Si les incidents sont jugés mineurs, l’Agence fédérale de contrôle nucléaire estime que c’est « intolérable » dans une centrale nucléaire.
Plusieurs représentants de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) ont été auditionnés ce mardi à la Chambre, à la suite d’une demande des écologistes. Le député Samuel Cogolati (Écolo) avait réclamé cette audition, afin de faire la lumière sur l’arrêt inopiné de Tihange 3 intervenu le 3 octobre dernier.
Le député hutois soupçonnait que l’arrêt du réacteur soit lié à l’utilisation d’un GSM dans une zone non autorisée. Lors de l’audition de ce mardi, Frank Hardeman, le directeur de l’AFCN, a reconnu que des ondes électromagnétiques étaient “vraisemblablement” à l’origine de l’arrêt de Tihange 3.
Par ailleurs, au cours de cette audition, l’AFCN a, une nouvelle fois, pointé des manquements dans la culture de sûreté en vigueur à Tihange. “Nous avons encore constaté des incidents mineurs qu’il ne faut pas dramatiser, a déclaré Lut Vande Velde, directrice communication et information, de l’AFCN. Mais, pour nous, c’est intolérable dans une centrale nucléaire”.
À la suite de ces manquements, la centrale hutoise a été placée sous surveillance accrue. Cela signifie que les inspections de l’AFCN seront plus fréquentes, et que certaines activités seront suivies de plus près.
L’AFCN a rappelé que ce problème de culture de sûreté n’est pas neuf à Tihange. En effet, des manquements avaient déjà été identifiés en 2015-2016. Après la multiplication de petits incidents, l’AFCN avait déposé un premier “pro justitia” en août 2015, suivi d’un second en juin 2016. Faute de réaction suffisante de la part de l’exploitant nucléaire, Jan Bens, à l’époque directeur de l’AFCN, avait finalement contacté Isabelle Kocher, à l’époque présidente du conseil d’administration d’Electrabel. Finalement, Engie avait nommé Thierry Saegeman comme directeur des activités nucléaires d’Electrabel, afin de redresser la situation. Ce dernier est, depuis lors, devenu patron d’Electrabel.
Retour des incidents
Néanmoins, à en croire l’AFCN, tout n’est donc pas réglé à Tihange. Le système de surveillance accrue sera d’application jusqu’en février prochain, a fait savoir l’organe de contrôle. Cette procédure intervient quand l’installation ou la culture de sûreté ne sont pas à niveau. Lut Vande Velde a rappelé que changer la culture de sûreté peut prendre une génération. En effet, celle-ci dépend de comportements bien ancrés.
A priori, il ne s’est donc rien passé de gravissime à Tihange. C’est plutôt la résurgence d’incidents qui inquiète. “Une centrale nucléaire, ce n’est pas une biscuiterie”, a résumé Lut Vande Velde.
Par Laurent Lambrecht, publié le 08-11-2022 à 13h02, mis à jour le 08-11-2022 à 17h52
Photo en titre : Les inspections sont renforcées, a priori jusqu’au moins le mois de février. ©BELGAIMAGE
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