50 ans plus tard : À l’arrêt depuis 1985, ce prototype de réacteur à eau lourde devrait être totalement démantelé au 31 décembre 2041
- À l’arrêt depuis 1985, la centrale nucléaire de Brennilis, dans le Finistère, est en cours de démantèlement par EDF.
- Le calendrier le plus optimiste annoncé par l’entreprise française fait état d’un démantèlement complet au 31 décembre 2021.
- Perçu comme une vitrine du savoir-faire français, le chantier a pris du retard et a vu sa facture exploser pour dépasser 850 millions d’euros.
Que ferez vous le 31 décembre 2041 ? Et à quoi ressemblerez vous au moment de souhaiter une « bonne année 2042 » à vos amis et votre famille ? Difficile à dire. Chez EDF, on espère qu’à cette date, on pourra sabrer le champagne pour fêter le « retour au vert » tant attendu à Brennilis. C’est dans cette petite commune isolée des monts d’Arrée (Finistère) qu’une centrale nucléaire avait été mise en service en 1967. Ce prototype de réacteur à eau lourde n’ayant pas donné satisfaction, il avait rapidement été fermé et cessé de produire de l’électricité en 1985, alors que François Mitterrand n’avait pas terminé son premier septennat.
Presque quarante ans plus tard, EDF tente toujours de trouver le moyen de démanteler complètement son encombrant site nucléaire. Après l’avoir vidée de tous ses résidus radioactifs, l’entreprise française semble avoir la solution pour traiter l’enceinte et le bloc réacteur. EDF espère tenir son calendrier qui prévoit un démantèlement complet au 31 décembre 2041. Une date que le groupe a maintes fois repoussée ces dernières années et qu’il convient donc de nuancer.
Étudié par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), seul organisme habilité à valider le déroulé des travaux, le chantier de démantèlement ne pourra démarrer avant la signature d’un décret ministériel, qui devrait intervenir d’ici la fin d’année d’après l’ASN. « Nous pouvons souligner l’implication d’EDF et ses efforts de transparence. Le calendrier annoncé est respecté et EDF est dans les temps », assure Simon Hubert, en charge du suivi du dossier de la centrale nucléaire bretonne pour l’ASN.
Des robots conçus spécialement pour découper le bloc réacteur
Pour achever le démantèlement et démonter le bloc réacteur, EDF mise sur des robots qui interviendront dans la « zone rouge » pour découper l’épaisse cuve de métal radioactive. Elle sera ensuite stockée dans d’épais conteneurs avant d’être évacuée vers l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs située dans l’Aube. « C’est un chantier complexe, qui requiert des équipements adaptés réalisés sur mesure. EDF devra veiller à ne pas exposer les intervenants », poursuit le responsable de l’Autorité de sûreté nucléaire. Des premiers travaux préparatoires ont déjà été réalisés sur le site niché au bord du lac artificiel de Saint-Michel. EDF y met les moyens, en faisant travailler plusieurs dizaines de personnes sur le dossier. Censée être la vitrine du savoir-faire français, Brennilis devait être la première centrale nucléaire française à être complètement démantelée.
Le bloc réacteur, ici vu dans l’enceinte réacteur de la centrale nucléaire de Brennilis, dans le Finistère, devra être découpé par des robots. – C. Allain / 20 Minutes
Un point a relevé l’attention de l’ASN lors de sa dernière visite du site en septembre 2022. Des infiltrations d’eau ont été constatées à plusieurs endroits du site, qui n’est plus en activité depuis 1985. Traitées par EDF, elles devraient faire l’objet de travaux plus pérennes. Car même si elle ne tourne plus, la centrale de Brennilis fera encore partie du paysage verdoyant des monts d’Arrée pour une vingtaine d’années au moins. Quant au coût estimé, il n’a cessé de grimper au fil des années. Évalué à 482 millions d’euros en 2005, il a été revu à la hausse pour atteindre 850 millions d’euros en 2021.
Par Camille Allain , publié le 10/06/23 à 07h02
Photo en titre : La centrale nucléaire de Brennilis, dans les monts d’Arrée (Finistère) est en cours de démantèlement depuis sa fermeture en 1985. — C. Allain
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