Ce lundi 17 octobre débute Steadfast Noon, un exercice européen organisé par l’Otan, et mobilisant des dizaines d’aéronefs (bombardiers, chasseurs…), pour tester « des » capacités nucléaires « au-dessus de l’Europe du Nord-Ouest ». Au total, 14 États membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique-Nord participent à cet exercice d’ampleur, mais sans la France.
Dans un contexte de grandes tensions internationales depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie aggravées par les récentes menaces de Vladimir Poutine d’utiliser l’arme atomique, un exercice militaire d’ampleur a débuté ce lundi 17 octobre à l’initiative de l’Organisation du traité de l’Atlantique-Nord (OTAN) pour tester « des capacités de dissuasion nucléaire au-dessus de l’Europe du Nord-Ouest« .
« Des » capacités, pas « toutes les capacités », parce que, malgré la présence de 14 pays de l’Alliance à ce test international, il manquera la France, première puissance nucléaire européenne (avec environ 300 ogives) devant le Royaume-Uni (180 ogives) seul autre pays de l’UE à posséder l’arme atomique. La politique de dissuasion nucléaire de la France est en effet indépendante de celle de l’Otan.
Sortie de l’Otan en 1966 (sous la présidence de Charles de Gaulle), la France a rejoint le commandement de l’Otan en 2009 à l’initiative de Nicolas Sarkozy, mais en maintenant une indépendance de décision sur l’usage de l’arme atomique. Emmanuel Macron l’a rappelé mercredi 12 octobre, la doctrine de la dissuasion nucléaire française est de protéger « les intérêts vitaux de la France ». Sans préciser quels sont exactement ces intérêts vitaux, ce « flou stratégique » participant au « maintien d’une double crédibilité, politique et technique ».
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L’Otan explicite cette indépendance comme un atout pour l’alliance :
« Les forces nucléaires stratégiques indépendantes du Royaume-Uni et de la France ont un rôle de dissuasion propre et contribuent de manière significative à la sécurité globale de l’Alliance. Les centres de décision distincts de ces Alliés contribuent à la dissuasion, en compliquant les calculs d’adversaires potentiels. »
« Aucune arme réelle ne sera utilisée»
Cet exercice de dissuasion nucléaire qui se déroule habituellement dans une relative indifférence résonne très différemment cette année depuis les menaces de Vladimir Poutine d’utiliser l’arme atomique sur le sol ukrainien.
C’est pourquoi, l’OTAN, ne pouvant ignorer que l’opération sera scrutée de près par les forces armées russes, insiste beaucoup sur ce point : il s’agit bien d’un exercice de routine, « d’une activité d’entraînement ordinaire récurrente et (qui) n’est en rien lié à l’actualité internationale ».
Et de ponctuer ainsi son communiqué, à la dernière phrase de son premier paragraphe :
« Aucune arme réelle ne sera utilisée.»
Des exercices mêlant B-52 et chasseurs de dernière génération
Cependant, l’opération, baptisée Steadfast Noon et qui doit durer jusqu’au 30 octobre, ne passera pas inaperçue. Elle mobilise quelque 60 aéronefs issus des nations participantes qui effectueront des vols d’entraînement dans une vaste zone aérienne comprenant non seulement le ciel de la Belgique, pays hôte de l’exercice (Steadfast Noon se déroule chaque année dans un pays membre de l’Otan différent) mais également celui de la mer du Nord et du Royaume-Uni.
Y participeront des avions de combat de quatrième et cinquième générations, ainsi que des avions de surveillance et des avions ravitailleurs, et comme les années précédentes, des strato-forteresses B-52 de l’US Air Force, qui cette année, pour rappeler leur capacité de bombardiers à long rayon d’action, décolleront directement de la base aérienne de Minot dans le Dakota du Nord, de l’autre côté de l’Atlantique.
Sans provocation mais avec fermeté
Le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a insisté pour maintenir l’exercice malgré les tensions avec la Russie.
« Ce serait un très mauvais signal si nous annulions soudainement un exercice de routine prévu de longue date en raison de la guerre en Ukraine », a-t-il expliqué la semaine dernière.
« Nous devons comprendre que le comportement ferme et prévisible de l’Otan, notre force militaire, est le meilleur moyen de prévenir une escalade », a-t-il ajouté.
L’Otan se fait également rassurante dans ce contexte, assurant n’avoir constaté aucun changement dans le dispositif nucléaire de la Russie malgré le durcissement de la rhétorique du Kremlin. « Mais nous restons vigilants », a souligné M. Stoltenberg
Par latribune.fr (avec AFP), publié le 17 octobre 022 à 14h31
Photo en titre : L’opération Steadfast Noon comprend la participation d’avions de combat de quatrième et cinquième générations, ainsi que d’appareils de surveillance et de ravitaillement. Des strato-forteresses B-52 de l’US Air Force, bombardiers à long rayon d’action, rejoindront le ciel européen directement depuis la base aérienne de Minot dans le Dakota du Nord. (Photo d’illustration : une stratoforteresse américaine B-52 de l’US Air Force au salon aéronautique Aero India, le 20 février 2019.) (Crédits : Reuters)
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