Un collectif de citoyens narbonnais vient d’être entendu par la commission des pétitions du Parlement européen. Il demande plus de transparence à Orano-Malvési, le site de purification d’uranium situé près de Narbonne.
Le collectif des Européens du Narbonnais, emmené par Kristina t’Felt, a déposé une pétition auprès de l’Europe pour demander plus de transparence autour du site d’Orano-Malvési, site soumis à la directive Seveso 2 et dont une partie est classée installation nucléaire de base, et « faire valoir notre droit de vivre dans un environnement sain et respectueux de la santé« . Cette démarche a abouti à l’audition des représentants des pétitionnaires (Tara Lechartier, Viviane Thivent, André Bories et Kristina t’Felt), le mercredi 13 juillet dernier, par la commission des pétitions du Parlement européen. « Nous avons obtenu le soutien ferme de tous les groupes d’Eurodéputés du parlement« , indique avec satisfaction Kristina t’Felt. Il y a quatre ans, des manifestations, dans le sillage des ‘‘Familles papillons’’, avaient été organisées à Narbonne contre le développement de l’usine Orano Malvési. « C’est ainsi que des habitants venant d’horizons divers et amoureux de l’Aude découvrent l’existence de cette usine qui traite pas moins d’un quart de l’uranium brut mondial. Ce chiffre implique une responsabilité partagée à l’échelle internationale. De là est née l’idée de s’adresser à l’Europe.«
Un premier contrôle effectué
La pétition restera donc ouverte et le dossier continuera à être suivi par l’Europe. Un contrôle a d’ores et déjà été lancé par la commission pour clarifier le fonctionnement des installations d’Orano-Malvési. Les conclusions seront transmises à l’automne. En l’état, le collectif demande que : « L’Europe et la France renforcent la transparence en matière d’information des citoyens au sujet de l’usine d’Orano Malvési ; que les activités du site d’Orano Malvési fassent l’objet de contrôles réguliers, stricts, indépendants et officiellement publiés ; que la santé publique soit soumise à une enquête scientifique conséquente. Il est urgent de faire un état des lieux sanitaire aujourd’hui et de disposer d’un outil adapté pour la surveillance de la santé de la population environnante »
Du côté d’Orano-Malvési, on confirme que suite à la pétition, « la commission européenne a fait procéder à une inspection […] ». Et de poursuivre : »Après l’examen approfondi de nombreux documents, durant 2 jours et demi, 4 inspecteurs européens de l’unité de radioprotection et de sûreté nucléaire de la direction générale de l’énergie de la commission européenne sont venus sur notre site à Narbonne. À l’issue de cette inspection, aucun écart n’a été relevé, comme l’a affirmé la commission européenne à l’occasion d’une commission parlementaire publique du Parlement européen le 13 juillet dernier, chargée d’étudier toutes les pétitions européennes. Le rapport officiel en cours de rédaction sera rendu public fin 2022« , détaille-t-on chez Orano-Malvési.
« Nos portes sont ouvertes »
Et de préciser : « Face à l’urgence climatique, convaincu que la planète a besoin de toutes les énergies bas-carbone, Orano souhaite, plus que jamais, favoriser et contribuer à un débat serein autour de ses activités. Nous invitons les citoyens qui expriment des inquiétudes à venir nous rencontrer et à visiter nos installations, nos portes leur sont ouvertes. Nous partageons un seul et même objectif : celui de la préservation de la planète, du climat et des territoires !«
Les inquiétudes des riverains
Lors de leur exposé devant le Parlement européen, les représentants des pétitionnaires ont notamment rappelé leurs inquiétudes face à « l’opacité qui règne autour du site« .
« Avec cette usine, la confiance a été plusieurs fois rompue. Par exemple, il a fallu qu’une digue cède en 2004 pour que les associations découvrent dans les boues de Malvési des éléments radioactifs qui n’auraient jamais dû s’y trouver, comme des descendants du plutonium. C’est d’ailleurs cette découverte venue des associations qui explique le classement récent du site en installation nucléaire de base« , ont-ils indiqué. Ou encore : « Des associations et des collectifs de riverains formés par la CRIIRAD ont au fil des années effectué des mesures autour du site. Et ces mesures indépendantes ne confirment jamais les suivis rassurants publiés par le service communication d’Orano. Ceci montre bien les difficultés posées par un système dans lequel c’est le pollueur qui effectue lui-même la surveillance environnementale. »
Par Christophe Parra, publié le 29/07/2022 à 05h09
Photo en titre : Le site d’Orano-Malvési a fait l’objet d’une inspection de la commission européenne. Philippe Leblanc
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https://www.ladepeche.fr/2022/07/29/orano-malvesi-leurope-comme-arbitre-de-poids-10461999.php
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