EDF vient d’annoncer le report des opérations de démarrage du réacteur nucléaire EPR de Flamanville, à 2024. Mais il risque d’être arrêté quelques mois plus tard, pour remplacer le couvercle de la cuve.
À peine démarré, le réacteur EPR de Flamanville (Manche) devra-t-il s’arrêter ? Vendredi dernier, le 16 décembre 2022, EDF a annoncé un report d’un semestre du chargement en combustible du réacteur de troisième génération, « désormais planifié au premier trimestre 2024 ». Or, ce nouveau délai pourrait entrer en collision avec d’autres impératifs de calendrier.
Premier impératif : le remplacement du couvercle de la cuve
Une anomalie de conception a été détectée en 2015 sur le couvercle de la cuve qui accueillera le combustible nucléaire. Cette pièce – centrale du point de vue de la sûreté de l’installation – comporte une « zone présentant des concentrations excessives de carbone et des valeurs de résilience inférieures aux critères fixés ». Après évaluations, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a estimé que la pièce défectueuse ne pourra être utilisée en fonctionnement au-delà du 31 décembre 2024.
Deuxième impératif : récupérer le nouveau couvercle
Selon les informations rendues publiques lors de la Commission locale d’information de Flamanville du 20 octobre 2022, l’exploitant électrique table sur la livraison d’un nouveau couvercle pour « mi-2024 ». L’équipement est en cours de fabrication dans l’usine Framatome de Saint-Marcel (Saône-et-Loire). « Ils ont atteint l’une des dernières étapes, assure EDF : le soudage des adaptateurs qui permettent de piloter le réacteur en fonctionnement. » Pourquoi ne pas démarrer directement avec le couvercle neuf ? En raison de la troisième obligation.
Troisième impératif : démarrer avant le 10 avril 2024
Selon un décret publié en 2007, autorisant la création de l’EPR, et déjà modifié en 2020 pour une rallonge de quatre ans : « Le délai pour réaliser le premier chargement en combustible nucléaire du réacteur est fixé à dix-sept ans à compter de la publication du présent décret au Journal officiel de la République française. » L’EPR devra donc démarrer avec le couvercle actuel, avant le 10 avril 2024.
À moins qu’EDF n’obtienne un nouveau délai, le réacteur ne fonctionnera donc que quelques mois, jusqu’en décembre, avant d’être arrêté pendant cinq mois. Interrogé, l’électricien a confirmé que « le couvercle sera remplacé fin 2024, conformément à la prescription de l’ASN ». Le gendarme du nucléaire indique, de son côté, qu’il s’occupe du respect de la sûreté et non de la gestion de la production.
Par Liza MARIE-MAGDELEINE, Ouest-France , publié le 22/12/2022 à 20h20
Photo en titre : Visite de chantier du réacteur nucléaire de troisième génération type EPR sur le centre nucléaire de production d’électricité de Flamanville (Manche). | ARCHIVES STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE
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