Le changement de couvercle de l’EPR pourrait attendre, alors que l’échéance a été fixée au 31 décembre 2024 et que le réacteur ne démarrera pas avant le premier trimestre 2024.
À peine démarré, l’EPR de Flamanville (Manche) devrait déjà être arrêté. Les impératifs de calendrier se succèdent sur le chantier de ce réacteur de 3ème génération. C’était déjà tout le débat et les objections des associations de protection de l’environnement, lors de la dernière commission locale d’intervention, le 20 octobre 2022.
« Ce démarrage est plutôt une nécessité politique qu’industrielle. » (Guy Vastel ,représentant l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO))
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Une pièce à changer après deux cycles de combustible
Pour comprendre le propos, il faut remonter à l’année 2015. Une anomalie de conception (dans son acier) est détectée sur le couvercle de l’EPR. « La pièce n’est pas défectueuse, mais sa composition compliquait le contrôle de son instrumentalisation », précise EDF.
Après deux années de réflexion, de tests et d’essais, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) donnait alors son feu vert pour l’utilisation de la coiffe, mais pour une durée « limitée dans le temps ». Ordre était donné d’un changement au 31 décembre 2024, après deux cycles de combustible.
19,1 milliards
En euros, le coût estimé de la construction de l’EPR, selon la Cour des comptes. Initialement, ce réacteur de 3ème génération devait coûter 3,3 milliards d’euros.
Mais les retards de chantier se sont enchaînés, et l’EPR ne démarrera pas avant le premier trimestre 2024.
« Quand la décision a été prise du remplacement du couvercle en 2024, nous imaginions un démarrage de l’EPR plus tôt. Au regard des prévisions de démarrage d’EDF, le couvercle ne pouvant être utilisé que jusqu’à fin 2024, le réacteur n’aura pas le temps de faire un cycle de fonctionnement complet du combustible, ce qui pose un certain nombre de difficultés industrielles ».(Julien Collet, Directeur général adjoint à l’ASN, ce 23 janvier 2023, lors des vœux à la presse)
EDF a en effet jusqu’au 10 avril 2024 pour réaliser le premier chargement du combustible. Les deux cycles de combustion imaginés n’auront donc pas le temps de se faire. « C’est davantage un problème de calendrier que de sûreté », assure EDF.
L’entreprise Framatome, qui a conçu la chaudière, a donc demandé un délai à l’ASN pour effectuer le remplacement du couvercle, de manière à pouvoir réaliser un cycle de fonctionnement complet du réacteur.
« Le couvercle serait alors remplacé lors du premier arrêt du réacteur. Soit entre 15 et 18 mois après le démarrage. Cela éviterait de mettre fin prématurément à ce premier cycle, important pour le recueil de plein de données. » (L’Autorité de sûreté nucléaire)
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Une demande de délai
La demande est donc en cours d’instruction. « Compte tenu du contexte, l’ASN n’avait pas d’objections à ce que le couvercle puisse fonctionner pendant un cycle, puisque nous imaginions même, à l’époque, un fonctionnement sur plusieurs cycles. Nous instruirons probablement ce dossier d’ici l’été 2023 », a conclu le directeur général adjoint à l’ASN. Le couvercle pourrait alors être installé en milieu d’année 2025. Sa réception est-elle attendue à l’été 2024.
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Par Solène Lavenu, (La Presse de la Manche), publié le 24 janvier, 2023 à 19h20
Photo en titre : Pour remplacer le couvercle de la cuve, l’arrêt de l’EPR devrait durer entre 4 et 9 mois. (©EDF)
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