Ce samedi 10 juin 2023, l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest organisait une balade dans la Hague (Manche), notamment pour effectuer des prélèvements.
Les bénévoles ont dû se munir de leurs chaussures de randonnée, ce samedi 10 juin 2023, à la suite de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro) autour du site d’Orano La Hague (Manche) et de ses rejets atmosphériques et liquides d’une part, et du Centre de stockage de la Manche (CSM) au titre de ses pollutions historiques d’autre part.
Un rôle de vigie citoyenne et de lanceur d’alerte
Nommée « Becquerel Tour », la troisième édition de cette balade de 7 kilomètres leur a permis de faire le tour du complexe industriel implanté là depuis les années 1960.
« On fait découvrir ce territoire magnifique aux bénévoles, pour qu’ils le voient de leurs yeux. On fait les prélèvements et on répond à leurs questions. » (Guy Vastel, Vice-président de l’Acro)
Depuis 20 ans, l’association citoyenne réalise des prélèvements d’eau de pluie, douce ou de mer, de terre, de sédiments, d’algues, de mousses ou encore de coquillages. Le tout à un rythme mensuel, trimestriel et annuel. De quoi assurer son rôle de vigie citoyenne et de lanceur d’alerte le cas échéant.
Aurore Le Vot, chargée d’étude de l’Acro, sera ensuite chargée avec son équipe d’analyser les prélèvements dans leur laboratoire situé à Hérouville-Saint-Clair, près de Caen (Calvados).
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Deux mois de prélèvements
« Nous avons récolté aujourd’hui deux plateaux, soit l’équivalent de deux mois de prélèvements que nous allons analyser dans les prochaines semaines », explique-t-elle. Avec un soin particulier apporté aux ruisseaux voisins de Sainte-Hélène et du Grand Bel, qui prennent leur source à proximité des emprises nucléaires et chimiques.
Dans l’attente de ces résultats, qui permettront d’alimenter les études 2023, la chargée d’étude a exposé le bilan des activités de l’Acro dans la Hague en 2022 devant une trentaine de curieux, habitants et bénévoles.
« Dans la Sainte-Hélène, la problématique reste le tritium (la forme radioactive de l’hydrogène, NDLR). Entre 2002 et 2022, il y a eu des pics au-dessus de 300 becquerels. La moyenne est de 20 becquerels et nous avons observé par trois fois des valeurs supérieures à 100, la limite maximale autorisée. » (Aurore Le Vot)
Une pollution au tritium qui est « toujours présente, le Grand Bel restant la rivière la plus exposée de France, mais en lente décroissance ».
En ce qui concerne l’analyse des rayonnements gamma des cours d’eau depuis 2006, « les échantillons de mousses et de sédiments prélevés contiennent un cocktail de césium 137, d’iode 129, de cobalt 60 et d’américium, donc de plutonium, détaille Aurore Le Vot. Il n’y a pas de baisse sur ces choses-là. Cela peut être dû à Tchernobyl, au CSM et des essais atmosphériques. L’iode 129 est vraiment la signature d’Orano La Hague, on en retrouve des traces sur toutes les côtes de la région, dans les algues ».
« La pollution n’a pas disparu mais diminue »
Pierre Barbey, le conseiller scientifique de l’association, confirme : « Il y a toujours des vestiges d’anciennes pollutions ».
« Je dirais qu’il y a une tendance à la baisse mais qu’il faut continuer à être là pour voir et contrôler. Les pollutions de la Sainte-Hélène et du Grand Bel sont liées à la diffusion du tritium à travers les colis et les ouvrages du CSM. En 2022, la pollution n’a pas disparu mais diminue tout de même. » (Aurore Le Vot)
Prochaine étape pour l’Acro : la réalisation de nouveaux prélèvements lors des grandes marées à la fin de l’été, de Granville à Dieppe, d’éléments au plus près des fonds marins. « Il existe toujours des contaminations fortes dans les nappes phréatiques sous le CSM. Pour ce qui est des rejets en mer par Orano La Hague, ils sont toujours considérables dans l’environnement. Plus importants que les rejets de toutes les centrales de France réunies. »
Par Ludivine Laniepce, publié le 12 juin 2023 à 12h40
Photo en titre : Aurore Le Vot devant l’assemblée qui s’est réunie pour entendre le bilan de l’Acro. (©Ludivine LANIEPCE/La Presse de la Manche)
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