POUR PYONGYANG, LA SITUATION DANS LA PÉNINSULE CORÉENNE EST À «L’EXTRÊME LIMITE DE LA LIGNE ROUGE»

Les exercices conjoints entre Corée du Sud et États-Unis ont poussé la situation à « l’extrême limite de la ligne rouge ». Une déclaration signée du ministère des Affaires étrangères nord-coréen, jeudi 2 février, qui est une réponse directe aux propos tenus par le chef du Pentagone, en déplacement à Séoul plus tôt cette semaine. Ce dernier a évoqué, entre autres, l’intensification des exercices militaires et des simulations de réponse nucléaire à une utilisation de la bombe atomique par Pyongyang.

Venu en Corée du Sud pour rassurer son allié du soutien des États-Unis, Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense aura, en tout cas, réussi à faire réagir la Corée du Nord. Pyongyang assure n’avoir aucune intention de discuter tant que Washington poursuit « sa politique hostile ».

Si la Maison Blanche a renouvelé son invitation au dialogue, la rencontre, mardi, entre les ministres de la Défense américain et sud-coréen a confirmé la stratégie offensive des deux pays. Extension des exercices militaires conjoints, déploiement de nouveaux moyens stratégiques et confirmation de la tenue en février d’exercices de simulation d’utilisation d’armes nucléaires. Les deux alliés ont également fait voler des avions de chasse et des bombardiers ce mercredi 1er février.

Menace directe

Autant d’actes et de mots qui visent à convaincre l’opinion publique et une partie de la classe politique de la solidité de l’alliance entre Séoul et Washington alors que l’idée d’un programme nucléaire sud-coréen est de plus en plus populaire. Mais au nord du 38ème parallèle, tout cela est vécu comme une menace directe. Pyongyang assure que ces « manœuvres militaires de confrontation et d’actes hostiles » pourraient transformer la péninsule en « une zone de guerre plus critique ». 

Diplomate nord-coréen à Londres, Thae Yong-ho est passé de l’autre côté de la frontière en 2016 et il estime lui aussi que la Corée du Sud doit changer de stratégie pour faire face à son ancien pays. « La dissuasion étendue n’est pas suffisante pour empêcher une guerre nucléaire sur la péninsule coréenne. Car Kim Jong-un et les autorités nord-coréennes pensent que le parapluie nucléaire en Corée du Sud ne va pas fonctionner efficacement dans le futur », explique-t-il. 

Selon lui, Pyongyang poursuit le développement de ses armes nucléaires pour convaincre Washington de laisser tomber son allié. « Le régime nord-coréen est persuadé que les États-Unis n’accepteront pas de donner Los Angeles pour protéger Séoul », ajoute-t-il.

Rattraper l’avance prise par Pyongyang

La hausse des tensions dans la région, notamment autour de Taïwan pourrait selon lui faire évoluer la situation actuelle. « C’est très important pour nous si on doit acquérir nos propres capacités nucléaires de le faire en accord avec les États-Unis. Je pense que d’un point de vue stratégique si les États-Unis doivent affronter deux guerres dans la région, ils accepteront que le Japon ou la Corée du Sud renforcent leur capacité militaire avec des armes nucléaires », estime Thae Yong-ho.

Un scénario qui reste très hypothétique et ne garantit pas la sécurité de la Corée du Sud rapidement. Car il faudra du temps pour rattraper l’avance prise par Pyongyang dans le domaine de l’arme atomique. 

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Par RFI, (avec notre correspondant à Séoul, Nicolas Rocca), publié le 02/02/2023 à 11h37

Photo en titre : Canons autopropulsés sud-coréens K-9 en exercice non loin de la frontière intercoréenne. (Image d’illustration) AP – Ahn Young-joon

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