Invité sur France Bleu Gard Lozère ce jeudi matin, l’ancien scientifique Pierre Péguin, militant de l’antenne alésienne d’Attac, se dit inquiet de la relance de la filière en France. Emmanuel Macron en fait l’une de ses priorités.
Depuis la crise de l’énergie, le président de la République est pressé de relancer la filière du nucléaire, en France. C’est même devenu l’une des priorités de son dernier mandat. Et ce n’est pas franchement de nature à plaire aux anti-nucléaires. « C’est une industrie qui n’est pas du tout décarbonée, estime Pierre Péguin, militant de l’antenne alésienne d’Attac. Les réacteurs, il faut les construire. L’uranium, il faut l’extraire, le transporter, l’affiner à Narbonne, l’amener au Tricastin pour l’enrichir en isotope, etc. Sans parler des déchets radioactifs. »
Pour arriver à cette « renaissance du nucléaire français », comme il l’a lui-même qualifiée, Emmanuel Macron souhaite lancer la construction de six EPR de nouvelle génération avec, pour le premier d’entre eux, une mise en service en 2035. Mais toujours selon Pierre Péguin, le chef de l’État fait fausse route. « Au niveau mondial, dit-il, la part du nucléaire dans la production de l’électricité est passée sous la barre des 10%, quand celle du solaire et de l’éolien la dépassent. La France est assez isolée, sur la planète, puisque c’est le pays qui produit, en proportion, le plus d’électricité nucléaire. »
Cette exception mondiale devrait encore le rester pour un moment. En effet, le mois dernier, le Sénat a adopté, en première lecture, le projet de loi du gouvernement visant à faciliter la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Les élus du palais du Luxembourg ont notamment voté une disposition qui supprime l’objectif de réduire à 50% la part du nucléaire dans le mix énergétique français.
Par Quentin Perez de Tudela, France Bleu Gard Lozère, publié le jeudi 9 février 2023 à 11h12
Photo en titre : la centrale nucléaire du Tricastin pourrait faire partie des sites choisis pour accueillir un EPR de nouvelle génération. © Radio France – Victor Vasseur
NDLR : Pour information, Pierre Péguin est un physicien retraité, Docteur ès sciences, Maître de conférences à l’Université Scientifique de Grenoble, directeur de thèse au CENG-CEA (Centre d’Études Nucléaires de Grenoble – CEA)
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