En cas de rejet massif de produits radioactifs dans l’atmosphère, pour limiter les risques, la réglementation fixe des Niveaux Maximaux Admissibles (NMA) de contamination radioactive dans les aliments mais cette protection peut coûter très cher. Si les autorités choisissent des limites élevées, il y aura moins d’aliments à éliminer, moins de producteurs à indemniser… mais à terme plus de cancers.
Après Tchernobyl, réalisant que des territoires situés à 2 000 km de distance pouvaient être sérieusement impactés (plus de 20 ans de restrictions sur la viande de mouton au Royaume-Uni), les États européens privilégiaient la réduction des coûts et adoptaient des NMA élevés.
Dans les années 2010, apprenant que l’UE allait adopter une nouvelle règlementation mais sans abaisser les limites, la CRIIRAD a décidé de se mobiliser.
Elle a d’abord analysé le rapport d’expertise de 1998 (Radiation Protection 105), censé démontrer le bien-fondé des limites européennes de 1986 et justifier leur maintien. Ce travail a révélé des anomalies graves conduisant à sous-évaluer systématiquement les risques, en particulier pour les enfants. La CRIIRAD a alors alerté les médias et la population, lancé une pétition, interpellé les autorités françaises et européennes et demandé, preuves à l’appui, l’adoption de limites plus protectrices.
Elle a également engagé un bras de fer avec la Commission européenne pour obtenir le nom des « experts » en radioprotection qui avaient rédigé en 1998, puis confirmé en 2012, un rapport aussi contestable. Grâce à la plainte qu’elle a déposée auprès du médiateur européen, elle a finalement obtenu gain de cause : l’anonymat a été levé.
Malheureusement les anciennes limites ont été conservées dans le règlement de 2016. Certes le texte reconnait que les limites sont dimensionnées pour un accident lointain, n’affectant que 10% des aliments et recommande aux États d’utiliser des limites 100 fois inférieures pour l’eau potable (mais ce n’est pas obligatoire).
Cela reste tout à fait insuffisant. En cas d’accident en Europe, combien de temps faudra-t-il pour établir de nouvelles normes, si tant est qu’un accord soit trouvé entre des États européens aux intérêts divergents ?
Pour qu’un autre avenir soit possible, nous devons être nombreux à nous mobiliser. Et dès maintenant. Quand la catastrophe sera là, il sera trop tard.
Message de la CRIIRAD, reçu le 24 août 2023 à 08h57
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Plus nombreux, nous serons plus forts !
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