet de fusion entre l’IRSN et l’ASN avait été rendu public le 8 février dernier, cinq jours après la réunion à huis clos du premier Conseil interministériel de politique nucléaire. Parmi les objectifs invoqués, « fluidifier les processus d’examen technique et de prise de décision de l’ASN », alors qu’un chantier titanesque attend la filière nucléaire avec le prolongement des réacteurs existants et la construction de six nouveaux EPR. Puis, sourd à la demande de l’intersyndicale de l’IRSN de prendre le temps de mener cette réorganisation d’ampleur, le gouvernement avait décidé de l’introduire par simple amendement à la loi d’accélération sur le nucléaire. Ceci, en court-circuitant le Sénat, qui avait déjà adopté le texte fin janvier.

Cette réforme de la sûreté nucléaire était dans les cartons depuis bien plus longtemps, a révélé le média Contexte lundi 13 mars. Elle figurait dès octobre 2022 dans les 174 « sujets envisagés » par le Secrétariat général à la planification écologique, créé après la réélection d’Emmanuel Macron. Le Canard enchaîné du 15 mars affirme quant à lui que c’est le président de la République lui-même qui a donné l’ultime impulsion.

Depuis, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer une réforme dangereuse, qui pourrait aboutir à une dégradation de la sûreté nucléaire. Dans un avis du 13 mars, le Haut Comité à la transparence et à l’information sur la sécurité nucléaire a réclamé une concertation pluraliste sur les missions et rôles de la future autorité, et le respect des recommandations de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (Opecst).

Lire aussi : Sûreté nucléaire : la dissolution de l’IRSN inquiète

Ce dernier, dans une note récupérée par Contexte, pointait le manque de crédibilité d’une réforme pouvant être perçue « au mieux comme un simple meccano administratif, au pire comme un moyen de ne pas faire obstacle aux objectifs fixés à la filière pour le renouveau du programme électronucléaire national ». Dès 2014, un rapport de la Cour des comptes alertait sur les « multiples difficultés » que soulèverait une fusion entre l’IRSN et l’ASN.

« Ce n’est pas encore gagné »

Dans ce contexte, le vote du maintien de l’IRSN a été largement salué. « Je suis très content, mais je me méfie de ma joie, car ce n’est pas encore gagné. Le gouvernement doit entendre ce rejet », a réagi François Jeffroy, élu DSC CFDT à l’IRSN. Dans un communiqué envoyé peu avant 23 heures, l’intersyndicale de l’institut a exprimé sa « reconnaissance la plus profonde » à l’égard des députés. Le 13 mars, plusieurs centaines de salariés grévistes, sur les 1 700 que compte l’institut, étaient encore rassemblés devant l’Assemblée pour clamer leur indignation et défendre leur indépendance.

Lire aussi : « IRSN assassiné » : les salariés de la sûreté nucléaire refusent leur dissolution

« L’injonction présidentielle, le baratin gouvernemental, les pirouettes de la majorité n’ont pas suffi : bravo à l’Assemblée pour avoir, avec sagesse, repoussé le projet opaque, précipité et dangereux de démantèlement de l’IRSN », s’est réjoui sur Twitter l’ancien député et président de l’Opecst Cédric Villani, opposant farouche de la réforme.

Mais si l’IRSN a remporté une bataille, elle n’a pas encore gagné la guerre. Le gouvernement peut encore recourir à une deuxième délibération, d’ici la fin des débats vendredi soir et le vote solennel prévu mardi 21 mars. Puis, la navette parlementaire devrait se poursuivre avec un retour du texte au Palais du Luxembourg. « Nous avons proposé au Sénat, compte tenu de l’importance du sujet, d’avoir une deuxième lecture », a en effet prévenu Mme Pannier-Runacher.

Par Émilie Massemin, publié le16 mars 2023 à 10h36, mis à jour le 16 mars 2023 à 15h40

Photo en titre : Lors du rassemblement des salariés de l’IRSN, à Paris le 28 février 2023, Patrick Lejuste et Nicolas Brisson ont exposé leurs incertitudes quant à leurs futures missions. – © Émilie Massemin / Reporterre

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Message de Reporterre

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DEUX TONNES ET DEMIE D’URANIUM NATUREL DISPARUES D’UN SITE EN LIBYE

L’AIEA a informé ses États membres que dix conteneurs de concentré d’uranium « n’étaient pas présents » où ils auraient dû être, sans plus de précision.

Environ 2,5 tonnes d’uranium naturel ont disparu d’un site en Libye, a signalé, mercredi 15 mars, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse.

Au cours d’une visite mardi, des inspecteurs de l’instance onusienne « ont découvert que dix conteneurs avec environ 2,5 tonnes d’uranium naturel sous forme de concentré d’uranium (« yellow cake ») n’étaient pas présents là où ils avaient été déclarés par les autorités », a écrit le directeur général, Rafael Grossi, dans un rapport aux États membres.

L’AIEA précise qu’elle va mener des vérifications « complémentaires » pour « clarifier les circonstances de la disparition de cette matière nucléaire et sa localisation actuelle ». Aucun détail n’est donné sur le site en question.

Programme nucléaire abandonné en 2003

La Libye a abandonné en 2003 son programme de développement de l’arme nucléaire, sous l’égide de l’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi.

Depuis sa chute de ce dernier, en 2011, après quarante-deux années de dictature, le pays est enlisé dans une crise politique majeure, avec des pouvoirs rivaux situés dans l’Est et l’Ouest, une myriade de milices, des mercenaires disséminés dans le pays, sur fond d’ingérences étrangères.

Deux gouvernements se disputent le pouvoir, l’un installé à Tripoli et reconnu par l’ONU, l’autre soutenu par l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar.

Le Monde avec AFP, publié le 16 mars 2023 à 01h02, mis à jour à 07h52

Photo en titre : Du minerai d’uranium.

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/03/16/deux-tonnes-et-demie-d-uranium-disparues-d-un-site-en-libye_6165651_3212.html

NDLR: Aux dernières nouvelles, l’uranium a été retrouvé à 5 km de son emplacement normal.

SUISSE : LE CONSEIL NATIONAL REFUSE DE RÉHABILITER LE NUCLÉAIRE

Pas question de revenir sur l’interdiction de construire de nouvelles centrales. Par contre, celles existantes doivent continuer à produire tant qu’elles sont sûres.

«L’octroi d’autorisations générales pour la construction de centrales nucléaires est interdit», telle est la formule actuelle qui figure dans la loi sur l’énergie nucléaire helvétique. Et elle va le rester. Dans le cadre du projet pour un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables, le Conseil national a refusé une proposition de l’UDC, portée par Pierre-André Page (UDC/FR), d’introduire une possibilité d’octroi d’autorisations pour de nouvelles installations nucléaires. «L’eau, le vent et le soleil sont des éléments sympathiques. Mais ils ne suffisent pas. Ne rêvons pas. Soyons réalistes», a tenté de convaincre le Fribourgeois. Mais le résultat est sans appel: 132 voix contre 59 (essentiellement à l’UDC).

Une proposition de Christian Wasserfallen (PLR/BE) pour autoriser les installations nucléaires de la quatrième génération a également été retoquée. Rapporteur de la commission, Roger Nordmann (PS/VD) avait annoncé la couleur: «La question du nucléaire est réglée en Suisse, il n’y a pas de raison de s’écarter de la stratégie votée par le peuple en 2017 avec plus de 58% des voix.» Avant lui, le conseiller fédéral Albert Rösti, dont on connaît pourtant la position favorable au nucléaire, avait dû admettre: «Le Conseil fédéral refuse toute modification de la loi sur le nucléaire».

Pas tirer la prise des centrales

Le Conseil national a refusé aussi une proposition des Vert.e.s visant à se passer des centrales existantes dans un avenir proche. Delphine Klopfenstein Broggini (V/GE) s’en est faite la porte-parole: «Il faut inclure un plan de désengagement pour les centrales existantes. En France, 40% des centrales ont dû être éteintes l’année dernière en raison de problèmes techniques». Elle a rappelé que la dépendance de la Suisse à l’uranium posait problème, car une bonne partie de cette matière provient de la Russie: «Il faut tirer la prise du nucléaire avec un calendrier précis. Les installations existantes doivent être mises hors service au plus tard: Beznau I et II en 2027, Gösgen en 2032, Leibstadt en 2037». Sa proposition a été rejetée par 126 voix contre 65.

Pas de solution pour les déchets

Plusieurs intervenants ont rappelé que la question du nucléaire n’avait pas sa place dans ce dossier sur les énergies renouvelables. Pour Baptiste Hurni (PS/NE): «L’énergie nucléaire n’est pas renouvelable et nous n’avons pas encore trouvé de solution durable pour enterrer les déchets». Pour le représentant du Centre, Stefan Müller-Altermatt (C/SO): «Pour le groupe du Centre, c’est une évidence que ce n’est pas dans une loi sur les énergies renouvelables que l’on va décider de cela. Cela n’a pas sa place ici. Quant aux centrales existantes, elles doivent pouvoir fonctionner tant que leur sécurité est garantie

Par Éric Felley, publié le 15 mars 2023

Photo en titre : La centrale de Beznau est appelée à produire tant que sa sécurité n’est pas compromise. ensi.ch

https://www.lematin.ch/story/le-conseil-national-refuse-de-rehabiliter-le-nucleaire-564396050098

ÉNERGIE : L’UDB IMAGINE UNE BRETAGNE AUTONOME, SANS NUCLÉAIRE

Pour l’UDB, Gwenael Henry a mis au jour le projet alter breton : comment la Bretagne peut, d’ici 2050, opérer sa transition énergétique à la sauce renouvelable. Présentation jeudi 16 mars à Lannion.

« Une impasse ». Gwenael Henry, référent sur les questions énergétiques pour l’Union démocratique bretonne, n’imagine pas le nucléaire comme une solution d’avenir. L’UDB tranche en cela avec le vent favorable – sans mauvais jeu de mots – dont bénéficie cette énergie en France, à l’aune notamment du conflit en Ukraine. Le parti a ainsi mis au jour le projet alter breton. Un document publié en 1979, lui-même issu des travaux du Club de Rome (sur les limites à la croissance) et qui imaginait une Bretagne autonome en énergie.

Retravaillé en 2009, il bénéficie d’une nouvelle réactualisation sous le nom de « Nouveau projet alter breton ». Le document – 73 pages – est également consultable dans sa version numérique. Gwenael Henry a entamé un tro Breizh pour présenter son travail qui s’arrêtera, jeudi 16 mars, à Lannion. Quelques jours auparavant, l’UDB a reçu la presse locale pour en évoquer la teneur.

Gwenael Henry, de l’Union démocratique bretonne, a réactualisé le Nouveau projet alter breton. (Le Télégramme/Jérôme Bouin)

« Personne ne gueulait contre les moulins ! »

« Il nous reste peu de temps pour changer de modèle », explique Gwenael Henry. Dépendant que nous sommes, pour le nucléaire, de l’approvisionnement en uranium. « Et si les Russes coupaient le robinet ? ». Selon l’UDB, chaque breton consomme aujourd’hui 2,1 tonnes équivalent pétrole en très large part produite grâce au nucléaire et aux énergies fossiles. Les renouvelables ? « 5 % en 2019 », explique notre interlocuteur.

Pour l’UDB, la transition peut se faire en Bretagne même (à 5 départements) et à base de renouvelables. Le modèle de l’UDB : solaire, éolien et développement massif de la biomasse. Ce dernier nécessiterait 100 000 emplois nouveaux selon les calculs de Gwenael Henry. La transition à la sauce UDB implique des économies massives (résidentiel, tertiaire, transport), mais pas dans l’industrie dans un premier temps, car il faudra produire panneaux solaires, éoliennes… « Il faut que les gens se réapproprient la production d’énergie chez nous en Bretagne, explique un autre militant, Hervé Latimier. Cela crée de l’activité non délocalisable. Avant, il y avait des moulins à vent. Personne ne gueulait contre les moulins ! ».

Pratique

Jeudi 16 mars, 20 h, salle des conférences de l’Espace Sainte-Anne, 2 rue de Kérampont, LANNION, entrée libre. Le document est téléchargeable à l’adresse : yes-brittany.eu/pellgargan/RANB2022/Nouveau_Projet_Alter_Breton_2022.pdf

Par Jérôme Bouin, publié le 15 mars 2023 à 07h15

Photo en titre : Pour se passer du nucléaire, l’UDB veut s’appuyer sur trois piliers : solaire (ici des panneaux solaires, installés dans le Finistère), éolien et développement massif de la biomasse. (Archive Claude Prigent/LE TÉLÉGRAMME)

https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/lannion/energie-l-udb-imagine-une-bretagne-autonome-sans-nucleaire-15-03-2023-13296495.php

SÛRETÉ NUCLÉAIRE : L’ASSEMBLÉE NATIONALE REJETTE LA RÉFORME CONTROVERSÉE EN PREMIÈRE LECTURE

Le sujet n’est toutefois pas clos. Le projet de loi, en cours d’examen à l’Assemblée, doit encore poursuivre sa navette parlementaire.

Revers pour l’exécutif : l’Assemblée nationale a rejeté mercredi 15 mars en première lecture, la réforme controversée de la sûreté nucléaire. Le gouvernement voudrait fusionner l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), affecté à l’expertise sur la sûreté, au sein du gendarme des centrales, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Mais quelques voix de la majorité ont rejoint la gauche pour s’opposer au « démantèlement » de l’IRSN.

Les députés ont approuvé à main levée un amendement de Benjamin Saint-Huile, du groupe parlementaire indépendant LIOT, pour préserver une « organisation duale » entre l’institut et l’autorité de sûreté, détricotant l’ensemble de cet article sensible du projet de loi de relance du nucléaire. Les salariés de l’IRSN sont prudents. « Je suis très content, mais je me méfie de ma joie car ce n’est pas encore gagné. Le gouvernement doit entendre ce rejet », souligne François Jeffroy, représentant de l’intersyndicale. Lundi, lors d’une troisième journée de grève, des centaines de salariés de l’IRSN avaient défilé près de l’Assemblée, avec des slogans comme « IRSN démantelé, sûreté nucléaire bradée ».

Dans l’hémicycle, la gauche a protesté contre la « précipitation » d’une réforme « à la hussarde », une « proposition dangereuse », selon la députée écologiste et ancienne ministre, Delphine Batho. C’est un « démantèlement en règle ». « Nous avons besoin de cette indépendance de la recherche, au sein de l’IRSN », a insisté l’« insoumise » Aurélie Trouvé. Quelques voix de la majorité, dont celle de l’ancienne ministre Barbara Pompili (Renaissance) sont aussi montées au créneau. « Sans aucune étude d’impact », « c’est une folie de nous balancer ça comme ça à l’inverse des conclusions de tous les travaux parlementaires depuis dix ans » sur le sujet, a-t-elle lancé. « Je suis choquée. »

Lire aussi : « Le projet de démantèlement de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire constitue une dérive technocratique dangereuse » (Article réservé à nos abonnés)

Pourquoi cette fusion maintenant ?

La ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, lui a directement répondu en la tutoyant : « Tu sais parfaitement que cette réforme et cette interrogation étaient engagées déjà il y a quelques mois, on ne va pas rentrer dans ce débat-là. » « Il n’y a aucun changement, à aucun moment, d’aucune ligne de nos procédures de sûreté nucléaire », a-t-elle martelé. La rapporteure macroniste Maud Bregeon a aussi souligné qu’après l’éventuelle fusion, « la décision et l’expertise au sein de l’ASN continueront à être disjointes exactement comme elles le sont aujourd’hui ».

Le MoDem, divisé sur le sujet, voulait proposer un amendement de compromis avec un comité de suivi parlementaire. Les LR, « un peu surpris sur la forme », regardent plutôt la fusion d’un bon œil, « gage d’efficacité » pour « fluidifier les procédures », selon le député Jérôme Nury. « Le ciel ne va pas s’abattre sur la sûreté nucléaire », rassure-t-il. « Pas opposé par principe », le RN avait mentionné une abstention en estimant le sujet « pas abouti ».

Cette fusion ne figurait pas dans le texte lors de la large adoption au Sénat du projet de loi

Le sujet n’est toutefois pas clos. Le projet de loi, en cours d’examen à l’Assemblée, doit encore poursuivre sa navette parlementaire. Et pourquoi cette fusion maintenant ? « Parce que c’est maintenant qu’on est en train d’organiser la mobilisation de l’ensemble des compétences de la filière pour être prêt à réussir un programme de relance du nucléaire », a répondu Mme Pannier-Runacher aux parlementaires.

La disparition de l’IRSN a été décidée pendant un « conseil de politique nucléaire » autour d’Emmanuel Macron, le 3 février. Elle a été annoncée le 8 février puis introduite par un simple amendement adopté en commission à l’Assemblée. Objectif : « fluidifier les processus d’examen et prises de décision de l’ASN pour répondre au volume croissant d’activités lié à la relance de la filière ».

Cette fusion ne figurait pas dans le texte, lors de la large adoption au Sénat du projet de loi de relance du nucléaire fin janvier. Ce système dual ASN–IRSN a été créé au début des années 2000. A l’IRSN et ses 1 800 ingénieurs, médecins, géologues…, l’expertise et la recherche sur la sûreté. À l’ASN et ses 500 agents, la décision, nourrie des expertises de l’IRSN, par exemple quand un défaut est constaté sur une centrale ou qu’un site doit être autorisé.

Lire aussi : « Il n’y a jamais eu de débat public sur la place du nucléaire en France » (Article réservé à nos abonnés)

Par Le Monde avec AFP, publié le 15 mars à 20h22, mis à jour 21h07

https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/03/15/surete-nucleaire-l-assemblee-nationale-rejette-la-reforme-controversee-en-premiere-lecture_6165640_823448.html

FLORILÈGE À LA CENTRACO-EDF DE MARCOULE (GARD) : MANQUE DE RIGUEUR, AUTO-CONTRÔLE DÉFAILLANT OU INEXISTANT, ABSENCE DE MATÉRIEL D’INTERVENTION SÉCURITÉ

Extraits « florilège » de l’inspection de l’ASN de février 2023:  les auto-contrôles annuels des systèmes de protection contre la foudre qui doivent conduire à une remise en conformité d’installations ou de matériel ne sont pas suivit rapidement d’effet et manque de rigueur dans les délais. Les procédures devant mettre en œuvre les actions préventives et correctives en cas de vent extrême, neige extrême, froid extrême et foudre sont inexistantes. Pas mieux côté inondation, températures extrêmes, séisme et explosion de péniche passant non loin de là. Le suivi et la gestion des alertes météorologiques sont insuffisants. Les Directions qui imposent ces risques et mises en danger à leur personnel et aux riverains sont-elles vraiment « en responsabilité »?

Dans le grand jeu de mécano financier de la nucléocratie, Cyclife – créée en 1990 par la Cogema (Compagnie générale des matières nucléaires) appartenant au CEA depuis 1976  puis à Areva en 2001) associée à EDF – est depuis 2010 une filiale à 100 % d’EDF. Jusqu’en 2019 elle s’appelait SOCODEI avant le rattachement des entités de Cyclife UK, Cyclife Sweden et Socodei à la plateforme industrielle européenne Cyclife créée par EDF en 2016. Suivez-vous bien les méandres que la technostructure peaufine dans le dos de la population et des contribuables? Pas sûr effectivement, à l’image de la sécurité du site.

Son business? Principalement la gestion des déchets radioactifs et le traitement des matières et déchets industriels radioactifs TFA/FA (faiblement à moyennement radioactifs) avec en plus la déconstruction et le démantèlement d’installations nucléaires, la conception et la  construction d’installations. En clair le déchiquetage et le compactage par fusion des ferrailles radioactives issues de tous les sites nucléaires français avant leur envoi en stockage vers des lieux saturés.

Ainsi à Marcoule dans le Gard Cyclife-EDF gère la redoutable Installation Nucléaire de Base (INB 160) « Centraco« . Cette installation avait conduit à la mort radioactive horrible le 12 septembre 2011 de l’ouvrier-fondeur José happé par le four en fusion de matières radioactives. L’installation avait explosé car surchargée 500 fois plus que l’exploitant le prétendait et bien au-delà des autorisations octroyées. Quatre autres salariés avaient été également blessés dans cette explosion dont un gravement. Le corps de José, d’origine espagnole, avait été rapatrié dans un cercueil plombé en Espagne. Deux ans plus tard, le 2 avril 2013, la Socodei (ancien nom de Cyclife France) avait enfin été « reconnue coupable d’exploitation d’une installation nucléaire de base en violation des prescriptions techniques » puis mise en examen pour homicide et blessures involontaires et condamnée enfin en mars 2018.

Le 8 février dernier, une inspection sur les risques et mesures de protection face, cette fois-ci, aux « agressions externes » a été conduite par les inspecteurs de l’ASN à la Centraco. Et le bilan n’est pas bon là encore comme en atteste la lettre officielle de suite d’inspection expédiée le 27 février dernier à la Directrice générale de l’entreprise, Guénola Guillon (1).

Par Zeus ou Jupiter?

Les risques inondations, grand vent, températures extrêmes, foudre, voire neige extrême, tout comme le suivi des risques météorologiques basés principalement sur un bulletin quotidien de vigilance transmis par Météo-France et qui n’est pas un système d’alerte, sont plus que perfectibles. Idem pour les procédures/consignes à respecter face à de telles situations. Comme le dit poliment le Chef de la division de Marseille de l’Autorité de sûreté nucléaire, Bastien Lauras :  » Au vu de cet examen non exhaustif, l’ASN considère que les conclusions de l’inspection ne sont pas satisfaisantes« . Ainsi des derniers auto-contrôles et essais périodiques (CEP) liés au système de protection contre la foudre effectués par EDF-Cyclife-Centraco – dont même les procédures qui relèvent pourtant des règles générales d’exploitation (RGE) destinées à la mise en œuvre d’actions – sont inexistantes.

Les inspecteurs notent aussi un « manque de rigueur dans le délai de remise en conformité des écarts (non-conformités) constatés lors de ces contrôles« . Les Ordres de Travaux (OT) consultés par sondage manquent de rigueur dans leur suivi, certaines échéances prévisionnelles de remise en conformité sont dépassées depuis août 2022 sans nouvelle planification de réalisation. Pourtant la réglementation impose de s’assurer de la remise en état un mois après la constatation d’une non-conformité. Une situation malsaine qui avait déjà été relevé lors d’une autre inspection réalisée le 12 avril 2022.Rien de changé donc à la Centraco, on fait ce qu’on veut, on est chez nous.

Et il n’est pas certain, comme cela apparait à la lecture du dernier rapport de vérification complète (2022), que soit bien respectée non plus la réglementation (article 21 de l’arrêté du 4 octobre 2010) qui implique que « L’installation des protections (ndlr: anti-foudre) fait l’objet d’une vérification complète par un organisme compétent, distinct de l’installateur, au plus tard six mois après leur installation. Une vérification visuelle est réalisée annuellement par un organisme compétent. L’état des dispositifs de protection contre la foudre des installations fait l’objet d’une vérification complète tous les deux ans par un organisme compétent. Toutes ces vérifications sont décrites dans une notice de vérification et de maintenance et sont réalisées conformément à la norme NF EN 62305-3, version de décembre 2006. » Et le texte légal de préciser :  » Les agressions de la foudre sur le site sont enregistrées. En cas de coup de foudre enregistré, une vérification visuelle des dispositifs de protection concernés est réalisée, dans un délai maximum d’un mois, par un organisme compétent. Si l’une de ces vérifications fait apparaître la nécessité d’une remise en état, celle-ci est réalisée dans un délai maximum d’un mois ».

On en est loin tandis que cette norme NF stipule aussi que l’accès à moins de trois mètres du câble-conducteur de retour au sol de la foudre (2) doit être empêché physiquement par un grillage, un mur,… Un simple coup d’œil montre qu’en fait une fois un panneau avertisseur signale le risque aux passants en proximité, une autre fois ce n’est pas le cas. Au p’tit bonheur la chance. EDF-Centraco doit certainement manquer d’argent pour implanter ces panneaux.

Coup de froid et coup de chaud : au diable les dispositions face aux aléas climatiques extrêmes, aux grands froids et grandes chaleurs

Un petit tour de visite à l’extérieur des bâtiments ( I, M et F) ainsi que des toits terrasses du bâtiment F et de la salle de conduite « incinération »  révèle que les procédures en cas d’aléas climatiques extrêmes sont loin d’être précises voire inexistantes donc certainement pas applicables voire appliquées. Ainsi, alors que le chapitre 7 des RGE le stipule clairement : en cas de situations météorologiques avec des niveaux de neige importants ou extrême l’exploitant nucléaire doit dégager les axes de circulations pour les véhicules de secours et les axes pour évacuer les salarié-es. C’est du b-a-ba mais ici on s’en bat les c…

Tout comme pour les procédures de dégagement des prises d’air de ventilation – notamment la ventilation de soufflage – et la fermeture ou l’obturation des ouvertures de tous les locaux donnant directement sur l’extérieur. Pas plus pour les procédures de mise à l’arrêt des procédés de fusion et d’incinération. Pas mieux pour ce qui concerne la vérification du bon déclenchement des thermostats de protection des équipements risquant le gel en cas de grand froid, ou encore la mise en régime réduit de la ventilation bâtiment afin de privilégier la ventilation et la climatisation des locaux abritant des matériels de sûreté. On ne sait trop que faire et quand? et avec quels moyens?

Si un coup de vent extrême est annoncé par météo-france – et ici en vallée du Rhône on subit fréquemment le mistral – une procédure Règles Générales d’Exploitation (RGE) et une procédure particulière doivent être appliquées. Comme doivent le stipuler des « fiches réflexes« . Manque de pot ces fiches sont absentes et le personnel n’est donc pas à même de les mettre en œuvre. En cas de « grand froid » – et avec le dérèglement climatique général on passe rapidement d’une situation à l’autre – c’est pareil : pas de procédures pourtant obligatoires comme le stipule les RGE. Et que dire de l’approximation ou de l’inexistence des actions à mettre en œuvre en cas de grande chaleur, d’inondation, de séisme voire d’explosion de péniche passant non loin de là.

Parfois les procédures existent mais pas les moyens opérationnels, alors on étouffe, on transpire, on gèle. Breuh

Lors de la visite des bâtiments, les inspecteurs n’ont pu que constater le vide, l’absence de moyen opérationnel permettant, notamment en cas de neige extrême, de mener des actions basiques telles dégager la prise d’air de la ventilation de soufflage située en toiture. L’absence aussi de procédure particulière en cas de risque d’orage, bien que des dispositions opérationnelles, telles que le démarrage du compresseur d’air, doivent être mises en place lors d’épisode orageux.

Côté alerte c’est pas mal non plus. Bien qu’il existe une sonde température située en toiture du « bâtiment fusion » permettant de faire remonter les alertes « grand froid » ou « grand chaud » en salle de conduite, l’exploitant nucléaire indique que les conditions météorologiques peuvent également être récupérées via le service environnement (SPR) du CEA de Marcoule. Manque de pot : la convention avec le CEA consultée par les inspecteurs n’évoque ni la transmission d’alertes météorologiques ni de manière générale la communication de données météorologiques. Pas plus qu’une quelconque procédure concernant la réception et le traitement des alertes. La liste des destinataires est inconnue. Qui reçoit? Qui traite? Qui alerte? Mystère et boule de gomme. De toute façon force est de constater que les informations (réception des alertes et actions associées) ne sont pas inscrites dans le cahier de quart, ni tracées dans un autre support d’exploitation. Sympa la transmission entre équipes et collègues. Ici on joue à colin-maillard.

Très pédago et un brin taquine la lettre à la Direction Générale de la Centraco évoque qu’il faudrait peut-être « s’interroger sur la nécessité de mettre à jour la convention avec le CEA de Marcoule afin de formaliser la transmission d’alertes et données météorologiques. » Et que concernant la foudre, « en complément des systèmes de protection, des moyens de prévention tels que des matériels de détection d’orage ou un service d’alerte d’activité orageuse peuvent être définis.« 

Alors force est de constater que la sécurité et la santé, tant des travailleurs et de la populations des villes et villages alentour (Codolet, Bagnols sur Cèze, Chusclan ) que du Rhône qui borde ce site implanté en pleine région touristique, agricole et viticole des Côtes-du-Rhône, sont à l’image de l’usine Melox d’Areva-Orano de fabrication du terrible « combustible » nucléaire Mox ou encore de l’interminable chantier de démantèlement des réacteurs nucléaires « Célestin » produisant le plutonium de la bombe atomique : ils s’en contrefichent.

Avec des milliers de Becquerels (3) rejetés chaque jour par chacune de la dizaine d’installations nucléaires de Marcoule les règles ne sont bonnes que pour ceux qui y croient. Ici l’accident a lieu au quotidien.

Notes

(1) Inspection  INSSN-MRS-2023-0591
(2) sauf si la surface du sol est suffisamment isolante ou si ce conducteur est lui-même isolé électriquement
(3) 1 Becquerel (Bq) = 1 désintégration atomique par seconde

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Par Rédaction, publié le mardi 14 mars 2023 à 13h58

http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2023/03/14/Centraco_EDF_inspection-insatisfaisante

ESTUAIRE DE LA LOIRE SANS NUCLÉAIRE – LES 17, 18 ET 19 MARS, DE PAIMBOEUF À INDRET (44) À VÉLO OU SUR LES ÉVÈNEMENTS

Le nucléaire se montre comme une énergie d’avenir ? Il s’immisce dans nos réseaux écolos et dans les espaces de pouvoir ? Le gouvernement annonce des investissements massifs dans le nucléaire civil et militaire et la ville reste calme ? Préparons la riposte !

L’estuaire de la Loire a la mémoire de luttes qui ont fait tomber 2 projets de centrale nucléaire, et irrigué des luttes antinucléaires puissantes mais continue discrètement d’héberger la filière nucléaire, civile et militaire.

Face à la relance du nucléaire et à l’invisibilisation de sa filière sur l’estuaire et ailleurs, avec des habitant.es, collectifs et associations de la région nous proposons 3 jours de rencontres, discussions, projection et balade à vélo autour de cet estuaire nucléarisé, avec les yeux rivés vers les lieux en lutte sur le sujet et les mobilisations à venir.

Portons l’héritage des anciennes luttes antinucléaires

Grâce aux grandes mobilisations contre la mise en place de la politique du tout nucléaire des années 70 à 97, tout le monde peut se réjouir aujourd’hui de ne pas avoir les réacteurs d’une centrale nucléaire à quelques kilomètres de chez soi. Nos prédécesseurs•euses ont lutté avec acharnement pour que d’immenses cheminées ne s’installent pas radieusement au pied du Pellerin, du Carnet ou de Corsept.

Mobilisation contre le projet de centrale nucléaire au Pellerin

C’était des années alors, de manifestations, teufs, blocages, émeutes et sabotages ou autres combines décriées par les grands médias, bien moins regardants quant à celles mises en œuvres par EDF. Nous avons aussi évité un centre d’enrichissement de l’uranium à Lavau dans les marais de la Loire, non loin de la mine désormais fermée de Piriac sur mer au nord de Saint-Nazaire. Des milliers voir des dizaines de milliers de personnes battaient le pavé à chaque manif contre le monde nucléaire qui s’incarnait dans l’installation d’une centrale au Pellerin ou au Carnet. C’était au même moment que les habitant.es de Plogoff se soulevaient contre EDF et l’État.

L’estuaire héberge toute la filière

Aujourd’hui cependant, les plus grandes industries du nucléaire suivent le sillon de la basse Loire : Framatome, multinationale de l’atome, et filiale d’Orano (ex-Areva) a ses quartiers à Paimboeuf pour produire des tubes isolants en zirconium essentiels pour stocker l’uranium des centrales. Naval Group pense à Bouguenais et conçoit à Indret leurs turbines mais aussi celles de l’armement atomique de la France via les sous-marins nucléaires. TecknicAtome est quant à lui spécialisé dans les centrales nucléaires embarquées ou les petits réacteurs (SMR) projetés par Macron à Cordemais. Enfin, récente entourloupe, le CEA Tech, le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) local, l’institution phare de la recherche pour le nucléaire couvert à Bouguenais par une bonne couche de vernis « énergies renouvelables » se loge depuis peu dans des locaux flambants neufs offerts par la région : le Technocampus Océan !

Nouveau temple de l’innovation technique à Bouguenais quasi gratis : pour Naval Group et le CEA en face (livre « Le nucléaire subventionné en région, enquête en Pays de la Loire » de Damien Renault, L’Harmathan)

Ces entreprises affiliées à l’État, à EDF ou pour la plupart directement à Orano (ex-Areva) entretiennent la filière nucléaire actuelle et préparent le redéploiement massif annoncé par Macron depuis octobre 2021 avec les « mini réacteurs nucléaires » (SMR) jusqu’à récemment avec les 6 EPR en projet. En tout ce serait plus de 30 milliards d’euros investis. En même temps, les consciences s’accommodent des activités de ces experts multinationaux de la radioactivité contrôlée et de l’innovation éco-technologique !

Sur l’estuaire nous sommes gâtés, l’industrie militaire ne se contente plus de sous-marins nucléaires mais projette la construction d’un porte avion à propulsion atomique, construit par partenariat merveilleux entre Naval Group et les Chantiers de l’Atlantique. La construction débuterait en 2025, aurait-on envie de chatouiller les pieds du géant naval d’ici là ?

Une filière toujours aussi pourrie

Cette énergie « propre », « sûre » et fournissant une énergie « illimitée » pour pas très cher, quasi magique. Quoi de plus merveilleux pour une société capitaliste ? On pourrait y croire, si on oubliait qu’elle a été développée à l’origine pour fournir du combustible à la bombe atomique. Et puis si on fait abstraction de ses déchets, si dangereux et encombrants qu’il suffit de les enfouir pendant 100 000 ans pour avoir l’esprit serein. Super ! Il faudrait aussi faire fi de l’extractivisme au Niger ou au Kazakstan qui participe non à l’indépendance de la France mais à son impérialisme néocolonial en exploitant des travailleurs désinformés à qui l’on prendra soin de laisser des miettes économiques pour faire accepter les déchets radioactifs disséminés dans les zones minières.   

L’uranium ne vient pas de nulle part : ici Arlit au Niger (voir documentaire : La colère dans le vent, d’Amina Weira)

Le nucléaire est d’abord une arme de destruction massive mise au service d’une classe prête à anéantir des villes, exploiter des populations pauvres, sacrifier des générations entières pour entretenir son système et ses intérêts. C’est une énergie dangereuse parce qu’elle est à la fois risquée et puissante, mais aussi parce qu’elle est maîtrisée par des États qui font tous les jours la preuve de leur autoritarisme.

Enfin, pour répondre aux personnes bernées par Jancovici, le nucléaire ne peut pas être une réponse à nos crises actuelles démocratiques, sociales, écologiques ou climatiques simplement parce que c’est son imaginaire qui a façonné nos sociétés telles qu’elles sont aujourd’hui : capitalistes, individualistes, autoritaires, superflues et destructrices. N’attendons rien de sa froide technologie et organisons nous contre ses sites dédiés et ses penseurs hauts placés !

Rassemblement écoféministe des Bombes atomiques à Bure en 2019

Organisons-nous contre le nucléaire !

Les 17, 18 et 19 mars nous organisons 3 jours d’évènements, à Saint-Viaud, au Pellerin puis à Indret, reliés par un déplacement à vélo : le Vélo Castor de Loire – petit clin d’œil aux trains ou camions CASTOR qui transportent les déchets nucléaire radioactifs. Ce qui est produit ici soutient toute la filière de l’extraction à l’enfouissement et jusqu’à l’électricité injectée dans le système. Alors en tant qu’habitant.es de l’estuaire, soyons partout où ils sont !

Ces 3 jours seront l’occasion d’en apprendre davantage entre nous sur l’histoire et l’actualité autour des déchets nucléaire le vendredi soir, puis l’histoire des luttes du Pellerin, du Carnet et celles à venir, à Bure notamment et enfin le dimanche sur l’armement atomique à Indret et les projets en cours. À vélo nous passerons par Framatome à Paimboeuf, devant d’anciens lieux d’occupation, au Carnet récemment et au Pellerin dans les années 70. Ce petit voyage sera aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir les paysages de l’estuaire aux premiers moments du printemps!

L’industrie nucléaire gagne du terrain, par les projets lancés, dans les consciences et même dans les réseaux écolos de gauche. Ne leur laissons pas plus d’espace et maintenant plus que jamais, déployons largement et clairement nos forces antinucléaires ! À la mi mars sur cet événement comme sur tous nos espaces de lutte !

Suivez le Castor de Loire ou rejoignez-le sur les lieux de rendez-vous !

Plus d’infos sur > velocastordeloire.retzien.fr
Telegram : t.me/horsdlaloire

Tract et affiches de l’événement :  https://dl.retzien.fr/1679240489-85.zip

Des brochures de réflexion sur le sujet du nucléaire : https://bureburebure.info/brochures/https://bombesatomiques.noblogs.org/ressources/

Contact : estuairesansnucleaire@retzien.fr

Publié à l’origine sur nantes indymedia

https://bureburebure.info/events/event/estuaire-sans-nucleaire-les-17-18-et-19-mars-de-paimboeuf-a-indret-44/

NUCLÉAIRE : EDF A REMIS À L’ASN SA STRATÉGIE DE CONTRÔLE RÉVISÉE APRÈS LA DÉCOUVERTE DES DERNIÈRES FISSURES

EDF a remis à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sa stratégie de contrôle de réacteurs révisée après la découverte de fissures importantes sur les tuyauteries de certaines centrales, a indiqué mercredi l’ASN, qui est en train d’étudier son contenu.

Les documents ont été reçus en fin de semaine dernière, et sont en train d’être instruits par l’ASN, qui prendra une position « dans les prochains jours« , a-t-on appris auprès du gendarme du nucléaire.

Du côté d’EDF, on ne fait « pas de commentaire pour le moment« .

Plusieurs fissures importantes ont été décelées, notamment une de taille encore jamais vue à Penly 1, sur une conduite d’urgence servant à inonder d’eau le réacteur en cas d’accident nucléaire.

À Penly 1 (Seine-Maritime), il s’agit du phénomène dit de « corrosion sous contrainte« , identifié depuis octobre 2021 sur plusieurs sites mais qui générait jusqu’ici de plus petites fissures et sur d’autres zones de ces tuyauteries.

EDF doit donc remettre à l’ASN une stratégie de contrôle révisée. L’électricien devra en particulier vérifier 200 soudures dans l’ensemble de son parc, selon l’ASN, de quoi provoquer potentiellement des arrêts prolongés de réacteurs et soulever des incertitudes sur la production nucléaire en 2023.

D’autres fissures dite « de fatigue thermique » ont par ailleurs été repérées sur des conduites d’urgence « considérées comme sensibles à la corrosion sous contrainte » à Penly 2 et Cattenom 3. Un phénomène « bien connu et surveillé de longue date« , selon EDF.

Par AFP, publié le 15 mars 2023 à 10h22

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/nucleaire-edf-remis-lasn-sa-strategie-de-controle-revisee-apres-la-decouverte-des-dernieres-fissures-230315

LA FUSION DE L’ASN ET DE L’IRSN VA « DÉGRADER LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE », ALERTE LA SECRÉTAIRE NATIONALE D’EELV

Marine Tondelier a qualifié sur franceinfo le projet du gouvernement de « préoccupant« , rappelant que « l’Institut de radioprotection et de sûreté du nucléaire est un fleuron français« .

« On dégrade la sûreté nucléaire« , a alerté lundi 13 mars sur franceinfo Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe-Écologie Les Verts (EELV), alors que le projet de loi pour accélérer le nucléaire est examiné à l’Assemblée nationale. Le gouvernement a ajouté la réforme de la sûreté nucléaire par un simple amendement, adopté par les députés en commission, qui vise à intégrer l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté du nucléaire), l’expert technique, à l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), le gendarme des centrales.

« Le sommet de l’État a souvent été pronucléaire. Mais là, la grande nouveauté, c’est qu’ils ne sont plus lucides« , affirme Marine Tondelier. « L’Institut de radioprotection et de sûreté du nucléaire est un fleuron français. Et s’il y a une sûreté nucléaire à peu près correcte en France, c’est aussi grâce à leur travail », souligne la patronne des Verts. « Comme ils font des rapports un peu alarmants, alors on les supprime pour ne pas qu’ils soient oiseaux de mauvaise augure. C’est assez préoccupant. »

Des projets « inconscients, inconséquents« 

Marine Tondelier rappelle que « dans le monde entier, on regarde cette corrélation, cette complémentarité entre l’IRSN, qui fait de la recherche de manière complètement autonome, et l’ASN qui est le contrôleur », alors que la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher assure vouloir renforcer les deux structures. « C’est très sain que, quand l’ASN prend des décisions, ce soit en ayant lu des rapports d’une autorité qui est complètement indépendante. C’est bicéphale et c’est salué dans le monde entier. » L’écologiste estime que ce « démantèlement » annoncé fait « l’unanimité » contre lui. « Les anti-nucléaire comme moi, qui ont peur pour la sûreté nucléaire, sont inquiets. Les pro-nucléaire également sont contre en disant, ‘qu’est-ce que c’est que cette affaire ?' »

« On avait confiance dans l’IRSN. Pourquoi on change quelque chose qui marche ? » (Marine Tondelier, secrétaire nationale EELV sur franceinfo)

Marine Tondelier s’interroge également sur la construction de nouveaux EPR, voulus par Emmanuel Macron. « On nous l’a promis à Flamanville, ça devait coûter trois milliards d’euros et entrer en vigueur en 2012. Nous sommes en 2023. Cet EPR ne fonctionne toujours pas et a coûté plus de 20 milliards d’euros. Cette technologie ne marche pas. » Elle juge que la France « base toutes ses stratégies énergétiques et climatiques sur un mirage : des EPR où il n’y aurait pas de problème de déchets, pas de problème de lien avec la Russie, pas de problème pour les construire, pas de problème comme si ça allait marcher maintenant ».

Les EPR, une « technologie qui ne marche pas »  

La patronne d’EELV dénonce également la promesse de lancer des centrales « qui fonctionneraient jusqu’en 2100 ». Elle rappelle qu’Emmanuel Macron « à ses vœux, nous a dit : ‘Qui aurait pu prévoir le changement climatique et ses impacts en 2022 ?’. S’il ne peut pas le prévoir pour 2022, je pense qu’il n’arrivera pas à le prévoir pour 2100 alors que les glaciers fondent 100 fois plus vite que prévu. » Et Marine Tondelier s’interroge : « On va les faire fonctionner comment nos centrales nucléaires, avec des sécheresses qui feront qu’il n’y aura plus assez d’eau alors qu’on consomme plus d’eau aujourd’hui en France pour les centrales nucléaires que pour l’eau du robinet ? On va faire comment quand il y aura des risques qu’on ne peut même pas encore prévoir ? » Marine Tondelier juge les projets du gouvernent « complètement inconscients, inconséquents. »

Par franceinfo, Radio France, publié le 13/03/2023 à 21h50

Photo en titre : Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, en janvier 2023. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

https://www.francetvinfo.fr/societe/nucleaire/la-fusion-de-l-asn-et-de-l-irsn-va-degrader-la-surete-nucleaire-alerte-la-secretaire-nationale-d-eelv_5709479.html

CENTRALE NUCLÉAIRE DU BLAYAIS : LA GRÈVE EST PARTIE POUR DURER

Réforme des retraites. Depuis le 9 mars, de nombreux salariés de la centrale nucléaire du Blayais sont en grève reconductible. Des barrages filtrants ont été mis en place toute la semaine à l’entrée du site nucléaire.

Des palettes qui brûlent, des lumières dans la nuit et une longue file de voitures roulant au pas qui s’allonge au milieu des marais de Braud-et-Saint-Louis, c’est le rituel que vivent chaque matin les salariés et prestataires d’EDF, devant accéder au site depuis le 9 mars. À l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC), les salariés sont entrés en grève reconductible, et se relaient à l’entrée du site pour montrer leur détermination, mais aussi pour faire signer la pétition demandant le retrait de la réforme des retraites

John Gazziero, délégué syndical CGT fait partie de ceux qui organisent le mouvement. Il évalue à plusieurs centaines, le nombre de salariés chaque jour qui débrayent, pour venir épauler leurs collègues au barrage filtrant. Et lors de la manifestation du 7 mars, « il y avait 78 % de grévistes à la centrale » rapporte-t-il.

Aussi, lundi 13 mars, le rassemblement devant la centrale s’est voulu interprofessionnel. S’y sont retrouvés les agents d’EDF, d’Enedis, des prestataires de la centrale, mais également des postiers, des agents hospitaliers et de l’éducation nationale…

La grève engendre des baisses de production électrique, mais également un ralentissement des travaux de maintenance. « La baisse de production ne peut pas amener à notre niveau, à des coupures d’électricité, mais ça touche au porte-monnaie de notre employeur qui est EDF, mais aussi l’État qui en est détenteur à 85 % » commente John Gazziero. Il poursuit : « le mouvement s’amplifie, les collègues ne sont pas résignés et la lutte ne va pas s’arrêter, même si la loi est adoptée. Ça ne sera pas la première fois qu’une loi est adoptée sans que les décrets ne soient mis en application… » projette-t-il. 

De son côté, Olivier Delbos, secrétaire général de la CGT à la centrale nucléaire est inquiet : « Ce qu’on voit nous, c’est qu’Emmanuel Macron prépare son prochain emploi puisqu’il ne peut pas être réélu. Alors il veut passer sa loi en force, en jouant le jeu de la terre brûlée. C’est très dangereux. Ce que disent les collègues, c’est qu’ils ont manifesté pacifiquement et sans heurt jusqu’à maintenant. Mais la colère monte, à force de ne pas être entendue, avec un risque de radicalité du mouvement. À moins que ce ne soit la résignation qui l’emporte, et ça se traduira par un vote radical dans les urnes aux prochaines présidentielles. »

Par Aude Gaboriau, publié le 14 mars 2023

https://www.hautegironde.fr/2023/03/14/centrale-nucleaire-du-blayais%E2%80%89-la-greve-est-partie-pour-durer/

DÉMOCRATIE, SÛRETÉ… POURQUOI LA LOI SUR LE NUCLÉAIRE POSE PROBLÈME

Le projet de loi d’accélération du nucléaire est arrivé à l’Assemblée nationale le 13 mars. Un texte qui pose trois problèmes majeurs, selon les députés de la Nupes.

Le débat à l’Assemblée nationale s’annonce atomique. Le projet de loi d’accélération du nucléaire, censé faciliter la construction de six nouveaux réacteurs et la prolongation du parc existant, est arrivé dans l’hémicycle le 13 mars à 16 heures. Ses opposants n’ont pas attendu ce moment pour démonter le texte. Le 10 mars, les écologistes ont invité un parterre d’experts pour une masterclass sur le nucléaire à destination de la presse ; lundi, c’était au tour de députés de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) de s’exprimer auprès des journalistes. Voici les principaux problèmes qu’ils pointent.

Le projet de loi n’est pas démocratique

La loi d’accélération du nucléaire avait été présentée comme une loi technique de simplification administrative. Les sénateurs lui ont donné un caractère plus politique, en y introduisant un plancher de 50 % de nucléaire dans le mix électrique. Un amendement du gouvernement, adopté en commission des affaires économiques, a supprimé ce seuil et renvoyé la question à la loi de programmation énergie climat, qui devrait être discutée cet été. Mais dans l’article 1er figure toujours le projet de construction de quatorze nouveaux réacteurs. « C’est le scénario le plus nucléarisé des six scénarios de RTE qui a d’ores et déjà été décidé », a déploré la députée La France insoumise (LFI) Aurélie Trouvé.

Globalement, les opposants rejettent un texte qui favorise les passages en force. « On peut se demander si les retards de l’EPR de Flamanville étaient vraiment dus à des procédures administratives excessives, a ironisé Julie Laernoes, députée écologiste. Pourtant, dans ce projet de loi, on passe sur les autorisations environnementales, sur les permis de construire, pour gagner quelques mois — sans certitude, puisque ça reste assez flou dans les réponses de la ministre [Agnès Pannier-Runacher]. »

Lire aussi : Nucléaire : le coup de force de Macron confisque l’avenir

Sur la forme, députés de la Nupes et associations ont condamné un calendrier organisé pour tuer le débat. « L’examen de ce texte a débuté au Sénat en plein pendant le débat public sur la relance du nucléaire et va se terminer à l’Assemblée nationale avant même que le rapport présentant les conclusions de ce débat n’ait été rendu », a observé Mathilde Damecour, chargée de campagne au réseau Sortir du nucléaire. Pour Aurélie Trouvé, il va aussi « court-circuiter les débats sur les trajectoires énergétiques globales que nous aurions dû avoir dans le cadre de la loi de programmation énergie climat ».  

L’État cherche plus de 50 millions d’euros pour financer les nouveaux EPR2. Ici, la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Clicgauche

Par ailleurs, la loi d’accélération du nucléaire ne pourrait pas être adoptée sans le soutien de la droite et surtout de l’extrême droite, a remarqué Julie Laernoes : « La même extrême droite qui nie encore l’existence même du changement climatique, qui prévoit de construire dix nouvelles centrales d’ici 2031 et dix supplémentaires d’ici 2036 — alors qu’aucun industriel ne dit que c’est possible —, qui veut instaurer des zones de défense autour des centrales nucléaires et qui, pour résoudre les problèmes liés aux sécheresses, a proposé dans un amendement d’installer des collecteurs d’eau de pluie à côté des réacteurs. » Le réseau Sortir du nucléaire, lui, n’a pas manqué de rappeler que la rapporteure du texte Maud Bregeon a travaillé comme ingénieure nucléaire à EDF jusqu’en juillet dernier, ce qui pose selon l’association « d’évidents problèmes d’impartialité ».

Cette coalition pronucléaire a prévu de mener la vie dure aux antinucléaires. L’article 13 prévoit le doublement des peines d’emprisonnement pour intrusion dans un site nucléaire. Un amendement adopté par le Sénat avec l’appui de la majorité et taillé sur mesure pour les militants de Greenpeace. « Nous demandons sa suppression et dénonçons la criminalisation des militants écologistes », a déclaré Aurélie Trouvé.

Le projet de loi ne tient pas compte du changement climatique

Plusieurs reculs sur ce point ont été enregistrés lors du passage du texte en commission des affaires économiques. L’autorisation de construction de réacteurs nucléaires en zone inondable a été rétablie dans l’article 6. Quant à la prise en compte du changement climatique dans les démonstrations de sûreté, elle a été supprimée via l’adoption des amendements de Maud Bregeon et du gouvernement.

Une aberration, ont réagi en chœur les associations et les députés de la Nupes, en dégainant une ribambelle de chiffres. Le nucléaire consomme 5,3 milliards de mètres cubes d’eau chaque année, a rappelé le réseau Sortir du nucléaire. « 30 % de l’eau douce est consommée par le nucléaire, ce qui en fait le deuxième consommateur après l’agriculture. Cigéo [projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure] consommera entre 200 et 500 m3 d’eau par jour. Ce besoin conséquent va se confronter à une réalité climatique implacable de baisse de disponibilité de la ressource », prédit l’association.

Les opposants au nucléaire ont manifesté à Tours le 16 février 2023. © Fanny Lancelin / Reporterre

Ceci, alors que le nucléaire ne sauvera pas le climat. D’après le sixième rapport du Giec, il faut réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, a rappelé Pauline Boyer, chargée de campagne à Greenpeace. « Or, il faut quinze à vingt ans pour construire une centrale nucléaire. On n’est pas dans le bon agenda climatique. »

Le projet de loi supprime l’IRSN, acteur majeur de la sûreté nucléaire

Le gouvernement a introduit deux amendements dans le texte, qui prévoient que les missions d’expertise et de recherche de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) soient intégrées à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ce projet de démantèlement de l’IRSN a été validé en commission des affaires économiques. Mais le Sénat n’a pas donné son avis — il avait déjà fini d’examiner le texte lorsque le gouvernement a annoncé cette réforme majeure du système de sûreté nucléaire français — et les débats dans l’hémicycle s’annoncent vifs.

Lire aussi : « IRSN assassiné » : les salariés de la sûreté nucléaire refusent leur dissolution

« Cette réforme a été menée de manière extrêmement précipitée par voie d’amendement par le président Macron, ce qui lui permet d’éviter une étude d’impact, un avis du Conseil d’État et toute la concertation avec les salariés et la direction sur un sujet pourtant extrêmement sensible », a accusé Aurélie Trouvé. La députée LFI a annoncé que la Nupes rejetterait d’un bloc cette réforme et a appelé les députés Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires (Liot), MoDem, Horizons et Renaissance opposés à ce démantèlement à les imiter.

Lors du rassemblement des salariés de l’IRSN, à Paris le 28 février 2023, Patrick Lejuste et Nicolas Brisson ont exposé leurs incertitudes quant à leurs futures missions. © Émilie Massemin / Reporterre

La Nupes réussira-t-elle à affaiblir le texte ? Les associations antinucléaires à convaincre de sa dangerosité ? Car tout au long de la semaine, c’est une manche de la bataille culturelle sur le nucléaire qui va se jouer dans l’hémicycle. Les partisans de l’atome partent avec une longueur d’avance, ont reconnu les opposants au texte. « Après Fukushima, on a cru qu’on avait gagné la bataille, a analysé l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot. D’un seul coup, l’accident nucléaire devenait possible dans un pays doté d’une industrie nucléaire puissante et instruit des risques. Et puis, la rationalité économique se situe du côté des énergies renouvelables. Mais on a sous-estimé la puissance de ce lobby sortant de toute logique, racontant tout et n’importe quoi sans être jamais contredit. »

Pour créer les conditions d’un véritable débat d’ici la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie, Julie Laernoes a déposé une proposition de résolution pour la création d’une convention citoyenne sur la relance du nucléaire. « Ce débat-là semble essentiel avant d’opérer un tel revirement de politique énergétique. »

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POLLUTION CHIMIQUE DES EAUX SOUTERRAINES AU TRICASTIN : ORANO DEVANT LE TRIBUNAL JUDICIAIRE DE VALENCE CE JEUDI

14 mars 2023 : Communiqué commun du Réseau « Sortir du nucléaire« , de FRAPNA Drôme Nature Environnement et d’ADN 26-07

En 33 ans de fonctionnement, l’usine Georges Besse d’enrichissement d’uranium de Pierrelatte, arrêtée en 2012, n’a pas seulement produit des dizaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs, elle a également pollué la nappe alluviale sous le site au perchloréthylène et au trichloréthylène. Le tribunal judiciaire de Valence examinera cette affaire le jeudi 16 mars 2023, à 13h30.

Une pollution chimique de la nappe phréatique non prise en charge

Pendant la période d’exploitation de l’usine Georges Besse (située sur le site nucléaire du Tricastin), la nappe alluviale située sous l’installation a été gravement polluée par du perchloroéthylène [1] et du trichloréthylène [2]. Cette pollution est due à des fuites sur plusieurs portions de circuits véhiculant des fluides des systèmes auxiliaires qui se sont infiltrés dans le sol.

Dans le cadre des attributions de l’ASN, une inspection a eu lieu le 10 octobre 2019 sur le site. Le bilan de l’inspection était très mitigé. En effet, au vu de l’ampleur des dégâts, une installation spécifique a été mise en place en mars 2014 pour pomper, traiter et réinjecter l’eau de la nappe. Mais elle reposait sur un procédé destiné à empêcher les tuyaux de s’entartrer que l’ASN avait refusé de valider car il conduisait à réinjecter de l’eau acidifiée dans la nappe. Plutôt que de chercher une solution alternative, Orano a laissé fonctionner l’installation telle quelle, si bien qu’elle se colmatait en permanence : en plus de 6 ans, elle a fonctionné moins de 200 jours ! La pollution a donc persisté dans la nappe.

La justice a été saisie

Le Réseau « Sortir du nucléaire« , Frapna Drôme Nature Environnement et Arrêt du Nucléaire 26-07 ont déposé plainte le 29 septembre 2020 pour signaler ces évènements au Parquet. Cette plainte a été classée sans suite après un simple rappel à la loi à l’exploitant.

Afin que cette entreprise – déjà condamnée pour sa gestion calamiteuse des déchets sur une autre installation de Pierrelatte – soit enfin sanctionnée et que cette pollution soit connue au grand jour, nous avons fait citer directement Orano devant le tribunal judiciaire de Valence. L’affaire sera examinée le jeudi 16 mars 2023, à 13h30.

Retrouvez le dossier juridique :
https://www.sortirdunucleaire.org/Tricastin-Georges-Besse-pollution-chimique-nappe

Contact presse :

Marie Frachisse / Lisa Pagani – Réseau « Sortir du nucléaire » – 07 62 58 01 23

Notes

[1] Classé parmi les cancérogènes probables, ce solvant se dégrade très lentement. Il est toxique pour le système nerveux et les reins, ainsi que pour les organismes aquatiques.

[2] Classé parmi les cancérogènes, ce solvant est toxique pour le système nerveux.

https://www.sortirdunucleaire.org/Orano-pollution-chimique-Georges-Besse

NUCLÉAIRE: L’ASSEMBLÉE VOTE LA SUPPRESSION DU PLAFOND DE PRODUCTION

Dans le sillage du Sénat, l’Assemblée nationale a supprimé lundi soir l’objectif de réduction à 50% de la part de l’énergie nucléaire dans le mix électrique français d’ici à 2035, lors de l’examen du projet de loi d’accélération du nucléaire.

Introduit par le Sénat, l’article adopté en première lecture fait sauter un « verrou » introduit dans la loi en 2015 sous la présidence de François Hollande pour réduire la part du nucléaire, que l’exécutif souhaite désormais relancer.

Il a été voté par 97 voix contre 36 à l’Assemblée, LR et RN soutenant le camp présidentiel.

L’écologiste Julie Laernoes a dénoncé une mesure qui « change la nature du texte » en remettant en cause des objectifs « débattus démocratiquement », après la « catastrophe de Fukushima » de 2011.

L’ancienne ministre Barbara Pompili (Renaissance) s’est jointe à la gauche pour critiquer la « forme » de cet article, qui prend de vitesse la future loi de programmation pluriannuelle de l’énergie, attendue au mieux cet été.

« J’étais très heureuse d’avoir contribué au discours de Belfort » d’Emmanuel Macron, consacré notamment à la relance du nucléaire en février 2022, mais la loi en cours d’examen « est supposée être une loi technique » d’accélération, pas une loi de programmation sur le mix énergétique, a-t-elle argumenté.

À droite, le chef de file des députés LR Olivier Marleix s’est réjoui à l’inverse de mettre fin à un accord sur les 50% écrit à ses yeux sur un « coin de table » entre socialistes et Verts fin 2011, avant la présidentielle et les législatives de 2012.

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a expliqué qu’elle ne veut « ni plafond ni plancher » sur le sujet, alors que l’énergie nucléaire représente environ 70% de la production d’électricité habituellement, mais seulement 63% en 2022 en raison des arrêts de plusieurs réacteurs pour corrosion.

Par AFP, publié le 14 mars 2023

https://www.lemondedelenergie.com/nucleaire-assemblee-vote-suppression-plafond-production/2023/03/14/

NUCLÉAIRE : FUSIONNER L’IRSN ET L’ASN, « C’EST VRAIMENT CHERCHER À ALLER DANS LE MUR », ESTIME CÉDRIC VILLANI

Le mathématicien et ancien député a rappelé sur franceinfo qu’un rapport de la Cour des comptes de 2014, sur lequel s’est basé le gouvernement, avait qualifié le projet « d’erreur« .

La réforme pour la fusion de l’IRSN et l’ASN, « c’est vraiment chercher à aller dans le mur », a dénoncé lundi 13 mars sur franceinfo Cédric Villani, alors que le projet de loi sur le nucléaire est examiné à l’Assemblée nationale. Le gouvernement y a ajouté la réforme de la sûreté nucléaire par un simple amendement, adopté par les députés en commission, qui vise à intégrer l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), l’expert technique, à l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), le gendarme des centrales.

Selon le mathématicien et ancien député, « nous avons une réforme qui est faite à la hussarde ». Pour l’ancien président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, « aux premières loges pour voir tout le fonctionnement des institutions de cette sûreté nucléaire », le gouvernement se prépare, « contre l’avis des intéressés« , « à opérer le plus grand chambardement dans la sûreté nucléaire de toute notre histoire ».

Une réforme « faite à la hussarde » 

Selon lui, la dissolution de l’IRSN signifierait la disparition « d’un système mis en place, avec un rapport préliminaire, avec une loi, avec des dispositions entérinées et programmées et assurées pendant une quinzaine d’années, depuis 1998 », alors que « rien n’est prêt ».

« Vous avez 1 700 personnes, ingénieurs, scientifiques, qui seraient rattachées d’un coup à l’Autorité de sûreté nucléaire qui aujourd’hui n’en compte que 400. »(Cédric Villani, mathématicien et ex-député, sur franceinfo)

Pourtant, les organes de conseil scientifique, les comités d’orientation de recherches, les comités d’éthique et de déontologie, « tous les organes de direction se sont prononcés contre cette fusion« , insiste-t-il, « qui se fait à marche forcée et contre les personnels« . Cette fusion pourrait entraîner des problèmes de toutes sortes, d’après Cédric Villani : « Des problèmes de séparation entre l’expertise et la décision, le partage des rôles entre sécurité et sûreté et les problèmes sur le statut des personnels comme le statut du doctorant ou encore sur les autorisations. »

« Il aurait fallu des années de préparation »

Selon les règles internationales telles que celles de l’AIEA, l’Agence internationale pour l’énergie atomique, « il aurait fallu des années de préparation pour cela et tout ça est fait en un clin d’œil, sans qu’on sache sur la base de quel rapport, sans qu’on sache sur quelle évaluation ». Le gouvernement s’appuie notamment sur un rapport de la Cour des comptes de 2014. « Mais dans ce même rapport de la Cour des comptes, on disait que ce serait une erreur que de fusionner« , conclut Cédric Villani.

Par franceinfo, Radio France, publié le 13/03/2023 à 19h27

Photo en titre : Cédric Villani, en janvier 2023. (BOILEAU FRANCK / MAXPPP),

https://www.francetvinfo.fr/societe/nucleaire/nucleaire-fusionner-l-irsn-et-l-asn-c-est-vraiment-chercher-a-aller-dans-le-mur-estime-cedric-villani_5709383.html

POLYNÉSIE FRANÇAISE : LES FEMMES VICTIMES DU NUCLÉAIRE SE LÈVENT POUR LEURS DROITS

Suite à la journée des droits de la femme, l’association 193 a organisé un rassemblement à  la pointe Enrich de Papara, ce dimanche 12 mars. Un rassemblement pour dire, encore et toujours, comment la femme atteinte d’un cancer, la mère d’un enfant malade, l’épouse d’un mari défunt voient aussi ses droits bafoués. Reportage.

Couronnes fleuries sur la tête, robes locales…. Elles sont des dizaines à descendre des bus, elles sont des dizaines à s’être déplacées en ce dimanche ensoleillé. Elles, ce sont des femmes référentes ou membres de l’association 193. Elles, ce sont aussi des victimes des essais nucléaires. Des femmes meurtries par un cancer, des mères inquiètes pour leurs enfants, des épouses mortifiées par le décès de leur mari. « On a organisé cette journée pour elles. On a une autre approche de la journée des droits de la femme avec les essais nucléaires : car une femme qui a un cancer voit sa vie meurtrie, on le sent à travers les victimes. Parfois, elles ne peuvent pas accomplir leur rôle de mère, elles ne peuvent pas enfanter ni aider leurs enfants car elles sont malades. Aujourd’hui, la femme se lève car ses droits sont bafoués », explique Lena Normand, vice-présidente de l’association 193 à l’origine de ce rassemblement à la pointe Enrich à Papara. Hitia’a, Toahotu, Tautira, Papeete, Rikitea, Raiatea… Plus de 160 personnes venues des quatre coins de la Polynésie se sont réunies ce dimanche.   

Vashti Tamarii, victime d’un cancer de la thyroïde

Vashti Tamarii a fait le déplacement depuis Raiatea, spécialement pour ce moment. La quinquagénaire a souhaité être là pour soutenir et accompagner toutes ces femmes victimes de maladies dites radio-induites. Car elle sait ce qu’est la maladie, elle sait ce que c’est d’être séparé de ses enfants pour être soignée. Après une première opération, elle a développé un cancer de la thyroïde. On est en 2008, elle a alors la quarantaine, ses enfants sont en bas âges. « Tu sais quand on te dit que tu as un cancer, tu penses tout de suite à eux : que vont-ils devenir ? Quel avenir auront-ils si je ne suis plus là ? », confie cette mère de famille, d’une voix douce mais aussi concise que sa mémoire. Elle se souvient bien comment il y a maintenant plus de vingt ans sa vie a été bouleversée, comment son quotidien familial et professionnel a été chamboulé, comment il a fallu traverser toutes les étapes de l’opération puis du traitement. Autant de raisons qui l’ont poussée à constituer un dossier d’indemnisation. En 2018, elle fait appel à l’association 193 pour l’aider, car moralement la charge est trop lourde. « Quand ton dossier est incomplet alors que toi tu es en plein traitement, tu veux laisser tomber. Mais les membres de l’association m’ont poussé à persévérer, ils m’ont aidé alors je veux faire la même chose aujourd’hui avec les autres personnes. Ce n’est pas la somme de l’indemnisation qui importe, ce n’est pas ça qui va nous permettre de retrouver notre santé et notre vie d’avant, mais c’est important d’être reconnue victime !». 

Jeanne Puputauki, victime d’un cancer du sein

Vashti n’est pas la seule à avoir développé un cancer de la thyroïde, la maladie a aussi touché ses deux sœurs et sa fille a des problèmes de glandes depuis l’âge de 10 ans. Une situation qui malheureusement n’est pas exceptionnelle en Polynésie française. Jeanne Puputauki n’a pas assez de doigts sur une main pour compter le nombre de pathologies et de décès dans sa famille. Ses parents sont morts d’un cancer, ses sœurs ont eu un cancer dont une au cerveau, son petit fils est décédé d’une tumeur au cerveau à seulement 10 ans. L’octogénaire, à la jolie couronne de fleurs, a elle aussi eu un cancer du sein. Elle a subi une mastectomie en 2021. Habitante de Rikitea à Mangareva aux Gambier, elle est à Tahiti depuis deux ans maintenant et attend avec impatience son retour chez elle. En attendant, elle loge chez sa nièce. « Heureusement, je suis bien entourée… Mais on se pose beaucoup de questions. Moi, j’ai trois garçons. Mon aîné a été dans le blockhaus à seulement un mois, mon troisième fils est né à Rikitea, son fils est mort d’une tumeur… Alors, oui, on se pose des questions. Est-ce que les maladies vont toucher mes fils ? Est ce qu’elles se transmettent ? Le nucléaire nous a fait beaucoup de mal et ça continue. »

« On fait le constat aujourd’hui que des enfants ont développé des cancers donc en tant que femme et mère on ne peut pas rester dans le silence » (Lena Normand, vice-présidente de l’association 193)

Les maladies transgénérationnelles étaient justement l’un des thèmes abordés lors de ce rassemblement. « On fait le constat aujourd’hui que des enfants ont développé des cancers donc en tant que femme et mère on ne peut pas rester dans le silence », affirme la vice-présidente de l’association 193 qui aux côtés de ses référents va au contact des foyers à Tahiti et dans les îles. Marie est l’une de ces référentes. Son mari est décédé d’un cancer du poumon en 2020, un homme pourtant sportif et à l’hygiène de vie impeccable. Il n’a jamais travaillé sur le site de Moruroa mais il était à Tahiti lors du passage du nuage suite à l’essai Centaure en 1974, qui a contaminé toute l’île selon une enquête du collectif Disclose. Marie a constitué un dossier pour son époux après son décès. « Je l’ai fait après car j’ai accompagné mon mari pendant ses quatre années de maladies, ça été très difficile, confie encore sous l’émotion cette sexagénaire, Le CIVEN a rejeté le dossier à cause du fameux 1 milliSievert. J’ai fait un recours mais j’ai eu un nouveau refus, j’ai fini par écrire un courrier au président du CIVEN. ». Un courrier qui restera lettre morte, Marie n’aura jamais de réponses mais elle s’engage auprès de l’association 193 pour aider toutes les victimes dans leur démarche. C’est aussi pour ça qu’elle est là aujourd’hui. « Je suis là pour les mamas et les femmes, on ne peut pas les laisser seules à vivre ce qu’elles vivent ».  

Les femmes victimes du nucléaire se lèvent pour leurs droits

Charline Tauraatua a fait aussi le déplacement de Toahotu, commune où elle est maire déléguée.  Aujourd’hui, elle porte une double casquette : celle d’élue mais aussi de femme. Cette quinquagénaire, qui constate au quotidien qu’un certain nombre de femmes de son district sont malades, souhaitent mieux comprendre la problématique afin de mieux accompagner ses administrés. « Je ne suis pas malade mais j’estime qu’on doit être là pour notre population. Après cette journée, je vais aller à la rencontre de nos habitants, il faut entrer dans foyer pour dire et expliquer aux familles car elles ont besoin d’être accompagnées. » Diffuser la parole est donc une priorité pour cette maire déléguée. Et elle passe aussi par les politiques surtout en ces temps d’élections Territoriales. Pour les membres de l’association et les  victimes présentes sur place, le nucléaire doit être au programme des partis. « Il faut en parler comme cela a été le cas pour les Législatives car il y a un gros travail à faire encore. Il faut réformer la loi Morin  et faire une étude ! », argue Lena Normand qui estime que tous les partis politiques devraient s’unir sur le sujet pour porter la voix et faire avancer les choses. «Il y a une vraie attente de la population, et les représentants de l’assemblée doivent s’unir pour faire un levier contre l’État et demander des avancées ». S’unir donc pour être plus fort comme le dit l’adage. C’était le message de cette journée de rassemblement, c’est le message que ces femmes continueront de diffuser autant que possible. 

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Par Polynésie la 1ère (MLSF), Suliane Favennec, publié le 12 mars 2023 à 16h45

Photo en titre : Les femmes victimes du nucléaire se lèvent pour leurs droits

https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/tahiti/polynesie-francaise/les-femmes-victimes-du-nucleaire-se-levent-pour-leurs-droits-1374606.html

LE FUTUR MISSILE DE LA COMPOSANTE AÉROPORTÉE DE LA DISSUASION FRANÇAISE : L’ASN4G

Le missile qui devrait remplacer le missile Air-Sol Moyenne Portée [ASMP] d’ici 2035

Défis technologiques et choix stratégiques

Le choix entre la furtivité et l’hypervélocité pour le futur missile de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire française reste incertain. Les deux options envisagées supposent de relever plusieurs défis technologiques, comme l’a souligné l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA]. Cependant, selon l’ONERA, la stratégie de pénétration des défenses adverses par des missiles à vitesses hypersoniques reste un défi scientifique et technologique majeur, nécessitant l’intervention de multiples disciplines. Dans un avis budgétaire publié en octobre 2021, le député Christophe Lejeune avait indiqué qu’une solution technologique pour l’ASN4G allait être bientôt retenue. Il avait expliqué que l’ONERA et MBDA avaient développé ces deux pistes pour le futur missile. La première piste était un missile à statoréacteur issu du plan d’études amont (PEA) Camosis qui mettait l’accent sur la furtivité. Ce missile pourrait voler à une vitesse de 4000 à 5000 km/h, soit deux fois plus rapide qu’un ASMP/A mais en deçà du seuil hypersonique. La seconde piste était un missile à super statoréacteur hypervéloce issu du PEA Prométhée, qui portait sur l’hypervélocité. Le député avait ajouté que la solution technologique qui serait retenue pourrait être un missile hypersonique manœuvrant, capable de garantir la capacité de pénétration des défenses dans un contexte de déni d’accès croissant. Il avait également signalé qu’un essai de statoréacteur mixte avait été mené récemment aux États-Unis pour le PEA Prométhée. Le missile hypersonique manœuvrant à même de garantir la capacité de pénétration des défenses devrait être opérationnel d’ici 2035 et devra le rester au-delà des années 2050.

Révélations de l’amiral Hervé de Bonnaventure

Lors d’une audition parlementaire, l’amiral [2S] Hervé de Bonnaventure, conseiller défense du Pdg de MBDA, a dévoilé quelques détails supplémentaires sur l’ASN4G. Il a rappelé que les travaux technologiques relatifs à cet ASN4G ont commencé dès les années 1990 et qu’ils se sont clairement orientés vers le domaine des très hautes vitesses. MBDA a mené des études sur l’hypersonique dès les années 2000-2010, dans le cadre des programmes PROMÉTHÉE 1, 2 et 3, en cotraitance avec l’ONERA. Les performances de l’ASN4G sont encore meilleures que celles de l’ASMPA-R. Il devrait être opérationnel à horizon 2035 et devra le rester au-delà des années 2050, d’où la nécessité d’anticiper les défenses sol/air de l’adversaire à cet horizon. Selon l’amiral, la très haute performance en vitesse et en manœuvre est la meilleure méthode pour parvenir à être détecté le plus tardivement possible, compliquer la tâche de suivi d’un radar, voire d’accrochage et désorganiser une attaque d’un missile antimissile. L’ASN4G sera compatible avec le Rafale et catapultable par un porte-avions.

Le développement de technologies hypersoniques

André-Hubert Roussel, le président exécutif d’ArianeGroup, a également confirmé que le premier vol du planeur hypersonique V-MAX, lancé par une fusée sonde, est programmé et qu’un deuxième démonstrateur, le V-MAX2 en sera le prolongement. La Direction générale de l’armement a confié à ArianeGroup plusieurs études amont sur les futurs systèmes d’armes qui s’appuieraient sur ces technologies hypersoniques. Le développement de ces technologies pourrait donc avoir des répercussions importantes sur les armes de dissuasion nucléaire dans les années à venir.

Par La rédaction, publié le 13 mars 2023 à 11h09

https://air-cosmos.com/article/le-futur-missile-de-la-composante-aeroportee-de-la-dissuasion-francaise-l-asn4g-64505

DIJON : DOUZIÈME COMMÉMORATION DE L’ACCIDENT NUCLÉAIRE DE FUKUSHIMA

Communiqué de Sortir du nucléaire Côte-d’Or

Démarrée le 11 mars 2011, la catastrophe continue avec des fuites radioactives permanentes et les projets du gouvernement nippon de rejeter à la mer l’eau radioactive stockée et le retour des populations en zone contaminée. Des actions sont organisées dans beaucoup de pays, en soutien aux victimes et contre la relance du nucléaire. Nous demandons la retraite des vieilles centrales nucléaires françaises.

À l’occasion de la manifestation dijonnaise pour sauver les retraites du 11 mars, banderoles et fût radioactif étaient de sortie. Et en France, l’inquiétude est grande : Le gouvernement fonce dans la relance du nucléaire, faisant fi du fiasco industriel et financier de la filière et des procédures démocratiques.

À Fukushima, la catastrophe continue de se déployer dans le déni général

La catastrophe environnementale, sanitaire et humaine continue. Il faut en permanence refroidir les réacteurs avec de l’eau qui devient radioactive. L’état d’urgence nucléaire est encore en vigueur au Japon, et le seuil d’exposition maximale à la radioactivité pour le public à Fukushima est toujours relevé à 20 mSv/an, soit la limite d’exposition maximale pour les travailleurs du nucléaire.

La population de Fukushima et de ses environs continue de subir les conséquences de cet accident nucléaire : difficultés sociales, financières et psychologiques engendrées par l’abandon dans la précipitation de leur foyer.

Concernant l’environnement, des fuites d’eau radioactives se déversent dans l’océan, et le gouvernement a décidé le rejet en mer de 1,37 millions de tonnes d’eau contaminée. Pourtant, médias et autorités ne parlent que de reconstruction. Pour forcer les habitant·es à revenir, le gouvernement a levé la majeure partie des directives d’évacuation et mis fin aux aides au logement des réfugiés. La contamination radioactive est toujours largement présente dans les sols, mais les autorités japonaises déploient de grands moyens pour pousser la population à s’installer dans des communes qui étaient « zone à évacuer« .

Déni total, gouvernement et parlement japonnais affirment leur volonté de relancer la filière nucléaire, sans s’appuyer sur les retours d’expériences de cette catastrophe.

L’EPR est hors délai, hors budget, on n’est pas sûr qu’il fonctionnera MAIS Emmanuel Macron pousse la relance du nucléaire, au mépris de la démocratie, des risques pour les populations.

Nous nous mobilisons face à l’aberrant, dangereux et ruineux projet de relance engagé par le gouvernement français. Alors que le 27 octobre 2022 s’ouvrait le Débat Public National sur la relance du nucléaire, chargé de questionner l’opportunité de construire de nouveaux réacteurs en France, en novembre était déposé au Sénat le projet de loi d’accélération du nucléaire. Objectif réduire les délais administratifs pour accélérer la construction des réacteurs EPR2. Et cela sans attendre les conclusions du débat public : Sortir du Nucléaire et Greenpeace ont donc claqué la porte

Retourner le sens et la lettre de la LOI

Le Sénat a introduit un amendement visant à remplacer le nécessaire objectif de réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2035 par un minimum de 50 % de nucléaire, et à ne plus limiter le volume maximum de cette production.

Enfin d’immenses progrès dans le démantèlement nucléaire !

Déjà 38 ans de travaux pour essayer de démanteler la centrale de Brenilis, fermée en 1985. Alors qu’EDF prévoit la fin du démantèlement des réacteurs arrêtés autour de … 2100, l’État lui mets … 4 semaines pour démanteler l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire). Cet institut public travaille avec efficacité sur la recherche et l’expertise des risques nucléaires et radiologiques. C’est un des plateaux de la balance de notre sécurité, avec l’autre plateau, l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). La volonté, très contestée par tous les bords politiques est de fusionner l’IRSN avec l’ASN, sans vrais arguments. Motion de l’IRSN contre son démantèlement : www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Pages…

Nous apportons notre soutien à cet Institut qui joue un rôle essentiel pour la sécurité de tous ! Signez :

– La pétition des syndicats www.change.org/p/disparition-de-l-irsn

– La lettre à nos députés https://soutienIRSN.agirpourlenvironnement.org

Totale dépendance énergétique et risques du nucléaire français

L’uranium n’est pas français et « notre » nucléaire est sous emprise russe, malgré les embargos :

www.greenpeace.fr/espace-presse/investigation-le-n…

Quand a la sécurité, le parc vieilli très mal, assailli de problèmes techniques et de corrosion graves, vouloir le prolonger s’apparente à une folie. Et des militaires français le disent depuis longtemps : un pays avec des centrales nucléaires est indéfendable : nous avons hélas une démonstration de ces dangers avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les tirs et l’occupation à Tchernobyl, sur des centres de recherche et à Zaporijia.

Choisissons les scénarios 100 % renouvelables pour un avenir résilient !

Rappelons également que la France est le seul pays d’Europe à ne pas avoir tenu ses engagements européens de développement des énergies renouvelables : Elle va devoir verser une nouvelle amende à l’Europe. Pourtant le nucléaire est devenu l’énergie la plus chère : 110 E / MWh pour l’EPR – quand les renouvelables baissent continuellement : l’Éolien est autour de 40 E / MWh et le Photovoltaïque est déjà à 11 E / MWh au Portugal !

Le nucléaire est l’énergie la plus lente à construire, la plus intermittente, la plus dangereuse, la plus attaquée par le dérèglement Climatique (risques d’inondations, sécheresses, montées des océans, incendies, tempêtes, canicules …), les tremblements de terre, …

Et les émissions chimiques et radioactives en fonctionnement « normal » et accidentels, les risques d’accidents et de catastrophes, la vétusté et la corrosion, … Stop !

Nous avons le CHOIX des scénarios 100 % renouvelables : RTE, ADEME, Greenpeace, AIE, négaWatt (www.negawatt.org). Mettons les en œuvre le plus rapidement possible : ce sont les plus rapides, les plus créateurs d’emplois, les plus résilients, les moins chers … !

Par Sortir du Nucléaire Côte-d’Or, publié le 12 mars 2023

https://www.infos-dijon.com/news/vie-locale/vie-locale/dijon-douzieme-commemoration-de-l-accident-nucleaire-de-fukushima.html

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE LA CRIIRAD SUR LA RÉORGANISATION DE L’EXPERTISE ET DU CONTRÔLE DES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES

L’Assemblée Nationale doit se prononcer cette semaine sur le démantèlement de l’IRSN au profit de l’ASN, du CEA et du ministère de la Défense.

Une décision soudaine, opaque et potentiellement dangereuse

Il s’agissait initialement de dissoudre l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) dans l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), après l’avoir privé de ses missions de recherche (transférées au CEA)1 et de ses compétences en matière de Défense (transférées au DSND)2. Un changement majeur puisqu’à ce jour l’IRSN cumule des missions de recherche et d’expertise, aussi bien pour les activités nucléaires civiles que de défense, alors que l’ASN (le « gendarme » du nucléaire) est en charge de l’élaboration de la réglementation technique et du contrôle des installations nucléaires civiles.

Le démantèlement de l’IRSN a été annoncé le 8 février par un bref communiqué ministériel. L’ambition affichée par le Gouvernement est de « renforcer les compétences,», « l’indépendance du contrôle », de garantir « l’excellence des équipes techniques et scientifiques » mais rien ne vient démontrer que la réorganisation annoncée aura ces effets. La séparation des missions d’expertise et de recherche devrait tout au contraire affaiblir l’expertise et sa capacité d’anticipation. Face aux oppositions, un second communiqué ministériel a d’ailleurs indiqué que recherche et expertise resteraient associées, sans que l’on puisse savoir, tant le projet reste flou, si les changements sont réels ou de façade. En revanche, intégrer l’organisme d’expertise (IRSN) à l’autorité en charge de la décision (ASN) reste au cœur de la réorganisation, ce qui ferait sauter une garantie importante en matière d’indépendance de l’évaluation des risques par rapport à leur gestion et de transparence du processus de décision.

Prise sans concertation ni débat public, la décision n’est assortie d’aucun diagnostic, d’aucune étude d’impact, alors même qu’elle prend le contrepied des conclusions de précédents travaux.

En l’état, les conséquences d’une réforme précipitée, aux motivations douteuses, probablement chronophage et manifestement déstabilisante pour les équipes de l’IRSN, pourraient être de fragiliser le dispositif d’expertise alors que les autorités accélèrent tous azimuts les chantiers du nucléaire. Serait-ce l’effet recherché ? L’objectif prioritaire est en tout cas d’accélérer la relance du nucléaire et de « sécuriser le calendrier des futurs programmes », la dissolution de l’IRSN dans l’ASN devant permettre de « fluidifier les processus d’examen technique et de prise de décision de l’ASN pour répondre au volume croissant d’activités lié à la relance de la filière nucléaire souhaitée par le Gouvernement ».

La CRIIRAD alerte l’Assemblée nationale

La réorganisation a été insérée dans le projet de loi sur l’accélération des procédures en matière de nucléaire3 par un simple amendement gouvernemental (au contenu imprécis, voire contradictoire), après l’adoption du texte par le Sénat et sans étude d’impact. On ne sait si la violation des règles démocratiques est due à une impréparation réelle ou si elle est délibérée. L’Assemblée nationale doit se prononcer lors de l’examen du projet de loi, prévu du 13 au 15 mars prochains.

La CRIIRAD appelle les élus à exiger, en préalable à toute décision :

1/ la production d’un dossier justificatif détaillé (avec étude comparative des performances des expertises externes et internes à l’ASN, recherche des causes réelles des retards et bilan de l’ensemble des dysfonctionnements, en incluant l’ASN et l’IRSN mais sans oublier les exploitants, l’État et le Gouvernement);

2/ l’organisation de débats contradictoires et le respect du principe de participation du public aux décisions susceptibles d’affecter leur environnement (ce qui est le cas d’une décision pouvant dégrader les capacités d’évaluation des risques et augmenter la probabilité d’un accident).

3/ dans l’hypothèse du démantèlement de l’IRSN, la présentation détaillée des dispositifs destinés à remédier aux effets négatifs de l’abandon du système dual IRSN-ASN et ainsi que des moyens destinés à vérifier leur efficacité.

>> Lire le texte explicatif n°1

Les priorités sont ailleurs

Un diagnostic précis et complet des dysfonctionnements (incluant l’analyse du fiasco des EPR) est indispensable pour ne se tromper ni de cible, ni de combat. Puisque le Gouvernement a mis à l’ordre du jour la gouvernance du nucléaire, il incombe à la représentation nationale de rechercher les véritables causes des insuffisances et des irrégularités. L’objectif prioritaire ne doit pas être de « sécuriser le calendrier des futurs programmes » mais d’assurer l’évaluation correcte des risques, la protection effective de la population et des travailleurs, un réel droit d’accès aux informations et de participation au processus de décision.

Il faudrait, par exemple, élargir le domaine d’intervention de l’ASN (en matière notamment de sécurité). Et plutôt que rendre l’IRSN dépendant de l’ASN, mieux vaudrait accroître son indépendance vis-à-vis des ministères ; plutôt que de fragiliser l’expert officiel en le privant de moyens de recherche, mieux vaudrait donner des moyens à l’expertise non institutionnelle, quasi-inexistante en France, et ménager des recours contre les études réglementaires défaillantes et les informations erronées, voire mensongères, qui biaisent les débats publics ; plutôt que limiter l’accès du public aux informations dérangeantes, mieux vaudrait renforcer la CADA et rendre ses avis contraignants. Et tout est à faire pour le droit du public à participer effectivement au processus de décision, le débat avorté sur l’opportunité des EPR 2 et la présente réforme témoignant de son état de déshérence.

La CRIIRAD s’inquiète des évolutions annoncées mais ne joint pas sa voix à ceux qui ont protesté contre la réorganisation au motif de « l’excellence » de la gouvernance actuelle du nucléaire.

C’est que les dossiers qu’elle a traités au cours des 10 dernières années n’invitent pas au satisfécit, qu’il s’agisse de sûreté, de radioprotection, de qualité des rapports officiels, de transparence ou de démocratie (un panorama non exhaustif est présenté dans le document explicatif n°2). Citons, parmi les plus récents, les dossiers réglementaires truffés d’erreurs (étude d’impact de Cigéo), les irrégularités sur la participation du public au processus de décision (débat de la CNDP sur la valorisation des déchets radioactifs TFA), les révélations de la CRIIRAD (grâce à une source interne) sur le défaut de conception du plénum inférieur de la cuve EPR, les implications des phénomènes de fissuration par corrosion sous contrainte, etc.

En matière de sûreté, la question la plus importante concerne la capacité des industriels, des experts et du « gendarme » du nucléaire à connaître l’état réel des installations nucléaires. La découverte récurrente de défauts graves, présents depuis des années, remontant parfois à la fabrication ou à la conception des équipements, n’invite pas à l’optimisme (rappelons par exemple le dossier des défauts de résistance au séisme ou celui des soudures).

La remise en cause doit être générale car le fiasco de l’EPR n’est pas seulement industriel, il interroge la gouvernance du nucléaire au sens large. Concepteurs, fabricants, exploitants, sous-traitants, autorités, ASN, organismes agréés, IRSN, OPECST4, HCTISN5, ANCCLI6, CLI… chaque niveau de responsabilité doit être examiné. Il est trop facile de se placer à l’extérieur du dispositif de gestion et de concentrer les critiques sur les seuls industriels.

La résolution des difficultés techniques des EPR de première génération doit en tout cas être un préalable au lancement du programme d’EPR 2. Il faut donner aux experts et à l’ASN le temps et les moyens de travailler sereinement, de caractériser les défauts, d’identifier les causes profondes des erreurs de conception, de déterminer si les parades envisagées apportent un niveau de sûreté suffisant, de répondre aux interrogations persistantes, notamment celles induites par les dimensions inédites du cœur du réacteur (que l’on retrouvera sur les EPR 2 conçus pour être tout aussi puissants).

Lire le texte explicatif n°2

1: Commissariat à l’énergie atomique, devenu en 2010 le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.

2: Délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense

3: Projet de loi n°762 relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes

4: Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

5: Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire

6: Association nationale des comités et commissions locales d’information

Par la CRIIRAD, publié le 13 mars 2023

https://www.criirad.org/13-03-2023-reorganisation-de-lexpertise-et-du-controle-des-activites-nucleaires?utm_source=sendinblue&utm_campaign=CP%20IRSNASN%2013032023&utm_medium=email

SOUS LA CORROSION DES RÉACTEURS NUCLÉAIRES, LA RÉALITÉ DES FISSURES

Et la réalité fut ! « Enfin », pourrait ajouter l’observateur critique de l’industrie nucléaire tricolore. Quand on a passé des années à enquêter sur EDF et la filière, un élément se révèle en effet très rapidement : la capacité de cette industrie à être dans le déni de réalité. Quand on écoute les dirigeants d’EDF, de Framatome, d’Orano, ou les représentants de l’État, et parfois ceux de l’ASN et de l’IRSN, tout va toujours bien. Et quand apparait un problème, un « écart » dans le jargon de la profession, c’est à chaque fois bénin.

Ce discours a été si souvent martelé, depuis le début de la construction du parc nucléaire en exploitation, que les dirigeants du complexe nucléaire ont fini par y croire. À de rares exceptions près, comme cette interview de Marcel Boiteux (alors Président d’EDF) de 1979, la règle a été respectée à la lettre. Ainsi, l’industrie nucléaire a toujours affirmé qu’il n’y a jamais eu de problèmes rencontrés lors de la construction des réacteurs dans les années 1970 et 1980.

Ce déni de réalité vient de voler en éclats. Si EDF a parfaitement maitrisé la communication au sujet de la corrosion sous contrainte qui affecte une tuyauterie de secours du circuit primaire de ses plus gros réacteurs, la découverte inopinée d’une nouvelle fissure sur cette même tuyauterie d’un réacteur de la centrale de Penly (Seine-Maritime) lève le voile sur une réalité jusqu’à présent indicible : la construction des réacteurs ne fut pas ce long chemin pavé de roses si souvent vanté par toute la filière.

Que nous apprend en effet cette nouvelle fissure ? Erreur de conception de cette tuyauterie (son design), une des causes de la corrosion sous contrainte, et erreur d’exécution et de fabrication, ce qui a obligé à forcer sur une soudure pour que les deux parties de la tuyauterie puissent être alignées. De plus, cette soudure a dû être refaite, entrainant ainsi des contraintes supplémentaires sur l’acier de la tuyauterie, ce qui est à l’origine de la nouvelle fissure découverte Penly.

Et ce cas n’est pas unique. Selon l’ASN, quelque 320 soudures, réparties dans d’autres réacteurs, seraient concernées par le même problème. Du boulot pour les équipes de l’électricien et certainement de nouveaux réacteurs à l’arrêt pour une durée indéterminée, aggravant les tensions sur l’approvisionnement du pays en électricité.

À l’époque, lors de la construction de ces réacteurs, les ingénieurs d’EDF se sont certainement interrogés sur les conséquences à court, moyen et long termes de cette accumulation d’erreurs. Si à ce stade, le résultat de leurs travaux est inconnu (il faudrait qu’EDF ouvre les dossiers de construction pour en savoir plus), une chose est sûre : quelqu’un dans la hiérarchie de l’entreprise a dû estimer que ce n’était pas grave, qu’il n’était pas nécessaire de refabriquer toute la ligne et de la réinstaller, que « ça passerait ». Et non, « ça » n’est pas passé !

Pour éteindre l’incendie qui vient ainsi d’être allumé, les voix officielles, ou officieuses, du complexe, toutes conscientes de l’ampleur des conséquences que ce nouveau problème vient de générer, vont tenter de tuer dans l’œuf la polémique. Sur le thème : « Ce n’est pas grave, ce n’est jamais qu’une tuyauterie de secours qui n’est pas utilisée. De plus, elle est doublée donc aucun risque pour la sûreté du réacteur. »

Ce discours fonctionnera. Ou pas. Car, ce que révèle ce nouveau problème est bien plus grave : EDF n’a jamais respecté toutes les règles qu’elle s’était fixées. Elle a joué et continue de jouer avec la sûreté nucléaire, comme elle le fait avec le droit du travail.

Dans l’enquête Nucléaire, danger immédiat (Flammarion, 2018), coécrite avec Hugues Demeude, nous révélions déjà, documents à l’appui, qu’EDF avait accepté, lors de la construction du parc nucléaire, des pièces défectueuses fabriquées notamment par la célèbre forge du Creusot. Et ces pièces équipaient le circuit primaire de très nombreux réacteurs. L’enquête lancée en 2015 par l’Autorité de sûreté nucléaire sur cette même forge a confirmé que le problème des fabrications d’équipements pour les réacteurs remonte bien à la construction du parc, et n’est pas limité aux années 2005 – 2015 et à la construction de l’EPR de Flamanville.

Une année avant la sortie de notre livre, un salarié d’EDF, sous le pseudonyme de Nozomi Shihiro, publiait un livre à charge contre son employeur : La farce cachée du nucléaire (Yasnost’Éditions, SDN). Une longue enquête, truffée de rapports internes de l’électricien, consacrée principalement à l’état des enceintes des réacteurs. Ce livre dévoilait notamment le cauchemar rencontré à l’époque par EDF pour construire la double enceinte en béton des réacteurs de 1300 MW de puissance.

Malgré ces révélations, qui se multiplient, EDF et tout le complexe nucléaire, jusqu’au plus haut sommet de l’État, continuent de vouloir faire croire que le nucléaire est une industrie d’excellence à l’avenir forcément rayonnant. Aidés en cela par une grande partie des médias très accommodante. Et non les gars, il va falloir arrêter de prendre les gens pour des imbéciles. Sous la corrosion se cachait la réalité de votre industrie. Elle vient d’éclater au grand jour. Et de fissurer la coque de mensonges et de manipulations qui contaminent l’information dès qu’on touche à l’atome. 

Au royaume des aveugles de l’industrie nucléaire, les journalistes et les communicants d’EDF sont rois.

Par Thierry Gadault, publié le 12 mars 2023

Photo en titre : Thierry Gadault

https://www.blast-info.fr/articles/2023/sous-la-corrosion-des-reacteurs-nucleaires-la-realite-des-fissures-Pv_viYHkRJ2XBpASaquaxQ

« POUR LA PREMIÈRE FOIS PEUT-ÊTRE, DES AVOCATS ET DES ADVERSAIRES DU NUCLÉAIRE TENTENT DE PRÉSERVER CE QUI LES RASSEMBLE »

En prévoyant d’intégrer l’expertise de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gouvernement prend le risque de faire perdre sa crédibilité au système de gouvernance de l’atome, estime, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

Manifestement issue de la réunion du Conseil de politique nucléaire du 3 février, la décision a pris tout le monde de court. Elle a provoqué la sidération et l’incrédulité chez bon nombre de parties prenantes, tant par sa verticalité irréfléchie que par les risques systémiques qu’elle ferait peser sur la gouvernance du nucléaire, si elle était mise en œuvre. Depuis que le démantèlement de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a été annoncé – ses activités d’expertise allant à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la destination de celles consacrées à la recherche demeurant plus ou moins en suspens – les protestations se succèdent.

Le projet est parvenu à créer une certaine unanimité. Il fédère contre lui le conseil scientifique, la commission d’éthique et de déontologie et le comité d’orientation des recherches de l’IRSN. Ces trois instances se sont exprimées dans trois motions distinctes, avec une fermeté inhabituelle, au regard des infinies précautions oratoires dont ces cénacles sont coutumiers.

Dans une tribune au Monde, publiée fin février, plus de quatre-vingts chercheurs, universitaires, hauts fonctionnaires, élus, etc. – opposés ou favorables au nucléaire – ont aussi protesté. Toujours dans les colonnes du Monde, trois anciens présidents de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) de sensibilités politiques différentes, ont fait entendre, début mars, une même voix contre le démantèlement de l’IRSN.

La volonté de préserver les institutions garantes de la sûreté nucléaire dépasse les clivages habituels sur le sujet. Pour la première fois peut-être, des avocats et des adversaires de l’atome ne s’écharpent pas sur ce qui les divise, mais tentent de préserver ce qui les rassemble. En l’occurrence, un système institutionnel bicéphale qui est parvenu à bâtir une crédibilité forte, avec d’un côté une autorité de contrôle indépendante (l’ASN), et de l’autre un institut qui lui apporte son expertise scientifique et technique (l’IRSN).

« Fluidifier » le fonctionnement

Il existe deux indices forts que ce système, bien que sans doute perfectible, fonctionne. Le premier est qu’il n’y a pas eu, jusqu’à présent, d’accident grave sur le territoire français, en dépit d’une forte concentration d’installations nucléaires. Le second est que, de part et d’autre des débatteurs sur le sujet, on se réfère volontiers aux décisions et aux travaux de l’ASN et de l’IRSN.

Pour le gouvernement, intégrer à l’ASN le pôle « expertise » de l’IRSN permettrait de « fluidifier » le fonctionnement du système et d’en rationaliser la marche. Pourquoi, après tout, en irait-il autrement ? Pourquoi rassembler dans la même institution l’évaluation scientifique et technique du risque et la gestion de ce risque serait-il une mauvaise idée ? Des éléments de réponse sont apportés ces jours-ci par le Conseil scientifique d’une autre autorité : l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Le rapport entre l’Anses et l’ASN n’est pas évident et un bref historique s’impose pour le comprendre. Jusqu’en 2015, l’Anses n’était responsable que de l’évaluation de risques environnementaux ou sanitaires. Depuis, l’Anses est aussi chargée d’autoriser, d’interdire ou de réguler les pesticides, les biocides et les médicaments vétérinaires. Pour certaines catégories de risques, l’Anses se retrouve, depuis huit ans, chargée de leur évaluation et, en même temps, de leur gestion. Elle est ainsi dans une situation semblable (même si les risques en jeu sont très différents) à celle dont pourrait hériter l’ASN, une fois qu’elle aura absorbé le pôle expertise de l’IRSN.

Une épineuse question

Or, depuis 2015, l’intensité des controverses mettant en cause l’Anses sur la question des produits phytosanitaires a été telle que son Conseil scientifique (une trentaine de chercheurs, la plupart indépendants de l’agence) s’est saisi d’une épineuse question : celle de la crédibilité de l’Anses. Son rapport, publié vendredi 10 mars, ne fait pas mystère de différentes « tensions » qui traversent les expertises rendues par l’Anses. Les tensions identifiées tiennent notamment au décalage entre l’expertise et les connaissances les plus récentes, ou à l’absence de séparation entre l’évaluation des risques et la gestion de ceux-ci

Le projet de démantèlement de l’IRSN va introduire ces deux failles dans la gouvernance du nucléaire. D’abord du simple fait de la séparation possible des pôles « recherche » et « expertise » de l’IRSN, qui va éloigner ceux qui produisent la connaissance de ceux qui l’utilisent à des fins de régulation. Ensuite, que l’évaluation des risques soit menée par des experts placés sous l’autorité de ceux qui devront prendre des mesures difficiles (par exemple le maintien où l’interruption de la production d’énergie) est de nature à introduire un doute sur l’intégrité du processus.

Dans le cas de l’Anses, la perte de crédibilité n’a pas été nécessairement liée à la réalité du travail accompli, mais à des questions institutionnelles. Lorsqu’une autorisation de mise sur le marché d’un pesticide, délivrée par l’Anses, est cassée par la justice administrative, par exemple, qu’est-ce qui est en cause ? L’expertise scientifique conduite par l’agence ? Ou l’appréciation juridique qu’elle aura faite des risques ?

Le problème risque fort d’être à l’avenir semblable pour l’ASN, son expertise risquant alors de n’être lue qu’à la lumière des décisions qu’elle aura elle-même prises. Relancer l’atome en s’affrontant à la crise climatique et à l’adversité technique rencontrée par un parc nucléaire vieillissant, tout en prenant soin de détruire au préalable les conditions de la confiance : il n’est pas sûr que ce soit une bonne idée.

Par Stéphane Foucart, publié le 12 mars 2023 à 06h00, mis à jour le 12 mars 2023 à 08h09

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/12/pour-la-premiere-fois-peut-etre-des-avocats-et-des-adversaires-de-l-atome-tentent-de-preserver-ce-qui-les-rassemble_6165137_3232.html

NUCLÉAIRE : UN PROJET DE LOI EXAMINÉ LUNDI À L’ASSEMBLÉE SUR FOND DE CONTROVERSES

L’Assemblée nationale s’attaque lundi 13 mars au projet de loi visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, dont l’examen promet d’être agité en raison de controverses sur la sûreté nucléaire.

Quatre jours y sont dédiés au palais Bourbon en première lecture, autour des promesses d’Emmanuel Macron de bâtir six nouveaux réacteurs EPR, à l’horizon 2035, et de lancer des études pour huit autres.

Le gouvernement mise sur la technicité du texte et le traditionnel soutien de la droite à l’atome pour une adoption du projet de loi sans trop de difficultés, dans le sillage du très large vote du Sénat fin janvier.

Débats enflammés sur la sûreté

Mais deux sujets vont enflammer les débats : les fissures « importantes » révélées récemment dans la tuyauterie d’un réacteur de la centrale de Penly (Seine-Maritime) et la disparition annoncée de l’Institut de sûreté nucléaire (IRSN) que l’exécutif veut fondre dans l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Le gouvernement a ajouté cette réforme de la sûreté nucléaire par un simple amendement, adopté par les députés en commission. Mais elle suscite une levée de boucliers des syndicats de l’IRSN comme de l’ASN. L’intersyndicale de l’Institut a d’ailleurs prévu une nouvelle journée de grève ce lundi.

Des protestations se font même entendre jusque dans la majorité. Farouches adversaires du nucléaire, les écologistes et LFI comptent bien s’engouffrer dans la brèche. « Passer par un amendement le démantèlement de l’IRSN alors qu’on a des problèmes de fissures » comme à Penly, là où un nouvel EPR doit être implanté, « c’est difficile à défendre », dénonce la cheffe du groupe écolo Cyrielle Chatelain.

« Atteindre la neutralité carbone »

Chez les macronistes, la rapporteure Maud Bregeon, ancienne d’EDF, distingue les « questions légitimes » sur l’IRSN des arguments utilisés pour « flinguer la filière » nucléaire par « idéologie ».

Elle plaide pour ne plus « avoir le nucléaire honteux ». Ce texte « va nous permettre d’atteindre la neutralité carbone » et une meilleure souveraineté énergétique, argumente-t-elle.

En commission, les députés ont validé un ajout controversé réalisé par le Sénat, à majorité de droite : la suppression du plafond de 50 % de la part de l’énergie nucléaire dans le mix électrique français d’ici 2035.

Le projet de loi vise à favoriser la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, en simplifiant les procédures administratives. Il est limité à de nouvelles installations situées sur des sites nucléaires existants ou à proximité.

Selon la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, cela permettrait « de ne pas ajouter un délai de deux à trois années à la construction d’un réacteur ».

Selon les plans d’EDF, les deux prochains EPR devraient être implantés à Penly, puis suivront deux autres à Gravelines (Nord). Agnès Pannier-Runacher a avancé l’objectif d’une « première coulée de béton » en 2027 et d’une mise en service entre « 2035 et 2037 ».

Avec AFP, publié le 12/03/2023 à 18h30

Photo en titre : Les députés entament lundi 13 mars 2023 quatre jours de débats sur le nucléaire. © (Photo archives NR, Gérard Proust)

https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/nucleaire-un-projet-de-loi-examine-lundi-a-l-assemblee-sur-fond-de-controverses

NDLR : on dirait que certains confondent vitesse et précipitation. Nous vivons des jours cruciaux pour l’avenir énergétiques de la France et nous avons choisi la pire solution : le nucléaire !! Bel avenir pour nos enfants !!!

NUCLÉAIRE. LA HAGUE : LE COLLECTIF ANTI-PISCINE MULTIPLIE LES ACTIONS

Ce 11 mars 2023, l’association du collectif Piscine nucléaire stop a tenu sa première assemblée générale à Jobourg (Manche). L’occasion de parler des actions passées et futures.

Derrière tout collectif se cacherait-il une association ? C’est le cas du collectif Piscine nucléaire stop. Après un an d’existence, l’association a tenu sa première assemblée générale à la salle de la mairie de Jobourg (commune déléguée de La Hague, Manche), au cours de la matinée de ce samedi 11 mars 2023. Une petite quarantaine de membres s’était réunie autour de la présidente, Delphine Giraud, et du trésorier, Jean-Paul Lecouvey.

Un collectif et une association

« Le collectif n’a pas de présidence, il a un fonctionnement horizontal. Mais pour la location de salle, pour gérer l’aspect financier, notamment, il fallait créer une association », détaille Delphine Giraud. C’est la raison de la création de l’association. Celle du collectif est tout autre. 

C’est à l’occasion de la première concertation avec EDF, le 22 novembre 2021, alors qu’EDF présentait ce nouveau bâtiment de piscine de 200 mètres de long, de 25 m de hauteur, à 250 mètres premières habitations de Jobourg, sans même utiliser le conditionnel sur le lieu d’implantation, que de nombreux habitants se sont réunis pour dénoncer notamment le manque de réponse à leurs questions. C’est un territoire qui refuse que ses terres soient transformées en poubelles. Nous ne sommes pas un collectif antinucléaire, mais un territoire qui refuse la construction de piscine d’entreposage de combustibles usés.

Delphine Giraud

Après ce constat, le collectif s’est formé avec l’objectif de trouver, eux-mêmes, les réponses à leurs questions et de faire entendre les réponses à tous les citoyens. « Nous ne sommes pas anti-nucléaires », répètent-ils pour répondre au qualificatif utilisé, à tort, par La Presse de la Manche dans son édition du 10 mars.

Et depuis un an, les actions du collectif se sont multipliées. Des réunions, des ciné-débats, un café littéraire, un carnaval, une grande journée de mobilisation avec 700 à un millier de manifestants. « On peut être content de la mobilisation et de la médiatisation reçues », assure le bureau de l’association.

Plus décevant en revanche pour les membres de l’association, « l’attentisme des politiques ». Ils rappellent qu’ils ont rencontré Manuela Mahier, maire de La Hague, Benoît Arrivé, maire de Cherbourg-en-Cotentin et vice-président de l’Agglomération, Anna Pic, députée, Jean Morin et Valérie Nouvel, au département, Jean-Michel Houllegatte, sénateur. « Tous ont écouté, compris, mais très peu ont pris position », résument-ils.

Des actions en justice désormais possibles

Mais le collectif ne baisse pas les bras. Un groupe de travail autour des rencontres politiques sera créé et complétera ceux déjà en fonctionnement comme le groupe mémoire, scientifique, lycéens…

Le statut de l’association a également été modifié à l’unanimité. Il lui sera désormais possible de mener des actions en justice, notamment pour « lutter contre la pollution » ou « défendre en justice l’ensemble de ses membres ».

Quant aux futures actions, « nous allons coller à la concertation continue, répond Delphine Giraud, notamment en restituant, entre autres, les informations aux autres membres puisque tous ne sont pas invités, et nous allons continuer à informer plus largement. Rappelons par exemple que les déchets ne partiront pour Bure qu’en 2080, pas avant. En attendant, c’est La Hague qui sera la poubelle du nucléaire. Et quand on en parle, peu de gens le savent ou s’en rendent compte. »

Par Solène Lavenu, publié le 12 mars 2023 à 17h30

Photo en titre : Parce que l’accident nucléaire de Fukushima s’est déroulé un 11 mars, soit 12 ans auparavant, une lettre d’une habitante de la province japonaise a été lue pour inciter la population à poursuivre le combat pour ne pas abandonner les réflexions et les leçons données par cette catastrophe. Des bateaux en papier ont été symboliquement mis à l’eau en signe de soutien à la population japonaise. (©Solène LAVENU/La Presse de la Manche)

https://actu.fr/normandie/la-hague_50041/nucleaire-la-hague-le-collectif-anti-piscine-multiplie-les-actions_58025824.html

GREENPEACE AFFIRME QUE LE NUCLÉAIRE FRANÇAIS EST « SOUS EMPRISE » DE LA RUSSIE

Selon l’ONG, Moscou contrôle plus de 40% des importations d’uranium naturel en provenance du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan, où Rosatom, l’entreprise publique russe du nucléaire civil, a le quasi-monopole du transport.

Greenpeace a affirmé samedi que la filière nucléaire française était « sous emprise » de la Russie, qui contrôle selon l’ONG plus de 40% des importations d’uranium naturel en provenance du Kazakhstan et d’Ouzbékistan, et un tiers de celles d’uranium enrichi.

Le poids de Rosatom

En 2022, année de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, « près de la moitié de l’uranium naturel importé en France provenait du Kazakhstan et d’Ouzbékistan« , 43% exactement, a souligné Greenpeace dans un rapport publié deux jours avant le début de l’examen par l’Assemblée nationale d’un projet de loi visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

Or, selon l’ONG, « la quasi-totalité de l’uranium naturel en provenance du Kazakhstan, et une partie considérable de celui venant d’Ouzbékistan, passent entre les mains (du monopole russe du nucléaire civil, NDLR) Rosatom qui contrôle le transport de toutes les matières nucléaires transitant sur le sol russe« , via des convois ferroviaires jusqu’au port de Saint-Pétersbourg, puis des cargos jusqu’en France.

« Ces transports ne peuvent être réalisés que sous condition de l’obtention d’une licence délivrée par Rosatom« , entreprise en outre impliquée dans la production d’uranium au Kazakhstan, note Greenpeace.

Des routes évitant le territoire russe « ne représentent aujourd’hui pas de véritables alternatives« , ajoute le rapport. Le texte de 99 pages s’appuie sur des données publiques (douanes, publications d’entreprises, d’organisations publiques, d’ONG, de groupes de réflexion et de médias).

Une dépendance « immense« 

L’uranium naturel, extrait des mines, doit être enrichi pour être utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires. La France dispose d’une usine dédiée au Tricastin (Drôme), gérée par Orano.

Greenpeace avait déjà qualifié de « scandaleuse«  la poursuite du commerce nucléaire avec la Russie, secteur qui n’est pas visé par des sanctions internationales, contrairement aux hydrocarbures.

L’organisation avait en particulier relevé que la France avait reçu de la Russie « un tiers de l’uranium enrichi nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises pendant un an« , un triplement en 2022 selon elle.

« Toujours en 2022, l’intégralité des exportations françaises d’uranium de retraitement (URT) ont été envoyées en Russie, et l’intégralité des importations d’uranium ré-enrichi (URE) en France provenaient de Russie« , selon la même source.

« Contrairement à ce qu’affirment les défenseurs de l’atome, la dépendance de la filière nucléaire française aux autorités russes est immense, ce qui pourrait expliquer pourquoi la France continue de s’opposer activement aux sanctions contre Rosatom au niveau européen« , a affirmé Greenpeace samedi.

Contactés samedi matin, ni le ministère de la Transition énergétique, ni EDF, ni Orano n’ont réagi dans l’immédiat.

Sur le même sujet

Vendredi, Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, a indiqué que le parti écologiste repartait « à l’offensive sur le sujet« . L’eurodéputé Yannick Jadot a lui appelé à un « débat éclairé » et à « plus de pédagogie« . Lundi, le projet de loi visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs arrive à l’Assemblée.

Par J.F. avec AFP, publié le 11/03/2023 à 11h48

Photo en titre : Les deux tours de refroidissement de la centrale nucléaire du Tricastin, le 26 janvier 2023 à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme) – OLIVIER CHASSIGNOLE © 2019 AFP

Vidéo (46mn24) à voir sur le site ci-dessous

https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/greenpeace-affirme-que-le-nucleaire-francais-est-sous-emprise-de-la-russie_AD-202303110180.html

FACE À L’ADHÉSION CROISSANTE AU NUCLÉAIRE EN FRANCE, LES ÉCOLOGISTES CONTRE-ATTAQUENT

Alors que plusieurs récents sondages montrent une adhésion plus forte des Français à l’énergie nucléaire, et notamment chez les jeunes sympathisants écologistes, le parti Europe Écologie-Les Verts (EELV) lance la contre-offensive et, douze ans après la tragédie de Fukushima, appelle à une Convention citoyenne.

« La faute des écologistes depuis Fukushima, c’est d’avoir cru qu’on avait gagné la bataille. On s’est dit que la rationalité allait l’emporter, mais on a sous-estimé la puissance du lobby nucléaire« , estime l’ancien candidat d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) à l’élection présidentielle, Yannick Jadot, vendredi 10 mars, lors d’une « master class » sur le nucléaire organisée par son parti à Paris.

Alors que le projet de loi visant à accélérer les procédures liées à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires arrive à l’Assemblée nationale, lundi 13 mars, les écologistes entendent réinvestir la bataille culturelle et appellent à l’organisation d’une Convention citoyenne sur le nucléaire.

« On repart au combat, affirme la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier. On va faire cette proposition de Convention citoyenne. Si vous prenez en France 150 personnes tirées au sort, que vous faites en sorte qu’elles puissent travailler sérieusement, en ayant accès à un débat contradictoire et rationnel sur le sujet, je fais le pari qu’en sortant [leur] avis ne serait pas en faveur du nucléaire. »

Si les écologistes se mettent en ordre de bataille, c’est que plusieurs récents sondages ont montré une plus grande adhésion des Français à l’énergie nucléaire. Ils sont ainsi 60 % à avoir une image positive du nucléaire, selon un sondage Odoxa publié le 6 janvier, quand ils n’étaient que 34 % en 2019. Et 71 % des personnes interrogées se disent favorables au projet de loi sur l’accélération des procédures pour la construction de nouveaux réacteurs.

Pire, de nombreux sympathisants EELV semblent désormais avoir tourné le dos à la bataille historique des écologistes : ils sont 51 % à juger que l’énergie nucléaire a de l’avenir, selon un sondage Elabe du 3 novembre 2022. Un an plus tôt, ils n’étaient que 39 % à partager ce sentiment.

« Faire en sorte que les Français aient le débat qu’ils méritent« 

En cause, les conséquences de la guerre en Ukraine qui a mis l’accent sur la dépendance énergétique de l’Europe, et en particulier du voisin allemand, au gaz russe. Les difficultés rencontrées par Berlin, de même que la forte hausse des prix de l’énergie, ont donné du poids à l’argument des pro-nucléaires sur l’indépendance énergétique de la France – même s’il convient de nuancer cet argument, la France ne disposant pas de mines d’uranium.

Le succès en librairie de la bande-dessinée de Jean-Marc Jancovici, « Le monde sans fin » (éd. Dargaud) – livre le plus vendu en France en 2022 avec 514 000 exemplaires écoulés –, et l’omniprésence médiatique de son auteur, expliquent également l’évolution de l’image du nucléaire.

L’ingénieur à la tête du groupe de réflexion Shift Project, créateur du bilan carbone, y fait l’apologie de l’énergie nucléaire, tout en décrédibilisant les énergies renouvelables, qu’il juge trop coûteuses et pas assez rentables en termes de production électrique. Les affirmations de Jean-Marc Jancovici ont depuis été contredites dans de nombreux articles de presse (notamment ici ou ici), mais pour EELV, le mal est fait.

« C’est vrai que cette BD est un problème pour nous, reconnaît en off un membre de la direction du parti. D’un côté elle a permis de faire prendre conscience à un grand nombre de personnes de l’urgence climatique devant laquelle nous nous trouvons, mais en même temps elle a convaincu les lecteurs que le nucléaire était la seule solution en matière d’énergie.« 

Marine Tondelier souhaite donc « rattraper le retard pris dans l’opinion« . Mais avec un projet de loi d’accélération des procédures liées à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires déjà voté au Sénat et qui, en l’état, met fin à la trajectoire d’abaissement de la part du nucléaire à 50 % dans le mix énergétique français, il y a urgence pour les opposants à l’atome.

« Quand votre prototype ne marche pas, on ne dit pas qu’on va en lancer six autres« 

« On est dans le bon timing, veut croire Yannick Jadot. Dans cette loi, par le fait du prince, il y a des objectifs inscrits qui ne relèvent normalement pas de ce texte, mais de la PPE [loi de programmation pluriannuelle de l’énergie] qui arrivera au printemps ou à l’été. Donc il est encore temps. J’espère que nous parviendrons à faire en sorte que les Français aient le débat qu’ils méritent. »

Un débat sur le nucléaire a bien été organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) du 27 octobre eu 27 février. Celui-ci portait précisément sur le programme proposé par EDF de six réacteurs nucléaires de type EPR2, dont les deux premiers seraient situés à Penly, en Normandie. Mais dans un communiqué daté du 8 février, la CNDP, qui pointe le vote au Sénat du projet de loi et la tenue d’un Conseil de politique nucléaire le 3 février à l’Élysée, interroge : « Pourquoi débattre, alors que les décisions sont déjà perçues comme prises, et que la machine est en route ?« 

Les écologistes prennent donc le relais. « On va faire cette proposition de Convention citoyenne sur le nucléaire, et peut-être que si Macron n’y répond pas favorablement, on devra l’organiser nous-mêmes« , déclare Marine Tondelier, qui regrette que l’examen du projet de loi visant à accélérer les procédures de construction de nouveaux réacteurs nucléaires arrive à l’Assemblée nationale au moment où les Français ont l’esprit plutôt tourné vers la réforme des retraites.

Le nucléaire est « une filière de manipulation et de mensonges« , affirme-t-elle. « Si ces mensonges avaient été faits dans un autre secteur, les gens seraient en prison. On mise toute notre politique énergétique et climatique sur un mirage. L’EPR de Flamanville, c’est le meilleur exemple. Quand votre prototype ne marche pas, on ne dit pas qu’on va en lancer six autres. »

Lancé en 2007, le chantier du réacteur pressurisé européen (EPR) de Flamanville, dans la Manche, devait initialement être achevé en 2012, pour un budget total de 3,3 milliards d’euros. Le démarrage du réacteur est aujourd’hui prévu pour mi-2024. Son coût a été réévalué par EDF à 13,2 milliards d’euros.

Par Romain BRUNET, publié le 11 mars à 17hh27

Photo en titre : Un opposant au nucléaire tenant une pancarte « L’EPR c’est l’enfer », le 1er octobre 2016, lors d’une manifestation contre la construction de l’EPR à Flamanville, dans la Manche. © Charly Triballeau, AFP

https://www.france24.com/fr/france/20230311-face-%C3%A0-l-adh%C3%A9sion-croissante-au-nucl%C3%A9aire-en-france-les-%C3%A9cologistes-contre-attaquent

RÉPONSES aux TROMPERIES de Jean-Marc JANCOVICI sur LE NUCLÉAIRE dans la BD « LE MONDE SANS FIN »

Avertissement de l’observatoire du nucléaire – Je n’ai pas acheté la BD de M. Jancovici dont je connais trop bien le discours (habile) de propagande. Mais un ami m’a envoyé les principales affirmations pro-nucléaires contenues dans la BD en me demandant d’y répondre. Voici ce que cela donne…

Page 130 :

À 3 % d’uranium 235 dans les réacteurs nucléaires français, ça ne risque pas d’exploser. En effet, il faut plus de 99 % d’enrichissement pour faire une bombe.

Réponse : une catastrophe nucléaire n’est effectivement pas une explosion atomique comme celles des bombes d’Hiroshima et Nagasaki par exemple. Mais… le résultat est comparable. Les catastrophes « civiles » de Tchernobyl et Fukushima ont disséminé des particules radioactives sur des milliers de kilomètres, irradiant et contaminant des millions de personnes (voir plus bas). M. Jancovici veut-il signifier à toutes ces victimes que leur cas n’est grave car ce n’est pas une « vraie » explosion atomique ?

Page 131 :  

Contrairement, par exemple, aux centrales solaires, la concentration de l’énergie nucléaire économise de l’espace (au sol) et consomme moins de métal, de ciment, etc.

Réponse : Notons déjà que, si les centrales nucléaires occupent effectivement peu d’espace, l’industrie nucléaire française dans son ensemble sévit sur d’immenses distances et mêmes sur plusieurs continents : les mines d’uranium alimentant les centrales françaises sont situées au Niger, au Kazakhstan, au Canada, en Australie, etc. D’autre part, de nombreuses matières nucléaires sont envoyées par EDF en Russie (y compris pendant la guerre en Ukraine !) et une partie revient ensuite chez nous après diverses opérations. Par ailleurs, la France est quotidiennement parcourue par des convois de matières nucléaires transportées – en engendrant d’ailleurs de réels risques pour la population – par camions et par trains reliant les usines atomiques, les centrales, les sites de stockages, etc.

Ceci dit, la production d’électricité par le nucléaire est en effet centralisée à l’extrême… ce qui pose divers problèmes plus ou moins graves. Par exemple :

– pendant des décennies, les quelques communes françaises où ont été construites les centrales nucléaires ont bénéficié de taxes professionnelles indécentes pendant que les 36 000 autres communes se serraient la ceinture. On notera d’ailleurs que, suite à la fermeture de la centrale de Fessenheim, le maire de cette commune ne cesse de geindre et de réclamer des compensations… au lieu de se réjouir de ce que sa commune ait été immensément privilégiée pendant près de 50 ans !

– Une fois l’électricité produite, il faut la transporter sur des centaines de kilomètres par des lignes à Très haute tension (THT). Alors qu’on entend continuellement parler des éoliennes, la centralisation nucléaire impose la présence en France de plus de 250 000 pylônes, qui plus est reliés entre eux par des lignes électriques qui balafrent et défigurent le pays bien plus que les éoliennes.

Page 132 :

Le nucléaire émet très peu de CO2 au Kwh produit (6g de Co2/Kwh).

Réponse : Certes mais :

– les énergies renouvelables en émettent encore moins, en particulier l’hydroélectricité. Cette dernière a aussi ses aspects négatifs, mais elle produit sur Terre 50% de plus d’électricité que le nucléaire… sans générer le moindre déchet radioactif.

– La question du climat est grave, mais ce n’est pas la seule et elle ne doit pas faire oublier les autres graves problèmes : le nucléaire est responsable de 100% des déchets… nucléaires !

Page 132 :

La durée de vie d’une centrale est de 60 ans.

Réponse : Oui… hélas ! Pendant ce temps, les énergies renouvelables ne cessent de progresser et leur coût de s’effondrer. Prenons l’exemple du réacteur EPR de Flamanville (Manche) : si EDF parvient un jour à le terminer – au moment où nous écrivons, le chantier dure depuis près de 15 ans alors qu’il devait être terminé en 4 ans ! – et à l’exploiter correctement, il produira pendant 60 ans une électricité terriblement coûteuse. Il faudra alors le fermer (malgré le coût insensé de sa construction) ou subir pendant des décennies sa production ruineuse : dans les eux cas, un désastre financier (en espérant qu’il ne se double pas d’une catastrophe nucléaire…)

Il est par ailleurs question de prolonger la durée de vie de certains réacteurs jusqu’à 80 voire même 100 ans. La propagande prétend que, grâce aux aménagements réalisés, ils sont « plus sûrs qu’à l’origine« . C’est déjà ce qui était affirmé avec les réacteurs de type Fukushima…

Page 135 :

En-dessous de 200 mSv/an (de contamination), il n’y a pas d’effet observable sur la santé, même à très long terme.

Réponse : Il n’y a pas d’effets… observés ! En effet, on ne trouve que ce que l’on cherche, ou ce que l’on pourrait mettre en exergue par des enquêtes épidémiologiques. Or, lorsqu’un ancien intérimaire du nucléaire meurt de cancer, avant même de pouvoir profiter de sa retraite, sa maladie n’est jamais rattachée aux irradiations et contaminations subies dans les centrales françaises. Son cancer est attribué à la génétique, ou à la pollution, ou à la malchance, mais jamais au nucléaire…

Page 136 :

Près d’une centrale nucléaire, la radioactivité augmente de 0,02 mSv.

Réponse :… et immensément plus en cas d’incident, d’accident et, pire, en cas de catastrophes comme celles de Tchernobyl et Fukushima. Ces dernières ont entrainé le déplacement massif de centaines de milliers d’habitants dont beaucoup seraient effectivement décédés en restant sur place. Si une centrale nucléaire cause une catastrophe, que vous avez la chance de survivre mais que vous êtes évacué, interdit de revenir chez vous pendant des décennies (avec diverses autres conséquences comme par exemple la perte de votre emploi), M. Jancovici viendra vous dire, comme il l’a fait à de nombreuses reprises, que ce n’est pas bien grave et que l’on peut tout à fait s’accommoder d’une « petite » catastrophe nucléaire de temps en temps…

Page 136 :

Les réacteurs français sont à « sécurité passive » car ils sont à eau pressurisée. Si l’eau fuit, la réaction s’arrête. C’est ce qui manquait à Tchernobyl.

Réponse : C’est ce qui était aussi prétendu pour les centrales comme celles de Fukushima (comparables aux centrales françaises)…

Page 137 :

Contrairement aux réacteurs de Tchernobyl, les réacteurs d’EDF n’ont pas de vocation militaire.

Réponse : On peut TOUJOURS récupérer à des fins militaires le plutonium produit par une centrale « civile« . Par ailleurs, une centrale « civile » est un excellent objectif militaire… pour les ennemis !!! (cf guerre en Ukraine)

Page 137 :

Deux raisons empêchent que Tchernobyl arrive en France :

– Il n’y a pas de graphite dans le cœur de nos réacteurs.

– Nos centrales disposent d’un « recombineur d’hydrogène ». Si l’hydrogène apparaît dans l’enceinte, il est recombiné avec l’oxygène… pour faire de l’eau.

Réponse : Attention, une fois de plus M. Jancovici prend les gens pour des imbéciles en jouant sur les mots : il est en effet exact que la catastrophe nucléaire française ressemblera bien plus à celle de Fukushima qu’à celle de Tchernobyl… La belle affaire !

Par ailleurs, malgré toutes les parades prévues (comme les dits recombineurs), ce sont toujours des scenarios imprévus qui entrainent les désastres. Les accidents nucléaires sont toujours « impossibles« … jusqu’à ce qu’ils surviennent !

Page 138 :

L’UNSCEAR est au-dessus de tout soupçon.

(Unscear : Comité des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants)

Réponse : On épinglera, avec M. Jancovici, Mme Shalmani qui est invitée à raconter n’importe quoi plusieurs fois par semaine sur l’antenne de LCI. Il y a quelques semaines, elle a prétendu que la catastrophe de Fukushima n’avait fait « aucune victime« , s’appuyant pour faire cette affirmation mensongère sur les déclarations de l’Unscear, en répétant à plusieurs reprises qu’il s’agissait d’un organisme « indépendant« .

Or, par exemple, le représentant français à l’Unscear est un membre du Commissariat à l’énergie atomique. Et les représentants des autres pays ont bien entendu exactement le même profil. M Jancovici et Mme Shalmani pensent peut-être que ce comité est constitué de boulangers, charpentiers, chanteurs, etc. Non, l’Unscear est exclusivement composé de « gens du nucléaire« , et ils font ce pourquoi ils sont (grassement) rémunérés : promouvoir le nucléaire, si nécessaire par le mensonge. Au final, M Jancovici a « raison » : personne ne peut soupçonner l’Unscear… de ne pas faire de la propagande pour le nucléaire !

Page 139 :

Tchernobyl n’a entraîné qu’une trentaine de morts à bref délai. 6000 enfants ont eu un cancer de la thyroïde, mais ça se soigne bien.

Réponse : Le déni et le révisionnisme sont des méthodes habituelles des promoteurs du nucléaire et M. Jancovici en est une parfaite et écœurante illustration en prétendant que le désastre de Tchernobyl n’a causé que 30 morts. On lira avec intérêt cet article non partisan sur le site web de Libération :

https://www.liberation.fr/checknews/2019/06/22/l-accident-nucleaire-de-tchernobyl-n-a-t-il-fait-que-130-morts_1731784/

En voici la conclusion : « Si l’on enlève les évaluations les plus hautes et basses, on se retrouve avec une fourchette, ou plutôt un râteau, allant de 4 000 à 200 000 morts. L’ONU en 2006 retenait une fourchette de 4 000 à 93 000. »

Page 140 :

Le stress dû à Tchernobyl a fait plus de dégâts que Tchernobyl lui-même.

Réponse : M. Jancovici persiste dans le déni et le négationnisme, toutefois il est exact que le « stress » (terreur, évacuations, etc) causé par une catastrophe nucléaire en augmente lourdement les conséquences. Une fois de plus, le raisonnement de M. Jancovici est extrêmement pernicieux : il tente de faire croire que le nucléaire ne serait pas concerné par ces conséquences « supplémentaires« . Or, par exemple, des gens sont morts par accidents lors des évacuations : ce sont bel et bien des victimes de la catastrophe nucléaire, n’en déplaise à M. Jancovici.

Page 140 :

La zone d’exclusion de Tchernobyl est devenue une réserve naturelle. Le gain pour la biodiversité est sans appel.

Réponse : C’est exact mais, bien que prétendant s’inquiéter pour la biodiversité, M Jancovici ne va quand même pas jusqu’à irradier sa maison, son jardin, et ceux de ses enfants et petits-enfants… En effet, la zone d’exclusion de Tchernobyl est une réserve naturelle… gravement irradiée. La faune et la flore y pullulent certes, mais il est très dangereux de s’y promener et d’y vivre : on y trouve d’innombrables animaux mal formés…

Page 141 :

Le nuage radioactif de Tchernobyl s’est rapidement dilué en s’éloignant de l’accident.

Réponse : Effectivement, le nuage radioactif de Tchernobyl s’est « dilué« … dans toute l’Europe ! Sauf bien sûr en France où les amis de M. Jancovici ont estimé que la radioactivité s’était « arrêtée à la frontière« …

Page 141 :

Selon le rapport de l’UNSCEAR, la catastrophe de Fukushima n’a entraîné aucune conséquence sanitaire (pas de cancers, pas de malformations à la naissance).

Réponse : Toujours ce même organisme constitué de « gens du nucléaire » (comme le représentant français, issu du Commissariat à l’énergie atomique) dont la mission est de promouvoir le nucléaire…

De vraies informations dans cet article :

https://reporterre.net/Fukushima-le-bilan-humain-est-plus-lourd-qu-annonce

Page 144 :

En réduisant le nucléaire, les allemands reviennent au charbon. En aggravant le réchauffement climatique, ils vont provoquer plus de morts qu’un accident nucléaire.

Réponse : Une fois de plus, Jancovici ment : les Allemands ne sont jamais « revenus » au charbon : au contraire, ils en réduisent continuellement l’utilisation. Ainsi, la part du charbon (houille + lignite) dans la production allemande d’électricité est passée de 44% en 2013 à 24% en 2020. Noter que, pendant que les prétendues « élites » française déblatèrent, les Allemands réduisent continuellement le recours au charbon ET au nucléaire.

Noter aussi que, pendant que les promoteurs du nucléaire dénoncent la « sale » électricité au charbon des Allemands… la France importe massivement cette électricité pour éviter le black-out. On n’a pas entendu dire que M Jancovici refusait que l’électricité massivement importée d’Allemagne alimente son habitation et celles de ses proches…

Page 145 :

Le nucléaire rend moins dépendant de l’étranger que les énergies fossiles.

Réponse : Notons déjà que le fait d’avoir développé le nucléaire de façon insensée n’empêche pas qu’environ 70% de la consommation française d’énergie sont couverts par les énergies carbonées (principalement pétrole et gaz, un peu de charbon… et pas mal d’importations !) De fait, en France, nous avons les problèmes liés aux énergies fossiles ET les problèmes du nucléaire.

Par ailleurs, loin du mythe de la France nucléaire triomphante, imposé dans l’opinion publique depuis des décennies, le nucléaire français est très dépendant de l’étranger. D’abord, 100% du combustible nucléaire, l’uranium, est importé.

Par ailleurs, la France a besoin de la Russie pour l’enrichissement du combustible, ce qui fait que M. Macron s’est opposé à ce que les sanctions européennes liées à la guerre en Ukraine concerne le nucléaire : aujourd’hui encore (début 2023), la France nucléaire fait du business atomique avec la Russie.

Par ailleurs, du fait des graves défauts détectés sur les réacteurs français (corrosion sous contrainte), EDF a été obligée de recruter à grand frais des soudeurs américains pour mener à bien des réparations que le nucléaire français est incapable de faire lui-même…

Page 146 :

Le nucléaire produit peu de déchets radioactifs. Ils tiennent dans une piscine olympique.

Réponse : Si on met les déchets radioactifs dans une piscine olympique, c’est la fin du monde : le phénomène de criticité (déclenchement spontané et emballement de la réaction nucléaire lorsque des matières radioactives sont trop rapprochées) entrainerait la pire des catastrophes. En manque d’imagination, M. Jancovici se contente de reprendre les arguments pronucléaires les plus éculés (le coup de la piscine olympique date des années 70 !)

Par ailleurs le site de Bure, où l’industrie nucléaire veut enfouir de nombreux déchets nucléaires, comprend des galeries souterraines sur des dizaines de kilomètres : la natation olympique a sacrément augmenté ses distances de course…

Page 147 / 148 :

L’enfouissement des déchets est sûr. À 400 m de fond, ils sont sous les nappes phréatiques (qui sont à 20 m de profondeur).

Réponse : Diverses tentatives d’enfouissements « sûrs » finissent en catastrophe comme sur les sites nucléaires du Wipp (Nouveau-Mexique) et d’Asse (Allemagne), ou le site chimique de Stocamine (Alsace)…

Page 148 :

Il reste assez d’uranium (sur Terre) pour faire fonctionner le parc annuel de centrales quelques centaines d’années.

Réponse : Le nucléaire ne couvrant que 1,8% de la consommation mondiale d’énergie, il peut en effet imposer ses risques pendant très longtemps… en ayant une contribution infime à la lutte contre les émissions de co2. Si, d’un coup de baguette magique, le nucléaire couvrait subitement la moitié de l’énergie consommée dans le monde, il ne resterait alors de l’uranium que pour quelques semaines…

Une bonne fois pour toute, outre sa dangerosité, il faut comprendre que le nucléaire est dans l’incapacité absolue de réduire de façon effective les émissions de gaz à effet de serre…

Page 149 :

Le surgénérateur est une technique maîtrisée (…) Il multiplie par 100 l’énergie extractible de l’uranium. On a donc assez d’uranium pour des milliers d’années.

Réponse : Le problème pour les adorateurs de l’atome, c’est que tous les surgénérateurs ont échoué depuis des décennies dans divers pays : Monju (Japon), Kalkar (Allemagne), Superphénix (France), etc. Les USA ont eux aussi abandonné cette piste, tandis que les Russes parviennent tant bien que mal à faire hoqueter leur BN 800, qui ne réalise aucun des prodiges attendus (produire plus de matière fissile que consommée, etc)

Note sur le thorium : on entend souvent dire que la « solution » pour le nucléaire est d’utiliser comme combustible non plus l’uranium mais le thorium. Or, le thorium n’est pas fissile (il ne crée pas la réaction nucléaire), il est seulement fertile. Cela signifie que la filière nucléaire « au thorium » est en réalité celle des surgénérateurs de type Superphénix, Monju, Kalkar, etc. Le nucléaire n’a donc pas plus d’avenir avec le thorium qu’avec l’uranium…

Page 149 :

Les gens craignent plus les déchets nucléaires qui n’ont jamais tué que, par exemple, les accidents de voiture.

Réponse : Curieusement, bien qu’il n’y ait « aucun danger« , M Jancovici n’a jamais proposé que des déchets nucléaires soient stockés chez lui, chez ses enfants, ses petits-enfants, etc

Page 150 :

Le charbon tue chaque année dans le monde l’équivalent de la ville de Grenoble.

Réponse : Donc il faudrait remplacer les morts du charbon… par les morts du nucléaire ! Limpide…

Page 151 :

Les écologistes persistent à critiquer le nucléaire car il leur est difficile d’admettre qu’ils se sont trompés.

Réponse : La part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité s’est effondrée de 17,1% en 2001 à 9,8% en 2021, chute libre qui continue et va continuer (des centaines de réacteurs arrivés en fin de vie vont fermer dans les 20 ans qui viennent) malgré les mensonges de M. Jancovici et de ses amis pronucléaires. Ce sont eux qui se sont trompés, se trompent… et trompent les lecteurs de leur BD…

Page 160 :

Le nucléaire a moins d’inconvénient que les énergies renouvelables.

Réponse : C’est en quelque sorte exact : extrêmement centralisée, la production nucléaire est très pratique… pour le pouvoir (politique et industriel) qui peut la contrôler et maintenir les citoyens dans l’ignorance de ce qui se passe. Le pouvoir voit de fait beaucoup d’inconvénients aux énergies renouvelables qui peuvent être réparties un peu partout sur le territoire, décentralisées, déployées par les collectivités territoriales en concertation avec les habitants…

Page 161 :

Le nucléaire est le parachute indispensable pour freiner la chute que nous imposera la décroissance obligée

Réponse : Le nucléaire montre l’exemple de la décroissance : comme déjà expliqué ci-dessus, la part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité s’est effondrée de 17,1% en 2001 à 9,8% en 2021, chute libre en cours…

Message reçu de Stéphane Lhomme, Directeur de l’Observatoire du nucléaire, publié le 11 mars 2023

http://www.observatoire-du-nucleaire.org/

MALGRÉ LA GUERRE EN UKRAINE, LE NUCLÉAIRE FRANÇAIS ENCORE DÉPENDANT DE LA RUSSIE, DÉNONCE GREENPEACE DANS UN RAPPORT

L’ONG trouve « scandaleux » que la France continue à acheter de l’uranium enrichi à la Russie, notamment via la société russe Rosatom.

Le nucléaire français demeure dépendant de la Russie, et même de plus en plus malgré la guerre en Ukraine. C’est ce que conclut un rapport publié samedi 11 mars par l’ONG Greenpeace et que franceinfo a pu consulter. Ce rapport révèle que l’an dernier, la France n’a pas seulement continué à importer de l’uranium enrichi russe elle a presque triplé ses importations : 312 tonnes, soit un tiers de la quantité nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises pendant un an. La filière nucléaire russe échappe donc totalement aux sanctions, dénonce Greenpeace dans ce rapport, deux jours avant l’examen, lundi 13 mars, du projet de loi d’accélération du nucléaire à l’Assemblée nationale. Ce texte vise à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

Lire aussi : Déjà en novembre dernier, Greenpeace dénonçait la poursuite « scandaleuse » du commerce d’uranium entre la France et la Russie

Tout au long de l’année 2022, les cargos russes remplis d’uranium ont continué à livrer la France, commente Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire à Greenpeace. Elle décrit « un ballet incessant des cargos russes qui transportent de l’uranium entre Saint-Pétersbourg et Dunkerque ». On y trouve de l’uranium enrichi russe, mais aussi de l’uranium naturel, confirme Pauline Boyer, « une énorme partie de l’uranium naturel que nous achetons au Kazakhstan et à l’Ouzbékistan, et qui représente quasiment la moitié de l’uranium naturel importé en France ces dernières années. »

Que cet uranium vienne de Russie, d’Ouzbékistan ou du Kazakhstan, il transite par Rosatom, l’entreprise publique du nucléaire russe. Ce géant du secteur qui non seulement vend, distribue à la France, mais reprend également son uranium utilisé pour le retraiter. « Nous, à Greenpeace, on trouve scandaleux que la France continue à collaborer avec Rosatom. La dépendance créée par Rosatom est du même ordre que celle créée par les entreprises gazières et pétrolières. Elle devrait être traitée de la même façon », tempête l’ONG.

La réponse d’EDF

De son côté, EDF dit « maximiser la diversification de ses sources géographiques et de ses fournisseurs » en combustible nucléaire : « Nous ne sommes dépendants d’aucun site, d’aucune société et d’aucun pays » et assure n’avoir « acheté aucun uranium naturel extrait de mines russes, ni de services de conversion de l’uranium naturel en Russie en 2022 ».

Par Paul Sertillangesfranceinfo, Radio France, publié le 11/03/2023 à 17h04

Photo en titre : Salle des commandes de la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes), 23 mai 2019. (ALEXANDRE BLANC / RADIO FRANCE)

https://www.francetvinfo.fr/societe/nucleaire/malgre-la-guerre-en-ukraine-le-nucleaire-francais-encore-dependant-de-la-russie-denonce-greenpeace-dans-un-rapport_5705732.html

UNE FISSURE DE 165 MM DÉCOUVERTE SUR UN RÉACTEUR NUCLÉAIRE À CATTENOM

Ce jeudi 9 mars 2023, suite à des contrôles, l’Autorité de sureté nucléaire a déclaré dans une note la découverte d’une fissure sur le réacteur 3 de la centrale de Cattenom en Moselle.

C’est un défaut « non négligeable », selon EDF. Une fissure sur le réacteur 3 de la centrale nucléaire de Cattenom en Moselle. La cause serait « une fatigue thermique sur une soudure d’une tuyauterie de secours », annonce L’AFP selon une note de l’Autorité de sûreté nucléaire.

La fissure découverte serait longue de 165mm avec une profondeur de 4mm.

« La fissure qui a été détectée est très longue et très profonde, c’est  quelque chose de très inquiétant », nous explique au téléphone Roger Spautz, spécialité du nucléaire à Greenpeace Luxembourg. « Il est important de savoir maintenant en combien de temps cette fissure est apparue, et pourquoi on découvre ce problème seulement maintenant en démontant les tuyaux », alerte le membre de l’organisation environnementale.

Devant l’équipe de France 3 Lorraine, la direction a confirmé que la fissure avait été découverte en laboratoire après le démontage des pièces du réacteur 3 de la centrale de Cattenom.

« Pour nous il n’y aura pas de conséquences car les tuyaux du réacteur en question ont été changés, ils sont donc neufs. Le réacteur 3 repartira comme prévu à la fin du mois de mars. Les tuyaux des réacteurs 1,2,4 seront changés. EDF s’était engagé à le faire en 2023 pour ce type de centrale de 1300 mégawatt », précise la direction de la centrale.

Les tuyaux ont été analysés pour chercher des dommages causés par un phénomène dit de « corrosion sous contrainte« , c’est-à-dire dans les coudes des courbes de la tuyauterie. Il s’est avérer que le problème soit tout autre. Changer tous les tuyaux pourrait ne pas suffire comme solution selon Greenpeace Luxembourg.  

« Avec le remplacement, on peut éviter des fissures dues à la fatigue thermique mais ça n’empêche pas le phénomène de fissures sous contrainte. Et ce phénomène se produit dans les coudes des tuyauteries, là où il y a une différence de température très grande. Pour moi la seule solution est de changer la géométrie des lignes, moins de coudes plus de parties verticales. Mais ce sont des travaux très très coûteux et très longs », réagit Roger Spautz, spécialité du nucléaire à Greenpeace Luxembourg.

D’autres centrales en France sont concernées par ce type de problèmes de fissures, mais elles sont de plus petites tailles. Une nouvelle stratégie de contrôle doit être remise à l’Autorité de sûreté nucléaire par la société EDF. Pas moins de 200 soudures doivent être vérifiées sur l’ensemble du parc nucléaire français.

Par Stiliana Peev, publié le 10/03/2023 à 08h27

Photo en titre : Le réacteur 3 de la centrale nucléaire de Cattenom est en travaux de maintenance en ce 10 mars 2023. • © Elise Coussemacq pour France 3 Lorraine

https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/lorraine/une-fissure-de-165-mm-decouverte-sur-un-reacteur-nucleaire-a-cattenom-2729558.html

LUTTE ANTINUCLÉAIRE À BURE : UNE PERSONNE MISE EN EXAMEN

Nouvelle répression contre les militants antinucléaires. Malgré le fiasco de la précédente procédure contre des activistes anti-Cigéo — du nom de la poubelle nucléaire en projet à Bure, dans la Meuse — les autorités persévèrent.

Selon le site antinucléaire Bure Bure Bure, une personne ayant participé au festival des Rayonnantes, un camp féministe organisé en 2021, a été perquisitionnée, placée en garde à vue et mise en examen. Un contrôle judiciaire — avec interdiction de se rendre en Meuse et de sortir du territoire — a aussi été mis en place, et un ordinateur a été saisi.

Cette nouvelle enquête judiciaire concernerait notamment la manifestation du 21 août 2021 qui a eu lieu en parallèle du camp festif, au cours de laquelle des dégradations ont été commises.

« Encore une fois l’instruction sert à voler du matériel, [à] profiter d’avoir plus de moyens pour mettre sous surveillance des lieux liés à la lutte contre le projet Cigéo, ont précisé les militants antinucléaires sur leur site. Imposer des contrôles judiciaires qui limitent les déplacements constitue une peine immédiate et à la durée non délimitée. »

Ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, que l’État poursuit avec zèle des activistes antinucléaires. Sept opposants ont ainsi été mis sur écoute, suivis, isolés pendant plusieurs années, pour au final… être relaxés du principal chef d’accusation.

« Encore une fois, c’est toute la lutte contre Cigéo qui est visée, ont souligné les militants, et au-delà toutes les luttes contre les projets destructeurs des mégabassines aux forêts rasées, en passant par la relance du nucléaire, la réforme des retraites, les lois antisquat, l’énième loi contre l’immigration, la chasse aux pauvres partout dans les banlieues et sur les ronds-points… »

Par Reporterre, publié le 10 mars 2023 à 16h22

Photo en titre : La personne mise en examen aurait participé au festival des Rayonnantes, un camp féministe organisé en 2021. Ici, la maison de la résistance à Bure. – © Amélie Quentel/Reporterre

https://reporterre.net/Lutte-antinucleaire-a-Bure-une-personne-mise-en-examen?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

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SOBRIÉTÉ : L’UE S’ACCORDE POUR RÉDUIRE SA CONSOMMATION D’ÉNERGIE D’ICI 2030

ÉnergieLes États membres de l’UE et les eurodéputés ont trouvé un accord vendredi pour réduire d’au moins 11,7 % la consommation d’énergie finale européenne d’ici 2030.

« C’est une grande victoire, un accord bon pour le climat et mauvais pour Poutine ». C’est en ces termes, sur Twitter, que l’eurodéputé socialiste Niels Fuglsang, rapporteur du texte, salue l’accord trouvé ce vendredi, entre les États membres par les Eurodéputés pour réduire la consommation d’énergie européenne d’ici 2030.

Ce texte sur l' »efficacité énergétique » avait été proposé par la Commission européenne en juillet 2021 dans le cadre du plan climat visant à réduire de 55 % d’ici 2030, par rapport à 1990, les émissions de gaz à effet de serre de l’UE.

Au moins 11,7 % de baisse d’ici 2030

L’accord passé vendredi entre les négociateurs des États et du Parlement européen prévoit de réduire d’au moins 11,7 % la consommation d’énergie finale de l’UE en 2030, par rapport au niveau que prévoyait pour la fin de la décennie un scénario de référence établi en 2020.

Bruxelles ne fixe que des cibles « indicatives » pour chaque pays, mais « un mécanisme rigoureux de suivi et d’application sera établi pour s’assurer que les États membres respectent leurs contributions nationales à cet objectif européen contraignant », précise un communiqué du Parlement.

L’exigence a été relevée par rapport à la proposition de la Commission (9 %), mais reste très en deçà de la baisse de 14,5 % réclamée par les eurodéputés pour tenir compte du choc énergétique provoqué par la guerre en Ukraine et réduire la dépendance aux hydrocarbures importés.

« Pour la première fois, nous avons un objectif contraignant »

« Pour la première fois, nous avons un objectif contraignant de consommation d’énergie » salue tout de même l’eurodéputé socialiste Niels Fuglsang, rapporteur du texte. En moyenne, entre 2024 et 2030, les Vingt-Sept seront tenus de réduire d’environ 1,5 % par an leur consommation finale d’énergie par rapport à la trajectoire anticipée dans le scénario de 2020.

Leurs efforts devront progressivement s’accélérer, pour atteindre des économies annuelles d’énergie de 1,9 % fin 2030.

Bâtiments, industrie, transports… les entreprises énergivores (consommant plus de 85 térajoules/an) devront s’équiper d’un « système de gestion de l’énergie » ou accepter un audit régulier.

Les centres de données informatiques –très gourmands en électricité– seront soumis à des critères de performance énergétique. Leur chaleur pourrait être utilisée pour chauffer d’autres bâtiments.

Rénovations de bâtiments et efforts du secteur public

Surtout, le secteur public devra montrer l’exemple : dans chaque pays, la consommation d’énergie de tous les organismes publics devra baisser de 1,9 % chaque année avec une longue transition pour les plus petites collectivités.

Les États seront aussi tenus de rénover chaque année au moins 3 % de la surface totale des bâtiments publics, au niveau national mais également régional et local, pour éliminer les déperditions d’énergie et émissions carbone.

Contrairement à ce que réclamaient les eurodéputés, les logements sociaux pourront être soustraits à cet objectif. Le texte prévoit aussi d’améliorer les systèmes de chauffage et refroidissement dans les villes de plus de 45.000 habitants. Il interdit après 2030 les subventions pour l’alimentation au gaz des nouvelles infrastructures ou rénovations majeures liées au chauffage urbain.

Un accord décevant pour les ONG ?

L’accord est jugé « décevant » par la coordination d’ONG environnementales Climate action network (CAN), qui réclamait un objectif de réduction de 20 % d’ici 2030, « nécessaire pour respecter les obligations de l’Accord de Paris » sur le climat, et des cibles contraignantes assignées à chaque État.

« Les responsables politiques n’ont pas réussi à adopter une position significative pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles », a-t-elle souligné, espérant des feuilles de routes nationales « plus ambitieuses ».

Par 20 Minutes avec AFP, publié le 10/03/23 à 13h51, mis à jour le 10/03/23 à 15h45

Photo en titre : L’accord passé ce vendredi entre les négociateurs des États et du Parlement européen prévoit de réduire d’au moins 11,7% la consommation d’énergie finale de l’UE en 2030. — iStock / City Presse

https://www.20minutes.fr/monde/4027318-20230310-sobriete-ue-accorde-reduire-consommation-energie-2030

[PROJET DE LOI NUCLÉAIRE] LE GOUVERNEMENT PERSISTE ET SIGNE DANS SES MENSONGES

Après le Sénat, c’est à l’Assemblée nationale d’étudier dès lundi le projet de loi d’accélération du nucléaire. Greenpeace France déplore un passage à marche forcée du projet de loi et dénonce un texte qui repose sur deux postulats mensongers :

. la capacité – fantasmée – du nucléaire à répondre à la crise climatique, et

. la fausse promesse de la souveraineté énergétique que nous assurerait la relance du nucléaire.

En passant de 15 à 20 ans la durée d’application pour les dossiers d’autorisation de construction de centrales, le gouvernement reconnaît que ces réacteurs, s’ils sont construits un jour, ne seront pas en état de marche avant deux décennies. Présenter cette relance comme une solution contre à la crise climatique est un non-sens et va à rebours du consensus scientifique, qui enjoint à réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

L’autre argument du gouvernement  pour justifier la relance nucléaire est la souveraineté énergétique du pays, alors même que les centrales nucléaires françaises dépendent très fortement de pays étrangers, et en particulier de la Russie.

“La relance du nucléaire maintiendrait la France en état de dépendance énergétique envers différents pays, dont la Russie. En pleine guerre en Ukraine, l’industrie nucléaire française continue son commerce d’uranium avec Rosatom dans des quantités loin d’être anecdotiques. En 2022, près d’un tiers de l’uranium enrichi nécessaire au fonctionnement de nos centrales nucléaires pour une année a été importé de Russie. Aujourd’hui, l’urgence est de couper le cordon qui nous lie au régime de Vladimir Poutine et de miser sur les énergies renouvelables, la sobriété et l’efficacité énergétique”, dénonce Pauline Boyer, chargée de campagne Nucléaire à Greenpeace France.

Enfin, le gouvernement foule du pied ses engagements de respecter le débat sur la programmation énergétique à venir en tenant un double discours sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) :

“Le gouvernement feint de vouloir réserver ces discussions pour le projet de loi de programmation énergie-climat, mais dans le même temps il la sabote en sous-main. La suppression de l’objectif de réduction nucléaire de 50 %, du seuil maximal de puissance issue du nucléaire ou encore l’ajout par le gouvernement d’un objectif de décarbonation, constituent un cavalier législatif et un détournement de procédure. Il outrepasse ainsi ses droits et piétine le rôle du CESE, qui aurait dû être consulté”, déclare Laura Monnier, responsable juridique à Greenpeace France.

Dans le même esprit, le gouvernement profite de cette loi pour ajouter un autre cavalier législatif en faisant intégrer de force l’IRSN au sein de l’ASN, sans aucune réflexion sur les conséquences de cette réorganisation sur la sûreté nucléaire.

Par Greenpeace, publié le 10 mars 2023

https://www.greenpeace.fr/espace-presse/projet-de-loi-nucleaire-le-gouvernement-persiste-et-signe-dans-ses-mensonges/

EDF ET LE DIRECTEUR DE LA CENTRALE DE CRUAS-MEYSSE DEVANT LE TRIBUNAL JUDICIAIRE DE PRIVAS LE JEUDI 9 MARS À 9H

Communiqué commun du Réseau « Sortir du nucléaire« , de FRAPNA Ardèche et d’ADN 26-07

En mai 2018, une concentration en tritium près de 20 fois supérieure à la normale a été détectée dans les eaux souterraines de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse. Cette pollution ne faisait que s’ajouter à une multitude de dysfonctionnements sur le site, qui mettaient en danger les travailleur.euse.s, les riverain.e.s et l’environnement.

Quelques mois plus tard, en août 2018, la centrale est de nouveau touchée par une pollution, cette fois aux hydrocarbures, une pollution « significative au regard des volumes mis en jeu » selon l’expression de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Le Réseau « Sortir du nucléaire » a déposé deux plaintes distinctes en juillet et septembre 2018 pour signaler ces évènements au Parquet avant de saisir directement le tribunal judiciaire de Privas pour faire la lumière sur cette affaire.

Des pollutions reconnues par les services de gendarmerie

Le site de Cruas-Meysse abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département de l’Ardèche, sur le territoire des communes de Cruas et de Meysse. Cette centrale nucléaire est constituée de 4 réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 900 MW chacun.

En mai 2018, des prélèvements réalisés par EDF dans le point de captage d’eau potable du site et deux points de prélèvement situés hors de son périmètre ont révélé une concentration anormale en tritium. Cette substance radioactive, qui peut provoquer des dommages à l’ADN, présentait une concentration près de 20 fois supérieure au taux habituel (190 Bq/l contre 10 Bq/l.

Pire encore, une pollution chimique s’ajoutait quelques mois plus tard. Des traces d’hydrocarbures ont été détectées dans les eaux souterraines de la centrale. La réaction d’EDF témoigne d’un inquiétant laisser-aller. Le pompage mis en place le 6 août 2018 pour limiter la propagation de la pollution a pris fin le lendemain. De plus, trois jours après sa détection, EDF était toujours incapable d’identifier l’origine de la pollution, mais continuait néanmoins à exploiter un bâtiment d’huilerie qu’elle considérait comme un point de départ potentiel.

La direction de la centrale reconnaissait que ces faits pouvaient avoir de dangereuses conséquences sanitaires puisqu’elle édictait alors une interdiction de consommation d’eau potable sur le site de la centrale qui a duré plusieurs mois.

La gendarmerie nationale de Privas a conclu, en ce qui concerne le rejet de tritium, que « cette infraction qui est une contravention de 5e classe, est constituée » et que, concernant le rejet des hydrocarbures, « cette infraction, qui est un délit, est constituée ».

La culpabilité d’EDF et de l’exploitant pourrait enfin être établie en justice

Malgré la culpabilité d’EDF reconnue par les services de police, le Procureur a décidé de classer nos dossiers sans suite, après avoir joint les deux affaires.

Pour ne pas en rester là, le Réseau “Sortir du nucléaire“ a saisi la justice en faisant citer directement la société anonyme EDF et le directeur de la centrale de Cruas-Meysse devant le tribunal. Les associations FRAPNA Ardèche et Arrêt du nucléaire 26-07 se sont constituées partie civile.

Cinq ans après les faits, nos trois associations espèrent que les pollutions engendrées par la centrale nucléaire de Cruas-Meysse seront enfin reconnues et condamnées : la gestion d’un site nucléaire, déjà par nature dangereux et complexe, impose une constance dans la rigueur.

Retrouvez les dossiers juridiques ici :
https://www.sortirdunucleaire.org/Cruas-pollution-hydrocarbures
https://www.sortirdunucleaire.org/Cruas-pollution-radioactive

Contacts presse :

Lisa Pagani – juriste Réseau « Sortir du nucléaire » (sur place) – 07 62 58 01 23

Par le Réseau « Sortir du nucléaire » publié le 08 mars 2023

https://www.sortirdunucleaire.org/EDF-et-le-directeur-de-la-centrale-de-Cruas

Message du Réseau « Sortir du nucléaire« 

Le saviez-vous ?
Le Réseau « Sortir du nucléaire » est un véritable contre-pouvoir citoyen. Totalement indépendants de l’État, nous dépendons exclusivement du soutien de nos donateurs. C’est grâce à votre soutien financier que nous pouvons nous permettre de tout mettre en œuvre pour offrir aux générations futures l’espoir d’un avenir sans risques nucléaires. Aidez-nous à obtenir cet objectif et à nous permettre de continuer la lutte au quotidien contre cette énergie mortifère et pour promouvoir la sobriété énergétique et les alternatives renouvelables.

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ESSAIS NUCLÉAIRES EN ALGÉRIE ET POLYNÉSIE: QUESTION ÉNERGÉTIQUE ET TECHNIQUE OU SANITAIRE ET DE SANTÉ PUBLIQUE : LE FILM QUI ACCABLE

Depuis le commencement de l’ère atomique, de la bombe et des réacteurs basés sur la destruction de l’atome, les initiateurs de cette monstruosité essaiment une propagande quotidienne pour soumettre la population à leur enfermement et fanatisme idéologique.

Pour la nucléocratie et ses dévots la question serait simplement d’ordre technique et énergétique. Pourtant depuis le début ce sont les victimes et les morts de la radioactivité artificiellement créée qui s’accumulent au quotidien. Mais leur parole est tu, étouffée, déniée, ridiculisée depuis des décennies. Ce film-témoignage de victimes et de scientifiques les rétablit dans leur dignité. Il est aussi un appel au sursaut des consciences, à résister pour mettre un terme à cette abomination nucléaire.

Par Rédaction, publié le jeudi 9 mars 2023 à 11h34

Le film : nucléaire, des témoignages accablants, 53mn41s à retrouver sur le site : http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2023/03/09/Nucleaire_une-question-sanitaire-et-de-sante-publique_le-film-qui-accable

CORROSION SOUS CONTRAINTE : PRÉSENCE D’UNE FISSURE DE PROFONDEUR IMPORTANTE SUR LE CIRCUIT D’INJECTION DE SÉCURITÉ DU RÉACTEUR 1 DE LA CENTRALE DE PENLY

Le 6 mars 2023, EDF a transmis à l’Autorité de sûreté nucléaire une mise à jour de sa déclaration d’évènement significatif pour la sûreté relatif à la présence de fissures par corrosion sous contrainte sur plusieurs de ses réacteurs. Cette mise à jour porte sur le réacteur 3 de la centrale nucléaire de Cattenom et les réacteurs des centrales nucléaires de Civaux, Chooz B et Penly.

Cette mise à jour inclut notamment la détection d’une fissure située à proximité d’une soudure d’une ligne située en branche chaude du système d’injection de sécurité (RIS BC) du réacteur 1 de la centrale de Penly. La fissure s’étend sur 155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur maximale est de 23 mm, pour une épaisseur de tuyauterie de 27 mm.

Cette ligne était considérée par EDF comme non sensible à la fissuration par corrosion sous contrainte en raison notamment de sa géométrie. Toutefois cette soudure a fait l’objet d’une double réparation lors de la construction du réacteur, ce qui est de nature à modifier ses propriétés mécaniques et les contraintes internes du métal au niveau de cette zone.

La présence de cette fissure conduit à ce que la résistance de la tuyauterie ne soit plus démontrée. Toutefois la démonstration de sûreté du réacteur prend en compte la rupture d’une de ces lignes.

Dans cette mise à jour, EDF indique que les contrôles ont également permis de détecter la présence de fissures de fatigue thermique, sur des lignes considérées comme sensibles à la corrosion sous contrainte du circuit d’injection de sécurité (RIS) du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Penly [1] et du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Cattenom [2]. Les tuyauteries concernées ont été remplacées dans le cadre du programme engagé par EDF sur les lignes du système RIS des réacteurs de type P’4.

Cet évènement n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Néanmoins, il affecte la fonction de sûreté liée au refroidissement du réacteur. En raison de ses conséquences potentielles et de l’augmentation de probabilité d’une rupture, l’ASN le classe au niveau 2 de l’échelle INES en ce qui concerne le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Penly et au niveau 1 pour les autres réacteurs concernés.

EDF met en œuvre un programme de contrôle sur les soudures réparées des systèmes RIS et RRA. Plus de 150 soudures ont fait l’objet d’expertises en laboratoire et les contrôles se poursuivent, avec un programme de contrôle de l’ensemble des réacteurs à partir de 2023.

L’ASN a demandé à EDF de réviser sa stratégie pour tenir compte de ces nouvelles informations. Elle prendra prochainement position sur cette stratégie révisée.

En savoir plus : Corrosion sous contrainte

Notes

[1] Fissure de longueur 57 mm (représentant moins de 10 % de la circonférence) pour une profondeur maximale de 12 mm.

[2] Fissure de longueur de 165 mm (représentant environ  le quart de la circonférence) pour une profondeur maximale de 4 mm.

Par l’ASN, publié le 08/03/2023, dernière mise à jour le 09/03/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/corrosion-sous-contrainte-a-penly-niveau-2-sur-l-echelle-ines

NUCLÉAIRE: EDF PRÉSENTERA VENDREDI SA NOUVELLE STRATÉGIE DE CONTRÔLE DES CENTRALES

PARIS (Reuters) – EDF prévoit de dévoiler en interne vendredi une stratégie mise à jour pour l’inspection et la réparation de ses centrales nucléaires, après une demande en ce sens de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la suite d’une fissure découverte sur un réacteur de la centrale de Penly, a déclaré une source au sein de l’électricien public.

Un porte-parole du groupe français a refusé de commenter cette information, indiquant toutefois qu’EDF présenterait publiquement sa nouvelle stratégie « dans les prochains jours« .

EDF, propriétaire et opérateur des 56 réacteurs nucléaires du parc français, fait face à une pression accrue de l’ASN, qui a demandé cette semaine au groupe de réviser sa stratégie de contrôle des problèmes de corrosion de ses centrales après la découverte d’une fissure importante sur un circuit du réacteur numéro 1 de la centrale de Penly.

Il s’agit d’un souci supplémentaire pour l’électricien public, qui a passé l’essentiel de l’année dernière à s’activer pour corriger des défauts de soudure et d’autres problèmes sur différents réacteurs, avec une production ayant chuté à un plus bas de 30 ans à cause de pannes et d’opérations de maintenance.

Le président de l’ASN s’est montré très critique à l’égard des procédures d’EDF pour les soudures lorsqu’il s’est exprimé sur la sûreté nucléaire mercredi devant le Sénat.

S’il a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un défaut de fabrication inhérent à tous les réacteurs de ce modèle, comme ce fut le cas pour des problèmes de corrosion identifiés par le passé, Bernard Doroszczuk a déclaré qu’il fallait s’assurer de ne pas avoir de soucis supplémentaires.

L’ASN a demandé à EDF d’identifier rapidement « les cas semblables qui pourraient exister sur les autres réacteurs du parc nucléaire, pour pouvoir aller contrôler ces soudures« , a-t-il dit devant la commission sénatoriale des Affaires économiques.

EDF n’a fait dans l’immédiat aucun commentaire sur les opérations de soudure.

Plutôt que de contraindre EDF à revoir l’intégralité de sa stratégie de réparation pour l’ensemble de son parc nucléaire, l’ASN a demandé que le contrôle des réparations apportées aux soudures soit ajouté à la liste des obligations du groupe.

« Ces informations soulèvent a minima de nouvelles questions sur la sûreté des 6 réacteurs du même type P4 qui n’ont pas encore été contrôlés (voire sur d’autres réacteurs jugés moins prioritaires dont les circuits ont pu faire également l’objet d’opérations de réalignement)« , a tweeté cette semaine Yves Marignac, consultant sur l’énergie et détracteur du nucléaire au sein du groupe de réflexion de l’Institut négaWatt.

EDF espère toujours parvenir à boucler les travaux de réparation de la centrale de Penly 1 à temps pour la faire redémarrer début mai.

Ce souci intervient en amont du sommet franco-britannique durant lequel Paris et Londres doivent annoncer un nouveau partenariat sur l’énergie nucléaire.

Reportage America Hernandez, Benjamin Mallet et Forrest Crellin, version française Jean Terzian, édité par Matthieu Protard), publié le 09/03/2023 à 19h56, © Reuters 2023

https://www.zonebourse.com/cours/action/ELECTRICITE-DE-FRANCE-4998/actualite/Nucleaire-EDF-presentera-vendredi-sa-nouvelle-strategie-de-controle-des-centrales-43205877/

BLOIS : LA JOURNÉE D’AFFAIRES DU NUCLÉAIRE, « UNE OPÉRATION SÉDUCTION » POUR SORTIR DU NUCLÉAIRE

Jeudi 9 mars 2023, se déroulait la journée d’affaires du nucléaire à Blois destinée aux entreprises et aux demandeurs d’emploi. Le maintien des centrales et le développement du nucléaire préoccupent Sortir du nucléaire 41.

Pour Sortir du nucléaire (SDN) 41, cette journée d’affaires du nucléaire à Blois est « une opération séduction d’EDF et de la CCI à l’attention des PME et PMI locales. Hasard du calendrier, cette manifestation intervient à deux jours du 11 mars, date anniversaire de l’accident de Fukushima qui nous rappelle la dangerosité exceptionnelle de ce mode de production électrique et la permanence de la contamination post-accidentelle de vastes territoires et de leurs habitants. Cet accident n’appartient pas au passé mais au présent. »

Le maintien en activité au-delà de 50 ans des réacteurs nucléaires et la construction de nouveaux posent problème à SDN 41, de même que la volonté de fusionner l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire).

« La dangerosité du nucléaire nous alerte sur l’importance du grand carénage, du choix des entreprises sous-traitantes, du nombre d’emplois créés, avec une attention toute particulière sur la qualité du recrutement et de l’encadrement car l’erreur humaine est une cause d’accidents nucléaires. Le groupe EDF peut être glorifié comme grand pourvoyeur d’emplois, mais il s’agit de sortir des logiques comptables pour questionner ces emplois en termes de qualité du travail, de pénibilité, d’exposition à la radioactivité, de compétences professionnelles et de précarité de statut. »

Par ailleurs, pour SDN 41, le développement du nucléaire n’est pas « la solution miracle au réchauffement climatique. Le fiasco de l’EPR de Flamanville est édifiant. N’aurait-il pas été plus judicieux et plus économique d’investir dans l’isolation thermique des logements et dans les énergies renouvelables ? »

La ressource en eau préoccupe aussi l’association : « Avec des débits d’étiage toujours plus faibles, le refroidissement des réacteurs en bord de fleuve comme à Saint-Laurent va devenir problématique. »

Par Claire NEILZ , Journaliste, rédaction de Blois, publié le 09/03/2023 à 19h03 | mis à jour le 09/03/2023 à 19h27

Photo en titre : Dans le nucléaire, des compétences sont recherchées. © (Photo archives NR, Jérôme Dutac)

https://www.lanouvellerepublique.fr/blois/blois-la-journee-d-affaires-du-nucleaire-une-operation-seduction-pour-sortir-du-nucleaire

UKRAINE : APRÈS UNE COUPURE DE COURANT À LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE ZAPORIJIA, LA SITUATION EST RÉTABLIE

Guerre entre l’Ukraine et la Russie ; dossier

La Russie a envoyé une énième salve de missiles sur plusieurs villes ukrainiennes ce jeudi au petit matin, faisant plusieurs morts et blessés. Le courant, coupé depuis le début de journée, est revenu sur le site nucléaire qui a eu recours à des générateurs diesel de secours.

Pendant que des combats acharnés se poursuivent à Bakhmout, ville-clé de l’est de l’Ukraine, une nouvelle vague de frappes massives russes s’est abattue à travers le pays ce jeudi matin. Au moins six personnes sont mortes. La centrale nucléaire de Zaporijia, occupée par l’armée russe dans le sud de l’Ukraine, a été temporairement coupée du réseau électrique ukrainien, selon l’opérateur nucléaire ukrainien. «Les spécialistes d’Ukrenergo ont rétabli l’alimentation électrique à la centrale nucléaire de Zaporijjia, interrompue par les frappes de missiles d’aujourd’hui», a indiqué Ukrenergo, la société de transport de l’électricité ukrainienne dans un communiqué publié ce jeudi après-midi. «La dernière ligne de communication entre la centrale nucléaire occupée de Zaporijjia et le réseau électrique ukrainien a été coupée à cause d’attaques de roquettes» russes, expliquait plus tôt Energatom, la Compagnie nationale de production d’énergie nucléaire.

«La centrale […] est passée en mode ‘‘black-out’’ pour la sixième fois depuis l’occupation, les réacteurs des unités 5 et 6 ont été mis [à l’arrêt] à froid», a détaillé Energatom. L’opérateur précise que 18 générateurs diesel de secours ont été enclenchés pour assurer l’alimentation minimale de la centrale. «Ils ont assez de carburant pour dix jours. Le compte à rebours a commencé», s’inquiétait Energatom avant que le courant ne revienne. L’organisme avait mis en garde sur un risque d’accident, si la situation ne se rétablissait pas. «S’il n’est pas possible de renouveler l’alimentation électrique extérieure de la centrale, un accident avec des conséquences radioactives pour le monde entier pourrait avoir lieu».

Enquête : Ukraine: «A la centrale nucléaire de Zaporijia, on se rapproche d’un scénario à la Fukushima»

L’armée russe a occupé dès le 4 mars 2022, neuf jours après le début de son invasion, cette immense complexe nucléaire du sud de l’Ukraine. La centrale, qui produisait auparavant 20 % de l’électricité ukrainienne, a continué à fonctionner les premiers mois de l’invasion, malgré des périodes de bombardements, avant d’être mise à l’arrêt en septembre. Depuis, aucun de ses six réacteurs VVER-1000 datant de l’époque soviétique ne génère de courant, mais l’installation reste connectée au système énergétique ukrainien et consomme de l’électricité produite par celui-ci pour ses propres besoins.

Précédemment, l’opérateur nucléaire ukrainien avait prévenu que la mise à arrêt de la centrale entraînait «une dégradation graduelle de tous ses systèmes et de son équipement». Energatom s’était également inquiété d’un «risque d’incident nucléaire» en cas de rupture de la dernière ligne électrique reliant la centrale au système énergétique ukrainien.

Au moins cinq morts à Lviv

Plus largement, les frappes russes ont encore une fois ciblé de nombreuses régions du pays, y compris celles les plus éloignées du front de l’est, comme à Odessa ou à Lviv. Dans cette dernière, à proximité de la frontière avec la Pologne, au moins cinq personnes sont mortes à cause des explosions, dénombre ce jeudi matin le gouvernement. Un missile russe est tombé sur un quartier résidentiel dans le district de Zolotchiv, détruisant trois maisons, a précisé le gouverneur, Maksym Kozytsky, sur Telegram. «Les débris sont en train d’être déblayés, d’autres personnes peuvent être en-dessous», a-t-il ajouté.

Le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, signale également plusieurs explosions dans la capitale ukrainienne, où au moins deux personnes ont été blessées. «District de Sviatochyne. Les secours vont sur place. Des voitures sont en feu dans la cour d’un immeuble résidentiel», a écrit Vitali Klitschko, sur Telegram, précisant que deux personnes de ce quartier avaient été blessées et hospitalisées. De plus, 40 % des résidents de Kyiv sont privés de chauffage, les frappes ayant touché des infrastructures énergétiques, selon l’administration militaire. La ville de Kharkiv, elle, est privée d’électricité, d’eau et de chauffage.

Le président Zelensky a dénoncé les «misérables tactiques» russes après des bombardements qui ont touché dix régions du pays, dont la capitale Kiev, et visé des infrastructures énergétiques. La défense antiaérienne ukrainienne a abattu 34 missiles sur 81 et quatre drones lancés par la Russie. Depuis le mois d’octobre, après plusieurs revers militaires, la Moscou bombarde régulièrement de missiles et de drones des installations énergétiques-clés d’Ukraine pour plonger des millions de personnes dans le noir et le froid.

Bataille pour Bakhmout

Ces frappes de grande envergure interviennent au lendemain de l’annonce par le patron de l’organisation paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, de la prise de la partie orientale de Bakhmout, petite ville de l’est de l’Ukraine au cœur des combats depuis des mois, malgré une valeur stratégique contestée. Il a par ailleurs affirmé que ses combattants avaient conquis le tout petit village de Doubovo-Vassylivka, au nord de Bakhmout.

La cité pourrait tomber «dans les prochains jours», a averti le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, ajoutant cependant que «cela ne reflète pas nécessairement un quelconque tournant dans la guerre». Mais l’Ukraine s’accroche à cette bataille même si elle admet que la situation est «extrêmement tendue». Des responsables ukrainiens, y compris le président Volodymyr Zelensky lui-même, ont jugé au contraire que la chute de la ville pourrait ouvrir la voie à une progression russe dans l’Est, et ont dépêché des renforts.

Les frappes de jeudi suivent aussi une rencontre mercredi des 27 ministres de la Défense de l’UE à Stockholm, avec leur homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, pour négocier un plan de livraisons d’obus et de munitions à Kiev, qui pourrait être porté à deux milliards d’euros.

Mise à jour : à 10 h 20, avec davantage de précisions sur la situation et à 15 heures avec le rétablissement du courant.

Écoutez le 2e épisode du journal de guerre d’un soldat ukrainien : «J’en ai tellement marre de toute cette merde»

Timur Dzhafarov, jeune musicien ukrainien engagé dès le lendemain de l’invasion russe en Ukraine, a accepté que «Libération» retranscrive son journal de bord. Ce deuxième épisode couvre la période du 26 mars au 17 avril 2022.

Lire aussi: Ukraine : tapis de bombes russes d’est en ouest, Bakhmout résiste toujours

Par LIBÉRATION et AFP, publié le 09 mars 2023 à 7h22, mis à jour le 09 mars 2023 à 10h21)

Photo en titre : Des secouristes inspectaient un immeuble endommagé à Zaporijia, le 3 mars dernier. (Andriy Andriyenko/AP)

https://www.liberation.fr/international/europe/lukraine-subit-de-nouvelles-frappes-massives-russes-la-centrale-nucleaire-de-zaporijia-sans-electricite-20230309_S2T3VFB3FJARPLI7D2BGNTPYZ4/

NUCLÉAIRE : CES 200 SOUDURES À RISQUE QU’EDF DOIT CONTRÔLER

La découverte d’un phénomène « important » et inattendu de corrosion sur une tuyauterie de la centrale de Penly oblige l’électricien à revoir son planning d’arrêts de réacteur. L’impact sur la production électrique reste incertain.

Première grosse tuile pour Luc Rémont , le nouveau PDG d’EDF. À la suite de la découverte d’un nouveau défaut sur un réacteur nucléaire à Penly (Seine-Maritime), l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé à l’exploitant du parc de revoir son très lourd programme de contrôle de la « corrosion sous contrainte ».

Une incertitude plane par conséquent sur les prévisions de production nucléaire. À la suite de l’annonce de cette nouvelle demande de l’ASN, mardi soir, le prix de l’électricité augmentait de 4 % sur le marché à terme, dans un marché tendanciellement à la baisse.

Derrière le terme technique de « corrosion sous contrainte » se cache un problème générique détecté par EDF fin 2021, qui a forcé l’électricien à fermer précipitamment pour vérification plus d’une dizaine de réacteurs l’année dernière, creusant du même coup une perte historique pour EDF de près de 18 milliards d’euros en 2022.

Ce défaut, apparu sur des circuits de secours au cœur des réacteurs les plus puissants du parc, provoque des fissures dans la tuyauterie, qu’il faut donc remplacer.

Nouvelle fissure plus grave

À l’origine de la demande de révision du programme de contrôle d’EDF, donc, la mise au jour d’une nouvelle fissure , plus grave que celles détectées jusqu’à présent, sur une soudure du réacteur numéro 1 de Penly.

Au vu de cette découverte, l’ASN veut maintenant qu’EDF contrôle en priorité pas moins de 200 soudures à risque sur l’ensemble de ses réacteurs. Depuis le milieu de 2022, les contrôles s’étaient resserrés sur les réacteurs les plus récents et puissants.

La fissure détectée à Penly a, semble-t-il, créé un électrochoc dans le milieu. « On était assez proche d’une fuite (mais le réacteur était à l’arrêt, NDLR) », a insisté à Franceinfo Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Particulièrement profonde (ponctuellement jusqu’à 23 mm sur une épaisseur de tuyau de 27 mm), la fissure est aussi plus étendue (155 mm, soit le quart de la circonférence de la tuyauterie) que celles détectées jusqu’à présent, a indiqué l’ASN mardi soir.

Défaut initial de fabrication

L’incident est surtout dû à d’autres facteurs que ceux identifiés jusqu’à ce jour. Cela étend du même coup les lieux possibles d’apparition de défaut – d’où la demande de révision du programme de contrôle. « C’est une mauvaise nouvelle pour EDF », commente un expert du nucléaire.

La fissure de Penly s’est développée autour d’une soudure particulière, qui avait fait l’objet d’une retouche lors de la construction même de la centrale.

À l’époque, « il y a eu une approche qui n’est pas acceptable, qui a consisté un peu à forcer les tuyauteries pour les aligner pour les souder, et il y a eu sur cette soudure des défauts qui ont conduit à une deuxième réparation », a expliqué mercredi le président de l’ASN, Bernard Doroszczuk, à l’Assemblée nationale.

Le problème des reprises initiales de soudures lors de la construction des réacteurs avait bien été identifié l’année dernière par l’ASN. Mais EDF comme l’Autorité ne l’avaient pas jugé prioritaire .

120 soudures déjà contrôlées

« Le seul fait qu’une réparation d’une soudure lors de la construction du réacteur peut générer de la corrosion sous contrainte, et à terme une fissure, interroge sur la présence potentielle de ce phénomène sur tous les réacteurs du parc », résume aujourd’hui Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASN.

EDF devait toutefois contrôler par acquit de conscience les 320 soudures ayant été réparées lors de la construction des réacteurs. L’exploitant avait déjà contrôlé sans encombre 120 de ces soudures quand il a détecté le défaut à Penly 1. Les 200 contrôles restants inquiètent maintenant beaucoup plus l’ASN, ce qui explique sa demande de prioriser les contrôles sur celles-ci.

Un défaut « singulier »

« Nous sommes sur un point singulier, pas sur une explication générique, analyse Bernard Doroszczuk. Cela ne veut pas dire que ce défaut ne peut pas apparaître ailleurs, donc on a demandé à EDF d’identifier rapidement les cas semblables pouvant exister sur les autres réacteurs pour pouvoir aller contrôler ces soudures, et on a mis la pression sur EDF pour qu’il définisse une évolution de sa stratégie de contrôle. »

Il ne s’agit pas non plus pour EDF de fermer dans l’urgence tous les réacteurs à risque, alors que la production nucléaire est au plus mal. En effet, une installation peut fonctionner avec deux circuits de secours sur les quatre dont il dispose. De plus, la « démonstration de sûreté » intègre une rupture de tuyauterie.

Photo en titre : Derrière le terme technique de « corrosion sous contrainte » se cache un problème générique détecté par EDF fin 2021. (Lou BENOIST / AFP)

Par Guillaume Guichard, publié le 8 mars 2023, mis à jour à 20h16

https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/nucleaire-ces-200-soudures-a-risque-quedf-doit-controler-1913379

NUCLÉAIRE : EDF VA DEVOIR CONTRÔLER LES 56 RÉACTEURS DE FRANCE À CAUSE D’UNE FISSURE

Une fissure repérée dans une centrale nucléaire de Penly contraint EDF à vérifier tout le parc nucléaire français.

Une grosse fissure et de gros soucis en vue pour EDF, qui va devoir passer au crible tous ses réacteurs. Mardi soir, une fissure profonde a été détectée sur un tuyau de la centrale de Penly, en Seine-Maritime. Il va désormais falloir vérifier l’intégralité du parc nucléaire français.

La fissure a été découverte sur une réparation, un tuyau qui avait été soudé il y a 40 ans sur le circuit qui sert à refroidir le réacteur. Il va donc falloir contrôler toutes les soudures de tous les réacteurs français à cet endroit. « Nous demandons à EDF de nous proposer un programme de contrôle de l’ensemble des 56 réacteurs« , confie Julien Collet, directeur général de l’ASN. « Ce contrôle nécessite des ressources importantes, en termes d’équipement et de personnel« , ajoute-t-il.

Ces tuyaux sont chauffés à 300°C, donc les contrôles ne peuvent se faire qu’à l’arrêt. EDF arrête habituellement ses réacteurs une fois par an, mais cela risque d’être un peu plus long cette fois-ci. « Ça peut entraîner des arrêts plus longs des réacteurs au cours de l’année. Les réacteurs s’arrêtent chaque année, notamment pour recharger leur combustible« .

La centrale est conçue pour qu’il n’y ait aucun risque pour la population si ces tuyaux avaient des fuites, donc pas de danger a priori. Ils se trouvent dans l’enceinte confinée en béton, mais par précaution, il faut réparer ces fissures. « Il y a quand même des enjeux de sécurité. C’est quand même une anomalie importante« , assure Julien Collet. Concernant le temps que prendront ces contrôles et d’éventuelles réparations, EDF doit communiquer son calendrier à l’ASN dans les jours qui viennent.

Par Le journal RTL de 18h du 08 mars 2023

Photo en titre : La centrale nucléaire de Penly, sur la côte de la Manche. Crédit : Lou BENOIST / AFP

https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/les-infos-de-18h-nucleaire-edf-va-devoir-controler-les-56-reacteurs-de-france-a-cause-d-une-fissure-7900242664

SÛRETÉ NUCLÉAIRE : LES DÉPUTÉS APPROUVENT LA FUSION ENTRE L’ASN ET L’IRSN AU TERME D’UN VIF DÉBAT

Le principe de la fusion entre l’Autorité de sûreté nucléaire et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a été approuvé, lundi 6 mars, par la commission des affaires économiques, malgré de vives oppositions. La commission a, par ailleurs, achevé l’examen du projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires dans le cadre duquel cette fusion est prévue. 

C’était l’un des points les plus clivants du projet de loi « relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes« . La fusion de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le « gendarme du nucléaire » responsable des contrôles, et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), chargé de l’expertise et de la recherche, a été approuvée par les députés de la commission des affaires économiques dans la soirée du lundi 6 mars.

Annoncée par le gouvernement début février à la surprise générale des acteurs du secteur, cette réforme inquiète particulièrement les quelque 1 800 salariés de l’IRSN, qui craignent une perte de leur indépendance et la disparition d’une partie de leurs missions. Consciente du caractère contesté de cette évolution, la ministre de la Transition énergétique a fait preuve de pédagogie ce lundi, au moment de défendre l’amendement qui introduit la fusion. Pendant plus de 7 minutes, Agnès Pannier-Runacher a tenté de rassurer les élus les plus réfractaires.

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« Nous réunissons sous la même bannière deux services publics en retenant l’entité la plus sécurisante : l’autorité administrative indépendante« , a-t-elle avancé, rappelant que l’IRSN avait pour sa part le statut moins protecteur d’établissement public à caractère industriel et commercial (Epic). La ministre a également mis en avant le besoin d’expertise de l’ASN, mais aussi son faible dimensionnement – 500 personnes -, qui souffre de la comparaison avec l’international.

Agnès Pannier-Runacher a, par ailleurs, assuré que cette fusion était un « gage d’indépendance et de fluidité dans la sûreté nucléaire » et qu’elle comportait de nombreux « garde-fous« . « Il s’agit du point de départ d’une réorganisation qui va s’inscrire dans le temps long« , a-t-elle aussi souligné. De fait, l’amendement prévoit que la réforme s’applique « au plus tard au 1er juillet 2024« .

« Un âne dans un sac »

La longue prise de parole de la ministre de la Transition énergétique n’a pas suffi à convaincre les députés opposés à ce qu’ils considèrent davantage comme un « démantèlement » de l’IRSN. C’est aussi la forme qui irrite fortement l’opposition, heurtée par l’introduction de cette réforme par voie d’amendement, sans étude d’impact, ni analyse du Conseil d’État. « À la hussarde« , ont critiqué plusieurs élus.

« Le choix d’un amendement sous-amendé est totalement pathétique et irrespectueux vis-à-vis des autorités, des salariés, des Français qui font confiance en notre régime de sûreté, et du Parlement« , s’est agacé Gérard Leseul (Socialistes). « Nous ne comprenons toujours pas le calendrier et la méthode choisie« , a relevé Benjamin Saint-Huile (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). « Vous êtes incorrigibles. […] Vous me faites penser à ces enfants qui cassent leur jouet, d’un coup. Il y a une question de méthode ! Quand on légifère, il faut le faire en tremblant !« , a sermonné André Chassaigne (Gauche démocrate et républicaine), qui a reproché à l’exécutif de proposer aux députés « d’acheter un âne dans un sac« .

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La décision d’en passer par des amendements, qui plus est dans un projet de loi technique, est allée jusqu’à questionner des députés ouverts à un tel projet de fusion.

Le gouvernement a décidément un problème de méthode« , a observé Olivier Marleix (Les Républicains), qui a obtenu de l’exécutif la publication d’un rapport sur l’impact de la fusion, dans les 6 mois à compter la promulgation de la loi. Pourtant membre de la majorité présidentielle, Philippe Bolo (Démocrate) a lui aussi questionné l’intérêt d’une « réforme qui pose plus de questions qu’elle n’apporte de certitudes« .

L’opposition des syndicats

Sur le fond, plusieurs députés se sont interrogés sur l’impact qu’aura cette réforme. « On n’a aucune garantie que les expertises qui seront rendues le seront de manière indépendante et seront rendues publiques« , s’est inquiété Maxime Laisney (La France insoumise). Julie Laernoes (Écologiste) a pour sa part souligné que « tous les syndicats, pas seulement de l’IRSN, mais aussi ceux d’EDF et de Framatome, sont opposés au projet« .

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« Est ce que cette réforme va renforcer la sûreté nucléaire ? La réponse est non« , a tranché Delphine Batho (Écologiste). L’ancienne ministre de l’Écologie a fait part de ses inquiétudes quant au risque de disparition de certaines missions actuellement assurées par l’IRSN, fustigeant une « réforme improvisée dans un coin de table et dangereuse« .

« Ce qui nous est présenté ne remet pas en cause les fondamentaux de la sûreté et la qualité avec laquelle on exerce la sûreté en France« , a rétorqué la rapporteure du texte, Maud Bregeon (Renaissance). « L’indépendance de l’ASN et la manière dont elle exerce son pouvoir de contrôle n’a pas à être remise en cause« , s’est-elle également agacée. « L’ASN n’a jamais été laxiste. » « Il ne faudrait pas jeter le discrédit sur 500 personnes à des fins politiques« , a abondé Agnès Pannier-Runacher.

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Finalement, l’amendement portant le projet de fusion comme celui organisant le transfert de personnels vers l’ASN ont été adoptés. Comme l’avait préconisé l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) dans ses recommandations, des garanties ont été apportées à la réforme, avec la séparation du processus d’expertise des avis et des décisions délibérés par le collège de l’ASN. Sans que cela suffise à répondre aux inquiétudes des députés opposés à la fusion.

Le projet de loi adopté en commission

Les députés de la commission des affaires économiques sont parvenus à adopter le projet de loi « relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires » dans la nuit de lundi à mardi, à 2 heures du matin. Le texte permet notamment d’octroyer des dérogations administratives pour accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, sous conditions et dans des périmètres restreints. Il sera examiné à compter du 13 mars dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. 

Par Raphaël Marchal, publié le mardi 7 mars 2023 à 01h45, mis à jour le mardi 7 mars 2023 à 11h54

https://lcp.fr/actualites/surete-nucleaire-les-deputes-approuvent-la-fusion-entre-l-asn-et-l-irsn-au-terme-d-un

ÉNERGIE : DE NOUVEAUX SCÉNARIOS SE DESSINENT SUR L’ÉLECTRICITÉ EN FRANCE D’ICI À 2035

Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, chargé des prévisions, a transmis de nouvelles hypothèses de travail aux acteurs du secteur.

Une hausse significative des besoins en électricité, d’un côté ; beaucoup d’incertitudes sur les capacités de production électrique en France, de l’autre. Les prévisions ne sont pas définitives mais elles éclairent l’ampleur des chantiers en cours sur le plan énergétique, singulièrement sur les enjeux de l’électrification : le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité (RTE), chargé des prévisions sur l’électricité en France, a transmis, fin février, ses hypothèses de travail aux différents acteurs du secteur afin de préparer son « bilan prévisionnel », un exercice de projection jusqu’en 2035, attendu cet été, alors que la France doit effectuer des choix énergétiques l’engageant pour des décennies.

« Plusieurs éléments de contexte récents conduisent à modifier profondément les perspectives d’évolution du système énergétique français et européen à court et moyen terme », explique l’opérateur, dans ce document de cadrage de 99 pages, soumis à consultation, en citant la guerre en Ukraine, les politiques de décarbonation en Europe, les tentations protectionnistes ou encore l’évolution de la politique énergétique du gouvernement.

En fil conducteur émerge une inquiétude : « Les perspectives d’électrification augurent d’une consommation d’électricité en forte augmentation d’ici à 2035 et suscitent ainsi une question sur les leviers permettant de garantir un approvisionnement suffisant de la France sur cette période », indiquent les prévisionnistes de RTE. « Si le système électrique français est historiquement largement exportateur, les incertitudes persistantes sur la disponibilité du nucléaire et sur les dates et le rythme de mise en service de nouveaux moyens de production, combinées à des ambitions rehaussées en matière d’électrification et de réindustrialisation, pourraient à terme conduire à réduire largement les marges de production d’électricité en France », ajoutent-ils. Un scénario rendu crédible par le déroulement de l’année 2022 : pour compenser la baisse de production d’EDF, la France a dû utiliser massivement de l’électricité produite dans le reste de l’Europe, au point que, pour la première fois depuis les années 1980, les importations ont largement dépassé les exportations. Un phénomène de corrosion sous contrainte − sur des tuyauteries de secours destinées à refroidir le réacteur en cas d’urgence − a entraîné la mise à l’arrêt de plusieurs unités. Dont celle de « Penly 1 », en Seine-Maritime, où le défaut est « significatif », selon une note d’EDF publiée le 24 février et médiatisée mardi 7 mars par le site spécialisé Contexte.

« Stress test sur la transition énergétique »

Le premier volet de l’étude concerne l’activité économique et son impact sur la consommation d’électricité. RTE est bien placé pour observer l’évolution du secteur industriel dans la mesure où tout projet significatif suppose, en amont, une étude des besoins en énergie. Or, l’entreprise de transport d’électricité constate de « nombreuses demandes de raccordement adressées pour des projets de décarbonation de l’industrie, de production d’hydrogène ou de nouvelles usines (batteries, etc.) ». Les deux sites les plus emblématiques sont Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Dunkerque (Nord) où les besoins en raccordement sont considérables. Les data centers, très gourmands en électricité, sont également en développement rapide. « De nombreuses demandes de raccordement de data centers ont déjà été signées par RTE et d’autres sont en cours d’étude. » Le scénario central évoque une consommation possible de 20 térawattheures en 2035 – l’équivalent de plusieurs réacteurs nucléaires – pour les seuls data centers.

L’exercice de prévision est évidemment délicat, les bibliothèques des ministères étant peuplées de rapports prospectifs qui se sont révélés infondés. Prudent, RTE étudie donc aussi les effets d’un scénario de « mondialisation contrariée », soit la poursuite, sur longue période, des tensions géopolitiques et économiques actuelles. Dans cette hypothèse, les incertitudes concernent à la fois les niveaux de croissance économique, l’impact des politiques protectionnistes, le maintien de la compétitivité des entreprises européennes, etc. Une forme de « stress test sur la transition énergétique », résume Thomas Veyrenc, directeur exécutif stratégie et prospective de RTE.

Dans son document, RTE évoque ainsi l’hypothèse d’une quasi-disparition des chauffages au fioul d’ici à 2035

La tendance à l’électrification des usages vaut également pour les particuliers dans deux domaines-clés : le bâtiment et les transports. L’évolution des équipements en matière de chauffage devrait être significative. Dans son document, RTE évoque ainsi l’hypothèse d’une quasi-disparition des chauffages au fioul d’ici à 2035 et une hausse très significative des pompes à chaleur − entre 7,5 millions et 10 millions de foyers équipés à cette date. Autre exemple : RTE souligne le développement des véhicules électriques en soumettant « l’hypothèse centrale » d’un parc de 7,5 millions de véhicules en France en 2030, contre 1 million fin 2022.

Des perspectives mitigées

L’autre volet essentiel du document de cadrage de RTE porte sur l’anticipation de la production d’électricité en France. Le sujet est particulièrement sensible. En 2022, deux piliers d’EDF ont été fragilisés. Le nucléaire, en premier lieu, touché par l’indisponibilité d’une partie des réacteurs : la France n’a produit que 279 térawattheures, le plus mauvais résultat depuis trente ans, conséquence à la fois d’une série de facteurs conjoncturels et de politiques structurelles, comme le montrent les travaux en cours de la commission d’enquête parlementaire sur « La perte de souveraineté énergétique et d’indépendance énergétique de la France ». L’hydraulique, en second lieu : la production d’électricité grâce aux barrages a été la plus faible enregistrée depuis 1976 en raison des effets de la sécheresse, un scénario qui pourrait se répéter en 2023.

De ce point de vue, le bilan prévisionnel de RTE va être essentiel dans le débat public. En particulier pour l’examen de la prochaine loi de programmation de l’énergie et du climat, discutée en 2023, censée dessiner les grandes évolutions du modèle français. Dans son discours de Belfort, le 10 février 2022, quelques jours avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, le chef de l’État avait annoncé une profonde inflexion avec la construction d’au minimum six EPR et l’option d’aller jusqu’à quatorze, pour viser la fin des énergies fossiles en France d’ici à 2050. Le président avait aussi fait part de sa volonté d’augmenter significativement l’éolien en mer et le photovoltaïque.

Les perspectives sont mitigées. La (relative) bonne nouvelle pourrait venir du solaire. La France reste certes très loin de l’Allemagne ou de l’Espagne. Mais avec 16 gigawatts de projets dans les cartons, selon les remontées de RTE et Enedis, contre 8 gigawatts à la même date en 2021, la filière pourrait réellement décoller en 2023. Dans ses scénarios, RTE évoque des hypothèses de mise en service « de l’ordre de 3 à 5 gigawatts par an » de panneaux solaires voire 7 gigawatts par an après 2030. Les perspectives de l’éolien terrestre sont moins favorables. À peine une dizaine de gigawatts raccordés au cours des prochaines années. Quant à l’éolien en mer, RTE n’envisage pas qu’il puisse y avoir plus de 4 gigawatts installés en 2030 et juge « très ambitieux » l’hypothèse de parvenir à 18 gigawatts en 2035. (NDLR : pourtant l’adage dit que « là où il y a une volonté, il y a toujours un chemin. Mais peut-être n’y a-t-il pas de volonté…?)

Une série d’incertitudes sur le nucléaire

L’analyse de RTE sur le nucléaire est évidemment la plus attendue étant donné son importance dans le « mix » électrique français. « À l’instar de la situation rencontrée cet hiver, la disponibilité du parc sur les années à venir constitue un point d’attention majeur », note RTE. L’entreprise publique envisage de retenir une hypothèse prudente de production du parc existant de l’ordre de 350 térawattheures à compter de 2025 (hors EPR de Flamanville), soit un résultat supérieur à 2022 mais toujours éloigné des maximums de production. RTE relève en effet une série d’incertitudes. Sur l’EPR de Flamanville, qui devrait normalement être mis en service en 2024, avec douze ans de retard, des arrêts programmés de la centrale sont par exemple prévus, sauf décision contraire de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), pour remplacer le couvercle de la cuve − EDF a demandé un report de ces travaux en 2025. Les visites décennales et les chantiers d’entretien vont également lourdement peser sur la disponibilité des réacteurs dans les prochaines années. Avec cette autre constatation : si le gouvernement réfléchit à allonger la durée de vie des réacteurs jusqu’à 60 ans, rien n’indique que toutes les centrales franchiront l’obstacle et la validation par l’ASN.

La pression sur l’ASN, autorité indépendante, va être considérable. Le gouvernement entend en effet appuyer sur tous les leviers pour renforcer le nucléaire. En premier lieu, avec le rallongement de la durée de vie des centrales actuelles et, pour certaines d’entre elles, l’augmentation de leur puissance (3 %, soit l’équivalent de deux réacteurs) afin de maximiser leur production. Ensuite, avec la demande, formulée par la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, auprès des industriels, d’étudier l’hypothèse de construire plus de réacteurs que les quatorze évoqués par Emmanuel Macron. Enfin, avec la loi de simplification des procédures en matière de nucléaire, en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Les députés vont notamment devoir se prononcer sur la fusion souhaitée par le gouvernement de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire et de l’ASN, un projet vivement contesté dans le monde scientifique.

Par Luc Bronner, publié le 08 mars 2023 à 06h00, mis à jour à 14h25

Photo en titre : Début des travaux sur une plage du Barcarès (Pyrénées-Orientales), le 5 mars 2023, pour l’installation en Méditerranée d’une ferme pilote d’éoliennes flottantes. JULIEN GOLDSTEIN / RTE / AFP

https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/03/08/energie-de-nouveaux-scenarios-se-dessinent-sur-l-electricite-en-france-d-ici-a-2035_6164571_3234.html

COMBIEN LE NUCLÉAIRE ÉMET-IL RÉELLEMENT DE CO2 PAR KILOWATTHEURE PRODUIT ?

« Le nucléaire participe au réchauffement climatique » : c’est ce que pensait une écrasante majorité des Français il y a peu de temps encore. Pourtant, les chiffres sont sans équivoque, le nucléaire est bien un moyen de produire de l’électricité faiblement carbonée. Sauf qu’ils présentent des différences qui, au mieux, interrogent, au pire, sèment le trouble. Décryptage.

En juin 2019, la publication d’un sondage BVA sur « les Français, l’énergie nucléaire et les émissions de CO » faisait l’effet d’une bombe. Une large majorité de la population de notre pays pensait alors que les centrales nucléaires contribuent au réchauffement climatique. Près de 70 % et même plus de 85 % des jeunes. Fin 2021, un sondage IPSOS, cette fois, enfonçait le clou. En révélant que 55 % des 18-35 ans pensent que le nucléaire émet autant d’équivalents dioxyde de carbone (CO2) — comprenez de gaz à effet de serre dont les impacts sont normalisés en « équivalents CO₂ » — que le gaz ou le charbon !

Pourtant, les experts sont unanimes à ce sujet : le nucléaire est un moyen de production d’électricité bas-carbone. Il émet nettement moins que les centrales à gaz — de l’ordre de 400 g d’équivalent CO₂ par kilowattheure produit (gCo2e/kWh) — ou les centrales à charbon — de l’ordre de 1 000 gCo2e/kWh. Selon les chiffres, il émet même moins de CO₂ que le solaire — entre 25 et 44 gCo2e/kWh. Et que l’éolien — autour de 15 gCo2e/kWh (données Ademe).

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Selon les chiffres ? C’est peut-être, au moins en partie, là que le bât blesse. Parce que selon les études, on trouve, pour les émissions du nucléaire, des chiffres qui vont grosso modo de quelque 4 à près de 100 gCO2e/kWh. La différence est notable. Et prétexte, pour certains, à remettre la sincérité des analyses en question. Alors qu’en est-il vraiment ?

L’analyse du cycle de vie pour des chiffres justes

Faisons d’abord un petit point sur les différents chiffres. Pour l’Agence de la transition écologique (Ademe), par exemple, le nucléaire français émet 6 gCO2e/kWh. Pour EDF, il se situe même en dessous de la barre des 4 gCO2e/kWh. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) retient, quant à lui, la valeur moyenne dans le monde de 12 gCO2e/kWh.

Alors comment certains concluent-ils à des chiffres qui flirtent avec les 100 gCO2e/kWh ? Le Giec donne même une limite haute à 110 gCO2e/kWh. Et une équipe de l’université de Stanford estime que le nucléaire peut émettre jusqu’à 180 gCO2e/kWh. Une revue de plus de 100 études – un peu datée maintenant – présentait même des chiffres à 288 gCO2e/kWh.

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Une centrale nucléaire émet effectivement très peu de CO₂. Difficile, même pour les plus fervents antinucléaires, de ne pas l’admettre. Parce que non, la fumée qui sort des tours desdites centrales, ce n’est pas du CO₂, juste de la vapeur d’eau. En revanche, on fait souvent planer le doute sur le fait que l’ensemble du cycle nucléaire soit pris en compte dans les calculs. Les experts parlent d’analyse de cycle de vie. Elle seule permet de se rendre réellement compte de l’empreinte carbone d’un moyen de production

Concernant le nucléaire, elle doit inclure toutes les étapes, de l’extraction de l’uranium à sa conversion et son enrichissement jusqu’au traitement des déchets générés en passant par la fabrication des combustibles et la construction et l’exploitation des réacteurs ainsi que leur démantèlement et l’ensemble des étapes de transport ou encore de distribution de l’électricité. Et tous les chiffres produits ces dernières années sont effectivement les résultats d’analyses de cycle de vie très sérieuses. La différence observée dans les chiffres publiés ne vient donc pas de là.

Une empreinte carbone différente selon le pays

En y regardant de plus près, vous noterez peut-être que nous avions précisé plus haut « nucléaire français » ou « valeur moyenne dans le monde ». Et c’est finalement ce point-là qui affecte le plus le résultat de l’analyse de cycle de vie. Avant d’aller plus loin, rappelons par exemple, que les émissions du solaire peuvent passer du simple au double selon que les panneaux photovoltaïques considérés sont produits en France ou en Chine — ce qui est encore le cas. Concernant le nucléaire, la problématique est du même ordre.

Une part importante du bilan carbone du secteur est portée par les étapes d’extraction et d’enrichissement de l’uranium. Or, pour enrichir de l’uranium, par exemple, il existe plusieurs solutions. Même si elles comptent globalement toutes sur la légère différence de masse qui existe entre l’uranium 238 et l’uranium 235. Seul le second étant intéressant pour la production d’électricité.

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La technique dite de diffusion gazeuse consiste à mettre l’uranium sous pression et à le faire circuler sous forme gazeuse au travers de membranes. Avec pour objectif de séparer les isotopes les plus lourds. Cette méthode est extrêmement énergivore. Sur le site de Tricastin, par exemple, où la technologie était exploitée jusqu’en 2013, trois des quatre réacteurs nucléaires de la centrale étaient dédiés à fournir l’énergie colossale nécessaire à l’opération.

La technique dite de l’ultracentrifugation repose sur des centrifugeuses qui, en tournant à grande vitesse, projettent les isotopes de l’uranium les plus lourds vers le bord alors que les plus légers se concentrent au cœur de l’appareil. Elle est de l’ordre de 50 à 60 fois moins consommatrice d’électricité que la technique de diffusion gazeuse. De quoi faire une différence marquée au moment de décompter des émissions de CO₂.

Les technologies et le mix électrique au cœur du problème

Une différence encore plus marquée si l’on tient compte de l’empreinte carbone du mix électrique du pays dans lequel on procède à l’enrichissement — ou à d’autres étapes du cycle, finalement. Voilà comment le bilan carbone du nucléaire peut grandement varier. Entre un enrichissement réalisé par diffusion gazeuse dans un pays qui utilise une électricité fortement carbonée produite à partir de charbon notamment ou un enrichissement réalisé par ultracentrifugation dans un pays au mix électrique bas-carbone.

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Comprendre ces subtilités de l’analyse de cycle de vie permet, notamment, de comprendre pourquoi la valeur présentée pendant un certain temps sur la base carbone de l’Ademe de 66 gCO2e/kWh n’avait que peu de sens. Parce qu’elle s’appuyait sur des chiffres qui n’étaient pas spécifiques à la France. De plus, ces chiffres n’étaient pas tous issus d’analyses de cycles de vie. Ainsi, leur moyenne arithmétique ne pouvait-elle pas refléter la réalité de la situation dans notre pays. Interpellée sur la méthode, l’Ademe avait d’ailleurs fini pour invoquer… « une erreur typographique » !

Par Nathalie MAYER, publié le 08 mars 2023

À propos de l’autrice : Nathalie est physicienne de formation. Depuis plus de 20 ans, elle exerce comme journaliste et rédactrice scientifique indépendante.

Photo en titre : Les cheminées du site d’enrichissement nucléaire du Tricastin / Image : AIEA, illustrations :

https://www.revolution-energetique.com/dossiers/combien-le-nucleaire-emet-il-reellement-de-co2-par-kilowattheure-produit/

NDLR : On se bat beaucoup et exclusivement autour du bilan carbone des moyens choisis pour faire de l’électricité, (lequel varie effectivement selon la nature de l’énergie utilisée pour la fabriquer) mais on oublie toujours que la totalité de la chaleur produite par un réacteur nucléaire est diffusée dans la nature. Ainsi, toute l’énergie produite (chaleur + électricité qui se dégradera en chaleur lors de son utilisation) participe peu ou prou au réchauffement climatique au même titre qu’une énergie fossile.

La seule énergie qui ne réchauffe absolument pas la planète est celle qui vient du soleil (et du vent qui en est un dérivé). La vraie solution consiste donc à aller (le plus vite possible) vers un monde qui n’utiliserait plus de fossiles (solution endogène) et tirerait du soleil (solution exogène) 100% de l’énergie dont il a besoin (à consommer tout de même avec modération !)

NUCLÉAIRE : MIEUX COMPRENDRE LE VIEILLISSEMENT DES CUVES

La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim va être suivie de son démantèlement. Une occasion unique pour mener des travaux scientifiques afin de mieux connaître le niveau de vieillissement de la cuve. L’IRSN a justement demandé à EDF des opérations en ce sens.

Avec la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim, la communauté scientifique de la filière nucléaire dispose d’une opportunité grandiose : mener des investigations poussées lors du démantèlement, afin d’analyser l’état du réacteur. Les données recueillies permettraient de savoir si on peut réellement exploiter les centrales plus longtemps sans risque.

Parmi les premières puissances nucléaires civiles du monde, la France affronte en effet un passage délicat. Son parc de production arrive progressivement à 40 ans, qui est la durée de vie pour laquelle les centrales nucléaires ont été théoriquement dimensionnées. En anticipation de cet anniversaire, l’exploitant EDF a prévu un « grand carénage » qui doit permettre de poursuivre jusqu’à 50 ans si l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) donne son feu vert. Le tropisme actuel du gouvernement et d’EDF pour l’atome leur fait même rêver qu’on puisse aller à 60, voire 70 ou 80 ans…

Mais une centrale nucléaire n’est pas une voiture dont on change simplement le moteur. Une pièce essentielle dans chaque réacteur pose une limite au prolongement de l’exploitation : la cuve contenant le combustible fissile. Elle ne peut pas être modifiée et encore moins remplacée, à cause de la radioactivité qui l’imprègne, de son emplacement central enfermé dans le puits de cuve en béton au-dessus du radier, et de ses connexions aux composants essentiels du circuit primaire. Comme elle est difficilement accessible et examinable, il est compliqué de connaître l’état réel de l’acier composant la cuve. Pourtant, toute sa structure est soumise au bombardement permanent des rayonnements issus de la réaction nucléaire en chaîne, aux variations thermiques, aux contraintes mécaniques, ce qui accélère son vieillissement et sa fragilisation mécanique. Parier que les cuves de tous les réacteurs seront en assez bon état pour fonctionner plus de 40 ou 50 ans est donc un pari très risqué.

Mener de véritables tests sur la cuve

En tout cas, il est essentiel d’approfondir les connaissances sur l’état réel des cuves. « La fermeture de la centrale de Fessenheim et son démantèlement fournissent l’occasion de réaliser un découpage scientifique de la cuve et des internes de cuve du plus irradié de ses deux réacteurs. Je propose ainsi depuis 2019 une planification rapide de ce découpage à des fins de recherche internationale sur le vieillissement thermique sous contrainte et irradiation de ces aciers. Grâce à ce réacteur commercial de 900 MW, le plus âgé du parc nucléaire, on pourrait comparer son état structurel et sa résistance mécanique réels après plus de 40 années de fonctionnement aux simulations numériques et aux prévisions de risque de rupture de cuve par choc froid sous pression » défend Thierry de Larochelambert, chercheur émérite au département Énergie de l’Institut FEMTO-ST. Sa position a été suivie d’un avis similaire par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) fin décembre 2022, demandant à EDF un programme complémentaire d’investigations et de prélèvements afin de « vérifier l’absence de phénomènes de dégradation ou de vieillissement non prévus pouvant affecter des éléments importants pour la protection ». À l’heure où, dans son empressement à relancer la filière nucléaire, le Gouvernement voudrait noyer l’IRSN dans l’ASN, cet avis de l’IRSN montre bien toute l’importance de maintenir son expertise indépendante.

Le programme de démantèlement scientifique de Fessenheim permettra d’examiner notamment :

  • Les vis d’enveloppe du cloisonnement de cœur des internes de cuve : EDF ne prévoit qu’une inspection visuelle. Mais une expertise métallurgique en laboratoire serait bien plus utile pour ces pièces qui risquent d’être très fragilisées par la corrosion sous contrainte assistée par irradiation. En effet, après 40 ans de bombardement neutronique, il faut vérifier en quelle proportion la ténacité et la résilience de leur acier se sont abaissées.
  • La bride de cuve du réacteur n°2 dont un examen par ultrasons fait soupçonner la présence de défauts microscopiques mais pénalisants dus à l’hydrogène  : une expertise métallurgique permettrait de lever le doute et relancerait la proposition de Thierry de Larochelambert de faire le même examen sur la cuve et le couvercle du réacteur n°1.
  • Le joint soudé entre le fond et la virole inférieure sur la paroi externe du pressuriseur du réacteur n°2 : l’étude de son vieillissement thermique sous contrainte et irradiation permettrait de valider ou compléter les connaissances actuelles d’EDF.
  • La cuve elle-même en prélevant des éprouvettes pour effectuer des tests de ténacité, de métallurgie, et des analyses physico-chimiques, radiologiques et cristallographiques : tests et analyses qu’EDF se refuse à faire pour l’instant, alors qu’ils donneraient pour la première fois au monde des éléments concrets sur le processus de vieillissement sous irradiation par fatigue thermique et mécanique cyclique. Cela permettrait de renforcer les modèles physiques et les simulations numériques en s’appuyant sur la réalité industrielle.

À la différence des cuves des centrales de 1300 MWe (comme sur le schéma) et de 900 MWe qui comportent deux viroles de cœur, celle du réacteur n°1 de Fessenheim en a trois. Source IRSN

« L’impératif prioritaire de sûreté doit guider toute décision en matière nucléaire, en particulier pour prolonger la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans. Or le vieillissement des aciers sous irradiation engendre un risque de rupture des cuves des réacteurs. Mes calculs montrent que les facteurs de marges de tenue mécanique des cuves des réacteurs les plus âgés et les plus fissurés pourraient devenir inférieurs à 1 en cas de choc froid sous pression, comme lors d’un accident par perte de réfrigérant primaire ou de rupture de tuyauterie de vapeur. Les chercheurs de plusieurs pays concernés soulignent régulièrement le manque de données, car les mesures expérimentales des programmes de surveillance de l’irradiation, des fluences neutroniques, des modifications cristallines, des compositions des aciers, des températures de transition ductile-fragile, restent encore entachées d’incertitudes importantes. Les recherches les plus récentes montrent une accélération du vieillissement et de la fragilisation au-delà d’une fluence neutronique atteinte par les cuves 900 MW fissurées entre 40 et 50 ans de fonctionnement. Ajoutée aux incertitudes sur l’impact des transitoires thermiques subis pendant des décennies, cette accélération doit être impérativement prise en compte dans les modèles. Pour rendre ces derniers les plus réalistes possibles, il est indispensable de détecter et de caractériser précisément les fissures (millimétriques et centimétriques) existantes, les défauts microscopiques dus à l’hydrogène, les défauts de ségrégation chimique (veines sombres), car ils sont des facteurs déterminants dans l’évaluation des risques de rupture pouvant conduire à des accidents nucléaires graves ou majeurs », ajoute Thierry de Larochelambert dans un document détaillé. Le spécialiste estime que l’IRSN devrait aller plus loin dans sa demande en exigeant qu’EDF étende les investigations à l’ensemble de la virole de cœur de la cuve la plus irradiée de Fessenheim (celle du réacteur n°1), de la bride de cuve, du couvercle, des internes de cuve, du fond de cuve, et aussi d’une virole d’un générateur de vapeur¹ dans le réacteur n°2.

La connaissance scientifique s’en trouverait grandie, et la décision de prolonger ou non le service des réacteurs nucléaires les plus vieux et fissurés pourrait être prise en toute connaissance de cause.

NOTE

1 : Générateur de vapeur GV335 dont la virole basse a fait l’objet d’une erreur grave de fabrication conduisant à sa fragilisation (ce qui avait d’ailleurs conduit à la mise à l’arrêt du réacteur n°2 du 18 juillet 2016 au 12 mars 2018).

Par Stéphane SIGNORET dans Énergie, publié le 8 mars 2023

https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/nucleaire-mieux-comprendre-le-vieillissement-des-cuves-121099/

SÛRETÉ NUCLÉAIRE : LES SOUS-TRAITANTS MALTRAITÉS EN GRÈVE

Après une première journée de grève le 7 février dernier devant le siège d’Altrad, à Montpellier, les grévistes d’Altrad Endel, ont rejoint ce mardi 7 mars les manifestations contre la réforme des retraites aux quatre coins de l’hexagone.

Ces sous-traitants d’EDF hautement qualifiés effectuent un travail difficile indispensable au bon fonctionnement des centrales électriques françaises. Pourtant, ils dénoncent des conditions de travail désastreuses et un dumping social de plus en plus important. Leur mouvement social questionne la disponibilité de l’énergie, voire la sûreté nucléaire. Blast a enquêté.

Alors que la réforme des retraites plonge la France dans des mouvements sociaux de grande ampleur, le premier jour de grève des salariés d’Altrad Endel, le 7 février dernier, est presque passé inaperçu. Pourtant, leurs métiers, qu’ils sont parmi les seuls à maîtriser, sont essentiels à la maintenance des réacteurs nucléaires, et donc au fonctionnement des centrales françaises et à la disponibilité de l’énergie. Ils réclament, en plus du retrait de la réforme, une hausse de salaire générale en adéquation avec l’inflation et de meilleures conditions de travail. S’ils n’ont obtenu qu’une très petite visibilité, c’est en partie à cause de la partition des compétences du nucléaire via une sous-traitance à outrance, qu’ils dénoncent.

Des militants de la CGT Endel manifestent devant le siège de la société Altrad, à Montpellier, le 7 février dernier. Image : cgt-endel-gdf-suez.com

« Avec une inflation à 6%, c’est impossible de tenir », explique Frédérik Conseil, de la CGT Endel, à Blast. Avant de préciser : « Altrad ne veut pas donner d’augmentation générale dans son groupe, mais uniquement de manière individuelle, à la tête du client. » Le syndicaliste dénonce les mauvais salaires : « Chez nous, un soudeur gagne entre 13 et 14 euros de l’heure. À 60 ans, l’un d’entre eux ne gagne que 2000 euros brut ! » Il se questionne également sur la manière dont seront construits et entretenus les six nouveaux réacteurs promis par Emmanuel Macron en février 2022. Le président avait déclaré qu’ils devraient être lancés d’ici à 2030, posant même une option pour la fabrication de huit supplémentaires : « Avec ces conditions sociales, la fuite des compétences va encore s’accentuer. Pour fabriquer les EPR2 de demain, la direction a estimé qu’il va manquer mille salariés. Comment est-ce qu’on va attirer les jeunes ? »

L’entreprise Endel, ancienne filiale d’Engie qui compte 4000 collaborateurs selon son site internet, a été rachetée par le milliardaire Mohed Altrad en 2022. L’homme d’affaires est habitué des coups tordus : également président du Montpellier Hérault Rugby, il vient d’être condamné, le 13 décembre dernier, par le tribunal correctionnel de Paris à dix-huit mois de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende pour avoir trempé en 2017 dans une affaire de corruption avec Bernard Laporte. « Il est venu se présenter chez nous en disant que c’était un bon patron, qu’il aimait le social, que le plus important dans la société ce n’était pas lui, mais les ouvriers »,  se souvient Frédérik Conseil. Mais selon lui, les employés ont vite déchanté : « Le changement de braquet de la direction d’Endel a été immédiat. Ils ont découpé l’entreprise en morceaux et ont créé de nombreux nouveaux services dont les moins rentables pourront être abandonnés. »

S’il est inquiet pour l’avenir d’Endel, le syndicaliste l’est encore plus pour le bon fonctionnement des centrales nucléaires, d’autant plus que la filiale est numéro un sur le segment de la maintenance des cinquante-six réacteurs hexagonaux. Elle avait par ailleurs réalisé des chiffres d’affaires de 550 millions d’euros en 2020 et 595 millions en 2021 et n’a jamais été aussi riche, selon le délégué CGT, qui regrette qu’Altrad ne mette pas la main au portefeuille. Il développe : « 172 millions de trésorerie chez Endel, et les augmentations que nous demandons leur coûteraient 4,4 millions ».

Contactés par Blast pour commenter ces chiffres et les revendications syndicales, ni le service communication de l’entreprise ni son PDG, Madany Lias, n’ont répondu à nos questions.

« Faire du nucléaire low-cost »

Gilles Reynaud est un ancien salarié de la sous-traitance. Il travaillait à la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) pour une filiale d’Orano, une multinationale française d’exploitation des sites nucléaires. Syndicaliste chez SUD Énergie, il est aujourd’hui président de l’association Ma Zone Contrôlée, qui informe sur les métiers des industries à risques. Pour lui, les conditions actuelles des salariés de la sous-traitance dans le nucléaire sont le résultat de trente ans de dégradation. Cette politique apporterait avec elle son lot de dangers : « Les entreprises font du dumping social, ça revient à faire du nucléaire low-cost, » indique-t-il, avant de poursuivre : « Ils embauchent des personnes non-qualifiées n’importe comment. Chez Endel, dans une équipe de quatre intervenants, il arrive que seul le chef d’équipe soit du métier. Certaines interventions sont mal réalisées et on ne s’en rend compte que quand on remet le système en marche : il y a des fuites, des bruits et d’autres problèmes. » Et de prévenir : « Les sous-traitants disposent de compétences qui n’existent plus chez EDF, mais nous sommes tributaires des appels d’offres : à chaque fois, le marché est donné à une entreprise moins chère qui nivelle par le bas. C’est très dangereux. »

Pour Jérôme Schmitt, salarié d’EDF dans le nucléaire, également syndicaliste chez SUD Énergie, la mise en place de la sous-traitance à tous les niveaux du nucléaire français n’est pas liée à des intérêts financiers. « On se retrouve parfois avec quatre niveaux de prestations, ça ne peut pas coûter moins cher qu’un employé statutaire chez EDF. Ils payent trop d’intermédiaires. Le but est idéologique, lié à la soumission. » Il détaille : « Dans la prestation, les contrats sont fragiles et les ouvriers sont précaires, ils ont peur. En donnant le marché à des prestataires, on fait en sorte de supprimer la résistance du milieu ouvrier. »

Le statut même des salariés de la sous-traitance dans le nucléaire fait débat. Les salariés des industries électriques et gazières (IEG) bénéficient d’un statut particulier qui date de 1946 et leur travail est régit par une convention collective. Pourtant, les salariés de la sous-traitance ne bénéficient pas de ce régime particulier qui reconnaît les spécificités et la dangerosité du travail dans les centrales nucléaires ainsi que son apport à la collectivité.

Certains employés de la radioprotection, domaine qui recouvre les mesures de protection de l’homme et de l’environnement contre les rejets de radioactivité, se retrouvent donc sans logique apparente sous la convention collective du transport. Les salariés d’Altrad Endel, quant à eux, dépendent de la convention collective des ouvriers de la métallurgie, creusant un peu plus les inégalités déjà existantes entre les sous-traitants et les salariés statutaires d’EDF. Grâce à leur accord de branche, ces derniers bénéficient en 2023 d’une revalorisation totale de 4,6% décidée en octobre dernier.

Selon Jérôme Schmitt, les mouvements sociaux chez EDF ou au sein de la sous-traitance peuvent avoir des effets financiers colossaux. Il explique qu’une fois la maintenance terminée, chaque jour de retard sur le recouplage d’un réacteur coûte entre 1 et 10 millions d’euros au géant de l’énergie. En cas d’arrêt de la production, chaque jour de lutte peut potentiellement coûter jusqu’à 10 millions d’euros par jour et par réacteur.

« Un impact sur la disponibilité de l’énergie »

Pour Yves Marignac, expert sur les questions nucléaires et membre de l’association négaWatt, « dans le cadre d’une grève chez Altrad Endel, le risque est surtout celui d’un impact sur la disponibilité de l’énergie dans la durée. » Il précise : « Tout facteur qui viendrait retarder la réalisation des réparations ajouterait une pression sur la disponibilité de l’énergie l’hiver prochain ». « Les sous-traitants ont des compétences pointues et indispensables et ont donc un moyen de pression assez évident. Tout mouvement de grève retarderait les chantiers de maintenance et donc la production d’énergie. » Ces chantiers, qui ont lieu en milieu irradié, ne permettent pas aux opérateurs d’y intervenir à loisir, mais uniquement de façon limitée. « On ne peut pas imaginer faire davantage intervenir des sous-traitants qui ne participeraient pas au mouvement social pour compenser l’absence de ceux qui y participent », conclut l’expert.

Le spécialiste n’identifie par ailleurs « pas de risque immédiat » pour la sûreté. Il s’explique : « ce serait difficile d’imaginer que la non-réalisation d’une opération conduise mécaniquement ou rapidement à une situation problématique. En revanche, ça peut introduire une difficulté de plus dans la maîtrise de chantier par EDF. » L’Arrêté du 7 février 2012 fixant les règles générales relatives aux installations nucléaires de base indique que c’est le rôle d’EDF d’exercer une surveillance des activités réalisées par les intervenants extérieurs. Pour autant, dans un document du Comité sur les facteurs sociaux, organisationnels et humains (COFSOH) créé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) datant de 2017, il est stipulé que l’Autorité, qui assure au nom de l’État la protection des personnes et de l’environnement face aux risques nucléaires, « réalise des inspections sur les conditions dans lesquelles se déroule le recours à des prestataires et à la sous-traitance » et « contrôle la mise en œuvre et le respect d’une démarche permettant d’assurer la qualité des activités sous-traitées ».

https://www.blast-info.fr/articles/2023/surete-nucleaire-les-sous-traitants-maltraites-en-greve–52bnKZjSV23O0UqvXtJhw

NUCLÉAIRE : L’AUTORITÉ DE SÛRETÉ SOMME EDF DE « RÉVISER SA STRATÉGIE » DE CONTRÔLE APRÈS LA DÉCOUVERTE D’UNE FISSURE À PENLY

Selon l’ASN, « cet événement n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Toutefois, il affecte la fonction de sûreté liée au refroidissement du réacteur ».

C’est un nouveau problème pour EDF et son parc nucléaire. L’électricien a découvert une fissure plus importante qu’attendu sur une soudure d’un circuit de secours d’un réacteur à l’arrêt, Penly 1, en Seine-Maritime.

Dans une note, passée inaperçue jusqu’à sa médiatisation mardi 7 mars par le site Contexte, EDF annonce avoir décelé un « défaut significatif de corrosion sous contrainte » sur une conduite de secours servant à refroidir le réacteur en cas d’urgence. Le défaut a été mis au jour lors d’« expertises métallurgiques » sur « une soudure déposée en janvier », selon cette note publiée le 24 février sur le site Internet du groupe.

EDF précise que « l’analyse se poursuit » et « sera soumise à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour instruction et approbation ».

L’ASN a réagi dans la journée et demandé à EDF de « réviser sa stratégie » sur le traitement de la corrosion sous contrainte dans certains de ses réacteurs.

« Cet événement [la fissure] n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Toutefois, il affecte la fonction de sûreté liée au refroidissement du réacteur », souligne l’ASN dans une note d’information.

Fissure « massive »

La découverte fortuite du phénomène de corrosion sous contrainte en octobre 2021 avait forcé EDF à arrêter de nombreux réacteurs pour des opérations de contrôle et de réparations de grande ampleur, contribuant aux pertes colossales enregistrées par l’électricien en 2022.

Lire aussi le récit : EDF : les raisons d’une descente aux enfers (Article réservé à nos abonnés)

EDF a décidé d’effectuer des contrôles doublés parfois de réparations pour 16 des 58 réacteurs de son parc nucléaire, les plus récents et considérés comme les plus sensibles au phénomène.

Jusqu’ici, il n’était question que de microfissures, de l’ordre de quelques millimètres. Mais selon plusieurs sources interrogées par Contexte, « la fissure découverte par EDF [à Penly] est massive : 23 millimètres sur un tuyau de 27 millimètres ». « Ce qui est nouveau (…) c’est la profondeur de la fissure », confirme à l’Agence France-Presse Yves Marignac, expert en énergie et membre des groupes permanents d’experts de l’ASN. La tuyauterie aurait pu être fragilisée par une opération de réparation visant à « réaligner » des circuits, au moment de la construction du réacteur.

Selon EDF, « cette soudure avait été doublement réparée lors du premier montage du circuit à la construction ». « Ce défaut significatif de corrosion sous contrainte a été vraisemblablement généré par ces opérations ciblées de “double réparation” lors du premier montage des tuyauteries », admet l’exploitant dans sa note.

La centrale de Penly, composée de deux réacteurs, a été mise en service entre 1990 et 1992. Elle fait partie de la série des réacteurs les plus puissants, dit « P’4 », d’une puissance de 1 300 MW.

Pour Yves Marignac, « le fait que des fissures plus importantes soient possibles pose la question du maintien en fonctionnement des 6 réacteurs de même type P’4 » en attendant leur réparation préventive, annoncée en décembre par EDF pour courant 2023.

Par Le Monde avec AFP, publié le 07 mars 2023 à 21h46, mis à jour le 08 mars à 08h51

Photo en titre : La centrale de Penly, le 9 décembre 2022.

https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/03/07/nucleaire-l-autorite-de-surete-somme-edf-de-reviser-sa-strategie-apres-la-decouverte-d-une-fissure-a-penly_6164539_3244.html

EDF 2022 : DES PERTES RECORD ET UN ENDETTEMENT QUI VOISINE LES 65 MILLIARDS D’EUROS

EDF avoue avoir enregistré en 2022 une perte historique de 17,9 milliards d’euros pour l’année pour un bénéfice de 5,1 milliards en 2021. Son endettement cumulé atteint un niveau record de 64,5 milliards d’euros malgré un chiffre d’affaires de 143,5 milliards d’euros dû principalement à la hausse des prix de l’énergie que les abonné-es doivent payer. Le groupe est dans le rouge avec une très lourde perte nette. Comment financera-t-il son programme délirant et inadapté au dérèglement climatique de construction de nouveaux réacteurs nucléaires pour plus de 60 milliards d’euros? Le gouvernement aux ordres de la nucléocratie entend détourner le Livret A destiné principalement au logement social pour financer ce plan de relance du nucléaire et les réparations hasardeuses des réacteurs délabrés au-delà de leur déjà passées 40 années.

EDF en 2022, malgré un chiffre d’affaires de 143,5 milliards d’euros dû principalement à la hausse des prix de l’énergie sur le marché spéculatif mondial, affiche une perte historique de 17,9 milliards d’euros sur l’année pour un bénéfice de 5,1 milliards en 2021. L’endettement cumulé du nucléariste atteint un nouveau niveau record de 64,5 milliards d’euros. Et ce alors que la production électrique nucléaire de EDF s’est effondrée du fait de la mise à l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires pour des raisons de malfaçons, de corrosion sur des tuyauteries cruciales pour la sûreté et de vétusté. La disponibilité moyenne du parc des 56 réacteurs est tombée à 54 % contre 73 % sur la période 2015-2019 engendrant même une menace de coupures électriques en plein hiver. Ce sont évidemment les abonné-es qui en font les frais. Et les contribuables qui, au travers de l’impôt et de leur épargne, devront éponger la gabegie permanente des fanatiques de la destruction atomique et de leurs valets politiciens.

Le groupe EDF est dans le rouge avec une très lourde perte nette dû au nucléaire.

La flambée spéculative générale des prix de l’électricité, aligné sur le prix du gaz dont les sanctions occidentales contre la Russie ont fait bondir le Mwh, a conduit EDF à acheter à prix d’or la production que le nucléariste n’était pas en mesure de produire sur le sol français. Si de nombreux usagers, qui avaient quitté l’électricien historique pour tenter de gagner quelques centaines d’euros en partant vers des fournisseurs concurrents, sont revenus chez EDF le nucléariste s’est montré incapable de couvrir leurs besoins. C’est l’aveu du nouveau Pdg nommé par E.Macron, Luc Rémont : « Malgré une forte hausse du chiffre d’affaires soutenu par les prix de l’électricité et du gaz, l’Ebitda est fortement pénalisé par la baisse de production nucléaire ainsi que les mesures régulatoires exceptionnelles mise en place en France pour 2022, dans des conditions de marché difficiles ».

Jamais aussi peu de térawattheures d’origine nucléaire n’avaient été produits depuis 1988 date de la quasi-fin de la construction du parc nucléaire. Les 279 TWh produits en 2022 sont bien loin de l’époque où EDF bouffie de mégalomanie annonçait, tel en 2005, 430 TWh. D’autant que cet été, la canicule a entraîné une baisse des étiages et débits des fleuves alimentant les barrages hydroélectrique qui n’ont pu compenser la faillite atomique. Et comme les énergies alternatives (solaire thermique, solaire électrique, éolien, hydrolien maritime et fluvial, géothermie, biomasse) rapides pourtant à mettre en œuvre se voient empêcher par le vampirisme financier du nucléaire : l’État, actionnaire majoritaire, n’a trouvé comme réponse que le court-termisme d’un  » bouclier tarifaire » contraignant EDF à vendre encore plus d’électricité à bas prix à ses concurrents-fournisseurs (et non producteur) d’électricité pour près de 8,34 milliards d’euros.

Vampiriser le Livret A destiné au logement social pour le refiler au nucléaire

La nucléocratie et le pouvoir macroniste à ses ordres, englués dans leur fanatisme idéologique libéral, envisagent à présent de prélever une bonne part sinon la quasi-totalité du « Livret A » (375 milliards sont consacrés essentiellement à financer le logement social) pour financer la construction de nouveaux réacteurs atomiques. Autrement dit de détourner l’épargne que les français déposent non sans mal sur ce livret pour l’unique gloire des vampires de l’atomisme et de leur soif de toujours plus. Les contradictions du système capitaliste centralisé et productiviste révèlent au grand jour que le nucléaire n’est pas du tout la réponse aux besoins réels de la population et des entreprises ni aux changements climatiques actuels et à venir.

Déjà avec un prix actuel du kWh supérieur à celui des énergies renouvelables le nucléaire conduit à un coût final de l’électron hors de contrôle et de plus en plus éloigné de l’indispensable sobriété et de la bourse des usagers. Pourtant, le pouvoir, toujours dans les stratégies de manipulation de l’opinion publique, laisse filtrer que les besoins financiers ne se présenteront qu’à partir de 2027 (date théorique des chantiers des nouveaux réacteurs EPR2 annoncée par EDF qui doivent entrer en service au plus tard d’ici 2035) et ne viseraient qu’une part modeste du Livret A autour de… seulement 10 milliards d’euros. Mais chacun-e sait que lorsqu’on a mis le doigt dans le pot de confiture on y revient toujours. Et à l’expérience du délirant chantier inachevé de l’EPR de Flamanville (Manche) qui a explosé ses délais de construction et multiplié par 3 le coût initial annoncé par la nucléocratie : le coût de l’électricité produite par l’EPR de Flamanville (si il démarre un jour) se situera autour de 120 euros le MWh, contre 59,8€/109€ euros le MWh actuel du parc nucléaire actuel, 15€/20€ le MWh d’hydraulique, 40€/72€ pour les énergies renouvelables solaires pouvant baisser à 20€, et 50€/71€ pour les éoliennes. (1).

Là réside un autre talon d’Achille du nucléaire, en plus de ses atteintes permanentes à la santé publique et individuelle par ses rejets radioactifs et ses déchets : le coût. Et qui va payer? Pas le privé qui, malgré le coup de force au niveau européen sous la pression de la France de faire entrer le nucléaire comme énergie « verte« , ne voit pas de rentabilité à court et moyen terme dans le nucléaire de moins en moins compétitif. Et les financeurs institutionnels ne se bousculent pas non plus. Pour financer son fanatisme le gouvernement est donc à la recherche de 60 milliards d’euros (hors coûts de financement) hors difficultés de construction. « EDF a une dette importante donc en cherchant des financement privés, il y aura forcément un surcoût du fait que la notation d’EDF peut potentiellement être mauvaise » , précise l’économiste Philippe Crevel
par ailleurs directeur du Cercle de l’Épargne consacrée à l’épargne et à la retraite.

Ne touchez pas à mon Livret A : la riposte s’organise, refusons le hold up !

Un début de riposte s’organise face aux prétentions de la nucléocratie et du pouvoir capitalistique. Chaque citoyen-e épargnant est appelé à s’adresser tant à la Caisse des Dépôts et Consignations gestionnaire des fonds du « Livret A » qu’à son propre établissement bancaire qui gère son livret A. Il s’agit sans tarder de dire son refus de voir le Livret A servir à renflouer les caisses vides d’EDF et de son nucléaire moribond et inadapté ou de ses délirants projets d’atomiser le pays.

Alors que nul ne connait les plans de ce programme de relance, qu’aucun dossier technique n’a été déposé auprès de l’ASN, qu’il ne répond pas aux urgences climatiques: le livret A qui sert depuis sa création notamment à financer des logements sociaux doit continuer à le faire en totalité et, au vues du dérèglement climatique, financer aussi l’isolation des passoires thermiques et la maîtrise de la production et de la consommation des énergies par les citoyens eux-mêmes (panneaux solaires et thermiques en autoconsommation par exemple) ou en collectif (centrale solaire, biomasse, géothermie, hydrolienne,…)

Modèle de lettre à s’inspirer, compléter et à adresser à la CDC (56 Rue de Lille, 75007 Paris ou par mail : mediatrice@caissedesdepots.fr ) et à sa banque personnelle : « Je refuse que mon épargne finance le nucléaire. Le gouvernement s’entête chaque jour un peu plus dans l’absurdité de vouloir construire au moins 6 nouveaux réacteurs nucléaires EPR dans la décennie qui arrive. Je refuse ce hold-up sur mon épargne, dont la quasi-totalité doit servir au financement du logement social et à l’isolation des passoires thermiques du secteur public« .

Une pétition en ligne est également lancée qui, une fois signée, adressera automatiquement à la médiatrice de la CDC votre courriel de refus : https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/livretaouatome-5944.html

NOTE (1)

https://www.agefi.fr/news/entreprises/edf-releve-encore-le-cout-de-lepr-de-flamanville

https://www.20minutes.fr/economie/4024170-20230217-edf-geant-electricite-fait-comptes-annee-tristement-record

https://www.agefi.fr/news/entreprises/edf-releve-encore-le-cout-de-lepr-de-flamanville

https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/02/10/energie-qui-va-payer-pour-le-nouveau-nucleaire_6161268_3234.html

https://www.radiofrance.fr/franceinter/et-si-le-livret-a-permettait-de-financer-le-nucleaire-2335952

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Par Rédaction, publié le lundi 6 mars 2023 à 17h19

http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2023/03/06/EDF_pertes-records-en-milliards-d-euros

NUCLÉAIRE: PREMIER FEU VERT DES DÉPUTÉS À LA DISPARITION DE L’IRSN

Les députés ont donné un premier feu vert en commission au projet controversé du gouvernement de fondre l’Institut chargé de la sûreté nucléaire (IRSN) au sein du gendarme du nucléaire, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Les élus de la commission des Affaires économiques ont validé plusieurs amendements sur le sujet dans la soirée de lundi, avant de voter l’ensemble du projet de loi d’accélération du nucléaire, attendu dans l’hémicycle lundi prochain.

En fondant rapidement l’IRSN au sein du gendarme du nucléaire, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a affirmé vouloir « réunir sous la même bannière publique deux services publics qui participent de la même politique de sûreté nucléaire en retenant le statut le plus protecteur des deux entités, à savoir celui d’autorité administrative indépendante« .

Elle a insisté sur des « garde-fous » pour tenir compte des contestations autour de cette réforme.

Par un sous-amendement de la rapporteure macroniste Maud Bregeon, les députés ont souligné que « l’autorité de sûreté nucléaire définit dans son règlement intérieur des dispositions organisationnelles pour séparer le processus d’expertise des avis et des décisions délibérés par son collège« , une recommandation faite par l’Office parlementaire des choix scientifiques (Opecst).

La gauche a vertement critiqué « la précipitation et la brutalité » de la réforme (Mathilde Panot, LFI). L’écologiste Julie Laernoes a dénoncé « une destruction en quatre semaines du système dual de sûreté qui est reconnu au niveau international« .

La droite a soutenu le gouvernement, mais le patron du groupe LR Olivier Marleix a demandé par un amendement un rapport sur les « éventuels impacts que les nouvelles prérogatives accordées à l’ASN peuvent avoir sur le système de contrôle de radioprotection et de sûreté nucléaire« .

Les salariés de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui délivre des avis scientifiques indépendants sur l’état des centrales, seront en grève le 13 mars, pour la troisième fois en un mois, contre la disparition de leur institut, a annoncé l’intersyndicale.

Entre 500 et 600 salariés, sur les 1.700 que compte l’IRSN, ont participé à chaque fois aux deux précédentes grèves organisées depuis l’annonce surprise, le 8 février, du projet gouvernemental de démantèlement de leur institut.

Trois anciens présidents de l’Office parlementaire des choix scientifiques (Opecst), dont le mathématicien Cédric Villani, ont mis en garde lundi contre ce projet, « dérive technocratique dangereuse » à même de « paralyser la sûreté« .

Par AFP, publié le 07 mars 2023 à 10h53

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/nucleaire-premier-feu-vert-des-deputes-en-commission-au-projet-de-fondre-lirsn-au-sein-de-lasn-230307

L’ÉTAT POURSUIVI POUR « INACTION » EN FAVEUR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES

Un bureau d’étude spécialisé dans les projets éoliens et photovoltaïques a déposé auprès du Conseil d’État un recours contre l’État pour son « refus » d’accélérer concrètement le développement des énergies renouvelables, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Éolise, société d’ingénierie basée à Poitiers, avait adressé en octobre au gouvernement une demande listant des mesures réglementaires jugées nécessaires notamment pour accélérer les procédures d’autorisation des projets, aujourd’hui lentes et complexes.

Le recours, déposé en février, demande au Conseil d’État « d’annuler le refus implicite opposé à la demande » et d’enjoindre à l’État de prendre « toutes les mesures utiles » pour développer les énergies renouvelables, a expliqué à l’AFP l’avocat du bureau d’étude, Me David Deharbe, du cabinet Green Law Avocats.

« La Première ministre et la ministre de la Transition énergétique ont accusé réception (de la demande adressée en octobre), mais n’y ont pas répondu. Nous demandons au Conseil d’État d’examiner ce refus de prendre des mesures réglementaires », a-t-il précisé.

Éolise propose 10 mesures, parmi lesquelles la communication obligatoire de la cartographie des zones favorables à l’éolien, la sensibilisation du public ou la limitation de la portée de certains référés-supension qui freinent localement certains projets, via l’imposition de « l’urgence climatique » ou « énergétique »pour accélérer les projets.

Pour Éolise, « le vote récent du Parlement sur la loi dite d’accélération des énergies renouvelables a acté le caractère incontournable de ces énergies dans notre mix énergétique ». Mais « dans un contexte de crise climatique et énergétique, cette loi ne permettra pas de développer ces énergies en France et d’atteindre les objectifs prévus », estime la société dans un communiqué, jugeant que « la loi fait l’impasse sur les mesures concrètes et indispensables », nécessaires.

Les requérants ne s’attendent pas à une issue « avant au moins un an ».

Le ministère de la Transition énergétique, sollicité par l’AFP, n’a pas souhaité faire de commentaire.

Par AFP, publié le 07.03.2023

https://www.lemondedelenergie.com/etat-poursuivi-pour-inaction-faveur-energies-renouvelables/2023/03/07/

« LE PROJET DE DÉMANTÈLEMENT DE L’INSTITUT DE RADIOPROTECTION ET DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE CONSTITUE UNE DÉRIVE TECHNOCRATIQUE DANGEREUSE »

TRIBUNE – Alors que le projet de loi d’accélération du nucléaire arrive à l’Assemblée nationale, trois anciens présidents de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, dont le mathématicien Cédric Villani, pointent, dans une tribune au « Monde », la gravité des conséquences qu’entraînerait la suppression de l’IRSN pour la sûreté nucléaire

Engagés dans trois familles politiques différentes – socialiste, républicaine, écologiste –, nous avons en commun d’avoir été présidents de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst). Nous partageons une vision commune selon laquelle la science doit éclairer la démocratie, selon laquelle l’étude d’impact détaillée doit précéder la décision politique. À l’heure des désordres climatiques, de la pandémie de Covid-19, des sécheresses, des grands débats sur nos modèles agricoles et industriels, qui peut de bonne foi rejeter la pertinence de notre approche ?

Et si, sur l’avenir du nucléaire en France, nos considérations peuvent diverger, nous nous retrouvons aujourd’hui pour dire avec beaucoup de gravité que le projet de démantèlement de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), décidé brutalement, sans la moindre étude et en contradiction avec toutes les évaluations sérieuses de ces vingt-cinq dernières années, constitue une dérive technocratique dangereuse.

Ne croyez pas que ces paroles fortes soient prononcées à la légère, comme souvent aujourd’hui dans les débats politiques : au contraire, elles sont très soigneusement pesées. À quiconque contesterait notre légitimité en la matière, rappelons que l’Opecst est, de par la loi, l’organisme parlementaire attitré pour évaluer et contrôler le nucléaire civil, et, qu’à nous trois, nous comptons à notre actif quelque vingt années de présidence de cet organisme, sous cinq présidents de la République différents.

« Paralyser la sûreté »

Est-il sérieux de se lancer dans une modification aussi hasardeuse que profonde des liens entre expertise et décision, au moment même où notre pays a besoin d’avoir confiance dans ce système ? Est-il sérieux de demander à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) d’absorber, tambour battant, la majeure partie d’un institut trois fois plus gros que lui, au moment d’une relance annoncée du nucléaire ? Est-on assez naïf, au gouvernement, pour penser que la fusion d’organismes est un gage automatique d’efficacité, alors que tant d’exemples, à tous les niveaux d’administration, ont démontré le contraire ?

L’actuel projet, présenté en conseil de politique nucléaire, n’était ni attendu, ni réclamé, ni souhaité. Il est même en contradiction frontale avec l’avis rendu par la Cour des comptes en 2014. Il ne mesure pas les incidences de ce chamboulement qui pourrait « paralyser la sûreté », comme l’a dénoncé à une très forte majorité le conseil d’administration de l’IRSN. Il ne dit rien sur l’harmonisation des statuts du nucléaire, et incite nos experts et nos ingénieurs à quitter le navire, alors même que les déboires récents de l’EPR de Flamanville ont cruellement illustré notre perte de compétence dans le nucléaire.

À mots couverts, le gouvernement accuse l’IRSN d’être trop lent dans ses expertises. L’IRSN a pourtant rendu ses avis en temps et en heure, alors que les réponses du gouvernement aux questions légitimes de l’Opecst se sont quelquefois fait attendre des années, et ne sont parfois jamais venues.

Le gouvernement piétine le Parlement

On entend dire que l’IRSN outrepasse ses fonctions, mais que la nouvelle organisation garantira davantage de liberté aux experts en les protégeant sous le parapluie de l’indépendance de l’ASN. L’absurdité de la réponse en révèle l’hypocrisie. La liberté serait-elle la novlangue pour le démantèlement ?

En 1998, à la suite du rapport de Jean-Yves Le Déaut au premier ministre sur l’organisation de la sûreté et de la radioprotection, l’Opecst avait préconisé de séparer la mission de recherche du CEA [Commissariat à l’énergie atomique] de la mission d’expertise. Les raisons valables à l’époque le sont toujours aujourd’hui, mais le gouvernement ne semble pas l’avoir compris.

Tel était le plan soigneusement pensé : éviter les conflits d’intérêts, mais faire de l’IRSN le point de convergence entre l’expertise et la recherche, au service de la sûreté des installations nucléaires, mais aussi de la radioprotection, de la défense, du dialogue citoyen. Mais il aura suffi d’une réunion à huis clos, sans mission ni rapport ni visite de terrain, pour mettre à bas un mécanisme peaufiné par de longues discussions avec les acteurs de la filière, par plusieurs débats à l’Opecst et dans les commissions compétentes du Parlement, par trois lois successives entre 1999 et 2006, et par plus de quinze années de travail collectif.

En faisant exploser ce point de convergence, le gouvernement piétine le Parlement et méprise un institut de 1 700 professionnels dont la compétence a été maintes fois démontrée. Surtout, il organise un retour en arrière de près de quarante ans, à l’époque où la sûreté nucléaire en France était un objet de dérision.

Comme l’Opecst l’a souvent écrit, la transparence est la condition sine qua non de la confiance. Dans les grandes démocraties, c’est le Parlement qui assure le travail prospectif d’évaluation préalable des grandes décisions de société. Et celle-ci en est une, au croisement de la sécurité énergétique, du risque industriel, des enjeux de défense : elle engage toute la nation et ne doit pas être réservée à une poignée de décideurs aux pleins pouvoirs. Avant de décider une révolution à la hussarde de notre organisation en matière de contrôle et d’expertise sur la base de rumeurs, de grâce, laissez le Parlement évaluer les enjeux du système, les motivations d’une éventuelle réforme, et leur impact sur la qualité de notre dispositif.

Les signataires : Claude Birraux est ancien député Union pour un mouvement populaire ; Jean-Yves Le Déaut est anciensocialiste ; Cédric Villani est ancien député La République en marche, puis du groupe Écologie démocratie solidarité. Tous les trois sont d’anciens présidents de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

Par Claude Birraux, Jean-Yves Le Déaut et Cédric Villani, publié le 06 mars 2023 à 12h02

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/06/le-projet-de-demantelement-de-l-institut-de-radioprotection-et-de-surete-nucleaire-constitue-une-derive-technocratique-dangereuse_6164337_3232.html

PÉNIBILITÉ, RADIOACTIVITÉ… LE NUCLÉAIRE MANQUE D’ARGUMENTS POUR RECRUTER

La filière nucléaire tente de recruter de la main-d’œuvre. Le défi s’annonce de taille, tant les conditions de travail difficiles des salariés et sous-traitants n’ont pas été améliorées.

L’opération séduction est lancée. Jeudi 2 mars, Pôle emploi et l’Université des métiers du nucléaire ont invité la presse à Orano Tricastin pour le lancement de la première semaine des métiers du nucléaire, du 6 au 10 mars. Visites d’entreprises, témoignages de salariés, « job dating »… Plus de 200 événements sont prévus dans toute la France pour promouvoir les carrières dans la filière atomique.

L’enjeu est de taille. Dans son discours de Belfort du 10 février 2022, Emmanuel Macron a annoncé le prolongement de tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être au-delà de cinquante ans [1], la construction de six EPR2 et le lancement d’études pour huit EPR2 supplémentaires, et un appel à projets de 1 milliard d’euros pour le développement de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Le Conseil de politique nucléaire du 3 février a confirmé ces objectifs, en évoquant même un prolongement des réacteurs à plus de soixante ans.

Actuellement, la filière nucléaire, troisième industrie française, compte plus de 3 000 entreprises et plus de 220 000 salariés. Il en faudra 10 000 à 15 000 supplémentaires par an d’ici 2030 pour venir à bout des chantiers prévus par l’exécutif, a annoncé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire à Penly, en décembre dernier.

D’où le « plan Marshall » de formation et de recrutement lancé par le gouvernement. Le 15 avril prochain, le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen) doit livrer une étude faisant l’état des lieux de l’emploi dans la filière. Cette dernière doit aider l’Université des métiers du nucléaire (UMN) à élaborer un plan d’action, qui sera dévoilé le 15 mai.       

Entrée de la centrale de Civaux (Vienne). Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/E48616

En parallèle, l’État a prévu un audit externe pour compléter cette planification. « L’objectif est d’être prêt pour la rentrée, a précisé le ministère au Parisien. Les besoins de recrutement se feront sentir à partir de 2027, lors des premières coulées de béton à Penly. » Le gouvernement a d’ores et déjà lancé des bourses de 600 euros mensuels aux étudiants, attribuées via l’UMN. « Il faut que nous convainquions nos étudiants, nos lycéens, nos bac pro de revenir vers la filière nucléaire », a insisté M. Le Maire lors de sa visite à la centrale normande.

Des conditions de travail lourdes et inchangées

Ceci, alors que le secteur manque déjà de bras. En décembre dernier, 7 000 offres d’emploi non pourvues étaient recensées par Pôle emploi. « Les visites décennales [2] actuelles représentent cinq fois plus d’activité que les arrêts de tranche habituels, explique à Reporterre Gilles Reynaud, ancien salarié d’une filiale d’Orano et président de l’association Ma Zone contrôlée. S’y sont ajoutés le rattrapage du retard dans les opérations de maintenance et la gestion du problème de corrosion sous contrainte. Il n’y a pas eu assez de main-d’œuvre pour prendre en charge tous ces travaux. »

En particulier, le manque de soudeurs qualifiés se fait cruellement sentir. « Un soudeur spécialisé dans l’industrie nucléaire m’a raconté, depuis son lit d’hôpital, qu’il avait été rappelé par son employeur pour refaire de la soudure sous rayonnements ionisants alors qu’il était en convalescence d’un cancer très grave », rapporte la sociologue Marie Ghis Malfilatre, spécialiste de la sous-traitance dans le nucléaire. Une centaine de soudeurs et de tuyauteurs étasuniens et canadiens ont également été appelés en renfort en 2022, pour la réparation des soudures corrodées.

« Je finis ma mission, mon CDD, et vous ne me reverrez plus »

Reste à savoir où travailleront les futures recrues. À EDF, sous couvert du régime avantageux des industries électriques et gazières (IEG) ? Ou dans une des entreprises sous-traitantes qui assurent actuellement 80 % des opérations de maintenance du parc et dont les salariés dépendent de conventions nettement moins favorables — métallurgie, BTP, voire Syntec [3] ou nettoyage ? La concurrence s’annonce acharnée pour les postes les plus protégés : sur les 10 000 à 15 000 nouveaux embauchés par an, seuls 3 000 devraient rejoindre l’électricien français, selon un représentant d’EDF.

La centrale nucléaire de Saint-Laurent, dans le Loire-et-Cher. Wikimedia Commons/CC-BY-SA-2.5/Remi Jouan

Or, les sous-traitants occupent les postes les plus exposés au risque radiologique. Ils supportent 80 à 90 % des doses de rayonnements ionisants reçues chaque année dans l’ensemble du parc nucléaire français [4]. « Les plus exposés sont les travailleurs de la logistique nucléaire, qui assainissent les endroits contaminés pour que les autres intervenants prennent moins de doses, explique Gilles Reynaud. Ils doivent par exemple poser des protections biologiques — des matelas de plomb de 25-30 kilos — dans des zones orange voire rouges, où l’on reçoit en quelques heures la dose maximale annuelle inscrite dans la loi. »

Pression, mises à pied

S’il soutient la formation, le gouvernement n’a pas l’air pressé d’améliorer les conditions de travail de ces petites mains de l’atome. Dans son rapport sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires de juin 2018, la députée de la majorité Barbara Pompili préconisait la création d’une convention collective et d’un statut commun à « l’ensemble des salariés des entreprises sous-traitantes travaillant dans le domaine nucléaire et opérant en zone contrôlée ».

Cette recommandation, qui fait écho à une revendication portée par la CGT depuis les années 1980, est restée lettre morte. « On voit bien les enjeux économiques qu’elle soulève, commente Marie Ghis Malfilatre. Cette organisation du travail a pour but de faire supporter les doses aux sous-traitants, mais aussi de favoriser leur subordination et de réduire les coûts. » La pression exercée sur les salariés de ces entreprises est énorme. En 2020, Gilles Reynaud a ainsi été mis à pied par sa hiérarchie pour avoir contesté les conditions de travail de son entreprise, une filiale d’Orano.

Dans ces conditions, pas sûr que la filière nucléaire arrive à attirer de nouveaux talents. « Avant de se lancer dans ce projet de construction de six nouveaux EPR, il faudrait se concentrer sur le parc existant et faire le nécessaire pour que les salariés restent. Le turn-over est très important. Quand ils voient dans quel bazar ils mettent les pieds lors de leur première expérience, des jeunes nous disent : Je finis ma mission, mon CDD, et vous ne me reverrez plus », rapporte Gilles Reynaud. Pour Marie Ghis Malfilatre, les enjeux sont pourtant majeurs, pour les travailleurs du nucléaire comme pour l’ensemble de la population : « Des conditions de travail dégradées entraînent des problèmes de sûreté des installations. »

Par Émilie Massemin, publié le 6 mars 2023 à 09h41, mis à jour le 6 mars 2023 à 17h18

Photo en titre : La filière nucléaire a lancé une opération séduction le 2 mars 2023 pour recruter de la main-d’œuvre. Ici, des travailleurs devant le projet d’EPR de Flamanville, en Normandie, le 14 juin 2022. – © AFP/Sameer Al-Doumy

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« UTILISER L’ÉPARGNE DU LIVRET A POUR FINANCER LA CONSTRUCTION DE NOUVEAUX RÉACTEURS NUCLÉAIRES SANS DÉBAT PUBLIC, C’EST INACCEPTABLE

Tribune par Collectif – Décider que l’épargne populaire contribue à la construction de nouveaux EPR risque de nuire au financement des logements sociaux et des projets de rénovation thermique, s’inquiète un collectif d’économistes dans une tribune au « Monde ».

Le 10 janvier 2023, lors de son audition en commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Lombard, directeur de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), a déclaré que « l’épargne populaire du Livret A, du Livret de développement durable et solidaire, du Livret d’épargne populaire… peut davantage encore financer la transformation de notre appareil de production énergétique ». Les ministres de la transition écologique et de l’industrie ont ensuite reconnu que le gouvernement pourrait flécher une partie de l’épargne déposée sur le Livret A vers la construction des réacteurs pressurisés européens (EPR), les réacteurs de nouvelle génération. La décision à ce sujet devrait être prise en 2023. Pourtant, des EPR dans le Livret A sans débat public, c’est inacceptable !

Ce fléchage partiel envisagé du Livret A interpelle en effet sur deux points :

.  d’une part, sur ce qu’il adviendra du logement social dans le Livret A,

.  d’autre part sur la pertinence du Livret A pour financer le programme nucléaire.

Cette épargne réglementée joue un rôle majeur dans l’épargne populaire : elle rassemblait 375 milliards d’euros fin 2022 et plus de huit personnes sur dix disposaient d’un livret. Elle est gérée majoritairement par la CDC, de la même façon que le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Environ 300 des 510 milliards d’encours de ces deux livrets sont centralisés à la CDC pour l’année 2022, l’équivalent de 12 % du PIB. C’est dire l’importance de toute décision relative à son utilisation.

Défi immense

C’est pour accomplir des missions d’intérêt général que la CDC dispose d’un mandat de gestion d’une partie des fonds du Livret A et du LDDS. Ces fonds viennent soutenir les prêts consentis par la CDC au titre du logement social et de la politique de la ville. Ce qui n’est pas centralisé par la CDC est orienté vers les petites ou moyennes entreprises et la transition énergétique. Si d’autres types de financement ont été ouverts en 2020, après que l’épargne populaire a connu une forte hausse dans le contexte de la crise sanitaire, la partie centralisée à la CDC reste orientée vers le logement social et les projets d’aménagement et de renouvellement urbains. En 2021, la CDC a financé près du quart des logements construits en France, soit 85 300 nouveaux logements sociaux, et ses prêts ont permis la réhabilitation de 81 600 autres logements dans le parc existant.

Pour les années qui viennent, le défi est immense. Pour faire face à la crise du logement et aux besoins de rénovation thermique des 460 000 passoires énergétiques du parc social, la CDC devra impérativement renforcer son concours. C’est un chemin de sobriété énergétique qui bénéficiera aux habitants, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Dans le cas contraire, des logements seront rendus impropres à la location, alors que 1,7 million de ménages restent en attente d’une habitation à loyer modéré en France. Si le gouvernement décide de puiser dans le Livret A pour financer une partie de son programme nucléaire, cela ne doit pas être au détriment de ses usages historiques. Les enjeux de logement et les besoins des quartiers prioritaires de la politique de la ville sont tels que personne ne le comprendrait.

L’autre question est celle de savoir s’il est pertinent de mobiliser le Livret A pour le programme nucléaire. Ce dernier est si discutable que l’usage de ce produit d’épargne universel ne peut que produire du dissensus. Les engagements européens de la France pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 requièrent une action rapide et efficace, une urgence que soulignent également les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Or, selon la première version des « travaux relatifs au nouveau nucléaire » (rapport gouvernemental d’octobre 2021), la mise en service de la première paire d’EPR interviendrait « au plus tôt à l’horizon 2040 ». L’EPR de Flamanville n’a toujours pas livré ses premiers mégawatts quinze ans après le démarrage de sa construction. Son coût, qui devait être de 3,4 milliards d’euros, est maintenant évalué par la Cour des comptes à plus de 19 milliards d’euros, en tenant compte des intérêts intercalaires. Le mégawattheure produit coûterait quelque 150 euros, environ 2,5 fois le coût de l’éolien terrestre et du solaire.

Réduire la consommation d’énergie

L’EPR en construction au Royaume-Uni souffre également de graves problèmes financiers. Même en Chine, la mise en chantier de nouveaux réacteurs a nettement ralenti. Quant aux six premiers EPR prévus dans le plan du gouvernement, selon des évaluations d’octobre 2021, ils coûteraient, hors coût du financement, de 52 à 64 milliards d’euros, une estimation clairement optimiste. En outre, le coût et la durée de construction des réacteurs engendrent des frais financiers si lourds qu’ils feront varier le coût de production du mégawattheure de 40 à 100 euros selon que le coût du capital emprunté sera proche de 1 % ou de 7 %.

Dans ces conditions, le programme nucléaire ne peut pas être la priorité d’une politique énergétique qui, à court terme, doit parvenir à réduire la dépendance aux énergies fossiles et les émissions de gaz à effet de serre. L’urgence, c’est bien plus de réduire notre consommation d’énergie, d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables – d’autant qu’elles ne se heurtent pas à des problèmes de financement – et de développer des dispositifs palliant leur variabilité, dont les scénarios élaborés par le réseau de transport de l’électricité (RTE) et l’association négaWatt ont montré qu’ils étaient à notre portée.

En dépit de cela, si la construction de nouveaux réacteurs se confirmait, l’épargne du Livret A ne saurait y contribuer sans que soit engagé un débat public. Le caractère universel de cette épargne y oblige. Mais comme le montre mois après mois l’absence quasi complète de prise en compte par le gouvernement de la nécessité du débat public sur la question nucléaire et énergétique en général, nous n’en prenons pas le chemin, et risquons de nous retrouver devant le fait accompli. Pour l’intérêt général, il faut exiger ce débat public et refuser, tant qu’il ne s’est pas tenu, que les EPR entrent dans le Livret A.

Les signataires : Jérôme Blanc, économiste, Sciences Po Lyon ; Jézabel Couppey-Soubeyran, économiste, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; Ludovic Desmedt, économiste, université de Bourgogne ; Alain Grandjean, économiste, président de la Fondation pour la nature et l’homme ; Wojtek Kalinowski, codirecteur de l’Institut Veblen ; Jérôme Trotignon, économiste, université Jean-Moulin-Lyon-III.

Publié le 06 mars 2023 à 09h00

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/06/utiliser-l-epargne-du-livret-a-pour-financer-la-construction-de-nouveaux-reacteurs-nucleaires-sans-debat-public-c-est-inacceptable_6164293_3232.html

LA DÉPENDANCE MALSAINE À L’ATOME RUSSE

La filière du nucléaire civil est dominée par le géant russe Rosatom qui pourrait exercer des pressions sur les centrales occidentales.

L’Europe parviendra-t-elle à réduire sa dépendance à l’atome russe? La Russie est le géant mondial de l’industrie nucléaire civile (constructions de centrales, fourniture de combustible, retraitement, etc.) entretenant des relations commerciales avec plus de 50 pays pour un chiffre d’affaires de près de 140 milliards de dollars sur dix ans. À l’échelle mondiale, Rosatom et ses nombreuses filiales contrôlent 38% de l’uranium enrichi et près de 46% du retraitement des barres d’uranium usagées!

Les centrales suisses ont fortement réduit leurs achats en Russie à la suite des scandales environnementaux liés à la fabrication des crayons de mox (un mélange d’uranium usé et de plutonium), fabriqués dans l’usine sibérienne de Seversk. Mais sont-elles pour autant sevrées? Interrogés par nos confrères du «Tages-Anzeiger», les exploitants des usines nucléaires suisses sont dans l’incapacité de dire si l’uranium qu’elle achète à des intermédiaires étrangers passe encore par les filiales de Rosatom.

Dans la revue «Nature Energy», des chercheurs norvégiens explorent l’empire Rosatom et la menace qu’il fait peser sur l’Occident. Rosatom est le seul groupe au monde qui peut offrir aux États intéressés par l’atome «un guichet unique», couvrant la construction des centrales, leur exploitation, la livraison et le retraitement du combustible, y compris un financement clés en main. Une offre qui a convaincu l’Égypte, l’Afrique du Sud, la Turquie, l’Inde et pourrait séduire beaucoup d’autres États. Si la Finlande et la Slovaquie ont annulé les projets de nouvelles centrales avec la Russie, Rosatom espère pouvoir construire ou moderniser des réacteurs en Hongrie, en Bulgarie et en Arménie notamment.

«Pour les chercheurs, la Russie est en mesure d’exercer des pressions sur tous ces pays, notamment en raison de leur dépendance pour la livraison de combustible mais également en assurant la maintenance des réacteurs de conception soviétique

L’Ukraine, avec l’appui des États-Unis, est sortie de cette dépendance au début des années 2000. Son parc nucléaire a été modernisé et ne dépend plus de Moscou. Kiev est l’un des rares satellites de l’ancienne URSS à avoir anticipé un risque majeur avec Moscou.

En Europe de l’Ouest, la situation demeure particulièrement délicate pour la France. Rosatom est un partenaire commercial et industriel historique d’EDF. L’usine russe de Serversk recycle l’uranium issu du combustible utilisé dans les 56 réacteurs français. La France a en fait maintenu l’idée d’un recyclage de l’uranium usagé, une opération délicate et très sale. La filière, qui permet le retraitement, est aujourd’hui dramatiquement dépendante de Moscou. Paris semble aujourd’hui s’en inquiéter et déclare n’avoir pas renouvelé ses contrats depuis… 2023. Si la France maîtrise la technologie, elle redoute de financer seule une usine capable de remplacer les services offerts par le site industriel sibérien de Serversk. Aussi, vient-elle de créer une coalition de onze États européens (Bulgarie, Croatie, République tchèque, Hongrie, Finlande, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovaquie et Slovénie). Plusieurs de ces pays dépendent de la filière russe. Sans doute la France espère-t-elle convaincre ses partenaires d’investir dans des réacteurs de nouvelle génération, notamment ceux qui promettent de pouvoir brûler les déchets nucléaires (génération dite 4) et qui exigent un retraitement du combustible usagé, une opération proscrite aux États-Unis en raison du risque de prolifération et abandonnée par la Suisse. À l’évidence, EDF, virtuellement en faillite, n’a plus les moyens de relancer une filière nucléaire vieillissante et qui a énormément de peine à surmonter l’échec commercial des EPR (réacteurs de 3ème génération).

Par Pierre Veya, publié le 6 mars 2023 à 09h26

Pierre Veya est chef de la rubrique économie auprès de 24 Heures, de la Tribune de Genève et du Matin Dimanche. Auparavant, il a été rédacteur en chef du journal Le Temps, de l’Agefi et chef de la rubrique économique à L’Hebdo. Ses domaines de compétences sont la finance, l’économie, les hautes-technologies, l’environnement, le climat et la politique agricole. Plus d’infos

https://www.24heures.ch/la-dependance-malsaine-a-latome-russe-528423432120

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. Abo Approvisionnement électrique Greenpeace s’insurge contre l’uranium russe utilisé en Suisse

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. Abo Conséquence de la guerre en Ukraine: La fin du gaz russe relance la course au nucléaire

NDLR: Depuis le temps que nous vous répétons que l’atome ne nous rend pas indépendants sur le plan énergétique comme le ressasse nos gouvernants! 

LA CHINE CONTINUE DE MUSCLER SES CAPACITÉS MILITAIRES

Pékin va augmenter son budget de la Défense de 7,2% en 2023 et veut «intensifier» les entraînements de l’armée ainsi que «la préparation au combat».

Sommaire

La Chine a annoncé ce dimanche 5 mars que son budget de la Défense, le deuxième du monde après celui des États-Unis, augmentera de 7,2% en 2023, une très légère accélération par rapport à l’an dernier. Ce taux de croissance, plus élevé qu’en 2022 (il était de +7,1%) a été annoncé dans un rapport du ministère des Finances publié en marge de l’ouverture de la session annuelle du Parlement.

Pékin prévoit de dépenser 1.553,7 milliards de yuans (225 milliards de dollars) pour sa défense – ce qui reste environ trois fois inférieur au budget de Washington. Même si le scepticisme entoure ce chiffre, car aucun détail n’est apporté, sa hausse chaque année suscite la méfiance des pays voisins de la Chine ayant des contentieux territoriaux avec elle.

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L’Armée populaire de libération (APL) assure être purement «défensive», mais a aussi pour but d’affirmer les prétentions de souveraineté de la Chine face à ses voisins et de s’entraîner à une hypothétique invasion de Taïwan.

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Plus de deux millions de soldats

Les effectifs ont été fortement réduits durant la dernière décennie, dans le cadre d’une campagne de modernisation, de professionnalisation et d’optimisation des dépenses. L’APL compte désormais 2.035.000 hommes et femmes, d’après le centre de réflexion britannique International Institute for Strategic Studies (IISS).

Une parade de l’Armée populaire de libération en 2019, place Tiananmen. GREG BAKER / AFP

Ils se répartissent notamment entre les forces terrestres (965.000), aériennes (395.000) et maritimes (260.000) ou encore l’unité responsable des missiles stratégiques (120.000). Le président Xi Jinping a appelé l’armée à achever sa modernisation d’ici 2035 et à être «de classe mondiale» à l’horizon 2050.

Le troisième arsenal nucléaire mondial, en progression

La Chine dispose d’environ 350 têtes nucléaires, selon les chiffres de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) qui datent de 2022. C’est bien moins que les États-Unis (5428) et la Russie (5977), mais davantage que le Royaume-Uni (225) ou la France (290), d’après la même source.

Des missiles balistiques intercontinentaux chinois. GREG BAKER / AFP

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Le ministère américain de la Défense a toutefois accusé Pékin en novembre de vouloir porter son arsenal nucléaire à 1500 têtes d’ici 2035. Contrairement aux États-Unis, la Chine s’engage à ne jamais prendre l’initiative de l’emploi de l’arme nucléaire – sauf si elle en est elle-même la cible.

Seulement deux porte-avions opérationnels

La Chine dispose de trois porte-avions, dont seulement deux sont pour l’heure opérationnels. Un troisième est actuellement en phase de test en mer. Néanmoins, le décollage et l’appontage des avions sur ces navires sont des opérations compliquées qui nécessitent la formation de nombreux pilotes – un processus très long. En face, les États-Unis disposent selon l’IISS de 11 porte-avions, navires symboles par excellence de l’illustration de puissance.

Le porte-avions chinois Liaoning, le premier de la Marine du pays. AFP

Une présence limitée à l’international

La Chine ne compte qu’une unique base militaire à l’étranger (à Djibouti), qu’elle dit principalement destinée aux opérations anti-piraterie dans la région. Les États-Unis en ont des centaines dans le monde. La présence militaire chinoise à l’international est limitée, hormis les missions de maintien de la paix de l’ONU.

Une armée de l’air en forte progression

Elle progresse à grands pas, renforcée notamment par de nouveaux chasseurs, comme les J-16 et surtout les J-20 furtifs, des avions dont les taux de production annuels «ont probablement doublé» au cours des trois dernières années, selon l’IISS. Le Pentagone estime dans son rapport que la Chine «rattrape rapidement les forces aériennes occidentales».

Un J-16 chinois à la parade. STR / AFP

La plus grande Marine mondiale ?

La Chine est parfois présentée comme la première marine mondiale en termes de nombre de navires devant les États-Unis. Mais la flotte chinoise repose principalement sur des classes de navires plus petites et est encore loin de la puissance américaine.

Une partie de la flotte chinoise en exercice. ASIF HASSAN / AFP

«Intensifier» les entraînements de l’armée

Depuis les années 1980, grâce à la forte hausse de son PIB au fil des ans, la Chine finance progressivement la mise à niveau de son armée. «Certaines unités comptent parmi les mieux entraînées et équipées au monde, mais d’autres accusent encore un retard de plusieurs décennies», souligne à l’AFP Niklas Swanström, directeur de l’Institute for Security and Development Policy, à Stockholm.

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