URANIUM RECYCLÉ, SMR… CE QU’IL MANQUE AU PROJET DE LOI D’ACCÉLÉRATION SUR LE NUCLÉAIRE, SELON LUC RÉMONT, LE PDG D’EDF

Lors d’une audition au Sénat, le nouveau PDG d’EDF, Luc Rémont a estimé que deux éléments devraient être ajoutés à la loi d’accélération du nucléaire sur des centrales existantes. Ce projet de loi doit être étudié au Parlement début 2023.

Il fallait s’y attendre. Lors de sa visite à la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime) le 9 décembre, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a redemandé à EDF de mettre en service un premier SMR Nuward en France en 2030. Une demande à laquelle à laquelle Luc Rémont, le nouveau PDG d’EDF, a réagi mercredi 14 décembre lors d’une audition au Sénat. C’est que la mission qui lui a été assignée semble quasi-impossible.

Le design du petit réacteur nucléaire modulaire de 2×170 mégawatts français, développé par EDF et Framatome, le CEA, Technicatome et Naval Group, n’est encore qu’en phase d’étude. Et les étapes réglementaires avant sa construction sont encore très longues. Certes, pour faciliter son exportation, l’Autorité de sureté nucléaire française (ASN) a annoncé en juin un rapprochement avec ses homologues suédois et tchèque pour réaliser l’examen préliminaire des principales options de sûreté du projet de petit réacteur modulaire Nuward. Mais pour construire un premier prototype en France, comme le demande le gouvernement – à la suite, il est vrai, d’une proposition d’EDF, il va aussi falloir innover en matière de réglementation et simplifier les démarches administratives.

Construire des SMR sur des sites industriels

Luc Rémont a profité de son audition par la Commission des affaires économiques le 14 décembre sur le projet de loi d’accélération de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 sur des sites existants, pour mettre le sujet sur la table. Selon lui, il «serait utile, pas forcément dans le cadre de ce projet de loi, mais dans un futur proche, que nous puissions également examiner la faculté d’élire des sites qui ne sont pas à proximité de sites (nucléaires) existants. Essentiellement pour avoir la chance de développer d’autres types de réacteurs, lorsque les SMR seront disponibles. Car il serait utile d’installer ces SMR sur des sites industriels à proximité de leur client.»

Pour assurer le «succès du nucléaire du futur», le PDG d’EDF recommande aussi d’intégrer dans la loi d’accélération du nucléaire «l’amont et l’aval du cycle du combustible», qui comporte «lui-même des procédures administratives significatives». EDF se trouve en effet confronté à une forte résistance pour la construction, d’ici à 2030, d’une piscine de stockage de ses combustibles usés à proximité du site de la Hague (Manche), où Orano en recycle une partie. Le reste partant notamment en Russie pour être ré-enrichi. Une démarche difficilement tenable en plein conflit entre le pays et son voisin ukrainien.

Par Aurélie Barbaux, publié le 14 Décembre 2022 à 12h02

Photo en titre : Le nouveau PDG d’EDF, Luc Rémont a participé une nouvelle fois le 14 décembre à une table-ronde sur le nucléaire organisée par la Commission des affaires économiques du Sénat. © LCP AN – capture vidéo

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