Selon l’ASN, « cet événement n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Toutefois, il affecte la fonction de sûreté liée au refroidissement du réacteur ».
C’est un nouveau problème pour EDF et son parc nucléaire. L’électricien a découvert une fissure plus importante qu’attendu sur une soudure d’un circuit de secours d’un réacteur à l’arrêt, Penly 1, en Seine-Maritime.
Dans une note, passée inaperçue jusqu’à sa médiatisation mardi 7 mars par le site Contexte, EDF annonce avoir décelé un « défaut significatif de corrosion sous contrainte » sur une conduite de secours servant à refroidir le réacteur en cas d’urgence. Le défaut a été mis au jour lors d’« expertises métallurgiques » sur « une soudure déposée en janvier », selon cette note publiée le 24 février sur le site Internet du groupe.
EDF précise que « l’analyse se poursuit » et « sera soumise à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour instruction et approbation ».
L’ASN a réagi dans la journée et demandé à EDF de « réviser sa stratégie » sur le traitement de la corrosion sous contrainte dans certains de ses réacteurs.
« Cet événement [la fissure] n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Toutefois, il affecte la fonction de sûreté liée au refroidissement du réacteur », souligne l’ASN dans une note d’information.
Fissure « massive »
La découverte fortuite du phénomène de corrosion sous contrainte en octobre 2021 avait forcé EDF à arrêter de nombreux réacteurs pour des opérations de contrôle et de réparations de grande ampleur, contribuant aux pertes colossales enregistrées par l’électricien en 2022.
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EDF a décidé d’effectuer des contrôles doublés parfois de réparations pour 16 des 58 réacteurs de son parc nucléaire, les plus récents et considérés comme les plus sensibles au phénomène.
Jusqu’ici, il n’était question que de microfissures, de l’ordre de quelques millimètres. Mais selon plusieurs sources interrogées par Contexte, « la fissure découverte par EDF [à Penly] est massive : 23 millimètres sur un tuyau de 27 millimètres ». « Ce qui est nouveau (…) c’est la profondeur de la fissure », confirme à l’Agence France-Presse Yves Marignac, expert en énergie et membre des groupes permanents d’experts de l’ASN. La tuyauterie aurait pu être fragilisée par une opération de réparation visant à « réaligner » des circuits, au moment de la construction du réacteur.
Selon EDF, « cette soudure avait été doublement réparée lors du premier montage du circuit à la construction ». « Ce défaut significatif de corrosion sous contrainte a été vraisemblablement généré par ces opérations ciblées de “double réparation” lors du premier montage des tuyauteries », admet l’exploitant dans sa note.
La centrale de Penly, composée de deux réacteurs, a été mise en service entre 1990 et 1992. Elle fait partie de la série des réacteurs les plus puissants, dit « P’4 », d’une puissance de 1 300 MW.
Pour Yves Marignac, « le fait que des fissures plus importantes soient possibles pose la question du maintien en fonctionnement des 6 réacteurs de même type P’4 » en attendant leur réparation préventive, annoncée en décembre par EDF pour courant 2023.
Par Le Monde avec AFP, publié le 07 mars 2023 à 21h46, mis à jour le 08 mars à 08h51
Photo en titre : La centrale de Penly, le 9 décembre 2022.
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