LES PAYS RICHES INVITÉS À ATTEINDRE LA NEUTRALITÉ CARBONE DÈS 2045

Il va falloir accélérer pour rester dans les clous de l’Accord de Paris sur le climat. Le 26 septembre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a indiqué que tous les pays devraient avancer leurs objectifs de neutralité carbone pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici la fin du siècle, conformément à l’accord adopté en 2015.

Ainsi, les « économies avancées », parmi lesquelles les États-Unis et l’Union européenne, devront atteindre le zéro émission nette d’ici 2045, et non 2050. Pour la Chine, ce devra être 2050, au lieu de 2060 comme prévu aujourd’hui.

Pour ce faire, pas question de compter sur des tours de passe-passe tels que les technologies de captage et de stockage de carbone« coûteuses et [qui] n’ont pas encore fait leurs preuves à grande échelle »rappelle l’agence. Selon elle, la priorité devrait être mise sur « le développement des énergies propres » et sur « l’efficacité énergétique ». L’urgence est là : « Les émissions du secteur de l’énergie sont restées obstinément élevées [ces deux dernières années], atteignant un nouveau record de 37 milliards de tonnes de CO2 en 2022 », a-t-elle alerté.

Lire aussi : L-Agence-internationale-de-l-energie-appelle-a-cesser-d-investir-dans-les-energies

Ce rapport de l’AIE intervient à quelques semaines de l’ouverture de la COP28, à Dubaï, où d’âpres négociations sont attendues sur un calendrier de sortie des énergies fossiles. En 2021, l’agence avait publié pour la première fois une « Net Zero Zero by 2050 : a roadmap », feuille de route pour la neutralité carbone, dans laquelle elle appelait à l’abandon des projets dans le charbon, le pétrole et le gaz.

Publié le 26 septembre 2023 à 16h36

Photo en titre : L’AIE demande notamment aux États-Unis et à l’UE d’atteindre le zéro émission nette d’ici 2045, et à la Chine en 2050. Ici, la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes). – Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Mossot

https://reporterre.net/Les-pays-riches-invites-a-atteindre-la-neutralite-carbone-des-2045?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

NDLR: Je vous invite à lire également : « L’Allemagne et le nucléaire, une histoire qui dure, Retour sur des années de résistance» en cliquant sur : https://reporterre.net/Comment-les-antinucleaires-ont-gagne-la-lutte-en-Allemagne?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

Message de Reporterre

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

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« JAMAIS DE RÉACTEUR EPR AU BUGEY ! »

Situé à 70 kilomètres de la frontière suisse, le Bugey, en Isère, a été choisi comme site de construction de deux réacteurs nucléaires « EPR2 ». Quatre autres réacteurs sont prévus à Penly (Seine-Maritime) et Gravelines (Nord). Selon le projet d’EDF – le fournisseur public d’électricité français –, les travaux seraient achevés au début des années 2040. L’association Sortir du nucléaire Suisse romande appelle à des mobilisations transfrontalières.

FRANCE VOISINE 

Une question nous taraude : comment faire confiance à une technologie deuxième du nom, lorsque la technologie initiale a coûté des dizaines de milliards, mais n’a toujours pas produit un seul kilowattheure sur le territoire français ? En effet, les projets EPR en France tout comme à l’étranger, ont été émaillés de gros retards et de dépassements budgétaires.

Cet acharnement industriel illustre parfaitement le bourbier dans lequel se trouvent tous les projets de centrales nucléaires : incertitude sur le calendrier, désintérêt des financeurs privés, non-entrée en matière des assureurs, atteintes à la biodiversité des rivières en période de canicule, débit des rivières affaibli à l’aune du réchauffement climatique, pourtant indispensables au refroidissement des réacteurs.

L’EPR2 est vendu comme une version améliorée. Or, une exigence majeure reste en souffrance : la nécessité de refroidir les centrales nucléaires. En période de canicule et de sécheresse en particulier, ces réacteurs en bord de rivières, s’ils étaient construits, devront être arrêtés lors d’incapacité annoncée de refroidir lesdits réacteurs. Cette vulnérabilité commence à être traitée dans les médias. Pour les réacteurs situés en bord de mer s’ajoute le risque de tsunami, bien réel, puisque l’histoire nous apprend qu’il y en a déjà eu sur les littoraux français.

Cet été, un des réacteurs du Bugey avait déjà dû être arrêté en raison des fortes températures. Cela fait plusieurs années que les canicules forcent EDF à baisser sa production électrique, notamment pour respecter les normes encadrant les rejets thermiques dans les cours d’eau. Notons que la région Auvergne-Rhône-Alpes sera probablement l’une des plus touchées par les hausses de température et les baisses annoncées de débit du Rhône. Le choix du Bugey pour deux EPR2 est donc dénué de toute intelligence industrielle et de toute considération écologique.

Le Bugey est situé à seulement 70 kilomètres de Genève et l’intervention des autorités cantonales contre tout projet d’installation nucléaire dans son voisinage est inscrite dans sa Constitution. Nous avons appelé le gouvernement genevois à affirmer qu’il agira pour empêcher ce projet de se matérialiser. L’avocate Corinne Lepage, ancienne ministre française de l’Environnement et pionnière des interventions juridiques pour la nature, a été mandatée par le canton et la Ville de Genève. L’action en justice sera déclenchée dès la publication de l’autorisation de construire, prévue pour 2025. Nous nous engagerons pour que les outils juridiques choisis soient les plus forts à disposition.

Rappelons aussi que le Bugey est proche des agglomérations de Genève, Lyon et Turin. Nous sommes donc bien loin des localisations de Tchernobyl et de Fukushima, l’une entourée de forêts peu densément peuplées, l’autre bordée d’un océan, qui ont, lors de ces catastrophes, reçu l’essentiel des dépôts de particules radioactives. En comparaison avec Tchernobyl et Fukushima, un accident, impossible à exclure à la centrale du Bugey, générerait, selon le régime des vents, des conséquences exceptionnellement graves en Europe de l’Ouest, Suisse comprise.1

Le canton et la Ville de Genève se mobiliseront via Me Corinne Lepage en soutien aux élu·es et aux organisations françaises mobilisées pour obtenir l’abandon de ce projet. Nous nous souvenons que ce sont entre autres les démarches juridiques et les mobilisations citoyennes franco-suisses qui ont obtenu l’abandon, en 1997, du projet de centrale Superphénix à Creys-Malville. Réitérons cette victoire !

Par Ilias PANCHARD et Philippe de ROUGEMONT, publié le mardi 26 septembre 2023 

https://lecourrier.ch/2023/09/26/jamais-de-reacteur-epr-au-bugey/

NOTE 1: Dans l’hypothèse d’un accident à la centrale du Bugey avec la configuration de vent du sud-ouest, le passage du nuage et la déposition de particules au sol provoqueraient 41 500 décès en Suisse (surtout) et en France. Source: Etude EUNUPRI19 Institut Biosphère, Genève.

Y A-T-IL UNE BANALISATION DE LA MENACE NUCLÉAIRE ?

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a dénoncé ce mardi (26 septembre 2023) la « pure folie » de la nouvelle « course aux armements » nucléaires qui « se prépare ».

Une déclaration qui intervient à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires. Et alors que les menaces se multiplient avec l’invasion russe en Ukraine et les inquiétudes concernant l’Iran et la Corée du Nord. Le monde est-il passé de la dissuasion à la menace nucléaire ? Quels sont les risques aujourd’hui ? Un désarmement est-il possible ?

Pour en débattre :

– Benjamin Hautecouverture, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique

– Héloïse Fayet, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Institut français des Relations internationales (Ifri) et coordinatrice du programme de recherche sur la dissuasion nucléaire et la prolifération

– Jean-Marie Collin, directeur d’Ican France et chercheur associé au Groupe de recherche et d’information sur la sécurité et la paix.

Par Romain Auzouy, publié le 26/09/2023 à 18h14

Photo en titre : Des images de la caméra de surveillance montrent la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine, le 4 mars 2022. Zaporizhzhya NPP via REUTERS – Zaporizhzhya NPP

Pour écouter ce débat très intéressant (29mn et 30s), cliquer sur :

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/d%C3%A9bat-du-jour/20230926-y-a-t-il-une-banalisation-de-la-menace-nucl%C3%A9aire

SÛRETÉ NUCLÉAIRE, CLIMAT ET PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ : DEUX LOIS ÉNERGIE EN PRÉPARATION, INDIQUE AGNÈS PANNIER-RUNACHER

Le gouvernement va présenter deux lois avant la fin de l’année sur l’énergie, l’une sur la réforme de la sûreté nucléaire, l’autre sur le climat et un « dispositif pérenne » permettant « de conserver parmi les prix les plus bas d’Europe de l’électricité« , a indiqué la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, mardi.

« À moyen terme je porterai deux lois dans les mois à venir pour réformer la gouvernance de notre système de sûreté nucléaire et pour reprendre le contrôle sur les prix de notre électricité, plus largement sur l’énergie et le climat« , a indiqué la ministre lors d’un briefing téléphonique avec la presse, son cabinet précisant que les deux textes avaient vocation à être présentés « avant la fin de l’année« .

« Il s’agit de mettre en place un dispositif pérenne qui permette de conserver parmi les prix les plus bas d’Europe tout en empêchant l’envolée des prix qu’on a connue ces derniers mois, contenus par le dispositif d’urgence qu’est le bouclier« , a précisé la ministre.

Sur l’aspect climat et programmation pluriannuelle de l’énergie, qui a aussi vocation à être inclus dans le même texte, la ministre « table sur le doublement de la production en matière de photovoltaïque et en matière de biogaz« , sur « la stabilisation de la trajectoire d’éoliennes terrestres sur le rythme 2022, sur l’accélération des éoliennes marines pour pouvoir lancer un appel d’offre majeur fin 2024, début 2025« .

La ministre souhaite également un « rehaussement des investissements dans les stockages type batteries ou STEP » hydro-électriques.

« Dans cette programmation, nous intégrerons la relance du nucléaire avec EDF qui a un objectif managérial de 400 TWh de production« , a-t-elle ajouté, en précisant que le gouvernement retiendrait « 360 TWh par prudence« .

Idem pour les énergies renouvelables, le gouvernement souhaite retenir des objectifs de production un peu « plus prudents » que ce que la filière annonce être en mesure de produire.

« Je ne veux pas qu’on mette le système en danger par des objectifs surestimés » a-t-elle dit.

Sur les énergies renouvelables, le cabinet de la ministre a indiqué qu’un « grand débat de six mois » allait s’ouvrir « en novembre » portant sur « les quatre façades maritimes« . « Cela va nous permettre de gagner à peu près deux ans par rapport aux procédures actuelles » a indiqué la même source.

Emmanuel Macron, lundi, avait donné un aperçu du calendrier législatif concernant l’énergie, qui n’était jusqu’à présent pas confirmé.

« La stratégie que nous avons validée aujourd’hui (…) permettra de mettre en consultation notre politique pluriannuelle de l’énergie dès octobre, d’avoir des réunions politiques en octobre et novembre sur le déploiement de l’éolien en mer, qui permettra de lancer le débat public sur l’éolien en mer, et qui nous permettra de tenir l’objectif des appels d’offres sur l’éolien en mer à horizon fin 2024, ce qui est absolument clé, et d’avoir une loi sur la production d’énergie pour le mois de décembre« , a-t-il déclaré.

Par AFP (© 2023) publié le 26 septembre 2023 à 08h14 (TU)

Photo en titre : La centrale de Chooz (Ardennes), le 10 mai 2017, AFP, FRANCOIS LO PRESTI

https://information.tv5monde.com/economie/surete-nucleaire-climat-et-prix-de-lelectricite-deux-lois-energie-en-preparation-indique

NDLR : Tout est dit dans la phrase « Idem pour les énergies renouvelables, le gouvernement souhaite retenir des objectifs de production un peu « plus prudents » que ce que la filière annonce être en mesure de produire. » Nous sommes déjà très en retard sur nos propres objectifs de production renouvelable et nous sommes les seuls dans l’UE à ne les avoir pas respectés (et de beaucoup !). 

CLIMAT : EMMANUEL MACRON VEUT PLUS DE FINANCEMENT EUROPÉEN ET DE SOUTIEN AU NUCLÉAIRE

Le président de la République, Emmanuel Macron, a dévoilé lundi (25 septembre) les grands axes de la planification écologique française. Il a annoncé, entre autres mesures, la sortie totale du charbon en France en 2027 et sa volonté de plus de financements européens pour le climat. 

« L’Europe doit plus investir dans la transition écologique. Il ne peut pas y avoir une vraie stratégie européenne de décarbonation s’il n’y a que la réglementation et pas d’investissements », a déclaré lundi le président Emmanuel Macron, entouré de ses ministres pour annoncer les contours de la transition écologique française.

Le gouvernement prépare depuis plusieurs mois la stratégie française en la matière. L’objectif est de réduire d’environ 5 % par an les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre l’objectif européen de -55 % d’émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990.

Pour y parvenir, la France devait annoncer un plan et ses mesures avant l’été. Le retard accumulé a finalement pris fin lundi.

En début d’intervention, le chef d’État a rappelé que la France était le premier État européen à effectuer un tel exercice de planification des mesures et des investissements nécessaires à la transition écologique. M. Macron a appelé le reste de l’UE à faire de même et l’exécutif européen à investir davantage dans la transition.

Pour la France, le gouvernement prévoit 40 milliards d’euros destinés à l’action climatique en 2024, soit sept milliards d’euros de plus qu’en 2023 qui permettront de financer les énergies décarbonées, l’industrie, la mobilité, l’exploitation de ressources naturelles et la rénovation des bâtiments.

Ce budget sera intégré au projet de loi de finances qui sera présenté en conseil des ministres mercredi (27 septembre), avant d’être débattu au Parlement français.

Dans les prochaines semaines viendront également les examens de plusieurs lois et textes réglementaires traçant la stratégie écologique française. Eux aussi sont attendus depuis plusieurs mois, alors que la France n’a toujours pas rendu à la Commission européenne son plan national énergie — climat (PNIEC) pour la période 2023-2030.

La France prépare l’intégration des objectifs européens dans sa stratégie énergétique

La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a dévoilé mardi les avancées sur la planification écologique et énergétique française. Son entourage affirme que les objectifs européens seront bien pris en compte. La France accuse un retard sur la mise à jour de son plan national énergie-climat.

Mesures emblématiques

Le président de la République en a profité pour détailler quelques mesures emblématiques à venir, comme la sortie totale du charbon en France « d’ici au 1er janvier 2027 ».

« C’est la priorité que nous nous sommes donnée pour le pays et que nous allons porter à l’Europe et à l’international ». Une sorte d’« écologie à la Française […] qui ne décide pas de rouvrir des centrales à charbon » comme l’Allemagne, a-t-il expliqué.

« Je ne veux pas être cruel, mais rouvrir une centrale à charbon, c’est précisément ce qu’il a fait l’année dernière », a tancé sur X (ex-Twitter), Thomas Pellerin-Carlin, directeur Europe du think tank français I4CE.

La France compte en effet deux centrales à charbon encore en activité, dont une rouverte en 2022. Ensemble, elles ne représentent que 0,6 % de la consommation d’électricité française, mais leur recours est, selon le gouvernement, devenu indispensable pour assurer la sécurité énergétique européenne en ces temps de crise énergétique.

En 2017, le président avait pourtant promis leur fermeture pour 2022. Or, comme pour le glyphosate, dont M. Macron souhaitait la fin dès 2020, « ses promesses fondent aussi vite que les glaciers », a réprouvé Manon Aubry, co-présidente de La Gauche au Parlement européen et cadre de La France insoumise (LFI — gauche), auprès d’Euractiv France.

Pas d’interdiction des chaudières à gaz

Le chef d’État français a aussi rétropédalé sur la sortie des chaudières à gaz. « Nous avons décidé […] d’être plutôt sur une politique d’incitation » à l’équipement de pompes à chaleur, a-t-il expliqué.

Pour y parvenir, M. Macron projette une production d’un million de pompes à chaleur en France d’ici à 2027.

Selon Mme Aubry, le président « recule » parce qu’il « ne met pas les financements nécessaires ».

En Allemagne, en Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas, les gouvernements ont également fait marche arrière sur l’interdiction des chaudières à gaz, craignant une fronde sociale.

Fin des chaudières à gaz : les déboires de l’Allemagne poussent les décideurs français à la prudence

Alors que la Première ministre, Élisabeth Borne, a déjà esquissé un calendrier pour la fin des chaudières à gaz en France, les décideurs français se veulent prudents face au débat qui s’annonce, après les déboires provoqués par le dossier en Allemagne.

1 million de véhicules électriques

Concernant les transports, M. Macron a rappelé l’objectif de produire un million de voitures électriques en France d’ici à 2027. Pour cela, le président souhaite relancer un « grand inventaire des ressources minières françaises ».

Le pays regorge en effet de matières premières critiques et stratégiques, notamment de lithium, dont une mine située dans l’Allier (Auvergne Rhône-Alpes), qui disposerait de quantités nécessaires pour alimenter la production d’environ 700  000 batteries par an pendant 25 ans.

Rien, néanmoins, que l’industrie ne puisse exploiter sans des prix de l’électricité maîtrisés.

Sur ce point, « nous pourrons, en octobre, véritablement annoncer des prix de l’électricité qui sont compatibles avec la compétitivité et qui vont donner de la visibilité à la fois aux ménages à et nos industriels », a déclaré le président.

En somme, M. Macron ne souhaite pas « attendre » la réforme du marché européen de l’électricité en cours de négociation « pour faire en sorte que […] les Français n’aient pas à payer pour une électricité qui est en France hautement compétitive » grâce à son énergie nucléaire.

Le calendrier annoncé concorde toutefois avec le prochain conseil européen de l’Énergie, prévu le 17 octobre et dont les conclusions seront décisives pour la réforme du marché européen de l’électricité.

Pour le moment, la France défend toujours l’intégration des actifs nucléaires existants dans le cadre des mécanismes de marché, point d’achoppement avec l’Allemagne et ses alliés, mais aussi LFI et les écologistes français.

Nucléaire : bilan et perspectives d’un retour en grâce en Europe

Au terme d’une saison 2022-2023 mouvementée, le nucléaire opère un retour remarqué sur le devant de la scène énergétique européenne. C’est le signe, si l’on en croit le ministère de l’Énergie français, d’un « excellent bilan » diplomatique. Récapitulatif.

Par Paul Messad, Journaliste, Énergie & Environnement, EURACTIV France, publié le 26 sept. 2023 à 06h52,mis à jour à 08h47 (Théo Bourgery-Gonse a contribué à la rédaction de cet article)

Photo en titre : Emmanuel Macron devant la presse lors du sommet UE-CELAC à Bruxelles, le 18 juillet 2023. [Union européenne]

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/climat-emmanuel-macron-veut-plus-de-financement-europeen-et-de-soutien-au-nucleaire/

NDLR: après le chauffage électrique il y a 40 ans, véhicule électriques et climatiseurs sont devenus les deux mamelles de la nouvelle marche forcée à l’atome en France…

NE VOITURE RIEN VENIR ?

C’est entendu, les années à venir seront électriques…ou pas.

Voitures électriques, pompe à chaleur… électriques aussi… et la liste est longue, car la macronie se veut électrique, malgré les risques que ce choix nous fait courir…

Avons-nous déjà oublié la situation pour le moins tendue que nous avons vécu l’hiver dernier, avec un parc nucléaire au bord de la faillite…une guerre dans l’Est sur fond de centrales nucléaires en danger, d’armes nucléaires sales ?…

En effet, 2022 aura été l’année noire du parc nucléaire français, avec presque la moitié de réacteurs à l’arrêt, (21 réacteurs sur 56) et près de 30 milliards envolés. (lien)

Ajoutons pour la bonne bouche que nombre problèmes subsistent, notamment ceux qui concernent le phénomène de corrosion sous contrainte…. et rien ne nous dit que l’hiver qui arrive sera meilleur.

L’état, au nom de la transition écologique, nous encourage à nous équiper de pompes à chaleur… mais il ne faut pas oublier qu’elles consomment beaucoup d’électricité, soit plus de 50 kWh par mètre carré et par an, selon l’ADEME. (Lien)

la xième prestation du chef de l’état en a remis une couche dans la promotion de « la fée électricité » en assurant qu’un million de nouvelles pompes à chaleur supplémentaires seront fabriquées chaque années. (lien)

Toujours plus d’électricité donc…

Regardons le cas des voitures électriques que le chef de l’État veut imposer à tous, alors que leur autonomie est loin d’être convaincante, d’autant que les batteries de ces véhicules laissent pointer de nombreuses difficultés, comme on va le découvrir plus loin.

2035, c’est la date butoir que le gouvernement a choisi pour signer la fin des voitures thermiques

En haut lieu il a été affirmé à plusieurs reprises que pour faire 100 km, alors que la consommation provoquée par les moteurs thermiques coûtent 8€, la voiture électrique garantirait seulement 3€ pour parcourir la même distance, sauf que d’après des sources sérieuses, on sait aujourd’hui que les coûts de recharge sont en train de dépasser ceux des véhicules thermiques. (Lien(curseur à 2’40’’)

Parlons maintenant des fameuses bornes de recharge, dont on nous assure qu’il y en aura bientôt partout, et que le tarif est plus que raisonnable…

Sauf que si l’on décide l’option « recharge à la maison », il faut compter un investissement variant entre 600 et 1200 €. (curseur à 6’21’’) et il faut ajouter que cette option n’est valable que pour ceux qui ont une habitation indépendante.

Pour les autres, c’est un parcours compliqué qu’il faut effectuer. Curseur à 7,25

Pour les locataires, c’est encore plus compliqué, car ceux ci doivent avoir soit un garage, soit un emplacement de parking indépendant, sinon il ne reste plus que l’option se raccorder à une borne publique.

Et là, il faut vite oublier les fameux 3 €… car quelque soit les gestionnaires de bornes, les prix aux 100 km vont de 5,85€ à 9€. (curseur à 9’21’)’.fcana.. en se souvenant qu’il s’agit de « recharges lentes »…

Quant aux « recharges rapides », les prix explosent, et suite aux TVA que l’état va fatalement pratiquer un jour ou l’autre, (beaucoup de conducteurs ignorent qu’aujourd’hui les taxes appliquées aux carburant traditionnels dépassent les 1€ au litre)… ce qui pourrait devenir le cas un des ces quatre pour les prix consentis aux recharges électriques. Curseur à 11’40’’.

Rappelons que depuis juillet 2007 les tarifs de l’électricité ont déjà augmenté de 60 % jusqu’à 2021…(lien) et que ce n’est apparemment qu’un début, même si en 2022 les français ont payé l’électricité 22 % moins cher que leurs voisins européens.(lien)

Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE (commission de régulation de l’énergie) estime en effet que le prix de notre électricité va augmenter entre 10 et 20 % en 2024. lien

Et si on parlait des batteries ?

Leur recyclage coûte « un pognon de dingue », comme disait l’autre, ce qui explique que seulement 10 % de celles-ci sont recyclées. (lien)

De plus, le lithium contenu dans les batteries n’est pas recyclé à ce jour, même si des usines pilote sont en projet, sauf que ce recyclage n’est pour l’instant pas rentable. (lien)

Et puis, il y a le risque d’incendie, de plus en plus courant, lequel se produit lorsqu’il y a « emballement thermique » lorsqu’une batterie en surchauffe voit l’une de ses cellules prendre feu, déclenchant une réaction en chaîne.

Or ces incendies sont souvent provoqués par l’exposition à la chaleur, et aussi suite à des charges rapides. (Lien)

En ces temps de canicules de plus en plus courantes, ce n’est pas une bonne nouvelle…

Mais il y a d’autres facteurs qui peuvent déclencher ces incendies. (Lien)

Quant à éteindre ces feux, c’est quasi mission impossible, d’autant qu’il faut 45 000 litres d’eau, et au moins 2 heures pour y parvenir. (Lien)

N’oublions pas pour autant que ce sont des enfants africains qui travaillent pour ces voitures électriques…

Mine de Cobalt

En résumé, d’après le magazine « Marianne » passer du tout thermique au tout électrique va provoquer la création de 15 nouvelles centrales nucléaires, (lien) lesquelles devront être efficaces à 100 %…

Or on sait que le parc nucléaire français est loin d’être sortie d’affaire, et que bon nombre de réacteurs ont encore des problèmes de corrosion à régler.

L’union soviétique, l’un des endroits du monde ou le nucléaire a proliféré, a connu le premier accident nucléaire majeur à Tchernobyl, et ses effets continuent à se faire sentir…

Quelques années après, ce fut au tour de Fukushima, au Japon, pays qui lui aussi était l’un des « champions » du nucléaire…

On est tenté de se dire, en songeant à notre territoire national : « à qui le tour » ?

Aux dernières nouvelles, il y a encore 17 réacteurs sur 56 à l’arrêt (quasi le tiers donc). (lien)

L’EPR de Flamanville connaît lui aussi de gros problèmes, puisque la cuve qui devait être changée devra encore attendre…

C’est le Canard Enchaîné qui, une fois de plus, a lancé l’alerte assurant : «  l’EPR a un problème de conception de sa cuve  ». (lien)

En résumé, un parc nucléaire toujours fragile, un EPR qui n’en finit pas d’accumuler les retards (rappelons qu’il devait être opérationnel en 2012)…si un accident nucléaire majeur se produisait, on voit assez mal comment la France pourrait répondre à une demande électrique de plus en plus forte.

Finalement la voiture électrique tout comme la prolifération des pompes à chaleur, ressemblent de plus en plus à de fausses bonnes idées, comme le pense aussi Aurélien Barrau (lien) car comme dit mon vieil ami africain : « mieux vaut une vérité qui fait mal qu’un mensonge qui rassure ».

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Par Olivier Cabanel, publié le mardi 26 septembre 2023

Dessin en titre : Emmanuel CHAUNU

https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/ne-voiture-rien-venir-250611

« DÉPLANIFIONS LE DÉSASTRE QUE NOUS LIVRE LE GOUVERNEMENT »

Aéroports, fermes-usines, mégabassines… Macron annonce sa planification écologique tout en prévoyant des centaines de projets bétonisant le pays, dénonce Terres de luttes dans cette tribune. (Terres de luttes est un collectif opposé à la bétonisation des terres, « bradées au profit d’extension d’aéroports, d’entrepôts Amazon ou autres centres commerciaux par centaines ».)

Et si nous commencions par déplanifier la destruction écologique ?

Macron a annoncé en grande pompe le 25 septembre sa planification écologique à long terme, tout en continuant d’engager des projets destructeurs pour l’écologie. Car quand on s’attarde un minimum sur la situation dans notre pays, le constat est accablant : des centaines de projets sont en préparation sur le territoire.

Sont ainsi dans les cartons et actuellement menés au moins 80 projets de routes et d’autoroutes, 16 aéroports ou extensions, plus d’une centaine de projets de mégabassines, 60 projets de fermes-usines et extensions, plus de 200 zones commerciales et logistiques, et encore des centaines de parcs de loisirs absurdes, d’industries destructrices, de complexes immobiliers… qui bétonnent nos terres et détruisent le climat.

La carte des luttes réalisée par Reporterre continue chaque semaine de s’enrichir de sinistres projets qui poussent dans quasiment tous nos départements à une vitesse inquiétante. Ces projets, les pouvoirs publics continuent de les financer, les autoriser, les soutenir. Alors qu’ils sont polluants et complètement contradictoires avec les objectifs environnementaux de la France.

Pourtant, nous avons d’ores et déjà des outils de planification écologique, rendus bien imparfaits : la stratégie nationale bas carbone, sans cesse revue à la baisse, et l’objectif de zéro artificialisation nette, remis en cause régulièrement par les nombreuses exceptions et son manque d’applicabilité.

Le traitement de ces objectifs par le gouvernement est révélateur : l’État a été condamné pour non-respect du premier, et en France chaque année c’est une surface de terre de l’équivalent de cinq fois celle de Paris qui est impactée par l’activité humaine. Il n’est plus temps de réfléchir aux adaptations à la marge, mais bien de changer drastiquement de trajectoire.

« Il est manifestement mensonger de parler de planification écologique »

Dans l’étude Projet local, impact global, nous avons voulu répondre avec le cabinet BL Évolution à cette question :

« l’État peut-il à la fois défendre ces objectifs écologiques et soutenir la construction de ces centaines de projets ? Est-ce compatible, et à quel prix ? »

Concernant l’artificialisation, une fois la part de l’habitat collectif, des mobilités douces et des énergies renouvelables sanctuarisées, il est encore possible d’artificialiser 53 000 hectares sur le territoire pour entrer dans la trajectoire définie par la loi Climat.

Le collectif Non à la ligne 18 dénonce le bétonnage des terres agricoles en Île-de-France, lors de la marche climat de mars 2022. © NnoMan Cadoret/Reporterre

Mais en parallèle, sont planifiés des projets très consommateurs d’espaces, par exemple trente-deux projets routiers pour près de 17 000 hectares (ha) consommés, la généralisation des bassines agricoles pour plus de 7 000 ha, la construction des sites industriels clés en main pour 6 000 ha, ou encore le projet de mine « Espérance » (en Guyane) qui pourrait artificialiser à lui seul 15 000 ha. Cette poignée de projets représenterait déjà une consommation de 80 % du budget.

En résumé : nous bâtissons mois après mois, année après année, les conditions de notre échec à atteindre les objectifs fixés en termes de baisse des émissions et de zéro artificialisation nette. Tant que ces projets ne seront pas repensés, modifiés, annulés, il est manifestement mensonger de parler de planification écologique.

60 nouvelles routes et autoroutes, 13 extensions d’aéroports…

Pire : au-delà de leur impact direct, ces infrastructures nous enferment dans un modèle toujours plus polluant et duquel nous aurons bien plus de mal à sortir. Comment imaginer passer des 38 millions de voitures individuelles en France à des transports décarbonés et en commun si le pays décide de construire soixante nouvelles routes et autoroutes pour un coût d’au moins 18 milliards d’euros, plutôt que de financer le ferroviaire, les bus ou le vélo ? Comment inciter la population à un tourisme plus écologique tout en finançant treize extensions d’aéroports et en accélérant le trafic du secteur ?

Comment imaginer réduire la consommation de viande et de produits laitiers tout en construisant des fermes-usines toujours plus grandes, de 300 000 poulets, 10 000 cochons, 1 000 vaches… ? Comment imaginer une agriculture sobre en eau, comment s’adapter, cultiver d’autres semences et différemment, tout en planifiant 500 futures mégabassines qui gaspillent et s’accaparent l’eau, en nous enfermant dans un modèle dépassé ?

« On ne peut construire d’une main ce qu’on détruit de l’autre »

Comment imaginer relocaliser la production et la consommation, éviter des transports inutiles et toujours plus de frets quand l’on construit des centaines de centres commerciaux et d’entrepôts logistiques XXL complètement déconnectés de leur territoire ?

Comment organiser la sobriété énergétique de notre pays en créant des infrastructures pour continuer à consommer autant — des milliers de méthaniseurs, de nouveaux réacteurs nucléaires, de terminaux méthaniers, de centrales à biomasse, de millions de voitures électriques individuelles — comme si l’on pouvait d’un claquement de doigts remplacer le pétrole par le gaz et les renouvelables ?

En matière d’écologie, où le statu quo revient à détruire les conditions de la vie sur Terre, le « en même temps » n’a pas de sens et nous le répéterons autant qu’il le faudra : on ne peut construire d’une main ce qu’on détruit de l’autre.

Un automne de mobilisations

Nous savons bien maintenant que l’écologie n’est qu’un élément de communication de ce gouvernement et qu’elle perdra toujours les arbitrages quand les intérêts économiques des plus puissants sont en jeu. Le même gouvernement qui valide le projet d’autoroute A69 et qui reste sourd à la détresse d’activistes en grève de la faim jusque devant sa porte. Nous savons que nous n’obtiendrons pas de planification écologique et l’arrêt de ces projets destructeurs en demandant gentiment, sans rapport de force et sans créer de coût politique et financier à nos adversaires.

Nous invitons donc toutes les personnes réellement concernées par la planification écologique à rejoindre les plus de 600 collectifs d’habitantes qui se battent sur le terrain contre ces infrastructures polluantes, et qui sont concrètement investies pour un avenir vivable. Par leurs recours juridiques, leurs mobilisations populaires, leurs actions, leur force de conviction, elles font respecter à l’État ses objectifs environnementaux… malgré lui.

C’est ainsi un véritable mouvement social qui se coordonne et grandit peu à peu, comme il l’a fait à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) en mars ou au Larzac cet été. Un mouvement rural, hétéroclite, où la jonction de la jeunesse climat et des associations écologistes, du monde paysan et des riveraines indignées crée des mobilisations populaires à même de contrer les plans des multinationales et des libéraux. Un mouvement qui obtient des victoires, sur son terrain, nos terres, partout là où nos adversaires portent des projets hors-sols déconnectés des besoins et des choix des populations.

Concrètement, c’est un automne de mobilisations qui vient de commencer, avec plus de cinquante dates de mobilisations faciles à rejoindre qui sont déjà posées pour ces prochains mois et stopper ces projets aberrants. Et sur ces projets, les fermes-usines, les bassines ou les routes, nous exigeons un moratoire afin de les suspendre le temps de les réinterroger. Car si l’on ose sérieusement les mettre en regard de cette planification écologique que tout le monde appelle de ses vœux, la seule conclusion logique qui s’impose est d’y mettre fin.

Alors, ensemble, déplanifions le désastre que nous livre le gouvernement, rejoignons les luttes locales !

Par Terres de luttes, publié le 26 septembre 2023 à 09h56, mis à jour le 26 septembre 2023 à 15h02

Photo en titre : L’aéroport de Lille prévoit d’accueillir 3,5 millions de passagers par an à l’horizon 2040 contre 2,2 millions en 2019. – Non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille

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LE NOUVEAU PLAN DE RTE POUR RÉUSSIR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Ils sont censés guider les choix énergétiques de notre pays jusqu’en 2050. Les scénarios élaborés par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE n’étaient plus complètement à jour. La crise de l’énergie impulsée par le conflit en Ukraine a rebattu les cartes, et poussé la filiale d’EDF à actualiser ses prédictions dans son bilan prévisionnel 2023.

Dans sa publication originale datant de 2021, RTE avait dessiné trois trajectoires de consommation possibles (trajectoire de référence, sobriété et réindustrialisation profonde) à articuler autour de 6 scénarios de mix de production (3 avec une relance du nucléaire, 3 sans relance du nucléaire). Il était alors question d’électrifier massivement les usages dans l’industrie, les bâtiments et le transport, et d’allier le développement des énergies renouvelables au nucléaire.

La guerre en Ukraine et les difficultés d’approvisionnement en gaz en 2022 ainsi que la crise de l’énergie ayant fait flamber les prix, RTE actualise sa publication pour affiner ses prévisions.

Les grandes lignes

. Une forte sobriété et efficacité énergétique est désormais indispensable, quel que soit le scénario.

. La consommation d’électricité est revue à la hausse pour accélérer le remplacement des énergies fossiles.

. La flexibilité énergétique (stockage, report de la consommation) devient un thème central.

. La production du parc nucléaire existant doit être stimulée et pérennisée.

. La construction de nouvelles STEP et centrales hydroélectriques doit être une priorité.

. La construction de nouvelles centrales fossiles peut être évitée.

. Le prix de l’électricité doit être réaligné sur les coûts de production pour réussir la décarbonation, sans sortir du marché européen.

. Le déploiement des pompes à chaleur et véhicules électriques doit être intensifié.

Consulter le bilan prévisionnel 2023 sur le site de RTE

Les 4 leviers indispensables pour atteindre nos objectifs climatiques

Dans sa nouvelle version, la publication du gestionnaire de réseaux rappelle la nécessité de sortir des énergies fossiles le plus vite possible. Cela induira une augmentation des besoins en électricité dans les années à venir. Jusque-là, rien de nouveau. Mais pour y faire face tout en respectant nos engagements climatiques (neutralité carbone en 2050), RTE s’appuie sur 4 leviers :

  • L’efficacité énergétique avec l’amélioration de la performance des bâtiments neufs et la rénovation des logements, ce qui pourrait mener à une baisse de – 75 TWh au minimum (-100 TWh dans l’idéal) ;
  • La sobriété avec une diminution estimée de – 25 TWh minimum (- 60 TWh si possible) ;
  • Le maintien de la production nucléaire grâce à la prolongation de l’exploitation des réacteurs pour atteindre une production de 360 TWh (voire 400 TWh si possible) ;
  • L’accélération des énergies renouvelables pour atteindre une production annuelle de 270 TWh, voire 320 TWh si possible (contre environ 120 TWh aujourd’hui).

RTE entend donc compter plus que jamais sur la sobriété énergétique alors que dans sa précédente version, la sobriété n’était qu’une des trajectoires évoquées pour l’avenir. Cela n’est pas sans rappeler la campagne gouvernementale menée avant l’hiver 2022-2023 pour inciter les Français à réduire leurs usages, en prévision d’un hiver délicat pour le système électrique. Invité d’une émission sur France Inter il y a quelques semaines, le patron de RTE, Xavier Piechaczyk avait évoqué l’importance de la sobriété énergétique, affirmant qu’elle avait permis de réduire la consommation de – 9 % au cours de l’hiver dernier.

L’institution insiste sur l’importance de combiner ces 4 leviers (avec différents dosages possibles), car « renoncer à l’un de ces leviers rend extrêmement difficile l’atteinte des objectifs climatiques et de sécurité d’approvisionnement ». La sobriété n’est donc plus une option, mais un critère à part entière, indispensable pour réussir la transition énergétique.

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Que contiennent les scénarios de RTE ?

RTE propose 3 types de scénarios (A, B et C) proposant 2 ou 3 mix énergétiques pour 2035. Pour résumer, les scénarios A permettent « de tracer les conditions de réussite pour atteindre des objectifs publics donnés ». Quant aux scénarios B et C, « ils permettent de réaliser des analyses de risque pour préparer le système électrique à d’éventuels retards ou aléas sur les trajectoires d’atteinte des objectifs », selon les explications du rapport. Pour comparer, RTE nous signale que la consommation totale intérieure d’électricité était de 475 TWh en 2019. Et tous les scénarios tablent sur une augmentation, plus ou moins forte, de cette consommation.

Les scénarios du bilan prévisionnel 2023 / Document RTE.

Les scénarios A : « accélération réussie »

Par exemple, le scénario « A – bas » est axé autour de trois axes majeurs dont l’importance est équivalente : électrification, efficacité énergétique et sobriété (++). Avec cette configuration, RTE estime sur une consommation totale intérieure d’électricité de 580 TWh dont une réduction de – 60 TWh du fait de la sobriété « sociétale » et de – 100 TWh grâce à l’efficacité énergétique.

Avec le scénario « A-haut », on mise sur l’électrification (++), mais avec moins d’efficacité énergétique et de sobriété (+). On se retrouve avec une consommation totale intérieure d’électricité de 640 TWh comprenant une baisse de – 25 TWh du fait de la sobriété avec des « gestes simples » et une diminution de – 75 TWh avec l’efficacité énergétique.

Pour les trois trajectoires de référence (« A-haut », « A-ref », « A-bas »), la consommation se situe entre 640 et 580 TWh en 2035, soit dans le haut des prévisions des Futurs énergétiques 2050 qui donnaient une fourchette allant de 440 à 645 TWh en 2050.

Les scénarios B : « atteinte partielle »

Avec les deux scénarios B, l’atteinte des objectifs publics est partielle, avec un retard compris entre 3 à 5 ans, plus ou moins important dans l’électrification, la sobriété et l’efficacité. Les énergies renouvelables sont également peu développées, ce qui fragilise l’atteinte des objectifs climatiques et porte atteinte à la sécurité d’approvisionnement, selon RTE.

Dans ce cadre, le scénario « B-haut » met l’accent faiblement, mais à parts égales, sur la sobriété, l’efficacité énergétique et l’électrification (+), menant à une consommation totale intérieure électrique de 600 TWh, comprenant une baisse de – 25 TWh au titre de la sobriété (gestes simples) et de – 75 TWh au titre de l’efficacité énergétique.

Avec le scénario « B-bas », l’accent n’est pas mis sur l’électrification (-) et légèrement sur les deux autres leviers (+). La consommation totale intérieure d’électricité est alors estimée à 550 TWh avec le même niveau d’impact pour la sobriété et l’efficacité qu’avec le scénario « B-haut ».

Les scénarios C : « mondialisation contrariée »

Enfin, les scénarios C prévoient un environnement de « mondialisation contrariée » avec des tensions macroéconomiques et géopolitiques qui se prolongeraient dans le temps. La consommation totale intérieure d’électricité se situerait alors entre 525 et 535 TWh, comprenant une baisse de –50 TWh au titre d’une sobriété « subie » et de –75 TWh d’efficacité énergétique.

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La consommation d’électricité revue à la hausse

Concernant les différents mix de production à l’horizon 2035, RTE rappelle d’abord que la production bas-carbone totale (soit le nucléaire et les énergies renouvelables) était de 495 TWh en 2019 et 395 TWh en 2022. L’organisme table sur des seuils allant de 580 TWh pour le scénario le moins optimiste (« C1 – Défaut de réaction ») à 700 TWh pour le scénario « A-haut ».

Le point commun de toutes ces trajectoires réside dans les capacités installées de l’hydraulique et du nucléaire. Dans tous les cas, RTE mise pour l’hydraulique sur un niveau compris entre 27 GW et 28 GW (contre environ 25,8 GW en 2022) avec une production stable autour de 60 TWh en moyenne. Pour le nucléaire, les capacités installées seront situées entre 60 et 63 GW pour tous les scénarios (contre 61 GW en 2022). La production varie en revanche, selon les cas, entre 360 pour l’hypothèse prudente atteignable et 370 TWh. Mais des variantes sont également prévues pour modifier ces chiffres. Avec la variante haute qui ne prévoit aucune fermeture et un fort niveau de disponibilité du parc nucléaire ainsi que d’éventuelles augmentations de puissance ainsi que des petits réacteurs modulaires (SMR). On pourrait alors atteindre environ 400 TWh. Dans la variante basse au contraire, le niveau ne serait que de 330 TWh en cas de fermeture de réacteurs (entre 0 et 6) et de faible disponibilité du parc.

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Par ailleurs, dans sa nouvelle publication, RTE met l’accent sur l’importance des flexibilités du réseau, qu’il qualifie de « clé de voute du nouveau bilan prévisionnel ». La sobriété a un rôle à jouer à ce niveau en permettant de faire baisser la demande, tout comme le développement des batteries. RTE espère gagner ainsi une marge de 5 GW environ. RTE n’oublie pas non plus de rappeler l’importance des interconnexions qui peuvent permettre à la France de rester exportatrice d’électricité bas-carbone.

Sur le plan financier, l’institution estime que l’électrification massive des usages permettrait d’économiser environ 190 milliards d’euros de dépenses dans le secteur des énergies fossiles. Il faudra néanmoins des investissements conséquents pour mettre en place la politique énergétique. RTE parle de tripler ces investissements, à hauteur de 25 à 35 milliards d’euros/an, pour la production et les capacités de flexibilités. Cela ne devrait pas pour autant faire augmenter le coût de production du MWh à long terme.

Réaligner le prix de l’électricité aux coûts de production réels

Concernant les prix de l’électricité, leur forte augmentation au cours des derniers mois a marqué les esprits et perturbé la trésorerie des professionnels et le budget des ménages. Le gestionnaire de réseaux aborde le sujet du « désalignement important entre les prix de marché et les coûts de production, dès lors que le prix du gaz est élevé », en France. Il faudrait obtenir leur réalignement, sans que la sortie du marché européen apparaisse comme une bonne idée puisqu’au contraire cela « engendrerait des coûts trop importants », selon le gestionnaire, qui estime également que le modèle ibérique n’est pas applicable en France.

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De nouveaux usages pour massifier l’usage de l’électricité

Enfin, RTE aborde trois points transverses qui permettent d’intégrer de nouveaux usages de l’électricité dans le bâtiment, l’industrie et les transports. D’abord, le déploiement des pompes à chaleur permettrait d’accélérer la sortie des énergies fossiles en réduisant les émissions de gaz à effet de serre du chauffage. RTE indique avoir effectué une étude d’impact approfondie sur le sujet. Ce déploiement aura certes un effet sur la demande d’électricité en heure de pointe, que le système électrique serait toutefois en mesure de gérer.

Le second point réside dans le développement de la production d’hydrogène bas-carbone locale, permettant de décarboner certains secteurs. Toutefois, il faut prévoir la concurrence possible des importations, notamment en ce qui concerne les carburants de synthèse.

Pour finir, le troisième point est relatif à la croissance du véhicule électrique qui se confirme pour les véhicules légers et qui se renforce pour le transport lourd. Le pilotage de la recharge devra être encouragé et une forte électrification du parc des voitures et des poids lourds n’entrainerait pas pour autant une trop forte augmentation de la consommation d’électricité, selon RTE.

Par Lorraine VERON, publié le 25 septembre 2023

À propos de l’autrice Lorraine VERON:  Juriste de formation, Lorraine a été chargée de mission pendant 9 ans auprès du médiateur national de l’énergie. Désormais rédactrice web, elle est spécialisée dans le secteur de l’énergie et du droit.

Photo en titre : Une ligne 400 kV dans le sud-est de la France / Image : Révolution Énergétique

https://www.revolution-energetique.com/le-nouveau-plan-de-rte-pour-reussir-la-transition-energetique/

1ÈRE LIGNE : NUCLÉAIRE, FAUT-IL TOURNER LA PAGE ?

Mercredi 27 septembre à 19h30, votre émission « 1ère Ligne », présentée par Lucile Guichet-Tirao, sera consacrée au nucléaire.

Animée par Lucile Guichet, l’émission donne la parole à ceux qui font l’actualité : autour d’un auteur et d’une personnalité de la société civile, puis d’un face-à-face entre deux invités, on décrypte, on change de regard, on bouge les lignes et on les écrit, sur le front de l’actualité polynésienne. Le tout, éclairé par un reportage anglé.

1ère Ligne : nucléaire, faut-il tourner la page ?

Spécial nucléaire – Les oubliés de l’atome de Suliane Favennec

Ce documentaire, ce sont les témoignages de Hinamoeura Cross, militante atteinte d’une leucémie, de Raphaël, qui a survécu à un cancer de l’os ou encore de Mahine, née avec une anomalie génétique.

Les images d’archives montrent l’effroyable ampleur des essais nucléaires. 193 au total, entre 1966 et 1996 à Moruroa et Fangataufa. (©polynésie)

Ne manquez pas « 1ère Ligne : nucléaire, faut-il tourner la page ? C’est mercredi 27 septembre à 19h30.

Par le Service communication SD, publié le 24 septembre 2023 à 10h47, mis à jour le 24 septembre 2023 à 11h56

https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/tahiti/polynesie-francaise/1ere-ligne-special-nucleaire-1430822.html

CENTRALE NUCLÉAIRE DU TRICASTIN : INDISPONIBILITÉ D’UNE VANNE D’ISOLEMENT DU SYSTÈME DE REFROIDISSEMENT INTERMÉDIAIRE

Le 20 septembre 2023, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté relatif à l’indisponibilité d’une vanne d’isolement du système de refroidissement intermédiaire (RRI) du réacteur 1 de la centrale nucléaire du Tricastin.

Le système de réfrigération intermédiaire (RRI) permet de refroidir, en fonctionnement normal comme en situation accidentelle, l’ensemble des matériels et fluides des systèmes auxiliaires et de sauvegarde du réacteur.

Le 11 août 2023, à la suite de la survenue d’une alarme en salle de commande, EDF a identifié un défaut électrique sur le limiteur de couple de fermeture du servomoteur d’une vanne permettant d’isoler le refroidissement, par le système RRI, du groupe motopompe primaire n°2 du réacteur 1. Cette vanne étant située dans le bâtiment réacteur (BR), inaccessible lorsque le réacteur est en fonctionnement, l’exploitant a étudié et réalisé une modification provisoire de la cellule électrique de manœuvre de la vanne pour permettre son fonctionnement sans le limiteur de couple défectueux. Toutefois, à l’issue de la modification, aucune manœuvre de la vanne n’a été réalisée pour vérifier son fonctionnement.

Le 19 septembre 2023, dans le cadre d’un essai périodique du système RRI, l’exploitant a constaté que l’ordre de fermeture de la vanne concernée est resté inopérant. La vanne a donc été considérée comme indisponible et la modification réalisée était donc non fonctionnelle.

Entre le 11 août et le 19 septembre, dans certaines situations d’incident ou d’accident, l’exploitant n’aurait donc pas pu fermer cette vanne et isoler le circuit RRI du groupe motopompe primaire n°2, comme le prévoient les règles générales d’exploitation (RGE). En l’absence de situation concomitante le nécessitant, cet événement n’a pas eu de conséquence sur l’installation, les travailleurs ni l’environnement.

Toutefois, en raison de la détection tardive de l’indisponibilité d’un matériel dont le fonctionnement était requis par les RGE, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.

Par l’ASN, publié le 25/09/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/indisponibilite-d-une-vanne-d-isolement-du-systeme-de-refroidissement-intermediaire

COMURHEX, USINES ORANO CHIMIE ENRICHISSEMENT DE FLUORATION DE L’URANIUM, RISQUE DE CRITICITÉ

La société Orano Chimie Enrichissement a déclaré le 20 septembre 2023 à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif relatif au non-respect d’une règle relative à la maîtrise du risque de criticité dans son usine de conversion de l’uranium « COMURHEX » qui est en cours de démantèlement.

L’événement concerne l’aire d’entreposage n°79, où sont entreposés des déchets et notamment des fûts de boues et de résines de filtration utilisées dans un des ateliers de conversion de l’uranium arrêté en 2008. Les règles générales d’exploitation limitent à 1% la teneur en uranium 235 des déchets nucléaires entreposés sur cette aire.

En vue de leur traitement à venir, Orano CE a engagé en 2023 des analyses sur les contenus de ces fûts de déchets. Les premiers résultats de ces analyses ont montré la présence de déchets uranifères avec une teneur en uranium 235 comprise entre 1 % et 2,5%, ce qui constitue une non-conformité vis-à-vis des règles générales d’exploitation de l’INB. Cet écart a été découvert en analysant un premier lot de fûts, représentant environ un dixième du total ; il est donc probable que d’autres fûts de déchets soient requalifiés de 1% à 2,5% en teneur en uranium 235. À ce stade, la perte de l’information de la teneur en uranium 235 de chaque fût n’est pas encore expliquée.

Les équipes d’exploitation ont mis en place des dispositions complémentaires définies par les ingénieurs criticiens de l’établissement en vue de gérer le risque de criticité de la zone d’entreposage en prenant en compte une teneur en uranium 235 de 2,5%.

En raison du non-respect d’une règle générale d’exploitation relative à la prévention du risque de criticité, l’incident a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

Par l’ASN, publié le 25/09/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/non-respect-d-une-regle-de-maitrise-de-la-criticite-sur-une-aire-d-entreposage

L’IRAN ENVISAGE SÉRIEUSEMENT UN RETOUR À L’ACCORD NUCLÉAIRE DE 2015

Le ministère iranien des Affaires étrangères a fait savoir que « Téhéran envisagerait sérieusement de revenir à l’accord nucléaire de 2015, officiellement connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA) », si « les autres parties étaient prêtes« .

 À lire aussi : Les États-Unis doivent faire preuve d’une « volonté réelle » dans les négociations nucléaires (MAE iranien)

 À lire aussi : L’Iran affirme que les négociations nucléaires se poursuivent par des voies pertinentes

Dans un communiqué publié dimanche 24 septembre, le ministère a ajouté que « les échanges indirects de messages avec les États-Unis se poursuivaient« . Dans le même contexte, il a salué le chef de l’ONU, Antonio Guterres, pour « les consultations positives qu’il a toujours eues avec l’Iran concernant la relance de l’accord nucléaire« .

Au sujet de la coopération entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le ministère a noté que « les affaires évoluaient dans la bonne direction à chaque fois que l’agence agissait au sein du cadre technique », soulignant que « la production d’armes nucléaires n’avait pas sa place dans la doctrine de l’Iran en matière de défense« .

À rappeler que M. Guterres a indiqué qu' »il appréciait les initiatives diplomatiques de l’Iran en vue de résoudre les problèmes, lever les obstacles et développer des relations avec les autres pays« .

Par APS/VNA/CVN, publié le 25/09/2023 à 07h28

Photo en titre : Des pourparlers pour relancer l’accord nucléaire iranien se déroulant en 2021, à Vienne. Photo : AFP/VNA/CVN

https://lecourrier.vn/liran-envisage-serieusement-un-retour-a-laccord-nucleaire-de-2015/1198385.html

LA NASA VA TESTER DES “GRAINES” NUCLÉAIRES POUR ALIMENTER UNE BASE SUR LA LUNE

Des scientifiques ont mis au point des pastilles d’énergie nucléaire d’à peine un millimètre. Elles pourraient servir à fournir de l’énergie à la base lunaire prévue par la NASA pour 2030.

Cela fait déjà quelques années que la NASA cherche à construire une centrale nucléaire sur la Lune. La raison est simple : vers 2030, une base avancée doit être construite sur le satellite de la Terre afin de faciliter l’exploration spatiale, notamment vers Mars. Et il faudra bien alimenter tout cela en électricité. Sur la Lune, impossible de se fier uniquement à l’énergie solaire. L’astre possède en effet un cycle jour/nuit et quand vient le “soir”, la température baisse jusqu’à moins 129° Celsius. Énormément de courant est nécessaire pour chauffer la base.

Les scientifiques se tournent alors vers le nucléaire. Actuellement, c’est la seule option viable pour créer une source d’énergie efficace avant l’échéance de 2030. Au Pays de Galles, les chercheurs du Nuclear Futures Institute de l’Université de Bangor ont mis au point des « pastilles » nucléaires pas plus grande qu’une graine de pavot. Elles ne dépassent pas les 1 millimètre environ. Elles sont de type TRISO, un genre de carburant composé d’uranium, de carbone et d’oxygène, entouré d’une coque solide semblable à la céramique.

Des pastilles nucléaires d’un millimètre vont alimenter la base lunaire de la NASA

Les minuscules cellules nucléaires vont alimenter un micro réacteur en forme de fleur conçu par Rolls-Royce, le célèbre constructeur de voitures de luxe. Selon les scientifiques, une seule de ces “graines” pourrait alimenter un réacteur jusqu’à 15 ans. Elles résistent à la corrosion, l’oxydation, les températures élevées et les fuites de radiation. Une solidité indispensable puisqu’elles doivent résister au lancement de la fusée et au voyage vers la Lune.

Lire aussi : De la Terre à Mars en 60 jours, ce moteur de fusée révolutionnaire en serait capable

Le micro réacteur pourrait aussi avoir une utilité sur Terre en fournissant en urgence de l’énergie à une zone touchée par une catastrophes naturelle comme un séisme, un tsunami ou une tempête. Les pastilles de carburant nucléaires vont maintenant être confiées à la NASA. L’agence va tester leur résistance en simulant la force d’un décollage de fusée, et vérifier qu’elles sont aussi efficaces que les chercheurs l’affirment.

Par THOMAS POVÉDA, publié le 25/09/2023

Photo en titre : Le concept de micro réacteur nucléaire / Crédits : Rolls-Royce

https://www.phonandroid.com/la-nasa-va-tester-des-graines-nucleaires-pour-alimenter-une-base-sur-la-lune.html

NDLR : Vous croyez vraiment que dépenser des milliards pour aller sur Mars soit une dépense intelligente ? Et en passant, pour polluer la lune avec notre technologie  nucléaire !

MATIÉRE NUCLÉAIRE ET PRODUITS EXPLOSIFS DANS LE CANTAL : LE SUSPECT AVAIT PROFÉRÉ DES MENACES AVEC UNE « BOMBE ARTISANALE »

L’homme de 29 ans qui détenait un véritable arsenal explosif à son domicile de Maurs a été placé en détention provisoire à l’issue de sa garde à vue prolongée, ce vendredi 22 septembre.

Ce mercredi 20 septembre et jusqu’au jeudi 21 septembre, enquêteurs, gendarmes, police scientifique, spécialistes en identification criminelle, démineurs venus de Montpellier et pompiers spécialisés dans les risques technologiques venus de l’Aveyron ont passé leur temps à fouiller de fond en comble le domicile d’un homme de 29 ans, à Maurs dans le Cantal, qui détenait chez tout un arsenal explosif, fait de bombes artisanales, de matières nucléaires radioactives et de substances chimiques, la plupart trouvés dans un coffre-fort de la maison. Le quartier avait été bouclé, et les experts avaient procédé à  » la neutralisation des produits potentiellement dangereux  » jusqu’au jeudi en fin d’après-midi.

Ce vendredi 22 septembre, cet homme a été placé en détention provisoire à l’issue de sa garde à vue prolongée. Il a été mis en examen par le Parquet d’Aurillac pour détention illégale de produit ou engin explosif, fabrication illégale d’engin explosif, détention et élaboration non autorisées de matière nucléaire, fabrication sans autorisation d’armes, éléments ou munitions de catégorie A ou B, mais également pour violences avec usage ou menace d’une arme « sans incapacité » et menaces de mort avec ordre de remplir une condition, énumère La Montagne.

Des menaces avec une présumée bombe artisanale

L’individu, qui travaillait dans l’informatique et utilisait de darknet, avait menacé une personne le mercredi 19 septembre à l’aide d’un engin qu’il présentait comme une bombe artisanale. Ce qui a conduit le lendemain à son interpellation et à la perquisition de son domicile de la place du 11-Novembre à Maurs.

Par Laurent Roustan, publié le 23/09/2023 à 19h21, mis à jour à 19h38

Photo en titre : Les spécialistes auront mis plus de 24 heures à neutraliser les produits potentiellement dangereux trouvés dans le domicile du suspect. Capture d’écran – Google Street Wiev

Pour retrouver ou écouter cet article (1mn44s), cliquer sur : https://www.centrepresseaveyron.fr/2023/09/23/matiere-nucleaire-et-produits-explosifs-dans-le-cantal-le-suspect-avait-profere-des-menaces-avec-une-bombe-artisanale-11473659.php

SAINT-ALBAN : ANOMALIE DE RÉGLAGE DU SEUIL D’ARRÊT AUTOMATIQUE DU RÉACTEUR NUCLÉAIRE

Le 15 septembre 2023, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté concernant un défaut de réglage du seuil d’arrêt automatique du réacteur par détection d’un flux neutronique élevé par les chaînes neutroniques de niveau source du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Saint-Alban.

Le système de mesure de la puissance nucléaire permet d’assurer la surveillance permanente de la puissance du réacteur. Cette surveillance, qui consiste à mesurer le flux de neutrons, est effectuée par l’intermédiaire de chaînes de mesures disposées à l’extérieur de la cuve :

  • les chaînes de puissance (CNP), utilisées en fonctionnement normal ;
  • les chaînes de niveau intermédiaire (CNI), utilisées lors du démarrage ou de la mise à l’arrêt du réacteur ;
  • les chaînes de niveau source (CNS), capables de mesurer de très faibles flux lorsque le réacteur est à l’arrêt.

Ces chaînes déclenchent des alarmes et des actions automatiques de protection du réacteur, notamment son arrêt automatique, en cas d’élévation anormale du flux neutronique.

Le 26 juillet 2023, alors que le réacteur 1 était à l’arrêt, un des détecteurs CNS/CNI a été remplacé. Pour réaliser les essais de requalification à l’issue de ce remplacement, les règles générales d’exploitation (RGE) autorisaient à relever d’une décade le réglage du seuil déclenchant l’arrêt automatique du réacteur.

Le 22 août 2023, EDF a constaté que le retour au réglage habituel du seuil déclenchant l’arrêt automatique du réacteur n’avait pas été réalisé, alors qu’entre le 26 juillet 2023 et le 22 août 2023, le réacteur 1 était passé en état d’arrêt normal, refroidi par le circuit de refroidissement du réacteur à l’arrêt (RRA). Dans cet état du réacteur, la hausse temporaire du réglage du seuil déclenchant l’arrêt automatique du réacteur n’est pas conforme aux règles générales d’exploitation. En cas d’élévation du flux de neutrons, le signal d’arrêt automatique aurait pu intervenir plus tard que prévu.

En l’absence d’évolution du flux neutronique pendant les phases d’arrêts concernées, cet événement n’a pas eu de conséquence sur les personnes et l’environnement. Toutefois, compte tenu du non-respect des règles générales d’exploitation (RGE), cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.

Par l’ASN, publié le 20/09/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/anomalie-de-reglage-du-seuil-d-arret-automatique-reacteur

DIJON : UNE ACTION « POUR UN MONDE SANS ARME NUCLÉAIRE » CE SAMEDI 23 SEPTEMBRE

Des militants pacifistes célèbrent la Journée internationale de la Paix en organisant une réunion publique, un repas et un bal folk.

Communiqué du collectif Bourgogne-Franche-Comté DIJON pour un monde sans arme nucléaire !

Le 23 Sept à 18 h, Mairie annexe des Grésilles

À l’occasion des Journées Internationales de l’ONU : Journée de la PAIX et Journée pour l’élimination totale des armes nucléaires (21 et 26 septembre), des associations du réseau mondial ICAN (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires), Nobel de la Paix 2017, organisent des actions en France samedi 23 septembre 2023.

Ils demandent que la France soit observatrice à l’ONU pour la réunion des Etats parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), en novembre à New-York.

Grâce au TIAN, les armes nucléaires sont illégales depuis janvier 2021 !

Janvier 2021, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) de l’ONU entre en vigueur ! Nouvelle norme internationale, il interdit aux pays de développer, tester, produire, fabriquer, transférer, posséder, stocker, utiliser ou menacer d’utiliser des armes nucléaires ou de permettre le déploiement d’armes nucléaires sur des territoires.

Or les 9 pays qui ont la bombe refusent de le signer et de l’appliquer : USA, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord sont donc une menace pour eux-mêmes et le monde entier.

Bougeons les banques !

La plupart des banques financent hélas les 2 principales menaces de l’Humanité : le dérèglement Climatique ET la bombe atomique. Lisez la BD Les banques et la Bombe nucléaire sur le site d’ICAN, questionnez la vôtre, et … changez de banque, pour notre bien à tous ! https://change-de-banque.org/

Quel rôle pour Dijon ?

Les français sont POUR que la France s’engage dans la ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires : 67 %, très forte majorité !

Les villes étant les cibles des bombes atomiques, des maires s’engagent en signant l’Appel des villes d’ICAN pour soutenir le TIAN. http://icanfrance.org/appel-aux-maires.

En France, la région Bourgogne Franche-Comté et déjà soixante-douze villes, dont Paris et Besançon, (EELV, LR, PC, PS) soutiennent ce Traité, tout comme des dizaines de parlementaires (60 en 2023) et de nombreux citoyen·ne.s. Depuis 2019, notre collectif Bourgogne Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires demande à François Rebsamen, maire de Dijon de signer cet appel. En réunion publique fin 2022, il a même répondu « Je pourrais le signer, mais … » Nous réitérons donc notre demande d’engagement de la ville !

Mobilisation à Dijon, Lyon, Paris, Quimper, Vandoeuvre-les-Nancy, Montélimar …

Rejoignez-nous pour AFFIRMER que :

Nous voulons que la France rejoigne le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires,

Première étape, nous demandons que la France soit observatrice à la 2ème réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) : du 27 nov. au 1 décembre 2023 à l’ONU à New-York.

Nous refusons le honteux gaspillage d’argent public de la Loi de programmation militaire qui prévoit plus de 53,69 milliards € pour la modernisation et le renouvellement de « notre » arsenal nucléaire,

Nous refusons que « nos » armes nucléaires menacent des villes et leurs populations et mettent en péril la planète et les générations futures.

DIJON : Réunion publique, repas et fête !

18 h : Mairie annexe des Grésilles, 6 avenue des Grésilles, Tram T1, arrêt Grésilles-Trimolet. Exposition, Photos, Débat : Le désarmement nucléaire, une urgence !
Intervenants :
Patrick ZAHND, après une longue carrière au Comité International de la Croix Rouge (CICR), professeur de droit international humanitaire à Sciences Po (Paris) et à l’université de Monterrey (Mexico), membre de ‘Initiatives pour le Désarmement Nucléaire’ (IDN),
Catherine HERVIEU, Conseillère municipale EELV de Dijon
Raphaël PORTEILLA, professeur de droit et de science politique à l’Université de Bourgogne, membre du ‘Mouvement de la Paix’
Des membres de Sortir du Nucléaire 21, des Amis de la Terre et du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN).

BUFFET – BUVETTE – Crêpes ! BAL FOLK avec « Bal à Trois » ! 

www.facebook.com/bal.a.trois/?locale=fr_FR

Complément d’information sur le site d’ICAN France
http://icanfrance.org/23-septembre-marchons-pour-u…

Prochains RDV !

– 27 septembre : Vigie Citoyenne mensuelle à Dijon et près du CEA Valduc.
– 15 novembre Quête de sens et armes nucléaires. 18 h salle Camille Claudel, Dijon.

Collectif Bourgogne Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires, man.cotedor@nonviolence.fr, http://icanfrance.org

Publié le 22/09/2023 à 18h49

https://www.infos-dijon.com/news/vie-locale/vie-locale/dijon-une-action-pour-un-monde-sans-arme-nucleaire-ce-samedi-23-septembre.html

IL CACHAIT UN ARSENAL À MAURS (15) : LE SUSPECT INCARCÉRÉ POUR FABRICATION D’ENGIN EXPLOSIF ET DÉTENTION DE MATIÈRE NUCLÉAIRE

Un arsenal inquiétant de produits radioactifs, explosifs et chimiques a été découvert par les forces de l’ordre dans un logement de Maurs, mercredi 20 septembre. Un homme de 29 ans est mis en cause. Déféré au parquet d’Aurillac, ce vendredi 22 septembre, il a été placé en détention provisoire.

Selon le procureur de la République d’Aurillac, le suspect a été mis en examen pour « violences avec usage ou menace d’une arme sans incapacité« , « menaces de mort avec ordre de remplir une condition« , « détention illégale de produit ou engin explosif« , « fabrication illégale d’engin explosif« , « détention non autorisée de matière nucléaire« , « élaboration non autorisée de matière nucléaire« , « fabrication sans autorisation d’armes, éléments ou munitions de catégorie A ou B« .

Le mis en cause, un homme de 29 ans, « a été placé en détention provisoire« , précise le magistrat Paolo Giambiasi.

Mardi 19 septembre, il avait menacé quelqu’un avec un objet qu’il présentait comme une bombe artisanale. Les gendarmes l’avaient alors interpellé. Un long travail de déminage, puis de perquisition de l’arsenal caché dans son logement de la place du 11-novembre, à Maurs, s’était engagé. 

Par Romain Blanc, publié le 22/09/2023 à 18H53

Photo en titre : Mercredi 20 septembre, à Maurs, le domicile du mis en cause avait été perquisitionné. Photo © Jérémie FULLERINGER

https://www.lamontagne.fr/maurs-15600/actualites/il-cachait-un-arsenal-a-maurs-le-suspect-incarcere-pour-fabrication-dengin-explosif-et-detention-de-matiere-nucleaire_14375645/

NDLR : les questions qui se posent : « comment ces matières radioactives ont-elles été dérobées ? Existe-il une filière organisée ? Dans l’affirmative, quels sont les complices ?…»

« LA NATURE N’OUBLIE PAS » : CES ANIMAUX SONT DEVENUS RADIOACTIFS

Des montagnes japonaises aux forêts allemandes, ces espèces témoignent des effets à long terme des essais et accidents nucléaires.

Pour les tortues de mer, il existe peu d’habitats plus adaptés que les eaux fraîches du Pacifique autour de l’atoll verdoyant d’Eniwetok, à mi-chemin entre l’Australie et Hawaï.

Un habitat parfait, à un détail près : les radiations. Après s’être emparés de l’atoll pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis y ont testé des armes nucléaires à 43 reprises, puis ont enterré les déchets radioactifs dans un tombeau en béton qui a depuis commencé à se fissurer.

Des scientifiques ont découvert la signature nucléaire de ces déchets dans la carapace de tortues de mer vivant dans les eaux environnantes, ce qui fait de ces tortues l’un des nombreux animaux touchés par la contamination nucléaire mondiale.

Des océans tropicaux aux forêts allemandes en passant par les montagnes japonaises, les radiations émanant des essais et des catastrophes nucléaires se retrouvent dans la faune du monde entier. Bien que les radiations de ces animaux ne menacent généralement pas l’Homme, elles témoignent de l’héritage nucléaire de l’humanité.

« C’est une mise en garde », déclare Georg Steinhauser, radiochimiste à l’université de technologie de Vienne et expert en radioactivité animale. « La nature n’oublie pas. »

TORTUES MARINES D’ENIWETOK

Une grande partie de la contamination radioactive mondiale provient des essais menés par les puissances mondiales qui se sont efforcées de mettre au point des armes puissantes au cours du 20e siècle. Les États-Unis ont testé des armes nucléaires de 1948 à 1958 sur l’atoll d’Eniwetok.

En 1977, les États-Unis ont commencé à nettoyer l’atoll de ses déchets radioactifs, dont la plupart sont enfouis dans du béton sur l’une des îles. Les chercheurs de l’étude sur les signatures nucléaires des tortues supposent que le nettoyage a perturbé les sédiments contaminés qui s’étaient déposés dans le lagon de l’atoll. Ils pensent que ces sédiments ont été avalés par les tortues lorsqu’elles nageaient, ou qu’ils ont affecté les algues qui constituent une grande partie du régime alimentaire des tortues marines.

La tortue marine étudiée a été retrouvée un an seulement après le début du nettoyage. Selon Cyler Conrad, chercheur au Pacific Northwest National Laboratory qui a dirigé l’étude, les traces de radiations contenues dans ces sédiments ont pénétré dans la carapace de la tortue sous forme de couches mesurables par les scientifiques.

Cyler Conrad compare les tortues à des « anneaux de nage », utilisant leur carapace pour mesurer les radiations de la même manière que les anneaux d’un tronc d’arbre enregistrent son âge.

« Je ne savais pas à quel point ces signaux nucléaires étaient répandus dans l’environnement », explique Conrad, qui a également étudié des tortues présentant des signes de radiations d’origine humaine dans le désert de Mohave, dans la rivière Savannah en Caroline du Sud et dans la réserve d’Oak Ridge dans le Tennessee. « Tant de tortues différentes dans tant de sites différents ont été façonnées par l’activité nucléaire testée dans ces lieux ».

SANGLIERS DE BAVIÈRE

Les essais d’armes nucléaires sont également responsables d’une contamination par projection dans la haute atmosphère d’épaisses masses de poussières et de cendres irradiées, appelées retombées, qui peuvent faire le tour de la planète et se déposer dans des environnements éloignés.

Dans les forêts de Bavière, par exemple, certains sangliers présentent parfois des niveaux de radiation stupéfiants. Les scientifiques ont longtemps pensé que les retombées radioactives étaient consécutives de la catastrophe de Tchernobyl, survenue en 1986, dans l’Ukraine voisine.

Dans une étude récente, Steinhauser et son équipe ont cependant découvert que jusqu’à 68 % de la contamination des sangliers bavarois provenaient d’essais nucléaires conduits dans le monde entier, de la Sibérie au Pacifique. En trouvant « l’empreinte nucléaire » de différents isotopes de césium, dont certains sont radioactifs, l’équipe de Steinhauser a exclu Tchernobyl comme source de contamination.

Les sangliers ont été contaminés en mangeant des truffes, qui ont absorbé les radiations des retombées nucléaires qui se sont déposées dans le sol à proximité.

Steinhauser a étudié des échantillons de sangliers, généralement à partir de leur langue, et a trouvé 15 000 becquerels de radiation par kilogramme. Ces chiffres dépassent de loin la limite de sécurité européenne de 600 becquerels par kilogramme.

Lorsque les premiers résultats sont arrivés, l’un des étudiants en doctorat de Steinhauser se souvient avoir pensé : « il n’est pas possible qu’il y ait autant de césium dans les sangliers ». Ce n’est qu’après avoir vérifié à nouveau les mesures qu’ils ont conclu que « les sangliers avaient un taux de césium issu des retombées des armes nucléaires beaucoup plus important qu’estimé ».

Des échantillons de langue prélevés sur des sangliers en Bavière ont révélé jusqu’à 15 000 becquerels de rayonnement par kilogramme. PHOTOGRAPHIE DE Nicolas Armer, Picture-Alliance, AP

Les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl sont clairement observées ailleurs en Europe. Les retombées radioactives se sont répandues sur tout le continent, laissant un héritage radioactif sur des centaines d’années. « L’Europe est fortement contaminée par Tchernobyl. C’est notre première source de césium radioactif », explique Steinhauser.

Une grande partie de ces retombées a été emportée par le vent vers le nord-ouest de la Norvège, où elles sont tombées lorsqu’il s’est mis à pleuvoir. Comme la trajectoire des retombées dépendait de conditions météorologiques imprévisibles, « la contamination au-dessus de la Norvège à la suite de l’accident n’est pas uniformément répartie », explique Runhild Gjelsvik, scientifique à l’Autorité norvégienne de radioprotection et de sûreté nucléaire. « Elle est très inégale. »

Les retombées radioactives ont été absorbées par des champignons et des lichens, ces derniers étant vulnérables parce qu’ils n’ont pas de système racinaire et absorbent leurs nutriments dans l’air. Ils ont ensuite été mangés par les troupeaux de rennes. Immédiatement après l’accident de Tchernobyl, la viande de certains rennes présentait des niveaux de radiation supérieurs à 100 000 becquerels par kilogramme.

Aujourd’hui, explique Gjelsvik, une grande partie du lichen contaminé a été éliminée par le pâturage, ce qui signifie que la radioactivité mesurée chez la plupart des rennes norvégiens est inférieure à la norme de sécurité européenne. Mais certaines années, lorsque les champignons sauvages poussent en plus grand nombre que la normale, les échantillons peuvent présenter des pics allant jusqu’à 2 000 becquerels.

« Les substances radioactives provenant de Tchernobyl sont toujours transférées des sols aux champignons, aux plantes, aux animaux et aux Hommes », explique M. Gjelsvik.

En Norvège, des rennes ont montré des signes de signatures nucléaires après avoir mangé des champignons et du lichen affectés par les radiations de Tchernobyl. PHOTOGRAPHIE DE Nature Picture Library

Au Japon, un problème similaire touche les macaques.

Après la catastrophe de Fukushima en 2011, la concentration de césium chez les macaques japonais vivant à proximité est montée en flèche pour atteindre un maximum de 13 500 becquerels par kilogramme, selon une étude dirigée par Shin-ichi Hayama, professeur à l’Université vétérinaire et des sciences de la vie de Nippon.

D’après les recherches de Shin-ichi Hayama, qui se sont principalement concentrées sur des échantillons de tissus prélevés sur les pattes arrière des macaques, ceux-ci ont probablement mangé des bourgeons et de l’écorce d’arbres contaminés, ainsi que d’autres aliments tels que des champignons et des pousses de bambou, qui absorbent tous le césium radioactif présent dans le sol.

Les concentrations élevées de césium, qui ont diminué au cours de la dernière décennie, ont conduit Hayama à supposer que les singes nés après l’accident ont pu connaître un retard de croissance et avoir une tête plus petite.

Les Macaques japonais

CES ANIMAUX SONT-ILS DANGEREUX ?

Les scientifiques qui étudient les animaux radioactifs soulignent qu’il est très peu probable que les taux de radiations qu’ils présentent puissent un jour menacer l’Homme. Certains, comme les macaques de Fukushima, ne sont pas mangés et ne constituent donc pas une menace. D’autres, comme les tortues de mer, ont un taux de radioactivité si faible qu’ils ne présentent aucun danger.

D’autres encore, comme les sangliers bavarois et les rennes norvégiens, font l’objet d’une surveillance afin de s’assurer que les Hommes ne se nourrissent pas de viande impropre à la consommation. « Les limites réglementaires sont très strictes » précise Steinhauser. Néanmoins, ces résultats ont « d’énormes implications », ajoute-t-il. « Pendant de nombreuses années, nous nous sommes contentés de supposer que les retombées nucléaires allaient ailleurs. Mais « ailleurs » ne signifie pas qu’elles ont disparu. »

De Pete McKenzie, publié le 22 septembre 2023 à 14h39

Photo en titre : Les tortues de mer de l’atoll d’Enewetak portent la signature nucléaire des essais menés par les États-Unis des décennies auparavant. Ce n’est que l’une des nombreuses espèces affectées par la maîtrise de l’énergie nucléaire par l’Homme. PHOTOGRAPHIE DE Reinhard Dirscherl

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

https://www.nationalgeographic.fr/animaux/la-nature-noublie-pas-ces-animaux-sont-devenus-radioactifs-test-radioactivite-catastrophe-nucleaire

UNE CENTAINE DE VILLES ET COMMUNES BELGES DISENT NON AUX ARMES NUCLÉAIRES

Cent vingt-cinq maisons communales belges arborent le drapeau de la paix depuis ce 21 septembre qui marque la journée internationale de la paix. La bannière, déployée à l’initiative de plusieurs associations du mouvement de la paix belge, flottera jusqu’au 26 septembre, date de la journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.

L’objectif de la démarche est de demander au gouvernement fédéral des actions concrètes vers un désarmement nucléaire international, indique vendredi la Coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie (CNAPD) dans un communiqué.

La Belgique a pris l’engagement d’agir en faveur d’un tel désarmement il y a plus de 50 ans, lorsqu’elle a signé le Traité de non-prolifération, rappelle l’association.

Pour mettre en œuvre cet engagement, la Belgique doit signer le Traité d’interdiction des armes nucléaires et modifier la loi de 1962, afin de la mettre en conformité avec l’intention initiale du législateur, à savoir exclure les armes nucléaires des possibles accords de partage militaire avec l’Otan, poursuit le CNAPD.

Ce changement de cap est essentiel et urgent aux yeux du mouvement car « le risque d’un affrontement nucléaire n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui« . Les puissances nucléaires développent et modernisent en effet leurs arsenaux, souligne la Coordination pour qui les armes nucléaires ne sont pas dissuasives, constituent une menace pour la Belgique et pour l’humanité et séquestrent des ressources économiques massives « dans un silence politique absolu« , conclut-elle.

Par Agence Belga, publié le 22/09 à 14h52

https://www.rtl.be/actu/belgique/politique/une-centaine-de-villes-et-communes-belges-disent-non-aux-armes-nucleaires/2023-09-22/article/590734

LE GOUVERNEMENT ITALIEN ENTAME DES DISCUSSIONS POUR RÉINTRODUIRE L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE

Le gouvernement italien a lancé une « plateforme nationale pour un nucléaire durable », qui aboutira dans les neuf mois à l’élaboration de lignes directrices en vue d’une éventuelle réintroduction de l’énergie nucléaire parmi les sources d’énergie nationales afin notamment de se passer, à terme, des énergies fossiles.

Jeudi (21 septembre) a eu lieu la première réunion de la plateforme nationale pour un nucléaire durable, mise en place par le gouvernement pour définir, dans un certain délai, un parcours visant à la reprise éventuelle de l’utilisation de l’énergie nucléaire en Italie et les opportunités de croissance de la chaîne industrielle nationale déjà présente dans le secteur.

Comme prévu dans le programme électoral du gouvernement de droite de la Première ministre Giorgia Meloni, de son parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie/Conservateurs et Réformistes européens), de La Lega (La Ligue/Identité et Démocratie), et Forza Italia (Allez l’Italie/Parti populaire européen), l’Italie envisage de réintégrer l’énergie nucléaire parmi les sources d’énergie nationales.

« Notre objectif est d’éliminer d’abord le charbon, puis le pétrole, et de conserver le gaz jusqu’à ce que les énergies renouvelables soient suffisamment développées pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais à long terme, la demande continue d’énergie sera telle que nous devrons prévoir l’utilisation de sources qui assurent, contrairement aux énergies renouvelables, la continuité de la production d’énergie. C’est le cas de l’énergie nucléaire », a déclaré le ministre de l’Environnement, Gilberto Pichetto Fratin.

Le gouvernement a exclu l’utilisation de grandes centrales nucléaires de troisième génération, préférant se tourner vers de nouvelles technologies nucléaires innovantes et sûres, telles que les petits réacteurs modulaires (SMR) et les réacteurs nucléaires de quatrième génération (AMR). Il est prévu d’élaborer des lignes directrices dans un délai de neuf mois.

La réunion présidée par M. Pichetto Fratin a rassemblé des organismes publics de recherche de premier plan, des représentants du monde universitaire, des associations scientifiques, des entités publiques opérant dans le domaine de la sûreté nucléaire et du démantèlement, ainsi que des entreprises ayant déjà des programmes d’investissement dans le secteur nucléaire pour la production de composants et d’installations et pour les applications médicales dans le secteur nucléaire.

L’Italie, comme l’indique une note officielle du ministère, se concentre sur le déploiement à grande échelle des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique afin de garantir la décarbonisation et la sécurité énergétique, notamment par la diversification des sources et l’intégration des différentes solutions technologiques disponibles, y compris la fusion et la fission nucléaires.

« L’Italie ne peut pas perdre de temps : l’objectif de revenir à une production d’énergie propre et sûre grâce à l’énergie nucléaire, à partir des prochaines années, doit être clair », a déclaré le vice-premier ministre et ministre des Transports Matteo Salvini (La Ligue/Identité et Démocratie).

Les critiques ont été émises par les partis écologistes de gauche, tels que Europa Verde, qui ont manifesté devant le siège du ministère de l’Environnement et de la sécurité énergétique avec une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Le nucléaire, un désastre assuré ».

« Le ministre Fratin semble avoir oublié une leçon fondamentale : l’énergie nucléaire est une impasse économique et environnementale. Nous parlons d’une énergie qui nécessite des investissements publics massifs », a estimé le député de l’Alliance de gauche et des Verts Angelo Bonelli.

Par Federica Pascale, (EURACTIV Italie), traduit par Marie-Alix Pocholuk, publié le 22 septembre 2023 à 07h02, mis à jour à 09h22

Photo en titre : L’Italie envisage de réintégrer l’énergie nucléaire parmi les sources d’énergie nationales (Shutterstock /THINK A)

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/le-gouvernement-italien-entame-des-discussions-pour-reintroduire-lenergie-nucleaire/

NDLR : encore une fois, nous ne devons pas créer de l’énergie car elle participera au réchauffement climatique année après année puisque que c’est de la chaleur qu’on ajoute au système thermique de notre planète. Seule la captation d’une partie de l’énergie du soleil et sa transformation éventuelle en électricité n’ajoute aucune calorie au système thermique. Les capteurs thermiques et photovoltaïques ainsi que l’éolien n’ajoutent aucune calorie au système thermique de la terre (le vent est un dérivé de l’énergie solaire). Même le développement de la géothermie n’est pas souhaitable à long terme.

VOICI LES 7 INCONVÉNIENTS DE L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE

En France, le nucléaire représente environ 63 % de la production électrique annuelle (2022). Face à l’urgence climatique et compte tenu de la récente crise de l’énergie, l’avenir du mix électrique français interroge. Les pouvoirs publics ont fait le choix de redynamiser la filière du nucléaire tout en y associant le développement des énergies renouvelables. Ensemble, elles permettent de produire une énergie stable et bas-carbone. L’énergie nucléaire a d’indéniables avantages et a souffert d’importantes campagnes de désinformation à des fins politiques. Comme tout sujet de société, elle a ses défenseurs comme ses détracteurs, mais objectivement, quels sont ses défauts ?

1 – La dépendance à l’uranium

Une centrale à fission nucléaire conventionnelle a besoin d’uranium pour fonctionner. La fission d’atomes d’uranium provoque de la chaleur qui change l’eau en vapeur. Cette vapeur va permettre à une turbine reliée à un alternateur de fonctionner. Et c’est ainsi que l’électricité est produite.

Le recours à l’uranium représente des inconvénients. D’abord, l’uranium est extrait à l’étranger, ce qui peut poser problème, notamment en cas de conflit géopolitique. C’est le cas actuellement avec la crise au Niger qui sème le doute sur la possibilité de s’approvisionner en uranium à l’avenir dans le pays. Heureusement, la France diversifie ses sources d’approvisionnement. Au-delà du Niger, elle peut compter également sur le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, la Namibie, ou encore l’Australie.

En outre, les risques d’une défaillance au niveau de l’importation sont à nuancer puisque l’uranium est relativement facile à stocker. Il est donc possible de sécuriser l’approvisionnement en constituant des réserves pour plusieurs années (entre 5 et 10 ans en France actuellement).

À lire aussi : Comment la Turquie s’est rendue dépendante du nucléaire russe 

Par ailleurs, un autre point à évoquer réside dans la question de l’épuisabilité de la ressource. En effet, même si l’uranium se trouve dans le monde entier, au sein des milieux rocheux, cela ne signifie pas pour autant que la ressource est inépuisable. D’ailleurs, ce n’est pas n’importe quel type d’uranium qui est nécessaire pour faire fonctionner une centrale nucléaire. Il faut généralement de l’uranium 235 qui ne représente même pas 1 % de la ressource mondiale, selon l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). L’épuisabilité de la ressource pourrait toutefois être contournée à l’avenir avec la possible utilisation du thorium et de l’uranium extrait de l’eau de mer.

Enfin, le recours à l’uranium pose la question de la pollution liée à son extraction : poussières radioactives, toxines présentes dans l’eau, radon. La sécurité des travailleurs et la préservation de l’environnement peuvent naturellement inquiéter.

Mais une réglementation stricte encadre cette extraction, ce qui permet de limiter le risque sur l’environnement et les personnes. Selon un rapport publié en 2014 par l’agence pour l’énergie nucléaire, il ne faut pas confondre les conditions d’extraction qui avaient lieu autrefois avec celles qui ont cours de nos jours : « aujourd’hui, l’extraction d’uranium est réalisée dans des circonstances notablement différentes et s’avère la forme d’extraction minière la plus réglementée, et l’une des plus sûres au monde ».

2 – La difficulté de traitement des déchets radioactifs

Une des plus grandes critiques adressées à l’énergie nucléaire est bien entendu les déchets radioactifs qu’elle génère. Ces déchets sont traités différemment en fonction de leur teneur en radioactivité. Les déchets à faible ou moyenne activité à vie courte sont entreposés au sein des centrales avant d’être incinérés ou recyclés. Seuls les déchets à forte radioactivité posent réellement problème. Sur son site internet, EDF explique que ces déchets sont « conditionnés dans des conteneurs en acier inoxydable et entreposés dans l’usine Orano de La Hague. Compte tenu de leur durée de vie, la loi prévoit leur transfert dans le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) ».

Ils seront donc enfouis à 500 mètres de profondeur. Cela représente un inconvénient majeur de l’énergie nucléaire puisque ces déchets resteront sous terre pour l’éternité. Se pose alors la question de la transmission des connaissances sur ces déchets radioactifs aux générations futures. Comment être certains que l’information sur la présence de déchets sera correctement transmise dans un siècle, un millénaire, voire davantage ? La solution pourrait venir des réacteurs de quatrième génération qui fonctionneraient en cycle quasi fermé en réutilisant les déchets en interne après traitement.

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3 – Les rejets d’eau chaude dans l’environnement

On entend souvent parler des conséquences de l’activité des centrales nucléaires sur le milieu aquatique. L’utilisation de l’eau est critiquée notamment en cas de canicule et certains y voient une fragilité du nucléaire, qui ne pourrait pas fonctionner en cas de forte chaleur.

Pour comprendre le rôle de l’eau dans les centrales nucléaires, il faut se rappeler que ces dernières fonctionnent grâce à plusieurs circuits. Dans les réacteurs à eau pressurisée, la technologie exploitée en France, le circuit primaire sert à réchauffer l’eau pour la transmettre ensuite au circuit secondaire qui va produire la vapeur. C’est de cette façon que la turbine va se mettre en mouvement, puis entraîner l’alternateur qui produit de l’électricité. L’eau est ensuite dirigée vers le circuit tertiaire qui assure son refroidissement.

Ce refroidissement peut se faire de deux manières différentes. En circuit ouvert pour les centrales situées à proximité d’un point d’eau à débit suffisant comme la mer. Une fois l’eau pompée dans la mer, elle y est restituée en fin de parcours. En circuit fermé, l’eau du circuit tertiaire est refroidie dans une tour aéroréfrigérante avant d’être rejetée en partie dans l’atmosphère et pour le reste dans le cours d’eau. Les quantités d’eau pompées dans le cours d’eau sont plus faibles, ce qui permet d’installer une centrale à proximité d’un cours d’eau comme une rivière.

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Selon les informations données par la société française de l’énergie nucléaire (SFEN), le parc nucléaire français utilise 26 milliards de m3/an. Cela représente la moitié des prélèvements pour toutes les activités confondues en France. Mais l’institution ajoute que 98 % de l’eau prélevée par les centrales est ensuite restituée à l’environnement.

Lors d’une canicule, le risque n’est pas de manquer d’eau, puisque la mer ou les fleuves ne sont jamais à sec. L’inconvénient réside plutôt dans les conséquences des rejets d’eau chaude par les centrales sur le biotope aquatique. L’eau rejetée est bien plus chaude pour les centrales fonctionnant en circuit ouvert, lesquelles sont situées près de la mer. Il y a forcément un impact sur la faune et la flore situées à proximité.

Pour limiter ces effets néfastes pour l’environnement, une réglementation stricte s’applique aux centrales nucléaires, mais également thermiques (gaz, fioul, charbon) en matière de température de l’eau rejetée dans l’environnement. Des seuils de température sont donc prévus pour chaque centrale. Généralement, en été, l’eau rejetée ne doit pas dépasser les 28 °C. Toutefois, en cas d’épisode caniculaire, il est déjà arrivé que des dérogations soient accordées, afin de ne pas pénaliser l’activité des sites nucléaires.

Enfin, on a vu apparaître des centrales dans des territoires désertiques comme le site de Palo Verde aux États-Unis. Est-ce que cela signifie que les centrales peuvent se passer d’eau pour fonctionner ? En réalité, la centrale de Palo Verde s’approvisionne grâce aux eaux usées et traitées de la ville de Phoenix située à proximité de l’installation, qu’elle stocke et refroidit grâce à de gigantesques lacs artificiels. 

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4 – Le risque d’accident nucléaire

Évidemment, quand on parle des inconvénients de l’énergie nucléaire, on pense aux risques d’accident. La catastrophe de Tchernobyl en avril 1986 et celle de Fukushima en 2011 ont fortement marqué les esprits. En France, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) fait le point sur son site à propos des risques effectifs du nucléaire sur le territoire. Il rappelle d’abord que toutes les précautions sont prises pour éviter un accident et qu’aucune catastrophe ayant conduit à « des conséquences radiologiques sur les populations environnantes » n’a eu lieu dans notre pays.

Notre reportage vidéo sur la FARN, les super-pompiers du nucléaire français (Voir sur YouTube)

L’IRSN énumère les risques possibles : rupture du circuit d’eau du réacteur avec fuite dans l’atmosphère ou dans les rivières d’une eau « légèrement chargée en éléments radioactifs », dans les cas les plus graves, fonte du combustible avec des produits très radioactifs répandus dans l’environnement, panne électrique qui pourrait entraîner la paralysie du réacteur (mais présence de circuits électriques multiples et indépendants pour éviter ce risque).

Quant aux risques de séismes ou d’attentats, l’IRSN rappelle qu’ils sont peu probables et pris en compte lors de la conception des sites nucléaires. Toutes les mesures sont prises pour se prémunir contre un éventuel accident dès la phase de construction des centrales nucléaires. Et pour l’avenir, les recherches autour des nouvelles générations de réacteur (la quatrième génération) prennent en compte ce point et promettent davantage de sécurité.

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5 – La durée et le coût de construction des réacteurs

Un autre point faible du nucléaire réside dans son coût financier et la durée nécessaire à la construction de certains réacteurs. Dans une publication de la Cour des comptes sur « l’analyse des coûts du système de production électrique en France », l’institution fait état de la difficulté à trouver une méthode permettant de chiffrer correctement le coût du nucléaire. Au-delà du coût de la construction proprement dite, il faut chiffrer également les frais liés à la maintenance et au démantèlement du site en fin de vie.

D’ailleurs, le montant des investissements peut être revu à la hausse au cours du chantier. Cela a été le cas pour la construction des EPR de Flamanville, véritable fiasco du nucléaire en France : chantier retardé, explosion du budget par rapport à l’enveloppe initiale. Les détracteurs du nucléaire ne manquent pas de mettre en avant cet épisode pour critiquer la volonté des pouvoirs publics d’investir dans à nouveau dans le nucléaire. Toutefois, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie nucléaire (AIEA), la durée médiane de construction d’un réacteur nucléaire récent dans le monde s’élève à 5 ans et 11 mois (du premier béton à la connexion au réseau).

Le président de la République a annoncé lors de son discours de Belfort en 2022 son choix de redynamiser le nucléaire avec la construction de 3 paires d’EPR2. Ce chantier est estimé à 51,7 milliards d’euros. Concernant la durée des chantiers des nouveaux sites nucléaires, elle peut également être très longue. Il faut compter entre 5 et 14 ans pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, selon la technologie choisie et divers facteurs (maturité de la filière, aléas humains, politiques, économiques et techniques).

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6 – La lourde maintenance

Les centrales nucléaires nécessitent une maintenance lourde et régulière, indispensable pour garantir son fonctionnement et la sécurité du site. Les maintenances peuvent toutefois être programmées à l’avance, et elles le sont généralement en période estivale, lorsque les besoins en électricité sont moins importants sur le territoire.

Néanmoins, malgré cet entretien régulier, il arrive que les centrales rencontrent des difficultés qui nécessitent d’arrêter les réacteurs concernés de façon inopinée. Cela a été le cas récemment avec le phénomène de corrosion sous contrainte rencontré sur plusieurs sites nucléaires français, obligeant l’arrêt d’une partie de la production alors même que le calendrier des opérations de maintenance était particulièrement chargé lors de la période post-Covid.

Le parc nucléaire s’est alors trouvé en difficulté. Le niveau de sa production s’est retrouvé au plus bas en 2022, nécessitant un recours à l’importation plus fréquent que d’habitude. Dans son bilan électrique 2022, RTE a parlé de « crise française de production nucléaire » avec une production au plus bas depuis 1988.

En outre, le parc nucléaire français étant vieillissant, il est probable que des opérations d’entretien ou de réparation imprévues doivent être réalisées plus régulièrement à l’avenir. D’ailleurs, EDF a mis en place depuis 2014 un programme appelé Grand Carénage. Son but est d’améliorer la sûreté des installations tout en permettant de poursuivre l’utilisation des centrales au-delà de 40 ans. Le coût de ce programme est de 49,4 milliards d’euros et il doit se dérouler jusqu’en 2025.

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7 – Le risque de détournement militaire

Pour terminer, le nucléaire fait également penser aux utilisations militaires qui peuvent en être faites avec les dangers qui l’entourent. Sur ce point, il faut savoir qu’en effet, le nucléaire peut représenter un risque en fonction de l’utilisation qui en est faite. Toutefois, la production de nucléaire militaire nécessite d’avoir recours à des réacteurs spécifiques. En clair, il serait difficile de produire du nucléaire à des fins militaires dans nos réacteurs commerciaux.

Pas impossible mais difficile. En effet, plus le combustible reste longtemps dans le réacteur, plus le plutonium est dégradé, ce qui rend compliqué l’alimentation des armes à plutonium. Et pour les armes à uranium hautement enrichi, il est envisageable de détourner les installations civiles d’enrichissement, mais cela serait compliqué à réaliser.

Enfin, le détournement des installations civiles implique des opérations difficiles à rendre discrètes, ce qui permet en principe un contrôle par des institutions internationales comme l’AIEA ou la mise en place de sanctions. L’État qui serait à l’initiative d’un tel détournement d’installations nucléaires civiles serait mis sous pression par la communauté internationale. En bref, il serait plus simple de se lancer directement dans un programme militaire.

Par Lorraine VERON, publié le 22 septembre 2023

Photo en titre : Illustration : Daniel Macoin – Flickr CC, montage : RE

À propos de l’autrice : Juriste de formation, Lorraine a été chargée de mission pendant 9 ans auprès du médiateur national de l’énergie. Désormais rédactrice web, elle est spécialisée dans le secteur de l’énergie et du droit.

https://www.revolution-energetique.com/dossiers/voici-les-7-inconvenients-de-lenergie-nucleaire/

NUCLÉAIRE : LUNDI 25 SEPTEMBRE, RÉUNION PUBLIQUE DE LA CLI DE SAINT VULBAS (01)

Lundi prochain, le 25/9/2023 à 18 h., au CIR de Saint-Vulbas se tiendra la Réunion publique annuelle de la CLI (commission locale d’information.)

Tous les citoyens habitants dans la zone du PPI sont invités à y participer et particulièrement les militants de SDN BUGEY !

L’ordre du jour comportera les points suivants :

  • Gestion de l’eau et bilan estival de l’été ainsi que le retour d’expériences 2022 (interventions EDF et ASN),
  • Avancement du programme industriel à la centrale (EDF),
  • Contrôle de l’ASN sur les 4émes visites décennales (ASN),
  • Actualités concernant le site de IONISOS.

Beaucoup de sujets qui certainement comme d’habitude seront exposés de manière très positive et contestable par la direction du site nucléaire !!!

Quant aux EPR… du Bugey …Le Mystère continue…. C’est décidé mais rien n’est décidé ?… ou plutôt EDF ne veut rien en dire.

Soyons nombreux pour les interpeler, refuser cette opacité et demander une vraie information du public.

On a besoin de votre présence dynamique et de votre esprit critique.

En espérant vous retrouver lundi à Saint-Vulbas.

Par Madeleine Chatard Leculier de SDN Bugey, message reçu le 21 septembre 2023 à 20h41

Pour retrouver le site de la Coordination STOP BUGEY, cliquer sur : https://www.stop-bugey.org/

L’ALLEMAGNE VEUT DU NUCLÉAIRE, MAIS PAS CELUI QUE VOUS CROYEZ

L’Allemagne a dit non à la fission, mais pas à la fusion. Berlin vient d’annoncer une enveloppe de 1 milliard d’euros dans des programmes de recherche sur la fusion nucléaire, dans l’espoir de pouvoir lancer une centrale le plus rapidement possible.

Si l’Allemagne a déconnecté ses dernières centrales nucléaires au printemps dernier, elle n’a pas totalement abandonné les technologies liées à l’atome. La ministre fédérale pour la Recherche, Bettina Stark-Watzinger, vient, en effet, d’annoncer qu’un plan de financement à hauteur d’un milliard d’euros allait être alloué à la recherche sur la fusion nucléaire pour les cinq prochaines années. Un premier programme d’un montant 370 millions a d’ailleurs déjà été débloqué pour soutenir trois centres de recherche.

Cette décision s’explique par les potentiels avantages de la fusion nucléaire par rapport à la fission nucléaire, technologie actuellement utilisée partout dans le monde. Cette dernière, qui consiste à casser des noyaux lourds d’uranium, entraîne une réaction en chaîne potentiellement dangereuse si incontrôlée, et génère des déchets hautement radioactifs.

À l’inverse, la fusion nucléaire, réaction physique qui se produit au cœur des étoiles, consiste à faire fusionner deux noyaux d’hydrogène pour créer un élément plus lourd. Cette action génère de grandes quantités d’énergie sous forme de chaleur, mais n’entraîne pas de réaction en chaîne et génère des déchets faiblement radioactifs et en petite quantité.

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La fusion nucléaire ne peut pas répondre à l’urgence de la décarbonation

La ministre fédérale de la Recherche a indiqué vouloir créer « un écosystème de la fusion avec l’industrie » afin de permettre l’ouverture d’une centrale à fusion nucléaire dès que possible. À l’échelle internationale, de nombreux projets de recherches sont en cours comme le réacteur ITER (réacteur thermonucléaire expérimental international) actuellement en construction sur le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône). En 2021, ce sont plus de 45 milliards d’euros qui ont été investis dans la fusion nucléaire et une trentaine de start-ups travaillent activement sur le sujet.

Il faudra néanmoins faire preuve de beaucoup de patience. Depuis le milieu du siècle dernier, les programmes de recherche se multiplient partout dans le monde, mais la fusion nucléaire est une réaction extrêmement difficile à maîtriser. L’une des expériences les plus avancées sur le sujet a récemment eu lieu dans le laboratoire Lawrence Livemore, en Californie. En décembre dernier, les chercheurs du National Ignition Facility ont réussi à créer une réaction de fusion nucléaire ayant libéré plus d’énergie que celle consommée pour la générer. Ainsi, 3,15 MJ (Mégajoules) d’énergie avaient été libérés à partir des 2,05 MJ générés pour créer la réaction. Seul hic : il aura fallu 300 MJ d’électricité pour alimenter les 192 lasers nécessaires à la réaction.

Face aux nombreux obstacles qu’il reste encore à franchir pour maîtriser la fusion nucléaire, de nombreux experts estiment qu’il faudra patienter jusqu’à l’horizon 2100 avant de voir le premier réacteur de fusion nucléaire commercial opérationnel.

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Par Kevin CHAMPEAU (Issu du génie civil et curieux dans l’âme, Kevin explore l’actualité pour saisir les enjeux énergétiques de demain), publié le 19 septembre 2023

Photo en titre : Le chantier du projet ITER en France, en 2018 / Image : Oak Ridge National Laboratory – Flickr CC

https://www.revolution-energetique.com/lallemagne-veut-du-nucleaire-mais-pas-celui-que-vous-croyez/

NUCLÉAIRE : LE RÊVE DE L’ÉNERGIE SANS LA TERRE

Le récent coup d’État au Niger, qui fournit 20 % de l’uranium importé, a rappelé combien l’indépendance énergétique de la France était un mythe. Les vulnérabilités de l’infrastructure nucléaire s’inscrivent dans une histoire longue : dès les années 1950, cette industrie s’est construite sur l’idée qu’elle allait produire de l’énergie indépendamment des réserves minières. Par quel miracle ? En réutilisant le combustible irradié pour démultiplier les ressources disponibles. Retour sur cette utopie fondatrice.

L’industrie nucléaire en France fait l’objet d’un impressionnant retour en force : 6 nouveaux réacteurs EPR sont annoncés, 8 autres peut-être bientôt mis en projet. Ce programme bénéficie d’un surprenant retour en grâce ; le nucléaire, sur lequel planait encore récemment l’ombre de Tchernobyl et de Fukushima, est devenu une arme contre le réchauffement climatique – en juillet 2022, il obtint, non sans controverse, d’intégrer la taxonomie verte de la Commission Européenne. Pourtant, l’année 2022 marque aussi une contre-performance historique du parc nucléaire français. Sur les 56 réacteurs exploités par EDF, 30 ont été arrêtés, dont une partie importante à la suite de la détection de corrosions sous contrainte. Par ailleurs, cette énergie, fortement demandeuse en eau fraîche pour assurer son refroidissement, est vulnérable au changement climatique. Aussi, le risque d’accident grave évité de justesse à la centrale ukrainienne de Zaporijia en août 2022 a rappelé l’exposition du nucléaire aux frappes militaires1. Enfin, l’industrie va bientôt devoir faire face à l’épreuve matérielle et financière du démantèlement du parc existant, chargée d’incertitudes de temps, de coût, d’exposition radiologique, de stockage des déchets.

Comment cette énergie controversée, fragile et vieillissante apparaît-elle de nouveau comme une planche de salut technologique ? La manière dont l’image du nucléaire décarboné de l’avenir recouvre aujourd’hui les défaillances et les vulnérabilités de l’infrastructure existante s’inscrit dans une histoire au long cours. C’est là l’un des traits de ce que j’appellerai le projet du capital fissile. Depuis ses débuts, l’industrie nucléaire a été chargée de dépasser les limites terrestres que rencontrent les combustibles fossiles – réserves géologiques, dépendances géopolitiques, aujourd’hui émissions de Co2. Or, ce faisant, ce projet du capital fissile rend invisibles certaines des conditions matérielles de fonctionnement de l’infrastructure nucléaire.

« Grâce au retraitement du combustible irradié, les promoteurs du nucléaire pensent démultiplier les ressources disponibles afin d’assurer l’approvisionnement sur des siècles, voire, pour les plus enthousiastes, de rendre l’industrie indépendante de la croûte terrestre. » Ange Pottin

C’est ce que je vais tâcher de montrer ici, en me focalisant sur un aspect crucial et pourtant peu connu du projet du capital fissile en France. Selon de nombreux acteurs de l’industrie, le combustible nucléaire irradié, sorti chaud, toxique et critique du réacteur, contient des matières énergétiques de valeur tant pour le marché actuel que pour la société abondante et vertueuse à venir ; il faut donc retraiter ce combustible en vue de le réutiliser en réacteurs. C’est le projet du « cycle du combustible fermé ». Il a été dès le début au cœur des projets et des imaginaires de remplacement du fossile par le fissile2 : il serait en mesure de démultiplier les ressources disponibles, d’assurer l’approvisionnement sur des siècles, voire, pour les plus enthousiastes, de rendre l’industrie indépendante de la croûte terrestre – le tout en limitant maximalement les quantités de déchets en circulation.

Mais, en l’absence d’une infrastructure futuriste centrée autour d’un type nouveau de réacteur – les réacteurs à neutrons rapides – dont la faisabilité traverse aujourd’hui une crise de crédibilité, le « cycle fermé » a bien plutôt tendance à démultiplier les résidus. Il repose entre autres sur un point infrastructurel particulièrement fragile, hautement radioactif et souvent invisibilisé : le retraitement chimique du combustible irradié. Aujourd’hui, un projet de piscines de refroidissement à l’usine de retraitement de La Hague vient cristalliser les enjeux de l’encombrant héritage terrestre de cette stratégie.

Lire sur Terrestres« L’improbable et l’imprévu. À propos des centrales nucléaires en temps de guerre », mars 2022 par Bérengère Bossard et Aurélien Gabriel Cohen,

Dans ce qui suit, je vais revenir aux origines historiques de cette tension entre, d’un côté, l’imaginaire d’un capital fissile sans ancrage terrestre et, de l’autre, l’héritage bien terrestre constitué par l’infrastructure fragile sur lequel ce projet repose. D’abord, je présenterai la manière dont le projet du capital fissile s’est formulé dans la nucléocratie française des années 1950 aux années 19703 ; ensuite, j’y confronterai la mise au jour des conditions de maintenance des usines de retraitement réalisée à l’occasion d’enquêtes syndicales en 1975-1976. Pour terminer, j’évoquerai certains aspects contemporains de cet héritage radioactif.

LE PROJET DU CAPITAL FISSILE

Le 5 juillet 1956, Francis Perrin, haut-commissaire du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), pose, devant les députés de l’Assemblée nationale, à l’occasion du vote du traité Euratom, une formidable équivalence : « la fission d’un kilogramme d’atomes lourds, d’uranium par exemple, dégage autant d’énergie que la combustion de 2500 tonnes de charbon » ; « l’équivalent énergétique des réserves d’uranium sous forme de minerais valables est sans doute dix ou vingt fois plus grand que l’équivalent énergétique de toutes les réserves de combustibles fossiles, charbon et pétrole4 ». Ces équivalences spectaculaires trouvent rapidement des relais dans les médias ; le 18 juillet, le journal télévisé Les Actualités Françaises, sur fond d’images héroïques de mineurs d’uranium, résume : « Posons le problème : un kilo d’uranium représente autant d’énergie que 2500 tonnes de charbon. Or les sources modernes d’énergie sont en passe de se trouver un jour nettement insuffisantes pour la masse des besoins industriels. L’uranium représente donc indiscutablement la révolution de demain5 ». Ces grandes équivalences ont la vie dure : une publicité actuelle d’Orano (ex Areva) annonce, sur un tableau, « 1 gramme de plutonium ou 100 grammes d’uranium ou 300 grammes d’uranium appauvri = 1 t de pétrole, 2,5 t de bois, 1,5 t de charbon, 11 MWh électriques ».

Uranium, Musée de Minéralogie, École des Mines, 1966.

On peut comprendre ce genre d’argumentaire dans la lignée de certaines analyses concernant les liens entre les propriétés matérielles des combustibles et l’économie capitaliste. Selon Andreas Malm, la transportabilité du charbon, qui permettait de concentrer la production dans des villes industrielles et de garantir des rythmes de production continus, a servi d’argument pour l’essor des machines à vapeur dans l’Angleterre au milieu du XIXe siècle6 ; selon Timothy Mitchell, la fluidité du pétrole, qui permettait de contourner les réseaux de distribution du charbon sur laquelle les ouvriers occidentaux détenaient un pouvoir de blocage, a motivé les investissements dans les réseaux pétroliers à partir des années 19307 ; ici, la concentration énergétique, qui permet à l’inverse le rapatriement de la fourniture énergétique, est la propriété matérielle qui se trouve au cœur des argumentaires nucléaires à partir des années 1950.

Mais la mise en œuvre de cette concentration énergétique nécessite de nombreuses médiations techniques fragiles et incertaines – point qui, soit dit en passant, échappe parfois aux récits qui prennent trop au sérieux la détermination de l’industrie par les seules propriétés physiques d’un combustible compris in abstracto8. Bien sûr, il y a l’épineuse question des réacteurs nucléaires susceptibles de libérer cette énergie atomique : ces machines complexes et dangereuses nécessitent de longs et onéreux travaux de métallurgie et des précautions particulières, pour des perspectives de rentabilité incertaines – c’était le cas pour les réacteurs graphite-gaz de l’époque de Francis Perrin, c’est le cas encore pour les EPR actuels.

Journal Les Actualités Françaises – 18.07.1956.

Par ailleurs, ces équivalences entre uranium, plutonium, charbon, pétrole, masquent la longue chaîne de transformations nécessaires à la valorisation énergétique de ces matériaux, et la fragile et hautement radioactive infrastructure de traitement qui l’accompagne. Le cas de l’uranium est particulièrement complexe. A l’état naturel, seul 0,7% de la ressource, l’isotope U235, est exploitable. Pour utiliser les 99,3% restant, l’U238, il faut le transformer en plutonium. Le plutonium, élément artificiel qui se forme dans le combustible irradié, extrêmement radiotoxique et critique, a d’abord été exploité pour les besoins de la bombe atomique – c’était le cas, aux États-Unis, pour le complexe de Hanford, dans le cadre du programme Manhattan9 ; c’est le cas, en France, pour le complexe de Marcoule, dont les travaux ont commencé en 1952.

Le capital fissile, par différence avec le capital fossile, est moins un matériau importé qu’un investissement technologique réalisé sur le territoire national à même de rapatrier le fondement énergétique de la croissance économique. Ange Pottin

Au cours des années 1950-1970, les propriétés de l’uranium, et la possibilité de valoriser l’intégralité de la ressource via la formation et la récupération du plutonium, vont peu à peu mobiliser l’élite industrielle du pays. Les directions du CEA, d’EDF, des métallurgistes Schneider, Creusot Loire, GAAA (ancêtre d’Alsthom), les chimistes Saint-Gobain, Ugine-Kuhlmann et Péchiney, les ministères de l’Industrie et des Finances, se réunissent, dans des instances intermédiaires comme la commission PEON10, autour d’argumentaires qui font la part belle à la projection économique. C’est dans ce creuset que l’on formalise la comparaison entre les mérites respectifs du fissile et du fossile, à l’avantage du premier. Un rapport de 1964 l’énonce ainsi : l’incidence du prix de la matière première dans le coût du kWh produit ne représente que 10% dans le cas du nucléaire, contre 60% pour le pétrole ; aussi, « il n’est pas à exclure qu’en moins de 15 ans le caractère d’investissement lourd du nucléaire ait été estompé par les économies faites sur le combustible11 ». Dès lors, il devient possible « d’assimiler l’énergie nucléaire à une énergie autochtone12 ». Le capital fissile, par différence avec le capital fossile, est moins un matériau importé qu’un investissement technologique réalisé sur le territoire national à même de rapatrier le fondement énergétique de la croissance économique.

La réduction du capital fissile à un capital technologique autochtone trouve un point d’aboutissement dans le projet de réutiliser le combustible irradié produit sur le territoire national à des fins énergétiques, mais aussi commerciales – ce qu’on commence à appeler le « cycle du combustible ». Au tournant des années 1960-1970, la possibilité de réorienter l’infrastructure militaire du retraitement aux fins de l’alimentation en combustible vient dessiner l’horizon commercial et technologique à long terme de la stratégie du capital fissile. Du point de vue commercial, on réfléchit « à l’échelle du marché européen, voire mondial13 » pour les agrandissements à venir des usines. Cela aboutira, en 1975-1976, à la création de la Cogema ; cette entreprise de droit privé issue du CEA, ancêtre d’Areva et Orano, pensée sur le modèle des majors pétrolières, vise à peser sur le marché mondial du combustible. Du point de vue technologique, la « surgénération » en réacteurs à neutrons rapides14 fournit un horizon futuriste qui prend parfois les allures d’un récit de science-fiction. « À [un] stade » que l’on projetait alors à l’an 2000, « la ressource en énergie primaire ne sera plus liée comme aujourd’hui à une répartition géographique, mais apparaîtra comme un simple sous-produit de la production industrielle15 ». On trouve là la formulation la plus radicale du projet du capital fissile : produire de l’énergie indépendamment des réserves minières, et donc faire entrer l’économie française dans un régime d’autarcie géopolitique et énergétique, tout en donnant aux déchets radioactifs produits par les réacteurs une voie d’utilisation pacifique et propre.

Un rapport de 1973 annonçait qu’à partir de l’an 2000 « la ressource en énergie primaire ne sera plus liée comme aujourd’hui à une répartition géographique, mais apparaîtra comme un simple sous-produit de la production industrielle. » Ange Pottin

Mais, dès le milieu des années 1970, le capital fissile et le cycle du combustible entrent dans une situation de crise mondiale – dont ils ne sortiront jamais tout à fait. Les investissements dans les centrales sont en baisse ; les coûts de l’uranium augmentent ; le mouvement anti-nucléaire se massifie ; l’administration étasunienne de Jimmy Carter se fait l’écho d’argumentaires anti-plutonium, qui voit dans le retraitement et la surgénération des technologies très exposées au risque de prolifération d’armes nucléaires ; l’option d’un « cycle ouvert » sans retraitement commence à faire son chemin, par exemple en Suède ; de nombreuses défaillances perturbent les installations du « cycle », comme à Windscale, au Royaume-Uni, en 1973. Mais l’élite nucléocrate française persiste et signe : le programme de réacteurs engagé en 1974 se poursuit à un rythme de 5 nouveaux réacteurs par an ; aussi, les installations du cycle du combustible font l’objet d’une pression productiviste sans précédent. Or, celles-ci sont déjà bien fragiles.

MANIFESTER L’INFRASTRUCTURE FRAGILE DU CAPITAL FISSILE

Depuis 1966, l’usine de La Hague, dans la pointe du Cotentin, est le lieu principal de retraitement du combustible irradié et de production du plutonium en France. D’abord construite à des fins militaires et adaptée aux combustibles usés des réacteurs graphite-gaz, elle est, au milieu des années 1970, adaptée aux besoins civils dont on prépare la hausse : beaucoup plus de combustibles, et d’un combustible à base d’uranium enrichi beaucoup plus irradié16. Or l’usine est déjà dans un état de délabrement problématique, et de nombreux travailleurs y sont déjà exposés à la radioactivité. Et, parmi eux et elles, il y en a qui n’entendent pas se laisser mener ainsi dans une voie très intensément radioactive.

Usine de retraitement de La Hague. CC – Truzguiladh.

La grève des travailleurs du retraitement de La Hague et de Marcoule, qui connut plusieurs épisodes entre 1975 et 1976, commença par une opposition à la filialisation de la direction des productions du CEA en une entreprise de droit privé, la Cogéma. Un syndicat, notamment, se démarque par le tranchant de ses prises de position. Le Syndicat national du personnel de l’énergie atomique (SNPEA), affilié à une CFDT alors à tendance socialiste autogestionnaire, voit dans le programme nucléaire intensif du gouvernement une « réorientation de la politique mondiale des grandes firmes capitalistes qui organisent l’après-pétrole » et une « soumission à la croissance capitaliste17 ». Comme l’a montré Marie Ghis18, ce qui commence comme une opposition à la privatisation se mue peu à peu, dans les discours et les pratiques des syndicalistes, en une constitution en problème public de la question de la gestion des matériaux radioactifs et des conditions de travail des employés du retraitement. Les deux sont liés : ne vaut-il pas mieux donner cette lourde responsabilité à « un service public dont on peut espérer qu’il ne mette pas un beau jour la clé sous la porte sous prétexte que l’affaire n’est pas rentable ?19 ». Ce qui m’intéresse est que les syndicalistes grévistes vont, du même coup, rendre visibles les fragilités infrastructurelles que le projet du capital fissile masquait tout en les mobilisant jusqu’à la corde – et donc rendre manifestes les contradictions du capital fissile.

Dans le cadre de ce mouvement de contestation, les syndicalistes du SNPEA vont animer un mouvement de contre-expertise, mêlant témoignages des travailleurs concernés et savoirs experts de certains physiciens et radiologues. Ce mouvement aboutira à la production de rapports, d’une brochure à destination des travailleurs et du public, de réunions publiques, et d’un film, Condamnés à réussir ?, chef d’œuvre du cinéma d’intervention sociale20. Dans ces documents, le capital fissile fait l’objet d’une description qui prend le contre-pied de l’imaginaire mobilisé par les élites nucléocrates. On peut y voir une compréhension du capital fissile par l’angle de la maintenance et de l’attention aux fragilités de l’infrastructure – focale susceptible, selon certains, « d’offrir une réponse différente au vieux problème du fétichisme de la marchandise, par lequel sont obscurcis la signification et la politique de la technique21 ».

La matière travaillée dans le « cycle » prend un visage fort différent. Ce qui était vanté comme un potentiel énergétique abstrait est arrimé à d’autres propriétés : les rayonnements émis par les éléments générés par la fission en réacteur. Dès lors, l’accroissement de la production liée au projet du capital fissile se traduit directement en accroissement des doses de radioactivité auxquelles les travailleurs seront exposés. Le combustible à uranium enrichi choisi à l’époque, qui plus est, représente une augmentation par « un facteur 10 pour la quantité des produits de fission [hautement radioactifs] et 5 pour celle de plutonium, contenues dans la même masse de combustible irradié » ; « si l’on ne fait pas de modification de méthode de fabrication, de protection des postes de travail, ces facteurs se répercuteront dans les doses prises par les travailleurs22 ».

« Ce qui était vanté comme un potentiel énergétique abstrait est ramené aux rayonnements émis par les éléments générés par la fission en réacteur. Dès lors, l’accroissement de la production liée au projet du capital fissile se traduit directement en accroissement des doses de radioactivité auxquelles les travailleurs seront exposés. » Ange Pottin

On le voit, la focale des enquêtes fait intervenir le corps des travailleurs, invisible dans le projet des nucléocrates. C’est aussi que l’infrastructure n’a pas pour les mainteneurs la perfection systémique que lui prêtent ses promoteurs. A partir des années 1970, l’automatisation de l’usine rencontre de nombreuses défaillances ; des espaces qui ne sont pas adaptés à la présence des travailleurs nécessitent des interventions de maintenance régulière en zone radioactive. Ces interventions dans les porosités de l’infrastructure nécessitent le port d’épaisses tenues en vinyle, qui imposent des conditions épuisantes – on estime que, au cours d’une intervention, l’on perd environ 1 kilo par transpiration –, et qui ramènent les frontières entre l’intérieur radioactif de l’infrastructure et son extérieur humain au plus près de la peau. Léon Lemonnier, ouvrier en radioprotection et représentant syndical, témoigne dans le film Condamnés à Réussir ? : « souvent, le gars s’aperçoit lui-même, par exemple qu’il s’est attrapé la main, d’une piqûre tu vois. […] Alors là, le gars va au plus vite, c’est toujours pareil, et c’est là où c’est grave, c’est que bien souvent il se précipite pour se déshabiller et il recommence, il se contamine ailleurs23 ». La menace de la leucémie causée par la contamination interne au plutonium plane sur le lieu de travail, malgré les efforts de la direction pour la minimiser – en 1975, celle-ci a reconnu un seul cancer comme maladie professionnelle.

Usine de retraitement de La Hague. CC. Jean-Marie Taillat.

Ce qui réapparaît est aussi le site géographique. Contre l’image d’un nucléaire indépendant des ressources terrestres, les syndicalistes du SNPEA vont travailler à manifester les liens de dépendance qui unissent l’usine et son lieu d’inscription, le Cotentin. L’une des raisons de l’implantation de cette usine au cap de La Hague est la présence sur les côtes du raz Blanchard, courant le plus fort des côtes françaises, susceptibles de mieux disperser les effluents radioactifs de l’usine. Le SNPEA questionne l’influence du programme sur la hausse des rejets : « pour une tonne de combustible irradié, il faudra compter de l’ordre de […] 300 [Curies] de tritium dans les effluents, sans compter les autres radionucléides », ce qui semble impliquer « un changement probable du plafond autorisé de l’activité des rejets en mer24 ». Le film Condamnés à Réussir ? se préoccupe également du milieu social de l’usine, en suivant de nombreux témoignages de riverains ou d’élus locaux qui ont été exposés à de nombreux mensonges et désinformations concernant la nature exacte des activités de l’usine.

« Les technocrates responsables des programmes nucléaires mondiaux ne savent pas ce qu’ils feront des installations nucléaires, centrales et surtout usines de traitement quand leur fonctionnement aura cessé au bout d’une vingtaine d’années. Le démantèlement des parties radioactives de ces usines est problématique, coûterait des sommes énormes, et créerait de nouveaux déchets à stocker. » SNPEA, 1976

C’est enfin la temporalité des matériaux qui fait l’objet d’une représentation adverse. A l’encontre de l’idée d’un potentiel énergétique mobilisable instantanément dans un réacteur nucléaire, le SNPEA va inscrire le capital fissile dans les différents paysages temporels25 des matériaux irradiés qu’il lègue. Face à l’urgence de traiter les combustibles irradiés – les combustibles graphite-gaz de la génération précédente encombrent alors encore les piscines de refroidissement –, certains syndicalistes appellent à ralentir le programme nucléaire : « il faut », disent-ils, « limiter le développement nucléaire à la capacité de retraitement de l’usine de La Hague26 ». Mais le SNPEA regarde aussi vers les longues durées de l’héritage radioactif ; en cela, l’opposition aux élites du capital fissile, jugées incapables de se projeter sur ce genre d’avenir-là, est explicite : « les technocrates responsables des programmes nucléaires mondiaux ne savent pas ce qu’ils feront des installations nucléaires, centrales et surtout usines de traitement quand leur fonctionnement aura cessé au bout d’une vingtaine d’années. Le démantèlement des parties radioactives de ces usines est problématique, coûterait des sommes énormes, et créerait de nouveaux déchets à stocker27 ».

Aujourd’hui, bientôt cinquante ans après les grèves et les enquêtes du SNPEA, les infrastructures fragiles du capital fissile sont toujours en place. Si la partie la plus ancienne de l’usine de La Hague est en cours de démantèlement, les agrandissements successifs sont toujours en fonctionnement, et suspendus à un horizon 2040 incertain : la relance des réacteurs nucléaires – pour peu qu’elle soit menée jusqu’au bout, ce qui n’est pas encore sûr – entraînera-t-elle une relance du retraitement ? Le capital fissile parviendra-t-il à faire renaître son héritage endommagé ? Il est maintenant temps, pour conclure, d’élargir un peu à nouveau la focale – et de revenir à notre héritage présent.

NOTRE HÉRITAGE RADIOACTIF ? LES CONTRADICTIONS DU CAPITAL FISSILE AUJOURD’HUI

L’imaginaire d’un système énergétique déterrestré, qui est inséparable du projet du capital fissile, est toujours bien vivante – au point de rencontrer, sous forme de bande dessinée, un grand succès de librairie28. Pourtant, les fragilités de l’infrastructure nucléaire vieillissante sont à certains égards encore plus sensibles que dans les années 1970. Je terminerai en mentionnant trois des manières dont se manifestent aujourd’hui les contradictions du capital fissile.

Au sein de l’industrie nucléaire elle-même, tout d’abord, le projet du capital fissile ne va pas sans éveiller certains doutes. Ces dernières années ont vu naître, entre autres, des controverses feutrées sur le « cycle du combustible fermé » qui couronne le capital fissile. Les réacteurs à neutrons rapides susceptibles de réutiliser toutes les matières extraites du combustible irradié n’ont jamais connu de déploiement industriel de masse – qui par ailleurs viendrait poser d’autres problèmes infrastructurels. Dans ces conditions, le retraitement génère bien plus de résidus qu’il n’en résorbe. L’autorité de sûreté nucléaire (ASN) fait valoir, depuis 2020, la nécessité de reclasser certaines substances considérées comme des matières valorisables comme des déchets nécessitant un conditionnement particulier – en pure perte financière pour l’exploitant, Orano. C’est le cas, par exemple, pour 318.000 tonnes d’uranium appauvri pour le moment entreposées sur le site de Bessines, mais le doute est également soulevé pour le MOX irradié, mixte de plutonium et d’uranium, trop chaud pour être traité. Certains résidus longtemps négligés, comme les boues radioactives de la station de traitement des effluents de l’usine de La Hague, en l’état trop instables pour être considérés comme déchets, refont surface dans des projets fort coûteux de reconditionnement.

« Les réacteurs à neutrons rapides susceptibles de réutiliser toutes les matières extraites du combustible irradié n’ont jamais connu de déploiement industriel de masse. Dans ces conditions, le retraitement génère bien plus de résidus qu’il n’en résorbe. » Ange Pottin

Notons que les réticences de la sûreté nucléaire à totalement s’aligner sur les objectifs du capital fissile lui valent des coups de semonce. Le ministère de l’écologie a récemment proposé, dans le cadre de la loi sur l’accélération du nucléaire, une dissolution de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), instance d’expertise technique indépendante – proposition qui a été retoquée par l’Assemblée nationale.

C’est que la relance du capital fissile s’impose malgré les fragilités de l’infrastructure. Sur ce sujet, d’autres voix discordantes s’élèvent au sein de l’industrie. En janvier 2022, un cadre de la centrale du Tricastin, surnommé « Hugo », a saisi les médias après avoir échoué à attirer l’attention de sa direction et des autorités de sûreté. Il accuse EDF d’avoir, à l’occasion de la visite décennale qui aboutit à l’autorisation de continuer pendant 10 ans l’exploitation de cette centrale vieillissante, masqué des défaillances importantes, telles qu’une inondation en zone radioactive. Plus généralement, il pointe la tension irréconciliable entre les impératifs de rentabilité et la « culture de la sûreté » dont il se veut le dépositaire. Isolées et institutionnellement fragiles, de telles voix, pourtant cruciales pour rendre publics les problèmes de l’infrastructure, ont bien du mal à se faire entendre.

Enfin, les contradictions du capital fissile continuent à agiter l’usine de retraitement de La Hague, où se dessine un nouveau projet de piscines de refroidissement du combustible irradié. Ce projet est un moyen de juguler les dysfonctionnements du réseau existant – la saturation des piscines actuelles, encombrées par le combustible MOX. L’usine de La Hague, point de bouclage du cycle, s’est muée en ce que le sociologue Martin Denoun nomme une « infrastructure d’attente », qui a à charge de faire patienter les matériaux irradiés en l’attente d’un jour où l’on verrait, peut-être aux alentours de 2100, renaître le capital fissile de l’avenir. Par les piscines centralisées, ce capital fissile en attente étendrait son occupation du territoire. En novembre 2021 est né, à l’occasion d’une réunion de concertation préalable, le collectif Piscine Nucléaire Stop. L’organisation de ce collectif, qui regroupe à la fois des militant.e.s écologistes, des riverain.e.s et des personnes qui travaillent dans le site nucléaire, fait écho aux rencontres improbables des années 1970. En refusant la réduction du cap de La Hague à une presqu’île mobilisée par l’industrie nucléaire, leur action est porteuse d’un imaginaire adverse à celui du cycle du combustible fermé, et met en lumière une héritage alternatif à celui du capital fissile : « La Hague, c’est milliers de kilomètres de terres bonifiées année après année, c’est des kilomètres de murs de pierres sèches patiemment construites… et cinquante ans de nucléaire29 ».

Au moment de la relance, le projet du capital fissile montre de nombreuses faiblesses : ce qui est encore présenté par certains comme la ressource de l’avenir risque de déchoir en déchet à stocker en pure perte ; les réacteurs vieillissants fatiguent ; le réseau de gestion du combustible continue à étendre son emprise au sol. Mais ce qui se joue n’est que la forme actuelle d’une contradiction qui traverse le nucléaire depuis le début : celle qui oppose un imaginaire déterrestré à la fragilité de l’infrastructure dont cet imaginaire motive l’extension continue. En cela, le nucléaire offre un poste d’observation sur certaines des contradictions qui traversent l’ensemble du capitalisme industriel.

Lire sur Terrestres, « L’indépendance-énergetique-de-la-France-avec-l’uranium-du-Sahara/ » par Hélène Claudot-Hawad, publié en avril 2022

Par Ange-Pottin/, publié le 21 septembre 2023

Pour retrouver cet article et voir les notes (de 1 à 29) cliquer sur : https://www.terrestres.org/2023/09/21/lutopie-nucleaire-le-reve-de-lenergie-sans-la-terre/#:~:text=Gr%C3%A2ce%20au%20retraitement%20du%20combustible,ind%C3%A9pendante%20de%20la%20cro%C3%BBte%20terrestre.

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LA « BOMBE TYBEE », UNE ARME NUCLÉAIRE AMÉRICAINE ÉGARÉE DANS LES FLOTS DEPUIS LA GUERRE FROIDE

Larguée accidentellement dans les eaux au large de Tybee Island en 1958, une bombe thermonucléaire reste introuvable. Et ce, malgré des décennies de recherches sporadiques.

Cela fait soixante-cinq ans qu’elle attend, enfouie entre quatre et dix mètres dans les fonds marins au large de Tybee Island (Géorgie, États-Unis) : une bombe H thermonucléaire Mark 15 (Mk-15), lâchée dans la baie atlantique de Wassaw Sound le 5 février 1958, après la collision de deux avions à réaction de l’United States Air Force en mission d’entraînement.

Comme il y a dix décennies, où les plongeurs de l’armée américaine ont fouillé activement la zone durant deux mois pour retrouver la fameuse Mk-15, sans succès, des équipes sont de temps en temps renvoyées à sa recherche — quand un niveau élevé de radioactivité est détecté, notamment. Mais si la bombe bien camouflée est un jour retrouvée, certains experts sont d’avis qu’il serait préférable de la laisser enterrée, comme le rappelle Business Insider.

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Une collision, une bombe lâchée en mer

En 1958, en pleine Guerre froide, les superpuissances que sont les États-Unis et l’Union soviétique développent leur stock d’armes nucléaires pour faire craindre à l’un l’autre qu’une destruction mutuelle est possible, et ainsi, éviter une première frappe à coup sûr dévastatrice : c’est l’équilibre de la terreur.

Outre-Atlantique, des missions visent ainsi à simuler une attaque nucléaire contre l’URSS. Les avions sont entraînés à survoler des villes américaines, afin de voir si le faisceau électronique atteindrait sa cible. À cette époque-, il est donc « courant » que les pilotes de l’armée de l’air en mission d’entraînement transportent des bombes à bord, selon un rapport sur l’incident de Tybee, publié par l’Agence pour l’armement nucléaire et la contre-prolifération de l’US Air Force en 2001.

Alors qu’ils effectuent leurs missions mutuelles, le lieutenant Clarence Stewart à bord d’un North American F-86 Sabre (F-86) et le major Howard Richardson aux commandes d’un Boeing B-47 Stratojet (B-47), ne se détectent pas sur leurs radars et entrent en collision.

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Le premier s’éjecte de son appareil, et ne souffre finalement que d’engelures. Le second ne peut faire atterrir son avion endommagé sur la base aérienne : il a une bombe nucléaire de près de 3,5 tonnes à bord, contenant aussi 180 kilogrammes d’explosifs conventionnels.

Alors, Howard Richardson se dirige vers l’océan, largue (après autorisation) la Mk-15 depuis ses deux kilomètres de hauteur environ, et fait atterrir le B-47 en toute sécurité. Une action qu’il a amèrement regrettée, en raison de tous les problèmes que cela a causés, révélait-il à CBS News en 2004.

Car selon le rapport de 2001, si les équipages sont sortis en vie de cet incident, aucune explosion n’a retenti par la suite — du moins, n’a été observée ou entendue par les protagonistes. Pendant des semaines, des plongeurs, des dirigeables et des navires ont recherché l’arme à l’aide de sonars. Le 16 avril 1958, l’armée américaine la déclare « irrémédiablement perdue« .

« Essayer de la déplacer pourrait créer de gros problèmes »

Il est à l’époque indiqué que la « bombe Tybee » ne présente aucun risque d’exposition ou de radioactivité. À l’époque, les armes nucléaires ne sont pas encore dites « scellées » : la capsule (ou noyau) de plutonium est séparée du boîtier et des explosifs responsables de l’implosion.

La réaction nucléaire en chaîne n’est donc possible qu’une fois l’ensemble « complet » — ce qui n’était pas le cas pour la Mk-15, a-t-il été affirmé. Une lettre de 1966 déclassifiée en 1994, indique toutefois Business Insider, semble indiquer le contraire. Elle fait référence au témoignage de Jack Howard, alors secrétaire adjoint de la Défense des États-Unis, qui qualifiait devant un comité du Congrès la bombe Tybee « d’arme nucléaire complète », contenant bel et bien du plutonium.

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Si le mystère n’est pas encore levé, les conclusions de l’US Air Force de 2001 estimaient la possibilité de localiser avec succès la bombe de « très faible« . Comme celle-ci ne contient pas plutonium — du moins, selon ce qu’il en est dit —, le plus grand risque environnemental qu’elle présentait alors était la contamination par métaux lourds, due à la corrosion de la bombe, concluaient les experts.

Ces derniers estimaient par ailleurs à 5 millions de dollars le coût d’une potentielle récupération. En outre, si la Mk-15 a peu de chances d’exploser spontanément, une telle opération s’avérait quant à elle plus périlleuse, nécessitant l’extraction et l’élimination de son uranium.

« Pour l’US Air Force, cela n’en vaut tout simplement pas la peine, développe à nos confrères Stephen Schwartz, auteur de Atomic Audit: The Costs and Consequences of US Nuclear Weapons Since 1940Essayer de la déplacer pourrait créer de plus gros problèmes que si nous la laissions là où elle est. »

D’autres bombes, cachées dans les océans

Toutes ces questions n’empêchent pas certains curieux, passionnés de ces engins, de vouloir la retrouver. « C’est un héritage de la guerre froide, un moyen de rappeler à quel point les choses étaient en désordre et à quel point elles étaient dangereuses », continue l’expert. D’après lui, la seule façon de tomber dessus serait par hasard, ou à cause d’une puissante tempête qui pourrait la draguer.

Plusieurs passionnés ont pensé remonter enfin le haut de sa piste, sans succès — entraînant parfois des mobilisations du personnel du gouvernement américain, « les détournant de responsabilités plus urgentes en matière de sécurité nationale et de santé publique », avertissait la National Nuclear Security Administration après une énième annonce en 2015 et déplorant ces recherches privées.

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La « bombe Tybee » ne serait par ailleurs la seule de son genre à joncher le sol de l’océan. D’autres comme elles ont pu être lâchées ou perdues par erreur, ou encore restées coincées dans les épaves des navires et sous-marins qui les transportaient il y a plusieurs décennies.

D’autres se sont avérées plus risquées. Entre 1960 et 1968, un programme de l’US Air Force prévoyait que des avions dotés d’armes nucléaires soient toujours prêts, dans l’éventualité d’une attaque surprise. Une série d’accidents y a mis fin. Et ces derniers n’ont pas été rares à travers l’Histoire.

« Le fait qu’il y ait eu autant d’accidents et qu’aucune arme n’ait explosé accidentellement n’est pas seulement une question de chance. C’est aussi de la bonne ingénierie, explique toujours à nos confrères Stephen Schwartz. Mais nous avons aussi été incroyablement chanceux. »

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Par MATHILDE RAGOT , publié le 20/09/2023 à 8h26, mis à jour le 20/09/2023

Photo en titre : Une bombe H thermonucléaire « Mark 15 », similaire à la « bombe Tybee » perdue dans l’océan Atlantique. © Wikimedia Commons / US Atomic Energy Commission / Domaine public

https://www.geo.fr/histoire/etats-unis-bombe-tybee-une-arme-nucleaire-egaree-dans-les-flots-depuis-guerre-froide-1958-mk-15-large-georgie-216723

L’ARABIE SAOUDITE PRÊTE À SE « DOTER » DE L’ARME NUCLÉAIRE SI JAMAIS L’IRAN LE FAIT EN PREMIER

Interrogé par ailleurs sur la perspective que l’Iran se dote de l’arme nucléaire, le prince héritier Mohamed ben Salmane, qui dirige de facto le royaume saoudien, a averti que l’Arabie serait alors contrainte de faire de même.

L’Arabie saoudite se « dotera » de l’arme nucléaire si jamais l’Iran devait l’obtenir en premier, a déclaré mercredi le prince héritier Mohammed ben Salmane dans une interview à une télévision américaine.

« Ils n’ont pas besoin de se doter d’une arme nucléaire parce qu’ils ne peuvent pas l’utiliser« , selon lui. Mais, « s’ils en obtiennent une, on devra en avoir une nous aussi« , a-t-il affirmé selon des extraits de cet entretien accordé à la chaîne Fox News.

« Nous nous préoccupons du fait qu’un pays puisse se doter d’une arme nucléaire. C’est une mauvaise chose« , a martelé Mohammed ben Salmane.

Riyad se rapproche d’un accord de normalisation avec Israël

L’Arabie saoudite et Israël se rapprochent d’un accord de normalisation, a également assuré le prince héritier. « On s’en rapproche tous les jours« , a-t-il affirmé, au moment où le président américain Joe Biden rencontrait à New York le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

« Pour nous, la question palestinienne est très importante. Nous devons la résoudre« , a-t-il dit en soulignant que « les négociations se poursuivent bien jusqu’à présent« .

Il a démenti des informations de presse faisant état d’une « suspension » des discussions avec Israël. « Nous espérons qu’elles aboutiront à un résultat qui facilitera la vie des Palestiniens et qui permettra à Israël de jouer un rôle au Moyen-Orient« , a ajouté ben Salmane.

Israël a déjà normalisé ses relations avec quatre pays arabes, Bahreïn, l’Égypte, le Maroc et les Émirats arabes unis.

Par A.G avec AFP, publié le 20/09/2023 à 23h50

Photo en titre : Mohamed ben Salmane, le prince héritier saoudien – @AFP

https://www.bfmtv.com/international/moyen-orient/l-arabie-saoudite-prete-a-se-doter-de-l-arme-nucleaire-si-jamais-l-iran-le-fait-en-premier_AD-202309200970.html

RTE AFFINE LES SCÉNARIOS DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE À L’HORIZON 2035

« Éclairer le débat public sur la planification écologique et énergétique » : le gestionnaire du réseau français de haute tension RTE a rendu public mercredi un rapport qui affine ses projections à horizon 2035, une première étape dans la trajectoire de la France pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Objectif : l’électrification « accélérée » des usages pour sortir des énergies fossiles et se conformer au programme européen « Fit for 55  » qui renforce les objectifs de réduction des émissions de CO2 des pays européens.

À horizon 2035, RTE table dans cette optique sur une consommation annuelle d’électricité comprise entre 580 et 640 TWh, avec une production comprise entre 640 et 700 TWh, dans le scénario le plus favorable, dit « A ». En 2022, les Français ont consommé 460 TWh d’électricité.

Dans cette course vers la neutralité carbone, ce scénario de décarbonation « A » nécessitera de mobiliser simultanément quatre leviers – efficacité énergétique, sobriété, énergies renouvelables et nucléaire -, un défi à la portée de la France, selon RTE. « C’est facile nulle part, c’est accessible partout », a résumé devant la presse, Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.

Dans un premier temps, en attendant l’arrivée des nouveaux réacteurs après 2035, RTE table sur la sobriété et une accélération des renouvelables : d’ici 2035, il faut « viser au minimum une production d’électricité renouvelable annuelle de 270 TWh (contre environ 120 TWh aujourd’hui) et si possible de 320 TWh », estime RTE.

Concernant le nucléaire, RTE table, dans une hypothèse prudente, sur une production moyenne annuelle de 360 TWh d’ici 2035, en maximisant le parc actuel de réacteurs. Après un hiver 2022-2023 à haut risque et une année noire marquée par une production électrique historiquement basse, notamment en raison d’un parc nucléaire largement indisponible, RTE table dès cet hiver sur une amélioration de la sécurité d’approvisionnement.

Mais, avertit RTE, « il semble désormais probable que la transition va se déployer dans un climat macroéconomique et géopolitique plus complexe que celui des années 2000 et 2010 : taux d’intérêt élevés, croissance faible, capacités de financement public sous tension, relations internationales dégradées », énumère-t-il comme autant d’obstacles.

Alors que le gouvernement planche sur la stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC), cette nouvelle donne a poussé RTE à plancher sur des scénarios moins favorables que le « A », qui permet d’être au rendez-vous de 2030 et de remplir les objectifs d’électrification et de réindustrialisation de la France, a expliqué à l’AFP Xavier Piechaczyk.

Ainsi, un scénario « B », dans lequel la France est en retard « pour des raisons qui lui sont propres » et enfin, un scénario « C », dit de « mondialisation contrariée », où il y a « d’autres retards, qui sont liés au monde extérieur » a-t-il détaillé.

Flexibilité de la demande

Ce scénario C se traduirait à court terme par « une consommation d’électricité plus faible », « un renchérissement du coût des équipements de la transition énergétique (+15 à 20% pour les investissements photovoltaïques au sol par exemple) », et une « augmentation des coûts de financements« , selon le rapport.

Dans ce scénario difficile, « le coût complet des énergies renouvelables est supérieur de 30 à 60%, voire jusqu’à 100% pour des filières en tension comme l’éolien en mer ». « En revanche, sur le long terme, il y a plusieurs façons de sortir » de ce scénario, a précisé Thomas Veyrenc, directeur exécutif du pôle stratégie, prospective et évaluation de RTE. Il faudra « relocaliser une partie de la chaîne de valeur des équipements de la transition énergétique pour sécuriser les approvisionnements », dit RTE, quitte à investir plus.

Dans tous les scénarios, l’augmentation rapide de la consommation d’électricité représente un défi pour la souveraineté énergétique, notamment à la saison froide, quand plus de Français se chaufferont à l’électrique : « le niveau des pointes de consommation hivernales va augmenter ».

D’où la nécessité de mettre en place un véritable « plan en trois volets pour développer la flexibilité de la demande » grâce à un pilotage accru, selon M. Veyrenc, qui le résume ainsi : « déployer des équipements » (boîtiers, domotique, bornes connectées, installations connectées dans les bâtiments); promouvoir des « incitations tarifaires » et « pouvoir contrôler son effet sur le système ».

Par AFP, publié le 20 septembre 2023 à 15h24

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/rte-affine-les-scenarios-de-la-transition-energetique-lhorizon-2035-230920

POURQUOI EDF ET LE GENDARME DE L’ÉNERGIE S’ÉCHARPENT SUR LES VRAIS COÛTS DU NUCLÉAIRE

Tandis qu’EDF comptait vendre, dès 2027, une partie de son électricité à un prix proche de 100 euros le mégawattheure (MWh) à d’importants clients, parmi lesquels les industriels énergo-intensifs ou les fournisseurs alternatifs, le régulateur pourrait bien venir contrecarrer ses plans. Dans un nouveau rapport, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) estime en effet que le coût d’un ruban d’électricité nucléaire ne dépassera pas les 57 euros par MWh. Soit un montant bien inférieur au prix que l’électricien historique espère faire émerger sur le moyen terme. En cause : une divergence de fond sur le cadre de régulation des centrales voulu par l’État, alors qu’EDF privilégie des logiques de marché.

C’est à n’y rien comprendre. Alors que la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a revu à la hausse les coûts du nucléaire dans un rapport remis mercredi dernier au gouvernement, les grands consommateurs industriels se montrent ravis…et EDF contrecarré dans ses plans. À première vue, c’est pourtant l’inverse qui devrait se produire : une revalorisation du prix de revient des centrales devrait, en toute logique, déplaire aux clients (à la recherche d’une électricité la moins chère possible), et ravir l’exploitant (désireux de vendre ses volumes à un prix plus « juste » au regard de l’augmentation de ses coûts).

Seulement voilà : dans un communiqué publié mardi 19 septembre, l’Union des industries utilisatrices d’énergie (Uniden), « se félicite » de l’ « éclairage apporté par la CRE », alors qu’une synthèse du rapport a fuité dans Contexte. Tandis qu’EDF, lui, ne dit mot mais risque bien de perdre une importante bataille. Et pour cause, ce document promet de parasiter ses négociations, en tirant ses prix de vente vers le bas.

Référence « neutre » et « incontestable »

En effet, tandis que l’entreprise comptait vendre, dès 2027, une partie de son électricité à un prix proche de 100 euros le mégawattheure (MWh) à d’importants clients, parmi lesquels les industriels énergo-intensifs ou les fournisseurs alternatifs, la CRE estime, pour sa part, que le coût d’un ruban d’électricité nucléaire a certes augmenté…mais ne dépassera pas les 57 euros par MWh sur la période 2026-2030. De quoi pousser les clients de l’énergéticien historique à demander un prix assez proche de ce montant, et donc bien inférieur à 100 euros/MWh.

« Pour un certain nombre d’industriels, un tel prix serait insoutenable ! Ce que la CRE apporte, c’est une référence neutre, incontestable sur le coût réel de production d’EDF. Cela remet un peu l’église au milieu du village, alors qu’il y avait une asymétrie d’informations, avec un monopole des chiffres par EDF », précise un porte-parole de l’Uniden à La Tribune.

« Les concurrents mondiaux s’approvisionnent à des prix entre 40 et 80 $/MWh en Chine, et 30 à 50 $/MWh aux États-Unis… L’objectif est atteignable ! », ajoute l’organisation dans son communiqué.

Lire aussi : Prix de l’électricité : EDF crée un système d’enchères inédit pour les fournisseurs alternatifs

À la recherche d’un successeur de l’ARENH

Pour comprendre ces divergences, il faut se pencher sur le contexte dans lequel s’inscrivent les négociations. Celles-ci se tiennent dans la perspective de la fin de l’ARENH dès 2026, un mécanisme qui oblige depuis 2011 EDF à vendre une partie de sa production au prix de 42 euros/MWh, afin de faire profiter les Français de la « rente » du nucléaire. Or, ce prix n’est plus considéré comme le coût réel de production du nucléaire depuis bien longtemps, si tant est qu’il l’a déjà été.

Dans ces conditions, le gouvernement et EDF cherchent un système alternatif, qui prendrait mieux en compte le prix de revient des centrales d’EDF. Lequel a augmenté ces dernières années, en raison de la volonté de prolonger au maximum les centrales (ce qui exige de les remettre à niveau), mais aussi à cause des baisses de production et de l’inflation. Autrement dit, le successeur de l’ARENH devra garantir des prix compétitifs aux consommateurs français, tout en permettant à EDF de couvrir ses frais…et d’investir dans son outil de production.

Mais cette équation n’est pas si simple : concrètement, où placer le curseur ? En l’espèce, l’intérêt du consommateur et celui d’EDF ne se recoupent pas forcément. Car tandis que l’un s’intéresse davantage à sa facture qu’à la santé financière de l’électricien historique, l’autre cherche d’abord à s’y retrouver d’un point de vue comptable, alors qu’une relance du nucléaire pèse sur ses épaules.

Lire aussi : Pourquoi EDF et le gendarme de l’énergie s’écharpent sur les vrais coûts du nucléaire

Philosophies différentes sur la régulation du prix des centrales

Dans ces conditions, chacun tente de faire valoir ses intérêts. Celui de l’exécutif, qui a mandaté la CRE, est d’obtenir un prix de l’électricité le plus bas possible pour les consommateurs. Et, par là même, de réguler l’ensemble du parc nucléaire afin d’assurer une visibilité maximale sur ce prix. Le gouvernement cherche ainsi à établir un prix de vente qui s’assimilerait à une sorte de plancher…mais également à définir un plafond, au-delà duquel l’État ponctionnerait les rentes d’EDF. Dans son travail pour établir les coûts de production du nucléaire, la CRE est donc partie du principe que l’intégralité des réacteurs existants seraient régulés par la puissance publique.

Le PDG d’EDF, Luc Rémont, ne l’entend pas de cette oreille. Afin de vendre à un prix qui lui permet d’investir sans se voir imposer des couloirs de prix par l’État, le groupe (dont l’État a récemment acquis 100% du capital) préfère négocier des contrats selon ses termes, sur des logiques de marché. Celui-ci avance d’ailleurs des coûts complets de production bien supérieurs à ceux établis par la CRE, autour de 75 euros par MWh sur la période 2026-2030 (contre 60,7 euros/MWh pour la CRE), auxquels il faudrait ajouter des marges pour assurer le renouvellement du parc.

Un consensus impossible ?

Or, cette différence de philosophie transparaît dans le rapport de la CRE. Puisque cette dernière se base sur un schéma de régulation de toute la production nucléaire, comme le souhaite l’État, c’est-à-dire fondé sur un prix de vente garanti s’appliquant à la totalité du parc d’EDF, le coût du capital est moindre par rapport aux estimations d’EDF. Ce qui, logiquement, tire vers le bas les coûts de production, par rapport aux hypothèses retenues par l’énergéticien. Celui-ci pourrait en effet être supérieur dans d’autres cadres régulatoires (comme celui souhaité par EDF) qui exposerait davantage le groupe aux risques de marché.

Dans le détail, la CRE retient pour le nucléaire existant un CMPC (coût moyen pondéré du capital) nominal avant impôt de 8,35% (soit 6,83% après impôt), à comparer à une demande d’EDF de 11,92% (9,25% après impôt).

« Le cadre régulatoire constitue le principal facteur d’écart entre le coût exposé par EDF et celui retenu par la CRE, compte tenu de son impact sur le CMPC. Le passage d’un cadre non régulé, comme dans la demande d’EDF, au cadre de régulation à prix fixe retenu par la CRE, emporte des conséquences importantes sur le niveau de risques et donc de rémunération du capital engagé, et a un fort impact sur le coût de production », peut-on ainsi lire dans la synthèse du document, obtenue par Contexte.

Pourtant, le système voulu par l’État et retenu par la CRE est encore loin d’être acté. Et pour cause, EDF n’est pas le seul à y faire barrage : l’exécutif bruxellois et les eurodéputés s’y opposent également pour d’autres raisons, étant peu favorables à une régulation de l’État sur des actifs nucléaires existants. Alors qu’un système devra être trouvé d’ici à la fin de l’année, difficile, pour l’heure, de voir émerger un consensus.

Par Marine Godelier, publié le 20 septembre 2023 à 11h45

Photo en titre : Crédits : Raphaël Lafargue / ABACA via Reuters Connect)

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/pourquoi-edf-et-le-gendarme-de-l-energie-s-echarpent-sur-les-vrais-couts-du-nucleaire-976817.html

LA BAISSE DU DÉBIT DU RHÔNE EST-ELLE UNE MENACE POUR LES CENTRALES NUCLÉAIRES ? (1/3)

Situé dans les Alpes suisses, le glacier du Rhône, qui donne naissance au fleuve éponyme, fond inexorablement, et derrière sa disparition se dessinent les contours d’un défi majeur : préserver la biodiversité tout en pérennisant la production énergétique en bord du Rhône, alors que l’eau est indispensable au bon fonctionnement des centrales.

AU SOMMAIRE

. L’eau, indispensable au fonctionnement des centrales

. Circuits de refroidissement ouverts ou fermés : il faut choisir

Il est le « fleuve-roi ». Pourtant, même lui doit s’incliner face à la fonte du géant suisse qui porte son nom : le glacier du Rhône, au nord du canton du Valais. D’après un rapport de l’Agence de l’eau publié en mars 2023, le drame qui se joue là-haut est responsable d’une baisse de plus en plus importante du débit du fleuve. En 2050, son débit d’étiage — le niveau annuel moyen le plus bas d’un cours d’eau, à partir duquel on mesure les crues — aura diminué de 20 % en moyenne. Or, le Rhône nourrit aujourd’hui un million de personnes, en abreuve plus de deux millions et génère à lui tout seul « un quart de la production électrique du pays ». Comptez sur ses rivages pas moins de 19 centrales hydroélectriques, et quatre centrales nucléaires. Ce sont elles dont on parle le plus… Mais est-ce bien justifié ?

L’eau, indispensable au fonctionnement des centrales

En France, les réacteurs de nos centrales nucléaires sont des réacteurs à eau pressurisée qui assurent  70,6 % de la production d’électricité du pays. Pour fonctionner, de l’eau prélevée dans une source extérieure (rivière, fleuve, mer) alimente trois circuits indépendants qui permettent respectivement de produire une grande quantité d’énergie thermique dans le réacteur, de la convertir en énergie mécanique et de refroidir les systèmes de sauvegarde du réacteur. Les deux premiers circuits sont des circuits « fermés » : l’eau « tourne en rond » sans aucun moyen de sortir. Ils consomment donc peu d’eau.

Circuits de refroidissement ouverts ou fermés : il faut choisir

Le circuit de refroidissement, lui, est plus gourmand. C’est celui-ci qui nous intéresse. On en distingue deux types : les circuits ouverts et les circuits fermés. Dans les centrales à circuit ouvert, l’eau froide, prélevée dans la source extérieure, vient refroidir les systèmes de sauvegarde, puis est ensuite intégralement rejetée dans la source d’eau. C’est par exemple le cas des centrales du Bugey, du Tricastin et de Saint-Alban — centrale où l’on prélève en moyenne 57m³/seconde dans le Rhône.

Lire aussi: Dossier : L’énergie nucléaire de A à Z

« La contrepartie, c’est que le réchauffement induit dans le milieu peut être assez conséquent si la production d’électricité est importante, tempérait la directrice Environnement et Prospective d’EDF Cécile Laugier dans une conférence de presse donnée en mai dernier par l’entreprise et portant sur le réchauffement climatique. En pratique, pour nos centrales nucléaires, ça fait des échauffements de 4° à 5° en moyenne dans le milieu. »

La centrale nucléaire de Golfech est parmi les centrales françaises les plus soumises aux aléas climatiques, sécheresse et canicule. © Thomathzac23, adobe stock

Les centrales en circuit fermé prélèvent, quant à elles, beaucoup moins d’eau (de l’ordre de 2 m³/seconde). Après être passée dans le circuit de refroidissement, l’eau est acheminée vers une tour aéroréfrigérante où un système d’appel d’air froid abaisse sa température. Une part de l’eau retombe sous forme de gouttelettes, tandis que le reste s’échappe par une cheminée : c’est le fameux panache de vapeur d’eau, image d’Épinal des centrales. Ce procédé a l’avantage de rejeter une eau plus froide dans la source, mais il ne permet pas de tout restituer : sur 2 m³ d’eau refroidie, environ 0,7 m³ s’évapore, on récupère donc 1 m³ d’eau environ. Ce circuit de refroidissement empêche la surchauffe des eaux externes.

En résumé : sans eau, pas de fonctionnement des centrales nucléaires possible ; et sans garantie que les eaux de rejet n’augmenteront pas la température de la source au-delà d’un certain seuil, pas de fonctionnement possible non plus, législation oblige. Il semblerait donc que la baisse des débits d’étiage du Rhône n’annonce rien de bon pour les circuits de refroidissement de nos centrales, biberonnés à l’eau du fleuve… 

Par CAMILLE AUCHÈRE (Journaliste Junior), publié le 19 septembre 2023

PHOTO EN TITRE : En moyenne, 3,1 milliards de mètres cubes sont soustraits au Rhône chaque année, tous usages confondus. © dall-e

https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rhone-baisse-debit-rhone-elle-menace-centrales-nucleaires-1-3-107351/

NUCLÉAIRE : LES DÉCHETS PEU DANGEREUX POURRAIENT ÊTRE RÉUTILISÉS

Un projet de recyclage de déchets radioactifs près de l’ancienne centrale de Fessenheim se concrétise. La France, adepte du stockage, n’a en effet plus assez de place pour les restes d’installations nucléaires démantelées.

Au supermarché, vous tombez sur une casserole avec l’étiquette : « Produit issu du recyclage de déchets nucléaires. » Cette scène tirée du futur n’est pas totalement fantasmée : les déchets dits « très faiblement radioactifs »pourraient bientôt servir de matériau dans l’industrie conventionnelle. Le point de départ serait l’installation d’un « technocentre ». Ce projet évoqué par EDF depuis 2018 entre dans une phase plus concrète en cette fin d’année. Présenté par ses porteurs comme « un projet créateur d’activité pour le territoire, qui s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire », le technocentre pourrait surtout rebattre les cartes de la gestion des déchets nucléaires en France.

L’usine, construite près de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), produira en effet des métaux qui circuleront dans l’économie courante, soit précisément le destin inverse de celui que leur réservait le « modèle français » de gestion des déchets nucléaires, qui les cantonnait au stockage. « Je ne dirais pas que le technocentre serait une révolution, mais c’est une dérogation au modèle français qui s’est bâti depuis les années 1990 », résume Emmanuel Martinais, chargé de recherche à l’Université de Lyon et auteur d’un article sur le sujet.

Un « modèle français » de gestion des déchets bientôt remis en cause

Aujourd’hui, les déchets nucléaires dits « très faiblement radioactifs » (TFA) sont stockés au Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) exclusivement dédié à ce type de déchets. À moins d’une dérogation, ils sont considérés comme des déchets nucléaires au même titre que ceux moyennement ou hautement radioactifs : ils ne peuvent donc pas être recyclés puis intégrés dans l’industrie conventionnelle.

Problème : la capacité de stockage du Cires est limitée. Et avec le démantèlement progressif de certaines installations nucléaires, comme l’usine Georges Besse au Tricastin (Drôme), le volume de déchets TFA n’a cessé de croître ces dernières années. Un inventaire dressé par l’Andra (p. 21) a estimé qu’au terme de l’exploitation de l’actuel parc nucléaire, ils représenteront entre 2 100 000 et 2 300 000 m3, là où la capacité de stockage du Cires n’atteint que 650 000 m3. C’est là qu’entre en jeu le technocentre de Fessenheim. Selon EDF, celui-ci a pour objectif « la production, après fusion, de lingots relevant du domaine conventionnel »« La gestion des déchets nucléaires à la française est à un carrefour : soit on fait le choix du recyclage via le technocentre de Fessenheim, soit on construit de nouveaux centres de stockage », estime Teva Meyer, géographe et maître de conférences à l’Université de Haute-Alsace.

Un militant, ici à Notre-Dame-des-Landes en 2018, opposé à l’enfouissement des déchets à Bure. Le « modèle français » de gestion des déchets nucléaires : le stockage. © Jérémie Lusseau / Hans Lucas via AFP

Preuve de l’attention portée à ce revirement potentiel, le projet de technocentre mobilise au-delà des frontières. Une pétition a été lancée par le mouvement antinucléaire allemand en avril dernier et a recueilli près de 3 000 signatures. « En Allemagne, notamment dans le Nord, il est intéressant de voir que la France fait figure de modèle dans les discours antinucléaires, explique Teva Meyer. Le principe de zonage, qui veut que tout déchet issu d’un site nucléaire soit considéré comme radioactif et donc exclu des circuits conventionnels, est cité en exemple à suivre. »

Le recyclage des déchets TFA au centre d’intérêts divergents

Le technocentre est-il sur le point de nous faire perdre du terrain sur le plan de la sûreté nucléaire, comme semblent le craindre les Allemands et les militants de Stop Fessenheim ? Pas nécessairement, selon Emmanuel Martinais, qui pointe le fait que l’histoire de ce « principe de précaution » français doit moins à la prudence vis-à-vis de la nocivité des déchets radioactifs qu’à une bataille d’intérêts entre différents acteurs du nucléaire national. Dans les années 1990, il y a eu une « prise de conscience du secteur après une série d’incidents impliquant des déchets TFA, explique Emmanuel Martinais. Des objets radioactifs avaient été retrouvés dans des décharges ou dans l’espace public, en tout cas hors des sites d’exploitation et de production. Et l’ASN [Autorité de sûreté nucléaire] considérait que cela affectait l’image de l’industrie nucléaire, surtout que dans le même temps, il y avait les débats autour de l’enfouissement des déchets hautement radioactifs de Bure. » Il s’agissait alors de « préserver l’image du nucléaire ». Nécessité qui aurait présidé au choix de catégoriser ces déchets, puis d’écarter tout « seuil de libération »« L’essentiel était d’éviter qu’ils ne se retrouvent dans la nature ou de risquer des erreurs de mesure. On ne pouvait pas se permettre de tels scandales à l’heure où la capacité à gérer des déchets bien plus dangereux était en cause. »

Les filières de gestion actuelles, selon les déchets. Ils sont produits lors du fonctionnement des centrales mais aussi lors de leur démantèlement. Andra / Inventaire national des matières et déchets radioactifs

De fait, la solution du recyclage des déchets TFA dans une structure comme le technocentre de Fessenheim n’a jamais été la piste privilégiée par l’ASN. Elle a longtemps demandé aux industriels d’étudier la possibilité qu’ils aménagent un espace de stockage sur leur site de production, détaille Emmanuel Martinais. « Mais ça fait dix ans qu’ils ne bougent pas alors qu’ils sont tenus de le faire. Leur stratégie est de jouer la montre jusqu’à ce qu’il y ait tellement de déchets TFA accumulés que la seule solution soit d’autoriser les seuils de libération, et qu’ainsi le recyclage puisse se faire. Pour l’ASN, un technocentre à Fessenheim est une porte ouverte aux erreurs et donc à une image dégradée de l’industrie nucléaire. Pour les industriels, à l’inverse, c’est en cohérence avec leur façon de travailler : on mesure la radioactivité de chaque élément et, en fonction, on recycle ou non. »

Des conflits potentiels sur la transparence et la traçabilité

Si l’enjeu politique est indéniable, reste que de la matière initialement radioactive pourrait bientôt atterrir dans nos cuisines et nos chambres, et que la question de la sécurité persiste. Plus que les risques liés au niveau de contamination après fusion des métaux, qui reste encore sujet à débats scientifiques, ce sera plutôt la suite du processus qui prêtera à débats. C’est-à-dire la manière dont ces objets sont gérés une fois qu’ils sortent du circuit de l’industrie nucléaire. C’est ce qu’a montré Teva Meyer, géographe et maître de conférences à l’Université de Haute-Alsace, dans son étude sur les conflictualités autour du nucléaire. Il s’intéresse notamment aux mobilisations autour de « Clara », une usine de fonte de métaux similaire au projet de technocentre de Fessenheim, installée dans les années 1980.

La controverse sur les déchets métalliques porte sur la traçabilité de leur utilisation après la fonte, souligne-t-il. « Les militants prennent souvent comme exemple ce qui se fait pour les produits OGM en agriculture et exigent le même type d’étiquetage. Il faut que la mention “Produit issu du recyclage de métaux de déchets nucléaires” soit lisible. » Selon lui, la majorité du débat outre-rhin autour des déchets faiblement radioactifs s’est d’ailleurs centrée sur les gravats — et non les métaux — car ceux-ci finissaient souvent dans des décharges industrielles. « Pour les métaux, il y avait surtout des doutes par rapport au moment de la mesure. Comment s’assurer que des erreurs ne sont pas commises, et que les métaux recyclés ne sont effectivement plus radioactifs ? Résultat, aujourd’hui, il y a un contrôle des mesures après la fonte, en vidéo, accessible aux associations. »

L’ASN a fini par rendre un avis « globalement » favorable au projet de technocentre d’EDF, et un décret ministériel publié début 2022 a modifié le Code de la santé publique pour rendre possible le recyclage de déchets TFA sous certaines conditions. Il est probable que ce virage amorcé accentue l’attention scientifique portée à la faible radioactivité, comme ce fut le cas en Allemagne. Il est ainsi précisé dans le plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) publié en 2022 et actant le projet de recyclage des déchets TFA que « pour la première fois d’ici fin 2023, l’IRSN dressera une synthèse des dernières avancées scientifiques dans le domaine des effets des très faibles doses sur le corps humain ».

Ces études permettront alors, peut-être, de trancher la question des risques pour la santé. En attendant, EDF avance ses pions à vitesse grand V. Dès cet automne, l’entreprise française prévoit de saisir la Commission nationale du débat public (CNDP) afin de lancer la première phase, celle de la concertation, d’ici la mi-2024. La mise en service de l’installation est prévue pour 2031.

Par Guillaume Poisson, publié le 19 septembre 2023 à 14h54, mis à jour le 20 septembre 2023 à 09h32

Photo en titre : Un technocentre pourrait être construit sur le site de l’ancienne centrale de Fessenheim afin de recycler les déchets nucléaires faiblement radioactifs. – Unspash / CC / Kilian Karger

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NDLR: Attention, quand une telle machine se met en marche, il sera bien difficile de l’arrêter! Que ne ferait-on pas sous le prétexte de créer des emplois!

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POLYNÉSIE FRANÇAISE – TOXIQUE : ENQUÊTE SUR LES ESSAIS NUCLÉAIRES

C’est à plus de 15 000 km de son territoire que l’État français décide, dans les années 1960, de tester sa machine de guerre nucléaire : en Polynésie française, « collectivité d’outre-mer » en droit, mais « colonie » dans les faits, comme le prouve l’histoire de ces essais nucléaires et leurs conséquences dramatiques.

Tiré de Entre les lignes et les mots

En 2021 est parue la première enquête journalistique approfondie sur les essais nucléaires français en Polynésie : le livre Toxique. Fruit de la rencontre entre l’ONG Interprt spécialisée sur les écocides, Sébastien Philippe, un ingénieur et enseignant chercheur spécialisé en nucléaire militaire, et Tomas Statius, un journaliste du média d’investigation Disclose, cette enquête balaie tous les tenants et aboutissants de ces essais nucléaires, dans un ouvrage synthétique et très accessible.

C’est toute la Polynésie – son peuple, sa terre, sa mer, son ciel et même son sous-sol – qui a servi de cobaye pour le nucléaire militaire français de 1966 à 1996, à travers 193 essais de bombe atomique : 46 essais aériens puis 147 essais souterrains, les derniers ayant eu lieu en 1995-1996 suite à la relance du programme par Jacques Chirac, décision à laquelle s’était très fermement opposée la population polynésienne, dans une révolte d’ampleur en septembre 1995. Le Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP) a été créé spécifiquement pour mener les essais, mêlant domaine civil et militaire.

En 2013, le ministère de la Défense a déclassifié plus de 2000 pages de documents concernant les essais, mais ceux-ci n’avaient jamais été analysés par des personnes ou institutions indépendantes des pouvoirs publics. Ce que l’on savait jusqu’à présent de cette période venait des documents officiels, les rapports du ministère de la Défense et du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), et bien sûr de tous les témoignages directs et nombreux des victimes des essais, mais sans qu’une ‘photo’ globale et critique existe. C’est désormais chose faite et les faits décrits sont atterrants.

Une catastrophe humaine

Les conséquences des essais nucléaires sont avant tout dramatiques pour la santé. Les retombées radioactives ont entraîné des « clusters » de cancers chez les habitant.e.s des îles à proximité (en particulier dans l’archipel des Gambier), mais aussi chez toutes les « petites mains », employé.e.s ou militaires, ayant participé de près aux essais (les personnes locales employées pour assurer les services des bases militaires, les pilotes d’avion, les marins sur les bateaux chargés de faire des prélèvements, les nettoyeurs chargés de décontaminer les atolls, et tant d’autres). Un ancien spécialiste de la radioprotection, embauché au CEP, explique qu’il y avait 3 catégories de protection selon les personnes « Pour le personnel CEA, c’était le top du top. Pour les militaires, c’était moins bien. Pour le personnel local et le public, zéro – rien du tout » (p.59).

Les essais ont aussi fortement entravé la liberté des personnes. A plusieurs reprises, les habitant.e.s des atolls les plus proches des tirs ont été évacué.e.s, sommé.e.s de partir de chez eux pendant plusieurs semaines. Les pêcheurs ont été interdits de pêcher, et les personnes empêchées de consommer du poisson (pourtant à la base de l’alimentation polynésienne) en raison de la radioactivité mais aussi de la prolifération d’une micro-algue toxique, entraînant une maladie appelée « ciguatera ». Il a depuis été prouvé que cette algue s’est développée car l’écosystème a été bouleversé par les nombreuses constructions humaines nécessaires aux essais (p.70).

Une catastrophe écologique

Les tirs aériens ont entraîné de fortes pollutions radioactives de l’air et de l’eau. Pour cette raison notamment, ils ont été remplacés par des essais souterrains qui ont profondément mis à mal le sous-sol des atolls. « Au sud-ouest de Mururoa une partie de la terre a déjà disparu sous les flots, remarque un rapport du CEA publié en 1993. Aujourd’hui encore l’atoll continue de s’enfoncer de quelques millimètres par an. En trente ans, les Français ont creusé 392 forages à sa surface ou dans le lagon : des puits pour les bombes, pour les déchets, ou des forages secondaires. L’atoll n’est plus que béton et ferraille. Rouille et crevasses » (p.74). Les essais souterrains sont si puissants qu’ils provoquent des ondes sismiques, entraînant « un phénomène hydraulique », c’est-à-dire des vagues submersibles qui reviennent s’écraser sur l’atoll.

En partant en 1996, le CEP efface toutes les traces visibles de son passage, mais ne dépollue rien, bien au contraire. Au lieu de décontaminer, les bâtiments sont détruits et les gravats jetés dans les lagons, avec tout le matériel devenu inutile, y compris le mobilier !

Déni et mensonge

Le livre conclut que les essais nucléaires en Polynésie sont marqués du sceau du secret, du mensonge et de la négligence. Le secret, car les archives ont montré que le CEP a agi en connaissance de cause. Le mensonge, car dès 1966 les autorités ont préconisé de minimiser l’ampleur de la contamination. La négligence car l’État a volontairement exposé des milliers de personnes à la radioactivité, sans les protéger. Plus que de la négligence, soulignons que c’est en réalité du racisme, et qu’on le retrouve au fondement de toute entreprise coloniale. Car c’est bien parce que les vies des populations locales sont considérées comme ayant moins de valeur que celles des Blancs, voire une valeur inexistante, que ce type d’entreprise mortifère peut avoir lieu et durer aussi longtemps au vu et au su de toutes. À ce jour, un mécanisme d’indemnisation des victimes a été mis en place mais il est restrictif et difficile d’accès, et les responsables civils et militaires jouissent toujours d’une totale impunité.

Par Marie Bazin, publié mardi 19 septembre 2023 

Toxique : Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie, Sébastien Philippe et Tomas Statius, 2021, Presses universitaires de France et Disclose.

https://disclose.ngo/fr/investigations/toxique
https://survie.org/billets-d-afrique/2023/328-mai-2023/article/polynesie-francaise-toxique-enquete-sur-les-essais-nucleaires

UN FRANÇAIS SUR DEUX FAVORABLE À LA CONSTRUCTION DE NOUVELLES CENTRALES NUCLÉAIRES, SELON UN BAROMÈTRE

Le baromètre annuel de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) montre un recul de la défiance de l’opinion publique vis à vis du nucléaire.

Un Français sur deux (+6 points en un an) est pour la construction de nouvelles centrales nucléaires, selon le baromètre de l’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN) publié lundi et qui suit depuis plus de 30 ans la perception des risques dans l’opinion publique. « Le regard porté sur la construction de centrales nucléaires s’améliore », note l’IRSN. 65 % des Français (+ 5 points) affirment ainsi que « la construction des centrales nucléaires a été une bonne chose », tandis que 11 % (- 5 points) sont en désaccord. Un Français sur quatre est contre l’apparition de nouvelles centrales.

Le principal argument en faveur de l’énergie nucléaire cité par les sondés est l’indépendance énergétique, pour 43% d’entre eux, devant le faible coût de l’électricité (22%). C’est une hausse de sept points par rapport à l’année dernière. La « production de déchets nucléaires » reste le premier argument des opposants à l’énergie nucléaire (31 %, – 4 points), mais ne devance plus que de quatre points (contre neuf points en 2021) le risque d’accident qui figure en deuxième position (27 %) des arguments contre.

Régler « le problème du stockage des déchets radioactifs »

D’après le baromètre de l’IRSN, la majorité des Français (68 %) estiment qu’il faut rapidement résoudre le problème du stockage des déchets. Seulement 6 % préfèrent « laisser le choix aux générations futures« . Par ailleurs, 32 % affirment qu’il n’est aujourd’hui pas « possible de stocker les déchets nucléaires de façon sûre » (- 3 points).

54 % des Français considèrent que prolonger la durée d’exploitation des centrales nucléaires est un choix pertinent. Cet été, l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) a donné son feu vert pour prolonger au-delà de 40 ans le premier réacteur de la centrale du Tricastin dans la Drôme. C’est une première. Le réacteur pourra fonctionner dix ans de plus. 23% des sondés y sont opposés, 37 % affirment que « prolonger la durée d’exploitation des centrales nucléaires provoquera des accidents ».

60% des sondés ont confiance dans les institutions scientifiques

28% des Français interrogés estiment que les centrales nucléaires sont les installations qui risquent le plus de provoquer un accident grave. Les stockages de déchets radioactifs et les installations chimiques complètent le podium. L’enquête révèle également que l’image de la science et des experts se dégrade légèrement : 60% des Français font confiance aux institutions scientifiques (quatre points de moins que l’an dernier). La moitié des sondés ont une bonne opinion des experts scientifiques. Près des deux tiers (67%) des sondés trouvent que les décideurs ne prennent pas assez en compte l’avis des experts scientifiques.

L’enquête du baromètre 2023 s’est déroulée en novembre 2022, 2.000 personnes ont été interrogées.

Par Victor Vasseur, publié le lundi 18 septembre 2023 à 18h55

Photo en titre : La centrale nucléaire du Tricastin, dans la Drôme, en juillet 2022. © AFP – Caroline Paux

https://www.radiofrance.fr/franceinter/un-francais-sur-deux-favorable-a-la-construction-de-nouvelles-centrales-nucleaires-selon-un-barometre-2263196

NDLR : Donc pour ceux qui ne veulent pas de nouveaux réacteurs, il faudra encore et encore expliquer que :

. l’indépendance énergétique est un mensonge honteux puisque 100 % de l’uranium indispensable est IMPORTÉ !

. Le vrai prix de revient du MWh est bien supérieur à celui habituellement admis jusqu’à ces derniers temps par EDF et l’État. Il suffit pour le constater de voir les prévisions de prix futurs faites par EDF. Les consommateurs (ou les contribuables) en ont déjà un avant-goût mais ce n’est que le début ! Qu’on se le dise…

ÉLECTRICITÉ NUCLÉAIRE : LE RÉGULATEUR REVOIT LES COÛTS D’EDF À LA HAUSSE

Selon un document confidentiel publié par Contexte, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) estime entre 57 et 61 euros par mégawattheure (MWh) les coûts de production de l’électricité nucléaire d’EDF. Un montant supérieur à l’ARENH, ce mécanisme qui oblige EDF à vendre une partie de sa production à 42 euros le MWh, mais inférieur à ce qu’avait calculé la Cour des comptes en 2021. Ces nouvelles estimations ne devraient pas plaire à EDF, au moment où celui-ci entame des négociations avec de gros clients pour leur vendre des volumes sur le long terme, à un prix qu’il espère suffisamment élevé.

Le secret n’aura pas duré bien longtemps…et son contenu risque de ne pas ravir EDF. Alors que la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a remis au gouvernement son rapport très confidentiel sur les coûts de production de l’électricité nucléaire en France, il y a cinq jours, le média Contexte a mis la main sur une synthèse du texte, qu’il a publié ce lundi 18 septembre. Or, malgré une revalorisation de ces coûts par la CRE, les chiffres avancés par le régulateur restent inférieurs aux estimations d’EDF et de la Cour des comptes.

Lire aussi : Coûts du nucléaire : l’étrange silence de l’État

Concrètement, en intégrant les 18 centrales du parc historique ainsi que l’EPR de Flamanville (Normandie), dont le chantier devrait bientôt prendre fin, le coût complet de production du nucléaire varierait entre 57 et 61 euros le MWh, selon le régulateur. Soit plus que le montant de l’ARENH, ce mécanisme qui oblige depuis 2011 EDF à vendre une partie de sa production au prix de 42 euros le mégawattheure (MWh), afin de faire profiter les Français de la « rente » du nucléaire…

Une quote-part pour financer le nouveau nucléaire ?

…Mais moins, donc, que ce qu’estimait la Cour des Comptes dans un rapport publié en septembre 2021. Car selon la juridiction financière, le coût du MWh rapporté à la production de 2019 grimpait jusqu’à 68,4 euros le MWh.

Or, ce montant sera déterminant pour savoir à combien vendre le nucléaire issu du parc historique d’EDF après la date d’expiration de l’ARENH, prévue fin 2025, et alors que l’État français espère continuer d’en réguler le prix.

L’énergéticien, lui, répète à l’envi son intention de faire valoir ses propres intérêts. Selon nos informations, EDF, qui ne compte pas vendre sans marge afin d’investir dans le prolongement et le renouvellement de son parc, mise ainsi sur un prix de vente inférieur à 100 euros le MWh, mais proche de ce montant. L’étude de la CRE, quant à elle, ne couvre pas les investissements nécessaires au développement du nouveau nucléaire.

« Faudra-t-il ajouter une quote-part pour financer les nouveaux EPR ? C’est ce qu’EDF souhaite. C’est comme ça que ça fonctionne dans toutes les entreprises : quand vous avez un actif, il faut y ajouter une dotation aux amortissements », note Nicolas Goldberg, senior manager Energie chez Colombus Consulting.

EDF ne veut pas que l’État régule ses prix

Ainsi, EDF compte sur une rotation des cash flows dégagés par ses installations existantes afin de préparer l’avenir, et notamment faire baisser le coût du capital pour la construction des futurs EPR voulus par Emmanuel Macron. D’autant que l’électricité générée par ces réacteurs de troisième génération promet d’être chère, avec des estimations situées entre 80 et 100 euros le MWh. Ce qui pourrait gonfler le prix de vente final dès les prochaines années.

D’ailleurs, l’énergéticien, dont l’État a récemment acquis 100% du capital, ne partage pas vraiment le même agenda que le gouvernement. Et pour cause, tandis que Paris espère toujours pouvoir appliquer des contrats à prix régulés sur les centrales nucléaires existantes, avec un prix plancher et un prix plafond, EDF préfère miser sur des contrats de droit privé. Dans ces conditions, l’estimation de ses coûts réels de production sera forcément décisive, au moment où celui-ci compte entamer des négociations avec de gros clients pour leur vendre des volumes sur le long terme à un montant qu’il espère « juste ».

Lire aussi : Prix du nucléaire : la course contre la montre d’EDF et de l’État français

Par Marine Godelier , publié le 18 septembre 2023 à 13h51

Photo en titre : Crédits : YVES HERMAN

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/electricite-nucleaire-le-regulateur-revoit-les-couts-d-edf-a-la-hausse-976542.html

NUCLÉAIRE : L’UNION EUROPÉENNE APPELLE L’IRAN À REVENIR SUR L’EXCLUSION DES INSPECTEURS DE L’AIEA

Bruxelles, qui joue le rôle de coordinateur dans le cadre de l’accord de 2015 conclu avec l’Iran sur le nucléaire, connu sous l’acronyme JCPOA, est « très inquiète », affirmé un porte-parole de l’UE ce dimanche.

L’Union européenne a appelé ce dimanche l’Iran à revenir sur sa décision de supprimer l’accréditation de plusieurs inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargés de contrôler son programme nucléaire. « L’UE demande instamment à l’Iran de revoir sa décision sans délai », a affirmé un porte-parole des Vingt-Sept.

« L’impact direct et sévère de cette décision sur la capacité de l’agence à conduire ses activités de vérification, ce qui inclut le suivi » du JCPOA, « est particulièrement inquiétant », a-t-il affirmé.

Un geste « sans précédent »

L’Iran a retiré l’accréditation de plusieurs inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) chargés de contrôler son programme nucléaire, a annoncé samedi l’instance onusienne, condamnant un geste « sans précédent ».

Avec cette mesure, qui intervient après un autre cas récent, « l’Iran a supprimé un tiers du groupe central » d’experts, ce qui « affecte directement et drastiquement » la capacité de l’AIEA à mener sa mission et à garantir le caractère pacifique des activités nucléaires, a regretté samedi son directeur général Rafael Grossi.

La République islamique a expliqué avoir pris cette mesure en riposte à l’avertissement lancé cette semaine par les États-Unis et les pays européens du groupe E3 (France, Allemagne et Royaume-Uni), à l’occasion du Conseil des gouverneurs réuni à Vienne, siège de l’AIEA.

L’Iran s’est affranchi progressivement des engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015, en réaction au retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump. Ce pacte était censé limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales. Des discussions menées à Vienne par les différentes parties prenantes pour le ranimer ont échoué l’an dernier.

Par A.G avec AFP, publié le 18/09/2023 à 01h30

https://www.bfmtv.com/international/moyen-orient/iran/nucleaire-l-union-europeenne-appelle-l-iran-a-revenir-sur-l-exclusion-des-inspecteurs-de-l-aiea_AD-202309170476.html

UNE MARCHE CONTRE L’ARME NUCLÉAIRE À QUIMPER, JEUDI 21 SEPTEMBRE

À l‘occasion de la Journée internationale de la paix, le collectif pour l’interdiction des armes nucléaires 29 (*) invite à participer à une « Marche pour la paix », jeudi 21 septembre, à 18 h, à Quimper, de la place Terre au Duc au Jardin de la paix.

Cette marche s’inscrit dans une grande journée nationale d’actions avec des marches et des rassemblements partout en France pour l‘abolition des armes nucléaires, journée portée par le collectif Ican France.

« Soyons nombreux pour affirmer que nous voulons que la France rejoigne le traité sur l’interdiction des armes nucléaires et participe, a minima, comme État observateur à la seconde réunion du traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui se déroulera au siège des Nations Unies à New York, fin novembre, dans la perspective de son adhésion », indique le Cian 29, qui regroupe quinze organisations du département (associations, syndicats, organisations politiques) dont l‘Université européenne de la paix de Brest et le Comité finistérien du mouvement de la paix.

Publié le 18 septembre 2023 à 14h30

Photo en titre : Une « Marche pour la paix » sera organisée à Quimper jeudi 21 septembre. (Photo d’illustration Le Télégramme)

https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper-29000/une-marche-contre-larme-nucleaire-a-quimper-jeudi-21-septembre-6430746.php

CENTRALE NUCLÉAIRE DE FLAMANVILLE : DÉTECTION TARDIVE DE L’INDISPONIBILITÉ D’UNE TURBOPOMPE

Le 12 septembre 2023, EDF a déclaré à l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) un événement significatif relatif à la détection tardive de l’indisponibilité d’une turbopompe du circuit d’alimentation de secours des générateurs de vapeur du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Flamanville.

Le circuit d’alimentation de secours des générateurs de vapeur (ASG) est utilisé en cas de défaillance de leur alimentation normale en eau afin d’assurer le refroidissement du réacteur. Il est également utilisé lors des phases de mise à l’arrêt et de démarrage du réacteur. Le circuit ASG comprend deux voies redondantes. Chacune de ces voies est équipée d’une motopompe entraînée par un moteur électrique et, en redondance, d’une turbopompe entraînée par une turbine à vapeur.

Le 9 septembre 2023, le réacteur 1 était en cours de redémarrage à l’issue d’un arrêt pour maintenance et rechargement en combustible. Dans le cadre de la réalisation d’un essai périodique, EDF a détecté qu’une vanne du circuit ASG était incorrectement positionnée. Cette mauvaise configuration a rendu indisponible une turbopompe depuis le 2 septembre 2023, date de la dernière manœuvre de la vanne. Or dans le cadre du redémarrage du réacteur 1, la turbopompe était requise par les spécifications techniques d’exploitation (STE) depuis le 6 septembre 2023. L’exploitant n’a donc pas respecté les STE, qui en cas d’indisponibilité imposent le repli du réacteur sous 8 heures.

Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les personnes et l’environnement. Toutefois, compte tenu de la détection tardive de l’indisponibilité de la turbopompe du circuit d’alimentation de secours des générateurs de vapeur, requise par les spécifications techniques d’exploitation, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

Dès la détection de l’événement le 9 septembre 2023, l’exploitant a procédé à la remise en conformité de la voie du système ASG en repositionnant la vanne correctement. L’ASN sera vigilante quant à l’analyse des causes humaines et organisationnelles ayant entraîné cette anomalie et aux actions prises pour éviter son renouvellement.

Par l’ASN, publié le 18/09/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/detection-tardive-de-l-indisponibilite-d-une-turbopompe-du-circuit-d-alimentation-de-secours-des-gv3

SAINTES – LE 21 SEPTEMBRE, JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA PAIX

Jeudi 21 septembre 2023 à 20h 30, l’association

Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire

organise à SAINTES,

Salle Saintonge N°1 – 11 Rue Fernand-Chapsal,

une soirée cinéma avec un film suivi d’un débat avec Jean-Marie Matagne, Philosophe, Président de l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire :

Le thème : Pourquoi la Bombe ?

Participation libre, places limitées

Pour plus d’infos, vous pouvez contacter l’association  

Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN), 31, Rue du Cormier – 17100 – SAINTES

Tel : +33 (0)6 73 50 76 61    

 contact@acdn.net, site :www.acdn.net

MARDI 26 SEPTEMBRE, CINÉ-DÉBAT À LYON AVEC LE FILM OPPENHEIMER

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, le 26 septembre, le cinéma Comoedia, à Lyon organise en partenariat avec notre campagne ICAN France un ciné-débat, autour du film Oppenheimer.

À l’issue de la projection, un échange sera réalisé en présence de Virginie Ollagnier, co-fondatrice de « La Revue Dessinée » et autrice du roman « Ils ont tué Oppenheimer » (Ed Anne Carrière, 2022) et de Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France.

Réservez dès à présent vos places avec un code promo (sur la page du film cliquez sur réservation et rentrer ce code : CL-HF-BGK) pour cette soirée qui débutera à 18H30. 

Communiqué ICAN France que vous pouvez retrouver sur : http://5o83.mj.am/nl3/7PnJkMkGtsBYnunafkP6Gw?m=AUUAACVxupwAAcwU5IoAAGLx0koAAP-Nb5wAJdWmAAUbfwBlBvK48kq6olj3R-Cyrn5-33mM_QAE5Zk&b=f7972303&e=4202836a&x=VOj1JdqLykFfTkrt5uA3x2nD98ZCrhpSNcIYMdikAUo

EN RUSSIE, KIM JONG-UN S’INTÉRESSE AUX BOMBARDIERS À CAPACITÉ NUCLÉAIRE

Les États-Unis et la Corée du Sud craignent que le resserrement des liens entre le Kremlin et la Corée du Nord ne permette à Kim Jong-un d’accéder à des technologies russes sensibles.

Kim Jong-un a inspecté des bombardiers stratégiques à capacité nucléaire, des missiles hypersoniques et des navires de guerre russes, en compagnie du ministre de la Défense russe, samedi 16 septembre. Souriant, le dirigeant nord-coréen a été accueilli par Sergueï Choïgou à l’aérodrome russe de Knevichi, à environ 50 km de la ville de Vladivostok, dans le Pacifique. Les États-Unis et la Corée du Sud craignent que le resserrement des liens entre Moscou et Pyongyang ne permette à Kim Jong-un d’accéder à des technologies russes sensibles, notamment des missiles, tout en aidant la Russie à s’armer dans sa guerre en Ukraine.

Sergueï Choïgou a montré à Kim Jong-un les bombardiers stratégiques russes – les Tu-160, Tu-95 et Tu-22M3 – qui sont capables de transporter des armes nucléaires et constituent l’épine dorsale de la force d’attaque aérienne nucléaire de la Russie. « Il peut aller de Moscou au Japon et en revenir », a déclaré le ministre de la Défense russe à propos de l’un de ces appareils. Le dirigeant nord-coréen a été montré en train de poser des questions sur la manière dont les missiles étaient tirés depuis l’avion, hochant parfois la tête et souriant.

Missiles hypersoniques. Le ministre russe lui a également montré l’avion intercepteur supersonique MiG-31I, équipé de missiles « Kinzhal », capables de transporter des ogives nucléaires ou conventionnelles. Ces missiles hypersoniques lancés par voie aérienne ont une portée de 1 500 à 2 000 km et peuvent se déplacer à une vitesse dix fois supérieure à celle du son (12 000 km/h). Après les avions et les missiles, Kim Jong-un a inspecté le navire de guerre de la flotte russe du Pacifique à Vladivostok, où il devait assister à une démonstration de la marine russe.

Vendredi, la Corée du Sud et les États-Unis ont affirmé que la coopération militaire entre la Corée du Nord et la Russie violait les sanctions de l’ONU contre Pyongyang et que les alliés veilleraient à ce qu’il y ait un prix à payer. De son côté, la Russie n’a pas ménagé ses efforts pour faire connaître la visite de Kim Jong-un et a multiplié les allusions à la perspective d’une coopération militaire avec la Corée du Nord, qui a été créée en 1948 avec le soutien de l’Union soviétique.

Par l’Opinion (avec Reuters), publié le 16 septembre 2023 à 12h15

Photo en titre : Kim Jong-un s’est déplacé à Vladivostok, en Russie, samedi 16 septembre.  –  AP/SIPA

https://www.lopinion.fr/international/en-russie-kim-jong-un-sinteresse-aux-bombardiers-a-capacite-nucleaire

NUCLÉAIRE : L’AIEA CONDAMNE L’EXCLUSION PAR L’IRAN DE PLUSIEURS DE SES INSPECTEURS

L’Iran a retiré l’accréditation de plusieurs inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) chargés de contrôler son programme nucléaire, a annoncé samedi l’instance onusienne, condamnant un geste « sans précédent« .

« Aujourd’hui, la République islamique m’a informé de sa décision de retirer la désignation de plusieurs inspecteurs expérimentés de l’Agence« , a écrit le directeur général Rafael Grossi dans un communiqué.

Avec cette mesure, qui intervient après un autre cas récent, « l’Iran a supprimé un tiers du groupe central » d’experts, ce qui « affecte directement et drastiquement » la capacité de l’AIEA à mener sa mission et à garantir le caractère pacifique des activités nucléaires, regrette-t-il.

Si elle est en théorie permise par les accords liant l’Agence à l’Iran, cette décision unilatérale est « disproportionnée et sans précédent« , insiste M. Grossi.

C’est « un pas de plus dans la mauvaise direction » et « porte un coup inutile à une relation déjà tendue« , estime-t-il, appelant le gouvernement à « revoir sa position » et à « rectifier le tir« .

Depuis plus de deux ans maintenant, l’AIEA peine à contrôler le programme nucléaire iranien, qui ne cesse de monter en puissance bien que Téhéran nie vouloir se doter de la bombe atomique.

« Politisation » de l’Agence

La République islamique a expliqué avoir pris cette mesure en riposte à l’avertissement lancé cette semaine par les États-Unis et les pays européens du groupe E3 (France, Allemagne et Royaume-Uni), à l’occasion du Conseil des gouverneurs réuni à Vienne, siège de l’AIEA.

Devant le « refus délibéré de l’Iran de collaborer avec l’Agence« , ils ont brandi la menace d’une nouvelle résolution. Si Téhéran « ne met pas en œuvre les actions essentielles et urgentes » requises, le Conseil « devra être prêt à prendre d’autres mesures« , avait prévenu le quatuor.

Pour l’heure, les puissances occidentales s’en sont tenues à une « déclaration conjointe » soutenue par une soixantaine de pays, exhortant l’Iran à « agir immédiatement » pour résoudre les contentieux avec l’AIEA.

Une prise de position jugée inacceptable par le gouvernement iranien.

« Malheureusement« , l’E3 et Washington « ont abusé de l’espace du Conseil à des fins purement politiques« , a accusé dans un communiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, insistant sur « la nécessité de la neutralité de l’Agence« .

La République islamique s’est affranchie progressivement des engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015 connu sous l’acronyme JCPOA, en réaction au retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.

Ce pacte était censé limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales.

Des discussions menées à Vienne par les différentes parties prenantes pour le ranimer ont échoué l’an dernier.

Par l’AFP, publié le 16 septembre 2023 à 22h48

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/nucleaire-laiea-condamne-lexclusion-par-liran-de-plusieurs-de-ses-inspecteurs-230916-0

UN NOUVEL ESSAI DU MISSILE DE CROISIÈRE RUSSE À PROPULSION NUCLÉAIRE « BOUREVESTNIK » SERAIT IMMINENT

En mars 2018, le président russe, Vladimir Poutine présenta six armes décrites comme étant « invincibles », dont le 9M730 Bourevestnik, un missile de croisière à propulsion nucléaire… et donc supposé avoir une portée illimitée.

Un tel concept n’était pas nouveau étant donné qu’il avait été imaginé par les États-Unis environ soixante ans plus tôt, dans le cadre du programme « Pluton », finalement abandonné après avoir englouti plus de 2 milliards de dollars [actuels].

Depuis, certaines de ces nouvelles armes « invincibles » ont été déclarées opérationnelles. Et l’une d’elles, à savoir le missile hypersonique Kinjal, a même été utilisé à plusieurs reprises pour des frappes en Ukraine, sans pour autant avoir eu un effet décisif sur le déroulement de la guerre. Quant au 9M730 Bourevestnik, son développement est encore en cours.

En effet, selon des sources du renseignement américain, citées par la chaîne d’information CNBC, ce missile à propulsion nucléaire aurait fait l’objet d’au moins quatre essais entre novembre 2017 et février 2018. Et aucun n’aurait été concluant.

Il fut même avancé que, au cours de l’un d’entre eux, un prototype aurait été perdu en mer de Barents, plus précisément dans les environs de l’île Ioujny qui, située dans l’archipel de la Nouvelle-Zemble, avait été évacuée dans les années 1950 pour y effectuer des tests nucléaires. En tout cas, cette hypothèse fut avancée pour expliquer la curieuse présence du navire-grue KIL-143 au sein d’une flottille qui, comprenant sept autres navires, avait été déployée dans ce secteur, en août 2018.

Un an plus tard, l’observation d’un pic de radioactivité à Severodvinsk, après une explosion survenue à la base de Nyonoksa [oblast d’Arkhangelsk], connue pour abriter un centre d’essais dédié aux missiles destinés aux sous-marins russes, relança les spéculations au sujet du 9M730 Bourevestnik [code Otan : SSC-X-9 Skyfall].

Plus tard, en leur rendant hommage, M. Poutine affirma que les cinq victimes, par ailleurs toutes employées par Rosatom, travaillaient au développement d’une nouvelle arme reposant sur la « technologie la plus avancée et sans précédent ». Et d’ajouter que celle-ci devait être « perfectionnée indépendamment de tout ».

Par la suite, des préparatifs en vue d’un présumé nouveau test du 9M730 Bourevestnik depuis l’archipel de Nouvelle-Zemble furent signalés en août 2021. Ce qui coïncidait d’ailleurs avec l’activité intense des avions de renseignement américains dans le nord de l’Europe à cette époque. Cet essai a-t-il été effectué? Mystère…

Quoi qu’il en soit, dans son dernier rapport public [Focus 2023], publié en janvier dernier, le renseignement militaire norvégien a avancé que la Russie allait « continuer à développer le système de torpilles Poséidon à propulsion nucléaire [l’une des six armes censées être « invincibles », ndlr] » ainsi que le 9M730 Bourevestnik. « Des essais supplémentaires sur l’archipel de Nouvelle-Zemble sont attendus », a-t-il affirmé, avant d’estimer qu’il « faudra plusieurs années » pour que ces deux systèmes soient opérationnels.

Ces nouveaux essais annoncés par le renseignement norvégien sont-ils imminents ? En tout cas, comme il y a deux ans, les missions de renseignement menées dans le nord de l’Europe dans le cadre de l’Otan se sont enchaînées au cours de ces derniers jours. À la différence près que les « avions espions » peuvent désormais voler dans l’espace aérien de la Finlande, ce qui les rapproche de Mourmansk.

Mais s’appuyant sur le renseignement en sources ouvertes, le quotidien Barents Observer a dit avoir constaté une activité intense sur l’archipel de Nouvelle-Zemble, et en particulier sur le site d’essais de Pankovo.

« L’imagerie satellitaire fréquemment mise à jour, le suivi des navires ainsi que les avis aux aviateurs [NOTAM] et aux navigateurs [PRIP] » émis depuis le mois d’août « ont permis de relier cette activité aux essais du Bourevestnik », avance le journal. Et d’ajouter qu’un missile tiré depuis le site de Pankovo « pourrait soit être dirigé vers la mer de Barents, soit toucher une cible située au nord de la Nouvelle-Zemble ».

Reste à voir quand cet essai aura lieu [si c’est bien de cela qu’il s’agit]… Le premier NOTAM a été émis pour la première fois le 31 août dernier… Et il a été prolongé jusqu’au 24 septembre, ce qui laisse supposer que le tir est imminent.

En attendant, les autorités norvégiennes sont inquiètes, notamment à cause des rejets radioactifs. C’est en effet ce qu’a confié l’amiral Nils Andreas Stensønes, le chef du renseignement militaire, au Barents Observer. « Les services de renseignement suivent de près les programmes et essais d’armes russes, y compris celui-ci », a-t-il dit, sans donner plus de détails.

Par Laurent Lagneau, publié le 16 septembre 2023

https://www.opex360.com/2023/09/16/un-nouvel-essai-du-missile-de-croisiere-russe-a-propulsion-nucleaire-bourevestnik-serait-imminent/

COÛTS DU NUCLÉAIRE : L’ÉTRANGE SILENCE DE L’ÉTAT

Alors que la Commission de régulation de l’énergie a remis au gouvernement, en début de semaine, son rapport sur les coûts de production de l’électricité générée par les réacteurs d’EDF, aucun chiffre n’a encore été communiqué. Une opacité qui interroge, alors que ces informations seront cruciales pour déterminer le futur modèle de régulation des prix du nucléaire. Lequel fait actuellement l’objet d’intenses négociations, et devra être arrêté, en principe, dans moins de trois mois.

Silence radio au sommet de l’État. Tandis que la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a remis à l’exécutif un rapport sur les coûts réels de production de l’électricité nucléaire d’EDF, ce mercredi 13 septembre, aucune conclusion n’a été rendue publique. Interrogé, le gendarme de l’énergie renvoie vers le gouvernement… lequel ne répond tout simplement pas aux sollicitations.

Pourtant, à l’origine, la CRE devait présenter une synthèse de ce rapport à l’occasion de sa réunion de rentrée. Mais celle-ci a eu lieu jeudi, et sur ce sujet, le mutisme était total. « Nous avons rendu ces travaux au gouvernement. Je peux difficilement aller plus loin aujourd’hui », a coupé court sa présidente, Emmanuelle Wargon. Et ce, alors que l’Hexagone négocie en ce moment même, à Bruxelles et à Strasbourg, le futur modèle de régulation du nucléaire existant, qui devra être tranché dans ses grandes lignes d’ici à la fin de l’année.

Prix de vente proche de 100 euros le MWh

Car pour l’État français, comme pour EDF et les consommateurs d’ailleurs, les enjeux sont immenses. En effet, il s’agit là de trouver le successeur de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), un mécanisme qui oblige depuis 2011 EDF à vendre une partie de sa production au prix de 42 euros le mégawattheure (MWh), afin de faire profiter les Français de la « rente » du nucléaire. Or, ce n’est plus un secret pour personne : depuis quelques années, les coûts de production du parc atomique ont largement augmenté, pour atteindre un niveau bien supérieur à 42 euros le MWh. Mais jusqu’à quel niveau exactement ?

« En pleine discussion sur le devenir de l’ARENH, le gouvernement ne veut probablement pas que l’estimation des coûts de production par la CRE fuite, et que les nouveaux chiffres donnent lieu à des controverses », estime un connaisseur du dossier.

Selon nos informations, EDF, qui ne compte pas vendre ses MWh à prix coûtant afin de dégager des marges pour investir dans le prolongement et le renouvellement de son parc, mise en tout cas sur un prix de vente inférieur à 100 euros le MWh, mais proche de ce montant. Difficile néanmoins, sans accéder aux conclusions de la CRE, de savoir quelle est la part des coûts de production dans ce prix global proposé par l’énergéticien.

D’autant que pour les calculer, différentes méthodes existent. En l’occurrence, le document remis par la CRE est une mise à jour d’un rapport de septembre 2020 déjà très confidentiel, qui évaluait le coût de production à 48,36 euros le MWh, soit cinq euros de moins que celui donné par EDF à l’époque, avait alors rapporté Contexte.

Il s’agissait cependant là d’un coût dit « comptable », c’est-à-dire qui ne tenait pas compte des dépenses d’investissements à réaliser sur la durée de vie des réacteurs. De son côté, la Cour des comptes avait estimé dès 2013 qu’en intégrant ces nécessaires investissements dans le coût de production moyen des 19 centrales nucléaires françaises (coût courant économique), celui-ci grimpait à 59,80 euros par MWh. Soit un chiffre en hausse de 20,6% par rapport au montant calculé en 2010 (49,5 euros le MWh). En septembre 2021, dans un nouveau rapport, la juridiction financière établissait cette fois que le coût du MWh rapporté à la production de 2019 s’élevait jusqu’à 64,8 euros le MWh.

« Sur les coûts économiques de production, on sera probablement autour de 60-70 euros le MWh, et environ 90 euros le MWh pour le prix de vente », glisse pour sa part un ancien cadre dirigeant d’EDF ayant requis l’anonymat.

Investissements pharaoniques

Ainsi, si le coût de l’électricité issue du parc d’EDF a monté en flèche, c’est notamment parce qu’il faut désormais y intégrer les frais du Grand Carénage, ce vaste programme pour prolonger au maximum les installations existantes estimé à 100 milliards d’euros (75 milliards d’investissements et 25 milliards pour l’exploitation).

« Quand l’ARENH a été mis en place il y a plus de dix ans, le montant de 42 euros par MWh renvoyait au coût comptable auquel le nucléaire revenait à EDF, en l’absence du Grand Carénage. Il n’y avait pas d’investissements nouveaux en-dehors de l’EPR de Flamanville, donc aucune raison d’incorporer des marges et d’augmenter fortement le prix de l’électricité nucléaire. Mais tout cela a changé », explique à La Tribune l’économiste Jacques Percebois, qui siégeait à la fameuse Commission Champsaur de 2009, à l’origine de l’instauration d’un accès régulé à l’énergie nucléaire.

Or, dans le rapport de la Cour des comptes publié en septembre 2021 sur les coûts du système énergétique, la juridiction financière estime que « le coût de prolongation de la durée de vie [des centrales, ndlr] peut être estimé au minimum à 35 euros (de 2015) par MWh ». Soit, avec l’inflation, environ 40 euros d’aujourd’hui. Et d’ajouter qu’« il faut y ajouter les investissements passés qui n’ont pas encore été complètement amortis et doivent encore être rémunérés pour obtenir le coût complet futur de production du nucléaire existant ».

Par ailleurs, la question d’intégrer ou non dans le prix de revient des centrales historiques une partie des dépenses à venir pour le renouvellement du parc se pose, alors que la construction des 6 premiers EPR2 voulus par Emmanuel Macron devrait coûter entre 52 et 56 milliards d’euros, selon un rapport publié l’an dernier par le gouvernement. C’est en tout cas l’option privilégiée par EDF, qui compte sur une rotation des cashflows dégagés par ses installations existantes afin de préparer l’avenir. D’autant que l’électricité générée par les futurs réacteurs promet d’être chère, avec des estimations situées entre 80 et 100 euros le MWh.

L’impact des baisses de production

Enfin, le faible niveau de production nucléaire constaté ces dernières années renchérit mécaniquement le prix de revient de cette source d’énergie. Et pour cause, alors qu’en 2015, les centrales françaises ont généré 420 térawattheures (TWh), ce n’était plus que 279 TWh l’an dernier, et 330 TWh au plus cette année, selon les prévisions de l’énergéticien. En cause, notamment : un défaut de corrosion sous contrainte identifié fin 2021 dans plusieurs réacteurs, l’obligeant à contrôler l’ensemble des installations, ainsi que des arrêts prolongés de tranches liés aux examens du Grand Carénage.

« Le coût à la sortie de la centrale, c’est la somme des dépenses divisée par la quantité de kWh produite. Logiquement, si cette quantité diminue, le coût augmente. L’intérêt d’un électricien, c’est donc que ses centrales fonctionnent à plein, pour étaler les coûts fixes sur un grand nombre de kWh », explique un spécialiste.

Une énergie trop chère ?

Alors, tout ceci remet-il en cause l’intérêt économique du nucléaire en France ? Pour comparer son coût à celui des énergies renouvelables, en tout cas, mieux vaut prendre en compte le système complet. Car si les MWh d’éolien et de solaire peuvent, à première vue, paraître moins chers à la sortie, les coûts mirobolants liés à la gestion de leur intermittence et à leur raccordement, notamment, peuvent rapidement renverser l’équation. Pour le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE, ces coûts additionnels seront d’ailleurs « plus importants dans des scénarios avec une très forte part en énergies renouvelables ».

« Le coût complet d’un mix électrique ne résulte pas de la simple addition des coûts de production de chaque filière en présence, mais doit intégrer les coûts du système électrique dans son ensemble, et notamment les coûts liés au dimensionnement du réseau électrique ou encore ceux liés aux besoins d’équilibre permanent entre offre et demande (coût de stockage, de flexibilité de la demande, etc.) », pointe d’ailleurs la Cour des comptes dans son rapport de 2021.

Il n’empêche, le renchérissement du nucléaire paraît désormais indéniable. Dans ces conditions, « une meilleure identification des dépenses liées à [sa] prolongation permettrait de rendre compte de la pertinence d’une telle prolongation par rapport au développement de nouveaux moyens de production », ajoute la Cour des comptes dans le rapport susnommé. Reste donc à voir ce qu’en dit la CRE.

Par Marine Godelier , publié le 15 septembre 2023 à 17h10, mis à jour à 23h35

Photo en titre : Crédits : Reuters

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/couts-du-nucleaire-l-etrange-silence-de-l-etat-976403.html

PISCINE EDF À LA HAGUE : LE COLLECTIF PISCINE NUCLÉAIRE STOP VEUT UN ASSAINISSEMENT TOTAL

Le collectif Piscine nucléaire stop, qui lutte contre l’implantation à La Hague (Manche) sur le terrain d’Orano d’une nouvelle piscine EDF de stockage de combustibles nucléaires usés, reproche le mode d’assainissement de la zone choisie pour sa construction.re Planète

Le collectif Piscine nucléaire stop a plus que tiqué à la lecture des écrits de l’ASN sur la consultation publique (terminée le 1er septembre 2023) portant sur l’assainissement du parc aux Ajoncs, où EDF veut implanter une piscine de combustibles nucléaires usés. Ce site, sur les terres d’Orano La Hague, étant pollué par différents éléments radioactifs, l’industriel a arrêté une solution dite « d’assainissement poussé », permettant  « la mise en place des installations d’entreposage ».

Le gendarme du nucléaire pousse le bouchon un peu loin, constatant que cela permettra « une utilisation agricole de type production maraîchère (qui) pourrait y être possible ».

Un assainissement réalisé pour être compatible avec la piscine de stockage

De son côté, en novembre 2022, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) pointait d’ailleurs dans un rapport que le procédé arrêté « ne vise pas à rendre l’état des sols compatible avec tous les usages mais est considéré in fine au regard du seul usage lié à la piscine », soulignant qu’il pourra être nécessaire de réaliser un assainissement ultérieurement définitif « qui devra viser la compatibilité avec tous les usages ».

Selon les opposants au projet, la solution de traitement retenue par l’industriel, « ne pousse pas suffisamment les investigations pour lever toutes les incertitudes quant à la quantité de terres marquées à évacuer pour obtenir un terrain convenable ».

Par Ouest-France, publié le 14/09/2023 à 19h41

Photo en titre : Le site d’Orano La Hague (Manche), où des travaux d’assainissement sont en cours zone du parc aux ajoncs (cerclée de rouge). Les modalités contestées par les opposants au projet de piscine. | ORANO

https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/piscine-edf-a-la-hague-le-collectif-piscine-nucleaire-stop-veut-un-assainissement-total-388a9368-52e5-11ee-9362-83e989fcdfdb

KANSAI ELEC, LE PRINCIPAL OPÉRATEUR NUCLÉAIRE JAPONAIS, REDÉMARRE UN SEPTIÈME RÉACTEUR

La compagnie japonaise Kansai Electric Power a redémarré vendredi un réacteur vieux de 47 ans dans sa centrale nucléaire de Takahama, dans l’ouest du pays, a déclaré un porte-parole de la compagnie, ajoutant près d’un gigawatt d’électricité pour réduire encore la consommation de gaz.

Le réacteur de 826 mégawatts (MW), lancé en 1975, était à l’arrêt depuis novembre 2011, la catastrophe nucléaire de Fukushima ayant incité le Japon à mettre à l’arrêt la plupart de ses réacteurs et à renforcer les normes de sécurité.

Suite à l’approbation spéciale du gouvernement pour prolonger sa durée de vie au-delà de la limite standard de 40 ans, le réacteur Takahama No.2 devient le troisième réacteur de ce type au Japon, après Mihama No.3 et Takahama No.1 de Kansai Electric, à être remis en service.

Les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) par le Japon, deuxième acheteur mondial de ce combustible après la Chine, ont chuté de 17,4 % en juillet, selon les données douanières, grâce au redémarrage de l’énergie nucléaire et à l’utilisation croissante des énergies renouvelables.

Après le redémarrage de vendredi, le Japon dispose de 12 réacteurs en activité d’une capacité combinée de 11,6 GW, soit un tiers de la capacité de 33,1 GW des 33 réacteurs désignés pour un usage commercial.

Les analystes estiment que chaque gigawatt de puissance nucléaire équivaut à un million de tonnes métriques de GNL par an, de sorte que les redémarrages pourraient réduire les importations annuelles d’un dixième cette année, ce qui constituerait la plus forte baisse depuis la catastrophe de Fukushima, et contribuerait à faire baisser les prix du GNL en Asie.

Kansai est le plus grand exploitant d’énergie nucléaire du Japon, et ses sept réacteurs approuvés pour une utilisation commerciale sont tous en service. Il prévoit de suspendre son réacteur Takahama n° 3 à partir du 18 septembre pour une maintenance régulière et de redémarrer complètement les opérations en janvier.

Comme les énergies nucléaires et renouvelables du Japon ne peuvent pas encore remplacer complètement le gaz, les stocks de GNL des compagnies d’électricité sont restés à leur niveau le plus bas depuis près d’un an et demi pour la deuxième semaine consécutive, a déclaré le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie.

Les compagnies d’électricité, qui détiennent environ la moitié des stocks de GNL du Japon, avaient des stocks de 1,68 million de tonnes, soit une légère augmentation par rapport au chiffre du 3 septembre (1,66 million), le temps frais ayant réduit les besoins en climatisation.

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Par © Reuters – 2023, publié le 15 septembre 2023 à 11h37

https://www.zonebourse.com/cours/action/TOKYO-ELECTRIC-POWER-COMP-6491247/actualite/Kansai-Elec-le-principal-operateur-nucleaire-japonais-redemarre-un-septieme-reacteur-44851281/

LE CHEF DE L’AIEA EXCLUT QUE LA RUSSIE S’ENGAGE DANS LE COMMERCE DE TECHNOLOGIES D’ARMES NUCLÉAIRES AVEC LA CORÉE DU NORD

SÉOUL, 15 sept. (Yonhap) — Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré ce vendredi ne pas concevoir que la Russie s’engage dans le commerce de technologies liées aux armes nucléaires avec la Corée du Nord.

Le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a déclaré dans un entretien exclusif avec l’agence de presse Yonhap qu’il ne pensait pas qu’un État doté d’armes nucléaires, tel que la Russie, reconnu par le traité de non-prolifération, « puisse s’engager dans le commerce ou le transfert d’une quelconque technologie d’armement nucléaire à un pays qui se trouve de facto en dehors du régime ».

« Je ne peux concevoir que des pays s’engagent dans le commerce ou l’échange (de technologies liées aux armes nucléaires) avec un pays qui a une relation aussi problématique avec le régime de non-prolifération que la RPDC », a déclaré Grossi à Yonhap lors de l’entretien vidéo réalisé en ligne. RPDC désigne la République populaire démocratique de Corée, le nom officiel de la Corée du Nord.

Grossi a également insisté sur le fait que la Russie, dans ses relations avec la Corée du Nord, était consciente de ses obligations en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. « J’espère sincèrement que cela continuera d’être le cas », a-t-il ajouté.

Le sommet entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président russe Vladimir Poutine s’est tenu mercredi au centre spatial de Vostochny, dans l’est de la Russie, à l’occasion de leur première rencontre depuis plus de quatre ans.

Grossi a souligné que la Russie « peut aider » la Corée du Nord à nouer des liens avec l’AIEA ou à créer des « voies de renforcement de la confiance » qui ont été rompues entre la Corée du Nord et d’autres pays, notamment la Corée du Sud.

En réponse à l’ouverture partielle de la frontière nord-coréenne après plus de trois ans de restrictions imposées suite au Covid-19, le chef de l’AIEA a déclaré que son organisation n’avait pas discuté avec Pyongyang de la possibilité pour les inspecteurs nucléaires de l’agence, qui avaient été expulsés en 2009, de revenir dans le pays.

En ce qui concerne les activités au complexe nucléaire de la Corée du Nord, le directeur général a déclaré qu’il y avait toujours des « éléments très préoccupants ».

Grossi a déclaré lundi au conseil des gouverneurs de l’AIEA que le site d’essai nucléaire nord-coréen de Punggye-ri restait prêt à accueillir un essai nucléaire et que l’agence continuait à voir des signes d’activité à proximité.

« Ce que nous avons, c’est un programme qui échappe totalement à tout contrôle, à toute interaction avec une autorité de surveillance indépendante ou à toute expertise en matière de sûreté nucléaire », a-t-il déclaré, soulignant que son agence suivait les développements connexes avec un « intérêt énorme ».

« Nous sommes disponibles et nous voulons, bien sûr, que la Corée du Nord travaille avec nous

Par mathieu@yna.co.kr, publié le 15.09.2023 à 22h08

Photo en titre : Le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, accorde une interview vidéo en ligne à l’agence de presse Yonhap, le 15 septembre 2023.

https://fr.yna.co.kr/view/AFR20230915002700884

BELLEVILLE -SUR-LOIRE : PROJET DE DÉCISION DE L’ASN CONCERNANT LES REJETS DE TRITIUM

Consultation du 14/09/2023 au 15/10/202 concernant les réacteurs de 1300 MWe de la Centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire.

Projets de décisions de l’ASN modifiant les décisions relatives aux prélèvements et aux rejets dans l’environnement des effluents liquides et gazeux de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire

Les rejets et les prélèvements d’eau de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire sont actuellement réglementés par les deux décisions suivantes :

– la décision n°2014-DC-0414 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 16 janvier 2014 fixant les limites de rejets dans l’environnement des effluents liquides et gazeux des installations nucléaires de base n° 127 et n° 128 exploitées par Électricité de France – Société Anonyme (EDF-SA) dans les communes de Belleville-sur-Loire et Sury-près-Léré (décision « limites »)1

– la décision n°2014-DC-0413 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 16 janvier 2014 fixant les prescriptions relatives aux modalités de prélèvement et de consommation d’eau et de rejets dans l’environnement des effluents liquides et gazeux des installations nucléaires de base n° 127 et n° 128 exploitées par Électricité de France – Société Anonyme (EDF-SA) dans les communes de Belleville-sur-Loire et Sury-près-Léré (décision « modalités ») 2

L’ASN a reçu le 30 avril 2018 une demande de modification des prescriptions en vigueur déposée par EDF.

Les principaux enjeux associés aux demandes formulées par EDF concernent :

– la prescription de limites relatives aux rejets des substances chimiques issues de la mise en œuvre du traitement biocide à la monochloramine : cela concerne les rejets de sodium, de chlorures, d’ammonium, de nitrates et nitrites, d’halogène organique adsorbable (AOX) et de chlore résiduel total (CRT). La mise en œuvre de ce traitement s’inscrit dans le cadre des prescriptions de la décision n° 2016-DC-0578 de l’ASN relative à la prévention des risques résultant de la dispersion de micro-organismes pathogènes (légionelles et amibes) par les tours aéroréfrigérantes des centrales nucléaires ;

– la prescription d’une limite pour le rejet d’une nouvelle substance issue de la mise en œuvre d’un traitement antitartre des circuits de refroidissement des condenseurs (antitartre organique) qui permet de limiter l’encrassement des installations, ce qui est favorable à leur performance mais également à la prévention de la formation de colonies de micro-organismes pathogènes ;

– l’augmentation de la limite annuelle en tritium dans les effluents liquides en cohérence avec le retour d’expérience du fonctionnement des réacteurs et l’objectif de privilégier les rejets sous forme liquide par rapport aux rejets gazeux en tritium en raison de l’incidence radiologique plus importante des rejets sous forme gazeuse ;

– la réduction des limites de rejet en cuivre et zinc, après que les condenseurs équipés de tubes en laiton auront été remplacés.

Cette demande a été soumise à évaluation environnementale en raison du projet de création d’une installation de traitement contre la prolifération des micro-organismes pathogènes sur la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire et de l’augmentation significative de certaines limites associées à la mise en œuvre de ce traitement. Le dossier de demande de modification d’EDF a été soumis à une enquête publique qui s’est déroulée du 13 décembre 2020 au 28 janvier 2021.

À la suite de son instruction, l’ASN considère que les deux décisions réglementant les rejets et les prélèvements d’eau de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire doivent être modifiées. Les modifications des limites de rejets demandées par EDF ont fait l’objet d’une évaluation de leur incidence sur l’environnement et la santé humaine. Cette évaluation conclut à l’acceptabilité des demandes formulées par EDF. L’instruction de l’ASN a conduit également à limiter autant que possible les augmentations de limites de rejets et à réduire certaines d’entre elles.

Les nouvelles prescriptions figurent dans deux projets de décision définissant respectivement les limites de rejet dans l’environnement et les modalités de prélèvement et consommation d’eau, de rejet d’effluents et de surveillance dans l’environnement.

Les projets de décision sont soumis à la consultation du public en application de l’article L. 123-19-2 du code de l’environnement qui fixe les conditions et modalités de participation du public à l’élaboration des décisions individuelles ayant une incidence sur l’environnement.

[1] https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-individuelles/decision-n-2014-dc-0414-de-l-asn-du-16-janvier-2014

[2] https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-individuelles/decision-n-2014-dc-0413-de-l-asn-du-16-janvier-2014

Modalités de la consultation

Référence de la consultation [2023.09.53]

Modalités de la procédure de participation du public portant sur les projets de décision de l’Autorité de sûreté nucléaire modifiant les décisions relatives aux prélèvements et rejets dans l’environnement de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (INB 127 et INB 128)

Les projets de décisions de l’ASN fixant les prescriptions relatives aux modalités de prélèvement et de consommation d’eau, de rejet d’effluents et de surveillance de l’environnement et fixant les valeurs limites de rejets dans l’environnement des effluents du site nucléaire de Belleville-sur-Loire (INB 127 et INB 128), exploité par Électricité de France (EDF) dans les communes de Belleville-sur-Loire et Sury-près-Léré, sont mis à disposition du public par voie électronique sur le site de l’ASN pour une durée de 21 jours, du 15 septembre au 15 octobre  2023.

Les projets de décisions de l’ASN seront également présentés à la commission locale d’information de Belleville-sur-Loire et au conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST) du Cher.

Les observations peuvent être faites par voie électronique sur le site Internet de l’ASN jusqu’à la date du 15 octobre 2023.

Documents à consulter

Projets de décision

projet décision modificative limites BEL 2023.pdf (PDF – 289.81 ko) projet décision modificative modalités BEL 2023.pdf (PDF – 300.18 ko)

Documents associés à la consultation

projet décision modificative limites BEL 2023 (PDF – 289.81 ko) projet décision modificative modalités BEL 2023 (PDF – 300.18 ko)

Retrouvez cet article sur le site de l’ASN: https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/consultations-du-public/belleville-sur-loire-projets-de-decisions-modificatives-rejets

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NDLR : Vous remarquerez que lorsqu’une norme ne peut pas être respectée par un industriel, il suffit de modifier la norme pour qu’il puisse continuer à polluer en toute légalité !

Pour mémoire, la période radioactive du tritium est de 12,3 ans, c’est-à-dire qu’au bout de 12,3 ans, il n’a perdu que la moitié de sa radioactivité et qu’il faut donc 10 périodes (soit 123 ans) pour que sa radioactivité d’origine soit divisée par 1000.

OUI, l’industrie nucléaire rejette « légalement » et en permanence des éléments radioactifs dans l’eau et l’air de notre planète!

NUCLÉAIRE. MISE EN SERVICE DE L’EPR DE FLAMANVILLE : LES CONTRIBUTIONS SE MULTIPLIENT

Depuis le 5 juin jusqu’au 15 septembre 2023, le public est invité à s’exprimer au sujet de « la demande de mise en service du réacteur EPR de Flamanville » (Manche).

Les avis se multiplient, la participation s’accélère même, dans la dernière ligne droite de la dernière consultation publique au sujet de « la demande de mise en service du réacteur EPR de Flamanville » (Manche).

Elle se termine ce vendredi 15 septembre 2023. À deux jours de l’échéance, on pouvait prendre connaissance de plus de 500 contributions en ligne (514 exactement à 20h10, ce 13 septembre), déposées sur le site internet de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Plus de la moitié l’a été depuis le 1er septembre.

À lire aussi : Ce que dit l’Autorité de sûreté nucléaire sur les sites de la Manche en 2022

« Le dernier » versus « un bon départ »

Le public avait la possibilité de consulter l’ensemble du dossier (rapport de sûreté, règles d’exploitation, plan de démantèlement, étude d’impact, mémoire d’EDF en réponse à l’avis de l’autorité environnementale, etc.), des milliers de pages partagées sur Internet, mais aussi en version papier à la préfecture de la Manche, dans les sous-préfectures, dans l’espace France Services des Pieux et en mairie de Flamanville.

Sur le site internet de l’ASN, les commentaires sont de tous bords, y compris des plus pragmatiques. Ainsi, un avis développe cet argument : « Après de pareilles dépenses, on ne peut qu’essayer de rentabiliser l’installation. »

« Mais quand on prend en compte le fossé gigantesque entre les coûts prévus et réels, les problèmes rencontrés au cours de la fabrication, les problèmes entre autres de corrosion sur les centrales existantes, les pénuries d’eau pour le refroidissement, le stockage des déchets, notre dépendance de pays instables pour la fourniture des matières premières, les risques engendrés par cette activité… Il faut que ce soit le dernier et il faut qu’on concentre nos efforts sur éolien, voltaïque avec panneaux européens, géothermie, hydrolien, hydrogène. » Un internaute

Parmi les avis favorables, les arguments mettent en avant la fiabilité de l’énergie nucléaire, l’indépendance et la souveraineté énergétique française, les besoins en électricité, la réduction de l’utilisation des énergies fossiles, les enjeux pour le climat. « Dans un contexte de crise énergétique et climatique, un tel projet est un bon départ », lit-on parmi les contributions.

« L’analyse des experts de l’ASN, de l’IRSN et d’EDF n’est pas assez vulgarisée pour que les non-experts puissent se faire un avis pertinent, au-delà des clivages préexistants. » Un autre internaute

En la matière, les défavorables dénoncent des méthodes de concertation plus intimidantes que concernantes, en plus des dangers de lancer ce réacteur de nouvelle génération. Mener cette consultation pendant l’été interroge aussi.

Avis et propositions vont faire l’objet d’une synthèse, avant une consultation complémentaire. L’ASN reviendra en effet vers le public sur son « projet de décision », en faveur ou non de la mise en service de l’EPR.

Un manque de vulgarisation pointé du doigt

« Une des conditions pour qu’on puisse la lancer est que la nouvelle phase d’essais qu’EDF va engager dans les prochaines semaines soit achevée », précise à notre demande l’ASN, qui « prendra ainsi position sur la demande d’autorisation de mise en service lorsque l’installation sera achevée et que les derniers résultats d’essais seront satisfaisants. Dans ce processus, l’ASN porte une attention particulière à la préparation de l’exploitant et à l’état technique des installations. »

De son côté, EDF prévoit de charger l’EPR en combustibles au premier trimestre 2024, pour un démarrage et un raccordement au réseau durant l’été suivant, près de 20 ans après les premiers travaux.

Par Géraldine Lebourgeois, publié le 14 septembre 2023 à 12h05

Photo en titre : À la suite de cette consultation estivale, l’Autorité de sûreté nucléaire prévoit de consulter à nouveau le public si elle envisage de donner son feu vert à la mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche). (©Document transmis à La Presse de la Manche)

https://actu.fr/normandie/flamanville_50184/nucleaire-mise-en-service-de-l-epr-de-flamanville-les-contributions-se-multiplient_60081068.html

PRIX DU NUCLÉAIRE : LA COURSE CONTRE LA MONTRE D’EDF ET DE L’ÉTAT FRANÇAIS

Le modèle de régulation des prix du nucléaire, qui devrait préserver les usagers de la volatilité des prix de l’électricité et déterminer le coût de financement des futurs réacteurs, devra être défini d’ici à la fin de l’année, a affirmé la présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), Emmanuelle Wargon, ce jeudi 14 septembre. Mais à moins de trois mois de l’échéance, le sujet se transforme en véritable sac de nœuds. Car l’État français, désireux d’avancer vite, se heurte à l’opposition de la Commission européenne. Mais aussi d’EDF, qui ne compte pas se laisser imposer n’importe quelle condition au motif de la protection du pouvoir d’achat des consommateurs.

C’est une course contre la montre qui s’est engagée, à Paris comme à Bruxelles, sur le futur schéma de régulation des prix du nucléaire. Car ce sujet crucial pour la France devra être tranché, sur le principe, dans moins de trois mois, alors qu’EDF compte sur un cadre clair pour prolonger son parc et assurer un modèle économique viable à ses futurs réacteurs. « La volonté, c’est qu’un modèle soit défini et partagé d’ici à la fin de l’année », a ainsi affirmé Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), ce jeudi 14 septembre. Un calendrier confirmé par de nombreuses sources informées, chez EDF comme ailleurs.

Si ce dossier s’avère très technique, il n’en reste pas moins concret, puisqu’il déterminera le prix de l’électricité payé par les consommateurs, alors que les cours restent très élevés sur les marchés. Mais aussi le coût de financement pour la construction des prochaines centrales, lequel affectera forcément la facture des citoyens.

À la recherche de la formule magique

Et pour cause, ceux-ci sont aujourd’hui préservés de la volatilité du marché, en partie du moins, par l’ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire historique). Ce mécanisme a été mis au point il y a une dizaine d’années, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence voulue par l’Union européenne, pour faire profiter chacun de la « rente » du nucléaire français, étant donné que les coûts de construction du parc avaient été amortis. Avec cet outil, l’État impose ainsi à EDF de vendre une partie de sa production (100 térawattheures) à ses concurrents au prix fixe de 42 euros le mégawattheure (MWh), ce qui l’empêche de dégager des marges sur ces volumes en cas d’augmentation des prix de vente sur les marchés. Un prix qui ne reflète plus ses coûts de production, et a largement contribué à sa dégradation financière.

Seulement voilà : cet instrument qualifié de « poison » par l’ancien PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, doit tirer sa révérence d’ici à fin 2025. Alors, pour lui trouver rapidement un remplaçant, l’exécutif s’active. Et cherche la formule magique, permettant à la fois de protéger les consommateurs de prix trop élevés, de donner de la visibilité à long terme à ces derniers comme à EDF, mais aussi de permettre à l’électricien historique d’investir massivement pour le prolongement, puis le renouvellement de son parc atomique.

Le Parlement et la Commission s’opposent à un prix plancher sur le nucléaire existant

Déjà épineux, l’exercice se heurte aux fourches caudines de Bruxelles : alors que le gouvernement espérait recourir à un mécanisme prêt-à-l’emploi pour réguler les prix du nucléaire, appelé « contrat pour différence » (CfD), la Commission européenne se montre très réticente. Et pour cause, il s’agirait là de définir, dans le cadre d’un deal signé entre EDF et l’État, un prix plancher pour la vente des MWh issus des centrales existantes d’EDF. Si les prix de marché venaient à passer en-dessous de ce fameux prix, la puissance publique comblerait la différence auprès d’EDF, afin de lui éviter des pertes. « C’est une ligne rouge pour la Commission », glisse à La Tribune une source interne.

« Celle-ci ne veut pas faciliter la position française sur le nucléaire historique », ajoute le spécialiste du marché de l’électricité Jacques Percebois.

Et la Commission n’est pas la seule à faire barrage : alors que les États membres planchent actuellement sur la question en conseil de l’UE, sous présidence espagnole (elle-même opposée à cette idée), le Parlement européen a d’ores et déjà voté contre, malgré la pression de la France. Résultat : le dossier piétine, au grand dam de Paris.

« La discussion au niveau communautaire dépasse la seule question technique, pour devenir un débat plus politique sur la place du nucléaire en Europe », a pointé jeudi Emmanuelle Wargon.

Un prix plafonné à 120 euros le MWh ?

Comme si ce n’était pas suffisant, le sujet suscite également d’intenses tractations au niveau national, entre l’État et EDF. Car pour faire valoir ses intérêts, ce dernier cherche à imposer sa propre régulation du marché. « EDF veut bien des CfD sur le nucléaire existant, mais il ne veut pas qu’ils soient obligatoires », note une source proche du dossier à Bruxelles.

Plutôt que la recherche du coût le plus bas possible pour le consommateur, EDF espère ainsi surtout éviter un système similaire à l’ARENH, et tente ainsi d’obtenir un prix de vente de son électricité nucléaire bien supérieur à 42 euros le MWh. Malgré l’importance de cette question, le gouvernement brille néanmoins par son manque de transparence : alors que la CRE lui a remis hier un rapport sur le coût du nucléaire existant, aucun élément n’a encore été rendu public.

Vraisemblablement, EDF plaide plutôt pour que ce prix flirte autour de 100 euros le MWh, avec une proposition de plafonnement à 120 euros le MWh. Le but : lui permettre de dégager une marge suffisante afin d’investir dans le futur parc, et attirer les investisseurs. « EDF est prêt à s’endetter s’il bénéficie d’un cadre qui lui garantit qu’il va récupérer la mise. S’il vend au marché sans savoir à l’avance à quel prix, les prêteurs vont forcément se montrer réticents », explique Jacques Percebois.

EDF cherche à mener la danse

Et pour sécuriser ce prix sur le long terme, EDF ne compte d’ailleurs pas que sur l’État, loin de là. Réticent à l’idée de s’enfermer dans un cadre rigide aux conditions définies par l’exécutif, l’énergéticien (dont l’État a récemment acquis 100% du capital) s’active pour multiplier les Power Purchase Agreement (PPA), des contrats de droit privé conclus avec de gros clients, à l’instar de fournisseurs alternatifs (type TotalÉnergies) ou d’industriels électro-intensifs.

« Leur ligne, c’est qu’ils seraient prêts à signer des contrats de gré à gré sur 5 ans avec des PME, et sur 10 ans avec de gros énergivores », précise Jacques Percebois.

Enfin, EDF a proposé il y a quelques jours une autre option : les PPA avec mise aux enchères. Comme nous l’expliquions le 7 septembre, il s’agirait en fait de permettre aux fournisseurs alternatifs essentiellement, mais aussi aux traders et aux grosses entreprises, d’acheter dès la mi-septembre des mégawatts pour chaque heure de l’année 2027 et 2028 sur un marché parallèle dans lequel seraient injectés des volumes d’électricité nucléaire. Cette action n’est actuellement pas possible sur le marché de gros (qui n’est pas accessible aux particuliers et aux entreprises classiques), où la très grande majorité des contrats se négocie pour 2026 au plus tard.

L’objectif serait donc de faire émerger un marché de moyen terme, qui n’existe pas aujourd’hui, et de créer de la liquidité sur ce marché. « Avec cette nouvelle proposition, EDF veut montrer qu’il fera jouer la concurrence, puisque ce ne sera pas lui qui imposera directement le prix de vente. Ce qui devrait plaire à Bruxelles », note Jacques Percebois. L’électricien historique fixera cependant un prix de réserve confidentiel, en-dessous duquel il ne négociera pas. Pas de doute : pressé de fermer définitivement le chapitre ARENH, EDF ne compte plus se laisser imposer des conditions allant à l’encontre de ses propres intérêts.

Par Marine Godelier , publié le 14 septembre 2023 à 17h34

Photo en titre : Crédit STÉPHANE MAHÉ

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/prix-du-nucleaire-la-course-contre-la-montre-d-edf-et-de-l-État-francais-976146.html

L’UE « PRÉOCCUPÉE » PAR LES SIGNES DE PRÉPARATION D’UN ESSAI NUCLÉAIRE AU NORD

SÉOUL, 13 sept. (Yonhap) — L’Union européenne (UE) a affiché mardi (heure de Bruxelles) ses inquiétudes face aux signes de préparation d’un essai nucléaire en Corée du Nord.

« L’UE est profondément préoccupée par les déclarations de la RPDC (République populaire démocratique de Corée) selon lesquelles le pays a l’intention de continuer à développer des armes nucléaires et leurs moyens de lancement et à accroître de manière exponentielle son armement nucléaire », a déclaré l’UE dans un communiqué.

« Notre préoccupation est amplifiée par le rapport du directeur général (de l’Agence internationale de l’énergie atomique, AIEA) sur des signes d’activités accrues au complexe de Yongbyon et sur d’autres sites nucléaires présumés, ainsi que des activités aux entrées creusées des tunnels sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri, ce qui concorde avec une éventuelle reprise des tests nucléaires », a ajouté le communiqué.

Lors d’une réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA tenue la veille à Vienne, en Autriche, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a signalé des signes d’activités continues près du tunnel 3 du site d’essais nucléaires de Punggye-ri en Corée du Nord et dans des zones où se trouvent des installations annexes, ainsi que des activités de construction accrues dans divers endroits du complexe nucléaire de Yongbyon.

L’UE a condamné fortement les activités nucléaires et de missiles balistiques illégales de la Corée du Nord en les décrivant comme une « violation flagrante » de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

« Les lancements à répétition de la RPDC de missiles balistiques et de croisière incluant des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) à combustible solide et les tentatives de lancer des satellites militaires présumés utilisant des technologies liées aux missiles balistiques ces dernières semaines aggravent davantage la menace importante à la paix et à la sécurité internationale et régionale », a-t-il souligné.

En outre, l’UE a exhorté Pyongyang à « abandonner immédiatement toutes les armes nucléaires et les autres armes de destruction massive, les programmes de missiles balistiques et les programmes nucléaires existants de manières complète, vérifiable et irréversible ».

Par Lee Sae-rom (lsr@yna.co.kr), publié le 13.09.2023 à 11h28

Photo en titre : Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, accorde le samedi 8 juillet 2023 une interview exclusive à l’agence de presse Yonhap dans un hôtel de Séoul.

https://fr.yna.co.kr/view/AFR20230913001400884

NUCLÉAIRE IRANIEN : PARIS, BERLIN, LONDRES ET WASHINGTON METTENT TÉHÉRAN EN GARDE

Les 4 puissances déclarent à l’AIEA que les Iraniens devaient fournir davantage d’explications, faute de quoi d’autres mesures seraient prises à son encontre.

La Grande-Bretagne, les États-Unis, la France et l’Allemagne ont déclaré à l’agence nucléaire des Nations unies que l’Iran devait clarifier les questions en suspens relatives à son programme nucléaire, faute de quoi d’autres mesures seraient prises à son encontre.

Toutefois, les quatre pays ont déclaré qu’une résolution de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur la question ne serait nécessaire que si les Iraniens n’obtempéraient pas.

« L’Iran ne peut pas continuer à ne pas respecter ses obligations légales en matière de garanties », a déclaré le groupe des quatre pays dans un communiqué adressé mercredi au conseil d’administration de l’AIEA, qui se réunit à Vienne. « Nous demandons instamment à l’Iran d’agir sans délai pour clarifier et résoudre toutes les questions en suspens. »

Il s’agit notamment de réinstaller les caméras de surveillance de l’AIEA que Téhéran avait retirées de ses sites nucléaires connus et d’expliquer la présence en Iran de particules d’uranium enrichies à un niveau proche de celui de l’armement.

« Si l’Iran ne met pas en œuvre les actions essentielles et urgentes, le Conseil devra être prêt à prendre d’autres mesures pour tenir l’Iran responsable à l’avenir, y compris la possibilité d’une résolution », indique la déclaration.

Le quartet a noté que cela fait plus de quatre ans que des matières nucléaires non déclarées ont été trouvées dans des lieux non déclarés en Iran et qu’en novembre 2022, l’AIEA a décidé qu’il était « essentiel et urgent » que l’Iran clarifie ces questions.

Les pays ont déclaré que l’Iran devait fournir « sans plus tarder des informations techniquement crédibles » sur les matières nucléaires et les équipements contaminés découverts sur les sites de Turquzabad et de Varamin.

Sans ces explications, l’AIEA ne sera pas en mesure de garantir que le programme nucléaire iranien « est exclusivement pacifique ».

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi s’exprimant lors d’une conférence de presse à Vienne, en Autriche, le 17 décembre 2021. (Crédit : Michael Gruber/AP)

« L’Iran persiste dans son refus délibéré de s’engager sérieusement avec l’Agence ».

Lundi, le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, a déploré une « diminution de l’intérêt » des États membres de l’AIEA pour le programme nucléaire iranien, sans les nommer.

Ces commentaires font suite à l’apaisement des tensions entre l’Iran et les États-Unis, qui ont annoncé un échange de prisonniers le mois dernier.

« Nous sommes conscients qu’il existe une sorte de processus bilatéral. Les États-Unis nous ont informés à ce sujet. Mais en ce qui concerne la partie nucléaire, nous ne savons pas exactement ce qui est discuté », a souligné Grossi à l’époque.

La semaine dernière, l’AIEA a déclaré dans des rapports confidentiels vus par l’AFP que l’Iran n’avait fait « aucun progrès » sur plusieurs questions nucléaires en suspens.

En 2015, les principales puissances mondiales ont conclu un accord avec l’Iran, en vertu duquel Téhéran limiterait son programme nucléaire en échange d’un allègement des sanctions économiques paralysantes.

Cet accord a commencé à s’effilocher en 2018 lorsque le président américain de l’époque, Donald Trump, s’est retiré unilatéralement du pacte et a réimposé des sanctions. Téhéran a alors intensifié son programme nucléaire.

Les efforts visant à relancer l’accord sont restés vains jusqu’à présent.

L’Iran a toujours nié avoir l’ambition de développer une capacité d’armement nucléaire, insistant sur le fait que ses activités sont entièrement pacifiques.

Par TIMES OF ISRAEL STAFF, publié le 14 septembre 2023 à 17h08

Photo en titre : Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi s’exprimant lors d’une conférence de presse à Vienne, en Autriche, le 17 décembre 2021. (Crédit : Michael Gruber/AP)

https://fr.timesofisrael.com/nucleaire-iranien-paris-berlin-londres-et-washington-mettent-teheran-en-garde/

NUCLÉAIRE. CENTRALE DE FLAMANVILLE : LE REDÉMARRAGE DU RÉACTEUR N° 1 ENCORE REPOUSSÉ

Prévu le 16 septembre 2023, le redémarrage du réacteur n°1 de la centrale de Flamanville (Manche) a, une nouvelle fois, été repoussé. La date butoir est désormais le 21 septembre.

Le redémarrage du réacteur n° 1 de la centrale de Flamanville (Manche) a donc été repoussé. EDF en a fait l’annonce, mercredi 13 septembre 2023.

Arrêté depuis le 28 avril 2022, ce réacteur devait reprendre du service le 16 septembre 2023, après de nombreux autres reports annoncés depuis le 25 décembre 2022, date de son redémarrage officiel.

Cinq jours de retard pour ce redémarrage

L’électricien explique cette nouvelle tentative avortée par « un redémarrage atypique ».

Nous avons besoin de plus de temps pour finaliser, notamment les essais en lien avec le changement de générateurs de vapeur. On a dû, en effet, procéder à des opérations de maintenance intrusives, notamment des découpes de portions du circuit primaire.

Service communication d’EDF Flamanville

Désormais, l’électricien annonce cinq jours de retard et une nouvelle date butoir, le 21 septembre 2021, pour le couplage de son réacteur n° 1.

Par Rédaction La Presse de la Manche, publié le 13 septembre 2023n à 18h48

Photo en titre : Le redémarrage du réacteur n° 1 de la centrale nucléaire EDF de Flamanville (Manche) a été de nouveau repoussé au 21 septembre 2023. (©Jean-Paul BARBIER)

https://actu.fr/normandie/flamanville_50184/nucleaire-centrale-de-flamanville-le-redemarrage-du-reacteur-n-1-encore-repousse_60079219.html

ARMEMENT NUCLÉAIRE : DISSUASION, PROPAGANDE ET BARBARIE

Dans la surenchère des budgets militaires actuels, la politique nucléaire française n’est pas en reste puisqu’il s’agit d’augmenter son budget de 13 %, au minimum, pour la période 2024-2030.

Les crédits militaires absorbés par le nucléaire auront ainsi presque doublé, passant de 3,5 milliards en 2009 à 5,6 milliards en 2023, pour atteindre plus de 7 milliards d’euros d’ici la fin du quinquennat de Macron. Au nom de la paix dans le monde, bien sûr, les armes nucléaires sont donc développées de plus en plus, comme si ces armes dites « dissuasives » pouvaient empêcher les guerres. Faut-il rappeler que les premiers et les seuls à avoir utilisé l’arme nucléaire sont les États-Unis, cette fameuse grande démocratie protectrice de la liberté dans le monde ?

Par ailleurs, le non recours aux armes nucléaires n’a jamais empêché les conflits, y compris entre des pays sans arme nucléaire et d’autres qui la détiennent, comme lors de la guerre de Kippour opposant l’Égypte, la Syrie et d’autres États arabes à Israël en 1973, ou encore de la guerre des Malouines entre l’Argentine et la Grande-Bretagne en 1982.

Un mensonge a été largement diffusé auprès des populations d’Europe de l’Ouest selon lequel le monde serait en paix depuis 1945. En réalité, les conflits militaires n’ont jamais cessé, au point d’avoir fait plus de 50 millions de victimes par le biais d’armes dites « conventionnelles » depuis cette date !

Dès lors, personne ne peut prétendre sérieusement qu’une technologie, nucléaire ou « conventionnelle », représente un salut, ni même un simple répit, face au chaos dans lequel nous précipitent les dirigeants du monde actuel. Sinon c’est croire que les gouvernants de ce monde peuvent faire passer l’intérêt des populations avant l’intérêt des fauteurs de guerre, des capitalistes et de leurs profits. Croire au Père Noël est plus réaliste.

Par Marlène Stanis, (Source : Lutte Ouvrière), publié le 13 septembre 2023

https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/09/13/armement-nucleaire-dissuasion-propagande-et-barbarie_726515.html

DÉSINFORMATION SUR LA RADIOACTIVITÉ DE L’URANIUM APPAUVRI

Suite à l’actualité de septembre 2023 sur l’annonce faite par l’administration américaine de l’envoi d’armes à l’uranium appauvri en Ukraine (1), la CRIIRAD revient sur la désinformation sur la radioactivité de l’uranium appauvri. En effet de nombreux articles de presse relaient ces derniers jours des affirmations selon lesquelles l’uranium appauvri ne serait pas radioactif.

On peut lire par exemple (2) : “C’est un type de munitions commun, utilisé particulièrement pour sa capacité de perforation des blindages, fait valoir le Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, assurant que ces obus “ne sont pas radioactifs”.

Ce type d’affirmation est totalement mensonger. La radioactivité de l’uranium appauvri utilisé dans certaines munitions est de plusieurs dizaines de millions de Becquerels par kilogramme.

La CRIIRAD avait déjà dénoncé cette désinformation en mars 2023 lors de l’annonce de la livraison d’armes à l’uranium appauvri par le Royaume Uni.

Interviewé le 27/3/2023 à 9H40 sur LCI, Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire au laboratoire de la CRIIRAD, a pu contredire un amiral qui affirmait que « l’uranium appauvri a moins de radioactivité qu’un granite de Bretagne ». En effet, la radioactivité totale d’une tête d’obus à l’uranium appauvri est de plusieurs dizaines de millions de Bq/kg quand celle du granite est de quelques milliers de Bq/kg.
https://youtu.be/xP-sqP-MsUQ

Les discours scientifiquement erronés sur la radioactivité de l’uranium appauvri sont à l’origine de la banalisation de l’utilisation de cette matière pour des usages civils et militaires. Voir l’ouvrage « Les armes à l’uranium appauvri, jalons pour une interdiction » auquel la CRIIRAD a contribué
https://www.grip.org/product/les-armes-a-uranium-appauvri-jalons-pour-une-interdiction/

Dans le film documentaire “Dans les poubelles des marchands d’armes” de Sophie Le Gall et Linda Bendali (2012) qui porte sur les impacts sanitaires liés à des tests d’armes près de Bourges, ainsi que sur le centre militaire de Salto Di Quirra en Sardaigne, Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la CRIIRAD effectue des mesures sur un obus contenant de l’uranium appauvri puis sur un objet contenant du thorium 232.
https://www.youtube.com/watch?v=uP_UECJBc9o (extrait du documentaire)

Dans cet extrait vidéo, des mesures sont effectuées avec un scintillomètre gamma sur un obus à l’uranium appauvri. Le débit de dose gamma est 50 fois supérieur au bruit de fond. D’autres mesures (qui n’apparaissent pas dans la vidéo) montrent que le débit de dose beta-gamma à la peau est de 2 000 microSieverts par heure (TLD LiF CENG) soit un niveau de radiation 20 000 fois supérieur au niveau naturel. À 30 centimètres, le débit de dose beta-gamma à la peau est encore de 25 µSv/h (TLD LiF CENG).

La CRIIRAD s’est battue (avec succès) pour que l’utilisation de l’uranium appauvri soit interdite dans les biens de consommation courante en France. Mais des personnes possèdent encore (sans en être conscientes), des objets divers (pendentifs, tableaux, carreaux) qui contiennent des colorants à base d’uranium appauvri. Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=6S_2JZ4LZ7M&t=859s (vidéo de 17 mn)

Voir aussi la vidéo de 2023 où des mesures sont effectuées avec un contaminomètre alpha-bêta-gamma sur un carreau coloré avec des pigments d’uranium appauvri. Il contient moins de 0,5 grammes d’uranium appauvri quand un obus contient des centaines de grammes, voire plusieurs kilogrammes.  https://www.youtube.com/shorts/dJW2zvXRf0Q

NOTES

1: https://www.leparisien.fr/international/guerre-en-ukraine-washington-pourrait-livrer-des-munitions-a-luranium-appauvri-a-kiev-07-09-2023-5YVBKTSZV5GDVH3LYVUQLUNYUM.php

2: https://www.geo.fr/geopolitique/ukraine-washington-enverra-des-munitions-a-uranium-appauvri-armes-perforantes-controversees-216535

Par LA CRIIRAD, mis à jour le 12 septembre 2023

https://www.criirad.org/27-03-2023-desinformation-sur-la-radioactivite-de-luranium-appauvri/

23 SEPTEMBRE « MARCHONS POUR UN MONDE SANS ARME NUCLÉAIRE »

Le samedi 23 septembre, ICAN France, le Mouvement pour une Alternative Non-violente, le Mouvement de la Paix et l’Observatoire des armements vous donnent rendez-vous à Dijon, Lyon, Paris et dans de nombreuses autres villes, pour une grande mobilisation citoyenne et joyeuse.

Découvrez (sur le site ci-dessous) les actions et les parcours pour les Marches de Lyon, Dijon, Paris, Quimper… rejoignez-nous

Soyons nombreus.e.s pour ces évènements contre les armes nucléaires, pour affirmer que nous voulons que la France rejoigne le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) ; 

. nous refusons la Loi de programmation militaire qui prévoit plus de 53 milliards d’euros pour la  modernisation et le renouvellement de l’arsenal nucléaire ; 

. nous refusons cette dépense d’argent public ;

. nous refusons de voir que nos armes nucléaires mettent en péril la planète et les générations futures.

Cette Marche appelle la France à participer comme État observateur à la seconde réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui se déroulera au siège des Nations Unies à New York (fin novembre 2023), dans la perspective de son adhésion.

Pour manifester votre opposition à une politique de défense basée sur des armes de destruction massive, inscrivez cette importante date de mobilisation dans votre agenda.

Pour retrouver cet article mais aussi plus de détails sur chacune de ces manifestations (lieux précis, horaires détaillés etc… etc…cliquer sur : http://icanfrance.org/marche-23-septembre/

FACE AU NOUVEAU NUCLÉAIRE, LES « ANTI » RESSORTENT DU BOIS

Face à la « peste climatique« , ils ne veulent pas du « choléra nucléaire » : près d’un demi-siècle ans après la construction des premières centrales françaises, plusieurs centaines de scientifiques contestataires sont montés au créneau mardi contre la relance de l’atome voulue par l’exécutif.

En février 1975, « l’appel des 400« , une tribune signée par 400 scientifiques dans le journal Le Monde s’insurgeait contre la construction des premières centrales en France.

« On nous propose de remplacer la peste par le choléra, la peste climatique par le choléra nucléaire« , s’est insurgé mardi Marc Denis, docteur en physique atomique et moléculaire. Celui-ci était invité à présenter ses arguments, avec d’autres contempteurs de l’atome, dans une salle de l’Assemblée nationale, sous le regard de députés de la France insoumise (LFI) et de EELV qui avaient organisé la manifestation.

Un nouvel appel visant à « refuser tout nouveau programme nucléaire » met en garde contre les dangers de cette énergie et conteste sa pertinence pour limiter le changement climatique. Signé en juin par 500 scientifiques, alors que le gouvernement a décidé de relancer cette industrie et de construire dans les prochaines années six réacteurs EPR2 de nouvelle génération, avec une option pour huit supplémentaires, il revendique désormais 1.000 signatures de scientifiques.

S’il ne nie pas la nécessité de réduire urgemment les émissions de gaz à effet de serre face au désastre climatique, Bernard Laponche, physicien nucléaire et déjà signataire de l’appel de 1974, s’interroge : par rapport aux énergies renouvelables comme l’éolien ou le photovoltaïque, « pourquoi choisir la solution la plus polluante, la plus dangereuse du point de vue des accidents et la plus chère ?« .

Dans les années 70, observe-t-il, la possibilité de réduire la consommation d’énergie et de développer les renouvelables « moins dangereuses, plutôt plus favorables sur la question climatique et beaucoup moins chères » n’avait pas encore gagné les esprits, remarque-t-il.

« Déni de démocratie »

« Pour respecter l’accord de Paris » de la COP21 conclu en 2015 et réduire de 55% les émissions de CO2 par rapport à 1990 d’ici à 2030, comme s’y est engagée l’UE, Jean-Marie Brom, physicien du nucléaire et directeur de recherche émérite au CNRS, estime que « la construction de six EPR2« , qui ne pourront produire de l’électricité « au mieux qu’en 2037-2040, ne sera d’aucun secours« .

Pendant une heure, les opposants, pour la plupart des « anti » historiques, qui craignent parfois d’être moqués pour leurs tempes grisonnantes, ont également énuméré les dangers que représentent les déchets nucléaires, les risques d’accident et le coût financier. Ils ont rappelé que l’EPR de Flamanville accuse 12 ans de retard et a vu son budget exploser par rapport à l’enveloppe initiale.

À l’inverse, les partisans du nucléaire, à commencer par le gouvernement, y voient un moyen de préserver la souveraineté énergétique de la France tout en réduisant la consommation d’énergies fossiles et les émissions de CO2.

Au-delà des reproches traditionnels faits au nucléaire, quelques opposants à l’atome ralliés à la cause plus récemment, comme Jeanne Mermet, jeune activiste qui se présente comme « ingénieure déserteuse« , pointent un « déni de démocratie flagrant« , s’agissant de la politique énergétique du pays.

Le choix de relancer le nucléaire « doit être concerté et débattu, pas seulement sous ses aspects techniques par un petit nombre d’experts, mais dans toutes ses composantes (écologiques, sociales, économiques), avec l’ensemble de la société, en s’appuyant sur les savoirs de la communauté scientifique et dans la prise en compte de la justice sociale et climatique« , a-t-elle plaidé.

Par AFP et ngu/im/ha/dlm, publié le 12 septembre 2023 à 19h18

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/face-au-nouveau-nucleaire-les-anti-ressortent-du-bois-230912

PLUS DE 1000 SCIENTIFIQUES LANCENT UN APPEL CONTRE LA RELANCE DU NUCLÉAIRE EN FRANCE

Alors qu’Emmanuel Macron relance le nucléaire en France, plus de 1000 scientifiques s’y opposent.

Ils sont ne sont pas seulement physiciens, mais aussi médecins, mathématiciens, ingénieurs, anthropologues, archéologues, etc. Tous scientifiques et déjà plus de 1 000 à avoir signé un appel contre la relance du nucléaire en France.

Cet appel a été lancé par le Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN), créé en 1975 contre le « plan Messmer » (qui a donné naissance au parc des 56 réacteurs nucléaires actuels d’EDF) et par Global Chance, une ONG présidée par Bernard Laponche, docteur en physique nucléaire et ancien ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique.

Ce mouvement, qui fait écho à l’appel des 400 scientifiques opposés au plan Messmer de 1975, veut signifier que « contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement, ni la France ni la science ne sont entièrement acquises au nucléaire », indique le philosophe François Guerroué.

Une histoire courte jalonnée d’accidents

Les accidents de la courte histoire du nucléaire mondial sont rappelés : ceux des centrales de Three Mile Island (États-Unis), Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon), mais aussi ceux, moins connus, d’usines de combustible ou de sites de stockage à Maïak (Russie), Tokaimura (Japon), WIPP (États-Unis), Asse (Allemagne)…

Bernard Laponche énumère, pour sa part, une longue liste de griefs contre le parc français : « une corrosion de réacteurs récents dont on ne connaît toujours pas bien la cause. Un EPR de Flamanville où on a successivement enchaîné les défauts sur le béton, les soudures, l’acier de la cuve. Des rejets en mer et dans les airs bien plus importants que ceux de Fukushima. Un parc de réacteurs conçu pour durer 30 ans qu’on veut faire durer 60 alors qu’il est établi que l’acier des cuves, fragilisé, nous fait entrer dans une zone de risque d’accident… »

Un risque sanitaire établi en cas d’exposition

Le Dr Mariette Gerber, épidémiologiste et chercheuse à l’Inserm, martèle, quant à elle, qu’« il est désormais impossible de contester que toute exposition à des radiations, même faibles, expose à un risque de cancer ». C’est le résultat d’une importante étude publiée le 17 août à partir de données sur 300 000 travailleurs de l’industrie nucléaire en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Pour Marc Denis, docteur en physique atomique, « face à l’urgence climatique, les dérives systématiques des coûts et des délais des programmes nucléaires devraient nous dissuader d’y investir des milliards qui seraient bien mieux utilisés dans les énergies renouvelables ».

Les signataires dénoncent, enfin, l’accumulation, en France, de « plus de 2 millions de tonnes de déchets radioactifs » et un démantèlement « à peine engagé » des nombreuses centrales déjà à l’arrêt.

Le soutien d’une partie de la gauche

L’appel est relayé par les partis de gauche opposés au nucléaire. Le député (LFI) Maxime Laisney raille un « Emmanuel Macron qui multiplie les textes et procédures pour accélérer le nucléaire » et qui « se prend pour un nouveau de Gaulle et rêve de poser la première pierre d’une nouvelle centrale avant la fin de son mandat, quitte à tronquer le débat démocratique ».

Du côté d’Europe Écologie Les Verts, la députée nantaise Julie Laernoes dénonce l’empressement du gouvernement envers « une solution nucléaire supposée magique » mais qui « ne sera pas au rendez-vous face au mur du besoin en électricité vers lequel nous fonçons ». Elle fustige également son incapacité à faire adopter au Parlement une nouvelle loi de programmation énergie climat, pourtant légalement exigée avant le 31 juillet « et juge l’exécutif pas à la hauteur du défi climatique ».

Par Ouest-France , André THOMAS, publié le 12/09/2023 à 19h25, modifié le 12/09/2023 à 19h37

Photo en titre : Le retard et le surcoût de l’EPR de Flamanville sont pris en exemple par les opposants au nucléaire. | STEPHANE GEUFROI / OUEST FRANCEVoir en plein écran

https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/1000-scientifiques-remontes-contre-le-nucleaire-4dad2992-5180-11ee-adac-39f36570e544

Message de Ouest France : Abonnez-vous

LE FRANÇAIS FRAMATOME VA FOURNIR DU COMBUSTIBLE NUCLÉAIRE À LA HONGRIE

Le français Framatome va fournir du combustible nucléaire à la Hongrie, a annoncé mardi Budapest dans le cadre des efforts de diversification énergétique menés par le pays d’Europe centrale depuis le début de la guerre en Ukraine.

Un accord a été signé entre les deux parties pour étendre leur partenariat à « l’aspect opérationnel et à la fourniture de combustible nucléaire« , selon le ministère des Affaires énergétiques.

« Ce protocole confirme notre engagement à contribuer à la diversification et à la sécurité de l’approvisionnement en combustible » du parc nucléaire existant, a déclaré le PDG de Framatome, Bernard Fontana, cité dans un communiqué distinct.

Aucun détail n’a été donné sur le calendrier.

Le groupe français explique « avoir développé depuis plusieurs années une solution industrielle » pour alimenter les réacteurs de conception soviétique – 19 sont encore en opération en Bulgarie, Slovaquie, République tchèque, Finlande et Hongrie.

L’unique centrale nucléaire hongroise est située à Paks, à une centaine de kms de Budapest.

Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban avait signalé ce week-end lors d’une réunion à huis clos son intention de remplacer le combustible russe par du français, selon des sources interrogées par le site indépendant Telex.

Le gouvernement hongrois promeut régulièrement l’énergie nucléaire au sein de l’UE, se présentant comme « un allié indéfectible de la France dans ce combat« .

Soucieux par ailleurs de maintenir des liens avec Moscou, le Premier ministre Viktor Orban a lancé le chantier d’agrandissement de la centrale de Paks qui prévoit la construction d’ici 2030 de deux nouveaux réacteurs, en collaboration avec le conglomérat russe Rosatom.

Ce projet de 12,5 milliards d’euros est financé à hauteur de 80%, soit 10 milliards d’euros, par un prêt de la Russie à la Hongrie, qui prend en charge les 2,5 milliards d’euros restants.

Les nouvelles tranches, d’une capacité de 1,2 gigawatts chacune, vont compléter les quatre réacteurs actuels, construits dans les années 1980 et qui assurent près de la moitié de la production d’électricité.

Par AFP, publié le 12 septembre 2023 à 19h34

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/le-francais-framatome-va-fournir-du-combustible-nucleaire-la-hongrie-230912

À SAINTES (17) LE 21 SEPTEMBRE : FILM « BONS BAISERS DE MORUROA » ET DÉBAT

Jeudi 21 septembre 2023, l’association « Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire » vous invite à la projection du film « Bons baisers de Moruroa » ainsi qu’au débat présenté et animé par Jean-Marie Matagne (Philosophe) et président de l’association.

Thème : Pourquoi la Bombe ?

Heure : 20H30

Lieu : Salle Saintonge N°1 – 11 Rue Fernand-Chapsal à SAINTES

Participation libre, places limitées

Plus d’infos : Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN)

31, Rue du Cormier – 17100 – SAINTES                         

Tel : +33 (0)6 73 50 76 61    contact@acdn.net, www.acdn.net

ORANO A MIS À L’ARRÊT SON USINE D’URANIUM AU NIGER

Orano a stoppé son usine de concentré d’uranium de la Somaïr au Niger, a annoncé l’industriel français le 9 septembre. Cet arrêt pour maintenance, prévu début 2024, a été anticipé en raison d’un épuisement des stocks des produits chimiques nécessaires à la production. Mais, selon Bloomberg, cette interruption est liée aux sanctions internationales prises à l’encontre de la junte militaire suite au coup d’État du 26 juillet.

La mine d’uranium, elle, tourne toujours. Les 900 salariés du groupe et une partie des sous-traitants sont toujours en activité, a indiqué Orano. Cet été, le groupe avait affirmé à L’Usine nouvelle que le coup d’État ne remettait pas en question ses activités au Niger, ni l’accord de partenariat signé en mai avec le gouvernement nigérien pour la prolongation de la mine de la Somaïr jusqu’en 2040 et l’exploitation du gisement d’Imouraren.

Lire aussi:  Uranium : le lourd passé prédateur de la France au Niger

Le Niger représente 4,7 % de la production mondiale d’uranium. Il fournit à la France 15 % du minerai nécessaire au fonctionnement de ses centrales nucléaires. Dans une enquêteReporterre est longuement revenu sur la politique colonialiste et extractiviste de la France au Niger, dictée par l’industrie nucléaire hexagonale. De cette domination découlent en partie le putsch et le fort sentiment anti-français qui règne dans ce pays d’Afrique, classé parmi les plus pauvres du monde.

Publié le 11 septembre 2023 à 13h59

Photo en titre : Cette interruption serait liée, selon Bloomberg, au coup d’État militaire du 26 juillet 2023. Ici Niamey, la capitale du Niger. – Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0/NigerTZai

https://reporterre.net/Orano-a-mis-a-l-arret-son-usine-d-uranium-au-Niger?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

Message de Reporterre

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

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LES QUÉBÉCOIS NE SONT PAS INTÉRESSÉS PAR L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE

Seulement 8% des Québécois croient qu’il faut se tourner vers Gentilly II et le nucléaire pour augmenter la production d’électricité au Québec. C’est ce que révèle un sondage SOM/Le Soleil publié lundi. Il a été réalisé auprès de 1100 répondants et la marge d’erreur est de 3,9%.

En août dernier, le nouveau p.d.g d’Hydro-Québec, Michael Sabia, demandait des études sur la réouverture possible de Gentilly II.  La nouvelle avait surpris la Mauricie et le Centre-du-Québec qui croyait le dossier clos, le processus de fermeture de la centrale ayant été qualifié de «permanent et d’irréversible» à l’époque. 

Le premier ministre François Legault et le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, ont tous deux affirmé à la fin de l’été qu’il serait « irresponsable » de ne pas explorer l’option du nucléaire avec les autres qui sont actuellement sur la table, étant donné l’électrification des transports et la demande grandissante en énergie. La technologie CANDU, datant des années 60, ne serait toutefois pas celle envisagée advenant une réouverture.

La vertu et le phénomène « pas dans ma cour »

Les éoliennes et l’énergie solaire obtiennent 43% des votes dans ce même sondage. Les experts interrogés à la suite des résultats affirment toutefois qu’il s’agit plutôt d’un vote pour la vertu et rappellent que ces projets ont peine à obtenir une acceptabilité sociale, lorsqu’ils se développent concrètement. On assiste d’ailleurs à une levée de bouclier depuis le printemps dernier au Centre-du-Québec où des projets d’éoliennes sont sur la table.

Fermeture par Pauline Marois en 2012

La centrale nucléaire de Gentilly a été fermée par le PQ il y a une dizaine d’années. La Société d’État évoquait alors que quatre étapes se mettraient en branle, soit la préparation à la dormance, suivie de la période de dormance elle-même qui allait durer une quarantaine d’années et finalement le démantèlement des installations et la remise en état du site. Le tout devrait être terminé uniquement en 2060 et 2070.

Par Jessica Jutras / Noovo Info, publié le 11 septembre 2023, mis à jour à 10h50

Photo en titre : Centrale nucléaire Gentilly II Photo : Archives : Hydro-Québec

https://www.noovo.info/nouvelle/les-quebecois-ne-sont-pas-interesses-par-lenergie-nucleaire.html

LE NORD POURRAIT LANCER UN MSBS POUR TESTER SON NOUVEAU SOUS-MARIN NUCLÉAIRE TACTIQUE

WASHINGTON/SÉOUL, 12 sept. (Yonhap) — La Corée du Nord pourrait décider de procéder à un test de lancement de missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) afin de montrer l’efficacité de son sous-marin d’attaque nucléaire tactique entré en service la semaine passée, a estimé lundi Beyond Parallel, un projet du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), un think tank basé à Washington.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un pourrait également demander le partage de technologies nécessaires pour la conception de sous-marins ou MSBS lors de sa visite officielle en Russie, laquelle vient tout juste d’être officialisée.

« La suite logique pour la Corée du Nord est un lancement de missile depuis le sous-marin pour montrer au monde que son navire est opérationnel », a expliqué Beyond Parallel dans un rapport publié sur son site Web. « Quand est-ce qu’un tel test aurait lieu reste incertain. »

Sous-marin nord-coréen

Pyongyang avait annoncé vendredi dernier (heure de Séoul) avoir mis en service un nouveau « sous-marin d’attaque nucléaire tactique» baptisé « Héro Kim Kun Ok », en précisant que la cérémonie officielle avait eu lieu deux jours plus tôt en présence de Kim.

L’observateur américain a noté qu’un premier sous-marin nucléaire lanceur de missiles balistiques de la classe Sinpo, de conception nord-coréenne, avait été observé en juillet 2014, et que celui-ci avait été utilisé pour tester un MSBS près de 16 mois plus tard en novembre 2015.

« La façon dont la Corée du Nord procèdera avec son programme de sous-marin lanceur de missiles balistiques reste flou pour l’instant », a indiqué Beyond Parallel. « Ce qui est clair, toutefois, c’est que la Corée du Nord continue à développer petit à petit ses capacités opérationnelles de missiles balistiques

Le rapport a souligné que la Corée du Nord pourrait redoubler d’efforts pour faire progresser son programme de sous-marins, à la suite de la rencontre attendue entre Kim et le président russe Vladimir Poutine. « Le dirigeant nord-coréen pourrait demander des transferts de technologies modernes de sous-marin lanceur de missiles balistiques ou de MSBS de la part de la Russie.»

Kim Jong-un

La Corée du Nord a confirmé plus tôt que Kim s’est mis en route pour rencontrer Poutine en Russie à l’invitation du président russe. Des responsables américains ont considéré qu’une rencontre entre les deux dirigeants s’inscrirait dans ce qu’ils désignent comme étant des négociations entre Moscou et Pyongyang « progressant activement » pour la signature d’un accord sur une vente d’armes.

Beaucoup s’attendent à ce que la Corée du Nord saisisse cette occasion pour demander des technologies militaires de pointe en échange d’obus d’artillerie et des armes qui seront utilisés dans la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine.

La représentante spéciale adjointe des États-Unis pour la Corée du Nord, Jung Pak, a déclaré hier que le sommet entre Kim et Poutine pourrait bien être la « dernière étape » avant de voir la Corée du Nord commencer à fournir à la Russie des armes en quantités suffisantes pour l’utilisation en Ukraine.

Par Fabien Schneider, (fabien@yna.co.kr), publié le12.09.2023 à 09h51

https://fr.yna.co.kr/view/AFR20230912000900884

CENTRALE NUCLÉAIRE DE NOGENT-SUR-SEINE : NON-RESPECT DES SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES D’EXPLOITATION

Le 4 septembre 2023, l’exploitant de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine a déclaré à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) un évènement significatif pour la sûreté lié au non-respect des spécifications techniques d’exploitation du réacteur 1, en raison de l’absence de fermeture de la porte intérieure d’un sas de l’espace inter-enceinte du bâtiment qui abrite le réacteur.

L’enceinte de confinement du réacteur, dite « bâtiment réacteur », est un bâtiment en béton à l’intérieur duquel se trouvent le cœur du réacteur et le circuit primaire. Elle est destinée, lors d’une situation d’accident, à retenir les substances radioactives qui seraient libérées en cas de rupture du circuit primaire. Pour les réacteurs de Nogent-sur-Seine, cette enceinte est constituée d’une double paroi (interne et externe). Pour accéder à l’espace entre les deux parois (appelé espace inter-enceinte), les intervenants peuvent emprunter deux sas constitués chacun de deux portes étanches, dont l’ouverture et la fermeture sont régies par les spécifications techniques d’exploitation (STE), dépendant de la configuration dans laquelle se trouve le réacteur.

Le 30 août 2023, des intervenants sont entrés dans l’espace inter-enceinte du réacteur 1 en fonctionnement. Lors de leur ronde, ils détectent que la porte intérieure de l’un des deux sas est fermée mais non verrouillée, alors que les STE prescrivent, dans cette configuration du réacteur, que les deux portes des sas doivent être fermées et verrouillées.

Après analyse, l’exploitant a conclu que cette porte n’avait pas été correctement verrouillée lors de sa dernière manipulation le 24 juillet 2023. Depuis cette date, la porte extérieure du sas était restée fermée et verrouillée, ce qui a permis de maintenir l’étanchéité du bâtiment réacteur et le confinement des substances radioactives.

Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les installations, les personnes et l’environnement. Toutefois, compte tenu du non-respect des STE, il a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

Dès la détection de l’écart, l’exploitant a procédé au verrouillage de la porte intérieure du sas concerné de l’espace inter-enceinte.

Publié le 11/09/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/non-respect-des-specifications-techniques-d-exploitation77

LE CHEF DE L’AIEA INQUIET DE LA « BANALISATION » DU PROGRAMME NUCLÉAIRE DE L’IRAN

Depuis plus de deux ans, l’instance onusienne peine à contrôler le programme nucléaire iranien, qui ne cesse de monter en puissance malgré les démentis du régime.

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a regretté lundi la « banalisation » de l’escalade nucléaire de l’Iran et un moindre intérêt de la communauté internationale, sur fond d’un léger dégel des tensions entre Téhéran et Washington.

« Il y a une certaine banalisation de ce qui est en train de se passer, et cela me préoccupe car les problèmes sont aussi valables aujourd’hui qu’ils ne l’étaient hier », a déclaré Rafael Grossi lors d’une conférence de presse au siège de Vienne, au premier jour d’une réunion du Conseil des gouverneurs.

Il a noté « un déclin de l’intérêt » des États membres, alors que les États-Unis et les trois pays européens réunis au sein du groupe E3 (France, Allemagne et Royaume-Uni) ne comptent pas déposer cette semaine de résolution dénonçant l’absence de coopération de l’Iran.

Ils ont préféré opter pour une « déclaration conjointe » soutenue par un grand nombre de pays, ceci à l’initiative de Washington, selon une source diplomatique.

Les États-Unis et l’Iran ont conclu en août un accord sur une libération de prisonniers. Les experts y voient un signe d’apaisement des tensions entre les deux pays, qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis la Révolution islamique de 1979.

« Nous avons connaissance de l’existence d’une sorte de processus bilatéral, dont les États-Unis nous ont informé. Mais concernant le volet nucléaire, nous ne savons pas exactement de quoi il est question », a commenté le chef de l’AIEA.

Des centrifugeuses dans l’installation d’enrichissement d’uranium de Natanz près de Natanz, en Iran, le 5 novembre 2019. (Crédit : Organisation iranienne de l’énergie atomique via AP/Dossier)

S’il a dit « ne rien avoir contre » ce dialogue, lui-même constate un « manque de coopération » de la part de l’Iran.

Dans des rapports consultés la semaine dernière par l’AFP, l’AIEA déplorait une réinstallation jugée trop lente des caméras de surveillance, tout comme l’absence d’explications au sujet des traces d’uranium découvertes sur deux sites non déclarés.

Depuis plus de deux ans maintenant, l’instance onusienne peine à contrôler le programme nucléaire iranien, qui ne cesse de monter en puissance bien que Téhéran nie vouloir se doter de la bombe atomique.

« J’ai conscience qu’il existe de nombreuses questions urgentes à l’agenda international, mais il est important de continuer à soutenir l’AIEA », a insisté Rafael Grossi.

La République islamique continue à s’affranchir des engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015 connu sous l’acronyme JCPOA, en réaction au retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.

Ce pacte était censé limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales.

Par AFP, publié le 11septembre 2023 à 17h04

Photo en titre : Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi s’exprimant lors d’une conférence de presse à Vienne, en Autriche, le 17 décembre 2021. (Crédit : Michael Gruber/AP)

https://fr.timesofisrael.com/le-chef-de-laiea-inquiet-de-la-banalisation-du-programme-nucleaire-de-liran/

URANIUM : LE LOURD PASSÉ PRÉDATEUR DE LA FRANCE AU NIGER

Le putsch au Niger et le fort sentiment anti-français découlent en partie de la politique colonialiste de la France. Depuis 50 ans, elle maintient le pays sous sa domination pour en extraire l’uranium nécessaire à sa politique nucléaire.

Depuis le coup d’État militaire du 26 juillet, le Niger est en pleine ébullition. En particulier, les manifestations contre la présence française se sont multipliées. Les causes de cette explosion sont nombreuses : l’enlisement de l’opération Barkhane, la montée du terrorisme ou encore la corruption endémique du régime. Mais la situation actuelle est aussi le symptôme de transformations plus profondes qui viennent éclairer les relations entre la France et le Niger.

Quoi qu’en dise la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, la Françafrique n’est pas « morte ». Elle grève toujours le pays, nourrit le ressentiment anti-français et peut être instrumentalisée par d’autres puissances étrangères comme la Russie ou la Chine.

La crise nigérienne est « le dernier soubresaut de la longue agonie du modèle français de décolonisation incomplète », assure ainsi l’intellectuel Achille Mbembe. Pour le journaliste-écrivain Seidik Abba, président du Centre international d’études et de réflexion sur le Sahel, « la colère qui s’exprime aujourd’hui dans les rues de Niamey ne peut être considérée comme épidermique. Le sentiment de rejet vient de loin et le récent comportement de la France a réveillé une impression de paternalisme et d’arrogance coloniale », souligne-t-il dans un entretien au Média.

« Troisième producteur d’uranium au monde »

Classé parmi les pays les plus pauvres du monde, le Niger souffre d’une instabilité politique chronique avec pas moins de cinq coups d’État en soixante ans. Ce qui fait dire à l’anthropologue Jean-Pierre Olivier de Sardan que le pays possède « une culture putschiste ». Il a aussi vécu de nombreuses famines dont les causes ne sont pas seulement naturelles mais également liées à la politique néolibérale imposée par le Fonds monétaire international (FMI) sous la forme des « programmes d’ajustement structurel » : ceux-ci poussaient notamment au désengagement de l’État et à la privatisation des services publics.

Au cœur des enjeux, on retrouve la richesse du sous-sol nigérien. Troisième producteur mondial d’uranium, le Niger a longtemps été le partenaire privilégié et exclusif de la France. Plus de 130 000 tonnes d’uranium ont été extraites grâce aux deux filiales d’Orano (ex Areva) la Somaïr et la Cominak. 130 000 tonnes, c’est deux fois plus que ce que l’industrie nucléaire a prélevé dans les mines françaises en cinquante ans. « Le contrôle de l’uranium avec celui du pétrole et d’autres ressources fut l’une des raisons du maintien d’un dispositif de domination économique, politique et militaire de la France sur ses anciennes colonies, au lendemain de leur indépendance », rappelle Raphaël Granvaud, membre de l’association Survie et auteur du livre Areva en Afrique (éd. Agone, 2014).

« La vie du Niger est étonnamment liée aux évolutions de la relation commerciale avec la France »

Il révèle dans son livre comment « la vie agitée du Niger fut étonnamment liée aux évolutions de la relation commerciale avec la France ». Au Niger, tous les moyens furent bons pour maintenir un régime sous tutelle : contre-espionnage, instrumentalisation d’insurrections touareg, complicité avec les putschistes.

Dès l’indépendance du Niger en 1958, la France a signé avec lui une série d’accords pour s’assurer un accès privilégié à l’uranium, considéré comme une matière première stratégique. En échange, le pays se voyait garantir la sécurité militaire, des marchés pour ses produits et une aide au développement. Ces traités comportaient aussi un appendice secret : la France s’engageait à défendre les nouveaux dirigeants non seulement contre les menaces extérieures mais également contre de possibles coups d’État.

Arlit, dans le nord du pays, une cité minière en plein désert. Wikimedia / CC BY-SA 4.0 / NigerTZai

Certains n’ont cependant pas eu cette chance. En 1974, Hamani Diori, le chef d’État du Niger de l’époque, fut victime d’un putsch, avalisé par Paris, juste après avoir réclamé une augmentation du prix de vente de l’uranium. Trente ans plus tard, le président Mamadou Tandja commit la même erreur. Après avoir gagné une substantielle augmentation du prix de l’uranium en 2008 et avoir obtenu que le Niger puisse vendre sa ressource minière à d’autres clients que la France, il fut renversé en 2010 par les militaires. Mahamadou Issoufou, un ingénieur des Mines, formé en France et ancien salarié d’Areva parvint à la tête de l’État à peine un an plus tard.

« Seulement, 12 % de la valeur de l’uranium exporté est revenu au Niger »

« L’exploitation de l’uranium a nourri une corruption généralisée, observe l’historienne Gabrielle Hecht, dans son livre l’Uranium Africain (éd. Seuil, 2016). Pendant des décennies, les revenus tirés de l’uranium ont surtout servi à la construction d’immeubles clinquants à Niamey et à l’enrichissement personnel des membres du gouvernement. »

Si le Niger a largement contribué au développement de la puissance nucléaire de la France, on ne peut pas dire que cela soit réciproque. 15 % de l’uranium nécessaire aux centrales françaises provient encore du Niger mais 85 % des Nigériens n’ont toujours pas accès à l’électricité. Selon Raphaël Grandvaud, seulement 12 % de la valeur de l’uranium exporté est revenu à l’État nigérien. Pour Gabrielle Hecht, cette distorsion incarne « la perpétuation du privilège colonial ».

En 2013, dans un rapport sur les politiques extractivistes, l’association Oxfam a d’ailleurs montré comment Orano, ex Areva, profitait de la situation. L’uranium nigérien représentait près de 30 % de la production du groupe français mais le Niger percevait seulement 7 % des versements d’Areva aux pays producteurs, notaient elle. L’entreprise a su négocier des réductions d’impôt qui lui ont fait gagner plusieurs dizaines de millions d’euros. Sans compter la gratuité dont l’entreprise bénéficie pour prélever des millions de litres d’eau dans la nappe phréatique d’Agadez en plein désert.

En réalité, le pouvoir d’Orano au Niger est colossal. Au plus près des instances dirigeantes, l’entreprise est même suspectée de « corruption ». En 2014, elle offrait indirectement un avion présidentiel au chef de l’État du Niger Issoufou, ancien d’Areva. Dans le cadre de l’affaire Uranium gate, révélée en 2017, on soupçonne aussi que certaines élites nigériennes aient pu bénéficier de rétrocommissions et de pots-de-vin. Issoufou est toujours dans le viseur de la justice. Il aurait touché pas moins de 3 millions de dollars.

« La France défend ses intérêts »

Les effets de l’exploitation de l’uranium nigérien se sont aussi faits sentir sur les plans environnemental et sanitaire, du fait d’une relation là encore de faible indépendance.

En 2003, le laboratoire de la CriiRad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) s’est ainsi confronté au pouvoir de la multinationale. Alors que l’association dénonçait, en lien avec l’ONG locale Aghirin’man, les conséquences sanitaires et environnementales des mines d’uranium à Arlit, dans le nord du pays, Orano a tout fait pour l’empêcher de réaliser son étude.

« D’abord , ils ont voulu faire annuler notre voyage, raconte Bruno Chareyron, le directeur de l’association. Puis ils ont fait pression pour confisquer nos outils de mesures professionnels à l’aéroport de Niamey. Quand on s’est plaint à un ministre et à un député nigériens, ils nous ont dit que l’ordre venait de Paris et qu’ils ne pouvaient rien faire. »

Sur place, Orano était seul maître à bord. Elle était soumise à très peu de contrôles. Les suivis des pollutions étaient des « écrans de fumée », estimait Greenpeace dans un rapport de 2010. Le Centre national de radioprotection du Niger, l’organisme de régulation étatique chargé des risques radiologiques, n’a été créé qu’en 1998 et une dizaine d’années plus tard, il ne possédait toujours pas d’instruments de mesure des taux de radon.

« Ce qui se passe au Niger a au moins le mérite de montrer que l’indépendance énergétique grâce au nucléaire est une chimère », dit Pauline Boyer (Greenpeace). © Mathieu Génon / Reporterre

« Quand j’entends ces derniers temps que la France n’aurait pas besoin de l’uranium du Niger, je souris. C’est une insulte à la vérité et une négation de l’histoire », insiste Seidik Abba. Le cordon ombilical entre l’ancienne puissance coloniale et ses colonies n’est toujours pas coupé. La politique extractiviste de la France explique d’ailleurs en partie la présence décriée de militaires français dans le pays. Quand en janvier 2013, des attaques djihadistes ont frappé le sud de l’Algérie, la France s’est empressée d’envoyer des commandos spéciaux protéger les mines du Niger.

En mai de la même année, lorsque les filiales d’Orano ont été attaquées, la France a aussitôt envoyé des troupes pour neutraliser les terroristes. Les intérêts français ne sont pas cachés. L’uranium reste une ressource stratégique alors que le gouvernement de M. Macron planifie la construction de nouvelles centrales consommatrices du minerai. Cela explique aussi pourquoi Orano a signé en mai 2023 un accord avec l’ancien gouvernement nigérien pour exploiter l’un des plus gros gisements du monde, la future mine d’Imouraren, située au nord d’Agadez.

« Le nucléaire est une énergie qui perpétue la colonisation »

Emmanuel Macron assume cette position mercantile avec arrogance. Dans un discours à l’Élysée, en février 2023, il déclarait ainsi avoir « des intérêts à défendre, quand on parle d’Afrique. Il faut le dire clairement parce que cela va beaucoup mieux en le disant. On ne va pas faire le bien commun. […] C’est ça un partenariat réciproque et équilibré. On ne prend pas les gens pour des imbéciles. On ne dit pas j’arrive chez vous car on va faire le bien à votre place. Non. On vient défendre nos intérêts et on le fait de manière respectueuse avec les intérêts des pays africains ».

« Le nucléaire est une énergie qui perpétue la colonisation, dit Pauline Boyer, chargée de campagne à Greenpeace. Ce qui se passe au Niger a au moins le mérite de montrer que l’indépendance énergétique grâce au nucléaire est une chimère. » Pour l’ONG, que la France se désengage du nucléaire serait aussi une manière de sortir des relations toxiques qui écrasent les pays du Sud. Et c’est ce type de relations qui constitue aujourd’hui le contexte sous-jacent de la crise au Niger.

Par Gaspard d’Allens, publié le 11 septembre 2023 à 10h08, mis à jour le 11 septembre 2023 à 14h12

Photo en titre : Manifestation en 2014 à Niamey, la capitale du Niger. – © Boureima Hama / AFP

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BUGEY ; CONFÉRENCE « L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE AUJOURD’HUI ET DEMAIN »

Le 14 septembre à 20h30 à Crémieu (01) une conférence vous sera proposée sur le thème : « L’énergie, nucléaire aujourd’hui et demain »

Organisée par l’association « Sortir du nucléaire Bugey », elle se tiendra dans la salle Audio de Crémieu (à côté de l’école primaire les Dauphins).

Son but : nous permettre de réfléchir au contexte énergétique actuel et aux choix gouvernementaux qui « semblent » irréversibles. (… à moins que…)

Cette conférence sera animée par Joël Guerry, ingénieur et membre de l’Association Sortir Du Nucléaire Bugey.

Pour plus d’infos, vous pouvez contacter directement Ludovic, (07 82 32 52 56) ACpC et Caroline.

NB : n’hésitez pas à diffuser largement dans vos carnets d’adresses

Retrouvez le site de la Coordination STOP BUGEY en cliquant sur : https://www.stop-bugey.org/

SÛRETÉ NUCLÉAIRE : LE GOUVERNEMENT AVANCE DANS SON PROJET

Le projet de loi sur la sûreté nucléaire, retour d’une réforme controversée voulue par le gouvernement, est en cours de rédaction, l’intersyndicale de l’IRSN, l’institut expert du secteur promis au démantèlement, mettant en garde vendredi contre « une usine à gaz » source de risques.

Un « Conseil de politique nucléaire » réuni autour d’Emmanuel Macron a donné fin juillet « mission à la ministre de la Transition énergétique d’engager les concertations avec les parties prenantes et les parlementaires en vue de préparer un projet de loi d’ici l’automne« , indique le ministère.

« Il y a un travail de co-construction avec les parties prenantes, qui va s’étaler dans les prochaines semaines« , indique-t-on.

Cette réforme prévoit de réunir l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), expert technique de la sûreté, et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui décide du sort des centrales, en une « grande autorité indépendante« .

Sur fond de relance du programme nucléaire, elle vise pour le gouvernement à « adapter » et « fluidifier » les décisions, mais ses détracteurs redoutent une perte d’indépendance et de qualité de l’expertise et une moindre transparence à l’égard du public.

Ce projet avait été retoqué par le Parlement en mai.

Le texte préparé depuis cet été devrait très prochainement sortir pour faire l’objet de consultations informelles, puis formelles, a indiqué François Jeffroy, de l’intersyndicale CFDT CGT CFE-CGC de l’IRSN, selon des éléments communiqués vendredi par la ministre Agnès Pannier-Runacher lors d’une rencontre.

« L’objectif est un passage en conseil des ministres d’ici la fin de l’année« , indique le cabinet.

La ministre a également reçu cette semaine les patrons de l’ASN et de l’IRSN, et propose « de réfléchir à un format d’interaction permettant un échange direct avec l’ensemble des salariés de l’IRSN d’ici fin septembre« .

Pour l’intersyndicale de l’IRSN, la rédaction du projet en révèle déjà les écueils.

« Ça nous paraît construire une usine à gaz pour tenter de faire dans une nouvelle organisation ce qui se faisait très bien aujourd’hui, au risque de ne pas y arriver et de fuite des compétences, et au risque d’amoindrir la sûreté et la sécurité nucléaires », estime M. Jeffroy.

L’intersyndicale s’alarme notamment d’une « perte de synergies« , avec le départ dans d’autres entités de l’expertise des installations de Défense, de l’expertise de la sécurité et des services de dosimétrie.

En outre, « la ministre nous a précisé que le projet de loi n’intègrerait pas de garanties sur la séparation des fonctions +expertise+ et +décision+« , ajoutent les représentants du personnel dans un communiqué.

« L’évaluation technique des risques se trouvera donc sous le contrôle du décideur et de ses contraintes. C’est contraire aux règles de déontologie qui font consensus au plan international« , s’alarment-ils.

Le ministère répond pour sa part que l’ASN compte déjà des experts. Il ajoute que les activités de recherche de l’IRSN seront bien transférées dans la future autorité, comme demandé par le personnel.

Par linfodurable et AFP, publié le 08 septembre 2023

https://www.linfodurable.fr/surete-nucleaire-le-gouvernement-avance-dans-son-projet-40895

REJET DE L’EAU NUCLÉAIRE DE FUKUSHIMA : DES PÊCHEURS ET DES RÉSIDENTS JAPONAIS DÉPOSENT UNE PLAINTE

TOKYO, 8 septembre (Xinhua) — Un groupe de 150 personnes, dont des travailleurs de la pêche de la préfecture japonaise de Fukushima, ont intenté une action en justice vendredi pour mettre fin au rejet en mer des eaux usées contaminées par le nucléaire provenant de la centrale accidentée de Fukushima Daiichi.

Dans la plainte déposée contre le gouvernement japonais et l’exploitant de la centrale, Tokyo Electric Power Company Holdings, ils affirment que le rejet en mer viole leurs droits de pêche et menace les droits des consommateurs à vivre en paix.

Ils demandent en outre l’annulation de l’approbation par les régulateurs nucléaires des installations mises en place pour le rejet d’eau, ainsi que l’interdiction de ce rejet.

Les plaignants, qui comprennent également des personnes touchées par la catastrophe nucléaire survenue en 2011 dans la centrale du nord-est du Japon, ont déposé une plainte auprès du tribunal de district de Fukushima, ce qui en fait la première action en justice de ce type.

En dépit d’une opposition virulente dans le pays et à l’étranger, le Japon a commencé à rejeter les eaux usées radioactives de Fukushima dans l’océan Pacifique le 24 août, ce qui a suscité des inquiétudes chez de nombreux pêcheurs quant à leurs moyens de subsistance.

Par French.news.cn, publié le 09-08 à 18h57

http://french.xinhuanet.com/20230908/e7b8bd2bb01744e7890e0e8d1b5f7d4e/c.html

KAZAKHSTAN : POUR OU CONTRE L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE ? CE PAYS VA TRANCHER PAR RÉFÉRENDUM

Le Kazakhstan, premier pays producteur d’uranium, va bientôt utiliser la voie référendaire pour entériner ou non la construction de sa première centrale nucléaire. Si la construction d’une telle centrale pourrait participer à sécuriser la production électrique du pays, elle réveille des souvenirs douloureux qui divisent la population.

Le président Kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a annoncé, le 1ᵉʳ septembre, la tenue prochaine d’un référendum sur la possible construction d’une centrale nucléaire dans la région d’Almaty, la première du pays. Celle-ci doit aider à résoudre les problèmes de sécurité énergétique du pays tout en diversifiant son mix électrique extrêmement carboné.

Aujourd’hui, l’alimentation électrique du Kazakhstan dépend à 89 % des énergies fossiles, et repose en partie sur la production des pays voisins. De plus, certaines infrastructures, datant de l’époque soviétique, se révèlent vétustes. En conséquence, le pays a connu des pannes énergétiques d’ampleur nationale, comme celle du 25 au 28 janvier 2022 qui a paralysé l’ensemble du pays. Plus récemment, en décembre 2022, une ville de 150 000 habitants a été privée d’électricité pendant près d’une semaine.

Le Kazakhstan et le nucléaire, une histoire douloureuse

Le Kazakhstan est le premier exportateur d’uranium et représente 42 % de la production mondiale. Il produit chaque année 20 000 tonnes de ce minerai radioactif grâce aux 18 mines principalement réparties dans le sud du pays. Selon le président kazakh, il paraît donc logique que le Kazakhstan se tourne vers le nucléaire pour améliorer son indépendance énergétique et réduire son impact carbone.

Néanmoins, l’éventualité d’une nouvelle centrale nucléaire divise la population, et réveille des cicatrices laissées par les 450 essais nucléaires menés pendant l’ère soviétique sur le site de Semipalatinsk. Les éléments radioactifs libérés pendant des décennies sur ce site auraient causé des problèmes de santé à plus d’1,5 million d’habitants, soit un dixième de la population du pays.

Face à cette situation, le député Aidarbek Khojanazarov, président du parti Respublica de centre-droit, a insisté sur l’importance de sensibiliser les populations avant le référendum, afin que le vote de chacun soit basé sur un avis informé et pas sur une émotion. La date du référendum n’a pas encore été rendue publique.

À lire aussi : Quand les crypto-monnaies déstabilisent l’approvisionnement électrique d’un pays

Par Kevin CHAMPEAU, publié le 09 septembre 2023

À propos de l’auteur : Issu du génie civil et curieux dans l’âme, Kevin explore l’actualité pour saisir les enjeux énergétiques de demain.

Photo en titre : La centrale nucléaire d’Almaraz en Espagne / Illustration : Jose Manuel Guelpi, montage : RE.

https://www.revolution-energetique.com/pour-ou-contre-lenergie-nucleaire-ce-pays-va-trancher-par-referendum/

CATTENOM : DÉTECTION TARDIVE DE L’INDISPONIBILITÉ D’UN GROUPE ÉLECTROGÈNE DE SECOURS DU RÉACTEUR 1

Le 24 août 2023, l’exploitant de la centrale nucléaire de Cattenom a déclaré à l’ASN un événement significatif relatif au non-respect des règles générales d’exploitation du réacteur 1 faisant suite à l’indisponibilité d’un groupe électrogène de secours à moteur diesel.

Chaque réacteur est équipé de deux lignes extérieures d’alimentation électrique en provenance du réseau national, d’un diesel d’ultime secours installé suite à l’accident de Fukushima et de deux groupes électrogènes de secours à moteur diesel permettant de pallier la défaillance du réseau électrique. Ces deux groupes électrogènes peuvent assurer, chacun individuellement, l’alimentation électrique de l’ensemble des matériels nécessaires au maintien du réacteur dans un état sûr.

Le 17 août 2023, lors de la réalisation d’un essai périodique sur un diesel de secours dans le cadre du redémarrage du réacteur 1, un interrupteur ne se ferme pas et ne permet pas la reprise de l’alimentation électrique du réacteur par le diesel de secours testé. Le diagnostic réalisé ne révèle aucun défaut et ne conduit qu’à une action de resserrage d’une prise sur une armoire électrique. Après plusieurs essais, le diesel est déclaré disponible le 19 août.

Le 21 août 2023, lors de la réalisation d’un autre essai périodique sur le même diesel de secours, le phénomène réapparaît. Le diagnostic complémentaire mené identifie alors un défaut provenant d’une carte électronique, défaut qui n’avait pas été identifié lors du diagnostic initial.

Du fait de l’identification tardive du défaut, l’exploitant a considéré à tort ce groupe électrogène de secours comme disponible à partir du 19 août 2023, période pendant laquelle d’autres indisponibilités de matériels étaient présentes. Le cumul de ces indisponibilités a conduit l’exploitant à ne pas respecter les règles générales d’exploitation.

En l’absence de perte des alimentations électriques externes et de la disponibilité des autres sources électriques de secours, cet événement n’a pas eu de conséquence. Toutefois, en raison du non-respect des conditions d’exploitation, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

Dès l’identification du défaut le 21 août, l’exploitant a procédé aux travaux de réparation. L’ASN sera vigilante quant à l’analyse des causes ayant conduit au mauvais diagnostic et à l’absence de détection du défaut lors des essais réalisés suite à la première intervention.

Publié le 08/09/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/detection-tardive-de-l-indisponibilite-d-un-groupe-electrogene-de-secours

MOSCOU ET PYONGYANG POURRAIENT BÉNÉFICIER D’UN PARTENARIAT MAIS SEULEMENT JUSQU’À UN CERTAIN POINT

WASHINGTON/SÉOUL, 08 sept. (Yonhap) — La Corée du Nord et la Russie pourraient être en train de chercher à améliorer leurs relations car ils ont les deux des avantages à en tirer, mais l’étendue de leur coopération connaîtra probablement des limites, particulièrement au niveau des technologies militaires avancées comme l’arme nucléaire, a évalué jeudi Sydney Seiler, ancien responsable chargé des affaires nord-coréennes au Conseil national du renseignement (NIC) des États-Unis.

Seiler partageait son analyse de la situation lors d’un séminaire donné en visioconférence et proposé par le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), un groupe de réflexion basé à Washington. « Du point de vue de la Russie, Vladimir Poutine est désespéré », a-t-il dit. « Il se tourne auprès de ceux dont il a besoin. » Il considère néanmoins que le président russe préfèrerait que la Corée du Nord ne soit pas dotée de l’arme nucléaire. « La Russie a adhéré à l’idée que la dénucléarisation de la péninsule coréenne demeure un objectif. Ils n’acceptent pas une Corée du Nord nucléaire à proprement parler. »

Ses remarques sont intervenues après que des représentants de la Maison-Blanche ont insinué qu’une rencontre entre les dirigeants nord-coréen et russe pourrait avoir lieu très prochainement pour négocier une vente d’armes. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou s’était rendu à Pyongyang en personne fin juillet, officiellement pour participer aux célébrations de la fin des hostilités de la guerre de Corée (1950-1953). Mais des responsables américains y ont vu là une opération de séduction pour convaincre la Corée du Nord de fournir à la Russie de l’armement pour sa guerre en Ukraine. Le Nord, en échange, pourrait être intéressé par des technologies militaires avancées, y compris dans le domaine nucléaire ou balistique.

« Le scénario du pire serait que […] les relations entre la Russie et la Corée du Nord passent au rang supérieur, dans lequel la Russie chercherait sérieusement à améliorer les capacités militaires (de la Corée du Nord) », a indiqué Seiler.

L’ancien haut responsable au renseignement a tenu à rappeler toutefois que toute nouvelle coopération entre les deux pays se confronterait probablement à certaines limites qu’il a qualifié de traditionnelles. « Quand vous jetez un coup d’œil à l’histoire des relations entre la Russie et la Corée, […] il y a toujours eu des limites quant à la robustesse de ces relations : ce que Moscou proposait à Pyongyang au-delà de la rhétorique, ce que Pyongyang espérait obtenir de Moscou, ce qu’il réussissait à obtenir, ce qui ne fonctionnait pas. »

« Donc la bonne nouvelle […] est que beaucoup de ces limitations ou paramètres traditionnels dans le cadre desquels leurs relations vont probablement se dérouler agiront en tant que facteurs limitatifs sur l’importance stratégique que celles-ci pourraient avoir », a-t-il ajouté.

Seiler ne considère pas pour autant qu’un rapprochement entre les deux pays est sans danger, pointant notamment qu’un soutien russe pour l’armement conventionnel de la Corée du Nord pourrait avoir un impact sur les relations sur la péninsule. Il a rappelé que l’Armée populaire de Corée (APC) dispose d’environ 1 million d’hommes et femmes. « C’est beaucoup. Et la quantité a une certaine qualité qui lui est propre. Mais elle fait face à bon nombre de lacunes en termes de ressources et à un manque de modernisation de certains systèmes dans les domaines terrestre, aérien et naval. »

« Et s’ils trouvent en la Russie un partenaire disposé à les aider à mettre à jour certaines de leurs forces conventionnelles, nous ne devrions jamais oublier que cela augmenterait également la menace posée par le programme nucléaire nord-coréen, car ils se retrouveraient alors plus confiants dans leur résistance face à notre réponse quelle qu’elle soit », a-t-il conclu.

Par Fabien Schneider, (fabien@yna.co.kr) publié le 08.09.2023 à 09h48

Photo en titre : Sydney Seiler, ancien responsable chargé des affaires nord-coréennes au Conseil national du renseignement (NIC) des États-Unis, s’exprime lors d’un séminaire donné en visioconférence et proposé par le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), le 7 septembre 2023. (Capture d’écran)

https://fr.yna.co.kr/view/AFR20230908001300884

LA NOUVELLE PRÉSIDENTE DE LA BEI DEVRA-T-ELLE FORCÉMENT ÊTRE PRO-NUCLÉAIRE ? : « QUAND DES ÉTATS MEMBRES VEULENT DÉVELOPPER UNE FILIÈRE, IL FAUT LES Y AIDER »

Entre réforme du marché de l’électricité et taxonomie verte européenne, la bataille du nucléaire se poursuit depuis de nombreux mois à Bruxelles. Dans ce contexte, l’atome reçoit un gros coup de pouce de la part du commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton.

Dans l’actu : le plaidoyer de Breton pour un financement européen du nucléaire.

Ce mercredi, le commissaire européen au Marché intérieur a plaidé pour que la Banque Européenne d’Investissement (BEI) finance l’énergie nucléaire à travers l’Union européenne.

Les détails : qu’a-t-il dit ?

. Selon Breton, la BEI « doit financer tout le mix énergétique de chacun des États membres ». « Je rappelle que le mix énergétique est une compétence exclusive des États : lorsque ceux-ci ont envie de le développer, il faut trouver des financements », a-t-il ajouté, cité par Euractiv.

. Le nucléaire étant « en marche en Europe », il doit être financé par la BEI, estime-t-il, rappelant que « la politique de la BEI est d’accompagner le Green Deal » et que le nucléaire « contribue » à ce dernier.

Vestager ou Calviño ?

Le contexte : bientôt une nouvelle présidente à la BEI.

Le plaidoyer pro-nucléaire de Breton – qui n’est d’ailleurs pas son premier du genre – survient quelques jours avant la nomination d’un nouveau président à la tête de la BEI. Ou plutôt d’une nouvelle présidente, les deux favorites étant la danoise Margrethe Vestager et l’espagnole Nadia Calviño. La première était jusqu’ici commissaire européenne à la Concurrence (un portefeuille repris par Didier Reynders), la seconde ministre espagnole des Affaires économiques et de la Transformation numérique.

Ce sont les ministres de l’Économie et des Finances des différents États membres qui décideront de la nouvelle présidente de la BEI. Ils pourraient se prononcer lors de leur réunion des 15 et 16 septembre prochains prévue à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne.

Et on s’attend à ce que l’énergie nucléaire soit l’une des matières qui fera la nouvelle reine. La France, leader du mouvement pro-atome européen, ne cache d’ailleurs pas qu’elle en a fait un de ses principaux critères décisionnels.

Sur ce sujet, Calviño semble partir avec une longueur d’avance sur Vestager. Si cette dernière a déclaré cet été à la télévision française que le nucléaire « fait partie de la solution », Paris s’en méfie.

« Elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour supprimer l’énergie nucléaire de Repower EU [la récente proposition énergétique de l’UE], elle n’a donc pas vraiment gagné notre confiance dans ce domaine. Mais plus important encore, nous avons quelques divergences de vision sur la politique industrielle », a récemment confié un haut responsable français à Politico

L’affaire Scott Morton plaide aussi en la défaveur de Vestager. Du moins auprès de Paris.

Emmanuel Macron avait en effet très peu apprécié que la commissaire danoise propose de nommer une Américaine au poste d’économiste en chef de la concurrence. « Il faut avoir une autonomie de pensée », avait notamment fait valoir le président français.

La France étant un décideur très important au sein de l’UE, ne pas recevoir son soutien pourrait provoquer la défaite de Vestager. D’autant plus que Calviño semble avoir marqué des points ces derniers jours en se disant « ouverte » à ce que la BEI inclue l’énergie nucléaire parmi les projets à financer. Elle a ajouté être prête à faire fî de la réticence du gouvernement espagnol vis-à-vis de l’atome. De quoi ravir Paris, a priori.

Par Olivier Daelen, (Source : Euractiv), publié le vendredi 8 septembre 2023 à 14h53 

Photo en titre : Margrethe Vestager, Nadia Calviño et Thierry Breton. (Thierry Monasse/Getty Images, Dursun

Aydemir/Anadolu Agency via Getty Images, Simon Wohlfahrt/Bloomberg via Getty Images)

https://fr.businessam.be/la-nouvelle-presidente-de-la-bei-devra-t-elle-forcement-etre-pro-nucleaire-quand-des-etats-membres-veulent-developper-une-filiere-il-faut-les-y-aider/

NDLR : cette élection sera fondamentale pour le financement (donc le développement) du nucléaire civil dans l’UE mais aussi celui des énergies renouvelables car l’argent qui sera investi dans le nucléaire manquera pour les renouvelables! L’avenir énergétique européen va se jouer en grande partie dans cette élection!

URANIUM : LA DEMANDE POUR UN USAGE COMBUSTIBLE DEVRAIT BONDIR DE 28% D’ICI 2030

Cette augmentation se fera non seulement grâce à de nouveaux réacteurs, dont la plupart sont prévus en Chine et en Inde, mais aussi grâce à l’allongement de la durée de vie des centrales existantes.

Le nucléaire a le vent en poupe. La demande en uranium à des fins d’exploitation dans les réacteurs nucléaires devrait connaître une hausse de 28 % d’ici 2030, et presque doubler d’ici 2040, alors que de nombreux gouvernements augmentent leurs capacités nucléaires afin d’atteindre leurs objectifs en matière de réduction des émissions de carbone, a annoncé l’Association nucléaire mondiale (ANM) dans un rapport, jeudi 7 septembre.

La demande en uranium pour son exploitation dans les centrales nucléaires devrait atteindre 83 840 tonnes d’ici 2030 et 130 000 tonnes d’ici 2040, contre 65 650 tonnes cette année. La production mondiale d’uranium a baissé de 25 % à 47 731 tonnes entre 2016 et 2020 avant de reprendre légèrement l’année dernière et de s’établir à 49 355 tonnes, précise le rapport.

L’intérêt pour l’énergie nucléaire s’est également intensifié depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, alors que de nombreux pays cherchent des alternatives aux approvisionnements énergétiques russes, a indiqué l’ANM dans son rapport bisannuel sur les combustibles nucléaires.

391 GWe. « Dès le début de la prochaine décennie, la production minière planifiée et prospective, en plus des quantités croissantes d’approvisionnement non spécifié, devront être débutées », est-il écrit dans le rapport.

La capacité nucléaire mondiale était, à la fin du mois de juin, de 391 gigawatt électrique (GWe) provenant de 437 unités, avec 64 GWe supplémentaires en cours de construction. Selon le rapport, la capacité nucléaire devrait augmenter de 14 % d’ici à 2030 et bondir de 76 % pour atteindre 686 GWe en 2040.

Cette augmentation se fera non seulement grâce à de nouveaux réacteurs, dont la plupart sont prévus en Chine et en Inde, mais aussi grâce à l’allongement de la durée de vie des centrales existantes. « Plusieurs pays disposant d’un important parc nucléaire, comme le Canada, la France, le Japon, la Russie et l’Ukraine, autorisent l’exploitation des centrales existantes pour une durée allant jusqu’à 60 ans et, aux États-Unis, cette durée va jusqu’à 80 ans », indique le rapport.

Par l’Opinion, (avec Reuters), publié le 8 septembre 2023 à 07h04, modifié le 8 septembre 2023 à 07h11

Photo en titre : Le site minier d’uranium de Ranger, en Australie.  –  Rafael Ben Ari/Newscom/SIPA

https://www.lopinion.fr/economie/uranium-la-demande-pour-un-usage-combustible-devrait-bondir-de-28-dici-2030

LA CORÉE DU NORD PRÉSENTE SON « SOUS-MARIN NUCLÉAIRE TACTIQUE D’ATTAQUE »

La Corée du Nord est l’un des pays qui possède le plus de sous-marins.

En grande pompe la Corée du Nord a annoncé avoir construit un « sous-marin nucléaire tactique d’attaque« . Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a inspecté le sous-marin qui se préparait à effectuer une sortie d’essai. Le dirigeant a qualifié l’an passé d' »irréversible » le statut de puissance nucléaire de son pays et appelé à un développement accru d’armements, notamment d’armes nucléaires tactiques. La Corée du Nord posséderait entre 64 et 86 sous-marins, soit l’une des plus importantes flottes de sous-marins au monde, mais ils seraient âgés.

Par euronews, publié le 08/09/2023 à 08h37

https://fr.euronews.com/2023/09/08/la-coree-du-nord-presente-son-sous-marin-nucleaire-tactique-dattaque

SUISSE : LA CONSOMMATION D’ÉLECTRICITÉ EN 2022 PROVENAIT À 80% D’ÉNERGIES RENOUVELABLES

L’électricité consommée en Suisse en 2022 était issue à près de 80% d’énergies renouvelables, une part stable par rapport à 2021. La grande hydraulique tient la part du lion avec 65%.

Le nucléaire occupe la seconde place avec 20%. Viennent ensuite les « nouvelles » énergies renouvelables, soit le photovoltaïque, l’énergie éolienne, la petite hydraulique et la biomasse, qui totalisent 14%, soit une hausse de 2 points de pourcentage par rapport à 2021, a indiqué jeudi l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) dans un communiqué. L’électricité issue des énergies fossiles a représenté près de 2%.

L’électricité issue des centrales hydroélectriques ne bénéficiant pas du système de rétribution a été produite à 68% en Suisse, une part en baisse par rapport à 2021 (76%). 2022 a été une année très sèche, ce qui a occasionné une faible production d’électricité indigène issue de la force hydraulique, explique l’OFEN.

Environ 68% du courant issu des nouvelles énergies renouvelables ont été produits en Suisse et 45% ont bénéficié d’un encouragement par le système de rétribution de l’injection. Quant à l’énergie d’origine nucléaire, elle provenait, comme l’année précédente, presque exclusivement de Suisse.

Par ats/hkr, publié le 07 septembre à 15h08

Photo en titre : L’électricité consommée en Suisse en 2022 était issue à près de 80% d’énergies renouvelables / Le Journal horaire

Pour retrouver cet article ainsi qu’un message audio détaillant les chiffres (27 sec.), cliquer sur : https://www.rts.ch/info/suisse/14295600-la-consommation-delectricite-en-2022-provenait-a-80-denergies-renouvelables.html

L’AUTORITÉ DE LA CONCURRENCE SANCTIONNE DES ENTREPRISES POUR ENTENTE DANS LES DÉCHETS NUCLÉAIRES

Le gendarme de la concurrence a imposé des amendes à cinq entreprises, pour un montant total de 31,4 millions d’euros. Elles se sont entendues sur les montants de prix dans des contrats de gestion de déchets nucléaires sur le site de Marcoule dans le Gard.

Le sujet est explosif. L’Autorité de la concurrence a confirmé ce jeudi qu’elle avait sanctionné plusieurs entreprises françaises pour des pratiques d’entente lors d’appels d’offres passés concernant le site nucléaire de Marcoule (Gard). Le montant total des amendes imposées aux entreprises concernées s’élève à 31,24 millions d’euros.

Lire aussi : Gestion des déchets nucléaires : Engie et l’Etat belge trouvent in extremis un accord à 15 milliards d’euros

Parmi ces entreprises sanctionnées, actives dans le secteur des services, d’ingénierie et de traitement des déchets nucléaires, figurent Nuvia Process, qui est une des filiales du groupe Vinci, Endel (une ancienne filiale d’Engie), Bouygues Construction Expertises, SNEF et enfin Spie Nucléaire.

Entente sur les prix

Dans un communiqué, l’Autorité de la concurrence les accuse de s’être entendues de manière organisée et secrète pendant les appels d’offres passés par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) pour son centre de recherche de Marcoule dans le Gard, situé non loin du site nucléaire de Tricastin.

Selon le gendarme de la concurrence, les prétendants aux appels d’offre « ont échangé des informations commercialement sensibles en vue de répondre à certains appels d’offre organisés par le CEA pour différentes installations à Marcoule, et ce, afin de s’entendre sur les niveaux de prix à offrir et de se répartir les marchés ».

Avant de poursuivre : « Pour l’Autorité, de telles pratiques figurent parmi les infractions les plus graves aux règles de concurrence ». En revanche, l’institution explique avoir accordé une procédure de clémence au groupe ONET, qui évite ainsi les sanctions financières.

Les déchets nucléaires, un sujet explosif

En France, le traitement et l’enfouissement des déchets nucléaires demeurent des sujets explosifs, source de controverses et de manifestations fréquentes d’opposants. Plusieurs centaines de personnes ont ainsi manifesté samedi dernier à Bure (Meuse) contre le projet, baptisé Cigéo, d’enfouissement des déchets nucléaires les plus radioactifs, en clôture des « Rencontres des luttes paysannes ».

Lire aussi : La Suède, 2e pays au monde à enfouir ses déchets nucléaires « pour 100.000 ans »

Le cortège, ouvert par une banderole « La Meuse n’est pas une poubelle nucléaire », a réuni des militants antinucléaires de différentes nationalités (Français, Allemands, Suisses, Brésiliens, Colombiens), des riverains et des familles. Des drapeaux de La France insoumise, de la Confédération paysanne, du réseau Sortir du nucléaire ou encore du syndicat Solidaires étaient déployés.

Lire aussi : Déchets nucléaires : « Nous devons transmettre la connaissance sur 500 ans minimum » (Florence Poidevin, responsable Mémoire à l’Andra)

En janvier, l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) a déposé une demande d’autorisation de création (DAC) pour Cigéo, visant à concrétiser le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure. Pour l’heure, le site meusien de l’Andra n’accueille qu’un laboratoire scientifique. Aucun déchet radioactif n’y est entreposé.

Par latribune.fr, publié le 07 septembre 2023 à18H05

Photo en titre : Le site du CEA à Marcoule dans le Gard. (Crédits : CEA / Le Couster)

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/l-autorite-de-la-concurrence-sanctionne-des-entreprises-pour-entente-dans-les-dechets-nucleaires-975385.html

LUTTES PAYSANNES ET RURALES (LPR) : LA LUTTE S’ENRACINE À BURE

Même s’il est bien trop tôt pour faire un bilan des Rencontres que nous venons de vivre, voici en quelques mots un résumé d’une partie de l’équipe d’organisateur-ices, à ce jour épuisées, joyeuses et enthousiastes.

Plus de 1.000 personnes ont participé en cette fin d’été aux dix jours des luttes paysannes et rurales (LPR) qui viennent de s’achever, près de Bure, le 3 septembre. Avec plus de 150 ateliers, tables rondes, conférences, des projections, des spectacles, des pièces de théâtre et des concerts, l’évènement a été un succès grandiose et un point fort de la bataille antinucléaire en France cette année. Avec une forte participation internationale, facilitée par le collectif de traduction italo-catalan Coati, nous avons pu ouvrir nos esprits et débattre des nuits durant, pour enrichir nos idées et projections pour une paysannerie d’avenir.

L’objectif de décloisonnement des luttes s’est reflété dans l’importante diversité d’âges, d’horizons et d’origine sociale des participant·es. Nous avons pu discuter entre éleveur·euses et antispécistes, des différentes approches de l’agronomie, des modèles économiques et sociaux très divers et des méthodes de nos luttes, à la campagne et en ville. Nous avons également renforcé nos positionnements contre la relance du nucléaire et pour des perspectives d’avenir désirables dans nos territoires. Nous en sortons enrichies et repartons plein·es d’espoir pour que nouveaux réseaux et groupes de travail continuent de bâtir un mouvement paysan, écologiste et révolutionnaire, en Europe et au-delà.

Si les Rencontres ont été majoritairement portées par des personnes de France et d’Europe de l’ouest, la délégation internationale a constitué l’un des points forts de ces dix jours. Avec des intervenantes venant de Palestine, du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et des Amériques, les débats ont pris un tournant internationaliste marqué par une solidarité palpable pour tous. Que ce soit sur les questions de foncier ou d’extractivisme, le changement climatique, les enjeux d’antiracisme, d’anticolonialisme, de féminisme et de lutte des classes, cette largeur de perspectives nous a tous éblouies. Sans pouvoir énumérer toutes les thématiques abordées, nous souhaitons soulever le travail fait sur les luttes des travailleur-euses détachées et de l’exploitation des migrantes par l’industrie agricole. Cette injustice portée par les destructeur-ices du vivant devra s’attendre à une forte opposition par le bas, comme l’ont notamment soulignées les femmes de Huelva (Andalousie) ou encore les collectifs A4 ou le Codetras.

Durant ces dix jours, nous avons également vécu un feu d’artifice de soin, d’écoute et de respect mutuel – aucun incident majeur nous est parvenu pour l’instant et nous nous en réjouissons fortement. Cinq collectifs de cantines de France et d’ailleurs ainsi que cinq fermes de la région et une équipe de boulange ont œuvré chaque jour au bien-être de nos papilles. En prime, les tartines et flamm’ des Ami·es de la Conf’, les crêpes des ACAB et la Friterie du progrès ont diversifié les repas quotidiens. Côté presse, les échos ont été globalement positifs – pour ce qui est de nos médias autonomes, nous espérons vos retours et contributions sous différentes formes. D’ores et déjà, des fanzines et podcasts et émissions de radio (réalisées par la Radio Zinzine et Radio Dreyeckland sur le Camp) vont être rajoutés sur le site des LPR. Envoyez vos contributions à presse@lpr-camp.org.

Les Rencontres se sont terminées avec une manifestation bruyante, joyeuse et festive, qui a pu souligner la nécessité de s’opposer au projet Cigéo et de le faire de manière transnationale. Tout s’est déroulé sans incidents majeurs, malgré une pression policière (internationale) et de surveillance constante. Les moyens de surveillance déployés et l’infiltration de la manifestation par des policiers déguisés en « black bloc » ont mené à des réactions logiques de confrontation mesurée. Si nous doutions de la bonne foi des autorités, les contrôles, harcèlements et quelques arrestations temporaires nous ont démontré que la coopération légaliste (déclaration du camp et de la manifestation, entre autres) que nous avions décidée en amont est à questionner. Si nous n’avons pas réussi à désarmer le laboratoire de Bure-Saudron, où l’ANDRA veut enfouir les déchets les plus dangereux produits par l’État nucléocrate français, nous avons tout de même œuvré à démasquer ses failles innombrables et soudé de nouvelles alliances antinucléaires.

Un grand merci va à tous les groupes, collectifs et aux structures qui se sont engagées en amont et durant le campement. À l’heure où nous écrivons, le démontage avance à grands pas et les logisticien·nes – la sueur au front –  rangent, barnums, toilettes et chapiteaux. Une incroyable aventure s’achève mais la lutte continue. On espère que tous rentrent bien chez eux et qu’ensemble nous saurons donner suite à un camp qui restera dans les mémoires comme ayant renforcé nos luttes et nos désirs de bâtir un monde meilleur contre la grisaille et les guerres du système néolibéral, patriarcal et écocide.

Si vous avez des contributions pour nos débriefs et analyses : cr@lpr-camp.org

Déjà certaines d’entre nous rêvent d’une nouvelle édition des LPR et un travail de fond est en cours, pour célébrer bientôt les 500 ans des révoltes paysannes, qui avaient bouleversé les pouvoirs centraux – et le feront à nouveau.

Agir local et penser global !

L’avenir sera paysan ou le vivant foutra le camp !

CIGÉO ne se fera jamais, ANDRA dégage, la lutte est fertile !

Publié le 7 septembre 2023

https://bureburebure.info/lpr-la-lutte-senracine-a-bure/

LA FUSÉE À PROPULSION NUCLÉAIRE ARRIVE PLUS VITE QUE VOUS LE PENSEZ

Passer à la propulsion nucléaire est indispensable pour réduire le temps nécessaire pour rallier la lune, mars et les autres objets du système solaire.

  • Les États-Unis lancent le programme DRACO qui vise à concevoir une fusée propulsée par l’énergie nucléaire
  • Le projet, doté d’un budget de 500 millions de dollars, a été confié à BWX Technologies et Lockheed Martin
  • Le premier test aura lieu en 2027, bien heureusement loin de la surface terrestre

Qu’elle soit atmosphérique ou vouée à l’espace, la propulsion nucléaire a été largement explorée par les États-Unis entre 1946 et la fin des années 1960. À l’époque, les forces armées américaines souhaitaient créer un bombardier capable de rester dans les airs indéfiniment devenant un peu l’équivalent des sous-marins nucléaires des airs.

L’un des fruits du programme NEPA de l’époque – rapidement annulé en 1961 – avait de quoi inquiéter jusqu’aux alliés des États-Unis : il s’agissait rien de moins de modifier un turboréacteur GE J47 pour l’alimenter directement avec de l’air passant au contact d’uranium à l’état critique, posant de sérieuses questions sur le rejet de matières radioactives dans l’atmosphère.

Retour du nucléaire dans la conquête spatiale

Plus tard, avec le projet NERVA, la Darpa et la NASA a également exploré l’idée d’un moteur de fusée propulsé à l’énergie nucléaire, avant d’y renoncer au début des années 1970. Alors, forcément, lorsque l’on entend parler du retour du développement d’aéronefs propulsés par de l’énergie nucléaire, il y a des raisons de s’étonner.

Pourtant, le programme DRACO de la Darpa (une sorte de département R&D de l’armée américaine) et de la NASA ne posera a priori aucun risque sur Terre. Enfin… hormis un “détail sur lequel nous revenons en fin d’article. DRACO signifie Demonstration Rocket for Agile Cislunar Operations.

L’idée est de développer un nouveau vaisseau permettant de couper les temps de trajets entre l’orbite proche de la Terre et l’orbite lunaire, dans un premier temps. Puis de ramener le temps de trajet vers mars à 45 jours, contre 150 avec les meilleures combinaisons d’orbites de transfert et de technologies de propulsion actuellement disponibles.

45 jours, c’est 30% du temps de trajet normalement nécessaire. Soit autant d’exposition en moins, pour les passagers, aux risques de l’espace, qu’il s’agisse des radiations solaires, rayons cosmiques, effets de la microgravité sur la santé, de l’enfermement sur la psychologie, ou encore risque de collision avec une météorite ou autre objet difficile à détecter avant impact (une liste loin d’être exhaustive).

Soulignons qu’à aucun moment il n’est question de tester le système de propulsion radioactive sur Terre. À la place, un démonstrateur sera conçu, puis envoyé dans l’espace dans une orbite située entre 700 et 2000 km de notre planète, dès 2027. De là, le système de propulsion nucléaire pourra pour la première fois être allumé, permettant de tout tester et de collecter de précieuses données.

Très concrètement Lockheed Martin désignera l’essentiel de l’engin tandis que BWX Technologies développera le réacteur nucléaire. La solution retenue est celle d’un propulseur à hydrogène qui sera chauffé à très haute température par un réacteur nucléaire à fission. Reste, on vous le disait, un détail qui ne dissipe pas toutes les inquiétudes. En effet, pour que le test ait lieu il faudra lancer des matières radioactives en orbite.

Le lancement sera a priori assuré par l’armée américaine, mais on ne sait pas très bien ce qui se passera en cas de problème lors du lancement pour les matières dangereuses elles-mêmes. Notons que le lancement de matières radioactives n’est pas une première : certaines sondes, comme les sondes Voyager 1 et 2, embarquent un RTG, une pile radioactive contenant du plutonium. Certains acteurs évoquent également la possibilité de retraiter les déchets nucléaires dans l’espace.

Par RPB, publié le 7 septembre 2023 à 7 h 30 min

Photo en titre : © Darpa

https://www.presse-citron.net/la-fusee-a-propulsion-nucleaire-arrive-plus-vite-que-vous-le-pensez/

NDLR (rappel) : n’oubliez jamais que les articles publiés dans la revue journalière NUCLÉAIRE INFOS ne reflètent pas forcément l’opinion du créateur (et administrateur) de cette revue de presse . Toutefois lorsqu’il me semble important qu’une actualité soit divulguée, je la divulgue, qu’elle me plaise ou non.

SUISSE : LES PROMESSES INTENABLES DU NUCLÉAIRE

Notre chroniqueur estime que la Suisse doit s’inspirer de ce qu’a fait l’Allemagne pour ne plus dépendre de l’énergie atomique. 

La situation géopolitique a mis en évidence notre retard dans la transition énergétique. Il faut être clair, nous avons dormi depuis la décision de sortir du nucléaire largement acceptée par le peuple en 2017. Le réveil a été brutal.

Nous nous rendons compte que la dépendance envers les énergies d’importation (gaz, pétrole, uranium) nous fragilise. La bonne nouvelle, c’est que nous avons les moyens de réagir. Une étude récente de l’ETH le confirme (« Assessing the Feasibility of Scenarios for the Swiss Electricity System »), l’approvisionnement en électricité à partir de sources entièrement renouvelables fonctionne aussi en hiver à des coûts raisonnables.

« Maîtriser la consommation et développer les renouvelables est l’option responsable. »

La mauvaise nouvelle est qu’avec l’habitude créée dans le début des années 70 des nostalgiques tentent de maintenir le nucléaire sur la table comme solution miracle. Les promesses du lobby nucléaire sont intenables. Maîtriser la consommation et développer les renouvelables est l’option responsable.

Le nucléaire ne peut pas écarter à temps la menace de pénurie d’énergie. La planification et la mise en service de centrales nucléaires seraient inopérantes avant 2045 et prolongeraient notre dépendance envers l’uranium enrichi importé en majorité de Russie. Il a fallu à la Finlande, au Royaume-Uni et à la France de quinze à vingt-deux ans entre la décision de construction d’un réacteur et sa mise en service. En Suisse il faudrait y ajouter des années de travaux politiques hasardeux pour changer la loi de sortie du nucléaire.

Les promesses des nostalgiques du nucléaire créent un oreiller de paresse : pour les entrepreneurs, les ménages et les élus, à quoi bon maîtriser sa demande d’énergie et capter les énergies renouvelables en Suisse, puisqu’il suffit d’attendre la solution nucléaire ? Cette confiance aveugle nous a menés à voter une sortie du nucléaire sans calendrier, donc sans visibilité pour planifier l’avenir.

L’Allemagne annonçait en 2003 qu’elle sortirait du nucléaire, en 2011 Angela Merkel annonçait le délai de 2022. Son calendrier a rendu l’avenir clair pour les investisseurs, les décideurs et les entreprises qui ont fait de l’Allemagne la championne des renouvelables. C’est ce calendrier de fermeture qui a permis l’essor des renouvelables et la maîtrise de la consommation.

Maîtriser la consommation

Un approvisionnement en électricité fiable et neutre en CO2 est à notre portée. Le prix de revient des énergies renouvelables a fortement baissé, il est comparable à celui de l’énergie nucléaire existante et meilleur marché que le prix de revient d’hypothétiques nouvelles centrales.

Produire assez d’énergie renouvelable est possible à condition de maîtriser notre consommation. Planifier la sortie du nucléaire au lieu de la décréter, c’est donner un avenir clair aux investisseurs et au pays dans son ensemble.

Par François Pointet, publié le 7 septembre 2023 à 07h03

Photo en titre : François Poncet, Conseiller national Vert’libéral, membre du comité Sortir du nucléaire

https://www.24heures.ch/linvite-les-promesses-intenables-du-nucleaire-372085869143

ONU : LE SAINT-SIÈGE PLAIDE CONTRE L’ARME NUCLÉAIRE

Le Saint-Siège vient de faire entendre une nouvelle fois sa voix aux Nations Unies sur la question de l’arme nucléaire par le biais de son observateur permanent. Faisant écho à la pensée du pape François qui a déclaré en août 2023 que « posséder des bombes atomiques est un péché », Mgr Gabriele Caccia a plaidé pour une interdiction universelle des essais nucléaires.

Comment l’Église se positionne-t-elle sur le sujet depuis le siècle dernier ?

C’est sous le pontificat de Pie XII (1939-1958) que la question, hautement sensible, du nucléaire, fait son irruption dans le débat éthique. Le pape se basa alors sur le critère de proportionnalité pour condamner le recours aux armes nouvelles :

« Lorsque les dommages entraînés par la guerre ne sont pas comparables à ceux de l’injustice tolérée, on peut avoir l’obligation de subir l’injustice », déclarait-il dans son Allocution à l’Office International de Documentation de Médecin Militaire le 19 octobre 1953.

En d’autres termes, l’arme nucléaire était considérée comme immorale, envisagée dans son seul aspect de moyen militaire entraînant des dégâts humains et naturels disproportionnés à une agression militaire quelle qu’elle soit.

La réflexion de Pie XII évolua légèrement à la fin de son pontificat, mais c’est néanmoins sous les papes suivants que le jugement sur l’arme nucléaire s’est infléchi dans l’Église, celle-ci étant considérée davantage comme un moyen politique, surtout du moment où la dissuasion devint bilatérale et fut envisagée comme une modalité du rapport politique entre les superpuissances.

Parallèlement, la réflexion sur le contrôle possible de l’arme nucléaire s’est aussi développée. Peu à peu le magistère a affiné son jugement moral dans la même ligne jusqu’à Jean-Paul II qui déclare en 1982 que « dans les conditions actuelles, une dissuasion fondée sur l’équilibre, non certes comme une fin en soi, mais comme une étape sur la voie d’un désarmement progressif, peut encore être jugée comme moralement acceptable ».

On peut ainsi résumer le jugement du magistère de Jean XXIII à Jean-Paul II : temporairement, l’arme nucléaire, dans la mesure où elle contribue à la dissuasion, ne peut être bannie. Seul son usage indiscriminé le serait ; mais le but ultime est de parvenir à l’interdiction et la destruction des armes nucléaires.

Les pontificats de Benoît XVI et de François marquent un sensible changement de cap qui se justifierait par la prolifération des armes atomiques et la fin de la bipolarisation Est-Ouest qui ne permet plus le recours à la notion de dissuasion :

« Que dire des gouvernements qui comptent sur les armes nucléaires pour garantir la sécurité de leurs pays ? Avec d’innombrables personnes de bonne volonté, on peut affirmer que cette perspective, hormis le fait qu’elle est funeste, est tout à fait fallacieuse », déclare ainsi Benoît XVI le 1er janvier 2006.

Le pape François se trouve être – sur cette question précise – sur la même ligne que son prédécesseur immédiat. Une fois n’est pas coutume.

Cette position est-elle moralement juste ?

La question de l’utilisation de l’arme nucléaire et celle de la dissuasion atomique sont assez complexes. Elles nécessitent un développement qui sera donné dans de prochains articles.

Source ONU-FSSPX.Actualités, publié le 6 septembre 2023

Photo en titre : 51115874 © Ig0rzh | Dreamstime.com

https://fsspx.news/fr/news-events/news/onu-le-saint-siege-plaide-contre-arme-nucleaire-85232

INFOGRAPHIE : QUEL ÂGE A LE PARC NUCLÉAIRE MONDIAL ?

Le monde compte plus de 400 réacteurs nucléaires opérationnels. Or, près d’un tiers ont dépassé ou sont proches de leur limite d’utilisation et font partie de ceux ayant les plus fortes capacités de production. Une infographie très parlante permet de se rendre compte de la situation actuelle.

De nombreux réacteurs nucléaires sont très âgés

Depuis les années 1950 et la démocratisation du nucléaire, les réacteurs ont joué un rôle important pour répondre aux besoins en énergie à l’échelle globale. À l’origine, chaque réacteur nucléaire a une durée de vie entre vingt et quarante ans. Toutefois, elle peut s’allonger avec le renouvellement des licences. Une infographie publiée par Visual Capitalist le 29 juin 2023 répond notamment à la question suivante : quel âge a le parc nucléaire mondial ?

Le document montre la répartition par âge des 422 réacteurs en activité dans le monde en mars 2023, sur la base des données du Power Reactor Information System (PRIS). Chacun des réacteurs se matérialise sur l’infographie par un cercle de couleur allant du vert au rouge selon l’âge et dont la taille indique la capacité de production.

Premier constat, la majorité des réacteurs nucléaires du monde a atteint l’âge de trente ans ou plus. Plus précisément, dix-huit réacteurs ont plus de 50 ans, 107 se trouvent dans la tranche d’âge 41-50 et 155 dans la tranche d’âge 31-40 (soit un total de 280). En comparaison, les réacteurs âgés de 1 à 30 ans sont au nombre de 142. Selon le document (voir ci-après), 62 % de l’intégralité des réacteurs nucléaires actuels ont été connectés au réseau entre 1973 et 1992.

Crédits : Visual Capitalist / PRIS

Les prolongations sont très importantes

Un autre constat paraît également important : une grande majorité des réacteurs de plus de trente ans font partie des plus puissants au monde. Ces 280 réacteurs ont en effet une capacité de production de 249,085 MW contre 128,806 MW pour les 142 qui ont moins de trente ans. Par ailleurs, les cinq plus anciens ont chacun une capacité de 54 MW et sont entrés en service à la fin des années 1960. Deux d’entre eux se trouvent aux États-Unis, deux en Inde et le dernier en Suisse.

De nombreux réacteurs voient ainsi leur durée de vie prolongée. Cependant, cela implique des tests de sécurité, des évaluations en tout genre et des travaux de rénovation. Ces prolongations évitent surtout de réinvestir des sommes faramineuses dans la construction de nouvelles installations. En revanche, les autorités ont grandement intérêt à ne pas laisser passer la moindre faille de sécurité avant d’autoriser un renouvellement.

Par Yohan Demeure, (expert géographe) publié le 4 septembre 2023 à 17 h 06 min

Concernant l’auteur : Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.

Photo en titre : Crédits : alcfeoh21 / iStock

https://sciencepost.fr/infographie-age-reacteurs-nucleaires/

EDF ENVISAGE DE RÉDUIRE LA PRODUCTION NUCLÉAIRE À BUGEY ET SAINT-ALBAN

En raison des fortes chaleurs, EDF pourrait réduire la production nucléaire des centrales du Bugey et de Saint-Alban.

EDF envisage de réduire la production de ses réacteurs nucléaires à la centrale du Bugey dans l’Ain et à Saint-Alban en Isère, à partir de samedi, rapporte l’AFP. En cause, les fortes chaleurs attendues et l’échauffement de l’eau du Rhône.

Des restrictions probables ce week-end

Pour rappel, le réacteur Bugey 3 avait été arrêté à la mi-juillet, pour des raisons de « contraintes environnementales et d’une faible demande en électricité« , expliquait EDF.

« En raison des prévisions de températures élevées sur le Rhône, des restrictions de production sont susceptibles d’affecter le site de production nucléaire de Bugey » les samedi 9 et dimanche 10 septembre explique EDF. La même mesure pourrait être prise sur le site de Saint-Alban.

L’activité des centrales, qui pompent l’eau des rivières adjacentes (ou en mer, le cas échéant) pour leur refroidissement avant de la rejeter plus chaude dans le milieu, est encadrée par des seuils d’échauffement et de débit de ces cours d’eau à ne pas dépasser. Ces seuils sont propres à chaque centrale et visent à protéger la faune et la flore.

Par LA RÉDACTION, publié le 6 septembre 2023 à 15h13

PHOTO en titre : Centrale nucléaire du Bugey dans l’Ain @ Cheyenne Gabrelle

https://www.lyoncapitale.fr/actualite/edf-envisage-de-reduire-la-production-nucleaire-a-bugey-et-saint-alban

L’ALLEMAGNE VA SE DOTER D’UN SYSTÈME DE MISSILES HYPERSONIQUES ANTIBALISTIQUES — UN PAS DE PLUS VERS LA GUERRE NUCLÉAIRE

La mi-août, le ministère israélien de la Défense a annoncé qu’il avait reçu l’autorisation des États-Unis de vendre le système de défense antimissile Arrow 3 à l’Allemagne. L’achat du système par le ministère allemand de la Défense doit encore être confirmé par les parlements des deux pays, mais cela est considéré comme une formalité, selon les observateurs. Les commissions du budget et de la défense du parlement allemand ont déjà approuvé l’achat en juin. Cette décision a des implications militaires et géostratégiques considérables. Selon l’armée de l’air allemande, l’Arrow 3 pourrait se trouver opérationnel dès 2025.

Cette nouvelle acquisition fait l’objet de discussions sur les préparatifs d’une guerre nucléaire. Le système se compose d’unités de missiles mobiles d’une portée allant jusqu’à 2.400 kilomètres et de trois systèmes de radar. Déployé en Allemagne, Arrow 3 couvrirait toute l’Europe, y compris Moscou et la Crimée, ainsi que la moitié de la Turquie et une partie de l’Algérie et de la Libye. Le projectile atteint plus de dix fois la vitesse du son, peut atteindre des missiles à une altitude de 100 kilomètres et peut également être utilisé contre des satellites. C’est particulièrement adapté à la lutte contre les armes de destruction massive telles que les missiles à moyenne et longue portée.

D’un coût de près de quatre milliards d’euros — payés sur les 100 milliards d’euros du fonds des « actifs spéciaux » de l’armée allemande —, il s’agit du plus important contrat d’armement de l’histoire d’Israël. Ron Prosor, ambassadeur d’Israël en Allemagne, a salué l’approbation des États-Unis en déclarant : « C’est un jour historique qui marque un tournant dans les relations entre Israël et l’Allemagne ». Pour la première fois, a-t-il ajouté, « un système israélien protégera le ciel de l’Allemagne et de toute l’Europe ». Steffen Seibert, ambassadeur d’Allemagne en Israël, a déclaré que cette décision « ajouterait un élément très important à nos relations militaires ».

Si l’acquisition de l’Arrow 3 met en lumière les liens diplomatiques et militaires étroits entre l’Allemagne et l’Israël, cette décision marque également un abandon des autres systèmes de défense antimissile « commercialisables », tels que le système américain « Terminal High Altitude Area Defense » ou une version du système franco-italien SAMP/T (MAMBA), qui a été livrée à l’armée ukrainienne en mai et en juin.

Guerre contre les puissances nucléaires

L’acquisition de missiles hypersoniques antibalistiques vise directement à intensifier la guerre par procuration que l’OTAN mène contre la Russie en Ukraine. Il s’agit du corollaire militaire des déclarations insensées des principaux politiciens et stratèges militaires de l’OTAN selon lesquelles les armes nucléaires russes ne devraient pas « dissuader » l’Occident de réaliser ses objectifs militaires en Ukraine. Selon des sources israéliennes, le système d’armes est également capable de repousser le missile hypersonique Kinschal à capacité nucléaire, utilisé par l’armée russe contre les positions ukrainiennes depuis mars 2022.

Le développement par l’Allemagne de sa propre défense antimissile stratégique et tactique vise également à permettre à l’armée de l’air de mener une guerre contre la Russie et d’autres puissances nucléaires indépendamment du soutien militaire des États-Unis. Le programme Arrow découle d’un projet israélo-américain lancé en 1986 pour intégrer Israël dans l’Initiative de défense stratégique (IDS) des États-Unis. Le président américain Ronald Reagan avait déclaré trois ans plus tôt, dans un discours télévisé tristement célèbre, que l’IDS donnerait à l’armée américaine « les moyens de rendre les armes nucléaires inefficaces et obsolètes » et « d’éliminer la menace des missiles nucléaires stratégiques ».

Dans le même temps, l’accord Arrow 3 s’inscrit dans le cadre du plus important programme d’armement de l’Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale et fait partie intégrante de l’agenda global de la classe dirigeante en matière de grandes puissances. Cela vise à affaiblir politiquement et militairement les rivaux historiques de l’impérialisme allemand — en particulier la Pologne et la France, mais aussi l’Italie et la Grande-Bretagne — et à placer ainsi les petites puissances européennes sous la « protection » de l’Allemagne.

Le chancelier Olaf Scholz avait déjà élaboré ces projets dans un discours prononcé à l’Université Charles de Prague en août 2022, où il avait évoqué la perspective d’une modernisation massive de l’armée de l’air allemande et appelé à un « système de défense aérienne construit conjointement en Europe » pour renforcer le « pilier européen de l’OTAN » et prendre des mesures « contre les menaces aériennes et spatiales ». L’Allemagne « concevra ce futur système de défense aérienne dès le départ de manière à ce que nos voisins européens, tels que les Polonais, les pays baltes, les Néerlandais, les Tchèques, les Slovaques ou nos partenaires scandinaves puissent également y participer ».

À cette fin, l’Arrow 3 doit être intégré à un système complet de défense aérienne dans le cadre de l’initiative ESSI (Initiative européenne de protection du ciel), qui vise à faire de l’Allemagne la première puissance militaire du continent. Le ministre de la Défense Boris Pistorius (SPD), la présidente de la commission de la défense, Marie-Agnes Strack-Zimmermann (FDP), et la porte-parole des Verts en matière de défense, Sara Nanni, ont tous déclaré à la presse que le système « protégerait nos États voisins ». Les États en question « n’auraient qu’à acquérir des unités de missiles “Arrow” pour leur défense », selon un article de Tagesschau. Les données radar proviendraient d’un système central de surveillance de l’espace aérien en Allemagne.

Initiative européenne de protection du ciel (European Sky Shield Initiative – ESSI)

L’ESSI a été lancée en octobre dernier à l’initiative du gouvernement allemand, en marge d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles, afin de créer « un système européen de défense aérienne et de défense antimissile », à la suite du discours de Scholz à Prague. Le mémorandum associé a été signé par les ministres de la défense de la République tchèque, de l’Allemagne, de la Belgique, de la Hongrie, de la Bulgarie, de l’Estonie, de la Finlande, du Royaume-Uni, de la Lettonie, de la Lituanie, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Slovénie, et est « ouvert à d’autres États intéressés ».

Cette année, la Suède et le Danemark, ainsi que l’Autriche et la Suisse, ont rejoint l’initiative. Dans une déclaration séparée, la Suisse a affirmé de manière absurde que la participation au pacte militaire européen était conforme à la clause de neutralité inscrite dans les constitutions autrichienne et suisse. En contradiction directe avec cette déclaration, un document de l’armée allemande (Bundeswehr) indique qu’il est « prévu d’intégrer les capacités élargies ou nouvellement créées de l’initiative d’acquisition conjointe dans la défense aérienne de la zone de l’OTAN dirigée par le commandant de l’OTAN pour l’Europe ».

Les détails sont tenus secrets. La Bundeswehr se contente d’indiquer qu’en plus de l’Arrow 3, elle prévoit d’acquérir d’autres systèmes allemands de défense antimissile du type IRIS-T SLM, ainsi que des modèles américains Patriot pour le « voisinage proche et immédiat » dans le cadre de l’ESSI.

En fait, l’ESSI est une « coalition informelle de ceux qui souhaitent se réarmer » dont les relations à l’OTAN et à l’« Europe » se trouvent totalement opaques. Par exemple, les signataires de l’ESSI, la Suède, l’Autriche et la Suisse, ne sont pas membres de l’OTAN ; la Suisse, la Norvège et la Grande-Bretagne ne sont pas des États membres de l’UE. Des États clés de l’UE comme la France, la Pologne, l’Italie et l’Espagne, qui entretiennent des relations étroites avec l’Allemagne dans le cadre de la Coopération structurée permanente (PESCO), ne font pas non plus partie de l’initiative.

Les projets actuels d’acquisition de l’Arrow 3 sont en fait en concurrence avec deux autres projets européens de défense antimissile qui se poursuivent en coulisse depuis des années. Il s’agit du projet PESCO coordonné par la France, le projet TWISTER « Alerte et interception en temps utile grâce à la surveillance théâtrale basée dans l’espace » (Timely Warning and Interception with Space-based Theatre surveillance), dont le missile hypersonique est actuellement développé par MBDA, et le projet HYDEF (Hypersonic Defence Interceptor), qui a été attribué par la Commission européenne à un consortium de missiles dirigé par l’Espagne en juillet 2022. Bien que l’Allemagne soit un acteur majeur de ces deux systèmes, des représentants du gouvernement ont affirmé qu’ils ne seraient pas opérationnels à temps pour mériter d’être pris en considération.

Domination de l’Europe

L’initiative allemande ESSI a été vivement rejetée et publiquement critiquée par la France. Lors d’une conférence sur la défense aérienne européenne en marge du salon du Bourget, le président français, Emmanuel Macron, a mis en garde contre l’achat de systèmes d’armes non européens. Ceux-ci sont « moins gérables, liés à des calendriers, des files d’attente et des priorités, parfois soumis à l’approbation d’un pays tiers » et sont « trop dépendants du monde extérieur ». L’initiative de Scholz n’a pas été approuvée par Paris et « prépare les problèmes de demain ». Macron a ensuite annoncé l’achat conjoint de plusieurs centaines de missiles à courte portée Mistral de fabrication française avec l’Estonie, la Hongrie, la Belgique et Chypre.

Les représentants de l’armée allemande ont alors accusé Macron de défendre les intérêts français et de « mettre en péril la défense aérienne de l’Europe ». Un document récent de l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité, affilié au gouvernement, intitulé « Le faible rôle de leader de l’Allemagne dans la défense aérienne européenne » se plaint que « plusieurs partenaires ont de grandes réserves quant à l’idée de l’Allemagne » en ce qui concerne l’ESSI. Bien que «la participation de la France et de l’Italie soit indispensable au succès de l’initiative », Berlin « n’a pas (encore) réussi à apaiser les inquiétudes de partenaires importants quant à son rôle de leader ».

Le document conclut que l’Allemagne doit se réarmer de manière encore plus complète et affirmer avec encore plus de véhémence sa revendication de leadership militaire en Europe. L’objectif doit être de combler le « déficit capacitaire » de la défense antimissile stratégique « le plus rapidement possible, mais sans affaiblir ou mettre en péril les programmes de développement européens ».

Le document continue en affirmant que l’Allemagne, en tant que coordinateur de l’ESSI, doit donner l’exemple en matière de financement de la défense aérienne européenne. Les quelque 5 milliards d’euros du fonds spécial ne constituent qu’une première étape. En outre, des « fonds réguliers du budget de la défense » sont nécessaires pour les améliorations techniques et les nouvelles acquisitions. En outre, « les coûts élevés des opérations, des exercices et de la maintenance » n’ont « pas encore été pris en compte dans la planification financière de la Bundeswehr ».

Avec ses partis frères européens, le Parti de l’égalité socialiste (PES) se présente aux élections européennes de l’année prochaine pour s’opposer à la politique de guerre insensée de la classe dirigeante. Au lieu de suivre la carte de guerre des impérialistes, nous suivons la carte de la lutte des classes. La seule façon de garantir la paix en Europe et dans le monde est la mobilisation internationale de la classe ouvrière européenne sur la base d’un programme socialiste et internationaliste.

Les appareils militaires impérialistes doivent être dissouts et toutes les ressources sociales allouées à la construction d’une société socialiste dans laquelle les fauteurs de guerre sont combattus politiquement et expropriés et où les intérêts vitaux de la grande majorité de la population sont prioritaires. Le PES s’oppose à toutes les tentatives de l’impérialisme allemand, responsable de crimes historiques au cours des deux guerres mondiales, de placer à nouveau l’Europe sous sa domination militaire.

(Article paru d’abord en anglais le 5 septembre 2023)

Par Gregor Lin, (pour le Word Socialist Web site) publié le 6 septembre 2023

Photo en titre : Lancement d’un missile de défense Arrow 3

https://www.wsws.org/fr/articles/2023/09/06/odji-s06.html

LES ÉNERGIES RENOUVELABLES FONT-ELLES TROP D’OMBRE AU NUCLÉAIRE ?

L’ex-PDG d’EDF Henri Proglio soutient que le nucléaire est contraint de moduler sa production pour s’adapter aux ENR. Une absurdité selon lui, mais un faux procès selon plusieurs experts, pour lesquels cette flexibilité est une voie à approfondir.

La forme peut varier mais le fond demeure : les énergies renouvelables (ENR) prendraient la place du nucléaire. L’assertion surgit régulièrement, ressassée par de farouches défenseurs de l’atome. Dernière sortie en date : celle de l’ex-PDG d’EDF Henri Proglio, dont les propos tenus lors d’un séminaire organisé par la fondation Res Publica en mars dernier, ont récemment été rapportés par Marianne. Selon lui, « demander au nucléaire de s’effacer quand les énergies renouvelables – intermittentes et non programmables – arrivent représente un surcoût gigantesque. […] Or, aujourd’hui, priorité d’accès [au réseau électrique] est donnée au renouvelable, et le nucléaire doit s’adapter. Encore une idée géniale ! » L’urgence, à ses yeux, serait de « définir un optimum de production nucléaire » auquel se tenir. Sous-entendu : il faudrait déterminer une limite haute à la part des ENR dans le mix électrique français pour profiter au maximum des rendements de l’atome.

« C’est une très mauvaise façon de défendre le nucléaire, juge Nicolas Goldberg, senior manager énergie et environnement à Colombus Consulting. Ce débat est inaudible, car pollué par un tas de positions politiques et éloignées de la technique. » Avis partagé par Géry Lecerf, président de l’Association française indépendante de l’électricité et du gaz (Afieg), qui affirme : « Accuser les ENR d’être coupables de la modulation du parc nucléaire, c’est un sophisme, un faux procès relevant d’un discours anti-renouvelables. »

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Surtout, rappellent les deux experts, la modulation du parc nucléaire n’a rien d’une nouveauté puisqu’elle a toujours existé – ou presque. Nicolas Goldberg évoque d’ailleurs « un savoir-faire de pointe » maîtrisé par l’énergéticien tricolore. « Une réelle force« , confirmait en janvier dernier Cédric Lewandowski, directeur exécutif d’EDF chargé du parc nucléaire et thermique, lors de son audition devant la commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France. « Le parc nucléaire français dispose de capacités de modulation dont la plupart des autres parcs du monde ne bénéficient pas« , ajoutait-il. Cette compétence doit d’ailleurs être renforcée, assure la Société française d’énergie nucléaire (Sfen), car « la flexibilité du nucléaire est déterminante pour réussir la transition vers une économie décarbonée et réussir l’intégration des énergies renouvelables intermittentes dans le réseau électrique« .

Un plafond aux ENR ? « Une folie« 

Avec sa récente loi sur l’accélération de la production d’ENR, le gouvernement a confirmé la part grandissante que ces dernières prendront dans le mix énergétique français – alors que le pays est à la traîne sur ses objectifs en la matière. « Vu le besoin et les prix de marché de l’électricité, je ne suis pas certain que notre problème soit d’avoir des énergies renouvelables« , pointe Nicolas Goldberg, de Colombus Consulting. D’autant qu’elles n’ont, jusqu’à présent, entraîné que très peu de baisse de la production nucléaire. « Le phénomène […] demeure rare et se produit essentiellement lors des périodes de faible consommation électrique« , précisait RTE, le réseau de transport d’électricité, dans une note de 2020. « Avant, les renouvelables comptaient trop peu dans le mix pour ‘déplacer’ du nucléaire et, maintenant, ce dernier est trop faible« , abonde Cédric Philibert, consultant indépendant sur les questions énergétiques et chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri), battant en brèche l’argumentaire d’Henri Proglio.

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L’ex-PDG de Veolia puis d’EDF déplore le prix d’une telle stratégie. Avec des coûts fixes massifs et des coûts variables faibles, une rentabilisation maximale du nucléaire implique, en principe, un fonctionnement constant à une puissance donnée. Or, si EDF procède à ces modulations, « c’est qu’il y voit un intérêt« , note Nicolas Goldberg, qui cite notamment des gains sur le combustible. Concernant leurs conséquences sur l’outil industriel – fatigue accélérée et usure sont souvent avancées –, elles apparaissent pour l’heure « tout à fait mineures« . « Nous n’avons pas constaté de traces de vieillissement accéléré du parc« , constatait Cédric Lewandowski, d’EDF, devant la commission d’enquête. Mais, à cause du réchauffement climatique et de la montée en puissance des ENR, qui devront pourvoir un tiers de la consommation d’énergie à l’horizon 2030, un travail plus approfondi a été lancé pour savoir si davantage de modularité, couplée à l’arrêt de certains réacteurs, pouvait « engendrer une obsolescence accélérée« .

Rien, pour l’heure, n’incite donc à fixer un plafond à ne pas dépasser pour les ENR. « Ce serait une folie, lance le consultant Cédric Philibert. C’est plutôt à la filière nucléaire de fournir la preuve qu’elle peut encore construire une centrale dans les délais et les coûts prévus. » D’après le chercheur associé à l’Ifri, la problématique devrait plutôt être inversée : « Quel est le niveau idéal du nucléaire dans une Europe interconnectée et avec beaucoup de renouvelables ? » Tous les interlocuteurs interrogés conviennent que l’avenir énergétique – et électrique – passera par une flexibilité accrue des sources de production. « Est-ce au nucléaire de l’assurer ou faut-il se tourner vers d’autres options ? Et lesquelles ? » questionne Géry Lecerf, de l’Afieg. Là est le vrai débat.

Par Baptiste Langlois, publié le 05/09/2023 à 11h40

Photo en titre : « Accuser les ENR d’être coupables de la modulation du parc nucléaire, c’est un sophisme, un faux procès relevant d’un discours anti-renouvelables », affirme Géry Lecerf, président de l’Association française indépendante de l’électricité et du gaz (Afieg). afp.com/Orlando SIERRA

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NUCLÉAIRE : LE GOUVERNEMENT DOIT ACCEPTER LE DÉBAT DÉMOCRATIQUE

Président de France Nature Environnement, Antoine Gatet répond à une tribune pronucléaire de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, parue le 25 août dans Libération. Il rappelle que les émissions de carbone ne peuvent être le seul critère d’analyse du problème, et que le gouvernement ne peut rester sourd aux concertations en cours.

L’urgence climatique est une réalité et nous saluons le fait que ce sujet soit enfin inscrit à l’agenda politique sous l’autorité de la Première ministre. Si l’on peut aussi saluer la trajectoire à la baisse des émissions de gaz à effet de serre en France, il faut rappeler que cette baisse est deux fois inférieure au rythme nécessaire pour atteindre nos objectifs de neutralité carbone. Dans une tribune récente où elle plaide pour le nucléaire, Agnès Pannier-Runacher invoque des réalités objectives et scientifiques pour affirmer qu’il s’agit, aux yeux du gouvernement, d’un outil essentiel de la décarbonation de la France. Elle appelle aussi à un débat public sur le sujet.

Mais pour que débat public il y ait, il faut ne pas omettre la réalité des controverses qui concernent le nucléaire. France Nature Environnement, qui a pour objet l’information et la participation au débat public, tient à sa disposition nombre de ces éléments. En voici certains parmi les plus importants, qu’elle a largement omis de mentionner.

La ministre revendique le fait que le nucléaire soit « une des énergies les moins carbonées ». Certes, mais le nucléaire est objectivement une source d’énergie très polluante. Ses impacts environnementaux, de la production d’uranium (la France doit gérer les millions de tonnes de déchets radioactifs issus de décennies de production minière sur son territoire, entraînant des pollutions importantes des milieux ; pollutions aujourd’hui subies par les populations du Niger) à la gestion des déchets, en passant par la gestion de l’eau par les centrales en période de sécheresse , le bilan environnemental global de cette énergie est lourd et largement passé sous silence au seul prétexte d’une comparaison des émissions carbone d’une centrale nucléaire et d’une centrale à charbon.

La ministre revendique un nucléaire « compétitif ». C’est omettre le coût réel de la filière si elle intégrait l’ensemble des externalités économiques liées aux pollutions qu’elle produit, et c’est passer sous silence le fait que ce secteur est sous perfusion financière étatique, comme l’illustre la prise en charge de la multiplication par cinq du coût de l’EPR de Flamanville, passé de 3,3 milliards d’euros prévus à une facture de 19 milliards, et le renflouement régulier d› EDF par l’Etat. Il est d’ailleurs notable que l’approche économiquement libérale que la ministre défend, par exemple pour les énergies renouvelables, ne semble pas s’appliquer dans le cas du nucléaire, probablement parce que les investisseurs privés ne partagent pas ses conclusions.

La ministre revendique le fait que le nucléaire « nous permet de limiter notre approvisionnement en énergies fossiles importées de pays qui ne sont pas toujours des alliés ». C’est omettre que 100 % de l’uranium brûlé dans nos centrales est importé, c’est omettre le fait que l’approvisionnement en uranium et son enrichissement, comme la gestion des déchets produits par le nucléaire français, nous rendent dépendants de pays comme la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan ou le Niger.

La ministre oublie enfin de mentionner le sujet des accidents nucléaires, de la gestion du risque dans un monde en crise et des liens entre nucléaire civil et prolifération nucléaire militaire. Sujets particulièrement importants dans un débat démocratique que nous demandons le plus ouvert et transparent.

Alors si, comme Agnès Pannier-Runacher, nous croyons qu’« il est temps de contribuer à un vrai débat sur l’énergie », un « débat au service des Français », nous appelons à cesser de refuser ce débat avec les Françaises et les Français mobilisés pour l’action climatique, et en premier lieu celles et ceux mobilisés dans nos 6 500 associations et fédérations partout en France hexagonale et en outremer.

La relance de la filière nucléaire appartient aux sujets devant faire l’objet d’un débat public préalable à toute décision publique. Tant RTE que l’Ademe, dans leurs propositions de décarbonation de la France, avancent des scénarios tantôt avec, tantôt sans nucléaire. Le choix est donc possible. Ce fait est largement oublié par le président de la République quand il annonce la construction de nouvelles centrales sans débat préalable, ou par la ministre quand elle fait voter par le parlement une loi sur la relance de la filière nucléaire sans attendre le résultat d’« une concertation alors en cours sur l’avenir énergétique de la France et un débat public portant en particulier sur la relance du nucléaire dans le cadre des projets d’EPR2 de Penly. Ce dernier débat a d’ailleurs montré l’ampleur des controverses techniques non-tranchées liées aux EPR. Les ignorer ne les fait pas disparaître.

La responsabilité de la ministre est de mettre en œuvre les cadres démocratiques prévus par le droit de l’environnement, et non de fermer le débat en simplifiant l’équation nucléaire et en oubliant les cadres de consultation du public prévus, en particulier en oubliant de consulter les associations environnementales ou le Conseil économique, social et environnemental (qui s’est pourtant saisi du sujet et qui regroupe l’ensemble de la société civile organisée).

L’avenir du nucléaire en France n’est pas qu’un sujet de politique partisane, c’est un sujet sociétal qui oblige la ministre.

Cette tribune a initialement été publiée dans Libération, sous le titre Nucléaire : madame la ministre, acceptez la controverse et le débat démocratique.

Publié le 4 septembre 2023

https://fne.asso.fr/actualites/nucleaire-le-gouvernement-doit-accepter-le-debat-democratique

« DE NOMBREUX CITOYENS S’INTERROGENT SUR LE CARACTÈRE UTILE OU NON DU NUCLÉAIRE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE »

Le Monde de l’Énergie ouvre ses colonnes au journaliste Thomas Blosseville, auteur du livre Le nucléaire (presque) facile, paru ce 1er septembre 2023 aux éditions Delachaux et Niestlé, pour évoquer avec lui les enjeux de la vulgarisation du secteur de l’énergie.

Le Monde de l’Énergie —Pourquoi avez-vous décidé de rédiger un ouvrage vulgarisant le fonctionnement de l’énergie nucléaire, en particulier en France ?

Thomas Blosseville —En France, le débat sur l’énergie est longtemps resté cantonné à un cercle d’initiés avec des spécialistes décidant pour la population des infrastructures dont elle avait besoin. On peut le comprendre : le sujet est difficile à appréhender. Mais, en le réduisant à une approche technique, on néglige sa dimension politique, au sens où le modèle énergétique façonne et reflète la manière dont la société s’organise. Dans le cas du nucléaire, le débat s’est structuré autour de positions parfois très contrastées. La filière a ses ardents défenseurs, ses opposants farouches et, entre les deux, il y a une grande partie de la population à qui j’ai voulu m’adresser. Depuis la construction des réacteurs du parc actuel, le secteur énergétique a beaucoup changé. J’ai souhaité recontextualiser le débat pour permettre à chacun de s’approprier les questions qui se posent aujourd’hui.

Le Monde de l’Énergie —Le grand public vous semble-t-il correctement informé sur les énergies en général, et sur le nucléaire en particulier ?

Thomas Blosseville —Il l’est de plus en plus et de mieux en mieux. Peut-être même submergé par les informations et l’étendue des interrogations sur le devenir de notre modèle énergétique. Il me paraît donc essentiel de commencer par correctement poser le débat. Sur le nucléaire, l’heure n’est plus à se positionner pour ou contre : les réacteurs sont déjà présents par dizaines sur le territoire français. Tôt ou tard, ils seront arrêtés. Quand et dans quelles conditions ? Beaucoup reste à déterminer. Sans même envisager la construction de nouvelles installations, l’avenir du parc existant est déjà un point structurant pour l’avenir énergétique du pays. Au-delà d’informer le grand public, l’important me semble de nous interroger sur la manière de prendre rapidement des décisions collectives les plus éclairées et concertées possibles.

Le Monde de l’Énergie —Pourquoi, à votre avis, un nombre important de citoyens continuent de penser qu’une centrale nucléaire émet du CO2, alors que ce n’est pas le cas ?

Thomas Blosseville —Je le formulerais autrement. Disons que de nombreux citoyens s’interrogent sur le caractère utile ou non du nucléaire face au changement climatique et, plus largement, face à la crise écologique. Ils n’abordent pas le sujet par le seul prisme de la « décarbonation » souvent mise en avant par les responsables politiques. Les citoyens se positionnent de façon à la fois plus globale et plus fine. Ils le font à travers la réalité de leur quotidien. Ils s’intéressent aux besoins à satisfaire et aux usages de l’énergie, pas uniquement à la manière de la produire. Les problématiques liées à la maîtrise des consommations s’enracinent dans les esprits, que ce soit pour des motivations environnementales ou économiques. Sur un autre plan, le nucléaire est loin de rassurer complètement sur la gestion des matières et déchets radioactifs.

Pour ces raisons, le bilan carbone n’est à mon avis pas le seul critère considéré par les Français au moment de juger la pertinence de la filière. L’année 2022 aura peut-être, en plus, semé des doutes. La crise énergétique a relancé le débat sur la souveraineté et la nécessité de produire sur son sol les kilowattheures consommés. Cela dit, la faible disponibilité des réacteurs français a pu aussi réveiller les craintes de dépendance à des centrales nucléaires vieillissantes et vulnérables. Ces composantes du débat se diffusent dans le débat public.

Le Monde de l’Énergie —Les outils de vulgarisation sur l’énergie disponibles en France vous semblent-ils suffisamment qualitatifs et accessibles ? Le grand public dispose-t-il d’informations fiables sur le sujet ?

Thomas Blosseville —L’énergie est de plus en plus abordée dans les médias. Au-delà des informations fiables, l’important me semble de donner du sens, de hiérarchiser et mettre en perspective les faits au regard des enjeux de court et de moyen termes. Dit autrement, de créer les conditions d’une appropriation par chacun d’un sujet aux multiples facettes. C’est encore loin d’être le cas. Pour s’en convaincre, il suffit de voir comment, depuis deux ans, l’État prépare les esprits à la construction de nouveaux réacteurs comme si le sujet avait été largement débattu et tranché collectivement en toutes connaissances de causes et de conséquences.

Le Monde de l’Énergie —En quoi disposer d’une information claire et sourcée sur le sujet est-il indispensable pour aider citoyens et politiques à se positionner sur les défis énergétiques et climatiques ?

Thomas Blosseville —On peut faire dire beaucoup de choses à une donnée brute, l’important est de la décrypter et de la relativiser. Le sujet est souvent présenté sous un angle technologique ou économique alors qu’il est aussi très politique. Beaucoup d’experts assènent des certitudes, mais l’évolution de notre modèle énergétique sera surtout marquée par les incertitudes. C’est à cette réalité que chacun doit se préparer.

Par Thomas Blosseville, publié le 04.09.2023

https://www.lemondedelenergie.com/nombreux-citoyens-interrogent-sur-caractere-utile-ou-non-nucleaire-face-changement-climatique/2023/09/04/

NUCLÉAIRE : L’ALLEMAGNE ET L’ITALIE ILLUSTRENT LE FOSSÉ QUI SE CREUSE DANS L’UE

Dans le même week-end, le chancelier Olaf Scholz a réaffirmé que le nucléaire n’avait pas sa place dans le bouquet énergétique du pays, tandis que l’Italie s’est engagée à accélérer son intégration afin de réduire les coûts, de sauver l’économie et de favoriser la transition verte.

L’inclusion du nucléaire par la Commission européenne comme source d’énergie verte dans le règlement sur la taxonomie a mis en évidence les divisions à travers l’Europe. Les États membres se chamaillent sur la question de savoir si cette source d’énergie peut réellement être considérée comme verte et durable.

Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la volonté de remplacer le gaz russe par d’autres sources d’énergie, la nécessité de maîtriser la flambée des coûts de l’énergie et les grandes ambitions en termes d’élimination progressive des combustibles fossiles ont conduit un certain nombre de pays à revoir leur position, voire, dans certains cas, à faire volte-face.

Samedi (2 septembre), le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu’ils ne relanceraient pas le « cheval mort » de l’énergie nucléaire après les appels des libéraux, qui font partie de la coalition gouvernementale, à les réactiver suite à la récente sortie du pays de l’énergie nucléaire.

Les dernières centrales nucléaires allemandes, Isar 2, Emsland et Neckarwestheim 2, ont été fermées en avril 2023 malgré la flambée des prix de l’énergie et les craintes d’un hiver froid et cher. Le gouvernement maintient que la sortie du nucléaire, qui a commencé en 2000, rendra le pays plus sûr, car les risques du nucléaire sont ingérables.

Dans une interview accordée à la station de radio Dlf samedi, M. Scholz a souligné que l’utilisation de l’énergie nucléaire dans le bouquet énergétique allemand n’était plus une option.

« En Allemagne aujourd’hui, le thème de l’énergie nucléaire est un cheval mort », a déclaré le social-démocrate.

« Quiconque voudrait construire de nouvelles centrales prendrait 15 ans et devrait dépenser 15 à 20 milliards par unité », a-t-il ajouté.

Les remarques de M. Scholz interviennent après que des représentants du FDP, le partenaire libéral de coalition du chancelier, ont demandé l’arrêt du démantèlement des réacteurs encore utilisables afin de les réactiver.

« C’est la seule façon de rester capable d’agir dans n’importe quelle situation », a déclaré jeudi (31 août) Christian Dürr, chef du groupe parlementaire du FDP, au quotidien SZ.

Les divergences sur la question du maintien de l’énergie nucléaire en Allemagne ont entraîné de graves tensions au sein de la coalition, notamment entre le FDP et les Verts, qui sont foncièrement antinucléaires, à la fin de l’année dernière, jusqu’à ce que M. Scholz intervienne et fixe la date de sortie à avril 2023.

Toutefois, le chancelier a déclaré qu’il ne s’attendait pas à ce qu’une autre intervention de ce type soit nécessaire, car les faits parlent d’eux-mêmes.

« L’énergie nucléaire est à bout de souffle : elle n’est plus utilisée en Allemagne, la sortie a été effectuée légalement », a-t-il souligné.

L’Italie se dirige vers le nucléaire

En Italie, les autorités souhaitent prendre un virage totalement opposé.

Le ministre des Transports et vice-Premier ministre Matteo Salvini a annoncé dimanche (3 septembre) son intention d’accélérer la production d’énergie d’origine nucléaire lors du Forum Ambrosetti à Cernobbio (Lombardie).

Le 8 novembre 1987, l’Italie a dit non à l’énergie nucléaire par le biais d’un référendum, ce qui a entraîné la fermeture de plusieurs centrales nucléaires. Toutefois, le référendum n’introduit aucune interdiction et il n’est pas nécessaire de le réitérer pour poursuivre la construction de centrales nucléaires. Une loi ordinaire décrivant un plan énergétique national suffirait.

L’énergie nucléaire bénéficie d’un large soutien de la part de tous les partis de droite et centre droit et a été mentionnée pendant la campagne électorale par la Lega (ID) et Forza Italia (PPE) d’Antonio Tajani, ainsi que par Fratelli d’Italia (CRE), le parti de la Première ministre, Giorgia Meloni.

« Ce sera un gouvernement législatif, et si nous avons bien travaillé, j’espère que nous aurons aussi les cinq prochaines années. Dans ce laps de temps, je suis convaincu que ce gouvernement, avec la conformation actuelle, sera en mesure d’inaugurer la première production (d’énergie) dérivée du nucléaire », a déclaré M. Salvini.

« Je crois que l’Italie doit, au cours de cette année, reprendre ses recherches et sa participation à l’énergie nucléaire. L’Italie ne peut pas s’y soustraire. Je suis convaincu que […] ce gouvernement aura la force d’expliquer aux Italiens pourquoi, au nom de la neutralité technologique, nous ne pouvons dire non à aucune source d’énergie », a expliqué M. Salvini, qui n’a pas non plus épargné à l’UE de lourdes critiques concernant les contraintes budgétaires qui pèsent sur les dépenses publiques.

« Si l’Europe nous demande des objectifs verts ambitieux en matière de logement et de voitures en sacrifiant l’agriculture et la pêche, elle ne peut pas imposer des contraintes budgétaires qui permettent à d’autres d’entrer dans notre maison », a déclaré le dirigeant de la Lega.

Entre-temps, le ministre de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, Gilberto Pichetto Fratin, a annoncé que, le 21 septembre, des institutions et des entreprises se réuniraient au ministère pour la première réunion de la Plateforme nationale pour un nucléaire durable. Cette nouvelle entité servira de liaison et de coordination entre tous les différents acteurs nationaux qui, à divers titres, s’occupent de l’énergie nucléaire, de la sécurité et de la radioprotection, ainsi que des déchets radioactifs.

« Nous sommes engagés dans l’expérimentation de la fusion, avec plusieurs accords au niveau international, et nous accordons la plus grande attention à la fission de quatrième génération, ce qui signifie également l’évaluation de petits réacteurs qui, d’ici dix ans, pourraient être une opportunité pour le pays », a déclaré M. Fratin.

Le bourbier énergétique européen

Si l’Allemagne, première puissance européenne, est en pointe dans la lutte contre le nucléaire, l’Autriche y est également fermement opposée. En novembre 2022, Vienne a intenté un procès à la Commission européenne pour avoir accordé le label vert à l’énergie nucléaire dans le cadre de la taxonomie des finances durables de l’UE.

À l’époque, la ministre écologiste de l’Environnement, Leonore Gewessler, a déclaré que l’Autriche maintiendrait sa position antinucléaire vis-à-vis de ses voisins.

La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron s’en est pris à l’Allemagne pour sa position, accusant Berlin de s’opposer délibérément à l’acceptation croissante du nucléaire en Europe.

« Ce serait une erreur historique de […] ralentir l’investissement dans l’énergie nucléaire […] en Europe », surtout si cela aboutit à favoriser « plus de charbon », a affirmé M. Macron, déclenchant probablement le message de M. Scholz de ce week-end.

La France est également un acteur clé de l’alliance du nucléaire et a clairement indiqué que « le nucléaire français n’est pas négociable et ne le sera jamais ».

La Belgique a récemment interrompu la sortie du nucléaire prévue pour 2025 en raison de recours juridiques et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elle a choisi de reporter de dix ans la fermeture de deux réacteurs.

Dans d’autres régions d’Europe, l’énergie nucléaire est un élément essentiel du bouquet énergétique et les gouvernements ne montrent aucun signe de volonté d’en sortir. Par exemple, la Bulgarie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et la Croatie ont toutes des réacteurs nucléaires en activité qui fournissent une part importante de l’énergie nationale.

Les gouvernements de ces pays envisagent d’accroître leurs capacités.

Dans les États non membres de l’UE, l’Albanie, à la suite d’une réunion entre le Premier ministre Edi Rama et Giorgia Meloni, envisagerait une collaboration dans le domaine de l’énergie nucléaire. Le sujet a été abordé à plusieurs reprises dans le pays après sa transition démocratique en 1991, mais aucun projet ferme n’a été élaboré.

La Serbie et le Kosovo ne possèdent actuellement aucune centrale nucléaire et ne prévoient pas d’en construire dans un avenir proche. Toutefois, en 2022, la vice-Première ministre serbe Zorana Mihajlovic a déclaré que la Serbie avait besoin de centrales pour atteindre ses objectifs en matière d’énergie renouvelable.

À l’autre bout du spectre, l’Espagne et le Portugal, tous deux dirigés par des gouvernements socialistes, restent fermement opposés à l’énergie nucléaire. Toutefois, un changement de gouvernement à Madrid pourrait permettre de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires du pays.

Alors que le Portugal s’appuie sur l’énergie hydraulique, l’Espagne continue d’importer du gaz russe, dont le volume a été multiplié par deux en mai dernier.

Avec la dernière déclaration de l’Allemagne et l’accélération des plans de réactivation de l’Italie, l’Europe pourrait bientôt se trouver tiraillée entre des États membres qui choisissent leur camp en matière de nucléaire et de dépendance à l’égard des combustibles fossiles, en particulier du gaz

Par Federica Pascale et Julia Dahm, (EURACTIV Allemagne et EURACTIV Italie), traduit par Anna Martino

Photo en titre : L’énergie nucléaire est controversée, car certains pays l’ont adoptée, tandis que d’autres ont estimé qu’elle présentait plus de risques qu’elle n’en valait. Son inclusion par la Commission européenne comme source d’énergie verte dans le règlement sur la taxonomie a mis en évidence les divisions à travers l’Europe. [Shutterstock/Svet foto]

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/nucleaire-lallemagne-et-litalie-illustrent-le-fosse-qui-se-creuse-dans-lue/

NORMANDIE. NUCLÉAIRE : LA TÉLÉ JAPONAISE SCRUTE LES « PRÉLEVEURS »

Vendredi 1er septembre 2023, une équipe de NHK, la chaîne de télé japonaise, a suivi les bénévoles de l’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro) qui ont prélevé du sable et des algues sur la plage de Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados).

Vendredi 1er septembre 2023, 18 h, une équipe de l’Acro, l’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest, a chaussé les bottes pour se rapprocher de l’eau à marée basse, sur la plage de Saint-Aubin-sur-Mer. Une démarche presque banale pour une association de surveillance qui revendique son indépendance et réalise, tous les six mois depuis vingt ans, des prélèvements d’eau de mer, de sable, d’algues, de coquillages sur quatorze plages normandes, de Granville à Dieppe. « Le niveau de rejet de certains éléments radioactifs par l’usine de retraitement d’Orano-La Hague, comme le cobalt 60 et l’argent 110, est plutôt à la baisse, constate Mylène Josset, responsable du laboratoire d’analyse de l’Acro à Hérouville-Saint-Clair. Mais, la présence de tritium, l’hydrogène radioactif, est en légère hausse. » Idem pour l’iode 129 dont le rejet porte forcément la marque d’Orano-La Hague, les centrales nucléaires n’en émettant pas dans leur environnement. « Des traces de cet iode 129 ont été retrouvées jusque dans des algues au Danemark. »

Le traumatisme de Fukushima

Ces constats, dressés par l’Acro, sont-ils inquiétants ? « Rien d’alarmant, modère Mylène Josset. Ces doses d’éléments radioactifs restent faibles. Notre démarche de contrôle s’inscrit sur le long terme : à l’échelle d’une vie, quelles conséquences la présence de ces éléments peut-elle avoir sur la santé des consommateurs de produits de la mer ? La recherche scientifique ne répondant pas, pour l’instant, à cette question, autant maintenir les niveaux le plus bas possible, en alertant la population et en incitant les exploitants à limiter leurs rejets. »

840 fois plus

Cette relative tranquillité étonne l’équipe de reporters de NHK, la grande chaîne de télévision japonaise, venus spécialement de Paris, vendredi, pour assister aux prélèvements. « Chez nous, le rejet de Tritium par la centrale nucléaire de Fukushima vient de déclencher une crise diplomatique avec la Chine» rappelle une journaliste nipponne. Or, l’usine de la Hague est autorisée à rejeter 840 fois plus d’hydrogène radioactif que la centrale japonaise ! « Ce rejet, bien plus important, est inhérent à l’activité de retraitement, relativise Mylène Josset de l’Acro. Le tritium de La Hague est dilué par les forts courants du raz Blanchard. » Au Japon, le sujet est d’autant plus sensible que le traumatisme, lié à la catastrophe de Fukushima en 2011, est encore bien présent.

Par Benoit LE BRETON, (Ouest-France ), publié le 03/09/2023 à 16h45

Photo en titre : Le cameraman de NHK saisit un bénévole, occupé à prélever du sable en vue de son analyse par le laboratoire de l’Acro. | OUEST-FRANCE

https://www.ouest-france.fr/normandie/normandie-nucleaire-la-tele-japonaise-scrute-les-preleveurs-ebf895b0-4973-11ee-8875-f76dc2467048

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LE ROYAUME-UNI POURRAIT HÉBERGER DES MISSILES NUCLÉAIRES AMÉRICAINS

Le Pentagone va construire un aéroport et un entrepôt à 100 kilomètres de Londres. Ce dernier contiendra des “armes spéciales”. Selon les spécialistes, il s’agirait d’armes atomiques.

Un retour des armes nucléaires américaines sur le sol britannique. Cela serait le nouveau projet de l’armée de l’air américaine qui a obtenu un financement de 46 millions d’euros pour construire un aéroport ainsi qu’un entrepôt qui pourrait bien contenir des missiles atomiques. Pourtant, cela fait presque 15 ans que le Royaume-Uni ne stocke plus les ogives américaines sur son sol. Cependant, des groupes de réflexion et le quotidien The Guardian ont épluché des documents budgétaires du Pentagone et ont révélé que des avions de chasse F-35, capables de mener des bombardements nucléaires, seront aussi présents sur cette future base militaire.

Ce qui a éveillé les soupçons des spécialistes militaires, c’est l’expression “surety dormitory” (dortoir de sécurité) qui a été utilisée à maintes reprises pour décrire la future base aérienne. Selon la Federation of American Scientists, ces termes sont fréquemment utilisés par le Pentagone pour désigner « la capacité d’une infrastructure à garder des armes nucléaires en lieu sûr et sous contrôle permanent”. Autre élément qui prouverait la suspicion des chercheurs : dans le budget du Pentagone, le Royaume-Uni a été ajouté à la liste des pays où des investissements d’infrastructures sont en cours sur des sites de stockage « d’armes spéciales » en Europe, aux côtés de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Italie, des Pays-Bas et de la Turquie.

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La construction de ce fameux “dortoir” devrait commencer en juin 2024 et durer jusqu’en février 2026. Il se situera près de l’aéroport militaire de Lakenheath situé à 100 kilomètres au nord de Londres. C’est un choix logique pour l’armée de l’air américaine. En effet, l’aéroport de Lakenheath a déjà été l’un des trois sites britanniques à abriter des armes nucléaires américaines pendant la guerre froide, jusqu’à leur retrait en 2008. Plus précisément, cette base militaire abritait 110 ogives atomiques. Accueillir des armes américaines est un avantage pour le Royaume-Uni puisque ce pays ne peut lancer de missiles nucléaires que depuis ses sous-marins. Grâce aux États-Unis, Londres aurait aussi une dissuasion aérienne.

Le Royaume-Uni, un rouage essentiel pour les États-Unis

« Un dortoir de sécurité est un bunker utilisé pour abriter des missiles nucléaires et des ogives. Il doit être renforcé et constituer un endroit sûr – si les Russes voulaient lâcher une bombe sur eux, cela ne créerait pas d’accident nucléaire« , a précisé au Telegraph Hamish de Bretton-Gordon, ancien commandant du régiment chimique, biologique, radiologique et nucléaire conjoint Royaume-Uni-Otan. Cependant, cette affirmation n’a pas réussi à éteindre les craintes de certaines ONG.

Kate Hudson, secrétaire générale de l’organisation pour le désarmement nucléaire, a déclaré que “Lakenheath est une fois de plus un rouage essentiel de la machine nucléaire de Washington à l’étranger, malgré le refus du gouvernement britannique de reconnaître cette réalité”. Elle a ajouté que la présence de ces ogives ferait du Royaume-Uni une cible prioritaire en cas de guerre nucléaire.

Interrogée sur la possibilité d’un retour des armes nucléaires sur la base lors d’un récent briefing, la secrétaire de presse adjointe du Pentagone, Sabrina Singh, a sobrement expliqué que la politique américaine consistait à « ne pas confirmer ni infirmer la présence ou l’absence d’armes nucléaires dans un lieu général ou spécifique« .

Par Thomas Romanacce, publié le 3 septembre 2023

Photo en titre : Le Royaume-Uni pourrait héberger des missiles nucléaires américains© Joel Pfiester / USAF

https://www.msn.com/fr-fr/finance/other/le-royaume-uni-pourrait-h%C3%A9berger-des-missiles-nucl%C3%A9aires-am%C3%A9ricains/ar-AA1gageA#image=1

OPPENHEIMER, UNE OBSESSION AMÉRICAINE

TRIBUNE : Dans la culture américaine, la fascination pour l’homme à l’origine de la bombe au cœur du dernier film de Christopher Nolan, semble souvent éclipser la réalité des armes nucléaires elles-mêmes, explique le sociologue Chales Thorpe. En partenariat avec The Conversation.

Le triomphe de Robert J. Oppenheimer a été sa tragédie. Le scientifique a permis de nombreuses avancées en physique théorique, mais on se souvient de lui comme du père de la bombe atomique. Sous sa direction, les scientifiques du laboratoire de Los Alamos, où la bombe a été conçue et fabriquée, ont changé à jamais la façon dont les gens perçoivent le monde, en y ajoutant un nouveau sentiment de vulnérabilité.

La vie d’Oppenheimer permet de parler à échelle humaine d’un sujet qui serait, sans cet intermédiaire, totalement écrasant. Il n’est pas étonnant que le dernier film de Christopher Nolan, Oppenheimer, raconte l’histoire de Los Alamos à travers ce seul destin – ou qu’Oppenheimer soit au centre de tant d’écrits sur la bombe.

Dans la culture américaine, cependant, la fascination pour l’homme à l’origine de la bombe semble souvent éclipser l’horrible réalité des armes nucléaires elles-mêmes, comme s’il était le verre teinté qui permet aux spectateurs de voir l’explosion en toute sécurité, même s’il obscurcit la lumière aveuglante. L’intérêt intense pour la vie d’Oppenheimer et ses sentiments ambivalents à l’égard de la bombe en ont fait presque un mythe : un « génie torturé » ou un « intellect tragique » que les gens essaient de comprendre parce que la terreur de la bombe elle-même est trop troublante.

Jusqu’à la fin de sa vie, Oppenheimer a justifié les bombardements atomiques par le discours du gouvernement américain : ils ont sauvé des vies en évitant une invasion. Mais il a transmis un sentiment d’angoisse, écrivant son propre rôle tragique, comme je l’affirme dans le livre que je lui ai consacré« Les physiciens ont connu le péché », a-t-il remarqué deux ans après les bombardements, « et c’est une connaissance qu’ils ne peuvent pas oublier ».

« Frappe mon cœur »

La bombe atomique a changé la signification de l’apocalypse. Alors que les gens avaient autrefois imaginé le jugement dernier comme un acte de colère de Dieu ou un jugement final, le monde pouvait désormais disparaître en un instant, sans signification sacrée, sans histoire de salut.

Comme l’a dit plus tard le physicien Isidor Isaac Rabi, la bombe « traitait les humains comme de la matière », rien de plus.

Mais Oppenheimer a utilisé un langage religieux pour parler du projet, comme pour souligner le poids de sa signification.

La bombe atomique a été testée pour la première fois au petit matin du 16 juillet 1945, dans le bassin aride du sud du Nouveau-Mexique. Oppenheimer a baptisé cet essai « Trinity », en référence à un sonnet de l’écrivain anglais de la Renaissance John Donne, dont les vers sont célèbres pour leur fusion du sacré et du profane. « Batter my heart, three person’d God », (« Frappe mon cœur, Dieu trinitaire ») supplie Donne dans le « Sonnet Sacré XIV », demandant à Dieu de « le faire neuf ».

Plus tard dans sa vie, Oppenheimer a déclaré qu’il s’était souvenu de paroles de la Bhagavad-Gita, un texte classique hindou, alors qu’il était témoin de l’explosion du champignon atomique : « Je suis devenu la Mort, le destructeur des mondes » – ces lignes décrivaient à l’origine le Seigneur Krishna révélant toute sa puissance. Selon le frère d’Oppenheimer, Frank, un physicien qui était avec lui à l’époque, ce qu’ils ont tous deux dit à voix haute était simplement : « Ça a marché. »

Le jour où… une guerre atomique plongera le monde dans l’hiver nucléaire et la famine

Le contraste entre leurs récits illustre la dualité de l’image publique d’Oppenheimer : un expert technique forgeant une arme et un humaniste féru de poésie accablé par la signification morale de la bombe. En tant que porte-parole et symbole du projet Manhattan, Oppenheimer a parfois semblé encourager l’idée qu’il s’agissait de sa création et de sa responsabilité personnelle. En fait, la bombe était le produit d’une gigantesque opération scientifique, technique, industrielle et militaire, dans laquelle les scientifiques se sentaient parfois comme les rouages d’une machine. Il n’y a pas vraiment eu de « père » de la bombe atomique.

Cela a inspiré au Mathématicien John von Neumann une remarque acerbe, « Some people profess guilt to claim credit for the sin » (« Certaines personnes clament leur culpabilité pour s’attribuer le mérite du péché »).

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Décrire l’indescriptible

Quelques semaines seulement après le test, des bombes atomiques ont rasé les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, jusque-là très animées. Les 6 et 9 août, ces villes ont soudainement cessé d’exister. Robert J. Lifton, expert en psychologie de la guerre, de la violence et des traumatismes, a qualifié l’expérience des survivants d’Hiroshima de « mort dans la vie », une rencontre avec l’indescriptible.

Comment représenter ce qui est au-delà de la représentation ? Dans le film, Nolan recrée l’intensité de l’essai Trinity par la couleur et le son, en faisant suivre l’éclair lumineux d’une pause silencieuse, puis du grondement profond de l’explosion et du claquement de l’onde de choc. En ce qui concerne Hiroshima et Nagasaki, il choisit cependant d’évoquer l’attaque sans la montrer.

S’inspirant d’une description contenue dans American Prometheus, la biographie emblématique d’Oppenheimer sur laquelle le film est basé, Nolan montre le discours triomphal d’Oppenheimer devant un public en liesse dans l’auditorium de Los Alamos, annonçant la destruction d’Hiroshima par l’arme qu’ils avaient créée.

Nolan crée un sentiment de dissociation, l’horreur de la bombe entrant en scène par le biais de flashbacks du test Trinity et d’images de corps calcinés d’Hiroshima. Les applaudissements des scientifiques se transforment de manière cauchemardesque en gémissements et en pleurs.

La bombe qui mettrait fin à toutes les guerres ?

Après la fin de la guerre, de nombreux scientifiques qui avaient travaillé sur le projet Manhattan ont cherché à souligner que la bombe atomique n’était pas une arme comme les autres. Ils ont affirmé que l’immense danger qu’elle représentait devrait rendre la guerre obsolète.

Parmi eux, Oppenheimer était celui qui avait le plus d’autorité grâce à l’opération de Los Alamos et à ses talents d’orateur. Il a poussé à la maîtrise des armements, jouant un rôle clé dans la rédaction du rapport Acheson-Lilientha de 1946, une proposition radicale qui demandait que l’énergie atomique soit placée sous le contrôle des Nations unies.

Cette proposition, connue sous le nom de plan Baruch, a été rejetée par l’Union soviétique. Oppenheimer était amèrement déçu, mais les diplomates atomiques américains avaient probablement l’intention de le rejeter – après tout, la marine américaine testait des bombes atomiques au-dessus de l’atoll de Bikini dans le Pacifique. Plutôt que de considérer la bombe comme l’arme qui mettrait fin à toutes les guerres, l’armée américaine semblait la considérer comme son atout. Le film de Nolan fait référence à la déclaration du physicien britannique Patrick Blackett selon laquelle la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki « n’était pas tant le dernier acte militaire de la Seconde Guerre mondiale que la première opération majeure de la guerre diplomatique froide avec la Russie ».

Lorsque les Soviétiques ont obtenu leur propre bombe atomique en 1949, Oppenheimer et son groupe de conseillers scientifiques se sont opposés à une proposition visant à ce que les États-Unis réagissent en mettant au point la bombe à hydrogène, mille fois plus puissante que les bombes atomiques larguées sur le Japon. Son opposition a ouvert la voie à la disgrâce politique d’Oppenheimer. En l’espace de quelques années, les États-Unis et l’Union soviétique ont tous deux testé des bombes à hydrogène. L’ère de la destruction mutuelle assurée, où une attaque nucléaire serait certaine d’anéantir les deux superpuissances, avait commencé. Aujourd’hui, neuf nations possèdent des armes nucléaires – mais 90 % d’entre elles appartiennent toujours aux États-Unis et à la Russie.

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Vers la fin de sa vie, Oppenheimer a été interrogé sur la perspective de négociations pour limiter la propagation des armes nucléaires. Il a répondu : « Cela arrive 20 ans trop tard. Cela aurait dû être fait au lendemain de Trinity. »

Charles Thorpe est professeur de sociologie à University of California, San Diego. Il est l’auteur de « Oppenheimer : The Tragic Intellect » (University of Chicago Press, 2006)

La version originale de cet article a été publiée en anglais.

Par The Conversation, publié le 3 septembre 2023 à 10h00

https://www.nouvelobs.com/opinions/20230903.OBS77657/oppenheimer-une-obsession-americaine.html

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