CLIMAT : LA FRANCE VA RATER SES OBJECTIFS DE 2022

Il est probable que la France n’atteigne pas son objectif climatique. Il s’agit des émissions de gaz à effet de serre (les GES) de notre pays, sur notre sol, il s’agit de nos engagements européens et internationaux.

Un organisme spécialisé, le Citepa, est officiellement chargé par le ministère de la transition écologique de les mesurer. Eh bien, il vient de publier (ces heures-ci) son estimation pour les trois premiers trimestres 2022, estimation qui montre que les émissions de GES sont restées stables entre 2021 et 2022 sur, donc, les neuf premiers mois de l’année. Ou plus exactement, il y a une baisse de 0,3%.

C’est important parce qu’Emmanuel Macron s’est engagé sur un recul de 2 à 4% chaque année, et que le Haut conseil pour le climat estime qu’il faut vraiment accélérer. Évidemment, chaque auditrice et auditeur l’a compris avant même que je le dise : c’est la panne partielle du parc nucléaire qui explique cette stagnation. (voir NDLR en fin d’article) Pour produire de l’électricité et remplacer les réacteurs arrêtés, les centrales à gaz tournent à fond.

Mais attention, les émissions du secteur des transports, celles des voitures et des cars, sont en hausse aussi. En revanche, l’industrie a économisé du gaz et de l’électricité, et les bureaux et les logements se sont moins chauffés. À la fois parce qu’il a fait plus doux pendant une partie de l’année, que l’énergie est chère et qu’il y a réellement des efforts de sobriété. Alors, est-ce que le retard par rapport à l’objectif peut se rattraper sur le quatrième trimestre qui se termine ? Cela paraît tout de même très difficile.

Au-delà, l’équation est simple, mais il y a beaucoup d’inconnues pour la résoudre. Depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre de la France ont baissé de 130 millions de tonnes. Donc, en 30 ans. À partir de maintenant, elles doivent encore diminuer de 130 millions de tonnes. En moins de 10 ans. Ce sont des engagements. Cela veut dire qu’il ne faut pas mollir.

Au-delà des déboires de notre parc nucléaire qu’on espère provisoires, beaucoup de questions se posent. La bascule vers la voiture électrique va-t-elle être lente ou rapide ? Les efforts actuels d’économies d’énergie sont-ils temporaires ou définitifs ? À quel rythme les logements vont-ils être mieux isolés ? Les industries très polluantes vont-elles pouvoir se décarboner sans se saborder ? Les trains vont-ils rouler ? Les incitations suffisent-elles ? Et enfin, la question la plus importante : socialement, économiquement, politiquement, les Français sont-ils prêts à accepter les changements qui feront baisser les émissions de gaz à effet de serre ?

Article provenant du podcast L’édito éco de France Inter, publié le vendredi 23 décembre 2022.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-eco/l-edito-eco-du-vendredi-23-decembre-2022-7569159

NDLR : si la France avait tenu ses engagements de développement des énergies renouvelables, nous n’aurions pas été obligés de faire fonctionner nos centrales à gaz « à fond » ni d’entamer les réserves d’eau de nos barrages hydrauliques.