LA RUSSIE SORT DE L’ACCORD NEW START SUR LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE ET MENACE WASHINGTON DE TESTS NUCLÉAIRES

Lors de son discours qui s’est déroulé ce mardi 21 février à l’occasion du premier anniversaire de la guerre russo-ukrainienne, le président russe a accusé l’occident de maintenir la guerre en Ukraine et de vouloir détruire la Russie. Dans son discours de ralliement du peuple russe à sa cause, Vladimir Poutine a aussi annoncé que « ceux qui ont choisi de trahir la Russie doivent être tenus responsables devant la loi » et qu’il suspendait sa participation à l’accord New Start sur le désarmement nucléaire et se tenait « prêt pour des tests d’armes nucléaires ».

Vladimir Poutine ne semble pas vouloir abandonner la guerre en Ukraine. À l’approche du premier anniversaire du début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le président russe Vladimir Poutine s’est exprimé devant le Parlement et de nombreux cadres de l’armée et de la société civile pour rallier sa population et expliquer sa vision de la guerre en Ukraine.

L’occasion pour lui d’annoncer que « la Russie suspend sa participation au traité START » un accord sur le désarmement nucléaire. Signé en 2010, ce traité est le dernier accord bilatéral du genre liant les États-Unis et la Russie. Il limite les arsenaux des deux pays à un maximum de 1.550 ogives déployées de part et d’autre, soit une réduction de près de 30% par rapport à la limite précédente fixée en 2002.

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Avant-même cette nouvelle annonce, Moscou avait déjà indiqué, début août, suspendre les inspections américaines prévues sur ses sites militaires dans le cadre de l’accord, assurant agir en réponse aux entraves américaines aux inspections russes aux États-Unis. « Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s’en prennent à nos sites nucléaires, c’est pourquoi je suis dans l’obligation d’annoncer que la Russie suspend sa participation au traité (New) Start », a déclaré le président russe lors de son discours. Poutine a aussi suggéré que l’Otan rejoigne New Start pour rendre ce traité équitable, « car, au sein de l’Otan, les États-Unis ne sont pas la seule puissance nucléaire », a-t-il affirmé avant de signifier que « la France et la Grande-Bretagne ont aussi des arsenaux nucléaires, elles les perfectionnent, les modernisent et ils sont dirigés contre nous ».

Dans le même temps, le chef du Kremlin a appelé les autorités russes à se tenir « prêtes pour des tests d’armes nucléaires » si Washington en réalise en premier.

Poutine accuse l’occident d’attiser la guerre

Au-delà de ces annonces, le président russe a accusé le Occidentaux d’être à l’origine du conflit qui ensanglante l’Ukraine depuis bientôt un an. D’après le chef d’État, Moscou a déployé d’intenses efforts pour résoudre pacifiquement la crise qui prévalait dans l’est de l’Ukraine depuis 2014. « Nous avons fait tout ce qui était possible pour résoudre ce problème pacifiquement, négocié de manière pacifique une solution pour sortir de ce conflit difficile, mais dans notre dos, un scénario bien différent était en train de se préparer », a déclaré le président russe. « Le peuple ukrainien lui-même est l’otage du régime de Kiev et de ses maîtres occidentaux qui occupent de fait le régime, du point de vue politique, militaire et économique » a-t-il ajouté.

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Pour le chef du Kremlin, les offensives européennes sur le conflit russo-ukrainien n’ont qu’un but : « Les élites de l’Occident ne cachent pas leur objectif : infliger une défaite stratégique à la Russie, c’est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toutes », a-t-il martelé avant d’annoncer que vaincre la Russie sur le champ de bataille était impossible.

Dans le même temps, le président russe a aussi donné des messages de haine et de dénigrement envers les valeurs occidentales accusant les Européens et les Américains d’avoir fait de la pédophilie « la norme ». « Regardez ce qu’ils font avec leurs propres peuples : la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants jusqu’à la pédophilie, sont déclarées comme étant la norme (…). Et les prêtres sont obligés de bénir les mariages entre homosexuels », a-t-il lancé dans son allocution.

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Le président russe veut punir les « traîtres » russes

Pour rallier sa population, le chef d’État a aussi affirmé que les pays occidentaux essayeraient de diviser la société russe. Dans cette situation, Vladimir Poutine a appelé à poursuivre les « traîtres » en Russie, en pleine répression de toute voix critique du Kremlin et du conflit en Ukraine, à coup d’arrestations et de lourdes peines de prison.

« Ceux qui ont choisi de trahir la Russie doivent être tenus responsables devant la loi », a finalement déclaré le président russe, avant d’assurer qu’il ne s’agissait pas pour autant d’une « chasse aux sorcières ».

Depuis le début de l’assaut contre l’Ukraine, toute critique de l’armée est passible de 15 ans de prison, et les rares figures de l’opposition à ne pas s’être exilées ont été incarcérées, à l’instar d’Ilia Iachine et de Vladimir Kara-Mourza. Mais de nombreux anonymes ont également été arrêtés pour avoir pris position contre le Kremlin. Des dizaines de milliers de Russes, peut-être des centaines de milliers, se sont en outre exilés depuis un an, craignant la répression ou d’être mobilisé sur le front.

Moscou appelle les Russes au patriotisme économique

Vladimir Poutine a également critiqué les sanctions internationales et affirmé que les Occidentaux « ne sont arrivés à rien et n’arriveront à rien », alors que l’économie russe a résisté mieux qu’anticipé par les experts. « Nous avons assuré la stabilité de la situation économique, protégé les citoyens », a-t-il noté, estimant que l’Occident avait échoué à « déstabiliser notre société ». Selon lui, la baisse du PIB en 2022 de seulement 2,1% est un succès. Il a aussi assuré que l’inflation allait bientôt se stabiliser près de son objectif de 4% annuelle.

Le président russe a néanmoins appelé les grandes fortunes nationales à soutenir le gouvernement et leur pays : « Les sources de bien-être, de l’avenir doivent être ici, dans le pays natal, la Russie (…) Investissez en Russie », a-t-il dit, « l’État et la société vous soutiendront ». « Ainsi, nous créerons un pays qui ne se ferme pas au monde mais utilise tous ses avantages », a-t-il ajouté. Face à « la croissance soutenue attendue de la demande intérieure », il s’est également dit « certain » que les entreprises russes « profiteront de cette opportunité pour augmenter la production des produits les plus demandés et occuper des niches qui ont été libérées après le départ des entreprises occidentales ».

Washington dénonce « l’absurdité » du discours de Poutine

En réponse au discours belliqueux du chef du Kremlin, Jake Sullivan, un haut responsable américain a dénoncé ce mardi 21 février « l’absurdité » des accusations du président Vladimir Poutine qui a affirmé que la menace occidentale contre la Russie justifiait l’invasion de l’Ukraine. « Personne n’attaque la Russie. Il y a une sorte d’absurdité dans l’idée que la Russie était sous une forme de menace militaire de la part de l’Ukraine ou de quiconque d’autre », a déclaré aux journalistes le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

Par latribune.fr, publié le 21 février à 12h27 et mis à jour à 15h30

Photo en titre : Poutine a appelé les Russes à le soutenir en diabolisant l’occident (Photo d’archives du président russe Vladimir Poutine lors d’un sommet à Astana, au Kazakhstan, prise le 14 octobre 2022) (Crédits : TURAR KAZANGAPOV)

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