La centrale nucléaire argovienne a dû être éteinte vendredi soir. Le Ministère allemand de l’environnement demande à rencontrer au plus vite les autorités suisses.
L’arrêt a été effectué manuellement vendredi soir à 23h28. L’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) a été immédiatement avertie. Les mesures effectuées autour de la centrale n’ont révélé aucune augmentation de la radioactivité, a écrit l’IFSN. L’autorité de surveillance de la Confédération a classé l’incident à «0» sur l’échelle internationale de dangerosité.
Mais la secrétaire d’État au Ministère allemand de l’environnement Rita Schwarzelühr-Sutter a jugé «regrettable» que la centrale soit à nouveau connectée au réseau bien que les causes des dommages à l’enveloppe des réacteurs ne semblent pas être totalement clarifiées.
La centrale nucléaire avait été reconnectée au réseau vendredi à 17h33, après une pause forcée de six mois. Des tests de fonctionnalité avaient été effectués pour amener progressivement l’installation à son niveau normal d’exploitation, a expliqué la société d’exploitation KKL dans un communiqué.
Retour lundi
Mais soudain en soirée, lors d’une opération sur le condensateur des turbines, le système de filtrage et d’échappement du gaz n’a pas fonctionné comme prévu. Selon la procédure en vigueur, le réacteur a été éteint manuellement et de façon ordonnée, poursuit KKL. Ce condensateur se trouve dans une salle des machines qui fait partie du domaine non-nucléaire de la centrale.
Le système d’échappement devait être remis en état durant le week-end. KKL prévoyait de reconnecter la centrale au réseau dès lundi.
Rien à voir
Tant l’IFSN que l’exploitant ont assuré que cet incident n’a rien à voir avec les assèchements constatés en août 2016, qui avaient conduit à l’arrêt de la centrale. Les experts avaient alors détecté des traces d’oxydation sur des barres de combustibles dues à des états d’ébullition critiques («dryouts» ou assèchements).
Lors du redémarrage d’une centrale, divers tests sont effectués. Des «écarts» peuvent se produire, cela n’a rien d’inhabituel et les prescriptions d’usage sont réglées de telle façon à garantir la sécurité des êtres humains et de l’environnement, a encore indiqué l’IFSN. L’autorité va analyser l’incident, comme il est prévu pour ce genre de cas.
L’IFSN avait donné son feu vert pour le redémarrage de Leibstadt jeudi. Pour éviter de nouveaux assèchements, elle a ordonné une réduction de la puissance thermique à 88% jusqu’à la prochaine révision prévue à la mi-septembre. La centrale devra en outre être immédiatement arrêtée en cas d’augmentation des émissions de gaz radioactifs, qui sont le signe d’une perte d’intégrité des barres de combustible.
Berlin veut savoir
Le Ministère allemand de l’environnement demande à rencontrer au plus vite les autorités suisses de surveillance afin de recevoir des explications. Critiquant samedi la décision, la secrétaire d’État au Ministère allemand de l’environnement Rita Schwarzelühr-Sutter a jugé «regrettable» que la centrale soit à nouveau connectée au réseau bien que les causes des dommages à l’enveloppe des réacteurs ne semblent pas être totalement clarifiées.
Son ministère a dès lors demandé à rencontrer des représentants de l’IFSN le plus tôt possible afin de pouvoir comprendre les raisons qui ont conduit à la décision contestée. La population allemande résidant à la frontière se montre en effet très inquiète, fait savoir la secrétaire d’État.
Samedi, une manifestation organisée par les Verts devant la centrale a une nouvelle fois dénoncé une réouverture «irresponsable» (nos photos Keystone). L’installation aurait dû rester fermée jusqu’à ce que la cause des assèchements soit éclaircie. Une quarantaine de personnes étaient présentes.
16’000 pétitionnaires
De nombreuses voix, dont Greenpeace et la Fondation suisse pour l’énergie, ont aussi critiqué la reprise de l’activité de la centrale. Une pétition lancée par le conseiller national Balthasar Glättli (Verts/ZH) a été signée par 16’000 personnes et remise à l’IFSN.
Une douzaine d’organisations de Suisse et d’Allemagne avaient également demandé l’arrêt de la centrale dans une lettre au Conseil fédéral. Le Land allemand du Bade-Wurtemberg et le Vorarlberg autrichien sont aussi intervenus pour reporter l’ouverture de la centrale.
http://www.tdg.ch/suisse/Leibstadt-a-l-arret-Berlin-veut-des-explications/story/11456759
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