Dans l’espoir de relancer l’accord de désarmement New Start, les États-Unis ont détaillé le nombre de leurs armes stratégiques de dissuasion nucléaire déployées dans le monde. Ils exhortent la Russie à faire de même, malgré la suspension de leur participation.
Les États-Unis tentent de ranimer l’accord de désarmement New Start. Lundi soir, le département d’État a détaillé l’arsenal stratégique de dissuasion nucléaire du pays, dont les grandes lignes étaient déjà connues. Il s’agit de respecter de nouveau les engagements de transparence pris dans le cadre de cet accord signé en 2010 avec la Russie et duquel Moscou a suspendu sa participation en février dernier.
Les États-Unis ont ainsi 662 missiles balistiques intercontinentaux déployés – missiles à bord des sous-marins et des bombardiers inclus -, dotés de 1.419 ogives nucléaires et 800 lanceurs.
Ces chiffres sont conformes à l’accord New Start qui limite les arsenaux des deux puissances nucléaires à un maximum de 1.550 ogives stratégiques déployées chacune. Il limite aussi le nombre de lanceurs et bombardiers lourds à 800. « Les États-Unis appellent la Russie à respecter ses obligations légales en réintégrant l’accord New Start et les mesures de stabilisation, de transparence et de vérification qu’il contient », exhorte le communiqué.
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En publiant ces données, la Maison-Blanche revient sur la décision d’en suspendre la diffusion qu’elle avait prise en mars en représailles aux décisions russes.
Fin de la transparence
En février, dans un discours fleuve prononcé à la veille du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par son pays, Vladimir Poutine avait pourtant fait comprendre qu’il ne souhaitait plus jouer le jeu de la transparence nucléaire avec les États-Unis. « Ils veulent nous infliger une défaite stratégique et s’ingèrent dans nos installations nucléaires », avait déclaré le président russe, annonçant la suspension de sa participation à cet accord de désarmement et la possibilité de mener des essais nucléaires « si Washington en réalise ».
Cette suspension était une riposte à l’aide apportée par les Occidentaux dans la guerre en Ukraine. Elle avait été précédée, en août, de la suspension des inspections prévues sur les sites militaires russes.
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Toutefois, la Russie avait, nuance, précisé en février que si elle suspendait sa participation au traité, elle continuerait de respecter les plafonds du nombre d’ogives fixés par ce dernier. En clair, Moscou ne profiterait pas de sa suspension du traité pour relancer la course aux armements mais ne fournirait plus d’informations et d’autorisations d’inspection permettant à Washington de s’en assurer.
Craintes d’escalade
L’annonce de la mise en retrait de la Russie de New Start avait été dénoncée à l’unisson par les puissances occidentales et qualifiée d’« irresponsable », « dangereuse » ou encore « irréfléchie ». New Start est en effet le dernier accord bilatéral de désarmement nucléaire liant Russes et Américains. Il a permis de limiter le nombre d’ogives nucléaires stratégiques déployées par chaque pays à un niveau quatre fois moindre que celui observé à la fin de la Guerre froide.
D’où l’inquiétude mondiale face au risque d’escalade nucléaire entre les deux puissances qui possèdent déjà, à elles deux, plus de 90 % des armes nucléaires dans le monde. En février, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg avait exhorté la Russie à revoir sa position, rappelant que « plus d’armes nucléaires et moins de contrôle des armements rendent le monde plus dangereux ».
Par Hayat Gazzane, publié le 16 mai 2023 à 07h04, mis à jour le 16 mai 2023 à 18h23
Photo en titre : Un sous-marin à propulsion nucléaire de la marine américaine, dans le port naval de Port Canaveral. (Sopa Images/Sipa)
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