ITER ENCORE REPOUSSÉ DE PLUSIEURS ANNÉES

Coup dur pour le principal projet scientifico-industriel mondial dans la fusion nucléaire. Fin novembre 2022, l’organisme qui supervise la construction d’Iter, un réacteur de fusion nucléaire, à Cadarache (Bouches-du-Rhône), a annoncé d’importants retards, encore non quantifiés mais qui devraient atteindre plusieurs ­années au minimum. La première fusion du projet, initialement prévue pour 2016 avant d’être reportée à 2025, n’arrivera probablement pas avant 2030, estiment les experts. En cause : d’importants problèmes industriels au sein du tokamak, l’enceinte en forme de donut qui abrite et confine le plasma en fusion au cœur du réacteur.

D’abord, comme l’avait déjà révélé l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), certains modules qui forment le tokamak (que l’on peut comparer à des quartiers d’orange de 18 mètres de hauteur) n’ont pas exactement les dimensions prévues par les plans. De petits défauts, mais qui compliquent le soudage final de l’infrastructure, qui comptera neuf modules. Ensuite, des éléments de ces derniers sont défectueux. Des tests ont révélé des microfissures, dues à un phénomène de corrosion sous contrainte, au sein des tubulures de refroidissement qui parcourent les panneaux de boucliers thermiques du tokamak, ces fines plaques d’argent situées entre la chambre à vide et les bobines électriques (refroidies à -269°C) afin de protéger ces dernières de la chaleur de la fusion. Conséquence : trois modules déjà reçus par Iter doivent être désassemblés, dont le premier avait été installé en mai 2022 après… trente-six mois d’assemblage. Un revers.

Par N.M. publié le 4 février 2023 à 06h00

Photo en titre : Trois modules défectueux du tokamak d’Iter devront être désassemblés.

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