POURQUOI DEUX RÉACTEURS DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE DAMPIERRE-EN-BURLY SERONT SOUMIS À UNE ENQUÊTE PUBLIQUE ?

Comme prévu par la loi, une enquête publique va être lancée en juin 2023, vis-à-vis des modifications apportées lors des visites décennales des réacteurs 1 et 2 de la centrale de Dampierre. Des permanences seront tenues dans les sept communes situées dans un rayon de cinq kilomètres.

La centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly n’en a pas encore terminé avec les procédures administratives. Quelques mois après avoir passé les visites décennales pour ses réacteurs n°1 et 2, afin d’essayer d’exploiter ces deux unités dix années de plus, l’équipe de la centrale va être concernée par une enquête publique accessible à tous, tout au long du mois de juin 2023.

Un passage obligatoire prévu par la loi depuis 2016 qui oblige toutes les centrales datant de plus de 35 ans à se soumettre à une enquête publique, à chaque nouvel examen d’importance.

« Il ne s’agit pas d’être pour ou contre le nucléaire« 

« C’est un enjeu stratégique pour l’entreprise« , a expliqué, mercredi 12 avril, Laurent Berthier, le directeur du site de Dampierre-en-Burly. En effet, le rapport de l’enquête publique sera pris en compte par l’autorité de sûreté nucléaire, dans son verdict sur la possibilité d’exploiter les deux réacteurs dix années de plus. 

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Laurent Berthier a, par ailleurs, rappelé que cette enquête publique « n’a pas pour objet de répondre à la question « pour ou contre le nucléaire ? », mais cherche uniquement à savoir si les gens sont satisfaits et rassurés par les changements apportés lors des visites décennales« . Au total, 69 modifications matérielles ont été apportées au cours de cette période d’examen.

Parmi ces modifications « qui ont pour trait avant tout à renforcer la sûreté et la sécurité autour de la centrale« , a expliqué Laurent Berthier, il y a l’ajout d’une troisième voie électrique et des voies de refroidissement des bâtiments réacteurs. « Des travaux restent à faire, à partir de 2025, tel que l’amélioration de l’alimentation en eau des générateurs » a ajouté celui qui dirige la centrale.

De la pédagogie auprès des intercommunalités

Très techniques, ces modifications seront analysées par l’autorité de sûreté nucléaire, avec les résultats de l’enquête publique. Pour Laurent Mercier, directeur délégué en charge de l’action territoriale, il y a un réel enjeu pédagogique à mener. « On se propose de présenter auprès des conseils municipaux qui nous sollicitent les enjeux de l’enquête et de répondre à leurs questions. »

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Trois rendez-vous ont été programmés auprès des bureaux des conseils communautaires. Le 2 mai au Val de Sully, le 5 mai à Gien et le 16 mai auprès de l’intercommunalité Berry-Loire-Puisaye. Gérard Boudier, le président du Val de Sully, estime que différents moyens peuvent être utilisés afin de communiquer auprès de sa population, « tels que les sites internet, ou de manière directe auprès des habitants dans chaque village« .

Des permanences seront également tenues par les commissaires enquêteurs, lors de la période d’ouverture de l’enquête publique, dans sept communes situées dans un rayon de cinq kilomètres autour de la centrale (Dampierre-en-Burly, Ouzouer-sur-Loire, Lion-en-Sullias, Saint-Florent-le-Jeune, Saint-Aignan-le-Jaillard, Nevoy et Saint-Gondon). Le dossier d’enquête sera aussi diffusé dans les 57 villes ou villages dans un rayon de vingt kilomètres.

Bénéficier du retour d’expérience de Tricastin

« Dans ce dossier d’enquête, il y a cinq pièces obligatoires. Parmi lesquelles le rapport complet du réexamen des unités, ou la description des dispositions proposées par la centrale. À côté de cela, on a produit une sixième pièce facultative de huit pages, que l’on a rédigée de manière très pédagogique avec des schémas clairs, afin que les personnes concernées puissent comprendre au mieux les enjeux« , a décrit Laurent Mercier. 

Laurent Mercier (photo) a présenté avec Laurent Berthier les enjeux autour de l’enquête publique sur la centrale.

La centrale de Dampierre n’est toutefois pas la première à se soumettre aux enquêtes publiques. Celle de Tricastin (Drôme) a été concernée en 2022. « On est en relation avec ces centrales. Un travail de coordination a été réalisé, pour avoir ces retours d’expériences. Nous avons pu gagner du temps dans la production de ces documents« , selon Laurent Berthier. 

Désormais, c’est entre les mains des cinq commissaires enquêteurs que l’avenir de deux des quatre réacteurs de la centrale se joue. Désignés par le tribunal administratif, ils auront la lourde charge de se prononcer sur la poursuite ou non de l’exploitation de ces réacteurs pour dix années de plus. Une procédure de la plus haute importance.

Par Thomas Bogeard, publié le 13 avril 2023 à 14h06

Photo en titre : Les réacteurs 1 et 2 seront soumis à une enquête publique tout au long du mois de juin. © Eric Malot

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