Plus d’une centaine d’élus ont signé une tribune pour s’opposer à l’implantation d’une nouvelle centrale nucléaire dans l’Ain. Si nos voisins suisses n’ont pas hésité à y prendre part, les élus gessiens et bellegardiens se comptent sur les doigts d’une main…
Ils sont exactement 168 élus à avoir signé une tribune pour contester la modification du Schéma de Cohérence Territoriale Bugey Côtière Plaine de l’Ain (SCOT BUCOPA) qui était soumis à enquête publique jusqu’au 22 octobre dernier.
Concrètement, les changements sur ce document technique permettraient de faciliter l’installation d’une nouvelle paire de réacteurs nucléaires EPR2. Ces réacteurs pourraient voir le jour à Saint-Vulbas, une commune de l’Ain où est déjà implantée la centrale nucléaire du Bugey.
« Nous refusons ces réacteurs nucléaires coûteux, polluants et très dangereux pour la population et l’environnement. Nous ne voulons pas d’un avenir avec des EPR dans nos territoires » annoncent les élus signataires rassemblés sous le nom « Élu.e.s contre EPR à Bugey ».
Dans un communiqué du 13 octobre, alors journée internationale de prévention des risques, ces mêmes élus avaient précisé leur position.
« Les élus locaux de la majorité ne s’en cachent pas : cette modification a pour principal objectif de les autoriser à artificialiser 150 hectares de terres agricoles pour installer une paire d’EPR à côté de la plus vieille centrale nucléaire de France. […] Cette modification du SCOT, procédure précipitée et coûteuse a pour but essentiel d’adhérer à la politique nucléariste du gouvernement, sans attendre le débat public national relatif à la mise en œuvre d’un programme de 6 réacteurs nucléaires de type « EPR2 » qui débutera le 27 octobre. »
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« Ce n’est pas une solution viable pour le réchauffement climatique »
Pour Joël Guerry, conseiller communautaire de la Plaine de l’Ain et membre de l’association Sortir du Nucléaire Bugey, hors de question d’être co-signataire de la contribution positive à l’enquête publique voulue par sa communauté de communes : « Ces réacteurs EPR2, qui ne sont encore qu’un projet sur papier, ne sont en rien une solution viable pour le réchauffement climatique, au contraire, leur construction va entraîner une forte augmentation des émissions de gaz à effet de serre pendant les 10 à 15 ans de leur construction, alors que les prochaines années sont cruciales pour lutter contre le réchauffement climatique. La seule solution viable est d’importantes économies d’énergie par la sobriété et l’efficacité énergétiques et un développement massif des énergies renouvelables. »
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Sur 168 signataires, 1 seul élu gessien
Cette opposition d’un élu local de l’Ain a donc été rejointe pour d’autres élus aussi bien Français que Suisses. On sait depuis longtemps que Genève ne voit pas d’un bon œil les activités autour de la centrale du Bugey. Sur la liste des signataires, on retrouve donc des élus genevois et lyonnais aussi bien municipaux que régionaux. Ne cherchez pas des noms gessiens ou bellegardiens dans cette liste. Le seul élu gessien sur ces 168 est Philippe Guinot, conseil municipal d’Ornex. On vous laisse à vos déductions sur ce point…
Pourquoi choisir le Bugey pour de nouveaux réacteurs nucléaires ?
Le 10 février 2022, le président Emmanuel Macron dévoilait sa stratégie pour relancer le nucléaire en France. En déplacement à Belfort, le président affirmait alors sa détermination à investir dans le renouvelable, mais surtout à relancer la filière nucléaire via la construction de six réacteurs nucléaires EPR nouvelle génération d’ici 2035.
L’emplacement de ces nouveaux réacteurs était déjà en débat depuis plusieurs années. Ainsi, dès 2020 Jean Deguerry, président du département, annonçait en session qu’il souhaitait que l’Ain se positionne : « Une (paire de réacteur, Ndlr) est déjà fléchée en Normandie, une est déjà fléchée dans les Hauts-de-France, la troisième serait pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Alors plutôt que de laisser le site de Tricastin prendre l’avantage, je veux que nous défendions notre territoire .»
Pour atteindre cet objectif il fallait donc passer par la modification du SCOT BUCOPA. La communauté de communes de la Plaine de l’Ain l’assume et déclare ainsi : « Le site du Bugey présente de sérieux avantages pour l’implantation d’une paire d’EPR 2 : des disponibilités foncières, des infrastructures d’évacuation d’énergie déjà existantes, un tissu économique local solide et compétent, des emplois spécialisés et non délocalisables. »
Par Coralie Dhenein, mis en ligne le 29/10/2022 à 21h00
Photo en titre : Vue de l’actuelle centrale nucléaire du Bugey. – DRK
NDLR: petite suggestion aux élus pronucléaires: on devrait aussi construire une usine d’armement plus 2 ou 3 sites classés SEVESO, ça créerait encore plus d’emplois et rapporterai plus de taxes puisqu’il n’y a que ça qui compte pour vous!!!
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