CLAP DE FIN POUR LE NUCLÉAIRE EN ALLEMAGNE. MAIS QUE VONT DEVENIR LES DÉCHETS ?

Les trois dernières centrales nucléaires allemandes ferment leurs portes ce samedi 15 avril. Mais la question de l’enfouissement des déchets n’est toujours pas réglée.

« Je suis quelqu’un de très prudent, mais je crois bien que je vais quand même ouvrir une bouteille de champagne ce week-end. » À 75 ans, c’est le combat de toute une vie qui se concrétise pour Wolfgang Ehmke : les dernières centrales nucléaires allemandes vont définitivement s’arrêter ce samedi 15 avril. « C’est la société civile qui a réussi cela », explique ce professeur, porte-parole de l’initiative citoyenne de protection de l’environnement Lüchow-Dannenberg. Pendant des décennies, Wolfgang Ehmke s’est en effet battu sur l’un des lieux les plus symboliques du nucléaire allemand : le site de stockage de Gorleben, dans la région de Basse-Saxe.

Situé à quelques encablures de ce qui était alors la frontière avec l’ex-Allemagne de l’Est, le site de Gorleben avait été désigné par le gouvernement allemand à la fin des années 1970 comme un potentiel site d’enfouissement final des déchets radioactifs allemands, au grand dam des habitants de la région. Chaque arrivage de nouveaux déchets radioactifs, les fameux « Castor », à Gorleben, était accompagné de gigantesques mobilisations, la dernière en 2011.

Fin du sursis de trois mois et demi cet hiver

La pression de la société civile et l’arrivée des Verts au sein du gouvernement Schröder avaient poussé le chancelier social-démocrate à décréter la sortie du nucléaire au début des années 2000. Une décision confirmée par la chancelière Merkel après la catastrophe de Fukushima. Les trois dernières centrales allemandes n’auront eu qu’un sursis supplémentaire de trois mois et demi cet hiver, sous l’impulsion du parti libéral qui craignait des problèmes d’alimentation électrique.

Aucun nouveau fût ne devrait donc venir s’ajouter aux 113 présents depuis 2011 sur le site de Gorleben. Tristan Zielinski, porte-parole de la société BGZ qui gère les lieux, se veut rassurant : « Ces fûts pèsent 115 à 130 tonnes chacun, avec une cloison de 42 à 44 centimètres, et font environ 6 m de haut. Toutes les mesures de sécurité continuent d’être prises. Nous allons aussi faire les démarches pour obtenir les nouvelles autorisations de stockage de ces déchets. »

En effet, Gorleben ne possède les autorisations que jusqu’en 2034. Mais impossible de transporter les déchets ailleurs tant que le site d’enfouissement final n’aura pas été déterminé. Une recherche qui va prendre des décennies. « Pour cette raison, ce n’est pas vraiment la fin de l’histoire, insiste Wolfgang Ehmke. Notre mouvement doit veiller à ce que la recherche du site final se fasse dans le plus grand sérieux et en accord avec la société civile. »

Par Sébastien VANNIER, Ouest-France, publié le 15/04/2023 à 07h01

Photo en titre : Le site de stockage de Gorleben avait été désigné comme un potentiel site d’enfouissement final des déchets radioactifs allemands. | BGZ GESELLSCHAFT FÜR ZWISCHENLAGERUNG

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