L’agence officielle nord-coréenne KCNA a annoncé samedi que plus de 800.000 jeunes nord-coréens ont volontairement rejoint l’armée de leur pays pour combattre « les impérialistes américains« , sur fond de manœuvres militaires menées par Washington et Séoul et inédites en cinq ans.
« Plus de 800.000 » jeunes « à travers le pays se sont portés volontaires » pour « rejoindre l’armée du peuple (nord-)coréen« , sur la seule journée de vendredi, a indiqué samedi l’agence officielle nord-coréenne KCNA, alors que Séoul et Washington se livrent depuis le début de la semaine à leurs plus grands exercices militaires conjoints en cinq ans.
Ils sont déterminés à « anéantir de façon impitoyable les obsédés de la guerre » et ont rejoint l’armée pour « défendre le pays« , ajoute l’agence KCNA.
« Guerre nucléaire »
Le quotidien officiel Rodong Sinmun a publié des images montrant de longues files d’attente de jeunes devant ce qui ressemble à un chantier de construction. Selon l’agence officielle, des centaines de milliers de personnes se sont enrolées en réponse à des exercices militaires américains que KCNA qualifie de tentative de « provoquer une guerre nucléaire ».
Baptisés « Freedom Shield« , ces exercices américano-sud-coréens ont débuté lundi et doivent durer dix jours. Ils se focalisent sur « l’évolution de l’environnement de sécurité » due à l’agressivité redoublée de la Corée du Nord, ont déclaré les alliés.
Qualifiés d’exercices militaires « frénétiques » par KCNA, la Corée du Nord y a riposté, jeudi, par le lancement d’un missile balistique intercontinental (ICBM). S’en est suivi, dimanche, le lancement d’un nouveau missile balistique de courte portée, selon l’armée sud-coréenne. Il s’agit de sa quatrième démonstration de force en une semaine.
« Notre armée a détecté un missile balistique de courte portée tiré des environs de la zone de Tongchang-ri, dans la province du Pyongan du Nord (nord-ouest), à 11H05 (02H05 GMT) vers la mer de l’Est », a indiqué l’état-major interarmées (JCS), en référence au nom coréen de la mer du Japon.
Les renseignements américains et sud-coréens analysent le projectile, qui a volé sur 800 kilomètres, a déclaré le JCS dans un communiqué, qualifiant ce lancement de « provocation sérieuse » en violation des sanctions de l’ONU.
Le missile lancé jeudi en direction de la mer du Japon était un Hwasong-17, selon KCNA, un « missile monstre » selon les analystes militaires, qui a théoriquement une portée suffisante pour atteindre la partie continentale des États-Unis.
« Ligne rouge »
Les exercices de Séoul et Washington rendent furieux Pyongyang, qui les perçoit comme des répétitions à une invasion de son territoire et promet régulièrement une réponse « écrasante« .
Les exercices des États-Unis et de la Corée du Sud « se rapprochent de la ligne rouge de façon impardonnable« , a dit l’agence officielle KCNA samedi.
Pyongyang s’était déclarée puissance nucléaire « irréversible » l’année dernière, et Kim a récemment appelé à une augmentation « exponentielle » de la production d’armes, y compris d’armes nucléaires tactiques.
Début mars, Kim a en outre donné à l’armée nord-coréenne l’ordre d’intensifier les exercices pour se préparer à une « véritable guerre« .
Pyongyang se sert des exercices américains pour présenter son programme d’armement nucléaire comme « crucial et nécessaire« , a estimé Yang Moo-jin président de l’université des études nord-coréennes à Séoul, interrogé par l’AFP.
Renforcement de l’alliance entre Washington et Séoul
Cela « répand l’idée que les exercices américano-sud-coréens ont pour ultime objectif de détruire le régime nord-coréen actuel et même d’occuper sa capitale Pyongyang« , a-t-il ajouté.
Selon les experts, outre les exercices militaires conjoints et la rencontre cette semaine entre le président sud-coréen Yoon Suk Yeol et le dirigeant japonais Fumio Kishida, la Corée du Nord s’est offusquée du projet du président américain Joe Biden d’accueillir Yoon et son épouse à la Maison Blanche le mois prochain.
Cette visite d’État, la deuxième de la présidence de Joe Biden, soulignant les liens étroits entre les États-Unis et la Corée du Sud, aura lieu le 26 avril. Le conservateur Yoon Suk Yeol et son administration ont fait du renforcement de l’alliance entre les États-Unis et la Corée du Sud une priorité de leur politique étrangère. Des relations que Joe Biden a cherché à entretenir également.
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En riposte, Pyongyang pourrait « ordonner des tirs de missiles à plus longue portée, tenter de lancer un satellite espion, faire la démonstration d’un moteur à combustible solide et peut-être même procéder à un essai nucléaire« , a déclaré Leif-Eric Easley, professeur à l’université Ewha Womans de Séoul, à la CNN.
Par ML avec agences, publié le 19/03/2023 à 12h17
Photo en titre : L’annonce de Pyongyang est intervenue alors que Séoul et Washington organisent leurs plus grands exercices militaires conjoints en cinq ans depuis le 13 mars 2023. – JUNG YEON-JE / AFP
Pour retrouver cet article ainsi que la vidéo (1mn26s) de l’envoi du missile Nord Coréen, cliquer sur: https://www.bfmtv.com/international/asie/coree-nord/la-coree-du-nord-annonce-800-000-nouveaux-volontaires-pour-combattre-les-imperialistes-americains_AN-202303190179.html
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