Ça arrive, même aux meilleurs.
À l’occasion des 36 ans de l’événement, Popular Mechanics revient sur le naufrage du K-219, sous-marin nucléaire lanceur d’engins de la marine soviétique, qui coula le 3 octobre 1986 au nord-est des Bermudes, causant la mort de plusieurs membres de son équipage et la perte d’un certain nombre de missiles. Ce qui devait pourtant être une simple opération de routine s’est soldée par un fiasco monumental.
S’il y a bien une leçon à retenir de la triste fin du K-219, c’est qu’il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l’eau salée. Celle-ci est en effet responsable de la réaction en chaîne qui a mené le sous-marin à sa perte.
En raison d’un problème d’infiltration, de l’eau de mer se fraie un chemin à l’intérieur de l’un des silos de l’appareil, et sa rencontre avec le carburant des missiles produit de l’acide nitrique. Il ne faut qu’une poignée de minutes pour que survienne une explosion qui met l’intégralité de l’équipage –et du matériel– en péril.
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Deux hommes meurent sur le coup. La coque étant perforée, le sous-marin s’enfonce peu à peu. Pas moins de vingt-cinq hommes sont pris au piège du compartiment endommagé: ils seront finalement sauvés grâce à l’ouverture d’une trappe leur permettant de quitter les lieux.
En revanche, c’est la panique concernant le réacteur nucléaire, dont l’arrêt automatique n’a visiblement pas fonctionné. Un jeune volontaire se charge d’aller l’éteindre, ce qu’il parviendra à faire avant de mourir héroïquement, asphyxié par les fumées de l’incendie qui s’était déclaré.
Les États-Unis aussi
Le 6 octobre 1986, le sous-marin achève de sombrer, finissant à 6.000 mètres de profondeur. Problème de taille: il en résulte la perte de seize ogives thermonucléaires et de deux réacteurs nucléaires.
Le chef de la marine soviétique, Vladimir Tchervanin, prévient alors des conséquences potentielles: sous l’effet de l’eau salée, les sphères métalliques renfermant des matières explosives et du plutonium vont «entamer un processus de corrosion, ce qui amènera la radioactivité à se répandre».
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Si Tchervanin se veut rassurant en affirmant que la radioactivité en question sera limitée, la situation des deux réacteurs nucléaires l’inquiète davantage: eux aussi vont se corroder à cause de l’eau de mer, et propager à leur tour de la radioactivité –à un niveau nettement plus élevé.
Il ajoute que «cela va se produire lentement, sur des décennies». Désastre écologique en vue, puisque le plutonium a une demi-vie de 24.000 ans, ce qui signifie que dans 240 siècles, il n’aura perdu que la moitié de son activité.
La crainte de l’URSS concerne moins les conséquences écologiques de la catastrophe que la menace des États-Unis, susceptibles de lui chiper une partie des réacteurs et des missiles laissés sur place.
Il y a tout lieu de croire que c’est effectivement ce que les Américains ont fait; en revanche, il est certain qu’il reste encore de nombreux missiles au fond de l’eau. Pour le moment, les mesures de radioactivité réalisées régulièrement indiquent des niveaux inexistants. Mais jusqu’à quand?
L’Union soviétique n’est pas la seule puissance nucléaire à avoir égaré des armes de ce type, rappelait le site National Interest en 2021. C’est apparemment arrivé plus d’une fois aux Américains: entre 1950 et 1980, trente-deux accidents liés à des armes nucléaires américaines ont été répertoriés (lancement accidentel, explosion, vol ou perte) et à ce jour, les États-Unis déplorent la perte de six de ces armes, portées disparues. Extrêmement rassurant.
La kotiidienne
Repéré par Thomas Messias sur Popular Mechanics, publié le 09/10/2022 à 19h04
Photo en titre : National Archives
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