LA CENTRALE DE DAMPIERRE-EN-BURLY RAPPELÉE À L’ORDRE PAR L’AUTORITÉ DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE

C’est un fait assez rare : le directeur de la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly dans le Loiret, a été convoqué par l’Autorité de Sûreté Nucléaire à Paris, suite à une série de dysfonctionnements. 10 incidents de niveau 1 sur l’échelle de la sûreté nucléaire ont été recensés en 2022.

Le directeur de la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly dans le Loiret convoqué il y a quelques semaines (en avril 2023) par l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour s’expliquer sur des incidents à répétition sur ses installations. Le fait est assez rare et il est révélé par la division de l’ASN à Orléans elle-même, l’autorité indépendante qui veille à la sûreté des centrales en France.

Dans son bilan de l’année 2022, l’ASN a enregistré 21 incidents en Centre Val de Loire, sur les quatre centrales de la région. Dont la moitié se sont produits à Dampierre. Des incidents classés au niveau 1 sur l’échelle Ines de la sûreté, une échelle qui va de 0 à 7, 7 équivalant à un accident nucléaire de type Tchernobyl ou Fukushima. Il n’y a donc pas de mise en danger de l’environnement ou des populations, mais cette répétition des incidents a conduit le gendarme du nucléaire à durcir le ton. Elle a même entraîné des arrêts non-programmés des réacteurs.

Du retard dans le repérage des anomalies

« Le taux de défaillance de Dampierre était parmi les plus élevés de France » précise Arthur Neveu, le chef de la division régionale de l’ASN à Orléans. « Mais il y a une prise de conscience » ajoute-t-il. L’autorité de contrôle pointe un problème de rigueur, d’organisation, or dans le nucléaire on ne peut rien laisser passer. L’ASN parle d’opérateurs qui en salle de commande, par exemple, repèrent trop tard des anomalies sur la conduite du réacteur. Des anomalies corrigées, car il y a plusieurs niveaux de protection. Mais ça ne devrait pas arriver. L’ASN parle aussi d’une cartographie insuffisante des points radioactifs sur tout le site. Et d’une mauvaise gestion des essais périodiques qui permettent de tester notamment les équipements de secours.

« Nous allons continuer nos inspections supplémentaires« 

Dampierre échappe donc à un placement sous surveillance renforcée, comme cela avait été le cas pour sa voisine de Belleville-sur-Loire, en 2017. Le contrôle strict des autorités avait duré trois ans. Ici elles considèrent que le message est passé et qu’EDF a été suffisamment convaincant pour ne pas nécessiter un tel placement sous surveillance, que des mesures de correction ont déjà été prises : un plan d’action pour mieux former les opérateurs, pour que le management soit plus impliqué sur le terrain.

« Malgré tout, nous n’allons pas nous arrêter là » prévient Arthur Neveu. « Nous avons déjà mis en place des inspections dédiées en salle de commande, nous allons continuer ces inspections supplémentaires, pour vérifier que la centrale a bien redressé la barre ». L’ASN précise que ces inspections peuvent parfois durer plusieurs jours, avoir lieu de nuit, ou bien les week-end. Afin de vérifier que tous les opérateurs respectent les règlements et les procédures.

Par Anne Oger (France Bleu Orléans), publié mercredi 31 mai 2023 à 19h13

Photo en titre : La centrale nucléaire de Dampierre-n-Burly © Radio France – Anne Oger

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