NUCLÉAIRE : CE LABORATOIRE DE RECHERCHE À CAEN LANCE UN PROJET À 33 MILLIONS D’EUROS

La construction du bâtiment DESIR a commencé sur les terrains du Ganil au nord de Caen. Un projet à 33 M €. Les premières expériences y sont espérées pour 2026-2027.

Son nom, c’est DESIR (Décroissance, Excitation et Stockage d’Ions Radioactifs). Le 10 novembre 2023, le chantier de cette future salle d’expériences a été inauguré sur le site du Ganil, au nord de Caen (Calvados).

La livraison du nouveau bâtiment du Ganil est prévue pour 2025

La livraison du bâtiment est prévue pour 2025 avec de premières expériences à l’intérieur espérées pour 2026-2027. 

Concrètement, ce bâtiment de 8 m de haut et semi-enterré à 3,50 m sous terre, va compléter deux installations déjà existantes : celle du grand accélérateur national à ions lourds (Ganil) et celle de Spiral2 (plus précisément le S3 de Spiral2 qui dès la fin d’année 2024 devrait permettre de recréer les conditions de formations de certains noyaux atomiques présents dans l’univers).

Ce qu’il faut savoir sur le GANIL :

Le Ganil (Grand accélérateur national d’ions lourds) a été créé en 1976 par le Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Il a été mis en service à Caen en 1983. Depuis près de 40 ans, des physiciens cassent des ions accélérés pour obtenir de nouveaux atomes et percer les secrets de la matière à l’échelle du noyau de l’atome. En juin 2019, l’Autorité de sûreté nucléaire a autorisé la mise en service de l’installation Spiral 2 au Ganil, un nouvel accélérateur très intense unique au monde. Un nouvel outil qui fait du GANIL un centre de recherche quasi unique au monde.

Le saviez-vous ? Comprendre la matière, l’infiniment petit est très (très) compliqué pour le commun des mortels. Pour vulgariser l’environnement de travail du Ganil, c’est-à-dire l’atome, l’établissement explique que « le noyau, caché au centre de l’atome est 100 000 fois plus petit que lui. Le noyau est comme un petit pois au milieu d’un terrain de foot. Et entre le pois et les bords du stade, du vide ».

Optimiser les expériences et les études

Ainsi, les faisceaux d’ions produits par les deux entités vont converger vers le bâtiment DESIR via 180 m de tuyaux sous-vide. Dix-huit spots d’expériences sont prévus dans ce nouveau bâtiment.

« DESIR va permettre d’optimiser les études qui étaient déjà possibles. » (Jean-Charles Thomas, chercheur au GANIL et responsable scientifique du projet DESIR.) 

En effet, grâce à la salle DESIR, les chercheurs nationaux et internationaux vont pouvoir étudier « très finement » les noyaux radioactifs. « Nous aurons des faisceaux d’ions très purs, manipulés à très basse énergie, pour avoir une très grande précision lors des expériences », explique la directrice du GANIL, Patricia Roussel-Chomaz.

Ainsi, les expériences pourront consister à mesurer la masse et la durée de vie des noyaux atomiques, et comment ils se désintègrent ou se déforment.

« Avoir une meilleure compréhension du noyau atomique, c’est comprendre les forces qui structurent ce noyau et c’est d’une certaine manière comprendre ce qui nous compose puisque nous sommes constitués d’atomes. » (Jean-Charles Thomas, chercheur au GANIL)

Une renommée à l’international

Ce nouvel outil d’expériences est forcément très attendu par les chercheurs du GANIL, mais également par ceux qui viennent d’ailleurs dans le monde. « 60% des chercheurs qui viennent faire des expériences chez nous sont des étrangers », continue Jean-Charles Thomas.

Parmi eux, on compte beaucoup d’européens comme des chercheurs italiens, belges, allemands. D’autres viennent de Pologne ou des Etats-Unis.

« Avec l’installation et le démarrage de S3, de SPIRAL2 et de DESIR, ça va être pour nous l’opportunité de montrer au gouvernement, que ce que nous faisons fonctionne bien et qu’il faut nous renforcer, au moins en ressources humaines », complète Jean-Charles Thomas.

40 millions d’euros pour le GANIL

En juin 2023, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, avait annoncé 40 M € pour renforcer et moderniser le GANIL. « Une partie de ces 40 M € va servir pour DESIR », précise la directrice.

« Nous sommes dans un temps où nous avons des signaux très positifs. Tout d’abord, on s’apprête à mettre en service de nouvelles installations et en plus, nous avons l’encouragement financier du gouvernement, qui va nous donner de l’air pour a priori les 30 ans qui viennent, on espère. » (Patricia Roussel-Chomaz)

L’ensemble du projet DESIR coûte 33 M €, dont deux tiers pour le bâtiment et les infrastructures et un tiers pour le procédé scientifique – toutes les lignes de transports pour les faisceaux.

Par Margaux Rousset, publié le 11 novembre 2023 à 18h16

Photo en titre : Le chantier du bâtiment qui va accueillir le projet DESIR du Ganil a commencé. ©GANIL/CEA-CNRS

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