CORÉE DU NORD : KIM JONG-UN APPELLE À « ACCÉLÉRER LES PRÉPARATIFS DE GUERRE » Y COMPRIS SUR LE NUCLÉAIRE

MENACE : Le dirigeant a fait cette déclaration au cours de la réunion plénière du comité central du Parti des travailleurs, grand-messe annuelle du parti unique au pouvoir en Corée du Nord.

Kim Jong-un montre une nouvelle fois les muscles. Le dirigeant nord-coréen a appelé à « accélérer les préparatifs de guerre » de son pays, y compris son programme d’armement nucléaire, en raison de la « grave situation politique et militaire » causée selon lui par les « manœuvres de confrontation » des États-Unis et de leurs alliés, a rapporté ce jeudi l’agence officielle KCNA.

Au cours de la réunion plénière du comité central du Parti des travailleurs de Corée, grand-messe annuelle du parti unique au pouvoir en Corée du Nord, Kim Jong-un a donné cet ordre « à l’Armée populaire, à l’industrie des munitions, aux secteurs des armes nucléaires et de la défense civile ».

Un missile capable d’atteindre les États-Unis

La Corée du Nord a procédé cette année à un nombre record d’essais de missiles balistiques, en violation de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. En 2023, elle a gravé dans sa constitution son statut de puissance nucléaire, a lancé avec succès un satellite militaire espion, et a testé également avec succès le Hwasong-18, le missile balistique intercontinental (ICBM) le plus puissant de son arsenal, capable d’atteindre les États-Unis.

De leur côté, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont intensifié leur coopération militaire, activant un système de partage de données en temps réel sur les lancements de missiles nord-coréens et multipliant les manœuvres militaires conjointes dans la région. Les forces armées américaines ont notamment envoyé en Corée du Sud ces derniers mois le sous-marin à propulsion nucléaire USS Missouri, le porte-avions USS Ronald Reagan et un bombardier stratégique B-52, provoquant à chaque fois la colère de la Corée du Nord.

Pyongyang voit les manœuvres militaires à sa porte comme une répétition d’une future invasion de son territoire, et considère depuis longtemps ses essais de missiles comme des « contre-mesures » nécessaires. Invariablement soutenu par la Chine, le pays s’est par ailleurs récemment rapproché de la Russie. Selon KCNA, Kim Jong-un a d’ailleurs appelé lors de la réunion du parti à « étendre et développer les relations de coopération stratégique avec les pays indépendants et anti-impérialistes ».

Par 20 Minutes avec AFP, publié le 28/12/23 à 07h09

Photo en titre : Kim Jong-un ovationné au cours de la réunion plénière du comité central du Parti des travailleurs de Corée du Nord, à Pyongyang le 27 décembre 2023. — KCNA VIA KNS

https://www.20minutes.fr/monde/coree_du_nord/4068366-20231228-coree-nord-kim-jong-appelle-accelerer-preparatifs-guerre-compris-nucleaire

RELANCE DU NUCLÉAIRE : UN DÉCRET PRÉCISE LES TRAVAUX QUI POURRONT ÊTRE ANTICIPÉS

La loi sur l’accélération du nucléaire, adoptée en mai 2023, vise à accélérer et simplifier le cadre procédural lié à la construction de nouvelles centrales nucléaires, et notamment d’anticiper certains travaux « hors site nucléaire » (terrassement, clôtures, parkings…) afin de gagner du temps sur les chantiers.

Un décret, publié au Journal officiel du 27 décembre, précise le type d’opérations qui peuvent être engagées en fonction des différentes étapes de la procédure.

Ainsi, seules les opérations liées à la réalisation des fondations des bâtiments destinés à recevoir des combustibles nucléaires ou à héberger des matériels de sauvegarde, et les opérations subséquentes de construction de ces bâtiments, ne pourront être exécutées qu’à partir de la délivrance de l’autorisation de création. En revanche, les autres opérations pourront être exécutées à compter de la date de délivrance de l’autorisation environnementale, aux frais et aux risques de l’exploitant.

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a émis, le 19 décembre, un avis favorable sans réserve sur ces dispositions.

Pour rappel, EDF envisage de construire trois paires d’EPR2, sur les sites de Penly (Normandie), Gravelines (Hauts-de-France) et Bugey (Auvergne Rhône-Alpes).

Par Sophie Fabrégat, journaliste, Cheffe de rubrique énergie / agroécologie, publié le 27 décembre 2023

https://www.actu-environnement.com/ae/news/construction-epr2-anticipation-travaux-simplification-procedure-autorisation-43200.php4

LA PLUS GRANDE CENTRALE NUCLÉAIRE DU MONDE AU JAPON REPREND LE CHEMIN DU REDÉMARRAGE

L’autorité japonaise de régulation de l’énergie nucléaire a levé mercredi l’interdiction d’exploitation qu’elle avait imposée il y a deux ans à l’énorme centrale de Kashiwazaki-Kariwa de Tokyo Electric Power, ouvrant ainsi la voie à la reprise du processus de redémarrage.

Tepco souhaite ardemment remettre en service la plus grande centrale atomique du monde afin de réduire les coûts d’exploitation, mais la reprise doit encore être approuvée par la préfecture de Niigata, sur la côte de la mer du Japon.

D’une capacité de 8 212 mégawatts (MW), la centrale est à l’arrêt depuis 2011 environ, lorsque la catastrophe de Fukushima a entraîné la fermeture de toutes les centrales nucléaires du Japon à l’époque.

En 2021, l’Autorité de régulation nucléaire (NRA) a interdit à Tepco d’exploiter Kashiwazaki-Kariwa, sa seule centrale nucléaire opérationnelle, en raison de manquements à la sécurité, notamment l’absence de protection des matières nucléaires et des erreurs qui ont permis à un membre du personnel non autorisé d’accéder à des zones sensibles de la centrale.

Citant les améliorations apportées au système de gestion de la sécurité, la NRA a levé mercredi un ordre d’action corrective qui empêchait Tepco de transporter du nouveau combustible d’uranium vers la centrale ou de charger des barres de combustible dans ses réacteurs, bloquant de fait une reprise de l’activité.

Les actions de Tepco avaient fortement augmenté après que la NRA eut indiqué, au début du mois, qu’elle envisagerait de lever l’interdiction d’exploitation après avoir effectué une inspection sur place et rencontré le président de l’entreprise.

Publié le 27 décembre 2023 à 03h32

© Reuters – 2023, traduit par Zonebourse

https://www.zonebourse.com/cours/action/TOKYO-ELECTRIC-POWER-COMP-6491247/actualite/La-plus-grande-centrale-nucleaire-du-monde-au-Japon-reprend-le-chemin-du-redemarrage-45636606/

LA PREMIÈRE CENTRALE NUCLÉAIRE MONDIALE DE QUATRIÈME GÉNÉRATION CO-CONSTRUITE PAR SHANGHAI ELECTRIC ENTRE EN EXPLOITATION COMMERCIALE

SHANGHAI, 27 décembre 2023 /PRNewswire/ — Le premier projet de centrale nucléaire au monde équipé de la technologie de production d’énergie nucléaire de quatrième génération ? le projet de démonstration du réacteur à lit de boulets refroidi au gaz à haute température (HTR-PM) de Shidaowan, dont Shanghai Electric est l’un des principaux fournisseurs d’équipement est entré en phase d’exploitation commerciale, après 168 heures d’essais qui ont confirmé que tous les systèmes remplissaient les fonctions de conception. La Chine se place ainsi à l’avant-garde de l’innovation en matière d’énergie nucléaire, alors qu’elle continue à explorer des sources d’énergie sûres, fiables et durables pour atteindre son objectif de neutralité et de plafonnement des émissions de carbone.

Générant de l’énergie par la conversion de l’énergie nucléaire, thermique, mécanique et électrique, le réacteur refroidi au gaz à haute température (HTGR), mondialement reconnu comme la technologie de l’énergie nucléaire de quatrième génération, est loué pour sa sécurité et sa polyvalence inhérentes, et recèle un immense potentiel d’applications commerciales en tant que solution alternative aux sources d’énergie basées sur les combustibles fossiles.

Lancé en 2006 et mis en chantier en 2012, le projet de démonstration HTR-PM de Shidaowan est l’un des 16 grands projets scientifiques et technologiques nationaux, au même titre que le programme d’exploration lunaire de la Chine et le développement du système de navigation par satellite BeiDou. Shanghai Electric, l’un des principaux participants au projet, a fourni des équipements, notamment les cuves sous pression des réacteurs, les éléments métalliques internes du coeur, les mécanismes d’entraînement des barres de contrôle, les systèmes d’arrêt, les turbines, les ventilateurs d’hélium primaire et les compresseurs d’hélium. L’achèvement de la centrale est le fruit d’une décennie d’efforts déployés par les principaux fournisseurs chinois de solutions énergétiques pour surmonter les difficultés et développer des solutions innovantes à la pointe de la technologie de l’énergie nucléaire. 93,4 % des équipements utilisés dans le réacteur sont fabriqués par des entreprises chinoises.

Les cuves de pression du réacteur, conçues sur mesure par Shanghai Electric pour le projet, présentent des dimensions plus importantes et des structures plus complexes que leurs homologues du marché, battant des records de hauteur et de poids dans l’industrie. Les cœurs métalliques fabriqués pour le projet sont les plus grands cœurs à paroi mince du monde, une réalisation révolutionnaire qui comble une lacune sur le marché chinois. S’appuyant sur ses 20 années d’expertise, l’entreprise a mis au point le premier ventilateur primaire à hélium haute température, haute pression, haute puissance et à palier électromagnétique.

Grâce à ses caractéristiques de sécurité exceptionnelles, la technologie HTGR est appelée à remodeler l’avenir du développement de l’énergie nucléaire à l’échelle mondiale. Elle garantit que le réacteur reste sûr même en cas de défaillance de tous les systèmes de refroidissement, empêchant ainsi la fusion du cœur et la fuite de matières radioactives sans la moindre intervention. Le lancement réussi du projet de démonstration constitue une avancée significative pour la sûreté de l’énergie nucléaire et l’innovation en matière de technologie nucléaire en Chine. Il renforce considérablement la capacité de la Chine à jouer un rôle de premier plan dans le secteur mondial de l’énergie nucléaire et ouvre la voie à de futures avancées en matière de production d’énergie durable et sûre.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur https://www.shanghai-electric.com/group_en/

En lire plus : https://www.lelezard.com/communique-21200753.html

Par PR Newswire, publié le mercredi 27 décembre 2023 à 7h01 

https://fr.finance.yahoo.com/actualites/premi%C3%A8re-centrale-nucl%C3%A9aire-mondiale-quatri%C3%A8me-060100313.html?guccounter=1

CORÉE DU NORD : UNE CENTRALE NUCLÉAIRE RELANCÉE POUR LA PRODUCTION DE PLUTONIUM

La Corée du Nord a lancé un nouveau réacteur à eau-légère dans sa centrale nucléaire de Yongbyon, à une centaine de kilomètres de sa capitale. Ce réacteur permettrait au régime de produire du plutonium, élément essentiel à la fabrication d’armes nucléaires. Ce lancement intervient une semaine après le tir d’un missile intercontinental, capable d’atteindre les États-Unis. Que savons-nous de la mise en route de ce nouveau réacteur ?

Il est évidemment difficile de savoir exactement ce qu’envisage de faire le régime nord-coréen. Cependant, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a publié récemment un rapport, photos satellites à l’appui, démontrant l’activité de ce nouveau réacteur. L’eau chaude relâchée par la centrale montre bien que cette dernière est en marche, depuis la mi-octobre 2023, comme le pensaient les observateurs. La Corée du Nord viole ici encore une fois les sanctions des Nations unies.

Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a déclaré s’inquiéter d’une possible production de plutonium. Il s’inquiète également de la sûreté de ce réacteur. Mais sans pouvoir y accéder, impossible de s’en assurer.

Quelles sont les capacités de production de plutonium de la Corée du Nord ?

Selon Rafael Grossi, ce nouveau réacteur pourrait produire des quantités importantes de plutonium. En effet, celui-ci est plus puissant que le précédent, ce qui permettrait au régime d’accélérer sa production d’armes nucléaires.

Le nombre de ces dernières fait l’objet de tout un tas d’estimations, très difficile à prouver. Les différents instituts américains et internationaux se disputent les chiffres avec une très large fourchette, d’une dizaine à plus de 60 têtes nucléaires. En 2023, la dernière estimation du think tank américain Isis donne une moyenne de 45 armes nucléaires. D’après ces derniers, le régime pourrait théoriquement en fabriquer 12 autres par an.

Mais tout cela reste à prendre avec des pincettes, tant il reste de zones d’ombres sur les capacités de production nord-coréennes.

Quelles sont les intentions du régime ?

Ces deux dernières années, la Corée du Nord a intensifié ses essais et tirs de missiles. En 2023, ce n’est pas moins de 36 missiles qui ont été lancés, dont cinq intercontinentaux – le dernier en date, la semaine dernière. Chaque essai entraîne évidemment des réactions de Séoul et Washington.

Selon les experts sud-coréens interrogés par le Korea Times, c’est justement là que tout se joue. 2024 est une année politiquement chargée, avec la présidentielle américaine et les législatives sud-coréennes. La Corée du Nord pourrait profiter du temps qu’il lui reste pour gonfler son arsenal en amont de possibles négociations, une fois les élections terminées. 

Et en Corée du Sud, quelle est la position du pays au sujet des armes nucléaires ?

Signataire du traité de non-prolifération, le pays ne peut évidemment pas en produire. Mais chaque avancement nord-coréen en la matière ravive l’éternel débat : le sud doit-il lui aussi se fournir en armes atomiques ?

Le ministre de la Défense sud-coréen est revenu sur le sujet la semaine dernière en balayant cette option de la table. À mesure que les États-Unis et la Corée du Sud renforcent leur alliance militaire, l’acquisition d’une bombe nucléaire par Séoul signerait la fin probable de la protection américaine. Cependant, face à l’inquiétude, Washington a donné des gages, comme la venue de sous-marins et bombardiers nucléaires en Corée du Sud. 

Publié le 26/12/2023 à 07h39

Photo en titre : Sur cette photo non datée fournie lundi 18 décembre 2023 par le gouvernement nord-coréen, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, sa fille et un responsable regardent ce qui semble être un missile balistique intercontinental lancé depuis un endroit non divulgué en Corée du Nord. AP

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/%C3%A0-la-une-en-asie/20231226-cor%C3%A9e-du-nord-une-centrale-nucl%C3%A9aire-relanc%C3%A9e-pour-la-production-de-plutonium

L’IRAN A REPRIS L’ENRICHISSEMENT DE L’URANIUM À 60 %

L’AIEA continue de faire état de difficultés dans la surveillance du programme nucléaire iranien

L’Iran a recommencé à enrichir de l’uranium à un taux de 60 %, proche de la production à un niveau militaire, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui rapporte un taux d’enrichissement d’environ 9 kg par mois, alors qu’il avait été réduit à 3 kg. 

« L’Agence internationale de l’énergie atomique a confirmé que l’Iran avait augmenté sa production d’UF6 (hexafluorure d’uranium) enrichi jusqu’à 60 % en 235U à environ 9 kg par mois depuis fin novembre dans ses deux installations combinées« , a déclaré l’AIEA dans un communiqué, faisant référence à l’installation d’enrichissement nucléaire de Fordow et à celle de Natanz. 

Il avait pourtant été récemment rapporté que la production d’uranium iranien enrichi à 60 % avait considérablement diminué. En septembre dernier, le pays disposait au total de 3795,5 kg d’uranium, soit 949 kg de moins qu’en mai. 

L’AIEA continue de faire état de difficultés dans la surveillance du programme nucléaire iranien. Téhéran aurait notamment refusé d’accorder des visas d’entrée aux inspecteurs, et l’agence onusienne n’a plus accès aux caméras de surveillance de certains sites. 

Par i24news, publié le 26 décembre 2023 à 13h59

Photo en titre ; Centrifugeuses nucléaires en Iran. AFP

https://www.i24news.tv/fr/actu/international/moyen-orient/1703595213-l-iran-a-repris-l-enrichissement-de-l-uranium-a-60

LES ÉTATS-UNIS TOUJOURS ACCRO À L’URANIUM RUSSE

La chronique des matières premières nous emmène aujourd’hui aux États-Unis pour parler de l’uranium enrichi russe. Les États-Unis sont sur la voie pour interdire les importations de ce combustible essentiel pour les centrales nucléaires.

Depuis presque deux ans et le début de l’invasion russe de l’Ukraine, pratiquement toutes les exportations énergétiques russes, pétrole et gaz notamment, sont frappées de sanctions internationales sous l’impulsion des États-Unis. Le consortium nucléaire russe Rosatom, accusé d’alimenter la machine de guerre de Vladimir Poutine, est également lourdement sanctionné.

Pourtant, il existe une source d’énergie qui continue à arriver des usines russes jusqu’à leurs clients américains : l’uranium enrichi. La raison en est simple, les États-Unis en ont besoin. Le pays tente actuellement de relancer une filière nationale d’uranium, mais ce sont des processus longs.

Des sénateurs en vacances

En attendant, il faut importer. Il y a bien le Kazakhstan, le Canada ou l’Australie, mais l’un des principaux producteurs mondiaux, c’est la Russie. En 2021, les États-Unis ont importé de Russie 14 % de l’uranium destiné à faire tourner plus de 90 centrales américaines. C’est peut-être terminé.

À lire aussi : Uranium: le Kazakhstan, une alternative à l’emprise russe ?

Avant de partir en vacances pour les fêtes de fin d’année, la Chambre des représentants a adopté une loi interdisant 90 jours après sa promulgation l’importation d’uranium enrichi russe. Il reste encore des étapes avant que cela soit effectif, et il faut d’abord que le Sénat vote le texte. Les sénateurs, eux, sont partis en vacances sans le faire. Ils pourraient s’en occuper en 2024. Il y a sans doute une majorité pour cela, mais il faut ensuite que Joe Biden signe la loi.

Une année électorale

Le texte comporte une subtilité : il prévoit des exceptions à l’interdiction en cas de nécessité. Autrement dit, l’importation d’uranium enrichi russe pourrait être interdite en principe, mais autorisée en pratique. Il faut dire que se passer d’un fournisseur aussi important en quantité ferait mécaniquement monter les prix du combustible et donc de l’électricité. Une assez mauvaise idée en pleine année électorale.

Publié le 26/12/2023 à 00h07

Photo en titre : Le consortium nucléaire russe Rosatom. © SOPA Images/LightRocket via Gett – SOPA Images/Getty Images

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chronique-des-mati%C3%A8res-premi%C3%A8res/20231225-les-%C3%A9tats-unis-toujours-accro-%C3%A0-l-uranium-russe

EPR FLAMANVILLE : LES DÉLAIS ET LA PUISSANCE ANNONCÉE

Selon EDF, le réacteur, qui doit être mis en service au premier trimestre 2024, après un retard de douze ans, n’atteindra sa pleine puissance de 1 630 MW qu’en 2035. L’électricien prévoyait auparavant l’atteinte de la puissance nominale en 2028. EDF explique qu’un délai global de dix ans est nécessaire “pour faire valider le passage à puissance nominale par l’ASN”.

4 ans de montée en puissance, ce n’est pas rien, et passer à 10 ans, vous ne trouvez pas cela bizarre ?

Montée en puissance trop lente de Flamanville 3 ?

Rappel : c’est quoi la puissance nominale ? C’est la puissance maximale que les réacteurs peuvent fournir. Selon EDF, le réacteur, qui doit être mis en service au premier trimestre 2024, après un retard de douze ans, n’atteindra sa pleine puissance de 1 630 MW qu’en 2035. L’électricien prévoyait auparavant atteindre la puissance nominale en 2028.

EDF explique qu’un délai global de dix ans est nécessaire « pour faire valider le passage à puissance nominale par l’ASN ». Un argument que la CRE bat en brèche : selon elle, « ce délai n’est avéré ni par le cadre réglementaire, qui permet à l’installation de fonctionner à sa puissance nominale à l’issue de la phase d’essais et dans la limite de sa puissance thermique maximale, ni par l’ASN, qui n’identifie aucune échéance aussi lointaine pour instruire ce dossier ».

https://www.contexte.com/article/energie/info-contexte-cout-du-nucleaire-le-regulateur-etrille-la-contre-evaluation-dedf_174867.html

Affaire à suivre …

Au CRILAN on préférerait que vu son état l’EPR ne démarre jamais : Ci-dessous notre déclaration à la CLI du14 décembre dernier :

“Malgré tous les problèmes connus sur le réacteur EPR : cuve et couvercle non conformes, vibrations en sortie de pressuriseur, soupapes, risque hydrogène énoncé par le Canard, géométrie et instrumentation de fond de cuve à reprendre, turbulences pouvant dégrader le combustible comme en Chine, tous ces éléments cumulés auraient pu justifier la disqualification de l’EPR qui a été sauvé par de nombreuses dérogations.  

Le changement de couvercle et la reprise de l’instrumentation du fond de cuve sont reportés, mais pourquoi pas maintenant ?

Six mois avant le démarrage annoncé il est difficile de penser que tout soit en voie d’être réglé pour ce réacteur prototype mais quatrième de série quand on imagine les risques auxquels nous pourrions être exposés à Flamanville.

Que l’on soit pour ou contre le nucléaire, le principe de précaution devrait nous conduire à l’expertise indépendante internationale et contradictoire sur l’EPR de Flamanville qui est permise par le Code de l’environnement. Il est encore temps”.

Notre intervention n’a pas été reprise par la presse plus préoccupée de faire le buzz avec le retour de 17 éléments combustibles non conformes.

L’annonce d’une nouvelle consultation de l’ASN sur la mise en service de l’EPR est passée elle aussi à la trappe : La précédente consultation n’était pas accompagnée de l’avis de l’Autorité environnementale ni de l’avis des collectivités locales…

C’est ballot pour une consultation aux documents très abondants destinée à informer les autorités de l’avis du public…. Aux dernières nouvelles, le public pourra à nouveau donner son avis de la mi-janvier à la mi-février 2024 soit 2 mois avant le top départ ? Une occasion à ne pas manquer pour dire ce que l’on pense.

Pendant ce temps on apprend :

1 : Que sur 6 pays, la France est bon dernier de la classe pour les énergies renouvelables Cocorico !

https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2023/12/Energies-renouvelables-le-manque-dambition-criant-de-la-France-face-a-ses-voisins-europeens_Note-Greenpeace-France_Decembre-2023-1.pdf?_ga=2.229883612.1919893141.1703181656-999647772.1703181656

2 : Que le prix de revient du KW de l’EPR anglais passerait de 0, 10 à 0, 15 euros. Avant de démissionner, le précédent directeur financier d’EDF avait bien prévenu du risque financier relatif aux EPR d’Hinkley Point…. EDF paiera la différence ?

https://www.iwrpressedienst.de/energie-themen/pm-7986-hinkley-point-c-l-electricite-produite-par-la-nouvelle-centrale-nucleaire-britannique-coute-plus-de-15-centimes-par-kilowattheure-fr

On ne saurait changer une équipe …QUI PERD ! …

Par André Jacques, publié le 25 décembre 2023

https://crilan.fr/epr-flamanville-les-delais-et-la-puissance-annoncee/

POLLUTION PRÈS DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE GOLFECH : ANALYSE DE L’EAU, EXPLICATIONS D’EDF, RISQUES… CE QUE L’ON SAIT DE CETTE FUITE

Une couche « très huileuse » a été détectée dans les eaux de la Garonne, ce dimanche 24 décembre 2023, entre le Tarn-et-Garonne et le Lot-et-Garonne. EDF a annoncé qu’il s’agit d’un dysfonctionnement au niveau de la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne). Voici ce que l’on sait de cette pollution.

Ce dimanche 24 décembre 2023, les gendarmeries du Lot-et-Garonne et du Tarn-et-Garonne ont été alertées pour une suspicion de pollution dans les eaux de la Garonne. Voici ce que l’on en sait.

À lire aussi : Centrale nucléaire de Golfech : découvrez toutes les leçons tirées de l’exercice de crise de juin 2023

Qu’a-t-on constaté dans l’eau ?

Selon les premières informations qui parviennent à La Dépêche, une couche « très huileuse en surface » aurait été détectée. Les militaires lot-et-garonnais auraient été les premiers appelés et, lors de leurs investigations, ils ont remonté le cours du fleuve jusqu’à la frontière avec le Tarn-et-Garonne, puis ont appelé leurs voisins. Ceux-ci se sont aussi mis en action. Ils seraient remontés jusqu’à la commune de Golfech, qui abrite un centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) comprenant deux réacteurs. L’Office français de la biodiversité (OFB) s’est rendu sur place et a effectué des prélèvements, avec le concours de la compagnie de Castelsarrasin. Le maire de Golfech, Pascal Benoit, a été mis au courant des investigations.

Comment a réagi EDF ?

Dans la soirée, EDF, gestionnaire du CNPE, a communiqué sur son site Internet officiel, ayant été prévenu du sinistre par les autorités aux alentours de 13h30 vendredi 24 décembre. « Immédiatement et par mesure de précaution, la vanne permettant d’isoler le bassin d’orage de la Garonne a été fermée manuellement par les équipes de la centrale, indique l’énergéticien. Le bassin d’orage est l’ouvrage recueillant les eaux pluviales du site. »

À quoi est due la pollution ?

Selon les équipes de la centrale, une option sérieuse est sur la table pour expliquer cette pollution. « L’origine de l’irisation pourrait être liée au dysfonctionnement du déshuileur de site. Le déshuileur, aussi appelé décanteur, est un système permettant de séparer les hydrocarbures des eaux pluviales. Il s’agit d’un matériel qui n’a aucun lien avec la partie nucléaire des installations« , précise le communiqué. « Les investigations se poursuivent pour connaître l’origine de ce dysfonctionnement« , assure EDF. En parallèle de l’enquête interne, les prélèvements assurés par l’OFB doivent être analysés. Une enquête judiciaire pourrait aussi être ouverte pour faire toute la lumière sur cet événement.

Y a-t-il un risque de fuite radioactive ?

« L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), les préfectures du Tarn-et-Garonne et du Lot-et-Garonne, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), la Commission locale d’information (CLI) et les maires de Golfech et Lamagistère ont été informés« , confirme l’entreprise gestionnaire de la centrale. Pour rappel, un seul des deux réacteurs, le numéro 2, est actuellement en activité à Golfech. « Cet événement n’a aucun impact sur son fonctionnement« , conclut EDF. La tranche n°1 est en pause programmée pour un arrêt de tranche décennal.

PS avec Florent Duprat, publié le 25/12/2023 à 10h05 , mis à jour à 10h23

Photo en titre : EDF a rapidement communiqué sur la pollution détectée à proximité du site. EDF

https://www.ladepeche.fr/2023/12/25/pollution-pres-de-la-centrale-nucleaire-de-golfech-analyse-de-leau-explications-dedf-risques-ce-que-lon-sait-de-cette-fuite-11662705.php

CHINE : UN SITE D’ESSAIS NUCLÉAIRES RENAIT EN CATIMINI

Dans le désert reculé où la Chine a fait exploser sa première bombe atomique il y a près de 60 ans, une foreuse a récemment percé un puits vertical dont la profondeur est estimée à au moins un demi-kilomètre. Il s’agit là de la preuve la plus évidente que Pékin envisage de tester une nouvelle génération d’armes nucléaires susceptibles d’accroître la létalité de sa force de missiles en expansion rapide

Depuis des années, des rapports du gouvernement américain et des experts indépendants expriment de vagues inquiétudes au sujet de l’ancienne base Lop Nur. Les rapports font état de préparatifs possibles pour des opérations tout au long de l’année et d’un « manque de transparence ».

Aujourd’hui, cependant, des images satellites révèlent que la base militaire dispose de nouveaux trous de forage – idéaux pour contenir les tempêtes de feu de radiations mortelles provenant de grandes explosions nucléaires – ainsi que de centaines d’autres améliorations et agrandissements.

« Tout porte à croire que la Chine se prépare à reprendre ses essais nucléaires », a déclaré Tong Zhao, expert nucléaire à la Fondation Carnegie pour la paix internationale (Carnegie Endowment for International Peace).

Siegfried S. Hecker, ancien directeur du laboratoire d’armement de Los Alamos, au Nouveau-Mexique, a qualifié d’inhabituelle la reconstruction de Lop Nur.

« Les Russes et les Américains poursuivent aussi leurs activités sur leurs sites d’essai, mais ce n’est rien de comparable [à ce que fait la Chine]. » Siegfried S. Hecker, ancien directeur du laboratoire d’armement de Los Alamos

Les analystes estiment que les activités menées à Lop Nur sont le signe d’une vaste modernisation de l’appareil nucléaire chinois et mettent en garde contre le risque de déclencher une nouvelle ère de rivalité atomique.

Ils ajoutent que les mesures prises par la Chine, ainsi que par d’autres puissances nucléaires, pourraient compromettre l’interdiction mondiale des essais qui a débuté en 1996. Les puissances atomiques du monde l’ont signée après la guerre froide afin de freiner une coûteuse course aux armements nucléaires.

Inquiétudes

Les nouvelles preuves concernant Lop Nur ont été découvertes par Renny Babiarz, un ancien analyste de la National Geospatial-Intelligence Agency, une branche du Pentagone. Spécialiste de la reconnaissance par satellite et du programme nucléaire de Pékin, M. Babiarz estime que les détonations dans les profonds puits verticaux pourraient accélérer la mise au point de nouveaux types d’armes nucléaires pour l’arsenal du pays, qui connaît une croissance rapide. Les experts indépendants qui ont examiné les images satellites et les analyses de M. Babiarz partagent ses inquiétudes.

L’activité de Lop Nur intervient à l’un des moments les plus délicats des relations entre les États-Unis et la Chine. Le président Joe Biden a déclaré qu’il essayait de « stabiliser » des relations de plus en plus conflictuelles et, lors d’une réunion au sommet le mois dernier avec Xi Jinping, le dirigeant chinois, il a cherché à obtenir un certain degré d’accord.

Les services de renseignement américains affirment qu’ils suivent la renaissance de Lop Nur depuis des années. Selon eux, si la construction est évidente, son objectif ne l’est pas. La Chine pourrait préparer un essai nucléaire, concèdent-ils. Mais ils ajoutent que M. Xi n’a peut-être pas l’intention d’aller de l’avant à moins que les États-Unis ou la Russie ne le fassent en premier. Les fonctionnaires affirment que M. Xi pourrait couvrir ses risques, en forant les puits afin que, si nécessaire, la Chine puisse agir rapidement.

Lundi, le ministère des Affaires étrangères de Chine a répondu aux questions concernant les améliorations apportées à Lop Nur en les rejetant dans un communiqué, les qualifiant de « tentatives de se raccrocher à des ombres, de brandir sans fondement une “menace nucléaire chinoise” ». Il a qualifié ces affirmations de « totalement irresponsables ».

Le Ministère a également souligné l’engagement de Pékin à respecter l’interdiction des essais nucléaires. La Chine, a-t-il déclaré, ne ménagera « aucun effort pour réaliser la noble aspiration de l’interdiction complète et l’éradication totale des armes nucléaires ».

Lop Nur est une base militaire tentaculaire, d’une superficie équivalente à celle de la Virginie, située dans la région aride du Xinjiang, à l’extrême ouest de la Chine. Les Chinois affirment que la région a été choisie pour les essais nucléaires parce qu’elle était aride et isolée, et qu’elle ne comptait aucun résidant permanent. Mais la région du Xinjiang est habitée par les Ouïghours, un groupe ethnique majoritairement musulman qui a récemment fait l’objet de détentions massives et de contrôles de sécurité répétés.

Les Ouïghours protestent depuis longtemps contre les risques sanitaires liés aux essais nucléaires effectués sur le site, qui ont débuté en 1964 après que Mao Zedong a décidé de fabriquer la bombe. Les premiers essais ont été couronnés par des nuages en forme de champignon et des retombées radioactives. La Chine a réalisé son premier essai nucléaire souterrain en 1969.

Des puits horizontaux et verticaux

Dans un premier temps, la Chine a utilisé des tunnels horizontaux peu profonds. Elle a relativement tardé à forer des puits verticaux suffisamment profonds pour contenir de manière fiable les radiations mortelles, en particulier pour les grandes explosions. Le premier essai dans un puits de ce type a eu lieu en 1978.

Après la guerre froide, le site d’essai de Lop Nur a mis fin à ses grandes explosions et est devenu un lieu somme toute isolé.

Cette situation a commencé à changer après 2012, lorsque M. Xi est arrivé au pouvoir. Le dirigeant chinois voyait la Force des missiles, qu’il a créée fin 2015, comme l’une de ses gloires. Cette organisation d’élite, gardienne des armes nucléaires chinoises, incarne les ambitions de M. Xi, qui souhaite faire de son pays une grande puissance prête à tenir tête aux États-Unis.

Il s’avère que l’ascension politique de M. Xi a coïncidé avec la renaissance de Lop Nur.

Les experts nucléaires affirment qu’ils ne voient aucun signe de l’imminence d’un essai chinois et que Pékin pourrait ne rien faire. La reconstruction de la base militaire pourrait simplement être un avertissement à l’Occident, disent-ils. C’est d’ailleurs ce qu’ont suggéré des experts chinois.

D’autres analystes ne sont pas d’accord, estimant que les flottes chinoises de nouveaux bombardiers, sous-marins et silos à missiles annoncent une volonté de se doter de nouveaux armements.

Selon les projections du Pentagone, la Chine pourrait disposer de 1500 ogives nucléaires d’ici 2035 au rythme actuel d’expansion de ses forces. Ce chiffre représenterait une multiplication par cinq de la « dissuasion minimale » dont la Chine a disposé pendant plus d’un demi-siècle.

Les experts américains affirment que les scientifiques chinois sont en train de planifier les armes particulières qu’ils considèrent comme les mieux adaptées à cette expansion et qu’ils pourraient apprendre beaucoup des explosions expérimentales.

Objectif miniaturisation

Ce que la Chine souhaite avant tout, selon les experts, c’est la miniaturisation. Grâce à de nouveaux missiles plus précis permettant de localiser les cibles, ses scientifiques peuvent réduire la puissance, la taille et le coût des ogives.

Les experts estiment que la miniaturisation pourrait rendre les missiles sous-marins chinois plus meurtriers. Elle pourrait également aider la Chine à développer des ogives hypersoniques qui zigzagueraient pour échapper aux défenses américaines.

Les experts américains considèrent la modernisation de Lop Nur comme un signe de la volonté des Chinois d’aller plus loin.

« Nous devons nous rendre compte qu’ils avaient une position conservatrice », a déclaré Terry C. Wallace, un ancien directeur de Los Alamos qui étudie depuis longtemps le programme d’expérimentation nucléaire de la Chine. « C’est en train de changer. »

Par William J. Broad, Chris Buckley et Jonathan Corum (The New York Times), publié le 24 décembre 2023 à 1h25, mis à jour à 6h00

Photo en titre : Renny Babiarz, ancien analyste de la National Geospatial-Intelligence Agency, est spécialiste de la reconnaissance par satellite et du programme nucléaire de Pékin. Photo John Tully, the New York Times.

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

Lisez la version originale de cet article (en anglais ; abonnement requis)

https://www.lapresse.ca/international/asie-et-oceanie/2023-12-24/chine/un-site-d-essais-nucleaires-renait-en-catimini.php#

RENCONTRES PRINTANIÈRES ANTI-AUTORITAIRES CONTRE LE NUCLÉAIRE LES 17-23 AVRIL 2024 À BURE (55)

Rencontres antinucléaires sur des bases anti-autoritaires et anticapitalistes du 17 au 23 avril 2024 à Bure (55). Le programme est en construction et ouvert, contactez nous à  si vous avez des propositions qui peuvent nous intéresser

L’industrie nucléaire française avance actuellement à pas de géants.

Le projet de poubelle nucléaire CIGÉO [1] s’accélère avec les récentes annonces de fouilles archéologiques et d’expropriations à partir de janvier 2024 (permises par la validation de la Déclaration d’Utilité Publique).

L’enfouissement des déchets sert surtout à maintenir et accroître la production nucléaire en France. Vote de la « relance », projets de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires, allongement de la durée d’exploitation des réacteurs déjà en « fin de vie », formation d’ingénieurs du nucléaire dans les écoles, « taxonomie européenne » [2], etc…

À quoi s’ajoute le fait que nous n’avons jamais été aussi proches d’une guerre nucléaire depuis la fin de la guerre froide, et la France est le dernier pays de l’Union européenne à produire et détenir la bombe atomique.

Dans ce contexte militaro-industriel, la course à la productivité ne semble pas prête de s’interrompre d’elle-même. Bure et ses alentours, territoire rural que le projet CIGÉO veut détruire, deviennent un lieu stratégique pour construire nos luttes, car en s’opposant à sa poubelle, on s’oppose à l’industrie nucléaire dans son ensemble.

Depuis Bure, on pense qu’un temps de rencontres antinucléaires sur des bases anti-autoritaires et anti-capitalistes doit avoir lieu pour accompagner cette volonté de structuration des oppositions et donner de la force aux résistances.

Ces rencontres auront lieu du mercredi 17 au mardi 23 avril 2024. Nous travaillons encore sur la programmation. Nous savons d’ores et déjà que voulons des transmissions d’expériences et de pratiques de luttes, des balades, des discussions stratégiques, et des moments joyeux ! Si vous vous reconnaissez de près ou de loin dans ces termes, vous êtes convié·es à ces rencontres. N’hésitez pas à nous faire part de vos propositions pour la programmation.

Pour nous aider à anticiper la logistique, c’est cool si tu te pré-inscris via ce formulaire. C’est anonyme, pas obligatoire, pas engageant mais ça nous donne des repères sur combien de personnes souhaitent venir !

Lien vers l’affiche (pdf)

Lien vers le flyer (pdf)

P.S.

Plus d’informations pratiques et comment nous aider : en deuxième partie de cet article.

Plus d’informations arriveront plus tard sur bureburebure.info
Contact :

Publié le 23 décembre 2023

https://renverse.co/infos-d-ailleurs/article/bure-rencontres-printanieres-anti-autoritaires-contre-le-nucleaire-les-17-23-4300

NANCY : PROJECTION DU FILM « CONTROVERSES NUCLÉAIRES » LE 6 JANVIER 2024

Le Collectif Infos Antinukes de Nancy vous propose un moment convivial et de partage le 6 janvier 2024 à 18h au premier étage du bâtiment du Collectif « Ancrage » au 48 rue Vayringe à Nancy.

Nous vous proposons la projection du film Controverses Nucléaires de 2003 (50min).

Ce film, sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, révèle qu’au cœur de la civilisation occidentale, riche et technologiquement avancée, un crime scientifique programmé se perpétue depuis 40 ans. De hautes responsabilités, dans l’indifférence générale et la désinformation.

Nous vous accueillons dès 18h pour commencer la projection à 18h30.

Suite au visionnage du film, nous pourrons échanger et débattre ensemble.

Petite restauration sur place.

Venez nombreux et n’hésitez pas à diffuser cet événement à vos réseaux.

Merci à vous,

Le collectif Infos Antinukes

https://bureburebure.info/events/event/nancy-projection-du-film-controverses-nucleaires/

RIEN N’ARRÊTE LA CROISSANCE DES ÉMISSIONS DE CO2 DES ÉNERGIES FOSSILES

Alors que les enjeux climatiques sont au cœur de l’actualité depuis quelques semaines suite à la COP28 à Dubaï, une étude vient d’annoncer que les émissions de CO2 relatives aux énergies fossiles sont au plus haut en 2023.

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les États membres de l’Union européenne devront réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 55 % d’ici 2030. Et la route est encore longue, au vu des résultats du dernier rapport annuel de Global Carbon Project. Ce projet de recherche international composé d’une équipe de plus de 120 scientifiques vient en effet d’annoncer que les émissions de CO2 relatives aux énergies fossiles ont continué d’augmenter en 2023.

+1,1 % pour les émissions de CO2 dans le monde

La hausse est de 1,1 % sur un an, pour atteindre un niveau de 36,8 milliards de tonnes de COpour les émissions liées aux combustibles fossiles et à la production de ciment. Pour comparer, l’augmentation était de 0,9 % en 2022. En 2023, elle dépasse de 1,4 % le niveau de 2019 antérieur à la crise sanitaire. L’augmentation de 2023 serait imputable dans les mêmes proportions au pétrole (+1,5 %) et au charbon (+1,1 %). À noter qu’il s’agit encore d’estimations et que les chiffres devront être confirmés. D’après cette étude, il faudrait baisser les émissions de 5,9 % chaque année pour atteindre la neutralité carbone en 2055 et limiter le réchauffement climatique à 1,7 °C à cette date.

Ces chiffres sont basés sur des observations au niveau mondial. Mais les résultats sont contrastés d’un pays à l’autre. Dans l’UE, une réduction des émissions est attendue à hauteur de -7,4 %. Aux États-Unis aussi, une baisse de -3 % devrait être enregistrée. À l’inverse, l’augmentation devrait être élevée en Inde (+8,2) et en Chine (+4 %).

Une baisse pour les émissions liées au changement d’usage des terres

Un secteur enregistre des résultats encourageants  : celui des émissions liées au changement d’utilisation des sols dans le cadre des activités agricoles ou de la récolte de bois par exemple. Il devrait atteindre un niveau d’émissions de 4,1 milliards de tonnes de CO2 alors que son niveau se situait à 4,7 milliards de tonnes/an entre 2013 et 2022.

Là encore, des différences sont notables entre les pays puisque l’Indonésie, le Brésil et la République démocratique du Congo sont responsables à hauteur de 55 % de ces émissions. Toutefois, Julia Pongratz, une des autrices du rapport, précise « qu’environ un quart de ces émissions sont dues à des produits destinés à l’exportation ». Ce ne sont donc pas aux habitants de ces pays qu’il faudrait imputer les rejets, mais à leurs clients, majoritairement des pays riches.

Par Lorraine VERON, publié le 23 décembre 2023

Photo en titre : Les cheminées d’une centrale au charbon / Illustration : Getty

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NUCLÉAIRE : LE GOUVERNEMENT AVANCE « TOUT SCHUSS »

Cette semaine, le nucléaire. Le gouvernement avance « tout schuss » sur le sujet, et il tient dur comme fer à sa réforme de la sûreté… Un projet de loi dédié a été mis sur la table du Conseil des ministres cette semaine. Le point avec Célia Quilleret.

C’est une priorité pour la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. La « relance du nucléaire » revient souvent dans les discours en ce moment. Le gouvernement mise à fond sur cette énergie décarbonée, « miracle » pour réduire les gaz à effet de serre sans diminuer la production d’électricité.

La France veut six réacteurs nouvelle génération, même si Flamanville brille par son retard (le combustible sera chargé au printemps prochain), elle veut prolonger les vieilles centrales, « autant que la sûreté le permettra« , selon la ministre. Ambition maximale…

Pour cela, le gouvernement a sorti une baguette magique : le sujet est technique mais ô combien stratégique. L’idée est de fusionner deux instances, l’Irsn, institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, et l’Asn, l’Autorité de sûreté nucléaire. C’est un peu, en simplifiant, comme si on réunissait les chercheurs qui mènent les expertises, rédigent des avis, et les gendarmes qui autorisent ou non un réacteur à fonctionner.

Le gouvernement a déjà tenté cette fusion au printemps, sans succès. Les parlementaires ont voté contre, un amendement a été rejeté, les syndicats étaient vent debout, mais qu’importe, la ministre de la transition énergétique y tient, elle a remis mercredi sur la table du conseil des ministres, à l’Élysée, un nouveau projet de loi dédié à cette réforme de la sûreté.

Pourquoi le gouvernement s’acharne-t-il autant sur le sujet ?

C’est la grande question. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de faille dans la sûreté des centrales, alors pourquoi s’entêter pour cette fusion ?

Au cabinet de la ministre, on promet davantage d’efficacité, d’attractivité, mais les syndicats de l’Irsn ne sont pas convaincus, ils ont encore manifesté cette semaine.

Le gouvernement veut cette nouvelle autorité administrative indépendante, coûte que coûte, pour dynamiser sa filière nucléaire.

Et pour faire avaler la pilule et harmoniser les statuts, Agnès Pannier-Runacher promet 15% de rémunération en plus aux salariés de l’IRSN. Une enveloppe de 15 millions d’euros sera débloquée si la loi est votée.

Pourquoi les syndicats restent-ils aussi opposés à cette fusion ?

À l’IRSN, ce sont des chercheurs, ils ne veulent pas rejoindre la « brigade de gendarmerie » du nucléaire. Ils dénoncent un « immense gâchis« .

Pour eux cette fusion met en danger leur expertise, leur crédibilité, elle les « désorganise« , les « déstabilise« , au lieu de les renforcer.

Une « stratégie étonnante » selon eux en pleine « relance » du nucléaire.

Par Célia Quilleret, Journaliste Environnement à France Inter, publié vendredi 22 décembre 2023

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/planete-verte/planete-verte-du-vendredi-22-decembre-2023-6148619

AVIS SUR UN PROJET DE LOI RELATIF À L’ORGANISATION DE LA GOUVERNANCE DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION POUR RÉPONDRE AU DÉFI DE LA RELANCE DE LA FILIÈRE NUCLÉAIRE

Le Gouvernement a décidé de rendre public l’avis du Conseil d’État relatif à l’organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire.

  1. Le Conseil d’État a été saisi le 3 novembre 2023 d’un projet de loi relatif à l’organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire. Ce projet de loi a été modifié par trois saisines rectificatives, reçues les 1er, 4 et 12 décembre 2023, qui ont eu pour objet principal de prendre en compte des suggestions du Conseil d’État. L’étude d’impact a été transmise le 8 novembre 2023 et a également fait l’objet de trois saisines rectificatives, reçues le 1er et, pour les deux dernières, le 13 décembre 2023.
  2. Ce projet de loi, qui comprend vingt-deux articles, est organisé en deux titres respectivement intitulés « Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection » et « Adaptation des règles de la commande publique aux projets nucléaires» correspondant à ses deux objets, qui sont distincts.

Le titre 1er comprend des dispositions relatives aux missions et au fonctionnement de la nouvelle autorité administrative indépendante (AAI) créée par le projet de loi, dénommée Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) et résultant de la fusion de l’actuelle Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui est une AAI, et de l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), qui est un établissement public à caractère industriel et commercial de l’État (EPIC). Ce titre comporte également des dispositions relatives aux statuts et à la représentation des personnels de la nouvelle autorité et des dispositions transitoires, concernant notamment les salariés actuellement employés par l’IRSN.

Le titre II comprend des dispositions destinées à sécuriser, sur différents points, les procédures de la commande publique afin de tenir compte des particularités de la construction d’installations nucléaires, notamment pour l’application de la loi n° 2023‑491 du 22 juin 2023 relative à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations nucléaires existantes, ainsi que des dispositions destinées à renforcer la protection des intérêts fondamentaux de la Nation en matière de nucléaire.

Au vu de ce contenu, le Conseil d’État recommande de substituer à l’intitulé retenu par le Gouvernement celui, plus sobre et plus exact, de « projet de loi relatif à l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection ainsi qu’à la commande publique dans le secteur nucléaire ».

  1. Le Conseil d’État relève que le projet de loi a fait l’objet des consultations préalables requises, notamment celles du Conseil national de la transition écologique, du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, du Conseil d’orientation des conditions de travail, du Conseil supérieur de la fonction publique de l’État, du comité social et économique de l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire et du comité national du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
  2. L’étude d’impact du projet de loi a fait l’objet, ainsi qu’il est noté au point 1, de trois saisines rectificatives nécessaires compte tenu des modifications que le Gouvernement a souhaité apporter à son projet. Dans son état final, elle s’efforce également de répondre aux observations du Conseil d’État suggérant notamment d’expliciter, dans cette étude, la justification de cette réforme de structure engagée en matière de sûreté nucléaire ainsi que celle des choix faits entre les différentes options juridiquement possibles pour la réaliser, notamment celui consistant à intégrer dans une AAI, dépourvue de la personnalité morale, les services d’un EPIC employant des salariés soumis au code du travail, qui y resteront soumis, et exerçant des activités rémunérées en matière de radioprotection, dont certaines seront conservées. Le Gouvernement a, en outre, complété l’étude d’impact sur les modalités de reprise des contrats de travail des salariés de l’IRSN ainsi que sur les conditions dans lesquelles leur seront applicables les conventions, accords collectifs et engagements unilatéraux dont ils bénéficient actuellement.

Le Conseil d’État estime que l’étude d’impact ainsi complétée comporte les éléments requis par l’article 8 de la loi organique n° 2009-403 du 15 avril 2009, pris pour l’application du troisième alinéa de l’article 39 de la Constitution. Il note cependant que devraient encore être précisés les motifs ayant conduit à écarter la solution consistant à doter l’ASNR de la personnalité morale, sous la forme d’une autorité publique indépendante (API), comme il en existe déjà plusieurs en matière de régulation et de contrôle.

Au-delà de ces remarques liminaires, et outre des améliorations de rédaction qui s’expliquent d’elles-mêmes, ce projet de loi appelle, de la part du Conseil d’État, les observations qui suivent.

TITRE 1er

En ce qui concerne la création de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection :

  1. Ainsi qu’il a été dit, l’objet principal du projet de loi est le regroupement au sein d’une unique AAI, à compter du 1er janvier 2025, de l’actuelle ASN et l’IRSN, qui sont d’ores et déjà liés puisque le second assure, en vertu de l’article L. 592-46 du code de l’environnement, « l’appui technique, sous la forme d’activités d’expertise soutenues par des activités de recherche » indispensable à l’exercice par l’ASN de ses missions. Cet appui technique se matérialise notamment par une convention revue annuellement et par le fait que le président de l’ASN est membre de droit du conseil d’administration de l’IRSN.

Outre l’abrogation des dispositions législatives relatives à l’IRSN, le projet de loi modifie et complète les dispositions du code de l’environnement applicables à l’ASN, de façon à fixer dans la loi « les règles relatives à la composition et aux attributions ainsi que les principes fondamentaux relatifs à l’organisation et au fonctionnement » de la future ASNR, ainsi que l’impose l’article 1er de la loi organique n° 2017-54 du 20 janvier 2017 relative aux autorités administratives indépendantes et autorités publiques indépendantes.

Sur le principe même de la création de cette nouvelle autorité :

  1. Le Conseil d’État estime que la disparition de l’IRSN et le regroupement de ses services avec ceux de l’actuelle ASN, au sein d’une AAI, ne se heurte à aucun obstacle d’ordre constitutionnel.

Il considère qu’il en va de même au regard des instruments internationaux régissant la sûreté nucléaire et la radioprotection, en particulier l’article 7 de la Convention sur la sûreté nucléaire conclue à Vienne le 20 septembre 1994, et du droit dérivé du Traité Euratom, en particulier l’article 5 de la directive 2009/71/Euratom du 25 juin 2009 du Conseil. Les exigences qui en résultent en matière d’indépendance, de prévention des situations de conflits d’intérêt et de transparence sont en effet satisfaites par les dispositions actuelles du code de l’environnement applicables à l’ASN et par celles du statut général des AAI et API défini par la loi n° 2017-55 du 20 janvier 2017 portant statut général des autorités administratives indépendantes et des autorités publiques indépendantes. Le projet de loi y apporte les seules adaptations rendues nécessaires par l’intégration de l’IRSN, sans les amoindrir.

Enfin, les « normes de sûreté » élaborées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui sont dépourvues d’effet contraignant pour les États parties, laissent, en tout état de cause, ouvert le choix pour les États d’opter soit pour un modèle où l’organisme chargé d’élaborer les normes en matière de sûreté et de radioprotection et d’en contrôler l’application est structurellement distinct de l’organisme chargé de lui apporter un soutien technique en matière d’expertise, comme tel est le cas aujourd’hui de l’IRSN à l’égard de l’ASN, soit pour un modèle où ces deux fonctions sont réunies au sein d’une même entité.

Sur les missions de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection

  1. Le projet de loi fait évoluer les missions actuelles de l’ASN telles qu’elles sont définies à l’article L. 592-1 du code de l’environnement pour y intégrer les missions d’expertise et de recherches exercées par l’IRSN. Ces dispositions n’appellent pas d’observation particulière.

Cependant, le Conseil d’État estime inutile de prévoir, comme le fait le projet de loi, que les compétences de la future autorité ne s’étendent pas aux installations et activités nucléaires intéressant la défense, cette réserve étant déjà faite à l’article L. 1333-6 du code de la défense.

Sur l’assimilation de l’ASNR à un établissement de recherche

  1. Par suite du transfert des missions de recherche qui relèvent actuellement de l’IRSN, il y a lieu de faire entrer l’ASNR dans le champ d’application de certaines dispositions du code de la recherche qui régissent cet établissement en sa qualité d’établissement public de recherche au sens de l’article L. 112-6 de ce code. Le projet de loi retient, conformément à la suggestion du Conseil d’État, un formulation qui consiste non pas à modifier cet article L. 112-6 mais à insérer dans le statut de l’ASNR fixé par le code de l’environnement une disposition assimilant cette autorité aux établissements publics de recherche, en précisant que cette assimilation ne vaut que dans la mesure où les dispositions du code de la recherche ainsi rendues applicables ne sont pas contraires à celles du code de l’environnement régissant l’ASNR.

Le Conseil d’État estime justifié de compléter les dispositions de l’article L. 114-3-1 du code de la recherche définissant les missions du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, qui est lui-même une AAI, pour y prévoir expressément que les activités de recherche de l’ASNR peuvent, sur demande de cette autorité, être soumises à évaluation par le Haut conseil.

Sur la possibilité d’exercer des activités rémunérées et la modification du règlement intérieur de la future autorité

  1. L’intégration au sein de l’ASNR des services de l’IRSN susceptibles d’effectuer des prestations rémunérées au bénéfice d’opérateurs soumis au contrôle de cette autorité impose de modifier le règlement intérieur de cette dernière afin de respecter les articles 12 à 14 de la loi n° 2017-55 du 20 janvier 2017 mentionnée précédemment. L’intégration des services d’expertise de l’IRSN dans la future autorité rendra également nécessaire une distinction fonctionnelle entre le processus d’expertise et d’instruction conduit par les services et le processus d’élaboration des avis et des décisions délibérés par le collège. Cette distinction pouvant revêtir différentes formes, le Conseil d’État n’estime pas nécessaire que le projet de loi les précise.

Par ailleurs, le Conseil d’État admet la possibilité de transférer à la nouvelle autorité des activités de l’IRSN donnant lieu à des rémunérations pour services rendus, notamment en matière de dosimétrie. Selon les indications fournies par le Gouvernement, ces activités sont, en effet, importantes pour le maintien d’un niveau d’expertise élevé dans des domaines extrêmement spécialisés. Le Conseil d’État prend note de ce que le projet de loi prévoit d’entourer ces activités des règles de déontologie nécessaires.

En ce qui concerne les ressources humaines de l’ASNR et le transfert des agents de l’IRSN

  1. Tirant les conséquences de la réforme, le projet de loi modifie les règles actuellement applicables au personnel de l’ASN, de façon notamment à ce que l’ASNR puisse employer des salariés de droit privé, et met en place une nouvelle organisation du dialogue social, propre à cette autorité, pour tenir compte de cette nouvelle catégorie d’agents. Il détermine les conditions du transfert des salariés de l’IRSN vers l’ASNR, pour la majorité d’entre eux (1 600 environ), et de 180 de ces salariés vers le CEA, dont 140 qui seront mis à disposition d’office du ministère de la défense pour les missions le concernant, qui ne sont pas transférées à l’ASNR.

Sur les catégories de personnel

  1. Le projet de loi réécrit l’article L. 592-12 du code de l’environnement de façon à prévoir que le personnel de l’ASNR comprend des fonctionnaires, des agents contractuels de droit public et des salariés de droit privé et que les conditions d’emploi de ces derniers sont régies par le code du travail, sous réserve des dispositions qui figurent dans les articles suivants du code de l’environnement et des adaptations prévues par décret en Conseil d’État. Cette formulation est proche de celle retenue pour les Agences régionales de santé (ARS) depuis la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, qui a été reprise depuis pour divers autres établissements publics à caractère administratif.

L’ASNR n’étant pas dotée de la personnalité morale, c’est à travers elle l’État qui sera employeur d’un effectif important de salariés de droit privé, par l’effet de ce transfert d’environ 1 600 salariés de l’IRSN au titre de ses missions désormais confiées à cette AAI, qui seront d’ailleurs très majoritaires par rapport aux quelque 500 agents publics de l’ASN, mais aussi par celui des futurs recrutements de tels salariés, auxquels l’ASNR pourra procéder sans restriction particulière dans la loi. Le Conseil d’État n’identifie, toutefois, aucun obstacle d’ordre constitutionnel ou conventionnel à ce choix, qui relève de la compétence du législateur et est justifié en l’espèce, selon les motifs avancés par le Gouvernement, par le droit qui régit les personnes exerçant au sein de l’IRSN les missions transférées, par la technicité des qualifications qu’elles requièrent et par les tensions existant sur le marché de travail en matière de recrutements dans le secteur nucléaire.

En effet, si les agents non fonctionnaires travaillant pour le compte d’un service public à caractère administratif sont en principe des agents de droit public quel que soit leur emploi, le législateur a la faculté de permettre le recours à des salariés régis par le code du travail dans un service public administratif ou un établissement public à caractère administratif (cf. notamment, décision n° 2012-656 DC du 24 octobre 2012, à propos des « emplois d’avenir »). Par ailleurs, le Conseil d’État estime qu’il est loisible au législateur de caractériser les emplois ouverts à chacune des catégories d’agents ou de s’abstenir d’un tel encadrement, comme dans le cas des ARS, sans s’exposer à la critique d’une incompétence négative, dès lors que cette question ne touche pas aux garanties applicables aux fonctionnaires et autres agents publics ni à aucune autre matière relevant du législateur.

Le Conseil d’État souligne toutefois que, si elle ne se heurte ainsi à aucun obstacle d’ordre constitutionnel, cette solution, qui conduit à faire durablement de l’État, pour l’exercice de missions de contrôle et d’expertise dans un domaine sensible, l’employeur de salariés de droit privé, doit être regardée comme exceptionnelle et liée aux circonstances de l’espèce, qui conduisent, pour parvenir à une structure unique de contrôle et d’expertise dans le domaine nucléaire, à intégrer, au sein d’une AAI, les missions et les moyens d’un EPIC.

Sur les dispositions habilitant des agents de droit privé à procéder aux contrôles confiés à la future autorité

  1. Afin de renforcer les effectifs consacrés aux missions de police de la nouvelle autorité, le projet de loi modifie l’article L. 596-2 du code de l’environnement pour permettre la désignation comme inspecteurs de la sûreté nucléaire de salariés de droit privé, afin qu’ils puissent exercer « le contrôle des installations nucléaires de base, du transport de substances radioactives et des équipements sous pression nucléaires dans les domaines de compétence» de l’autorité, ainsi que « rechercher et constater» les infractions mentionnées à l’article L. 596-10 du même code, qui est également modifié.

Le Conseil d’État relève, en premier lieu, que le Conseil constitutionnel a jugé qu’aucune exigence constitutionnelle n’impose que tous les emplois participant à l’exercice de « fonctions régaliennes » soient occupés par des fonctionnaires (décision n° 2019-790 DC du 1er août 2019) et que des dispositions prévoyant qu’un organisme public peut employer des agents contractuels de droit privé accomplissant pour son compte des missions de police administrative n’ont ni pour objet ni pour effet de déléguer à des personnes privées des compétences de police administrative générale (décision n° 2023-1042 QPC du 31 mars 2023, à propos de l’Office national des forêts). En revanche, il rappelle que le Conseil constitutionnel a jugé que des fonctions inséparables de l’exercice de la souveraineté nationale ne sauraient être, en principe, confiées à des personnes de nationalité étrangère (décision n° 98-399 DC du 5 mai 1998), qu’elles soient recrutées sous statut de droit public ou de droit privé. Le Conseil d’État souligne que cette exigence devra être respectée par les dispositions d’application de la loi.

Il observe, en second lieu, que l’exercice par ces agents de leurs prérogatives de police judiciaire demeurera placé sous la direction et le contrôle de l’autorité judiciaire, ainsi que l’exige l’article 66 de la Constitution, en vertu de la jurisprudence du Conseil constitutionnel (voir décision n° 2011-625 DC du 10 mars 2011 – cons. 59). Les dispositions de l’article L. 172-4 du code de l’environnement, auxquelles renvoie l’article L. 596-10 du même code cité ci-dessus, rendent en effet applicables aux agents habilités au titre des diverses polices spéciales du code de l’environnement l’ensemble des dispositions de la section 2 du chapitre II du titre VII de son livre Ier. Cette section 2 leur confère des pouvoirs d’investigation étendus qui ne peuvent être exercés que sous la direction et le contrôle de l’autorité judiciaire. De même, les visites et les perquisitions sont entourées de l’ensemble des garanties, figurant au chapitre unique du titre Ier du livre VII de la première partie du code des transports auquel renvoie le code de l’environnement.

Au vu de l’ensemble de ces considérations, et dès lors qu’il s’agit de l’exercice d’une police administrative spéciale à laquelle sont soumis un nombre réduit d’opérateurs, tous professionnels avertis, le Conseil d’État estime que les dispositions du projet de loi respectent l’article 66 de la Constitution ainsi que les exigences découlant de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et ne se heurte à aucun autre obstacle d’ordre constitutionnel ou conventionnel. Comme indiqué au point 11 et pour les mêmes raisons, il souligne toutefois que ce dispositif doit être regardé comme exceptionnel.

Sur le dialogue social

  1. S’agissant des instances de dialogue social, le Conseil d’État prend acte du souhait du Gouvernement de maintenir, dans une très large mesure, les règles applicables tant aux salariés provenant de l’IRSN qu’aux agents publics de l’ASN qu’ils rejoignent.

Il est ainsi prévu, s’agissant du comité social d’administration (CSA) qui est mis en place au sein de l’ASNR, une formation plénière et une formation spécialisée chargée des questions de santé, de sécurité et des conditions de travail, compétentes pour les questions communes qui intéressent la situation de l’ensemble du personnel, tandis que les questions concernant de manière exclusive, respectivement les agents publics et les salariés de droit privé, relèvent de deux commissions propres à chacune de ces catégories de personnel. En dépit de la grande complexité du dispositif auquel ce choix conduit, il n’apparaît contraire à aucun principe constitutionnel, notamment au principe de participation garanti par le huitième alinéa du préambule de la Constitution de 1946 ni au principe d’égalité devant la loi.

Le Conseil d’État considère également que sont justifiées par des différences de situation, liées au régime juridique auquel chaque catégorie de personnel est et restera soumise, les différences de traitement qui portent, en premier lieu, sur les conditions à remplir par les organisations syndicales pour présenter leur candidature aux élections des deux collèges, en deuxième lieu, sur la désignation de délégués syndicaux et de représentants de sections syndicales ainsi que sur la protection des salariés protégés qui ne bénéficient qu’aux salariés, et en troisième et dernier lieu, sur les modalités retenues pour la négociation et la validité des accords collectifs.

Toutefois, une attention particulière devra être portée aux modalités d’application de la loi sur ces questions. Il en va notamment ainsi du fonctionnement du CSA lui-même, dont il est prévu qu’il soit « doté de la personnalité civile », qu’il « gère son patrimoine » et dispose d’un budget, par renvoi au premier alinéa de l’article L. 2315-23 du code du travail qui s’applique aux comités sociaux et économiques de certains établissements publics en vertu de l’article L. 2311-1 de ce code. En dépit de leur caractère inédit au sein de l’État et des difficultés pratiques auxquels elles pourraient donner lieu, au regard notamment des règles de la gestion budgétaire et comptable publique, ces dispositions peuvent être regardées comme justifiées compte tenu de la compétence exclusive confiée au CSA, pour l’ensemble du personnel, en matière d’action sociale et culturelle.

Sur les indemnités accessoires et les remboursements de frais

  1. Le projet de loi permet au collège de l’ASNR d’harmoniser entre les fonctionnaires, agents contractuels de droit public et salariés de droit privé qui composent son personnel certaines primes liées à des sujétions communes à plusieurs de ces catégories ainsi que les remboursements de frais. Le Conseil d’État veille, en accord avec le Gouvernement, à ce que ce pouvoir réglementaire soit circonscrit, quant à son objet, son champ d’application et sa portée, de façon à rester dans les limites de la faculté reconnue par le Conseil constitutionnel au législateur de confier à une autre autorité que le Premier ministre, le soin de fixer dans un domaine déterminé et un cadre défini des normes permettant de mettre en œuvre une loi (décision n° 86-217 DC du 18 septembre 1986).

Sur le transfert des salariés de l’IRSN à l’ASNR et au CEA

  1. Le Conseil d’État admet que les droits et obligations de l’IRSN liés aux salariés exerçant les missions confiées à l’ASNR soient transférés non pas à l’État, comme les autres droits et obligations transférés dans le cadre de cette opération, mais à l’ASNR et que corrélativement cette dernière, bien que n’étant pas dotée de la personnalité morale, soit substituée à l’IRSN en tant qu’employeur de ces salariés, dans la mesure où cette qualité est déjà reconnue aux autorités administratives indépendantes par l’article 16 de la loi n° 2017-55 du 20 janvier 2017 mentionnée ci-dessus.

Pour ce qui est des contrats de travail, le Conseil d’État constate que la directive 2001/23/CE du Conseil du 12 mars 2001, telle qu’interprétée au contentieux (Conseil d’État, Section, 22 octobre 2004, n° 245154), ne fait pas obstacle à ce que les salariés de droit privé de l’IRSN ne se voient pas proposer un contrat de droit public, comme le prévoit l’article L. 1224-3 du code du travail en cas de reprise d’une entité économique employant des salariés de droit privé par une personne publique chargée d’un service public administratif, mais restent régis par leur contrat de droit privé.

Ce choix apparaît justifié par l’intérêt général qui s’attache à ce que, compte tenu des pénuries de main d’œuvre dans le secteur nucléaire, soit évitée toute rupture de la relation de travail des salariés concernés à l’occasion du transfert des missions qu’ils exercent.

Ces considérations justifient également que les salariés qui sont chargés de l’appui technique dans les matières relevant de la défense et de la sécurité nationale, que le projet de loi énumère précisément, soient, au moment du transfert de leurs contrats de travail au CEA, mis à disposition d’office du ministère de la défense. Le Conseil d’État limite, en accord avec le Gouvernement, ces mises à disposition à une durée de trois ans, renouvelable de plein droit à la demande des intéressés, et les soumet expressément, sous réserve de ces particularités, au régime de droit commun applicable aux agents publics en application de l’article L. 334-1 du code général de la fonction publique et non aux dispositions de l’article L. 8241-2 du code du travail sur les prêts de main d’œuvre à but non lucratif.

  1. S’agissant des conventions et accords collectifs existant au sein de l’IRSN, le Conseil d’État admet la différence de traitement entre, d’une part, les 180 salariés transférés au CEA pour lesquels le projet de loi prévoit expressément l’application des dispositions de droit commun prévues par les articles L. 2261-14 et suivants du code du travail lorsque l’application de tels actes est « mise en cause» et qui est caractérisé par un maintien de leurs effets pendant une durée maximale d’un an, et, d’autre part, les quelque 1 600 salariés transférés à l’ASNR, pour lesquels le projet prévoit un régime de maintien similaire mais avec une durée portée à 30 mois à compter du transfert et une extension aux engagements unilatéraux. Dans le premier cas, le Conseil d’État note, en effet, l’existence au CEA de conventions et d’accords proches de ceux de l’IRSN même s’ils sont parfois moins favorables, tandis que dans le second cas, il constate qu’il n’y a pas actuellement, au sein de l’ASN, d’acte comparable aux nombreux accords et conventions qui existent à l’IRSN.

Sur les autres dispositions relatives au personnel

  1. Le projet de loi comporte d’autres dispositions qui n’appellent de la part du Conseil d’État que des propositions visant à améliorer leur rédaction. Il s’agit, notamment, de la création d’un accès temporaire à certains corps de fonctionnaires, fixés par décret en Conseil d’État, réservé aux agents contractuels de droit public et aux salariés de droit privé affectés au sein de l’ASNR et ayant une ancienneté d’au moins quatre ans en son sein ou à l’IRSN.
  2. En revanche, le Conseil d’État ne retient pas trois dispositions du projet de loi enjoignant, en premier lieu, à l’IRSN et à l’ASN de consacrer un total d’environ 16 M€ à des augmentations salariales en 2024, en deuxième lieu, au Gouvernement de remettre un rapport sur les besoins prévisionnels humains et financiers au 1er janvier 2025 de l’ASNR ainsi que les mesures destinées à améliorer l’attractivité de ses conditions d’emploi et, en troisième lieu, à cette autorité d’en faire de même pour la période couvrant les cinq années suivant sa création.

Le Conseil d’État estime que la première de ces dispositions, qui est inédite et empiète sur les prérogatives de l’IRSN et de son autorité de tutelle ainsi que de l’ASN, ne relève pas du domaine de la loi tel qu’il est défini par l’article 34 de la Constitution et a été précisé, s’agissant des AAI, par l’article 1er de la loi organique n° 2017-54 du 20 janvier 2017 mentionnée ci-dessus, qui prévoit que la loi institue ces autorités et fixe les règles relatives à leur composition et à leurs attributions ainsi que les principes fondamentaux relatifs à leur organisation et à leur fonctionnement. Les deux dernières dispositions ne peuvent être regardées, compte tenu de leur objet, comme destinées à assurer l’information du Parlement afin de lui permettre de contrôler l’action du Gouvernement et d’évaluer les politiques publiques et ne relèvent, par suite, pas non plus du domaine de la loi (Conseil constitutionnel, décision n° 2020-800 DC du 11 mai 2020).

En ce qui concerne le rattachement du haut-commissaire à l’énergie atomique au Premier ministre

  1. Des dispositions du projet de loi visent à modifier le rôle et, par voie de conséquence, le rattachement au CEA du haut-commissaire à l’énergie atomique. Ce dernier, aux termes de l’article L. 332-4 du code de la recherche, assume la « charge de conseiller scientifique et technique auprès de l’administrateur général » et dispose de la faculté de « saisir directement», qui « arrête», ainsi que le précise l’article L. 332-2 de ce code, « le programme de recherche, de fabrication et de travaux du Commissariat (…) « et l’autorité administrative compétente » de ses propositions. A ce titre, « il préside un conseil scientifique ». Le projet de loi, tout en lui conservant la faculté de saisir directement le Comité de l’énergie atomique, entend lui confier à l’avenir une mission de conseiller du Gouvernement en matière scientifique et technique dans le domaine nucléaire et mettre fin à son rattachement à l’administrateur général.

Le Conseil d’État estime que, si des dispositions législatives sont bien nécessaires pour abroger l’article L. 332-4 du code de la recherche rappelé précédemment, le recours à la loi ne s’impose pas pour définir les nouvelles missions du haut-commissaire, le Premier ministre étant libre d’user du pouvoir règlementaire qu’il détient pour organiser, comme il l’entend, le travail du Gouvernement. Le fait de mettre fin au rattachement du haut-commissaire au CEA, qui constituait l’une des règles constitutives propres à cet établissement public créé par la loi, fait du même coup disparaître la justification du niveau législatif des dispositions actuelles du code de la recherche. Le Conseil d’État considère, par suite, qu’il appartient au Gouvernement de procéder à cette évolution par voie règlementaire.

En ce qui concerne les mesures de coordination, transitoires et finales liées à la création de l’ASNR 

  1. Enfin, le projet de loi procède à des modifications de coordination, notamment à la substitution de la nouvelle dénomination d’ASNR à la dénomination actuelle d’ASN, dans le code de l’environnement où sont pour l’essentiel codifiées les dispositions relatives à la sûreté nucléaire, à la radioprotection et à la transparence dans ces domaines, mais également dans le code de la défense, le code de la santé publique et le code du travail et dans le tableau annexé à la loi n° 2010-838 du 23 juillet 2010 relative à l’application du cinquième alinéa de l’article 13 de la Constitution. Il comporte les mesures transitoires nécessaires à l’entrée en vigueur de cette réforme. Ces dispositions n’appellent pas de commentaire de la part du Conseil d’État.

TITRE II

En qui concerne la sécurisation des procédures de la commande publique pour les porteurs de projets nucléaires

  1. Le projet de loi comporte des mesures destinées à sécuriser les procédures relatives à la commande publique en ce qui concerne les marchés de travaux, de fournitures ou de services nécessaires à la réalisation de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants, pour lesquelles la demande d’autorisation de création est déposée avant 2043. Ces mesures concernent également, de manière pérenne, les marchés nécessaires à la réalisation d’installations de recherche et de gestion de déchets radioactifs ou de combustibles usés, ainsi qu’aux opérations de démantèlement d’installations nucléaires et de réhabilitation des sites après arrêt définitif de telles installations.

Le Conseil d’État considère que les dérogations au droit de la commande publique ainsi prévues par le projet de loi sont clairement circonscrites dans leur champ d’application matériel et peuvent être justifiées par les mêmes motifs que ceux retenus par le Conseil constitutionnel s’agissant de la loi n° 2023-491 du 22 juin 2023 relative à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes (décision n° 2023-851 DC du 21 juin 2023). Il admet le choix du Gouvernement de ne pas codifier ces dispositions dérogatoires, en raison de la spécificité de leur champ d’application.

Sur la dérogation à l’obligation d’allotissement pour les projets nucléaires

  1. Le Conseil d’État considère que la nouvelle possibilité de dérogation au principe d’allotissement pour les marchés mentionnés au point 21 ne soulève pas de difficulté d’ordre constitutionnel ou conventionnel.

Sur la durée des accords-cadres conclus pour la réalisation des projets nucléaires

  1. Le projet de loi prévoit que, lorsqu’ils mettent en œuvre l’exception à la durée maximale prévue au 1° de l’article L. 2125-1 du code de la commande publique, les accords-cadres de travaux, fournitures ou services qui concernent un ou plusieurs des projets mentionnés au point 21 sont conclus pour une durée qui peut aller jusqu’à celle du ou des projets concernés, fixée en tenant compte des aléas inhérents à leur réalisation.

Le Conseil d’État considère que la détermination d’une durée maximale aux accords-cadres qui dérogent, dans des cas exceptionnels dûment justifiés, à la durée fixée par les directives à quatre ans pour les pouvoirs adjudicateurs et à huit ans pour les entités adjudicatrices, ne se  heurte à aucun obstacle d’ordre constitutionnel ou conventionnel dès lors que les directives comme les textes nationaux pris pour leur transposition, qui permettent une telle dérogation, ne lui fixent pas de durée maximale. Il observe cependant que cette disposition ne modifie le droit en vigueur que par l’introduction d’une limite qui n’y figure pas, de sorte qu’elle va au-delà de ce qu’impose la transposition du droit de l’Union européenne, et qu’elle impose en outre aux acheteurs de prévoir dans les accords-cadres concernés par la mesure une durée plus longue, par la prise en compte des aléas, que celle annoncée par ailleurs pour la réalisation du projet.

Sur la prise en compte de la crédibilité des offres des soumissionnaires

  1. Le projet de loi prévoit enfin la possibilité de tenir compte de la « crédibilité» des offres dans le choix du co‑contractant.

Le Conseil d’État ne retient pas cette disposition. En effet, il note que l’explicitation de la notion d’offre économiquement la plus avantageuse et des critères susceptibles d’être retenus pour l’identifier a été inscrite jusqu’à présent dans la partie réglementaire du code de la commande publique et qu’aucune raison valable ne conduit à revenir sur le partage entre loi et règlement auquel il a ainsi été procédé. Le Conseil d’État relève en outre que la jurisprudence a déjà admis la possibilité de tenir compte de la crédibilité d’une offre au titre de l’offre économiquement la plus avantageuse (CE, 24 juin 2011, Ministre de l’écologie, n° 347720), de sorte que la disposition proposée ne change rien à l’état du droit. Il souligne qu’elle fait en outre peser un risque d’interprétation a contrario quant à la possibilité de tenir compte de ce critère lors de la passation de marchés relevant du droit commun de la commande publique.

En ce qui concerne les mesures destinées à renforcer la protection des intérêts fondamentaux de la Nation en matière nucléaire

Sur les marchés nucléaires concourant à la protection des intérêts essentiels de l’État 

  1. Le projet de loi prévoit que les marchés publics relatifs à la conception, à la construction, au fonctionnement ou au démantèlement, des bâtiments destinés à recevoir des matières nucléaires dont la détention est soumise à autorisation en application de l’article L. 1333-2 du code de la défense, ainsi qu’à la conception, la qualification, la fabrication, la modification la maintenance ou le retrait des structures, équipements, systèmes, matériels, composants ou logiciels contribuant à la protection contre les actes de malveillance ou à la sûreté nucléaire au sens de l’article L. 591-1 du code de l’environnement, sont soumis au titre II du livre V de la deuxième partie du code de la commande publique, à l’instar des marchés publics, mentionnés à l’article L. 2512-3 de ce code, qui exigent le secret ou dont l’exécution doit s’accompagner de mesures particulières de sécurité conformément aux dispositions législatives ou réglementaires en vigueur ou pour lesquels la protection des intérêts essentiels de l’État l’exige.

Le Conseil d’État relève que les articles 15 de la directive 2014/24 et 24 de la directive 2014/25 prévoient une exclusion de leur application pour des raisons de sécurité, notamment « dans la mesure où la protection des intérêts essentiels de la sécurité d’un État membre ne peut être garantie par des mesures moins intrusives ». La Cour de justice de l’Union européenne a ainsi récemment admis le recours à l’exception tirée de la protection des intérêts essentiels pour l’attribution directe des marchés portant sur l’impression de certains documents présentant un niveau de sensibilité particulièrement élevé, au point qu’une éventuelle divulgation des informations qu’ils contiennent pourrait avoir des conséquences irréparables pour la sécurité nationale (CJUE 7 septembre 2023, aff. C-601/21). Le Conseil d’État estime que la disposition envisagée ne se heurte à aucun obstacle d’ordre conventionnel, dès lors que les marchés mentionnés par le projet de loi, dont l’objet est précisément défini et qui portent sur la construction, la sécurité et la sûreté des infrastructures nucléaires les plus sensibles, peuvent être considérés comme hors du champ de la directive au titre de la protection des intérêts essentiels de l’État, sans que des mesures moins intrusives ne puissent, en l’espèce, garantir la protection de ces intérêts.

Cet avis a été délibéré et adopté par l’assemblée générale du Conseil d’État dans sa séance du 14 décembre 2023

Publié le 22 décembre 2023

https://www.conseil-état.fr/avis-consultatifs/derniers-avis-rendus/au-gouvernement/avis-sur-un-projet-de-loi-relatif-a-l-organisation-de-la-gouvernance-de-la-surete-nucleaire-et-de-la-radioprotection-pour-repondre-au-defi-de-la-re

L’AFRIQUE RÈVE DE NUCLÉAIRE, LA RUSSIE LUI OFFRE

De nombreux pays africains lorgnent sur le nucléaire, sous l’influence de la Russie. Les obstacles financiers et techniques sont pourtant trop grands pour une réelle venue de l’atome.

L’atome, la solution en Afrique ? Venu spécialement à Johannesburg, la capitale économique de l’Afrique du Sud, le ministre de l’Électricité du pays, Kgosientsho Ramokgopa, a expliqué le 12 décembre son plan de production électrique basée sur l’atome. L’homme de 48 ans à l’élégante veste bleue a conscience qu’il faut apaiser la colère. D’incessantes coupures de courant, jusqu’à douze heures par jour, plombent le quotidien des habitants. L’atome pourra-t-il satisfaire les besoins de l’Afrique du Sud, voire même de tout le continent, en matière d’électricité ? Ils sont immenses. En 2021, 43 % des Africains, soit environ 600 millions de personnes, n’avaient pas accès au courant.

Pour l’heure, seule l’Afrique du Sud dispose de réacteurs en fonctionnement. L’Égypte a lancé en juillet 2022 le chantier de construction de la centrale nucléaire d’El Dabaa, à 170 kilomètres à l’ouest d’Alexandrie. L’entreprise publique russe spécialisée dans le nucléaire Rosatom doit ériger là, entre la mer Méditerranée et les terres ocres du désert Lybique, quatre réacteurs VVER de 1 200 MW chacun.

Les projets, ou du moins les promesses, se multiplient sur le continent ces derniers mois. Mi-octobre, le Mali et le Burkina Faso signaient des accords de coopération avec Rosatom pour le développement du nucléaire civil. Avec un taux d’électrification d’à peine 25 %, le Burkina Faso espère que des petits réacteurs modulaires (SMR) lui permettront de doubler sa production électrique d’ici 2030. Le Mali, lui, envisage la construction de quatre centrales de 55 MW chacune.

En septembre, le Rwanda annonçait la conclusion d’un accord avec une société canadienne-allemande pour la construction d’un réacteur nucléaire expérimental utilisant du combustible liquide et un liquide de refroidissement au plomb. Pour former les professionnels nécessaires à l’entretien et au fonctionnement de ce générateur, le Rwanda a conclu des partenariats avec la Russie et la Hongrie, avec près de 150 ingénieurs formés ou en cours de formation.

En août, le Ghana, pays en bordure du golfe de Guinée, annonçait un objectif de production d’électricité nucléaire dès 2030. Le 2 décembre, le Ghana apposait sa signature à côté de celle d’une vingtaine d’autres pays au bas d’un appel au triplement de la capacité nucléaire installée dans le monde d’ici 2050.

L’Ouganda (ici sa capitale Kampala) a signé un accord avec la Russie et la Corée du Sud pour la construction de deux centrales nucléaires. Flickr/CC BY-NC-ND 2.0 Deed/Tim Abbott

Fin juillet, l’Ouganda annonçait la signature d’un accord avec la Russie et la Corée du Sud pour la construction de deux centrales nucléaires de 7 000 et 8 400 MW. Un terrain aurait même été acquis pour la construction de la première, sans que l’État dévoile son emplacement. Dès le mois de mars, l’Ouganda affichait son intention d’installer au moins 1 000 MW de capacité nucléaire d’ici 2031 — soit un quasi-doublement de la capacité de production électrique du pays, établie à environ 1 402 MW.

Fin juillet encore, l’Éthiopie, pays aride de la corne de l’Afrique, signait une feuille de route pour la coopération en matière nucléaire avec la Russie. Objectif pour 2023-2025, « explorer les possibilités de construire une centrale nucléaire de grande ou petite capacité, ainsi qu’un centre de science et de technologie nucléaires », a indiqué Rosatom dans un communiqué. Au même moment, le Maroc signait un protocole d’accord avec l’entreprise publique nucléaire russe pour la construction de stations de dessalement de l’eau de mer fonctionnant grâce à des petits réacteurs nucléaires modulaires.

Coûts, entretien… Des obstacles nombreux

Cet engouement laisse les observateurs sceptiques. Premier obstacle à la réalisation de ces projets, la taille des réseaux électriques. « Une centrale d’1 GW ne peut s’insérer que dans un réseau d’au moins 10 GW, de préférence 20 GW pour équilibrer le réseau. Sinon, une panne serait rédhibitoire », explique Edgar Blaustein, économiste et membre de l’association Global Chance, spécialiste de l’Afrique.

Or, la plupart des réseaux africains ne sont pas dimensionnés pour accueillir une installation nucléaire de forte puissance. « La consommation électrique de l’intégralité du continent africain, Algérie, Maroc, Égypte et Afrique du Sud compris, est égale à deux fois celle de la France », rappelle Mycle Schneider, analyste indépendant et coordinateur du World Nuclear Industry Status Report.

Le coût d’une centrale est estimé à 30 milliards d’euros

Quand bien même les pays auraient la capacité d’absorber une centrale, il faut la financer. Le coût primaire [1] d’une centrale nucléaire, incluant la construction d’infrastructures indispensables à son fonctionnement type routes, a été estimé à 30 milliards d’euros (33 milliards de dollars) par Lova Rinel, chercheuse associée à la Fondation pour la recherche stratégique et membre de la commission de régulation de l’énergie.

La facture grimpe encore si l’on prend en compte l’adaptation du réseau électrique. À titre de comparaison, le PIB du Rwanda s’élevait à 11,07 milliards de dollars (10,1 milliards d’euros) en 2021 ; ceux du Burkina Faso et du Mali, à respectivement 19,74 et 19,14 milliards de dollars (18,01 et 17,46 milliards d’euros).

Autre difficulté, trouver des bras pour bâtir et piloter les installations. « Il faut 1 400 ouvriers qualifiés pour construire une centrale. Sauf qu’il n’y en a pas un seul au Burkina Faso et qu’il faut compter vingt ans pour en former », a indiqué à TV5 Monde Emmanuelle Galichet, maîtresse de conférences en sciences et technologies nucléaires au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).

Enfin, une centrale nucléaire ne se suffit pas à elle-même. Elle a besoin d’être approvisionnée en combustible. Les déchets radioactifs dangereux qu’elle produit doivent être gérés. Des processus complexes que peu de pays africains maîtrisent.

Influence russe

Pourquoi, en dépit de ces obstacles, plusieurs pays africains se laissent-ils tenter par l’aventure atomique ? Pour certains, le nucléaire civil peut être un pied dans la porte du nucléaire militaire.

« Certains de ces pays africains — comme ailleurs la Pologne, l’Iran ou l’Arabie saoudite — ont déjà une arme nucléaire ou des ennemis dotés de l’arme nucléaire, explique à Edgar Blaustein. L’Égypte est dans cette situation, avec un voisin équipé de l’arme atomique, Israël, contre qui elle a déjà été en guerre deux fois. » Pour l’heure, l’Égypte est signataire du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Mais elle pourrait essayer de s’équiper si l’Iran acquérait la bombe, ce qu’il semble sur le point d’arriver.

D’autres pourraient être attirés par l’image de puissance de cette industrie. « Ces pays se font de la science nucléaire l’idée d’une science suprême, commente Mycle Schneider. Seuls 15 % des États membres de l’ONU sont équipés de réacteurs électronucléaires. Il y a cette envie de faire partie du club. »

Le Rwanda (ici Kigali) a annoncé la conclusion d’un accord pour la construction d’un réacteur nucléaire expérimentalFlickr/Ifpri/Gwendolyn Stansbury

La demande est aussi créée par… l’offre. L’idée pour les fournisseurs d’équipements nucléaires est de capter des parts de marché. Pour cela, ils redoublent d’inventivité pour faciliter l’accès au nucléaire à leurs clients africains. La jeune société canadienne-allemande Dual Fluid Energy a ainsi offert au Rwanda de financer les 70 millions d’euros que devrait coûter son réacteur expérimental. Elle espère que cette tête de série pourra ensuite être commercialisée ailleurs dans les années 2030.

Mais l’acteur qui a la politique commerciale la plus agressive en Afrique est sans conteste la Russie, qui veut restaurer son influence politique sur le continent. « Avec le nucléaire, la Russie veut faire passer le message qu’elle ne vend pas seulement des armes, mais qu’elle peut aussi apporter des solutions en termes de développement », explique David Teurtrie, maître de conférences en sciences politiques à l’Institut catholique de Vendée.

Le spécialiste de la Russie lui identifie deux atouts maîtres. Un groupe public intégré, Rosatom, qui propose un « package » nucléaire complet allant de la fourniture du combustible à la construction de la centrale et la formation des ingénieurs, et récupère même les déchets radioactifs — ce que ne font pas les autres pays constructeurs de centrales et qui est très intéressant pour des pays à faible niveau de développement. Et un financement des projets à quasiment 100 % par l’État russe, comme c’est le cas pour la centrale d’El Dabaa en Égypte.

« Depuis vingt ans, la Russie a pour priorité absolue de rester leader dans le domaine nucléaire. Elle a des réserves financières suffisantes pour mettre 20 à 30 milliards de dollars sur la table pour ces projets, ce qui est une prise de risque rare et importante. Le retour sur investissement peut être sujet à discussion, mais ces projets ont pour mérite de maintenir le savoir-faire russe à un très haut niveau et de lier des partenariats sur plusieurs décennies », explique David Teurtrie. Des relations étroites qui pourraient lui donner un accès privilégié à certaines matières premières africaines et notamment à l’uranium, l’Afrique concentrant 20 % des réserves mondiales.

Pour autant, rien n’est encore fait. « La plupart des accords qui ont été signés sont des accords de coopération. La plupart n’ont aucune suite », rappelle Mycle Schneider. De fait, ce n’est pas la première fois que des pays africains s’abîment dans le mirage nucléaire. Le premier projet de dessalement nucléaire au Maroc remonte aux années… 1980.

Par Émilie Massemin, publié le 22 décembre 2023 à 14h24

Photo en titre : Centrale nucléaire du Bugey (Ain), en France. (Photo d’illustration) – © AFP / Emmanuel Dunand

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LE NOUVEAU MÉCANISME POST-ARENH VA « CONTINUER À PROTÉGER LES CONSOMMATEURS RÉSIDENTIELS ET LES TPE »

Dans un entretien au Monde de l’Énergie, Yann Dolbeau, ingénieur-conseil pour Enoptea, revient sur le nouveau mécanisme proposé par le gouvernement et EDF pour remplacer l’Arenh.

Le Monde de l’Énergie —Pouvez-vous nous détailler le nouveau mécanisme négocié entre le gouvernement et EDF pour remplacer l’Arenh après 2025 ?

Yann Dolbeau —Le gouvernement, et particulièrement la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, a présenté ce 14 novembre 2023, en compagnie du PDG d’EDF Luc Rémont, ce nouveau mécanisme, qui pour remplacer l’ARENH fin 2025. Il propose un schéma dans lequel le prix-cible de vente pour la production nucléaire d’EDF est de 70€/MWh sur une base 2022. Au-delà de 80€ et jusqu’à 100€/MWh, 50% des profits seront captés par l’État. Toutes les rentes au-dessus de 110€/MWh seront captées à 90%. Elles seront redistribués ex-post par l’État, mécanisme qui faisait débat à Bruxelles, mais qui finalement a été accepté par la Commission Européenne. On ne connaît pas en revanche les modalités de cette redistribution.

Le Monde de l’Énergie —Quel impact aura ce mécanisme sur les tarifs réglementés de l’électricité (TRV), et leur application aux TPE ?

Yann Dolbeau —Ce mécanisme viendra, après confirmation des détails, continuer à protéger les consommateurs résidentiels et les TPE sur les TRV, qui ne disparaîtront finalement pas fin 2025 comme cela était initialement prévu. Cela reste valable pour les particuliers, ainsi que pour les TPE, quel que soit leur niveau de puissance souscrite et de segment C5-C3 — ce qui est nouveau et plus équitable notamment pour les petits industriels. Les TRV devraient néanmoins augmenter car ils sont actuellement basés sur un pourcentage d’ARENH à 42€/MWh autour de 70%.

Le Monde de l’Énergie —En quoi ce mécanisme devrait limiter la volatilité des prix ?

Yann Dolbeau —Les paliers mis en place à 80€ et surtout 110€/MWh ont le mérite de protéger les prix et d’instaurer durablement le principe de captation des « super-profits », ou techniquement de la contribution sur la rente infra-marginale. Les modalités de redistribution ne sont pas précisées à date mais il est pertinent de supposer que les prix des TRV seront calculés et proposés par EDF en tenant compte de toutes les hypothèses de captation éventuelle de rente et pré-intégrées aux TRV, sans passer par des guichets auprès des impôts ou des fournisseurs d’énergie pour se faire rembourser.

Le Monde de l’Énergie —Comment ont été fixés les différents prix (de référence, plafond) ?

Yann Dolbeau —Ces fixations sont assez floues et opaques puisqu’elles ont été opérées en huit clos, sans consultation des autres parties, uniquement entre EDF et l’État (maintenant actionnaire à 100%). Ce prix de référence de 70€ est loin des 60€ de coût complet (contre les 42€ actuels), calculé et récemment publié par la Commission de Régulation de l’énergie (CRE). La seule hypothèse plausible que nous percevons pour arriver à 70€ serait d’intégrer, en plus du coût théorique calculé par la CRE, le budget des 6 nouveaux réacteurs nucléaires annoncés sur 15 ans. En considérant 10€/MWh minimum de profit (70€-60€) multiplié par une production nucléaire annuelle moyenne d’EDF de 350 TWh pendant 15 ans, nous obtenons les 52 milliards d’euros nécessaires. En ce qui concerne les niveaux de plafond, nous manquons d’information à date… si ce n’est que le niveau de 110€ pourrait valoir le prix de vente acceptable d’une centrale à gaz, qui représente plus de 8% de la production d’EDF.

Le Monde de l’Énergie —Quel impact aura ce mécanisme sur les grandes entreprises, en particulier les électro-intensives ?

Yann Dolbeau —L’impact sur les grandes entreprises est difficile à identifier aujourd’hui car bien que ce mécanisme amène une certaine visibilité et apporte une atténuation de la volatilité des prix de gros, le niveau moyen du prix de fourniture sera régulé nettement plus haut qu’il ne l’est aujourd’hui et va fortement jouer sur la compétitivité. Maîtriser ses achats, en diversifiant son mix énergétique et en entamant un projet global de frugalité – une sobriété choisie – reste donc essentiel.

Le Monde de l’Énergie —Plus globalement, pensez-vous que cette décision répond bien aux inquiétudes des consommateurs et d’EDF ?

Yann Dolbeau —Nous pensons que cela répond plutôt bien aux inquiétudes (financières) d’EDF et du gouvernement en ce qui concerne les finances d’EDF et la souveraineté énergétique. Pour les consommateurs en revanche, rien n’est moins sûr, et le diable se cache dans les détails. La consultation publique en cours, permettant aux acteurs de marchés de faire part de leurs propositions et inquiétudes liées à ce mécanisme, permettra d’y voir plus clair. Bien que cela soulève de nombreuses questions, cette décision annoncée par le gouvernement et EDF a indéniablement le mérite de faire avancer le débat et de poser les bases nécessaires pour le post-ARENH.

Par Yann Dolbeau, publié le 22 décembre 2023

https://www.lemondedelenergie.com/nouveau-mecanisme-post-arenh-va-continuer-proteger-consommateurs-residentiels-tpe/2023/12/22/

AIEA : EN CORÉE DU NORD, LE RÉACTEUR NUCLÉAIRE À EAU LÉGÈRE DE YONGBYON REJETTE DE « L’EAU CHAUDE »

SÉOUL, 22 déc. (Yonhap) — Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a déclaré ce jeudi (heure autrichienne) que l’organisation internationale de surveillance des activités atomiques a « observé des niveaux d’activité accrus au réacteur nucléaire à eau légère (REL) à Yongbyon » en Corée du Nord et dans ses environs, et « depuis la mi-octobre, un fort débit d’eau provenant de son système de refroidissement. Ces observations correspondaient à la mise en service du réacteur à eau légère. »

Cette déclaration destinée à être rapportée à la réunion du conseil d’administration de l’AIEA prévu ce vendredi a détaillé que « des observations plus récentes indiquent que l’eau rejetée est chaude, ce qui correspond également à la mise en service du REL (ou LWR en anglais). […] Le rejet d’eau chaude indique que le réacteur a atteint sa criticité ». Cependant, l’AIEA a mis en garde qu’elle ne pourrait pas être en mesure de confirmer l’état de fonctionnement du réacteur REL.

L’équipe de l’AIEA avait été expulsé en avril 2009 alors que les autorités nord-coréennes ont bloqué l’accès au site nucléaire de Yongbyon, dans la province du Pyongan du Nord. À la vue du récent mouvement observé grâce à des photos satellite, l’AIEA a indiqué que « comme tout réacteur nucléaire, le REL peut produire du plutonium dans son combustible irradié, qui peut être séparé lors du retraitement, ce qui est une source d’inquiétude ».

L’agence internationale a également noté que « concernant la sécurité du réacteur à eau légère (de Yongbyon), nous ne disposons pas d’informations suffisantes pour procéder à une évaluation ». Le directeur général de l’AIEA a ainsi conclu que « la poursuite du développement du programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), y compris la construction et l’exploitation du réacteur à eau légère, constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et est profondément regrettable ».

Par Oh Jeong-hun, publié par l’Agence de presse Yonhap le 22 décembre 2023

Photo en titre : Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, accorde le samedi 8 juillet 2023 une interview exclusive à l’agence de presse Yonhap dans un hôtel de Séoul.

https://fr.yna.co.kr/view/AFR20231222002500884

LOI SUR L’ÉNERGIE EN SUISSE : LA DROITE A ÉCHOUÉ À RÉINTRODUIRE LE NUCLÉAIRE

Le National a décidé d’accélérer les procédures d’autorisation pour les grands projets d’énergie renouvelables. L’UDC et le PLR n’ont pas pu faire passer l’idée d’autoriser à nouveau l’atome.

La construction de centrales solaires et éoliennes doit être accélérée et les possibilités de recours restreintes. Le National a accepté jeudi par 137 voix à 56 la révision de la loi sur l’énergie. Roger Nordmann (PS/VD) a cité en exemple le parc éolien tout frais à Sainte-Croix (VD). « Il a fallu 25 ans entre l’intention initiale et le premier kilowattheure livré. Cela correspond à la moitié de ma vie. On ne peut plus continuer comme cela ».

Mais le débat a surtout tourné autour du nucléaire. Le PLR souhaitait que les autorisations pour les centrales soient à nouveau possibles, malgré le vote du peuple contre l’atome en 2017. « Il nous semble opportun que ce thème soit abordé », a plaidé Matthias Samuel Jauslin (PLR/AG).

Les élus UDC se sont aussi lancés dans des plaidoyers pour l’atome, seule énergie capable, selon eux, de répondre aux besoins en électricité de la Suisse, notamment en hiver. « La sortie du nucléaire s’est révélée désastreuse pour la sécurité d’approvisionnement. Nous avons besoin de plus d’électricité et rapidement », a résumé Michael Graber (UDC/VS).

Risque de référendum

Les écologistes se sont opposés vent debout à l’idée. « Si l’on prend le risque d’ouvrir la porte du nucléaire, le référendum est certain », a prévenu Delphine Klopfenstein Broggini (Verts/GE). Martin Bäumle (Vert’lib/ZH) a estimé lui que les propositions pour rouvrir la question s’apparentaient à un « cheval de Troie » et qu’elles n’avaient rien à voir avec le projet du jour.

« Si les partisans du nucléaire sont désespérés au point de devoir faire des amendements qui n’ont rien à faire avec le sujet de cette loi, c’est peut-être le signe que le moment n’est pas venu de relancer cette technologie très peu populaire », a abondé Roger Nordmann (PS/VD).

Même le ministre de l’énergie, l’UDC Albert Rösti, a plaidé contre son camp. « On a besoin de toutes les technologies et sources d’énergie », a-t-il reconnu. Mais pour ces prochaines dizaines d’années, la production d’énergie ne pourra passer que par le développement du solaire et de l’éolien, a-t-il expliqué. Il a toutefois promis un débat sur l’atome.

Au final, la proposition PLR a été rejetée par 101 voix contre 90. C’est au tour du Conseil des États de se prononcer.

Ce que prévoit la nouvelle procédure

À l’avenir, les cantons pourront recourir à une procédure concentrée pour approuver des installations solaires, éoliennes et hydrauliques d’intérêt national. Ils auront 180 jours pour rendre leur décision une fois le projet déposé. Les autorisations cantonales et communales devront être délivrées en une fois afin d’éviter qu’un projet ne soit découpé en une succession d’étapes, capables de faire l’objet d’un recours au TF. Seul un recours auprès du Tribunal cantonal supérieur sera admissible. Sa décision pourra ensuite être contestée au TF. Les tribunaux devront ensuite trancher dans un délai de 180 jours. En outre, les organisations locales et cantonales ne pourront plus déposer de recours. Seules les organisations actives sur le plan national, comme le WWF ou Pro Natura le pourront. 

Par Christine Talos, publié le 21 décembre 2023 à 19h08

Photo en titre : Le PLR souhaitait adapter la loi de manière à ce que les autorisations générales pour les centrales soient à nouveau possibles. 20min/Marco Zangger

https://www.lematin.ch/story/loi-sur-lenergie-la-droite-a-echoue-a-reintroduire-le-nucleaire-775987136633

NUCLÉAIRE : LE PROJET DE LOI DE FUSION ASN-IRSN PRÉSENTÉ EN CONSEIL DES MINISTRES

Emmanuel Macron avait cherché à la faire adopter par amendement dans le projet de loi d’accélération du nucléaire. Ce fut un échec. La fusion de l’IRSN et de l’ASN revient dans un autre projet de loi sur la gouvernance du nucléaire.

C’est pour répondre à la relance de la filière nucléaire, actée par le discours de Belfort d’Emmanuel Macron du 10 février 2022, que le Gouvernement justifie son projet de fusion de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et de l’Agence de sûreté nucléaire (ASN).

« Afin de maintenir l’excellence du contrôle en sûreté et en radioprotection dans le futur, et au regard des enjeux (…) qui vont mettre fortement sous tension les autorités publiques compétentes, le Gouvernement entend mener une réorganisation de la gouvernance (…) afin de répondre efficacement, aussi bien en matière de niveau de sûreté que de rythme de charge, à la relance inédite du nucléaire », indique l’exposé des motifs du projet de loi (1) présenté ce mercredi 20 décembre en Conseil des ministres par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. Ce texte est accompagné d’un autre projet de loi, organique cette fois, afin de mettre à jour les modalités de désignation du président de la future autorité.

Le Gouvernement a eu le temps de retravailler ce projet décidé de manière très jupitérienne par le chef de l’État lors du Conseil de politique nucléaire du 3 février 2023. Dévoilé par l’exécutif via un communiqué de presse publié 5 jours plus tard, il avait fait l’objet d’un amendement au projet de loi sur la relance du nucléaire. Amendement que l’Assemblée nationale avait repoussé après de vives critiques, formulées tant par des partisans de l’atome que par des opposants, et qui portaient surtout sur la nécessité de conserver la séparation des fonctions d’expertise, apanage de l’IRSN, et de contrôle, compétence relevant de l’ASN. Suite à cet échec, le Gouvernement assure avoir mené des concertations approfondies avec les différentes parties prenantes (ASN, IRSN, syndicats, Anccli (2) , HCTISN (3) ) et s’appuie sur les travaux de l’Office parlementaire des choix scientifique et technologiques (Opecst) qui a soutenu cette réforme via un rapport publié en juillet 2023.

Dans son avis (4) sur le projet de loi rendu le 14 décembre et mis à la disposition du public, le Conseil d’État estime que la création de la nouvelle autorité qui naîtra de la disparition de l’IRSN et du regroupement de ses services avec ceux de l’ASN « ne se heurte à aucun obstacle d’ordre constitutionnel ». Ce qui n’empêche pas l’intersyndicale de l’IRSN de rester farouchement opposée à ce qu’elle estime être « une désorganisation de la gouvernance des risques nucléaires et radiologiques ».

Répondre à la montée en charge de la filière nucléaire

Aujourd’hui, le Gouvernement justifie cette réorganisation par la montée en charge de la filière nucléaire avec le lancement de six réacteurs de type EPR2, sur les sites des centrales de Penly, Gravelines et du Bugey, et la mise à l’étude de huit réacteurs supplémentaires ; la poursuite d’exploitation des 56 réacteurs nucléaires en activité au-delà de 60 ans ; le développement de petits réacteurs modulaires ou avancés ; le projet de fusion nucléaire Iter ou encore le développement du réacteur de recherche Jules Horowitz.

“ La future autorité ne sera pas la juxtaposition des organisations et interfaces actuelles. ” (Le Gouvernement)

Seule la gouvernance sera modifiée et non le cadre de sûreté existant, veut rassurer l’entourage de la ministre. Le projet prévoit de fusionner les deux entités existantes en une Autorité de sûreté et de radioprotection (ASNR). Celle-ci regroupera toutes leurs activités de contrôle, d’expertise, de recherche et de formation, à l’exception de deux d’entre elles : la direction de l’expertise nucléaire de défense de l’IRSN (DEND) qui sera transférée aux ministres chargés de la Défense et de l’Énergie ; les activités commerciales de dosimétrie externe qui seront transférées au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Tandis que la dosimétrie interne sera transférée à la nouvelle autorité, cette séparation entraînera « une dégradation de la reconstitution de la dose globale reçue par les populations en cas d’accident nucléaire », estime l’intersyndicale de l’ASN.

Autorité administrative indépendante

La nouvelle autorité aura le statut d’autorité administrative indépendante. « Le statut offrant, en droit français, le plus de garanties d’impartialité », vante l’exposé des motifs du projet de loi. Les membres du collège de la future autorité, irrévocables et non renouvelables, seront séparés de la direction générale, comme c’est le cas aujourd’hui à l’ASN. « C’est cette barrière qui est très importante », explique le cabinet de la ministre.

La fusion doit ensuite permettre d’améliorer l’efficience des procédures. « La future autorité ne sera pas la juxtaposition des organisations et interfaces actuelles ; elle permettra au contraire de fluidifier les processus d’instruction, d’assurer un meilleur alignement des priorités et de renforcer le partage des informations et des données au sein des différentes étapes des processus d’instruction et vis-à-vis des parties prenantes externes, exploitants nucléaires comme société civile », assure l’exposé des motifs du projet de loi.

Pour l’intersyndicale de l’IRSN, le rapprochement expertise-décision va conduire au contraire à « une dégradation de la capacité à traiter les situations singulières qui débordent la réglementation (corrosion sous contrainte, problème des ségrégations en fond de générateur de vapeur) ». À l’inverse, la séparation de l’expertise de sûreté et de l’expertise de sécurité va conduire à « une dégradation de l’évaluation de la robustesse des installations », dénoncent les syndicats.

Améliorer l’attractivité des métiers du nucléaire

Le Gouvernement affiche ensuite l’objectif d’une « transparence renforcée vis-à-vis du public ». Dans ce cadre, le processus de consultation du public préalable aux décision ayant une incidence sur l’environnement sera préservé, assure-t-il. Ce qui est heureux car il s’agit d’une exigence constitutionnelle. La communication sur les sujets à enjeux sera assurée au fil de l’eau, assure en outre l’entourage  d’Agnès Pannier-Runacher, prenant comme modèle le projet Cigéo. Les groupes permanents d’experts, qui assureront des contre-expertises, seront maintenus et leurs décisions seront rendues publiques, ajoute-t-on au ministère.

Le projet de loi entend aussi permettre d’améliorer l’attractivité des métiers du nucléaire. « Dans le contexte de tension sur les recrutements dans la filière nucléaire lié à cette relance, cette évolution permettra enfin de regrouper les compétences rares en une autorité, au lieu de les dupliquer comme aujourd’hui et elle permettra de renforcer l’attractivité des métiers de la sûreté nucléaire et de la radioprotection, au travers d’une diversité des statuts possibles, des parcours de carrière, y compris au plan géographique », explique l’exécutif. Afin d’améliorer cette attractivité, et d’éviter la concurrence du privé, le ministère annonce une hausse inédite de la rémunération des salariés de l’IRSN et des contractuels de droit public de l’ASN, représentant un coût de 15 à 16 millions d’euros en 2024, pris sur les crédits du ministère.

Déroger au code de la commande publique

Deux évolutions majeures sont enfin à signaler. Le haut-commissaire à l’énergie atomique, actuellement rattaché au CEA, se voit rattaché à la Première ministre, avec l’objectif affiché de « renforcer son implication dans la coordination de la politique nucléaire ». Mais, surtout, le projet de loi contient trois articles permettant aux maîtres d’ouvrage des projets nucléaires, EDF en premier lieu mais aussi le CEA et l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), de déroger au code de la commande publique. Ces dérogations portent sur l’obligation d’allotissement, la durée des contrats et les contrats portant sur la partie la plus sensible des installations afin de « préserver les intérêts essentiels de la Nation ».

Il reste à voir quel accueil les parlementaires vont réserver à ce projet de loi que l’exécutif souhaite voir entrer en vigueur le 1er janvier 2025. C’est le Sénat qui doit ouvrir le bal, le 31 janvier en commission et le 7 février en séance publique. Mais chaque parcours législatif devient maintenant périlleux pour le Gouvernement compte tenu de son absence de majorité absolue à l’Assemblée.

  1. Télécharger le projet de loi: https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43171-projet-loi-gouvernance-nucleaire.pdf

  2. Association nationale des comités et commissions locales d’Information
  3. Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire
  4. Télécharger l’avis du Conseil d’État: https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43171-avis-conseil-etat-projet-loi-gouvernance-nucleaire.pdf

Par Laurent Radisson, journaliste, Rédacteur en Chef de Droit de l’Environnement, publié le 20 décembre 2023

Photo en titre : Siège de l’IRSN à Fontenay-aux-Roses. © HJBC 

https://www.actu-environnement.com/ae/news/nucleaire-gouvernance-projet-loi-fusion-asn-irsn-43171.php4

EPR DE FLAMANVILLE 3 : EDF CONFIRME LE RACCORDEMENT POUR MI-2024

Après la phase d’essais, l’EPR subira un premier arrêt pour une visite complète de maintenance, qui « devrait se dérouler majoritairement sur 2026 pour une durée de plusieurs mois », a précisé EDF.

L’annonce est officielle. EDF a confirmé ce jeudi la date du raccordement du nouvel EPR de Flamanville 3 (Manche) : « Le chargement du combustible est prévu en mars 2024 » et « le premier couplage est prévu mi-2024 », indique l’entreprise publique sur sa page de messages réglementaires destinée aux acteurs du marché de l’électricité. Des dates conformes au planning annoncé fin 2022 mais qu’EDF fait figurer pour la première fois noir sur blanc.

L’EPR de Flamanville 3 doit produire un volume d’électricité estimé à environ 14 TWh entre la mi-2024 et un premier arrêt « de plusieurs mois » pour maintenance prévu en 2026, précise EDF sur cette même page ajoutant que le calendrier était encore à l’étude.. Le nouveau réacteur sera en phase de tests, avec des passages par différents niveaux de puissance et des interruptions, ce qui ne permet pas de compter sa production.

À lire aussi : EPR de Flamanville : le retard sur le chantier de la centrale nucléaire fait aussi des heureux

Dans un communiqué distinct publié ce jeudi, EDF a annoncé son estimation de production nucléaire pour 2026, sans donc prendre en compte le nouvel EPR. « L’estimation de production nucléaire d’EDF en France en 2026 est comprise entre 335 et 365 TWh », a précisé l’entreprise publique.

Estimations pour 2024 et 2025

Pour 2024 et 2025, les estimations restent inchangées par rapport aux précédentes communications d’EDF, « dans la fourchette 315-345 TWh pour 2024 et 335-365 TWh pour 2025 ». En 2022, l’approvisionnement électrique de la France a été fortement pénalisé par les déboires du parc nucléaire d’EDF, dont la production a chuté à 279 TWh, au plus bas depuis 30 ans.

L’entreprise, repassée sous contrôle intégral de l’État, s’est donné comme objectif de remonter à 400 TWh d’électricité nucléaire d’ici 2030. Ses prévisions sont sensibles pour les marchés où se déterminent les tarifs de gros de l’électricité et dont les opérateurs guettent d’éventuels déséquilibres entre l’offre et la demande.

L’EPR de Flamanville 3 a été mis en construction en 2007. Ses coûts et son calendrier n’ont cessé de déraper depuis. Il doit ajouter une puissance de 1 650 mégawatts (MW) au réseau pour une facture qui devrait atteindre 12,7 milliards, soit environ quatre fois plus que le devis initial (3,3 milliards d’euros).

Par Le Parisien avec AFP, publié le 21 décembre à 13h40

Photo en titre : Le nouvel EPR de Flamanville a été mis en construction en 2017, le chantier n’a cessé depuis de connaître des retards. AFP / CHARLY TRIBALLEAU

https://www.leparisien.fr/economie/epr-de-flamanville-3-edf-confirme-le-raccordement-pour-mi-2024-21-12-2023-OX3TLSDDWVDIFMEXU5H7BK63HQ.php

POURQUOI LA PRODUCTION NUCLÉAIRE D’EDF DEVRAIT STAGNER EN 2026 MALGRÉ L’EPR DE FLAMANVILLE

Alors qu’EDF, pressé par le gouvernement, ambitionne de doper la production de son parc nucléaire jusqu’à 400 térawattheures (TWh) comme c’était le cas il y a encore quelques années, cette remontée ne sera que très progressive. Le groupe prévoit en effet de fournir entre 335 et 365 TWh d’électricité atomique en 2026, a-t-il précisé ce jeudi, soit la même fourchette qu’en 2025. Explications.

Quand EDF renouera-t-il avec ses niveaux de production nucléaire d’avant-crise ? Alors que le groupe a difficilement généré 279 térawattheures (TWh) en 2022, un chiffre en recul de 30% par rapport à la moyenne des vingt dernières années, le gouvernement lui a demandé d’aller « chercher 100 TWh de plus » d’ici à la fin de la décennie. Et pour cause, la France, qui a consommé 459 TWh d’électricité en 2022, aura besoin d’accéder à davantage de courant décarboné pour se passer des combustibles fossiles, à l’origine d’une hausse des températures globales.

Seulement voilà : même si l’impact du Covid sur les plannings est quasiment terminé, et que le problème de corrosion rencontré l’an dernier n’aura plus aucun effet sur la gestion des installations « dès 2025 », cette remise à niveau ne pourra se faire que très « progressivement », explique-t-on chez l’énergéticien. Preuve en est : EDF prévoit de fournir entre 335 et 365 TWh d’électricité atomique en 2026, a précisé l’entreprise jeudi 21 décembre. Soit la même fourchette qu’en 2025, ni plus, ni moins.

Pourtant, après la débâcle historique de l’an dernier, les prévisions tablaient jusqu’alors sur une croissance continue : 300 à 330 TWh en 2023, puis 315 à 345 TWh en 2024, avant d’atteindre 335 à 365 TWh en 2025. Force est de constater que le parc atteindra alors un plateau, bien loin des 380 TWh enregistrés en 2019, et des quelque 400 TWh de 2015.

Lire aussi : EDF : la rémunération du PDG dépendra de la production nucléaire

Visites décennales en 2025 et 2026

Et ceci s’expliquerait par le planning du Grand Carénage, ce programme de contrôle et de mise à niveau des centrales pour les prolonger le plus possible, comme demandé par Emmanuel Macron début 2022. Car celui-ci se décline à travers les « visites décennales », des opérations de grande ampleur réalisées – comme leur nom l’indique – tous les dix ans, qui nécessitent d’arrêter la tranche concernée. Or, celles-ci durent en général trois mois, et RTE, l’organisme responsable de l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité en France, prend une marge d’au moins un mois de retard.

« En 2025 et 2026, le planning sera relativement chargé car beaucoup de ces visites commenceront pour les installations de 1300 MW. Ce plateau n’est donc pas une surprise », explique-t-on chez EDF.

En effet, le parc nucléaire compte 20 réacteurs de cette puissance, raccordés au réseau à partir de 1985 (à Flamanville, Paluel, Saint-Alban, Belleville, Cattenom, Golfech, Nogent et Penly). Alors qu’à l’origine, ceux-ci n’étaient pas forcément destinés à tourner plus de 40 ans, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé à l’entreprise de faire en sorte qu’ils atteignent niveau de sûreté aussi proche que possible de ceux de troisième génération (les fameux EPR) pour pouvoir continuer de fonctionner. « Avec l’accident de Fukushima et la question de la prolongation des réacteurs, on observe une envolée des ambitions de sûreté. Mais aussi des prétentions d’EDF, qui a tendance à être maximaliste », affirmait il y a un mois à La Tribune un connaisseur du secteur.

« Cela demande d’ajouter et de modifier beaucoup de matériel. Jusqu’ici, pour la quatrième visite décennale [qui a lieu actuellement et s’étendra jusqu’en 2030, ndlr], il y a eu 6 fois le volume d’activités que lors des précédents réexamens périodiques. On a complètement changé d’échelle », expliquait-on alors chez EDF.

Résultat : les centrales doivent être arrêtées plus longtemps. « Le parc nucléaire français vieillit et, d’une certaine manière, on peut avoir une quasi-certitude qu’il aura des difficultés à reproduire 400 TWh par an dans les années qui viennent », avait d’ailleurs déclaré le président du directoire de RTE, Xavier Piechaczyk, lors d’une audition à l’Assemblée nationale en décembre dernier. D’autant que certaines opérations de maintenance comportent des moments critiques, lors desquels un important retard peut s’accumuler. À l’instar du remplacement du générateur de vapeur, qui s’était effondré sur l’un des réacteurs de Paluel, en 2016, entraînant deux ans d’arrêt supplémentaires.

Lire aussi : EDF : quand la perte de clients se transforme en un jackpot de 20 milliards d’euros

L’EPR de Flamanville pas pris en compte dans les estimations

Pour doper la production malgré ces longues interruptions, EDF a lancé dès 2019 un programme pour « améliorer la performance des arrêts de tranche », baptisé START 2025, dont 80% des solutions avaient d’ores et déjà été « déployées » en novembre dernier, selon l’entreprise. Au-delà du Grand Carénage, alors qu’une quarantaine d’arrêts de réacteurs sont prévus chaque année (sur un total de 56), pour recharger le combustible, réaliser des contrôles ou encore changer certaines pièces, il s’agit d’améliorer la gestion de ces interruptions, parfois trop longues et mal organisées. Et ce, en modifiant le management et l’organisation des équipes dédiées, ou encore en prévoyant davantage d’entraînements et de standardisation pour certains gestes de maintenance.

Les premiers résultats s’avèrent d’ailleurs encourageants, avec des records historiques en termes de durée d’arrêt des centrales, comme nous l’expliquions en novembre. En outre, après douze ans de retard, le groupe a confirmé jeudi le raccordement de l’EPR de Flamanville 3 pour mi-2024 – non pris en compte dans les estimations de production -, censé générer environ 14 TWh.

Il n’empêche : le retour aux 400 TWh du parc historique n’est pas pour tout de suite. D’autant qu’en-dehors de Flamanville 3, qui devra s’arrêter pour maintenance dès 2026, EDF ne pourra pas compter sur la mise en service d’un nouveau réacteur EPR avant 2035, au mieux. Un objectif d’ailleurs jugé « très exigeant » par son PDG, Luc Rémont, il y a quelques semaines.

Par Marine Godelier, publié le 21 décembre 2023

Photo en titre : À Penly, la prochaine visite décennale sera réalisée en 2024 sur l’unité de production numéro 2. (Crédits : EDF)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/pourquoi-la-production-nucleaire-d-edf-devrait-stagner-en-2026-malgre-l-epr-de-flamanville-986339.html

CROISSANCE OU DÉCLIN : OÙ EN EST VRAIMENT L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE DANS LE MONDE ?

Si des annonces de la COP 28 ou du salon du nucléaire laissent penser à un retour en grâce de l’atome comme source de production d’énergie décarbonée, certains chiffres, eux, soulignent plutôt la perte de vitesse du secteur depuis de nombreuses années. Qu’en est-il vraiment ?

Difficile de voir clair dans la dynamique mondiale du nucléaire tant les annonces contradictoires s’enchaînent depuis quelque temps. Si l’on s’en tient au salon du nucléaire, qui vient de se dérouler à Paris à la fin du mois de novembre, tout va bien du côté de l’atome. Cette nouvelle édition s’est montrée particulièrement chargée avec près de 750 exposants venus de 76 pays différents, malgré l’absence de la Russie, acteur majeur de la filière dans le monde. Les start-up ont été mises sur le devant de la scène avec un village dédié. La France y a notamment annoncé une enveloppe de 100 millions d’euros destinés à 6 projets pour permettre le développement de nouveaux usages, comme la décarbonation de sites industriels, ou la mise en œuvre de réseaux de chaleur.

Dans le même temps, à la COP 28 de Dubaï, une vingtaine de pays, dont la France, les USA et les Émirats arabes unis, appelaient, dans une déclaration commune, à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici à 2050, par rapport à 2020. Cette déclaration reconnaît « le rôle clé de l’énergie nucléaire dans l’atteinte de la neutralité carbone d’ici à 2050 et pour conserver l’objectif de 1,5 °C à portée de main ». John Kerry, représentant de la délégation américaine, ajoutait même qu’il est impossible d’atteindre la neutralité carbone dans le monde d’ici 2050 sans le nucléaire.

À lire aussi : Voici la carte des 6 futurs réacteurs nucléaires EPR prévus en France

Un rapport non étatique montre le déclin du nucléaire

Malgré ces nombreuses annonces, le rapport World Nuclear Industry Status Report (WNISR), publié par une équipe indépendante internationale d’experts, montre une réalité un peu moins réjouissante pour la filière. Ce rapport de 540 pages montre, en effet, qu’elle est globalement en perte de vitesse dans le monde, et ce, malgré une très forte progression de la Chine. Ainsi, sur les 20 dernières années, on comptabilise 105 fermetures de réacteurs nucléaires contre seulement 99 mises en service. Ces chiffres prennent pourtant en compte les 49 mises en service chinoises pour aucun arrêt de réacteur.

Si la Chine possède le programme nucléaire le plus dynamique, celui-ci ne représente qu’une petite partie du mix énergétique du pays. En 2022, le pays a en effet mis en service 125 GW d’énergies renouvelables contre 2,2 GW d’installations nucléaires.

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Le coût du nucléaire pointé du doigt

Si les avis divergent sur l’état de santé de la filière, ainsi que sur son intérêt écologique, tous font un même constat : l’aspect financier fait partie des principaux enjeux du développement de la filière. Le rapport WNISR fait état des nombreux retards des chantiers, mais aussi de leurs coûts prohibitifs.

Les nombreux projets de SMR qui fleurissent un peu partout en sont à la fois la réponse et le témoin. Plus petits et plus modulables, ces nouveaux réacteurs d’une puissance inférieure à 300 MW sont également censés être moins coûteux, et ainsi éviter les investissements titanesques comme les 37 milliards d’euros de la centrale de Hinkley Point (pour deux réacteurs), ou encore les 13,2 milliards d’euros de Flamanville. Pourtant, c’est bien pour des raisons financières que l’un des projets de SMR les plus aboutis au monde, porté par NuScale, dans l’Idaho, a été abandonné. De plus, selon le rapport WNISR, les autres projets du même type ne montrent pas de réel avancement.

Dans ce contexte, la déclaration présentée par les 22 pays favorables à une augmentation des capacités mondiales nucléaires d’ici à 2050, demande à ce que les actionnaires des institutions financières internationales puissent participer au financement de programmes nucléaires, au même titre que les autres énergies renouvelables. À l’heure actuelle, certaines institutions de crédit internationales excluent le financement de projets nucléaires, ce qui pénalise toute la filière.

Par Kevin CHAMPEAU, publié le 20 décembre 2023

À propos de l’auteur : Issu du génie civil et curieux dans l’âme, Kevin explore l’actualité pour saisir les enjeux énergétiques de demain.

https://www.revolution-energetique.com/croissance-ou-declin-ou-en-est-vraiment-lenergie-nucleaire-dans-le-monde/

NUCLÉAIRE : L’ALLIANCE INDUSTRIELLE SUR LES PETITS RÉACTEURS SE PRÉCISE EN EUROPE

Quelle forme prendra concrètement l’alliance industrielle européenne sur les SMR, annoncée en novembre dernier et dont la concrétisation est attendue début 2024 ? Pour faire face à la concurrence américaine, les pays européens pro-nucléaires étudient la mise en place d’un PIIEC, un mécanisme déjà déployé dans le domaine des batteries et de l’hydrogène… L’outil, qui permet de soutenir des projets industriels grâce à des aides d’État significatives, a toutefois été vivement critiqué en raison de sa mise en œuvre fastidieuse.

Donner les moyens à l’Union européenne de tirer son épingle du jeu dans la course mondiale aux petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) en mettant en place un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC), lequel permettrait aux États membres de financer des projets au-delà des règles très strictes de la concurrence européenne. C’est ce que pourrait annoncer la Commission européenne d’ici la fin du premier trimestre 2024. Le 7 novembre dernier, Kadri Simon, la commissaire européenne à l’énergie avait fait part du lancement prochain d’une alliance industrielle européenne autour de ces réacteurs de faible puissance. Toutefois, sa mise en œuvre concrète reste encore à définir.

Aujourd’hui, quelque 80 projets de SMR sont en cours de développement dans le monde, selon le recensement de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA). Ces derniers sont présentés comme des outils clés de la décarbonation du système électrique et donc de la lutte contre le réchauffement climatique car leurs caractéristiques permettraient de remplacer facilement les centrales à charbon, grandes émettrices de CO2. Ils pourraient aussi être déployés directement sur des sites industriels en leur fournissant chaleur, vapeur et électricité.

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Le PIIEC étudié par le club du nucléaire

Alors que leur pertinence économique reste à démontrer et que leur concept pose de nouvelles questions en termes de sécurité, la plupart d’entre eux vise une connexion au réseau électrique au cours de la décennie 2030. La France espère se tailler une place de choix dans cette compétition internationale, notamment grâce au projet Nuward piloté par EDF. Elle soutient aussi une poignée de startups sur ce créneau dans le cadre du plan France 2030. Reste que les États-Unis et la Chine présentent une longueur d’avance tant par le nombre de projets recensés que par leur stade de développement.

C’est dans ce contexte qu’un PIIEC pour les SMR pourrait voir le jour, après que ce mécanisme ait déjà été déployé par la Commission européenne dans le domaine des batteries ou encore de l’hydrogène propre. La mise en place d’un PIIEC pour soutenir les projets de SMR européens « fait partie des questions dont il faudra discuter », a ainsi indiqué hier à la presse un membre du cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, en amont d’une nouvelle réunion du club du nucléaire, qui s’est tenu ce mardi matin, en marge d’un conseil européen de l’énergie. Cette piste « fait partie des solutions possibles et c’est à la Commission de le proposer », a précisé l’entourage de la ministre.

Contrer l’offensive américaine

« La conviction qui a été partagée » par les pays membres du club du nucléaire, initié par la France il y a 18 mois et regroupant désormais 14 pays, « est bien que le développement des SMR, et plus généralement du nucléaire innovant, est d’intérêt européen commun », a commenté son cabinet après la réunion, soulignant que certaines startups soutenues en France avaient déjà une dimension européenne. C’est notamment le cas de Newcleo, une jeune pousse italo-britannique dont la plus grosse filiale se situe à Lyon.

Le PIIEC est, par ailleurs, une piste largement soutenue par Christophe Grudler, eurodéputé fervent défenseur de l’atome civil au sein du groupe Renew, affilié à la majorité présidentielle. « Nous estimons qu’une décision doit être prise au mois de février au plus tard. Compte tenu des élections européennes en juin prochain, le travail parlementaire s’arrêtera en avril. Or, il nous faut un minimum de temps pour abonder le texte », explique celui qui œuvre pour la création d’une alliance industrielle autour des SMR depuis plus de deux ans via le travail d’un intergroupe informel regroupant quelque 120 eurodéputés.

Dans les grandes lignes, cette alliance industrielle en devenir vise trois objectifs : accélérer le déploiement de ces petites unités sur le Vieux-Continent, mettre en place une chaîne d’approvisionnement au sein de l’Union européenne et soutenir la formation d’une main d’œuvre qualifiée.

Les SMR pour faire « goûter » le nucléaire

Pour l’eurodéputé, muscler les États membres sur cette technologie est indispensable afin de contrer « l’offensive américaine sur les SMR » en Europe de l’Ouest. « En Bulgarie, en Roumanie et en Ukraine, les États-Unis mènent ce que j’appelle une diplomatie commerciale, qui consiste à proposer leur aide en échange d’achat de SMR », assure-t-il. Or, « les SMR constituent une porte d’entrée sur le nucléaire », pointe Christophe Grudler. « Pour les pays non équipés, cela permet de goûter au nucléaire, avant de demander peut-être une plus grosse part par la suite, avec un EPR [réacteur nucléaire classique de grosse puissance, ndlr] par exemple », projette-t-il.

Il est donc « impératif » que l’alliance européenne sur les SMR « permettent d’abord aux industriels européens de se mettre d’accord entre eux », estime Christophe Grudler, pour qui « aucune place » ne doit être faite à des acteurs étrangers qui n’auraient pas de sites de production localisés sur le Vieux Continent. « Il faut être ferme là-dessus », met-il en garde.

Vers une réforme des PIIEC ?

Si l’instauration d’un PIIEC semble plébiscitée, des craintes demeurent sur sa mise en œuvre opérationnelle au regard des temps d’instruction extrêmement longs observés dans le domaine de l’hydrogène. « Le dernier dossier a été accordé au bout d’un délai de trois ans », déplore Christophe Grudler. C’est un outil « assez lourd », reconnaît également l’entourage d’Agnès Pannier-Runacher, qui précise que le régime juridique sur lequel reposerait cette coopération industrielle n’était pas encore arrêté.

De son côté, Christophe Grudler invite « la commission européenne à mettre les personnes au bon endroit pour estimer ces projets » afin que le temps d’instruction ne dépasse pas un délai de six mois. Il plaide également pour une « réforme des PIIEC afin d’y ajouter une couche d’argent européen ». Pour mémoire, aujourd’hui un PIIEC ne permet pas de financer directement des projets via des subventions européennes, mais aux États membres de financer des initiatives au-delà des aides habituellement permises dans le cadre du marché unique européen. « Cette couche supplémentaire d’argent européen permettrait de soutenir les pays qui n’ont pas les moyens d’apporter des aides d’État substantielles », précise-t-il.

Par Juliette Raynal, publié le 19 décembre 2023 à 18h59

Photo en titre : En France, la start-up Jimmy développe un projet de micro réacteur nucléaire modulaire. Elle a récemment obtenu le soutien de l’État dans le cadre du plan France 2030. (Crédits : Jimmy)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-l-alliance-industrielle-sur-les-petits-reacteurs-se-precise-en-europe-986220.html

« POURQUOI LA RELANCE DU NUCLÉAIRE EST UN MIRAGE »

La relance du nucléaire en France est surdimensionnée, écrivent les auteurs de cette tribune. Seule une institution indépendante, selon eux, peut assurer une planification énergétique mondiale.

En lançant l’an dernier son grand programme nucléaire « d’avenir » (6 EPR2 ainsi que le lancement d’études pour la construction de 8 EPR2 additionnels), et en appelant à tripler la capacité nucléaire mondiale à la COP28, le président Macron s’est-il interrogé sur les conséquences de cette surenchère ? Qu’en serait-il en effet si tous les pays capables de le faire s’engageaient dans un tel programme, au prorata de leur population ? La Chine, par exemple, ou l’Inde ?

Les réserves mondiales d’uranium économiquement exploitables seraient épuisées en quelques années. Pour déjouer ce piège, ne serait-il pas temps de mettre en place une institution mondiale indépendante capable d’assurer une planification énergétique à l’échelle planétaire ?

La Chine développe des capacités de production d’électricité nucléaire qui devraient faire bientôt d’elle la première puissance nucléaire civile mondiale, devant les États-Unis et la France — dans moins de cinq ans, elle devrait dépasser la capacité installée française (EPR de Flamanville inclus).

Un programme anticonstitutionnel

Ce faisant, si ce grand pays s’équipait à hauteur du programme nucléaire français, il pourrait le faire vingt-et-une fois plus que la France, étant donné le rapport de population de 1 à 21 entre les deux pays (66 millions d’habitants en France, 1,41 milliard en Chine). Considérant que le programme du gouvernement vise à maintenir le parc nucléaire français au minimum à 60 GW (ce qui fait un ratio moyen de l’ordre de 1 kW installé par habitant), à même intensité d’équipement, la capacité électronucléaire chinoise atteindrait 1 400 GW.

En suivant cette logique, au titre de l’égalité des droits humains, un total de 8 000 GW d’installations nucléaires réparties dans le monde pourrait être développé au prorata des données démographiques [1].

Or, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), 1 GW installé requiert 150 tonnes d’uranium par an. Les réserves considérées comme exploitables économiquement étant de l’ordre de 8 millions de tonnes, un équipement mondial à un niveau comparable à celui de la France épuiserait donc les réserves mondiales en moins de sept ans [2].

Ce programme pourrait « gaspiller les ressources financières qui pourraient être affectées aux énergies renouvelables ». Ici, la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche). Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Maarten Sepp

Considérer, donc, que la France représente un modèle de développement énergétique, c’est aller vite en besogne. Car promouvoir une telle surenchère nucléaire, c’est prendre le risque d’épuiser très vite les ressources mondiales en uranium et, parallèlement, de gaspiller les ressources financières qui pourraient être affectées aux énergies renouvelables.

Au regard de la Charte de l’environnement de 2004 (partie intégrante de la Constitution depuis 2005), qui stipule qu’« afin d’assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins », le programme nucléaire du gouvernement est d’ailleurs anticonstitutionnel.

Une institution mondiale pour déjouer le piège

Pour aborder cette question de l’énergie, il faut cesser de s’appuyer sur les prévisions fondées sur les lois de marché, toujours axées sur la volonté de croissance, et faire place à l’intelligence écologique. Pour se traduire en pratique, cette intelligence nécessite un organe de gestion mondiale de l’énergie chargé de réguler un partage équitable des ressources énergétiques, notamment uranifères, et de s’assurer que les États se dotent de stratégies énergétiques durables.

Aujourd’hui, une telle institution n’existe pas. Ni les agences spécialisées de l’Organisation des Nations unies (l’AIEA, dédiée à l’énergie atomique, et l’Irena, chargée des énergies renouvelables) ni l’AIE (organe de l’OCDE qui représente moins d’un cinquième de la population mondiale) n’assurent ces fonctions de planification et de régulation des ressources énergétiques planétaires. Cette institution devrait avoir comme objectif d’affranchir l’humanité de sa dépendance aux matières fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) et fissiles (uranium), et de l’accompagner dans la réduction de son empreinte écologique.

« La France a édifié son programme nucléaire sans tenir compte des ressources mondiales »

D’emblée, et avec un calcul assez simple, elle pourrait montrer que la programmation énergétique française, qui table sur 1 kW nucléaire par habitant, est sept fois surdimensionnée. Démonstration.

À l’échelle mondiale, nous disposons de 8 millions de tonnes de réserves d’uranium. Si l’on fixe à cinquante ans l’échéance d’exploitation de ce minerai, cela oblige à limiter sa consommation annuelle mondiale à 160 000 tonnes. Ce qui conduit à borner l’équipement mondial nucléaire autour de 1 066 GW [3], et à fixer la limite d’équipement des réacteurs à hauteur de 130 W nucléaires par habitant [4]. Et c’est ainsi que, en coupant court à une trajectoire de prédation d’une ressource limitée, l’analyse des réserves mondiales d’uranium montre que la programmation énergétique française est sept fois surdimensionnée.

Au motif que le nucléaire émet peu de CO2, le gouvernement français a édifié son programme nucléaire sans tenir compte des ressources mondiales ni des besoins des autres pays. Un des objectifs prioritaires de cette institution mondiale de gestion de l’énergie pourrait donc être justement d’obliger les États à structurer leur production d’électricité de façon réellement durable et égalitaire. Et de construire un avenir écologique sans les nombreux dégâts collatéraux du nucléaire, filière historiquement dérivée de préoccupations militaires.

Par Pierre Saclier et Christian de Gromard (tribune), publié le 20 décembre 2023 à 14h19, mis à jour le 21 décembre 2023 à 09h36

Pierre Saclier est chef de missions énergétiques auprès de nombreux pays et organisations internationales. Christian de Gromard est énergéticien, ex-référent énergie à l’Agence française de développement (AFD) et chef de projet à l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie (AFME).

Photo en titre : Ce programme pourrait « gaspiller les ressources financières qui pourraient être affectées aux énergies renouvelables ». Ici, la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche). Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Maarten Sepp

https://reporterre.net/Macron-doit-cesser-sa-surenchere-nucleaire

PETITE CHRONIQUE DE LA FRANÇATOMIQUE : ÉNERGIE NUCLÉAIRE ET CLIMAT, LE GRAND MENSONGE

Trois représentants d’États détenteurs d’armes atomiques (États-Unis, Angleterre, France) ont profité de la COP 28 pour tenter de sauver leurs industries nucléaires en perdition, attirant dans leur orbite une vingtaine de pays (1). Ainsi le président Macron n’a rien trouvé de mieux à proposer que de tripler la production mondiale d’énergie nucléaire d’ici 2050. On se demande bien comment il compte faire alors que la Françatomique est empêtrée dans trois chantiers désastreux (l’EPR de Flamanville, le réacteur expérimental Iter et le réacteur de recherche Jules Horowitz) dont les malfaçons, les délais de construction et les coûts ne cessent d’augmenter. Les États-Unis et l’Angleterre ne font pas mieux pour leurs chantiers en cours.

Dans le même temps nous apprenions que l’ensemble des réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde en 2022 avait fourni 9,2% de la production totale mondiale d’électricité (2). C’est le niveau relatif le plus bas observé depuis près de 40 ans. C’est aussi la production la plus basse (2 546 TWh) depuis le maximum absolu de 2006 (2 660 TWh). L’électricité ne représentant que 20 % de toutes les énergies consommées, la production nucléaire ne contribue donc qu’à moins de 2% de l’approvisionnement énergétique mondial. Un résultat si dérisoire relève de la catastrophe économique, après 70 ans de soutien massif, par les États les plus puissants du monde, à l’industrie nucléaire militaro-civile. Tripler la production d’énergie nucléaire d’ici 2050 ? Cela signifierait augmenter encore les soutiens publics déjà excessifs et leurs effets délétères sur l’économie mondiale. Sans parler des risques de catastrophes industrielles, sanitaires, écologiques et humanitaires.

À l’inverse, arrêter immédiatement la totalité des réacteurs nucléaires en service actuellement dans le monde ne poserait pas de problème global d’approvisionnement énergétique, ni ne contribuerait à aggraver le réchauffement climatique. La réaffectation des soutiens publics, accordés à l’industrie nucléaire, pourrait même financer sans problème une réduction globale des consommations dépassant largement les 2 % (3). L’arrêt du nucléaire serait donc a minima « neutre en carbone ». Il permettrait aussi d’atténuer le réchauffement climatique provoqué par les pays fortement nucléarisés comme la France. Car contrairement à ce qu’affirment les nucléaristes, les centrales nucléaires réchauffent considérablement les portions de planète sur lesquelles elles sont implantées. L’explication est simple et relève de principes physiques bien connus, ceux de la conservation de l’énergie et de sa dégradation ultime en chaleur. Ces lois de la physique s’appliquent aussi bien à la combustion des énergies fossiles et de la biomasse qu’à la fission nucléaire ou à la géothermie profonde. Toutes les émissions de chaleur qui en résultent (qualifiées « d’anthropiques » puisqu’elles sont dues à une activité humaine) s’accumulent dans l’air, dans l’eau et dans les sols. Le réchauffement de ces milieux constitue bien un réchauffement du climat local mais aussi régional et même global lorsque les masses d’air et d’eau réchauffées se déplacent à longue distance.

Or les centrales nucléaires, un des moyens les moins efficaces pour transformer de la chaleur en électricité, émettent beaucoup de chaleur par unité d’électricité produite. Le ministère de l’Écologie l’indiquait très clairement dans une publication de juillet 2017 (4) : « L’intensité énergétique primaire, qui intègre les pertes d’énergie lors de sa transformation ou de son transport, est, quant à elle, plus élevée en France (101 tep par M$ 2011 de PIB) qu’en Allemagne (86 tep par M$ 2011 de PIB). Cela s’explique en grande partie par le poids plus important de l’électricité dans le bouquet énergétique final ainsi que par le recours plus élevé au nucléaire pour produire cette électricité en France. En effet, d’une part, la production d’électricité s’accompagne généralement de pertes de chaleur importantes et, d’autre part, ces pertes sont en moyenne relativement plus élevées dans les centrales nucléaires que dans celles utilisant des combustibles fossiles et notamment celles de cogénération, plus développées en Allemagne qu’en France. »

Quelles que soient les causes (naturelles et anthropiques) du réchauffement climatique global, le recours à l’énergie nucléaire ne peut que l’aggraver par ses émissions de chaleur directes, immédiates et à plus long terme (combustibles usés). Une étude de l’université de Sussex a d’ailleurs montré que, dans les pays qui ont une politique favorable au nucléaire, les émissions de gaz à effet de serre sont réduites à un rythme plus faible (voire pas du tout réduites) que dans les pays qui ont une politique en faveur des renouvelables. Nucléaire et renouvelables s’excluent mutuellement (5) Plusieurs études scientifiques ont aussi montré que les émissions de chaleur résultant de l’utilisation des énergies non renouvelables et de stock (fossiles, déchets issus du pétrole, énergie nucléaire, mais aussi bois énergie et géothermie profonde) réchauffent le climat localement mais aussi à plus large échelle et dans des proportions qui n’ont rien de négligeable. En France, pays dont la part du nucléaire dans la production d’électricité est la plus élevée au monde, l’effet des émissions de chaleur des centrales nucléaires est considérable. Par exemple, les 14 réacteurs répartis dans 4 centrales nucléaires refroidies par les eaux du Rhône (Bugey, Saint Alban, Cruas et Tricastin) sont responsables à 86 % du réchauffement des eaux du fleuve. C’est EDF qui l’a écrit dans une étude publiée en mai 2016 (6). Dans la synthèse de cette « étude thermique du Rhône » on peut lire que les rejets de chaleur des centrales situées entre Saint-Vulbas (Bugey) et Aramon (à l’aval de Tricastin) ont provoqué en moyenne annuelle une augmentation de la température des eaux du Rhône de 1,2°C sur une augmentation totale de 1,4°C (comparaison entre la période 1988-2010 où tous les réacteurs actuels étaient en fonctionnement et la période 1920-1977 où pratiquement aucun n’était en service). Ce réchauffement n’est en outre que la partie visible du problème car 6 des 14 réacteurs nucléaires situés en bord de Rhône sont équipés de tours de refroidissement. Celles-ci évacuent la majeure partie de la chaleur dans l’air sous forme d’eau évaporée. Pour la France entière, les réacteurs nucléaires en fonctionnement en 2021 ont émis une quantité totale de chaleur de 1150 TWh (7) soit 43,3 % du total des émissions de chaleur anthropiques du pays. Cela correspond à près de 3 fois les consommations totales d’énergie finale pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire de l’ensemble des logements en France la même année (386 TWh). La puissance thermique moyenne correspondante (131 000 MW), rapportée à la surface du pays (551 695 km²), est 4,75 fois plus élevée que l’accroissement annuel moyen du déséquilibre énergétique de la Planète (0,05 W/m²) (8).

Pourtant, une poignée de chefs d’État (9) a décidé, quels qu’en soient les coûts et les conséquences de tous ordres, d’utiliser à grande échelle et, pour certains, d’exporter des centrales nucléaires, ou les technologies qui permettent de les construire. C’est le choix de ceux qui se prennent pour les « maîtres du monde » et prennent en otages leurs populations, les dirigeants des autres pays et la population mondiale. La préservation du climat est le cadet de leurs soucis. Mais ils ont plus ou moins réussi à faire croire que la faiblesse supposée des émissions de CO2 de leurs industries nucléaires respectives rendait celles-ci vertueuses. Comme si les armes atomiques étaient un facteur de paix. Comme si le CO2 était la seule cause de réchauffement climatique. Comme si l’industrie nucléaire militaro-civile pouvait exister sans consommation de pétrole, de charbon, de gaz. Comme si, enfin, les émissions de chaleur n’étaient pour rien dans le réchauffement climatique.

Tripler la production mondiale d’énergie nucléaire d’ici 2050, si c’était possible, ce serait aussi tripler :

– l’extraction de minerai d’uranium et les transports de matières fissiles, les pollutions radioactives et chimiques, la production et le transport de déchets radioactifs, les surfaces et volumes occupés par les, déchets radioactifs, les risques de prolifération et d’accidents nucléaires …. et leurs conséquences sur la santé (cancers et décès radio-induits, altérations génétiques, autres maladies),

– les conflits d’usage pour l’accès à l’eau, à la terre, aux compétences humaines et à l’argent public ou privé …. et leurs conséquences sur l’économie globale,

– les émissions de chaleur de l’industrie nucléaire, facteur aggravant du réchauffement climatique global.

Dans ces conditions, prétendre que l’énergie nucléaire est une solution au réchauffement climatique, comme le font les gouvernements des États nucléaristes, l’industrie nucléaire et une large partie de ceux qui en vivent, est au mieux une grave erreur, au pire un grand mensonge.

NOTES

1 : https://www.francebleu.fr/infos/environnement/cop28-une-vingtaine-de-pays-appellent-a-tripler-le-nucleaire-dans-le-monde-d-ici-2050-3251265

2 : World Nuclear Industry Status Report 2023 : https://www.worldnuclearreport.org/IMG/pdf/wnisr2023-v1-hr.pdf

3 : À service identique, il est 3 fois plus efficace d’investir dans des équipements qui réduisent la consommation d’énergie que dans la production d’électricité nucléaire (note du 16 septembre 1987 de la Direction Générale de l’Énergie et des Matières Premières) : https://www.global-chance.org/Le-choc-petrolier-de-1973-et-les-economies-d-energie

4 : L’efficacité énergétique en France – Évolution entre 2000 et 2016 et comparaison internationale : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2018-10/datalab-essentiel-113-efficacite-energetique-b.pdf

5 : http://sro.sussex.ac.uk/id/eprint/94288/12/Manuscript-August-13.pdf

6 : https://rhone-mediterranee.eaufrance.fr/axe-rhoneetudes-et-programmes-de-recherches-sur-le-rhone/etude-thermique-du-fleuve-rhone

7 : Hors émissions de l’industrie et des transports nécessaires à l’amont et à l’aval des réacteurs nucléaires.

8 : Le réchauffement climatique global résulte d’un déséquilibre entre l’énergie qui entre dans le système Terre-Atmosphère et celle qui en sort. La valeur par décade de ce déséquilibre, exprimé en puissance moyenne par m² de surface, a été estimée à 0,5W/m², sur la période de mi-2005 à mi-2019 : « Satellite and Ocean Data Reveal Marked Increase in Earth’s Heating Rate » –Geophysical Research Letters – 15 juin 2021. https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2021GL093047

9 : Ceux qui détiennent les technologies et l’industrie qui permettent de fabriquer des armes atomiques.

Par François VALLET, message reçu le 20 décembre 2023 à 11h34

TOULOUSE : CYCLE DE DISCUSSIONS ANTI-NUCLÉAIRES EN JANVIER

En janvier, on propose une série de trois discussions anti-nucléaires à partir de lectures et d’écoute de podcast. Tout se passe au nouveau squat 1 impasse Lapujade (quartier Bonnefoy), les mercredis 3 ; 10 et 17 janvier 2024, à 18h.

Ce sera l’occasion d’approfondir des sujets en lien avec les luttes antinucléaires (modes d’actions, sabotage et réactions dans les composantes anti-nucléaires à partir d’un double-exemple de 1975 ; puis la composition dans les luttes anti-nucléaires à partir d’archives et d’exemples plus récents), ce sera aussi l’occasion d’aborder le nucléaire militaire (à travers l’exemple du bombardement à l’uranium appauvri du Kosovo, mené par l’OTAN en 1999).

Présence d’un petit infokiosque anti-nucléaire.

N’hésitez pas à venir avec de quoi grignoter, boire.

MERCREDI 3 JANVIER À 18H

Lecture collective et discussion autour de : « L’ÉCO-SABOTAGE » (1975, revue Écologie n°2)

L’enquête menée par la revue Écologie sur l’éco-sabotage aborde différentes réponses exprimées par diverses organisations et individu.es anti-nucléaires, suite à l’attentat du 3 mai à Fessenheim et après l’attentat de Framatome le 6 juin 1975.

Des communiqués en réponse de la part des Amis de la Terre/Paris, le Mouvement Écologique, le PSU, la CFDT d’Alsace, la Fédération Anarchiste,.. pêle-mêle, : l’occasion d’étaler toute une panoplie de positionnements divers entre dissociation et solidarité (ou faux-semblant). L’efficacité stratégique du sabotage (ou, selon les termes employés, « attentats », « terrorisme », « violence ») y est questionnée, et jugée différemment selon les objectifs politiques affichés.

MECREDI 10 JANVIER A 18H

Lecture de passages de la brochure « Recueil d’articles sur la composition dans les luttes anti-nucléaires » puis discussion.

Quelques tracts et communiqués parus entre 1980 et 2012 concernant la composition dans les luttes anti-nucléaires, notamment avec les partis politiques mais amenant également des critiques vis-à-vis d’organisations telles que Sortir du Nucléaire et Arrêt du Nucléaire. Une contribution qui permet de faire surgir certaines visions (parfois écartées) de l’histoire du mouvement antinucléaire, de nourrir les discussions et réflexions, aujourd’hui où la composition (notamment avec les partis politiques) semble de nouveau pointer son nez dans les luttes antinucléaires.

En complément, on lira également ce texte plus récent, en lien avec le sujet : 3 juin 2023, manifestation à Bure pour une relance de nos colères

MECREDI 17 JANVIER À 18H

Écoute collective de « Saupoudrés », un podcast de 1h réalisé par Léa Promaja en 2018 sur les bombardements à l’uranium appauvri en 1999 au Kosovo par l’OTAN, et leurs répercussions sur la population.

« Qui consulte les gens en termes d’armement ? Personne. Ni dans les pays fabricants, ni dans les pays « saupoudrés » de diverses substances. La Russie aurait jeté du napalm en Syrie (Médiapart/printemps 2018). « Quelles autres substances ont été utilisées sur les zones actuellement en guerre ? » En 2017, lʹarmée américaine a admis, après de nombreux dénis, quʹelle a bombardé des camions-citernes à lʹuranium appauvri en Syrie sous Obama en 2015.

Saupoudrés est un documentaire qui revient sur cette question mais au Kosovo et ses alentours, avec presque 20 ans de recul. Comme en Irak pendant la guerre, de lʹuranium appauvri a aussi été utilisé en 1999 durant les bombardements de lʹOTAN. Que dit-on sur ces bombes parmi les habitants ? Quʹen est-il de la santé de la population ? Saupoudrés raconte quelques rencontres de personnes à Prizren, une ville de 250 000 habitants du Sud du Kosovo, où Léa Promaja a séjourné régulièrement depuis 2009. La suite de ce documentaire est en cours de réalisation. Il se passera à Vranje, en Serbie, de l’autre côté de la frontière kosovare. Les habitants ont été bombardés par les mêmes bombes, mais l’ont vécu bien différemment.

« C’est lʹhistoire dʹun déni. Ou de plusieurs dénis. LʹOTAN a bombardé lʹex-Yougoslavie à lʹuranium appauvri et semble lʹavoir oublié. Les Kosovars albanais du Kosovo furent bombardés à lʹuranium appauvri mais retiennent avant tout cette libération de lʹoppression dʹalors du pouvoir de Slobodan Milosević. À côtoyer cette réalité, jʹai à mon tour eu du mal à admettre, accepter dʹentendre que les albanais du Kosovo se sont avant tout sentis libérés. » / Léa Promaja

Par l’Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours, publié le 19 décembre 2023

https://iaata.info/Cycle-de-discussions-anti-nucleaires-en-janvier-6324.html

CENTRALE NUCLÉAIRE DE CRUAS-MEYSSE : UN ÉVÈNEMENT SIGNIFICATIF POUR LA SÛRETÉ

Le 11 décembre 2023, EDF a déclaré à l’ASN un événement significatif relatif à la détection tardive de l’indisponibilité d’un capteur de pression de la vapeur alimentant le groupe turbo-alternateur du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse.

Le groupe turbo-alternateur est situé en salle des machines et se compose d’une turbine et d’un alternateur. La turbine est actionnée par la vapeur issue des générateurs de vapeur du réacteur. Celle-ci entraîne l’alternateur qui produit l’électricité.

Plusieurs capteurs surveillent en permanence les paramètres de fonctionnement de la turbine, dont la pression de la vapeur du circuit secondaire qui l’alimente. Les informations délivrées par ces capteurs sont utilisées à la fois par le système de régulation permettant le pilotage du réacteur, notamment le niveau d’eau dans les générateurs de vapeur et par le système de protection du réacteur.

Le 6 décembre 2023, lors du redémarrage après arrêt pour rechargement du réacteur, l’exploitant a constaté un fonctionnement atypique de l’un des capteurs de mesure de pression en entrée de la turbine. Le diagnostic a fait apparaître une erreur de mise en configuration des circuits qui a été corrigée. Toutefois, le capteur de mesure de pression concerné par l’événement a été indisponible pendant plus de 29 heures, une durée supérieure à celle prescrite par les spécifications techniques d’exploitation.

En l’absence de sollicitation des autres capteurs et dispositifs de sécurité, cet événement n’a pas eu de conséquence sur l’installation, le personnel ou l’environnement. Toutefois, en raison du dépassement de la durée d’indisponibilité préconisée par les spécifications techniques d’exploitation (STE), cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.

Par l’ASN, publié le 19/12/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/capteur-de-pression-de-la-vapeur-alimentant-le-groupe-turbo-alternateur

CENTRALE NUCLÉAIRE DE PALUEL : UN ÉVÈNEMENT SIGNIFICATIF POUR LA SÛRETÉ

Le 4 décembre 2023, EDF a déclaré à l’ASN un événement significatif pour la sûreté relatif au non-respect des règles générales d’exploitation du réacteur 4 de la centrale nucléaire de Paluel en cas de cumul d’indisponibilités de matériels sur l’installation.

Les règles générales d’exploitation (RGE) sont un recueil de règles approuvées par l’ASN qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite associées. Elles prescrivent notamment des conduites à tenir et des délais d’intervention en cas d’indisponibilités fortuites de matériels, en fonction de leur importance pour le maintien en état sûr du réacteur, et de leur éventuel cumul.

Le réacteur 4 était à l’arrêt depuis le 21 octobre 2023 pour maintenance et renouvellement du combustible. Lors de cet arrêt, une intervention de maintenance a été réalisée sur la turbine du turbo-alternateur de secours (LLS), qui assure l’alimentation électrique des équipements minimaux de conduite, de l’éclairage d’ultime secours et de la pompe d’injection au niveau des joints des groupes motopompes primaires.

Le 27 novembre 2023, dans le cadre des opérations de redémarrage du réacteur, l’exploitant a déclaré le système LLS indisponible à la suite d’un essai non concluant.

Des investigations menées a posteriori ont mis en évidence que le système LLS n’était plus fonctionnel depuis l’intervention réalisée lors de l’arrêt, alors qu’il était requis par les RGE depuis le 26 novembre 2023. L’analyse par l’exploitant des autres indisponibilités présentes depuis le 26 novembre 2023 a montré que la règle de cumul des événements, qui prévoit alors un repli du réacteur, n’a pas été respectée pendant 10 heures et 40 minutes entre le 26 et le 27 novembre 2023.  L’exploitant aurait ainsi dû engager les opérations de repli du réacteur sous une heure à partir du 26 novembre à 20h54.

Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les personnes et l’environnement. Toutefois, en raison de la détection tardive du non-respect des règles générales d’exploitation du réacteur, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.

EDF a procédé à la remise en conformité du matériel concerné. L’exploitant doit désormais transmettre à l’ASN le retour d’expérience approfondi de cet évènement. L’ASN sera vigilante quant à l’analyse des causes techniques et organisationnelles ayant entraîné ces anomalies et aux actions prises pour en éviter le renouvellement.

Par l’ASN, publié le 18/12/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/non-respect-de-la-conduite-a-tenir-en-cas-de-cumul-d-indisponibilites-de-materiels2

FUSION IRSN-ASN : « CE PROJET VA RALENTIR LA RELANCE DU NUCLÉAIRE »

Retoqué il y a six mois, le projet de réforme de la sûreté nucléaire revient, ce mercredi, en Conseil des ministres, avec le même dessein d’absorption de l’IRSN, l’expert technique, par l’ASN, le gendarme du secteur. L’intersyndicale de l’IRSN appelle à la grève. Philippe Bourachot, délégué syndical central CGT, explique pourquoi.

Six mois après avoir été proposée en catimini par voie d’amendement par le gouvernement, puis rejetée dans la foulée par les députés alertés, la fusion de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l’expert technique, chargé notamment de rendre des avis aux autorités de contrôle, et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme du secteur, revient en Conseil des ministres, ce mercredi, avant d’être discutée au Sénat, en février.

Présenté comme une réforme de la sûreté nucléaire, le projet gouvernemental représente pourtant un véritable big bang. Jusqu’ici séparées, les activités d’expertise et de décision seront regroupées au sein d’une même entité. L’objectif serait, selon l’exécutif, de « fluidifier » le système de contrôle afin de faire face aux défis d’une relance de la filière nucléaire, entre le vieillissement de nos centrales et la construction de réacteurs, de six à quatorze nouveaux EPR d’ici à 2050.

L’intersyndicale a appelé à faire grève contre le projet de fusion. Pourquoi ?

Ce projet de loi se fait dans la précipitation, sans qu’aucun diagnostic du fonctionnement actuel ne soit réalisé. Si nous sommes persuadés que notre système de sûreté nucléaire peut être amélioré dans son fonctionnement, remettre en cause sa dualité comporte un certain nombre de risques.

Sans refaire l’histoire, c’est après l’accident de Tchernobyl, face à la méfiance du public, qu’est né l’IRSN. Auparavant, l’expertise était logée au sein du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Cette indépendance de l’expertise, loin de la pression de l’autorité de contrôle ou des exploitants, est aujourd’hui un atout. Elle a permis aux citoyens de retrouver confiance dans l’atome. Sans compter que ce projet fait porter un risque pour la population.

De quel risque parlez-vous ?

Cette nouvelle organisation va introduire des changements majeurs dans les modes de travail, les relations entre les acteurs de la sûreté et de la radioprotection, les statuts des personnels. L’ampleur de ces changements va perturber, durant plusieurs années, le fonctionnement du système de gouvernance.

Rappelons que la désorganisation est une des causes de l’accident de Fukushima ou de la navette Challenger. L’étude d’impact associée au projet de loi est très parcellaire. Nous ne sommes pas obligés de tout casser pour améliorer.

Pour le gouvernement, l’actuelle configuration serait pourtant sujette à des lourdeurs administratives, ce qui ralentirait le processus de décision.

Qu’est-ce qui prouve que la fusion entre les deux entités va accélérer ou fluidifier le processus ? Absolument rien. Je le répète, il n’y a aucun diagnostic visant à évaluer les forces et les faiblesses du système actuel.

Or, nous avons de nombreux exemples où les freins, les retards dans l’examen des dossiers sont portés directement par les exploitants eux-mêmes, soit parce qu’ils n’ont plus les moyens pour répondre dans des délais courts, soit parce qu’ils ne souhaitent pas fournir à l’IRSN certains éléments. De plus, la désorganisation du système va réduire la capacité opérationnelle de la future autorité. Cela va ralentir le programme de relance du nucléaire, en opposition totale avec les objectifs poursuivis par le projet de loi.

Pourquoi ?

Pour accélérer le processus, il nous faut monter en puissance et en compétences, c’est-à-dire embaucher plus de personnes. Aussi bien pour l’IRSN que pour l’ASN, cette nouvelle organisation est prévue pour être mise en place au 1er janvier 2025. C’est-à-dire « demain ». Or, nous sommes tous conscients que nous ne serons jamais prêts à cette date.

Cela se passe au pire moment. En effet, les personnels de l’IRSN doivent d’ores et déjà faire face à une hausse très importante de leur charge de travail, une partie concerne déjà les futurs projets EPR2 ou SMR/AMR (miniréacteurs – NDLR). Or, le gouvernement part du principe que la fusion va augmenter les moyens. Mais un plus un n’a jamais fait trois. Nous avons sur toute la filière de grandes difficultés à recruter des femmes et des hommes compétents.

Avec la phase de dénucléarisation de la France, engagée par les politiques entre 2010 et 2020, les étudiants se sont orientés vers d’autres secteurs plus porteurs. De plus, les salaires proposés à l’IRSN sont trop faibles par rapport à nos concurrents directs tels qu’EDF ou les start-up. On parle d’écart de l’ordre de 30 %. Ce n’est pas en créant des craintes importantes sur notre avenir que nous allons pouvoir fidéliser les salariés et en attirer de nouveaux. D’ailleurs, on note une hausse significative des démissions.

Comment expliquez-vous la précipitation du gouvernement ?

Il y a plusieurs hypothèses qui circulent. La vérité, c’est que personne aujourd’hui ne connaît la raison réelle qui a poussé à cette précipitation. En février, la décision a été prise en dix jours. Ça a été hyperbrutal. Heureusement, le projet n’est pas allé jusqu’au bout. De toute façon, le Conseil constitutionnel l’aurait retoqué.

Dans la première mouture, nous étions dans un amateurisme le plus complet. Dix mois plus tard, le plan a mûri. Mais il n’en reste pas moins qu’il n’est pas acceptable aux yeux de l’intersyndicale car il ne règle pas les problèmes déjà soulevés en février.

Le projet de loi aborde la séparation entre l’expertise nucléaire de défense et civile. Qu’en pensez-vous ?

Pour l’intersyndicale, cette séparation constituerait une grave erreur. Aujourd’hui, les experts qui traitent les sujets civils et de défense sont les mêmes, avec une approche identique. Demain, la séparation pourrait conduire à un traitement différencié. Cela reviendrait à penser qu’un accident nucléaire qui surviendrait, par exemple, à Toulon dans un sous-marin nucléaire aurait un impact différent pour la population qu’un accident dans une centrale nucléaire.

Cette séparation va aussi concerner la sécurité des installations civiles. En effet, aujourd’hui, les aspects sécurité de ces sites sont traités par notre direction défense. Demain, cette séparation va, là encore, distendre les relations entre les experts au sein de la nouvelle autorité et ceux de la défense, amenés à partir au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Couper le fil entre la sûreté et la sécurité pourrait affaiblir notre protection.

Vous attachez aussi beaucoup d’importance à la place de la société civile qui risquerait de n’avoir plus voix au chapitre…

Aujourd’hui, les avis techniques rédigés par l’IRSN sortent dès qu’ils sont terminés. Tout le monde peut les consulter ; cela permet à la société civile d’être en capacité d’analyser la décision. Or, il semblerait qu’il existe une forte volonté pour que les avis soient rendus au mieux en même temps que la décision. Cela pointe le risque d’une moindre implication de la société civile.

Vous craignez aussi de perdre dans cette fusion certains avantages sociaux…

Le projet de loi garantit aux salariés de l’IRSN, dont les avantages sociaux sont plus élevés qu’à l’ASN, le maintien de leurs conditions pendant trente mois. Et ensuite ? Nous n’avons pas de réponse. Or, ce socle social est un argument de notre direction lors de recrutements mais aussi pour la fidélisation des salariés. Cela doit être pris en considération.

En février, vous avez multiplié les initiatives pour que l’amendement soit rejeté. Quel est votre plan de bataille ?

Avec cette grève, nous allons montrer au gouvernement que la mobilisation des salariés contre ce projet est intacte. Ensuite, le travail de l’intersyndicale va être d’aller rencontrer les sénateurs pour leur expliquer et les convaincre des méfaits et des risques de cette loi.

Puis, nous retournerons voir les députés, même si nous en avons déjà beaucoup rencontré en février. En parallèle, l’IRSN et l’ASN ont mis en place des groupes de travail pour commencer à travailler la future organisation de ce que serait l’ASNR. Dans ce cadre, nous venons de conclure un accord avec les directions de l’ASN et de l’IRSN afin que nos organisations syndicales puissent suivre l’évolution de ces travaux.

Cela témoigne, encore une fois, de l’empressement du gouvernement. L’exécutif aurait très bien pu mettre en suspens cette loi et attendre que ces groupes de travail rendent leurs conclusions sur la future organisation.

Par Clotilde Mathieu, publié le 19.12.23 à 16h37

Photo en titre : Les employés de l’IRSN dénoncent les risques d’une fusion de leur institut avec l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). © Laurent CERINO/REA

https://www.humanite.fr/social-et-economie/asn/fusion-irsn-asn-ce-projet-va-ralentir-la-relance-du-nucleaire

NDLR: pour une fois, je suis d’accord avec le parti communiste (pronucléaire notoire) sur l’essentiel de cet article d’où sa publication (sauf toutefois sur le côté « regret » d’un retard possible du redéveloppement du nucléaire, regret que je ne partage pas bien entendu)

ÉNERGIES RENOUVELABLES : L’EUROPE RETOQUE LE PLAN CLIMAT DE LA FRANCE

Le plan climat de la France n’est pas à la hauteur. C’est ce qu’a fait savoir la Commission européenne, lundi 18 décembre, en publiant ses commentaires sur les différents plans climats des pays de l’Union européenne.

La France prévoit que d’ici 2030, 33 % de son énergie sera d’origine renouvelable. Totalement insuffisant pour la Commission européenne, qui rappelle que l’objectif fixé à tous les pays de l’Union est de 44 %.

Multiplier ses ambitions

Un constat appuyé par Greenpeace, qui a étudié les plans climats des 20 pays européens qui les ont fournis à la Commission, et a comparé les ambitions de chacun. Ainsi, la France se retrouve en 12ème position du côté des ambitions de développement du solaire photovoltaïque d’ici 2030. Pour l’éolien, elle est aussi à la 12ème place (sur 19 pays comparés). Elle fait systématiquement moins bien que l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, l’Italie ou les Pays-Bas.

L’association estime que pour atteindre ses objectifs, la France devrait multiplier ses ambitions solaires par deux, et son ambition pour l’éolien par 1,5.

La Commission européenne a formulé des recommandations pour chaque pays membre. Ils devront rendre leurs copies corrigées de leurs plans climat avant le 30 juin 2024.

Publié le 19 décembre 2023 à 16h30

https://reporterre.net/Energies-renouvelables-l-Europe-retoque-le-plan-climat-de-la-France

Message de Reporterre

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FAUT-IL MESURER LE TAUX DE RADON CHEZ VOUS ? CE GAZ RADIOACTIF ET CANCÉRIGÈNE EST TRÈS PRÉSENT EN CÔTE D’AZUR (VOIR CARTE)

Le radon, un gaz naturel présent dans la région, peut provoquer un cancer quand la durée d’exposition est longue. Plusieurs communes mettent à disposition des habitants des dosimètres pour mesurer le taux de radon chez eux, comme Tende dans la vallée de la Roya ou encore Fréjus dans le Var.

Ce gaz est inodore et incolore, présent naturellement dans les sols et la roche. Pourtant, il peut présenter un risque pour la santé humaine à long terme. Il représente la deuxième cause dans les cancers du poumon, après le tabac et avant l’amiante.

« Afin dévaluer la qualité de l’air sur la commune de Tende, l’ARS met à disposition de la population des kits de mesure du radon », indique la ville de Tende sur Facebook.

Dans le Var et les Alpes-Maritimes, huit communes au total distribuent des kits :

Le radon se forme à partir de la désintégration du radium, un descendant de l’uranium qui fait partie des éléments qui constituent la croûte terrestre. Lorsqu’il est dehors, le radon est en concentration faible. Toutefois, dans un bâtiment, sa concentration peut être plus élevée. C’est pourquoi cette campagne de sensibilisation vise particulièrement les habitations. Les fumeurs voient leur risque de cancer des poumons augmenter significativement s’ils sont exposés longtemps à ce gaz.

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a établi une carte pour mesurer le potentiel de radon dans les communes. Tende se situe en potentiel de catégorie 3, soit la plus élevée. 

On peut voir sur la carte que le radon est très présent dans l’arrière-pays niçois, mais aussi sur le littoral entre Vallauris et Sanary-sur-Mer dans le Var.

Dans les zones en catégorie 3, des mesures de radon sont effectuées tous les dix ans dans les établissements qui accueillent du public comme les écoles, les prisons, les hôpitaux et les maisons de retraite. Lorsque de gros travaux sont entrepris, il peut aussi y avoir des mesures.

Deux mois de mesure

Les dosimètres doivent être placés pendant deux mois dans le logement. En fonction de résultat, certains gestes peuvent permettre de réduire son exposition au radon.

  • Aérer 10 minutes par jour
  • Arrêter de fumer pour les fumeurs
  • S’assurer que la ventilation est optimale 
  • Étanchéifier les potentielles voies d’entrée du radon (fissures, plancher…)

Pour vous aider à réaliser les travaux, une aide de l’Agence Nationale de l’habitat (ANAH) peut être attribuée lorsque les travaux de réduction du radon s’avèrent importants, sous réserve de respecter certains plafonds de ressources.

Les kits pour les habitants de Tende sont à retirer gratuitement auprès de la police municipale avant le 8 janvier 2024.

Par Pauline Thurier, publié le 19/12/2023 à 08h46

Photo en titre : La commune de Tende (Alpes-Maritimes), le 22 septembre 2023. • © Loïc BLACHE/FTV

https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/carte-faut-il-mesurer-le-taux-de-radon-chez-vous-ce-gaz-radioactif-et-cancerigene-est-tres-present-en-cote-d-azur-2892278.html

NDLR : Pour plus d’informations sur le radon, vous pouvez aussi contacter la CRIIRAD 29 Cours Manuel de Falla 26 000 VALENCE, tél : 04 75 41 82 50

LA DÉCARBONATION MONDIALE À « UN TOURNANT », ELLE DEVIENT PLUS « ATTRAYANTE » PARCE QUE MOINS COÛTEUSE, CALCULE GOLDMAN SACHS

La baisse des coûts va faciliter l’adoption des panneaux voltaïques et des voitures électriques. Au global, en dépit de la baisse des prix du pétrole qui rend les énergies renouvelables comparativement plus chères, la banque américaine constate que la décarbonation de l’économie mondiale n’a pas coûté davantage cette année qu’en 2022. Son coût est 45% inférieur à ce qu’il était en 2019.

Il a beaucoup été question, cette année, des difficultés de l’éolien offshore. De nombreux projets ont capoté, de part et d’autre de l’Atlantique, en raison de l’explosion des coûts de construction, sous l’effet notamment de la hausse des taux. « En 2023, certaines technologies propres sont devenues plus coûteuses, tandis que d’autres sont devenues plus abordables » bien que la baisse des prix des énergies fossiles, comme le pétrole, rende les énergies renouvelables comparativement plus chères, note Michele Della Vigna, analyste chez Goldman Sachs.

Ainsi, la baisse des coûts des batteries (produites par millions, au-delà de la demande, par la Chine, à partir de nickel et de lithium dont les cours ont baissé sous la pression d’une offre excédentaire) et des économies d’échelle dans la fabrication de véhicules électriques devraient accélérer leur adoption.

« Les forces déflationnistes » jouent en faveur de la décarbonisation. Elles la rendent « plus attrayante pour le consommateur. » Michele Della Vigna s’attend également à ce que le secteur de la finance et les entreprises investissent davantage « dans les domaines de la décarbonisation qui deviennent moins chers », tels que les véhicules électriques mais aussi les installations solaires, alors que l’énergie photovoltaïque est devenue la moins chère de l’Histoire.

3 100 milliards de dollars

Goldman Sachs est à l’initiative d’un graphique, appelé « Carbonomics », qui suit, depuis 2019, l’évolution du coût de l’élimination des émissions de carbone dans l’économie mondiale. En 2023, la décarbonation de 75% de l’économie aurait coûté 3.100 milliards de dollars, comme en 2022, contre plus de 4.000 milliards en 2021 et 5.700 milliards en 2019.

Les progrès sont « évidents », selon Michele Della Vigna, mais pas suffisants pour honorer l’objectif de l’Accord de Paris d’une augmentation de la température de 1,5°. Ce scénario « exigerait une réduction des émissions de plus de 50% d’ici à 2030. Cela nous donne une idée de l’ampleur de notre retard. »

Cette année, la banque américaine a ajouté la contribution de biogaz à sa courbe des « Carbonomics ». C’est une énergie de niche, explique Michele Della Vigna, « mais qui est très rentable et très importante, notamment parce qu’elle permet de décarboniser certains des secteurs les plus difficiles, comme les transports, le résidentiel et l’industrie, sans avoir à réinventer l’ensemble de l’infrastructure. Il suffit d’introduire du gaz naturel renouvelable à zéro émission dans les gazoducs existants. »

Le soutien politique à la décarbonisation sera un facteur important à surveiller en 2024, année des élections présidentielles aux États-Unis.

S’agissant du sommet sur le climat Cop28 à Dubaï, l’analyste de Goldman Sachs retient essentiellement trois annonces. D’abord, l’augmentation des investissements verts dans la région, que la banque estime à plus de 600 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Puis, l’engagement de tripler l’énergie produite à partir de renouvelable, grâce à une baisse des coûts. Enfin, la charte de décarbonisation de la production de pétrole et gaz, qui engage 50 entreprises à mettre fin au brûlage à la torche et aux émissions de méthane.

Par La Rédaction d’Investir, publié le 18 décembre 2023 à 13h32, mis à jour le 18 décembre 2023 à 13h43

Photo en titre : iStock

https://investir.lesechos.fr/marches-indices/economie-politique/la-decarbonation-mondiale-a-un-tournant-elle-devient-plus-attrayante-parce-que-moins-couteuse-calcule-goldman-sachs-2042041

VIDÉO – GUERRE EN UKRAINE : LE « RS-24 YARS », CE MISSILE NUCLÉAIRE INSTALLÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS PAR LA RUSSIE

La Russie vient d’installer pour la première fois un missile nucléaire intercontinental « RS-24 Yars » au sud de sa capitale, Moscou.

Équipé d’ogives nucléaires, cet engin peut atteindre une cible située à 12.000 kilomètres de son point de départ.

Grâce à cet appareil, plusieurs frappes peuvent être réalisées en peu de temps.

La Russie continue d’afficher son armement. Le week-end dernier, l’armée de Vladimir Poutine a annoncé l’installation d’un missile intercontinental « RS-24 Yars » dans une base située à Kozelsk, à 200 kilomètres au sud-ouest de Moscou. Si un essai de cet appareil avait déjà eu lieu au printemps dernier, c’est la première fois que des ogives nucléaires sont mises en place sur l’engin, le rendant totalement fonctionnel. Il bénéficie d’une puissance de frappe exceptionnelle, et peut atteindre une cible située à 12.000 kilomètres de son point de lancement.

La nouvelle a été savamment mise en scène par le pouvoir de Vladimir Poutine. L’agence d’État russe TASS a officialisé cette opération, relayant notamment une vidéo du ministère de la Défense russe montrant l’arrivée de l’engin sur la base. Le tout, diffusé sur le fond d’une musique aux sonorités… rock’n roll. « Dans l’enceinte de Kozelsky, les Forces de missiles stratégiques ont chargé un missile balistique intercontinental Yars dans un lanceur de silo« , ont indiqué les autorités russes.

Un missile capable de « frapper n’importe quel point du globe« 

Contrairement aux modèles occidentaux, le « RS-24 Yars » peut être rechargé très rapidement. « L’intérêt du missile Yars, c’est qu’il n’y a pas besoin de réinstaller entièrement l’infrastructure après le réarmement, explique ainsi un militaire russe dans la vidéo à retrouver dans la chronique placée en tête de cet article. La particularité de ce système est qu’il est complètement unifié avec le système de missiles précédent. Aucune infrastructure n’est alors nécessaire. À l’heure actuelle, toutes les conditions ont été créées pour permettre au personnel de combattre confortablement et d’installer les équipements.« 

Long de 23 mètres, ils peuvent frapper plusieurs cibles de façon quasi simultanée. L’engin représente donc un atout de taille pour les troupes de Moscou. « C’est un missile terrestre capable de frapper n’importe quel point du globe« , notait ainsi sur LCI Olivier Kempf, chercheur et ancien général dans l’Armée de Terre, rappelant que la Russie était « aujourd’hui le pays qui possède le plus de missiles nucléaires au monde« . La présence du « RS-24 Yars » au sein de l’arsenal militaire russe n’est d’ailleurs pas une nouveauté : plusieurs de ces machines ont été présentées par le passé à différents défilés militaires et même filmées à la télévision russe.

La semaine dernière, Vladimir Poutine avait déjà assisté à la mise en service de deux nouveaux sous-marins nucléaires, destinés à « accroître la puissance navale » de son pays. Dans le même temps, le président russe a également promis de renforcer sa défense dans le nord-ouest de la Fédération, alors que les tensions avec la Finlande, qui l’accuse d’orchestrer une crise migratoire à sa frontière, ne cessent d’augmenter.

Par T.A., publié le 18 décembre 2023 à 18h20

https://www.tf1info.fr/international/video-lci-guerre-en-ukraine-que-sait-on-du-missile-nucleaire-rs24-yars-installe-pour-la-premiere-fois-par-la-russie-2279812.html

« DIFFICILE » D’ATTEINDRE LES OBJECTIFS ENVIRONNEMENTAUX DE L’UE D’ICI 2030 (AGENCE)

L’Agence européenne de l’environnement (AEE) juge « difficile » pour les 27 de respecter les ambitions environnementales de l’Union européenne d’ici 2030, notamment en ce qui concerne la consommation d’énergie et l’agriculture biologique, dans un rapport publié lundi.

« D’après l’analyse de l’AEE, l’UE pourrait ne pas atteindre la majorité de ses objectifs à l’horizon 2030« , a résumé dans un communiqué l’agence basée à Copenhague.

Par exemple, pour l’AEE, il est « très improbable » que l’UE réussisse à diminuer sa consommation d’énergie autant qu’elle se l’est fixé (992,5 millions de tonnes d’équivalent pétrole).

Pour atteindre l’objectif en « 2030, le rythme annuel moyen de réduction observé au cours des dix dernières années devra être trois fois plus rapide« , a-t-elle estimé.

En outre, atteindre une part de 42,5% d’énergies renouvelables dans la consommation globale est jugé « peu probable« .

A contrario, il est « sans doute probable » que l’objectif de réduction de 55% des émissions des gaz à effet de serre soit réalisé pour 2030, relève l’AEE.

Ce rapport, qui ambitionne d’être actualisé chaque année, jauge des progrès réalisés par les pays membres d’après les 28 objectifs du programme d’action pour l’environnement de l’UE, qui couvre la période 2021-2030.

D’après lui, il est « très improbable » que 25% des terres agricoles soient cultivées selon les critères de l’agriculture biologique.

« Pour accélérer les progrès, il faut que les États membres appliquent davantage les lois existantes, prennent des mesures supplémentaires et intègrent le climat et l’environnement dans d’autres domaines politiques« , a insisté institution.

Bonne nouvelle toutefois, il est « très probable » que l’UE arrive à réduire de 55% le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air.

Par AFP, publié le 18 décembre 2023 à 08h52

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/difficile-datteindre-les-objectifs-environnementaux-de-lue-dici-2030-agence-231218

GRANVILLE (50) SOUTIENT LE TRAITÉ D’INTERDICTION DES ARMES NUCLÉAIRES

Les élus de Granville (Manche) ont adopté vendredi 15 décembre 2023, lors du conseil municipal, une motion de soutien au traité d’interdiction des armes nucléaires.

Les élus de Granville (Manche) ont adopté vendredi 15 décembre 2023, lors du conseil municipal, une motion de soutien au traité d’interdiction des armes nucléaires de l’ICAN (International campaign to abolish Nuclear Weapons), campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires).

Cette campagne souhaite aller au-delà des dispositions du traité de non-prolifération des armes nucléaires. De plus en plus de villes signent cette motion de soutien.

Pas d’unanimité sur ce vote, certains élus d’opposition comme de la majorité s’interrogeant sur la portée, autre que symbolique, de ce vote. « C’est notre rôle d’élus de solliciter notre État, estime Marc Hameau, adjoint à la transition écologique. Ça reste un combat à mener. »

Par Ouest-France, publié le 17/12/2023 à 19h14

Photo en titre : Granville, dans la Manche, soutient le traité d’interdiction des armes nucléaires. Les élus ont adopté une motion allant dans ce sens vendredi 15 décembre 2023.

https://www.ouest-france.fr/normandie/granville-50400/granville-soutient-le-traite-dinterdiction-des-armes-nucleaires-32337dcc-9cd7-11ee-83ae-1fd73f8e6449

Message de OUEST France : Abonnez-vous

LA CORÉE DU NORD A TIRÉ UN MISSILE BALISTIQUE DE COURTE PORTÉE « EN DIRECTION DE LA MER DE L’EST », SELON LA CORÉE DU SUD

Nouvelle démonstration de force de Pyongyang. L’armée sud-coréenne affirme que la Corée du Nord a tiré un missile balistique en direction de la mer de l’Est, dimanche 17 décembre.

Ce tir a eu lieu le jour anniversaire de la mort de l’ex-dirigeant nord-coréen, Kim Jong-il.

« Nos forces armées ont détecté un missile balistique présumé de courte portée lancé depuis la région de Pyongyang en direction de la mer de l’Est vers 22h38 » (13h38 à Paris), a déclaré l’état-major interarmées de la Corée du Sud. Ce lancement de missile, le dernier d’une longue série, a eu lieu le jour de l’anniversaire de la mort du père de l’actuel dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, Kim Jong-il, mort le 17 décembre 2011.

Le projectile a parcouru 570 kilomètres avant de sombrer dans la mer de l’Est, précise l’état-major, qui ajoute que l’armée sud-coréenne a renforcé son dispositif d’alerte et « partage étroitement avec les États-Unis et le Japon les informations relatives au missile balistique nord-coréen ». Le ministère japonais de la Défense a également déclaré que la Corée du Nord avait lancé « ce qui semble être un missile balistique ».

Washington et Séoul augmentent la pression

Cet essai intervient également alors que Séoul et Washington ont averti que toute attaque nucléaire contre les États-Unis ou la Corée du Sud entraînerait la fin du régime nord-coréen. Les deux alliés ont participé vendredi à la deuxième session du Groupe consultatif nucléaire à Washington, axée sur la dissuasion nucléaire en cas de conflit avec le Nord.

Un porte-parole du ministère nord-coréen de la Défense a dénoncé un projet des deux pays d’ajouter en 2024 un exercice nucléaire à leurs exercices militaires conjoints annuels, en menaçant d’une « contre-attaque préventive et mortelle »« Il s’agit d’une déclaration ouverte sur la confrontation nucléaire visant à faire de l’utilisation d’armes nucléaires contre la RPDC [nom officiel de la Corée du Nord] un fait accompli », a déclaré le ministère dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle nord-coréenne.

L’année dernière, la Corée du Nord avait annoncé une nouvelle doctrine rendant « irréversible » son statut de puissance nucléaire, et l’autorisant à mener une frappe atomique préventive en cas de menace existentielle contre son régime. En septembre dernier, son statut d’État nucléaire a en outre été inscrit dans sa Constitution. En novembre, la Corée du Nord a réussi à mettre en orbite un satellite d’espionnage militaire, capable, selon elle, de lui fournir des images de sites militaires américains et sud-coréens.

Article rédigé par franceinfo avec AFP, France Télévisions, publié le 17/12/2023 à 16h13, mis à jour le 17/12/2023 à 18h09

Photo en titre : Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, à Pyongyang, le 4 décembre 2023. (KCNA VIA KNS / AFP)

https://www.francetvinfo.fr/monde/coree-du-nord/la-coree-du-nord-a-tire-au-moins-un-missile-balistique-en-direction-de-la-mer-de-l-est-selon-la-coree-du-sud_6250149.html

L’ARMÉE DE L’AIR AMÉRICAINE DÉPLOIE UN AUTRE AVION RENIFLEUR NUCLÉAIRE

WASHINGTON/SÉOUL, 18 déc. (Yonhap) — L’armée de l’air américaine a déclaré ce dimanche (heure locale) avoir déployé un avion utilisé pour la collecte de particules de l’atmosphère afin de détecter et d’identifier des explosions nucléaires, alors que les autorités du renseignement estiment que la Corée du Nord pourrait effectuer un essai nucléaire à tout moment.

La base aérienne d’Offutt, située dans le Nebraska, a déclaré sur son site Internet que le troisième et le dernier avion WX-135R Constant Phoenix a été livré au 45ème escadron de reconnaissance du 55ème bataillon le 4 décembre. Sa livraison marque la fin de la transition de l’armée de l’air de l’ancienne flotte WC-135W à deux appareils à la flotte WC-135R à trois avions, qui avait commencé en 2019.

La mission de l’avion de soutenir les missions nationales de collecte d’informations atmosphériques à l’échelle mondiale est menée par le 45ème escadron de reconnaissance du 55ème bataillon et le 21ème escadron de surveillance du Centre d’application technique de l’armée de l’air (AFTAC) des États-Unis. « C’est un jour historique pour le 55ème bataillon et pour nos précieux coéquipiers de l’AFTAC », a indiqué le colonel Mark Howard, commandant du bataillon.

« Cette mission inimitable d’échantillonnage nucléaire mobile aéroporté nécessite une coopération étendue entre nos deux organisations, et les aviateurs le font jour après jour », a dit le colonel James Finlayson, commandant de l’AFTAC. Le premier WC-135R était arrivé en juillet 2022 et le deuxième en mai dernier. Avec l’arrivée du troisième, les unités bénéficieront d’une plus grande flexibilité qu’auparavant.

« Avoir le troisième jet nous donne beaucoup d’options », a dit Howard. « Nous sommes non seulement capables de répondre aux appels des commandants de combat à tout moment, mais nous pouvons également fournir un entraînement crucial à domicile et donner au 45ème escadron de reconnaissance un grand équilibre sur le plan opérationnel », a-t-il ajouté.

Par Kim Kun-hee (), publié le 18 décembre 2023

Photo en titre:  WC-135R© (Fournie par Agence de presse Yonhap)

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/l-arm%C3%A9e-de-l-air-am%C3%A9ricaine-d%C3%A9ploie-un-autre-avion-renifleur-nucl%C3%A9aire/ar-AA1lEuqq

UN SOUS-MARIN NUCLÉAIRE ARRIVÉ EN CORÉE DU SUD

Dans le cadre d’un plan visant à renforcer la coopération avec les États-Unis dans le domaine maritime, selon la marine sud-coréenne, un sous-marin nucléaire américain de classe Virginia est arrivé en Corée du Sud.

La marine sud-coréenne a déclaré dans un communiqué que le sous-marin USS Missouri était arrivé dans la ville de Busan, au sud-est de la capitale Séoul, a rapporté dimanche l’agence Yonhap.

Et d’ajouter que l’arrivée du sous-marin s’inscrit dans le cadre d’un plan visant à renforcer la coopération avec les États-Unis d’Amérique dans le domaine maritime.

Il y a quelques jours, le conseiller adjoint à la sécurité nationale sud-coréenne, Kim Tae-hyo, a fait savoir que la Corée du Nord pourrait tester un missile balistique intercontinental en décembre.

*Traduit de l’arabe par Malèk Jomni

Par Dilara Karatas, Beraa Göktürk, publié le 1è décembre 2023

https://www.aa.com.tr/fr/monde/un-sous-marin-nucl%C3%A9aire-am%C3%A9ricain-arrive-en-cor%C3%A9e-du-sud/3084871

EN FRANCE, 1,76 MILLION DE M3 DE DÉCHETS RADIOACTIFS À GÉRER, ET D’AUTRES À VENIR

Paris (AFP) – La France, champion du nucléaire civil aux ambitions renouvelées, compte à ce jour 1,76 million de m3 de déchets radioactifs à gérer, un stock amené à croître mais que les pouvoirs publics se disent en capacité de gérer.

Quelque 220.000 m3 supplémentaires ont rejoint le stock de déchets en cinq ans, soit 14% de plus, selon cet inventaire quinquennal à fin 2021 publié mardi par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

C’est « une augmentation courante », liée à l’activité du secteur, estime Philippe Loreaux, chargé de l’inventaire au sein de l’Andra. Sur fond de relance du nucléaire, mais aussi de démantèlement attendu de réacteurs en fin de vie, ce volume « va augmenter encore », a-t-il relevé, assurant que « le système est résilient » pour le prendre en charge.

Quelque 90% du volume – gravats, poutres, vêtements… – est composé de déchets de très faible activité ou de faible et moyenne activité à vie courte (inférieure à 30 ans, avec surveillance pendant 300 ans).

Le reste comprend des déchets de faible et moyenne activité à vie longue, et enfin, à ce jour, 4.320 m3 à haute activité.

Ces derniers forment la quasi-totalité (97,2%) de la radioactivité recensée, avec des niveaux à plusieurs milliards de becquerels par gramme. Ils proviennent de la production électrique nucléaire (à plus de 90%), et dans une moindre mesure de la recherche associée et de la défense.

Radioactifs jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’années, ils doivent être enfouis dans un site souterrain profond en préparation dans la Meuse (projet Cigéo), sujet de vives contestations.

Et demain ?

Cependant, ces volumes n’incluent pas à ce jour ce que la France considère comme des « matières » et non comme des « déchets » : en l’occurrence les éléments de combustibles usés qui pourraient être un jour réutilisés dans de potentiels réacteurs de « 4ème génération » si ceux-ci devaient être mis au point.

Selon l’Andra, les combustibles usés en attente de retraitement et l’uranium recyclé issu du retraitement des combustibles usés représentent plusieurs dizaines de milliers de tonnes.

Qu’en sera-t-il demain ? Continueront-ils à être des « matières » ? ou viendront-ils rejoindre les déchets si la France abandonne l’idée du recyclage ?

L’Andra propose plusieurs projections.

Avec les seuls réacteurs actuels (57 en comptant l’EPR de Flamanville attendu mi-2024, et en gardant la plupart jusqu’à 60 ans), le volume des déchets à haute activité fera plus que doubler, à 11.800 m3 si la France peut in fine recycler ses combustibles. En revanche si elle doit renoncer à recycler, ce seront au total 20.000 m3 à gérer.

Si on ajoute six EPR, déjà annoncés par l’État, ce sera 16% de déchets hautement radioactifs en plus, indique l’Andra (qui en revanche ne précise pas les « matières » associées).

Enfin, allonger de dix ans la durée de vie de 12 réacteurs ce sera +2 à +5% de déchets de ce type.

Le gouvernement a dit sa volonté de « prolonger autant que possible » les réacteurs, soutient la conception de « petits réacteurs » (SMR) et Emmanuel Macron a promis lundi d’annoncer huit EPR de plus « dans les prochains mois ».

L’Andra n’inclut pas encore ces éléments dans ses projections, mais veut rassurer sur sa capacité à gérer.

« Le développement progressif de Cigéo laisse beaucoup de possibilités d’adaptation. Il n’est prévu d’y stocker les déchets de haute activité qu’à partir de 2080 ; il peut y avoir beaucoup de points de rendez-vous », indique Sébastien Crombez, directeur sûreté, environnement et stratégie de l’Andra.

Mais il n’y a « aucune preuve », nulle part, qu’un tel site « est gérable », objecte Roger Spautz, pour Greenpeace, qui préfère un dépôt à sec en sub-surface, où les déchets restent accessibles. « On produit des déchets, et on n’a pas de solution pour les gérer ! »

Les déchets les moins radioactifs, eux, sont stockés en surface dans des centres de l’Andra dans la Manche (en cours de fermeture) et l’Aube (avec des extensions prévues).

Quant aux substances de faible activité à vie longue, un projet est à l’étude, dans l’Aube encore, pour un stockage souterrain « en faible profondeur dans l’argile ». L’Autorité de sûreté (ASN) doit en valider le principe.

Restent enfin tous les déchets non inclus dans cet inventaire car gérés de façon « spécifique » : résidus de minerais d’uranium (stockés sur d’anciens sites miniers) ou encore déchets « en situation historique », comme ceux immergés en mer à une époque où cela était admis.

Par © AFP, publié le 17 décembre 2023

Photo en titre : Selon l’Andra, les combustibles usés en attente de retraitement et l’uranium recyclé issu du retraitement des combustibles usés représentent plusieurs dizaines de milliers de tonnes © AFP/Archives SÉBASTIEN BOZON

https://www.goodplanet.info/2023/12/17/en-france-176-million-de-m3-de-dechets-radioactifs-a-gerer-et-dautres-a-venir/

CONSULTATION PUBLIQUE : DONNEZ VOTRE AVIS SUR LA STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE FRANÇAISE

Le gouvernement a mis en consultation publique jusqu’au 22 décembre des orientations politiques qui constitueront le volet “énergie” de la Stratégie Française Énergie Climat (SFEC), censée permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Que contient ce document ? Comment donner votre avis ? France Nature Environnement décrypte ce document et vous fournit des éléments pour répondre à la consultation et demander une véritable transition énergétique respectueuse de l’environnement et des citoyen·nes. 

LA PPE, DE QUOI S’AGIT-IL ? 

La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe pour une période de 10 ans les choix de la France en matière de mix énergétique, d’approvisionnement, de réduction des consommations par la sobriété et l’efficacité énergétique, en cohérence avec les objectifs définis dans la loi.  C’est l’outil de pilotage de notre politique énergétique. Le projet de PPE actuellement en consultation porte sur la période 2023-2033 et sera validée par décret après l’adoption de la loi de programmation Énergie-Climat qui sera examiné début 2024. 

En savoir plus : Comment se décide la politique énergétique de la France ? 

Nous vous encourageons vivement à participer à cette consultation pour faire entendre votre avis sur notre politique énergétique ! Votre soutien est important pour l’améliorer. 

Je donne mon avis

POURQUOI FAUT-IL SE MOBILISER ? 

En quelques mots : alors que tous les scénarios de prospective (Ademe, RTE, negaWatt) incluent des mesures de sobriété, celle-ci est absente de ce document, qui, s’il pousse au maximum les curseurs de production des EnR, poursuit sa fuite en avant en actant la construction de 6 à 8 nouveaux EPR. Or les délais de construction et les financements qui sont détournés des autres solutions sont incompatibles avec l’urgence de la situation, et la transition énergétique de la France face au changement climatique ne peut reposer sur le recours irraisonné à une technologie du passé dont la gestion des déchets est pour le moins problématique… sans parler des risques de défaillance, voire d’accident.  

Mobiliser tous les gisements d’économie d’énergie (via la rénovation thermique notamment) et développer les énergies renouvelables dans le respect des objectifs de préservation de la biodiversité sont en revanche des leviers puissants pour la transition, vecteurs d’innovation, d’emplois et d’attractivité pour les territoires. Des mesures de réduction de la consommation, une programmation des financements, une évaluation des impacts environnementaux, sont indispensables pour faire de ce document une vraie stratégie permettant à la France d’enclencher sa transition. Les attentes sont fortes de voir la future Loi de programmation Énergie Climat rétablir des ambitions et mesures fortes, et surtout les moyens de les mettre en œuvre. 

COMMENT PARTICIPER À LA CONSULTATION ? 

Rendez-vous jusqu’au 22 décembre sur la page web de la consultation et déposez votre contribution à l’adresse prévue. Vous pouvez vous inspirer des arguments proposés ci-dessous mais, pour que votre avis soit comptabilisé, il est important de personnaliser votre réponse. 

Je donne mon avis 

QUE DIRE ? 

Nous vous invitons à répondre à la consultation, en reprenant comme vous le souhaitez certains des arguments suivants : 

. Bien que les objectifs soient renforcés pour la sobriété énergétique et les EnR électriques (sauf éolien terrestre) et non-électriques (nécessaires pour la production de chaleur et de carburant), l’absence de programmation de moyens financiers, de calendrier de mise en œuvre de mesures concrètes de réduction des consommations et de développement des énergies renouvelables rendra difficile l’atteinte de ces objectifs. 

. Ce manque de moyens pour réduire les consommations (via la rénovation des bâtiments par exemple, ou le report modal dans les transports) et accélérer les renouvelables est d’autant plus dangereux que le gouvernement fait peser sur la biomasse et le nucléaire la responsabilité de produire davantage d’énergie pour produire autant que nous consommons. 

. Accélération conséquente du nombre de rénovations, en rupture avec la situation actuelle, sans propositions concrètes pour le permettre. La seule révision du dispositif de soutien (MaPrimeRénov’) ne peut en aucun cas permettre ces stratégies de rupture. Pour rendre réalisables les scénarios proposés, une planification pluriannuelle des financements et du rythme de rénovations par catégorie de logement jusqu’à 2030, 2040 et 2050, en regroupant l’ensemble des dispositifs budgétaires, et en privilégiant les rénovations globales et performantes (niveau BBC réno) doit être prévue. 

. Déception encore pour le secteur des transports. En se concentrant sur l’électrification du parc automobile et la production et consommation de biocarburants pour réduire les émissions de ce secteur, le gouvernement fait fausse route. Hormis les différents impacts GES de la production de batterie et de biocarburants, les études concluent aujourd’hui qu’il sera impossible d’électrifier le parc automobile dans son volume actuel. La réponse du secteur des transports au réchauffement climatique passera nécessairement par un changement des usages avec un report modal vers des modes de transports moins émetteurs et une réduction de la demande en transports, notamment carbonés. Ces leviers essentiels n’apparaissent pas dans le document proposé et font écho à l’absence de moyens adaptés à la réduction des consommations d’énergie. 

. Pour nourrir la réflexion et éclairer les choix possibles, plusieurs organismes ont présenté en 2021 des scénarios de prospective pour atteindre la neutralité carbone (RTE, négaWatt, Ademe). Tous ces scénarios ont en commun un développement massif des énergies renouvelables. Ils démontrent aussi qu’un mix énergétique 100% renouvelable est possible techniquement et que les scénarios avec sobriété facilitent l’atteinte des objectifs climatiques, permettent de préserver les ressources naturelles et nos cadres de vie, contrairement aux scénarios “technicistes”. Pourtant, tous ces chemins possibles ont été écartés sans raison et sans débat avec les Français.es. Ce document de “PPE” reflète un choix politique sans fondement scientifique et sans évaluation des impacts environnementaux, économiques, sociétaux de ce choix.  

. L’absence flagrante d’objectif pour le déploiement des EnR d’ici 2030, noyées dans un objectif “d’énergie décarbonée”. Le nucléaire et les EnR n’ont pas le même rythme de développement : aucune des nouvelles infrastructures nucléaires ne pourra produire au mieux avant 2035, tandis que les EnR se développent chaque jour. Les agglomérer dans le même objectif masque cette réalité. De plus, la révision récente de la directive RED sur les renouvelables remonte à 42,5 % la part d’énergies renouvelables (EnR) dans la consommation de l’UE en 2030. Il faut la transposer. 

. Il est également nécessaire de prévoir une articulation de la politique énergétique avec la stratégie nationale pour la biodiversité

. Une augmentation forte des consommations d’électricité en raison de l’électrification de nombreux usages dans tous les secteurs (à rebours des prévisions établies par les précédentes PPE) afin de décarboner le mix énergétique. Mais les moyens de production pour y répondre semblent à cet horizon difficiles à mettre en place. Le photovoltaïque est largement sollicité sans que rien ne soit dit sur les surfaces artificialisées ou non qui seront nécessaires, les moyens pour permettre la priorisation aux surfaces bâties et artificialisées. L’objectif concernant l’éolien terrestre n’est pas assez ambitieux. C’est pourtant le seul moyen de production d’électricité de grande puissance que l’on peut développer d’ici 2030. 

. Une stratégie de mobilisation de la biomasse qui dépasse de 40% la disponibilité totale en 2040. Une telle projection au-delà des limites nationales laisse présager des politiques d’incitation fortes, comme celles déjà observées et qui créent dans le secteur forêt-bois des distorsions de marché incitant à la combustion de bois valorisables en matériau, ainsi qu’à la récolte par coupe rase et l’export des menus bois et des souches normalement abandonnés au sol pour en assurer la fertilité et favoriser la biodiversité. La conclusion qui doit s’imposer au gouvernement n’est pas la mobilisation d’une ressource au-delà de sa disponibilité, mais l’accélération des efforts de sobriété. 

. Une large place est offerte au nucléaire (prolongation des vieilles centrales, nouveaux EPR, SMR), présenté comme une énergie de transition pour faire face au changement climatique et garantir l’indépendance énergétique de la nation. Trop lent à développer par rapport aux enjeux climatiques, trop cher (dérive des coûts de l’EPR de Flamanville, coût de Cigéo…), trop dangereux (vieillissement des réacteurs, sous-traitance, perte de compétences, défaut de fabrication, …), absence de solutions pérennes de gestion des déchets, sensibilité forte aux aléas climatiques et crises diverses, importations dans un contexte géopolitique fragilisé, cible potentielle en temps de guerre, terrorisme… Les arguments pour ne pas réengager la France dans le nucléaire sont nombreux.

Par France Nature Environnement, publié le 16/12/2023

https://fne.asso.fr/actualites/consultation-publique-donnez-votre-avis-sur-la-strategie-energetique-francaise

UNE ATTAQUE NUCLÉAIRE DE PYONGYANG METTRAIT « FIN » AU RÉGIME, AVERTIT WASHINGTON

(Washington) « Toute attaque nucléaire » de Pyongyang sur les États-Unis ou leurs alliés provoquerait la « fin du régime de Kim » Jong-un, le dirigeant nord-coréen, a de nouveau averti Washington samedi, dans un contexte de fortes tensions dans la péninsule coréenne.

Les États-Unis ont réaffirmé leur « engagement inébranlable » auprès de Séoul, en s’appuyant sur « l’ensemble des capacités américaines, y compris nucléaires » pour exercer une force de « dissuasion », a déclaré la Maison-Blanche dans un communiqué.  

« Toute attaque nucléaire de la Corée du Nord contre les États-Unis ou leurs alliés serait inacceptable et entraînera la fin du régime de Kim » Jong-un, a-t-elle ajouté, à l’issue d’une réunion entre responsables américains et sud-coréens, promettant une « réponse rapide, écrasante et résolue ».

En avril, le président américain Joe Biden et son homologue sud-coréen Yoon Suk Yeol, alors en visite à Washington, avaient déjà mis en garde Pyongyang contre une « réponse nucléaire » et la « fin » du régime si ce dernier utilisait son propre arsenal.

La Corée du Sud, alliée des États-Unis et du Japon sur ce dossier, a encore averti mercredi la Corée du Nord qu’elle subirait des « destructions effroyables » si elle s’engageait dans des actions « imprudentes » dans la péninsule coréenne.

Séoul, Tokyo et Washington ont annoncé la semaine dernière de « nouvelles initiatives trilatérales » pour contrer Pyongyang, notamment une opération de partage de données en temps réel sur les tirs de missiles nord-coréens.

De son côté, la Corée du Nord a mis en orbite son premier satellite-espion le mois dernier, après avoir menacé les États-Unis et la Corée du Sud d’être « au bord d’une guerre nucléaire » dans la péninsule.

La Corée du Nord a inscrit en septembre son statut d’État nucléaire dans la Constitution.

En novembre, Washington et Séoul ont révisé, pour la première fois en une décennie, leur accord militaire stratégique de 2013 pour permettre notamment à ces deux alliés de « dissuader et de répondre plus efficacement au développement des capacités nucléaires » de Pyongyang.

Par Agence France Presse, publié le 16 décembre 2023 à 11h44

Photo en titre : Photo archives agence Kcna/agence France-Presse : le leader nord-coréen Kim Jong-un

https://www.lapresse.ca/international/asie-et-oceanie/2023-12-16/une-attaque-nucleaire-de-pyongyang-mettrait-fin-au-regime-avertit-washington.php

LE PLUS GRAND GISEMENT D’HYDROGÈNE DU MONDE VIENT D’ÊTRE DÉCOUVERT EN FRANCE

Dans les souterrains du bassin minier du puits Folschviller (Moselle), une réserve titanesque d’hydrogène blanc a été dénichée. La plus grande jamais découverte jusqu’à aujourd’hui.

Il y a quatre ans, ce bassin était l’objet de recherches approfondies menées par l’Université de Lorraine, le CNRS et l’entreprise la Française de l’Énergie (FDE). Ce programme de forage était exécuté, à la base, pour étudier la présence de méthane dans les sous-sols lorrains. Le projet de recherche en question, Regalor (REssources GAzières de LORraine) n’était absolument pas destiné à trouver de l’hydrogène souterrain. Celui-ci, dans un contexte de raréfaction des carburants fossiles, est considéré à de nombreux égards comme le pétrole de demain.

Cet or blanc avait déjà été découvert à Folschviller à la fin de l’année 2022, mais seulement en petites quantités et à faible distance de la surface (600 mètres). En allant plus en profondeur, c’est une réserve de plusieurs centaines de millions de tonnes qui a été découverte par les équipes il y a quelques semaines ! Ce qui correspond à la moitié de la production totale d’hydrogène à l’échelle mondiale, tout simplement stupéfiant.

Une découverte plus qu’inattendue

C’est donc à 3 000 mètres de profondeur que ce gigantesque gisement a été capté grâce à une sonde d’une conception toute particulière. Laurent Favre, Directeur Génral de Plastic Omnium a expliqué au micro de BFM Business : « l’hydrogène blanc, c’est l’hydrogène naturel, natif. Contrairement à l’hydrogène vert ou gris qu’on produit et qui est l’hydrogène utilisé en grande quantité aujourd’hui, le blanc est quelque part sur la planète et il y en a beaucoup de disponible. Il est utilisable tel quel, c’est peut-être le pétrole de demain ».

Il y a 30 ans, une telle découverte serait probablement inaperçue. Avec les enjeux climatiques actuels, c’est une tout autre histoire. L’intérêt pour ce gaz comme substitut au pétrole est réel et ses applications potentielles sont déjà à l’étude. Batteries de voitures, ou même aviation civile.

L’hydrogène et son spectre large

Actuellement, l’hydrogène, lorsqu’il est produit et non capté, émet environ 1 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. On distingue, parmi ces différentes formes :

  • L’hydrogène bleu, produit avec captage du CO2.
  • L’hydrogène gris, produit grâce au méthane.
  • L’hydrogène vert, généré par électrolyse de l’eau. Celui-ci est coûteux et en quantité limité.

D’où l’immense intérêt de l’hydrogène blanc ou doré, qui naît des nombreuses interactions entre les eaux souterraines et les minéraux riches en fer. Des processus difficilement prévisibles dans lesquelles les conditions parfaites doivent être réunis pour que cet hydrogène naturel se forme et puisse être exploité.

L’hydrogène blanc, futur sauveur de l’humanité ? © Rafael Classen / Pexels

Perspectives globales

Jacques Pironon travaille au laboratoire GéoRessources de l’Université de Lorraine. Selon ses estimations relayées par la BBC, la quantité d’hydrogène blanc contenue sous le sol de Folschviller serait estimée à 250 millions de tonnes ! Plus on descend en profondeur, plus il y a d’hydrogène présent. Pironon explique : « les minéraux ferreux souterrains ont la faculté de séparer l’oxygène de l’hydrogène dans les molécules d’eau en l’absorbant. Dans les couches géologiques très profondes, il n’y a plus d’oxygène du tout. Nous avons alors de fortes chances de trouver de l’hydrogène  ». Cependant, cela ne signifie pas que tout pourra être exploitable, loin de là.

À la suite d’un échange téléphonique, M. Pironon nous a fait part des particularités de ce bassin minier : « c’est une zone hétérogène, en raison des mouvements tectoniques très anciens qu’elle a subis. Tester le terrain de manière latérale nous permettra d’évaluer cette hétérogénéité, tandis que les tests verticaux permettront de juger le profil du bassin et la variation de la quantité d’hydrogène selon la profondeur ». Pour l’instant, ce n’est qu’une phase d’exploration. Il faudra donc attendre des financements de l’État et de la région pour permettre un réel forage jusqu’à 3 000 mètres.

« Les estimations des quantités sont des mesures effectives calculées selon un indice précis. Celles-ci correspondent au taux de dissolution moyen de l’hydrogène dans l’eau du bassin carbonifère lorrain à 1 250 mètres de profondeur, située à 17 % » rajoute M. Pironon.

D’autres nombreux dépôts existent sur la planète, notamment aux États-Unis, en Australie, en Russie ou à Bourakébougou au Mali. Toutefois, ce gisement français est bien plus important que ceux que l’on connaît déjà. L’US Geological Survey (USGS) estime l’existence de milliers, voire de milliards de mégatonnes d’hydrogène à découvrir sur Terre, bien que la majorité soit probablement inaccessible. Geoffrey Ellis, géochimiste pour l’USGS, exprime parfaitement cette réalité : « c‘est le scénario à l’échelle mondiale : la plupart de ces ressources resteront hors de portée, enfouies trop profondément, situées trop loin en mer, ou regroupées en quantités bien trop minimes pour que leur extraction soit économiquement viable ».

Réservons-nous le droit d’être fiers de nos scientifiques et de cette fantastique découverte, qui placera certainement la France à la tête de la future Ruée vers l’Or Blanc. Dans l’idéal, il faudrait que l’Europe continue ses efforts, et poursuive ses investissements dans les projets dirigés vers l’hydrogène. Elle reste actuellement le premier continent au monde, avec 35 % des investissements globaux.

Sources : BBC, Reporterre

Par Camille Coirault, publié le 13 décembre 2023 à 17h08

Photo en titre : Une découverte plus que sensationnelle pour le CNRS. © Scharfsinn / Shutterstock

https://www.clubic.com/actualite-512272-le-plus-grand-gisement-d-hydrogene-du-monde-vient-d-etre-decouvert-en-france.html

EDF A POSÉ SON DÔME DE 245 TONNES POUR LA CENTRALE NUCLÉAIRE HINKLEY POINT C AU ROYAUME-UNI

EDF a installé le 15 décembre le dôme de 245 tonnes qui protègera le premier des deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération (EPR) de la centrale Hinkley Point C.

Situé dans le sud-ouest de l’Angleterre, le projet accuse deux ans de retard et a vu son budget doubler depuis son lancement.

Le gouvernement britannique a convenu en 2013 d’un prix garanti à 92,50 livres (108 euros) par mégawattheure (MWh) d’électricité produite par sa centrale nucléaire Hinkley Point C pendant 35 ans. Suite aux chocs mondiaux, celui-ci a finalement grimpé à 128 de livres (149 euros) par MWh – pour un prix de marché de 140 livres (163 euros) par MWh.

Il a fallu une heure à « Big Carl », la plus grande grue du monde, pour soulever et installer le dôme d’acier de 245 tonnes sur le bâtiment haut de 44 mètres du réacteur. Le toit du bâtiment qui abritera le premier des deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération (EPR) de la centrale Hinkley Point C, dans le sud-ouest de l’Angleterre, a été posé, vendredi 15 décembre. Prochaine étape pour le chantier britannique du constructeur EDF : installation des équipements, des tuyaux et des câbles, dont le premier réacteur, déjà sur le site et prêt à être installé l’année prochaine.

Sur le chantier de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche), les ingénieurs d’EDF avaient choisi de construire le toit directement sur la structure, en extérieur. Or, les ingénieurs du chantier Outre-Manche ont changé de braquet, estimant que la soudure à l’extérieur, avec une exposition au vent et la pluie, compromettait le respect des normes requises du chantier. Le dôme de 47 mètres de diamètre a donc été construit ex situ dans un atelier temporaire afin de réaliser les 900 mètres de soudure. Les travaux, démarrés en mars 2017, mobilisent actuellement 10 000 personnes, constituant le plus grand chantier européen.

Centrale nucléaire en retard et hors budget

Hinkley Point C est également la centrale électrique la plus chère du monde : son coût s’est envolé à 33 milliards de livres sterling (38 milliards d’euros) – contre 19,5 milliards de livres (23 milliards d’euros) au démarrage du chantier en 2017. Le démarrage des réacteurs nucléaires est également en retard : EDF espère le lancement de la production de l’électricité en juin 2027, alors que le chantier devait initialement s’achever à la fin de l’année 2025.

Ces deux ans de retard semblent encore relatifs aux douze ans de retard de l’EPR EDF d’Olkiluoto (Finlande), qui a démarré la production en mars 2022. En France, EDF est également embourbé dans un retard de douze ans pour sa centrale EPR de Flamanville (Manche) : EDF a annoncé à demi-mot, fin septembre, que la centrale devrait charger son combustible au premier trimestre 2024, soit douze ans après la date initialement prévue. Estimé à 3,3 milliards d’euros en 2006, le coût du projet normand pourrait désormais atteindre 19 milliards selon la Cour des comptes. C’est toujours moitié moins qu’au Royaume-Uni.

Par Guilhem Bernes, publié le 15 décembre 2023 à 18h30

Photo en titre : © EDF

https://www.usinenouvelle.com/article/edf-a-pose-son-dome-de-245-tonnes-pour-la-centrale-nucleaire-hinkley-point-c-au-royaume-uni.N2205117

NDLR: Concernant le doublement du prix, il serait intéressant de savoir qui va payer la différence par rapport au prix prévu initialement. EDF? Le client? Un peu les 2 et dans quelles proportions?

LE PRIX DE L’URANIUM AU PLUS HAUT DEPUIS PRÈS DE 17 ANS

(New York) Le prix de l’uranium a atteint vendredi son plus haut niveau depuis près de 17 ans, entraîné par une offre contrainte et par une demande qui s’accélère, sur fond d’intérêt renouvelé pour l’énergie nucléaire.

AGENCE FRANCE-PRESSE Le contrat de référence sur l’oxyde d’uranium, appelé U3O8 (du nom de sa formule chimique) et qui, une fois enrichi, sert de combustible nucléaire, est monté jusqu’à 85,75 dollars la livre (environ 450 grammes), une première depuis janvier 2007.

Cette escalade des cours est le résultat d’une conjonction de facteurs, notamment le rebond de la demande, lié à la transition énergétique, mais aussi aux craintes relatives à l’approvisionnement en pétrole et en gaz consécutif à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

France, Belgique, Royaume-Uni ou Roumanie ont récemment autorisé la prolongation de l’exploitation de plusieurs centrales existantes.

Le régulateur californien des services aux collectivités (CPUC) a validé jeudi l’extension de cinq ans de la durée de vie des deux réacteurs de Diablo Canyon, situés au nord-ouest de Los Angeles et qui devaient initialement fermer en 2024 et en 2025.

De nouveaux projets ont aussi été lancés, en particulier en Chine (25 réacteurs en construction) mais aussi en Inde, en Turquie ou en Égypte.

Dans le même temps, « l’offre n’a pas vraiment suivi », explique Jonathan Hinze, président du cabinet de recherche sur l’industrie nucléaire UxC.

Il cite notamment le Kazakhstan, de très loin le premier producteur mondial d’uranium (43 % de l’offre en 2022, selon l’Association nucléaire mondiale), qui a fait face à des problèmes logistiques, en particulier une pénurie d’acide sulfurique, utilisé pour l’extraction.

Quelque 58 000 tonnes d’uranium ont été extraites en 2022 dans le monde.

Le marché s’inquiète également, selon l’analyste, du coup d’État militaire au Niger, qui a assuré 4 % de la production mondiale en 2022.

À cela s’ajoute le vote, lundi, par la Chambre des représentants américaine d’un embargo sur l’uranium russe (5 % de la production mondiale), qui a tendu un peu plus les opérateurs. Le texte doit encore être examiné au Sénat.

À l’ensemble de ces facteurs se superpose l’émergence d’acteurs financiers qui accumulent d’importantes réserves et font grimper les prix.

Le plus grand d’entre eux étant le canadien Sprott, qui contrôlait, fin juin, près de 28 000 tonnes du précieux minerai.

Pour alimenter le marché, des mines sont rouvertes dans plusieurs endroits du monde, comme dans l’Utah, aux États-Unis.

« L’extraction minière va répondre à la demande, mais ce n’est pas un processus qui aboutit du jour au lendemain. Cela prendra des années », prévient Jonathan Hinze. Dans l’immédiat, « il semble que les prix vont continuer à monter. »

Par Agence France Presse, publié le 15 décembre 2023 à 14h25

Photo en titre : Pour alimenter le marché, des mines sont rouvertes dans plusieurs endroits du monde. Photo Hugo-Sébastien Aubert, archives la presse

https://www.lapresse.ca/affaires/2023-12-15/le-prix-de-l-uranium-au-plus-haut-depuis-pres-de-17-ans.php

LES VA-T-EN-GUERRE DU PARLEMENT ORGANISENT UN HOLD-UP SUR L’ÉPARGNE POPULAIRE

Jusqu’à présent, lorsque vous versiez, chaque fois que vous le pouviez, un peu d’argent sur votre Livret A, vous pensiez protéger votre épargne de l’inflation, ne serait-ce qu’un peu, tout en aidant à financer le logement social. Si vous le versiez sur votre Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), vous pensiez contribuer, comme son nom l’indique, aux mesures de protection sociale et environnementale.

Eh bien, détrompez-vous. Le temps du civisme vertueux associant l‘intérêt personnel et l’intérêt général, c’est terminé. Voilà un service public -un de plus- qui ne va pas durer. Votre épargne socialo-humano-écologique va bientôt faire l’objet d’un cynique hold-up.

Ils sont huit députés et sénateurs, menés par Thomas Gassilloud, député Renaissance du Rhône et surtout président de la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale, à justifier ce hold-up dans une tribune parue dans les Echos (1).

Ils soutiennent un « cavalier » (un amendement-surprise, roublard et incongru), repris par le gouvernement dans son projet de loi de finances 2024, qui permettra de détourner subrepticement une partie de l’épargne populaire (livret A et LDDS) de sa destination naturelle vers les industries d’armement. Lesquelles, comme chacun sait, contribuent au développement durable et solidaire… de la mort organisée, programmée, exportée – et lucrative.

Entendons-nous bien, pour que les choses soient claires. Oui, la défense nationale est une nécessité. Un impératif indiscutable. Pas question de rester sans défense, tant civile que militaire, face aux agressions de dictateurs tels que Hitler ou Poutine. Pour défendre la liberté et la dignité humaine, parfois, il faut s’armer et prendre les armes. Même Gandhi l’a reconnu.

Mais de là à faire financer par notre épargne individuelle et populaire les énormes profits de Dassault, Lagardère, Thomson (2) et compagnie, au détriment de la solidarité nationale qui renforce la résistance du tissu citoyen aux agressions internes ou externes -comme l’atteste la résistance des Ukrainiens- il y a un pas qu’il serait indécent de franchir. C’est pourtant ce que font nos huit conspirateurs.

D’abord la défense nationale n’est pas l’affaire de huit individus, fussent-ils provisoirement désignés par le suffrage direct ou indirect. Elle n’est pas non plus l’affaire d’un seul individu, fût-il chef de l’État. La défense d’un peuple est l‘affaire du peuple tout entier. Elle est, moins qu’aucun autre, l’objet d’un « domaine réservé ». Ce qui veut dire qu’elle doit pouvoir faire, plus qu’aucun autre, l’objet, dans ses grandes orientations, ses « choix fondamentaux », de décisions prises par référendum.

Par exemple, le choix de consacrer plus de 20 % du budget de la défense nationale à entretenir et développer une force de frappe atomique et d’en augmenter le montant de près de 50 % en 7 ans (Loi de Programmation Militaire 2024-2030) aurait dû faire l’objet d’une décision du peuple entier, soumise à référendum et précédée d’un débat approfondi, éclairé par un égal accès aux médias des thèses adverses en présence.

Vous avez certes raison de dire, Messieurs et Mesdames (il y a deux sénatrices parmi les huit signataires de la tribune des Echos), que « notre sécurité est aujourd’hui menacée par les bouleversements de l’ordre international et le retour de la guerre aux portes de l’Europe ». Mais vous oubliez de dire que la France, par sa politique d’armement nucléaire, a contribué à cette tragique évolution de l’ordre, ou plutôt du désordre, international.

Le désordre actuel est le produit évident mais inavoué et inavouable de « l’ordre » nucléaire. Si la France, au lieu de tout faire pour conserver sa prétendue « dissuasion nucléaire » fondée sur la promesse d’un suicide collectif, avait poussé les autres États dotés d’armes nucléaires à négocier avec elle l’élimination planifiée et dûment contrôlée de leurs armes, comme ils y étaient tenus par l’article 6 du Traité de Non-Prolifération (TNP), Vladimir Poutine n’aurait pas pu puiser dans les siennes l’envie d’envahir l’Ukraine en menaçant de s’en servir, ni Benjamin Netanyahu l’arrogance qui l’a incité à piétiner les résolutions de l’ONU et les accords d’Oslo, à faire fi du droit humanitaire, et aujourd’hui à défier la communauté internationale en massacrant des milliers de Gazaouis pour venger les crimes du Hamas, sans pour autant parvenir à l’annihiler.

Parallèlement, les sommes faramineuses consacrées à développer ces armes « fondamentalement dangereuses, extraordinairement coûteuses, militairement inefficaces et moralement indéfendables » (comme l’a dit en 1992 le général US Lee Butler, ancien chef du Strategic Air Command) auraient pu servir à financer les vrais besoins de l’armée française, améliorer les conditions de vie du peuple français, renforcer l’aide au développement des pays du tiers monde (réduisant d’autant la pression migratoire), et mettre sur pied une réserve de résistance civique et populaire.

Mais pour cesser de marcher sur la tête, il aurait fallu que les choix stratégiques de la France soient posés, débattus et tranchés par la nation entière plutôt que concoctés par un quarteron de décideurs issus du même milieu et vivant en vase clos. Aujourd’hui, ils veulent pousser encore plus loin la spoliation démocratique en prélevant sur notre épargne, en plus de la part de nos impôts destinée aux armes nucléaires imbéciles et monstrueuses qui font de nous les complices et les victimes potentielles de crimes contre l’humanité, un impôt masqué au profit du lobby militaro-industriel.

Si leur manœuvre l’emporte, s’ils nous font les poches, les Français devront s’insurger contre cette forfaiture, par exemple en boycottant les livrets A, LDDS, et toutes les banques qui marcheront dans la combine. Sans parler des élus qui l’auront soutenue ou initiée. La tyrannie militaro-nucléaire, ça commence à bien faire.

NOTES

(1) Défense : mettons à contribution l’épargne des Français

(2) Aujourd’hui Thalès. Connu notamment pour ses téléviseurs à partir des années 1960, Thomson partage dans les années 1980 ses activités entre deux grands secteurs : l’électronique grand public et les équipements professionnels à vocation militaire. Cette dernière branche est rattachée à sa propre entité Thomson-CSF (nom issu d’une fusion réalisée en 1968) et devient en 2000 un groupe indépendant dénommé Thalès.

Maître d’œuvre de systèmes de télécommunications militaires, partenaire historique des forces armées françaises, le Groupe est à leurs côtés en permanence tant sur le territoire national que sur les théâtres d’opérations extérieurs. Partenaire majeur du programme Rafale, Thales les accompagne dans leurs grands programmes de modernisation : Scorpion pour les véhicules blindés, système de chasse aux mines MMCM, frégates multi-missions, système SCCOA pour la surveillance de l’espace aérien français, réseau de communication des théâtres d’opérations, stations sol du système de communications Syracuse, système PARADE de lutte anti-drone, parmi bien d’autres. Thales assure également la sécurité d’infrastructures critiques, en particulier du site, des personnels et des systèmes d’information et de communications du ministère des Armées. » Cf. https://www.thalesgroup.com/fr/countries/europe/thales-france

Il semblerait que tout cela rapporte « un pognon dingue« . Ce qui ne devrait pas empêcher le Groupe de se financer à bas coût avec l’épargne très modestement rémunérée du Livret de Développement Durable et Solidaire.

Par ACDN, publié le 14 décembre 2023

https://www.acdn.net/spip/spip.php?article1339&lang=fr

LES EPR VONT ENCORE COMPLIQUER LE CASSE-TÊTE DES DÉCHETS RADIOACTIFS

1,76 million de mètres cubes de déchets radioactifs ont été recensés en 2023, un chiffre amené à croître. De nombreuses incertitudes persistent sur l’avenir de leur gestion.

Mercredi 12 décembre, lors de la présentation de l’inventaire national des matières et déchets radioactifs 2023 de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), il y avait d’épais dossiers de presse reliés, un chiffre consolidé – 1,76 million de m3 de déchets radioactifs fin 2021, un volume en augmentation d’environ 220 000 m3 depuis 2018 – et surtout beaucoup de questions sur les déchets à venir.

Comme il est d’usage tous les cinq ans, cet inventaire était assorti d’un exercice de scénarios prospectifs sur le volume total de déchets « à terminaison », c’est-à-dire après l’arrêt de tous les réacteurs en service et le démantèlement de l’ensemble des installations de la filière. Quelle quantité supplémentaire de déchets radioactifs entraînerait le prolongement des réacteurs existants jusqu’à 60 ans et la construction de 6 EPR2, annoncés par le président de la République lors de son discours de Belfort en 2022 ? Et combien si l’on arrête le retraitement, comme l’a évoqué le directeur de l’Autorité de sûreté nucléaire en 2022 ?

Il est d’autant plus difficile pour l’Andra (qui est un Établissement public à caractère industriel et commercial – Épic) d’apporter des réponses que le gouvernement n’en finit plus d’élaborer la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui aurait dû être adoptée le 31 juillet dernier au plus tard mais n’a toujours pas été dévoilée. Et qu’Emmanuel Macron a déclaré lundi 11 décembre, lors d’un déplacement consacré au plan d’investissements France 2030, qu’il annoncerait le lancement de huit EPR2 supplémentaires « dans les prochains mois ».

15 000 m3 de déchets de haute activité

Or, pour ce qui est des déchets de haute activité (HA) [1 et de moyenne activité à vie longue (MA-VL) [2], les plus dangereux, le volume varie du simple au double selon le scénario envisagé. Fin 2021, 4 320 m3 de déchets HA et 39 500 m3 de déchets MA-VL étaient entreposés en France. « Ils représentent seulement 2,5 % des déchets en volume, mais plus de 99 % de la radioactivité », a précisé Philippe Loreaux, chef de service scénarios, inventaires et organisation de la connaissance à l’Andra.

À terminaison, leur volume varierait selon les scénarios :
. 11 800 m3 dans le scénario 1 (poursuite du nucléaire et du retraitement, remplacement progressif du parc actuel par des EPR2 puis par des réacteurs à neutrons rapides permettant un multi-recyclage)
. 20 100 m3 dans les scénarios 3 (poursuite du nucléaire, remplacement progressif du parc actuel par des EPR2 mais arrêt du retraitement en 2040) et 4 (non-renouvellement du parc nucléaire et arrêt du retraitement en 2040).
. 15 000 m3 de déchets HA dans un scénario 2 intermédiaire (poursuite du nucléaire et du retraitement, remplacement progressif du parc actuel par des EPR2).

À noter que ces volumes ne concernent que les installations existantes ou autorisées au 31 décembre 2021, parmi lesquels les 57 réacteurs en fonctionnement, les deux réacteurs arrêtés de Fessenheim et l’EPR de Flamanville.

Six réacteurs supplémentaires à prendre en compte

Pour comprendre ces variations, il faut prendre le temps d’explorer les 300 hectares de l’usine de retraitement de La Hague, à la pointe nord-ouest du Cotentin. C’est là que les combustibles à base d’uranium naturel (UNE) usés sont traités, pour en tirer de l’uranium de retraitement (qui peut être réutilisé comme combustible après réenrichissement) et du plutonium (qui peut aussi être réutilisé comme combustible après mélange avec de l’uranium appauvri). Ce processus produit également des déchets ultimes, vitrifiés et entreposés sur place dans l’attente d’un stockage, que l’État prévoit au centre d’enfouissement Cigéo près de Bure (Meuse).

« Mais si on ne retraite pas, c’est tout l’assemblage de combustible usé qui est considéré comme déchet, d’où un volume total supérieur », explique Sébastien Crombez, directeur de la sûreté, de l’environnement et de la stratégie de filières à l’Andra.

Lire aussi:  Enterrés à Bure, les déchets radioactifs seraient bien à l’étroit

Pour autant, la faisabilité du scénario 1 n’est pas acquise, le projet de réacteur à neutrons rapides Astrid ayant été mis en pause, notamment pour des raisons de coût. « On n’a pas d’installation en France qui sache faire [du multirecyclage], précise M. Crombez. Mais il me semble quand même qu’il y a des installations qui existent dans le monde. Et en France, on l’a déjà fait à l’échelle industrielle avec Phénix et Superphénix. »

Le centre d’enfouissement Cigéo, conçu comme débouché pour les déchets radioactifs ultra-dangereux pendant des centaines de milliers d’années, sera-t-il assez grand ? Dan Meyers/ Unsplash

La prise en compte des déchets produits par six réacteurs EPR2 supplémentaires rajoute de la complexité à l’affaire. D’après les estimations de l’Andra, les stocks de déchets HA et MA-VL pourraient augmenter de respectivement 16 % et 6 % dans le scénario 1 et 11 % et 6 % dans le scénario 2. En cas d’arrêt du retraitement (scénario 3), tous les combustibles usés de ces EPR2 seraient intégralement considérés comme déchets HA.

Derrière l’empilement de ces milliers voire dizaines de milliers de tonnes, une question s’impose : le centre d’enfouissement Cigéo, conçu comme débouché pour ces déchets radioactifs ultra-dangereux pendant des centaines de milliers d’années, sera-t-il suffisamment grand ? Oui, a assuré M. Crombez : « Le développement de Cigéo est progressif par principe, avec un début de construction aux alentours de 2030, une première mise en stockage autour de 2040 et un stockage des déchets de haute activité à partir de 2080. Ça nous laisse le temps d’intégrer des évolutions et d’ajuster le projet en fonction de la politique énergétique. Ça va changer les emprises, mais les propriétés de l’argile sont bonnes sur une large zone. » L’Andra a d’ores et déjà prévu de mettre à jour les études d’adaptabilité du projet pour tenir compte des six réacteurs avant le début de la prochaine enquête publique consacrée au projet.

Par Émilie Massemin, publié le 15 décembre 2023 à 10h02, mis à jour le 15 décembre 2023 à 16h59

Photo en titre : Centrale nucléaire du Tricastin. La France compte actuellement 57 réacteurs en fonctionnement. – Jean-Louis Zimmermann / CC BY 2.0 Deed / Flickr

https://reporterre.net/Les-EPR-vont-encore-compliquer-le-casse-tete-des-dechets-radioactifs

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NUCLÉAIRE : L’ÉTRANGE BALLET DE COMBUSTIBLE À L’EPR DE FLAMANVILLE EXPLIQUÉ EN RÉUNION D’INFORMATION

En Commission locale d’information (CLI) de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche), ce jeudi 14 décembre 2023, EDF a expliqué les raisons du renvoi, au mois d’octobre 2023, de 17 combustibles nucléaires à Romans-sur-Isère, chez le fabricant, Framatome.

Il y a maintenant presque huit semaines, deux journalistes de Ouest-France, en présence de Yannick Rousselet de Greenpeace, assistaient au départ d’un semi-remorque de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche). Le véhicule, siglé du trèfle radioactif, prenait la direction de Romans-sur-Isère (Drôme), lieu de fabrication des combustibles pour alimenter les réacteurs nucléaires. Si l’horaire ainsi que le transport de 17 combustibles interpellaient, EDF restait formel : « Il n’y a pas de sujet. »

Ce jeudi 14 décembre 2023, lors de la Commission locale d’information (CLI) de la centrale nucléaire, l’énergéticien français, par la voix du directeur du projet de l’EPR de Flamanville, Alain Morvan, est revenu sur cet épisode. D’abord en dévoilant un retour d’expérience sur Taïshan 1, cousin chinois de Fla3, où « plusieurs phénomènes ont été observés, analysés et compris » et « des solutions » ont été « identifiées » pour que Flamanville 3, autrement dit l’EPR, ne soit pas impacté par ces problématiques.

« Pourquoi vous ne nous l’avez pas expliqué plus tôt ? »

« En effet, un phénomène de corrosion a été observé sur certaines gaines à Taïshan, explique Alain Morvan. On sait par définition que le taux de fer dans l’alliage de zirconium est un élément qui définit le risque de corrosion des assemblages. Si le taux de fer est trop faible, nous avons un risque de corrosion. Pour l’EPR, nous avons donc regardé si des assemblages de combustibles pouvaient avoir eu des crayons fabriqués avec la même coulée que celle utilisée pour fabriquer les gaines de combustibles de Taïshan. Et en effet, nous avions un certain nombre de crayons concernés. » À savoir : les 17 combustibles renvoyés à Romans-sur-Isère.

En réponse, Yannick Rousselet, consultant indépendant en sûreté nucléaire et représentant de Greenpeace France dans l’assemblée, questionne le manque de communication de la part d’EDF. « Ce que vous venez de nous dire ce matin est très clair. Mais je ne comprends pas pourquoi vous ne nous l’avez pas expliqué plus tôt. Nous sommes restés dubitatifs pendant plusieurs jours », pointe-t-il.

Par Tom SAVARY, publié le 14/12/2023 à 19h11

Photo en titre : L’EPR de Flamanville (Manche) a renvoyé 17 combustibles au mois d’octobre 2023. En Commission locale d’information CLI, ce jeudi 14 décembre 2023, EDF en a expliqué les raisons. | STÉPHANE GEUFROI / ARCHIVES OUEST-FRANCE

https://www.ouest-france.fr/normandie/flamanville-50340/nucleaire-letrange-ballet-de-combustible-a-lepr-de-flamanville-explique-en-reunion-dinformation-06380510-9a8b-11ee-99a8-c8cd0c676f82

L’UE TIENT SA RÉFORME DU MARCHÉ DE L’ÉLECTRICITÉ — LE NUCLÉAIRE EXISTANT Y COMPRIS

Au bout d’un marathon nocturne de dix heures et après des mois de tractations, le Parlement européen et les 27 États membres sont parvenus jeudi matin (14 décembre) à un accord sur la réforme du marché européen de l’électricité. 

Les États membres avaient arrêté leur position le 17 octobre dernier, mettant fin à des mois de tensions entre Paris et Berlin sur les règles encadrant le financement du programme de prolongement de durée de vie des centrales nucléaires française.

La position du Parlement était, quant à elle, connue depuis le 19 juillet.

L’objectif de cette réforme proposée par la Commission européenne en mars est avant tout de juguler les hausses de prix de l’électricité en période de crise, tout en facilitant le développement de moyen de production d’électricité bas-carbone pour assurer les objectifs européens en matière climatique : 42,5 % de renouvelables dans la consommation énergétique finale et 55 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.

« Grâce à cet accord, l’Europe dispose d’un marché de l’électricité socialement équitable qui protégera mieux les citoyens, en particulier les plus vulnérables, grâce à des mesures qui garantiront des prix abordables », a commenté sur X, Nicolas González Casares (Socialistes et démocrates, S&D), négociateur principal pour le Parlement européen, au sortir des négociations.

Avant la réunion de cette nuit, plusieurs points faisaient déjà consensus, mais les plus importants restaient à négocier : contrats de soutien au développement des énergies décarbonées, mécanismes de capacité, gestion des situations de crise et protection des consommateurs vulnérables, entre autres.

Certains observateurs craignaient ainsi que la nuit ne soit pas suffisante. « Il n’est pas évident que nous arrivions à un accord [le 14 décembre] », déclarait déjà le 7 décembre M. González Casares en commission Énergie et Industrie (ITRE) du Parlement.

CfD sur le nucléaire existant

Les négociateurs se sont mis d’accord sur la possibilité de couvrir les actifs nucléaires existants par des contrats d’écarts compensatoires bi-directionnels (contracts for différence, CfD, en anglais). 

Ces contrats permettent de fixer un prix ou un couloir de prix de vente de l’électricité sur le marché européen au-dessus et en dessous desquels la différence peut être, dans le premier cas, redistribuée aux consommateurs, dans le second cas, redistribuée aux producteurs.

Une victoire pour la France, qui bataillait sur ce point depuis le début d’année. En face, le Parlement ne souhaitait pas que les actifs nucléaires existants puissent être couverts par des CfD, craignant que cela engendre une distorsion de concurrence puisqu’en cas de déclenchement d’un plancher, seule EDF profiterait de subventions publiques. 

La France a également obtenu que les CfD ne soient pas obligatoire pour soutenir financièrement les actifs existants et nouveau. Dès lors, l’accord parallèle entre EDF et le gouvernement dévoilé mi-novembre pour réguler les prix de vente du nucléaire est toujours valable. 

Pour les nouvelles capacités, d’autres régimes «similaires » peuvent être choisi, du moment qu’ils sont bi-directionnels.

En outre, le Parlement a obtenu que les niveaux de protection soient « alignés sur le coût de nouvel investissement et les revenus du marché »

Avec cette position sur les CfD, l’accord « nous donne les moyens d’assurer le financement pérenne de la transition de notre système électrique, afin de répondre au défi du triplement des renouvelables et du nucléaire affirmé à la COP28 », a déclaré la ministre de la Transition énergétique française, Agnès Pannier-Runacher. 

PPA pour tous

Bien que les CfD soient autorisés, les États membres devront « favoriser » le recours aux contrats d’achat d’électricité (power purchase agreement, PPA, en anglais).

Un PPA est un contrat conclu entre deux parties privées avec fixation de conditions de stabilité des prix d’achat d’électricité. 

Le Parlement souhaitait que les PPA soit encouragés « en particulier» pour les énergies renouvelables. Les négociateurs n’ont pas retenu cette formulation, ne mentionnant pas les énergies renouvelables.

Sur les PPA avec garanties publiques, les négociateurs se sont toutefois mis d’accord pour qu’ils soient « limit[és] » aux seuls énergies renouvelables, sans obligation d’y recourir.

Les petites et moyennes entreprises pourront également constituer des groupements d’achat en vue de conclure des PPA, comme souhaité par le Parlement. 

Protection des consommateurs contre les coupures d’électricité

En conservant sa position sur les CfD, le Conseil a dû lâcher du lest sur d’autres sujets, comme la protection des consommateurs vulnérables.

Ainsi, les États membres devront « veiller » à ce que les consommateurs vulnérables soient « pleinement protégés contre les déconnexions d’électricité », peut-on lire dans le document reprenant les éléments de l’accord trouvé en trilogue, consulté par Euractiv France. 

La protection s’étend non seulement aux clients vulnérables, mais aussi aux clients « en situation de précarité énergétique »

Pour éviter les situations de ce type, les États membres devront prendre un certain nombre de mesures, comme la promotion de l’aide dans la gestion de la consommation en signalant par exemple les pics de consommation, encourager les relevés de compteurs réguliers, etc. 

Les consommateurs auront également le droit à un compteur intelligent qui leur permettra d’adapter leur consommation d’électricité. En outre, les augmentations de prix unilatérales dans les contrats à prix fixe et à durée déterminée seront interdites. 

Mécanismes de capacité pour les centrales à charbon 

Concernant les mécanismes de capacité, qui permettent de soutenir financièrement les moyens de production mis en réserve et utilisables en cas de pointe de la demande d’électricité, les négociateurs se sont mis d’accord sur un soutien dérogatoire jusqu’en 2028 des centrales qui émettent plus de 550 grammes de CO2 par kWh produit et qui ont été mis en service avant le 4 juillet 2019. 

Autrement dit, les centrales à charbon — mais aussi à gaz — seront soutenues trois ans de plus, puisque le mécanisme de soutien courait initialement jusqu’en 2025. 

C’était un point clé de négociation pour la Pologne, soutenue notamment par la France. 

Mais « cela rend l’Europe peu crédible », puisqu’il s’agit « de nouvelles subventions aux combustibles fossiles », a tancé Michael Bloss, représentant des Verts au Parlement européen lors des négociations.

Pour l’ONG CAN Europe, il s’agit « d’une bouée de sauvetage aux États membres qui n’ont pas réussi à diversifier leurs bouquets énergétiques et qui dépendent toujours de la capacité fournie par des centrales électriques au charbon non rentable ». En outre, « cela va à l’encontre de l’objectif de décentralisation de la production d’énergie »

Les négociateurs se sont toutefois mis d’accord sur une clause de revoyure. Six mois après l’entrée en vigueur de la réforme, la Commission devra soumettre au Parlement et au Conseil un rapport détaillé évaluant « les possibilités de rationalisation et de simplification du processus d’application d’un mécanisme de capacité »

Si le rapport est concluant, l’Agence des régulateurs de l’énergie européens (ACER) devra définir la méthodologie de maintien des conditions d’un mécanisme de capacité et la Commission devra présenter des propositions en vue de « simplifier le processus d’évaluation des mécanismes de capacité »

Situation de crise 

Les négociateurs avaient également des divergences de vues sur la protection des consommateurs en cas de situation de crise des prix de l’électricité. 

L’accord prévoit finalement que les États membres seront chargés de déclarer une situation de crise sur proposition de la Commission.

Plusieurs conditions ont été retenues pour déclencher une situation de crise : 

  • que le prix moyen sur le marché de gros atteignent un niveau 2,5 fois supérieur à la moyenne sur les 5 dernières années ;
  • que les prix de détail de l’électricité augmentent de 70 % pendant au moins trois mois — le Parlement proposait que l’augmentation prise en compte soit de 60 % par rapport à la moyenne de prix des deux années précédentes.

De plus, les États membres auront le droit de fournir des aides financières pour les coûts supplémentaires de l’électricité des consommateurs industriels, précise l’accord. 

Le mécanisme de captation des rentes des producteurs d’électricité dite « inframarginale » mis en place l’année dernière pour réduire l’impact de la crise ne semble pas avoir été retenu comme une option viable à long terme. 

Les co-législateurs accèdent ainsi à la demande de plusieurs fédérations représentant les acteurs de l’énergie qui, dans une lettre destinée aux négociateurs, ont demandé de ne pas prolonger le mécanisme. 

« La mesure constitue un obstacle aux investissements dans les sources d’énergie propre », ont-elles écrit.

D’autres points ont été actés, comme les règles sur le partage d’énergie, les appels d’offre, tandis que certaines restent à l’étude, comme les moyens d’améliorer et d’évaluer la flexibilité du réseau électrique européen.

Plusieurs discussions « techniques » auront lieu dans les prochaines semaines.

Par : Paul Messad | Euractiv France, Édité par Frédéric Simon, publié le 14 décembre 2023 à 9h04)

Photo en titre : De gauche à droite : Teresa Ribera (troisième vice-première ministre et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, Espagne) et Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique, France), le 28 mars 2023 à Bruxelles. [Union européenne, 2023]

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/lue-tient-sa-reforme-du-marche-de-lelectricite-le-nucleaire-existant-y-compris/

L’UE RÉFORME SON MARCHÉ DE L’ÉLECTRICITÉ POUR DOPER LES ÉNERGIES DÉCARBONÉES

L’UE s’est entendue jeudi pour réformer son marché de l’électricité, en vue de stabiliser les factures des consommateurs mais aussi de doper les investissements dans les énergies décarbonées, renouvelables comme nucléaire –texte-clé pour accélérer sa transition et préserver sa compétitivité industrielle.

L’accord, conclu entre États membres et eurodéputés après une nuit d’ultimes pourparlers, « nous aidera à réduire encore davantage notre dépendance au gaz russe« , à « stabiliser les marchés à long terme » et permettra « d’offrir une électricité plus abordable« , a résumé la ministre espagnole de l’Énergie Teresa Ribera, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE.

Après l’envolée des prix de l’électricité l’an dernier, cette réforme entend notamment faire baisser les factures des ménages et entreprises grâce à des contrats de long terme –à prix décidé par avance– permettant de lisser sur la durée l’impact de la volatilité des cours du gaz.

Dans ce cadre, les États pourront choisir de favoriser « exclusivement » les contrats pour de l’électricité issue de nouvelles centrales de renouvelables.

Surtout, le texte –qui doit encore être formellement entériné par les États et le Parlement– offrira davantage de prévisibilité aux investisseurs grâce au recours à des « contrats pour la différence » (CFD) à prix garanti par l’État pour tout soutien public à des investissements dans la production d’électricité décarbonée (renouvelables ou nucléaire).

Dans ce mécanisme, si le cours du marché de gros est supérieur au prix fixé, le producteur d’électricité doit reverser les revenus supplémentaires engrangés à l’État, qui peut les redistribuer aux consommateurs. Si le cours est en-deçà, l’État lui verse une compensation.

Satisfecit français

Les CFD s’appliqueront pour les financements publics dans de nouvelles centrales — mais aussi sous conditions aux investissements destinés à prolonger l’existence des centrales nucléaires existantes, selon l’accord, qui laisse la porte ouverte à des mécanismes équivalents « ayant les mêmes effets« .

C’est ce point qui suscitait le plus de crispations, entre les États comme au Parlement européen, très divisés sur l’extension du mécanisme au nucléaire existant.

L’Allemagne s’y était opposée farouchement, redoutant la concurrence d’une électricité française rendue plus compétitive grâce à un soutien public massif, tandis que la France voit dans les CFD un outil incontournable pour soutenir à l’avenir la réfection de son parc nucléaire vieillissant et réguler les prix.

Paris avait réussi à faire valoir ses positions face à Berlin fin octobre lors de l’adoption de la position commune des États, mais les eurodéputés, eux, défendaient un encadrement drastique et une couverture limitée des CFD sur le nucléaire existant.

L’accord final « offre la possibilité de prix stables et représentatifs des coûts (de la production), et nous donne les moyens d’assurer le financement pérenne de la transformation de notre système électrique » en dopant à la fois renouvelables et atome civil, a affirmé la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

« Socialement juste »

Pour la redistribution des recettes tirées des CFD, autre pomme de discorde, l’accord « offre une flexibilité » aux États.

Ils pourront choisir de les redistribuer aux consommateurs finaux (entreprises, ménages), mais aussi de financer des investissements dans le secteur ou des régimes de soutien allégeant les factures –et conforter la compétitivité des industriels, plombés par l’inflation des cours de l’énergie.

Le texte prévoit par ailleurs, en cas de nouvelle envolée durable des prix, le déclenchement d’une situation de crise au niveau européen permettant aux États d’adopter des mesures de type bouclier tarifaire pour protéger ménages vulnérables et entreprises.

Le Conseil européen (qui réunit les États) aura le pouvoir de décréter une telle crise « sur proposition de la Commission européenne« , mais les mesures adoptées nationalement devront éviter « toutes distorsions ou fragmentation indue » du marché commun.

Autre sujet épineux : les « mécanismes de capacité » qui permettent aux États de rémunérer les capacités inutilisées des centrales pour garantir leur maintien en activité et éviter des pénuries futures d’électricité.

Plusieurs pays souhaitaient être exemptés des contraintes écologiques prévues (limites d’émissions CO2), notamment la Pologne désireuse d’appliquer l’outil à ses centrales à charbon. In fine « une dérogation exceptionnelle » pour ces centrales polluantes sera possible, mais temporairement et sous contrôle de Bruxelles.

Enfin, le texte renforce la protection des « consommateurs vulnérables en situation de précarité énergétique« , menacés de coupures de courant.

« L’Europe disposera d’un marché de l’électricité socialement juste« , s’est félicité l’eurodéputé socialiste Nicolas Gonzalez Casares, rapporteur du texte.

Par AFP publié le 14/12/2023 à 09h42

Photo en titre : Un parc éolien au large d’Aberdeen, le 29 avril 2022 dans le nord-est de l’Ecosse (AFP / Andy Buchanan)

https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/l-ue-reforme-son-marche-de-l-electricite-pour-doper-les-energies-decarbonees-df3d085fe3b6bd661448ed03c59708f3

RÉFORME DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE EN FRANCE : LE PROJET DE LOI DÉBATTU AU SÉNAT À PARTIR DU 7 FÉVRIER

Le projet de loi visant à réorganiser la gouvernance de la sûreté nucléaire dans une nouvelle entité sera débattu à partir du 7 février au Sénat, selon l’ordre du jour de la chambre haute du Parlement dévoilé mercredi.

La Conférence des Présidents du Sénat a fixé, à la demande du gouvernement, l’agenda parlementaire de ce texte controversé pour la rentrée de début 2024, avec un examen en séance publique à partir du 7 février, et un vote final prévu le 13 février à 14h30.

Ce projet de loi « relatif à l’organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire« , vise à fusionner deux entités, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) – l’expert technique du nucléaire – et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) – le gendarme des centrales.

Le projet de loi du gouvernement, qui doit être présenté en Conseil des ministres le 20 décembre, suscite des critiques notamment de l’intersyndicale de l’IRSN, qui a déjà lancé un appel à manifester auprès de ses salariés pour cette date. Elle craint que cette fusion soit source de « désorganisation« .

La réforme avait initialement été introduite par le gouvernement par voie d’amendement au printemps, mais avait alors été rejetée au Parlement.

Par AFP, publié le 13 décembre 2023 à 21h15

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/reforme-de-la-surete-nucleaire-en-france-le-projet-de-loi-debattu-au-senat-partir-du-7-fevrier-231213

LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS AMÉRICAINE ADOPTE UN PROJET DE LOI INTERDISANT LES IMPORTATIONS D’URANIUM EN PROVENANCE DE RUSSIE

La Chambre des représentants des États-Unis a adopté lundi un projet de loi interdisant les importations d’uranium russe, afin d’accroître la pression sur Moscou pour sa guerre contre l’Ukraine, bien que la mesure prévoie des dérogations en cas de problèmes d’approvisionnement pour les réacteurs nationaux.

Le projet de loi doit passer devant le Sénat et être signé par le président Joe Biden avant d’entrer en vigueur. Il n’est pas certain que le Sénat dispose d’assez de temps pour le voter cette année.

Le projet de loi a été adopté par un vote vocal à la Chambre des représentants, qui a suspendu les règles habituelles de vote sur la mesure.

« Les risques de continuer à dépendre de la Russie pour nos combustibles nucléaires sont tout simplement trop importants« , a déclaré Cathy McMorris Rodgers avant le vote. Cela affaiblit l’infrastructure américaine de combustible nucléaire, qui s’est considérablement dégradée en raison de la dépendance à l’égard de ces combustibles bon marché.

Les États-Unis ont interdit les importations de pétrole russe après l’invasion de l’Ukraine l’année dernière et ont imposé un plafond de prix avec d’autres pays occidentaux sur les exportations maritimes de son brut et de ses produits pétroliers, mais ils n’ont pas interdit les importations de son uranium.

Les centrales nucléaires américaines ont importé environ 12 % de leur uranium de Russie en 2022, contre 27 % du Canada et 25 % du Kazakhstan, selon l’Administration américaine d’information sur l’énergie. Les États-Unis étaient la source d’environ 5 % de l’uranium utilisé au niveau national cette année-là, selon l’EIA.

Le projet de loi de la Chambre des représentants contient des dérogations autorisant l’importation d’uranium faiblement enrichi en provenance de Russie si le secrétaire américain à l’énergie détermine qu’il n’existe pas d’autre source disponible pour l’exploitation d’un réacteur nucléaire ou d’une société américaine d’énergie nucléaire, ou si les expéditions sont dans l’intérêt national.

Traduit par Zonebourse, publié le 12 décembre 2023 à OOh18, © Reuters – 2023

https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/La-Chambre-des-representants-americaine-adopte-un-projet-de-loi-interdisant-les-importations-d-ura-45545467/

NDLR: La France devrait bien en faire autant!

COP28 : FACE À LA RÉALITE SCIENTIFIQUE, LES ÉNERGIES FOSSILES POINTÉES DU DOIGT, MAIS DES ZONES D’OMBRE PERSISTANTES

Après un jour de retard, la COP 28 vient de s’achever à Dubaï. Le Bilan Mondial devait être un moyen de corriger la trajectoire, mais malgré un signal politique sur les énergies fossiles, le manque de moyens s’ajoute à des paris technologiques dangereux, qui nous éloignent d’une sortie rapide, juste et équitable des énergies fossiles.

L’éléphant dans la pièce a été nommé mais il siège toujours !

La société civile du monde entier, a réussi, grâce à son pouvoir collectif, lors de la COP28 à Dubaï, à mettre l’accent sur la fin des énergies fossiles, qui doit s’accompagner d’une transition juste, rapide et financée. Nos mobilisations tout au long de l’année et dans les couloirs de la COP28 ont abouti à ce que les pays s’entendent sur la transition hors des combustibles fossiles. Toutefois, cette voie hors des combustibles fossiles sera compromise dès le départ car, une fois de plus, il n’y a pas d’accord sur la manière dont cette transition énergétique sera financée et dont les pollueurs historiques assumeront la responsabilité de garantir la justice et l’équité pour les peuples et les pays vulnérables du Sud de la planète.

En utilisant le terme “transition away”, traduisible par “transition hors des énergies fossiles”, le Bilan mondial ne propose qu’un changement progressif et non une transformation. Le signal est là mais il est encore faible. De plus, le gaz est présenté comme une énergie de transition, une terminologie qui aurait pu être écrite par un grand producteur de gaz fossile. La science est claire : le gaz est un combustible fossile et non un combustible de transition. Le texte fait aussi des mentions inquiétantes à la capture et au stockage carbone : des technologies non matures, coûteuses et potentiellement dangereuses à long terme. Il est aussi important de souligner certaines victoires : triplement de la production des énergies renouvelables d’ici 2030, doublement de l’efficacité énergétique, ainsi qu’une reconnaissance de la baisse rapide des coûts des énergies renouvelables. En effet, la sortie des énergies fossiles ne se fera pas sans l’entrée dans les énergies renouvelables et les moyens nécessaires pour le faire.

La victoire du Fonds Pertes et Dommages ne doit pas éclipser le manque de moyens criants accordés à la transition et à l’adaptation

La COP28 a débuté avec une avancée majeure en matière de financement climat, à travers l’opérationnalisation du Fonds pertes et dommages. Marquant l’aboutissement de 30 ans de lutte acharnée par les pays en développement, c’est une réelle victoire. Cependant, le montant des premières contributions ponctuelles au Fonds, à hauteur de 655 millions de dollars, reste dérisoire au regard des besoins des pays vulnérables pour faire face à ces impacts les plus sévères du changement climatique qui pourraient aller jusqu’à 580 milliards de dollars par an d’ici 2030, alors que ces pays en sont les moins responsables.

Malgré un sursaut en milieu de COP, les gouvernements n’ont pas été au rendez-vous sur la question de l’adaptation. Véritable enjeu de survie pour les pays les plus vulnérables, l’adaptation reste cruellement sous-financée depuis des années et le texte sur l’Objectif Mondial sur l’Adaptation adopté par la COP28 ne dit pas clairement comment combler ce fossé et rehausser l’ambition. La COP28 se contente de demander un rapport aux pays développés d’ici la prochaine COP sur le doublement des financements pour l’adaptation pour atteindre 40 milliards de dollars par an d’ici 2025, mais ce montant des 40 milliards de dollars par an reste largement insuffisant quand on sait que les besoins des pays en développement contraints à s’adapter au changement climatique pourraient se chiffrer à 387 milliards de dollars par an d’ici 2030.

Les marchés carbone des Nations Unies ou le risque de compromettre l’intégrité de l’accord de Paris

Après de longues discussions entre États, les textes d’encadrement proposés sur les marchés carbone (Article 6 de l’accord de Paris) ont été rejetés. C’est un soulagement pour nos ONG tant l’adoption de ces textes, dépourvus de règles solides, aurait pu compromettre l’intégrité de l’accord de Paris. La faiblesse des cadres normatifs et l’absence de mentions de protection pour les droits humains ont fini par convaincre le Mexique, l’Union européenne ainsi que les groupes d’États AILAC (Alliance Indépendante d’Amérique Latine et des Caraïbes) et CfRN (Coalition pour les nations des forêts tropicales) de rejeter ce texte dangereux. Malheureusement, ce refus ne signe pas l’arrêt des négociations autour du marché carbone, pourtant vivement critiqué pour son inefficacité climatique et les risques qu’il fait peser sur les communautés locales. Sans règles robustes, l’article 6 contiendra de dangereuses lacunes dans le comptage des réductions d’émissions, contredira le principe de responsabilités climatiques, et minera tout effort pour respecter les engagements pris dans l’accord de Paris.

La question du financement au centre de la COP29 à Bakou

La COP28 a abouti à un résultat qui devrait décourager les institutions d’investir dans des actifs qui seront bientôt abandonnés. Mais, beaucoup de pays en développement, qui dépendent encore des combustibles fossiles pour leur énergie, leurs revenus et leurs emplois, ne disposent pas de garanties solides pour obtenir un soutien financier adéquat dans leur transition urgente et équitable vers les énergies renouvelables. Alors, bien que la COP28 ait reconnu l’immense déficit financier dans la lutte contre les impacts climatiques, les résultats finaux sont décevants et ne parviennent pas à contraindre les nations riches à assumer leurs responsabilités financières – des obligations s’élevant à des centaines de milliards de dollars, qui n’ont toujours pas été remplies. Lors de la COP29 à Bakou, tous les regards seront tournés vers les négociations autour du nouvel objectif mondial en matière de financements climatiques, censé fixer des objectifs ambitieux de coopération internationale pour l’après-2025.

L’accord final de la COP28 nous démontre qu’il est nécessaire de maintenir la pression sur les décideurs et décideuses, pour qu’ils prennent des engagements audacieux et assument leurs responsabilités. La prochaine COP ne sera pas simplement une COP financière, mais bien une COP des peuples, où les puissants devront investir les milliards nécessaires pour amorcer des transitions équitables et indispensables. Notre unité est notre force, et notre voix collective résonnera jusqu’à ce que ce changement nécessaire soit une réalité

Par Action Climat, publié le 13/12/2023

Photo en titre : Marie Jacquemin

https://reseauactionclimat.org/cop28-face-a-la-realite-scientifique-les-energies-fossiles-pointees-du-doigt-mais-des-zones-dombre-persistantes/

MARCHÉ DE L’ÉLECTRICITÉ : JUSQUE DANS LA DERNIÈRE LIGNE DROITE, LES PRIX GARANTIS POUR LE NUCLÉAIRE TENDENT LES NÉGOCIATIONS

À l’orée du dernier trilogue officiellement programmé sur la réforme du marché de l’électricité, un sujet complique encore et toujours les négociations entre Conseil et Parlement : les contrats pour la différence (CFD). Même si la France a choisi une autre solution de régulation post-Arenh, elle continue de défendre avec acharnement la possibilité, pour ses centrales nucléaires, de conclure des CFD. Ce 13 décembre, le Conseil arrive en trilogue sans marge de manœuvre sur ce pan essentiel de la réforme.

Les négociateurs savent déjà qu’ils y passeront la nuit. Les équipes du Parlement, de la Commission et la présidence du Conseil se réunissent à partir de 18 h, ce 13 décembre, pour un trilogue censé accoucher d’une version révisée du marché européen de l’électricité.

Tous les compromis qui pouvaient être trouvés sur des aspects techniques sont provisoirement scellés . Restent les questions politiques. Qui déclare le statut de crise permettant une plus forte régulation des prix ? Les centrales, les… ?

Les autres points politiques à trancher lors du trilogue

. Les contrats de long terme de gré à gré (PPA)

L’article 19a vise à promouvoir les contrats de type PPA. Le Parlement cherche à donner la priorité aux PPA sur les renouvelables et accorde même des garanties publiques aux PPA renouvelables uniquement. Le mandat du Conseil privilégie une approche neutre sur le plan technologie. La France en fait une ligne rouge. Pas question pour Paris d’accepter une disposition qui encourage spécifiquement les PPA sur les renouvelables… sans mentionner le nucléaire.

. Les mécanismes de capacité

Dans le mandat du Conseil, les centrales très émettrices (à gaz ou au charbon) pourront bénéficier de subventions via le mécanisme de capacité. La limite d’émissions de CO₂ est supprimée (sous conditions) pour les centrales construites avant juin 2019. Et ce jusqu’en 2029. Une disposition censée plaire à la Pologne (mais aussi à la Bulgarie ou à la Slovaquie). Dans une récente note, la présidence du Conseil relève que, sur cette dérogation, « le Parlement n’a pas fait preuve d’ouverture jusqu’ici ». Les eurodéputés sont d’accord pour simplifier la mise en place de ces mécanismes, mais ne prévoient aucunement de relever les limites d’émissions pour qu’ils subventionnent plus de centrales. Le changement de gouvernement polonais pourrait permettre au Conseil de faire un pas vers le Parlement. Mais lors du dernier Coreper, une quinzaine d’États se sont dits favorables à conserver le mandat obtenu en octobre, a appris Contexte.

. Déclenchement du statut de crise

Le Conseil veut s’arroger le pouvoir de déclencher un statut de « crise des prix de l’énergie ». Ce dernier permet d’adapter le cadre légal, de faire en sorte qu’une forme d’encadrement des prix soit automatiquement autorisée par l’UE. Le Parlement propose que ce soit la Commission qui décide. La liste des critères permettant de déclarer une crise devrait mélanger ceux proposés par les eurodéputés et ceux du Conseil. Autre pomme de discorde : la possibilité ou non de plafonner les revenus des producteurs inframarginaux en cas de crise des prix selon les modalités du règlement d’urgence adopté en 2022. Le Conseil y est favorable. Le Parlement, non.

Par Anna Hubert, publié le 13 décembre 2023 à 8h00

Photo en titre : Tentative de connexion entre deux parties — © Alashi/Istock

https://www.contexte.com/article/energie/marche-de-lelectricite-jusque-dans-la-derniere-ligne-droite-les-prix-garantis-pour-le-nucleaire-tendent-les-negociations_179922.html

LARGE SOUTIEN DU PARLEMENT EUROPÉEN POUR LES PETITS RÉACTEURS NUCLÉAIRES

Les eurodéputés ont adopté mardi (12 décembre) un rapport d’initiative en faveur du développement des petits réacteurs nucléaires en Europe. La commissaire à l’Énergie, Kadri Simson, appelle à « finaliser dans un avenir proche les initiatives législatives » en la matière.

« Pour la 1ère fois sous ce mandat, le Parlement européen vote en faveur d’un texte 100 % dédié au nucléaire », s’est réjoui l’eurodéputé français Christophe Grudler, fervent défenseur du nucléaire au sein du groupe Renew, affilié à la majorité présidentielle.

Son commentaire fait suite à l’adoption d’une résolution élaborée par son collègue slovène Franc Bogovič (Parti populaire européen, PPE) sur les « petits réacteurs modulaires » (small modular reactors, SMR, en anglais).

Le texte a été adopté à 409 voix contre 173 et 31 abstentions, profitant d’une majorité composée d’une partie du groupe socialiste (Socialistes and democrates, S&D), de Renew, du PPE, des partis nationalistes (Conservateurs et réformistes européens, CRE) et d’extrême droite (Identité et démocratie, ID).

Utilité et avantages des SMR

Avec ce texte, le Parlement européen acte que le « nucléaire peut contribuer à améliorer la sécurité énergétique en Europe » et offrir « un éventuel moyen de réaliser les objectifs de l’Union en matière énergétique et climatique », peut-on lire dans la résolution.

À ces fins, les SMR jouissent de plusieurs avantages.

Du fait de leur taille d’abord, ils peuvent être déployés sur différents terrains : industriels, urbains, militaires, etc. Et contrairement à la plupart des grands réacteurs en fonctionnement, ils pourraient produire de l’électricité, mais aussi de la chaleur à usage industriel, voire urbain, note le rapport.

Autres utilisations envisagées par les eurodéputés : un dessalement « compétitif et durable de l’eau » et la production d’hydrogène bas carbone pour l’industrie et les carburants durables.

Les SMR ont également d’autres avantages « liés à la nature de leur conception ». Ils sont potentiellement plus sécurisés que les grands réacteurs, plus flexibles dans la production d’électricité, moins chers et plus rapides à concevoir et à déployer grâce à une production en série. En outre, leur ratio taille-puissance électrique installée réduit fortement leur empreinte au sol.

La Finlande mise sur les petits réacteurs modulaires pour sa stratégie nucléaire

Le géant de l’énergie Fortum revoit sa stratégie avec un retour à ses origines nordiques après le fiasco de son investissement dans l’entreprise allemande Uniper.

Financements et marchés publics

Afin de développer les petits réacteurs nucléaires, les eurodéputés proposent en premier lieu de ne pas se focaliser uniquement sur les technologies de 3éme génération, c’est-à-dire celles déjà éprouvées sur des réacteurs de plus grande taille, mais aussi celles de 4ème génération, dites « avancées », encore au stade de la recherche. 

Pour y parvenir, les financements doivent suivre, le rapport exprimant « ses préoccupations quant au budget total consacré aux SMR par rapport aux généreuses subventions accordées […] en particulier par la Chine, la Russie et les États-Unis ».

Il faut donc, selon les eurodéputés, étudier et recenser « toutes les options possibles » : investissements privés, investissements publics nationaux, tous les fonds européens « éligibles », prêts de la Banque européenne d’investissement, soutien de la plateforme « Technologies stratégiques pour l’Europe » (STEP) ou instruments similaires.

Les soutiens financiers au développement des SMR devront, en outre, être tournés vers la commande européenne.

La résolution insiste en effet sur « l’introduction du principe de préférence européenne dans les futurs marchés publics liés aux SMR ». L’objectif affiché est de développer des projets européens et de ne pas être dépassé par la concurrence de la Chine ou des États-Unis. L’entreprise américaine NuScale ayant déjà signé un accord pour développer un SMR en Roumanie.

Toutefois, les eurodéputés ne souhaitent pas brimer la collaboration internationale.

« Les investissements en collaboration avec des partenaires internationaux peuvent faciliter le partage des connaissances, les efforts conjoints de recherche et développement et la normalisation des technologies SMR, contribuant ainsi aux économies d’échelle et à l’amélioration de la compétitivité sur la scène mondiale », a déclaré Franc Bogovič à Euractiv France.

Un petit réacteur nucléaire américain sur le sol européen dès 2029, selon un haut fonctionnaire américain

Les États-Unis visent à déployer le premier petit réacteur nucléaire modulaire de fabrication américaine en Roumanie et en Tchéquie d’ici « 2029 », selon un fonctionnaire américain.

Sûreté et main-d’œuvre

En outre, le succès du déploiement des SMR réside, selon la résolution, dans la reconnaissance des normes de sureté « communément acceptées ». Dès lors, le texte appelle à procéder à une harmonisation des procédures et une normalisation des modèles entre les États membres.

Aussi, la « cybersécurité doit être considérée comme un aspect fondamental de la sécurité nucléaire dans son ensemble ».

Enfin, le développement des SMR nécessitera une main-d’œuvre qualifiée. Les eurodéputés demandent une « planification stratégique » en la matière, « prospective et adaptable » en fonction des besoins.

Pour toutes ces raisons, le texte demande « l’élaboration d’une stratégie globale pour le déploiement des SMR dans l’Union, qui tiendra compte des besoins et caractéristiques propres aux différentes régions ».

Petits réacteurs nucléaires : ce que l’UE doit faire, selon le patron de NUWARD

ENTRETIEN. Le président du projet NUWARD de SMR le plus avancé de l’UE, Renaud Crassous, dit attendre de la Commission un « engagement clair » en faveur des technologies nucléaires, suite à une réglementation pour l’industrie verte (Net-Zero Industry act) qui « est encore un raté ».

Soutien de la Commission

Selon la commissaire européenne à l’Energie, Kadri Simson, l’UE a besoin de « toutes les technologies » pour décarboner son économie, y compris le nucléaire, a-t-elle déclaré lundi (11 décembre) en amont du vote.

« Il y a encore beaucoup de travail à faire », a-t-elle souligné à son issue, elle qui a annoncé le lancement à venir début 2024 d’une alliance industrielle des petits réacteurs nucléaires pour faciliter et accélérer leur déploiement.

Les eurodéputés invitent ainsi la Commission à jouer son rôle et proposent qu’elle rende chaque année un rapport sur l’évaluation des progrès accomplis dans le domaine.

« Il n’y a plus de temps à perdre. La Commission a maintenant l’obligation de lancer au plus vite l’alliance européenne des SMR que tout le monde réclame », nous souffle Christophe Grudler.

Seules voix discordantes, celles des eurodéputés écologistes et de La Gauche.

« Les petits réacteurs modulaires sont une illusion, une distraction dangereuse au nom de l’urgence climatique », a tancé lundi l’eurodéputé Les Verts/ALE François Thiollet, reprenant les mots de feu Michèle Rivasi qu’il remplace au Parlement européen.

Selon lui, le rapport induit un « détournement d’investissements qui devraient être faits en priorité vers la sobriété et vers les énergies renouvelables » pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE d’ici à 2030, alors que les premiers SMR ne devraient pas voir le jour avant 2035, signale l’élu.

« Plus de réacteurs, c’est aussi plus de déchets radioactifs », une « pression à la baisse des normes et donc un risque de multiplier les accidents », mais aussi une « perpétuation de rapports néocoloniaux » avec les fournisseurs d’uranium, a-t-il prévenu.

Lire aussi : Petits réacteurs modulaires : une distraction dangereuse au nom de l’urgence climatique

Par Paul Messad, Euractiv France, publié le 13 décembre 2023 à 08h49, mis à jour à 10h33

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/opinion/petits-reacteurs-modulaires-une-distraction-dangereuse-au-nom-de-lurgence-climatique/

COP28 À DUBAÏ : LA MENTION DU NUCLÉAIRE DANS LE RAPPORT FINAL PLAÎT PARTICULIÈREMENT À AGNÈS PANNIER-RUNACHER

La ministre de la Transition énergétique s’est réjouie, tout comme Emmanuel Macron, que l’accord final de la COP comporte la mention du nucléaire pour « transitionner hors des énergies fossiles ».

La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a applaudi ce mercredi 13 décembre la mention du nucléaire comme levier pour sortir des énergies fossiles, dans le rapport final de la Cop28.

ENVIRONNEMENT – « L’énergie nucléaire est une énergie propre, il faut le répéter », a affirmé Emmanuel Macron lors de la COP28 à Dubaï. Le gouvernement, qui mise sur cette énergie décarbonée pour verdir son mix énergétique, se réjouit ce mercredi 13 décembre que l’accord final de la COP comporte la mention du nucléaire pour « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques ».

Pour atteindre la « neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques », l’accord cite effectivement, parmi les leviers à activer, le développement du nucléaire. Une « victoire diplomatique pour la France », a applaudi tôt ce matin la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, présente à Dubaï.

Tripler les capacités du nucléaire dans le monde

« Enfin, pour la première fois, le texte mentionne à plusieurs reprises la contribution de l’énergie nucléaire à la lutte contre le changement climatique », a-t-elle poursuivi, ajoutant que le texte faisait aussi des références « à la sobriété énergétique ». Avant de marteler : « Le projet d’accord est donc pleinement cohérent avec la stratégie française et la future programmation pluriannuelle de l’énergie ». Une manière pour la ministre de rappeler qu’elle a en effet présenté, fin novembre, le plan de sortie français des énergies fossiles, avec comme mantra « la sobriété ».

Emmanuel Macron n’a pas non plus caché son contentement, en écrivant sur X, anciennement Twitter : « L’accord de Dubaï (…) engage le monde dans une transition sans énergies fossiles, en triplant les renouvelables et en reconnaissant le rôle clé du nucléaire ».

Cette victoire pour l’exécutif s’ajoute à celle du 2 décembre, où une vingtaine de pays dont les États-Unis, la France et les Émirats arabes unis avaient appelé, dans une déclaration commune faite à la COP, à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050 par rapport à 2020, dans le but de réduire la dépendance au charbon et au gaz.

Il s’agit là d’un changement de cap majeur, alors que lors des précédentes COP, le nucléaire n’était pas considéré comme une « énergie verte » au même titre que les renouvelables (solaire, hydraulique, éolienne…). Et pour cause : le nucléaire n’est pas une énergie fossile, comme le charbon et le gaz, sans être non plus une renouvelable, car l’uranium utilisé pour le produire est une ressource abondance sur la planète, mais pas inépuisable.

Par ailleurs, du côté de l’Europe, le nucléaire n’avait pas bonne presse ces dernières années. L’Allemagne, par exemple, avait pour objectif initial de sortir du nucléaire à l’horizon fin 2022. Et même en France, Emmanuel Macron s’était engagé à fermer 14 centrales nucléaires à l’horizon 2030, comme annoncé dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie de 2018.

Une meilleure réputation en Europe

Mais la guerre en Ukraine a fait bouger les lignes sur le sujet en Europe : face au constat que l’instabilité politique et des puissances comme la Russie peuvent avoir un impact considérable sur l’approvisionnement en hydrocarbures, l’Allemagne a décidé de prolonger le fonctionnement de sa troisième et dernière centrale. Tandis que la France a finalement décidé de relancer sa production de nucléaire en adoptant la loi de juin 2023 pour accélérer la construction de nouvelles centrales.

Cette loi permet de répondre aux ambitions d’Emmanuel Macron, qui espère construire au moins six réacteurs pressurisés européens (EPR), et développer les petits réacteurs modulaires, appelés aussi SMR, d’ici 2035. Ces petits réacteurs ont d’ailleurs reçu mardi le soutien des eurodéputés, qui ont voté un rapport pour leur développement en Europe, comme l’a rapporté le réseau de médias européens Euractiv.

Si le nucléaire a été plébiscité lors de cette COP par la plupart des dirigeants, cela n’a pas été le cas du côté des associations. Pour l’ONG Greenpeace par exemple, vouloir « tripler le nucléaire » est une annonce « déconnectée de la réalité » car beaucoup trop longue à mettre en place au vu de l’urgence climatique. « Pour tripler les capacités nucléaires mondiales, il faudrait mettre en service plus de 70 grands réacteurs par an entre 2040 et 2050 ». Or entre 2020 et 2023, « ce sont 21 nouveaux réacteurs qui ont été ajoutés au réseau », écrit l’ONG dans un communiqué, soulignant que la tendance mondiale est davantage à la fermeture de réacteurs datés qu’à la mise en service d’équipements modernes.

Ce qui n’a pas empêché le président français de balayer les critiques. Avant de quitter la COP le 2 décembre, il a asséné : « Aucune stratégie crédible ne permet de sortir du charbon et des fossiles en reposant uniquement sur le renouvelable ». Pourtant, RTE, le gestionnaire d’électricité français, estime qu’un scénario 100 % renouvelables est possible, en tout cas en France, d’ici 2050.

À voir également sur Le HuffPost :

. Ukraine : la centrale de Zaporijjia a risqué un « accident nucléaire » dans la nuit, selon Kiev

. L’hiver devrait être sans coupure d’électricité, selon RTE (et c’est un peu dû à vos économies)

Par Pauline Brault, publié le 13/12/2023 à 12h59, actualisé le 13/12/2023 à 13h11

Photo en titre : Emmanuel DUNAND / AFP

https://www.huffingtonpost.fr/environnement/article/cop28-a-dubai-la-mention-du-nucleaire-dans-le-rapport-final-plait-particulierement-a-agnes-pannier-runacher_226970.html

NDLR : Une victoire pour le nucléaire, une défaite pour l’humanité !

LA COP28 D’ACCORD POUR EN FINIR AVEC LES FOSSILES – MAIS PAS TROP VITE

La COP28 a évité l’échec, au terme d’une nuit blanche de négociation. L’accord mentionne la « transition hors des énergies fossiles ». Mais sans date ni obligation.

Dubaï (Émirats arabes unis), reportage

La salle éclate en applaudissements. Le président de la COP28, Sultan Al Jaber, a frappé le coup de marteau signifiant qu’un accord était adopté.

Au terme d’une folle journée de mardi, cadencée par les séances plénières, les réunions bilatérales, les rumeurs, la présidence a proposé tôt le matin une nouvelle version du projet de décision. ll a été adopté au cours de la séance plénière qui s’est achevée à 11 heures (heure de Dubaï). Pour la première fois dans un accord issu d’une de ces COP, le texte appelle à une « transition hors des énergies fossiles ». La formulation tient en quelques lignes qui ont été rédigées mot à mot au cours d’âpres négociations nocturnes : le texte appelle les États à « opérer une transition hors des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques [transitioning away from fossil fuels in energy systems], d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie cruciale afin d’atteindre le niveau zéro d’ici 2050 » (article 28).

Les objectifs consensuels sont bien là :

. triplement des capacités de production mondiale des énergies renouvelables (électriques et biomasse) entre 2023 et 2030,

. doublement du rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique (qui passerait donc à 4 %/an). Plus délicat, étant donné la place que pèse encore le charbon dans de nombreux pays, notamment en Asie, l’accélération de la diminution du nombre de centrales au charbon non équipées de systèmes de captage.

Les secteurs du fret maritime et du transport aérien ne sont pas oubliés : il leur est recommandé d’utiliser des carburants bas et zéro carbone bien avant ou aux alentours de 2050.

L’accord emploie une formule alambiquée à propos de la sortie des énergies fossiles : les États pétroliers s’opposaient jusque-là à cette idée, d’où le blocage de la négociation les jours derniers. Elle suggère d’accélérer la décarbonation des systèmes énergétiques de sorte qu’ils atteignent la neutralité carbone au mitan du siècle. Cela peut s’interpréter comme une sortie progressive des énergies fossiles ; laquelle devra se faire « orderly » et de manière équitable. Traduction : chacun pourra le faire à son rythme et selon ses méthodes, sans aucune contrainte.

Pour aider les décideurs à décarboner leur bouquet énergétique, la présidence émirienne a aussi proposé une série de modes de production d’énergie labellisés « bas carbone » : renouvelables et nucléaire (l’inclusion de l’énergie nucléaire dans l’accord est une victoire pour le gouvernement français !). Le texte mentionne aussi des technologies d’extraction du CO₂, telle que le captage-stockage géologique (CSC) et l’hydrogène « bas carbone ». Elles ne devront être utilisées que pour les secteurs industriels difficiles à décarboner : sidérurgie et cimenterie en tête.

Autre point notable, à l’attention des producteurs de gaz et de système de climatisation : il faudra accélérer « de manière substantielle » la baisse des émissions de gaz à effet de serre autres que le gaz carbonique. Comprendre : le méthane (principal composant du gaz naturel) et les fluides frigorigènes qui comptent parmi les gaz à effet de serre les plus puissants qui soient.

Les transports routiers ne sont pas oubliés : ils devront, eux aussi, abattre leurs rejets carbonés. Et en la matière, la voie est toute tracée pour l’électrification du parc automobile mondial. En pointe dans ce domaine, la Chine et l’Europe sont aux anges.

Déjà présent dans les précédentes versions, le couplet sur la fin des « subventions aux énergies fossiles inefficaces », dès que possible, est toujours là. Et l’on ignore toujours leur définition précise. Pourront être maintenues, en revanche, les aides publiques aux précaires énergétiques et à la transition énergétique « juste ».

Un paragraphe qui « reconnaît que l’utilisation transitoire » de carburants ou combustibles fossiles peut jouer un rôle dans la transition énergétique et le renforcement de la sécurité d’approvisionnement a été ajoutée à la demande du Groupe Afrique dont de nombreux États membres privilégient leur développement, quitte à consommer leurs hydrocarbures, à la baisse des émissions. Cette position a notamment été défendue par Adonia Ayebare, chef de la délégation ougandaise.

Les pays en développement ont besoin de plus de 200 milliards de dollars par an pour s’adapter au réchauffement

Séance plénière finale le 13 décembre à Dubaï – © Giuseppe Cacace/AFP

Le texte consacre un chapitre à l’adaptation, sujet majeur pour les pays en développement. Il appelle les gouvernements à accroître leurs ambitions, à réduire les risques de ruptures d’approvisionnement en eau. Ce qui suppose de développer une agriculture résiliente aux effets du réchauffement. Novateur, le texte appelle les pouvoirs publics à se pencher sur les conséquences sanitaires du réchauffement, notamment dans les populations défavorisées.

Il appelle aussi les gouvernements à se doter de plans nationaux d’adaptation. Ces documents devraient mentionner les risques inhérents à chaque pays et les outils mis en œuvre pour y faire face. Il n’y a pas d’urgence : la première échéance est fixée à 2030.

« Regrettant » que les pays occidentaux n’aient pas tenu leur promesse de verser 100 milliards de dollars par an, entre 2020 et 2023, aux nations les plus vulnérables, le texte appelle les pays les plus développés à accroître leurs soutiens pour financer l’adaptation des pays en développement. Leurs besoins sont déjà importants : entre 215 et 387 milliards de dollars par an jusqu’à 2030.

« Ce n’est pas une décision historique »

Dès le début de la matinée, le projet de décision avait reçu le soutien de l’Union européenne. Ce projet apporte des améliorations « conséquentes », estimait le chef des négociateurs de l’UE, Wopke Hoekstra, pour qui « c’est le début de la fin des énergies fossiles ».

De son côté, l’Arabie Saoudite a entraîné avec elle les autres pays membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). La plupart des membres du Groupe Afrique étaient, eux aussi, favorables à la version finale. Mais les ONG environnementales voient l’accord en demi-teinte. « C’est un signal important que toutes les énergies fossiles soient citées dans le texte mais cela n’est pas encore la décision historique dont les populations, notamment les plus vulnérables, ont besoin. Les négociations ne peuvent plus ignorer les avertissements lancinants que nous avons entendus ces derniers jours de la part des représentants des petits États insulaires », indiquait Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat.

D’autres groupes étaient moins enclins à le signer des deux mains. S’exprimant au nom du Coalition de la Haute Ambition (HAC), le ministre du climat de l’Irlande a estimé que « tout le monde a des problèmes avec ce texte. » Un point de vue partagé par la Zambie, le Bangladesh, le Brésil, les États-Unis et le Canada.

Mais l’échec n’était pas envisageable. Tout le monde a donc approuvé. Entérinant le début de la fin des énergies fossiles.

Par Valéry Laramée de Tannenberg, publié le 13 décembre 2023 à 09h28, mis à jour le 13 décembre 2023 à 11h44

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FUSION NUCLÉAIRE, HYDROGÈNE BLANC : EMMANUEL MACRON VEUT ACCÉLÉRER SUR LES « TECHNOLOGIES DE RUPTURE »

Lundi (11 décembre), le président de la République Emmanuel Macron a annoncé de nouveaux investissements dans la fusion nucléaire, l’hydrogène natif, le stockage d’énergie et la capture de carbone.

À l’occasion du deuxième anniversaire du plan d’investissement France 2030, Emmanuel Macron s’est rendu à Toulouse, dans les locaux du géant européen de l’aviation, Airbus.

Le plan France 2030 vise à investir 54 milliards d’euros sur cinq ans pour « rattraper le retard industriel français, investir massivement dans les technologies innovantes ou encore soutenir la transition écologique », peut-on lire sur le site du ministère de l’Économie.

À Toulouse, le président de la République en a profité pour faire de nouvelles annonces en matière d’énergie et de décarbonations de l’industrie, pour « aller plus vite, plus fort dès la rentrée » avec « enfin une stratégie française et la réforme de notre stratégie européenne ».

Nucléaire innovant

En matière de nucléaire d’abord, « nous avons besoin d’accélérer nos innovations de rupture », a déclaré M. Macron. Au-delà de la fission nucléaire, utilisé pour les grands réacteurs nucléaires, mais aussi les petits réacteurs nucléaires (SMR) en cours de développement, comme le SMR d’EDF NUWARD, le président de la République souhaite « explorer » la fusion nucléaire.

« Au-delà des SMR que nous avons beaucoup poussés, fusion et aimants supraconducteurs seront deux verticales que nous allons beaucoup encourager avec France 2030 et sur lesquelles je veux qu’on redouble d’efforts », a-t-il annoncé.

L’objectif est d’atteindre, d’ici à deux ans, « un niveau d’avancement aussi fort en relatif que sur les réacteurs innovants d’aujourd’hui », c’est-à-dire les SMR.

Bien que le potentiel de la fusion nucléaire soit important, cette technologie, en l’état de la science, ne devrait pas être opérationnelle avant plusieurs décennies. Dès lors, elle ne devrait pas participer à l’atteinte des objectifs de décarbonation pour 2030 ni même 2050.

Dans le même temps, le président de la République a insisté sur la nécessité de développer massivement les moyens de stockage d’énergie pour accompagner le développement des énergies renouvelables.

« Je veux qu’on accélère en effet le développement de moyens de stockage à moyen et long terme pour mieux gérer la flexibilité du système électrique qui est rendue nécessaire par le recours en particulier aux renouvelables et répondre à la croissance des besoins en électricité », a-t-il déclaré.

Pour tous ces enjeux, M. Macron veut « redoubler d’efforts ».

Hydrogène blanc

En parallèle, le chef de l’État a mentionné l’hydrogène. Objectif : accélérer la décarbonation de l’industrie et faire de la France « une plaque tournante du transport d’hydrogène ».

À cette fin, M. Macron a annoncé le déploiement de « financements massifs » pour explorer le potentiel de l’hydrogène blanc, naturel ou natif, c’est-à-dire l’hydrogène naturellement présent dans la croûte terrestre.

Son existence est connue depuis les années 1980, mais les premiers gisements potentiellement exploitables se sont faits jour en juin dernier, dans le bassin lorrain, au nord-est du pays, mais aussi dans les Pyrénées-Atlantiques dans le sud-ouest du pays, à la frontière espagnole.

Là-bas, M. Macron a rappelé que les autorités ont délivré le 3 décembre dernier le premier permis d’exploration d’hydrogène blanc en France.

Les espérances sont immenses, avec une ressource abondante coincée sous la surface de la Terre, peu chère et peu carbonée.

« En France, il est possible d’imaginer des quantités telles que le pays pourrait être exportateur », confirmait à Euractiv France Mikaa Blugeon-Mered, enseignant spécialiste de la géopolitique de l’hydrogène à Sciences Po, en juin dernier.

À terme, 3 millions de tonnes par an pourraient être produites.

Attention toutefois, les premières productions ne devraient pas être opérationnelles avant 2028 au moins.

Métaux critiques et capture du carbone

Cette ressource du sous-sol illustre un besoin de cartographie plus général du sous-sol, dont le président de la République souhaite un démarrage dès la mi-2024.

Pour l’industrie également, le président de la République n’a pas oublié de mentionner la capture, le stockage et l’utilisation du carbone, rappelant les objectifs de la stratégie française en la matière.

Des partenariats sont déjà en cours d’élaboration au niveau européen, notamment entre la France et la Norvège, pour transporter, depuis le continent, des quantités de carbone vers les eaux norvégiennes.

La Commission européenne a d’ailleurs rendu éligibles à des financements européens plusieurs projets de stockage et de transport de carbone dans sa dernière liste de projet d’intérêts communs européens.

Par Paul Messad | Euractiv France, publié le 12 décembre 2023 à 10h26, mis à jour à 15h48

Photo en titre : Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors de sa visite du site d’Airbus à Toulouse pour le suivi du plan d’investissement industriel France 2030, à Toulouse, France, le 11 décembre 2023. Le plan France 2030 a été lancé en octobre 2023 pour accroître la compétitivité de la France dans des secteurs industriels et technologiques clés. [EPA-EFE/Caroline Blumberg / POOL]

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/fusion-nucleaire-hydrogene-blanc-emmanuel-macron-veut-accelerer-sur-les-technologies-de-rupture/

“AUCUN AVENIR POUR LES SMR, PETITS RÉACTEURS MODULABLES” SELON STÉPHANE LHOMME, OBSERVATOIRE DU NUCLÉAIRE

Hervé Morin aimerait voir le premier petit réacteur nucléaire français s’installer en Normandie. Mais le directeur de l’Observatoire du nucléaire doute de la réalisation concrète de cette technologie choisie par Emmanuel Macron pour renouveler le parc nucléaire français.

La Normandie est candidate pour recevoir le premier réacteur nucléaire de petite taille. C’est le sens d’un courrier adressé à Emmanuel Macron. Document co-signé par Hervé Morin, le président de région, et Sébastien Jumel, le député communiste de la 6ème circonscription de Seine Maritime, celle de Dieppe où l’activité économique est liée au nucléaire avec la présence des centrales de Penly et Paluel.

Dans cette lettre, les deux élus demandent au Chef de l’État d’installer sur le sol normand le premier futur réacteur SMR (Small modular Reactor). Des réacteurs nucléaires de petite taille dont les promoteurs vantent la souplesse et un coût d’exploitation réduit comparé aux centrales classiques. En février 2022, Emmanuel Macron avait annoncé sa décision de relancer l’énergie nucléaire en France, avec le lancement futur d’un prototype de SMR.

“Si nous voulons atteindre les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique, il faudra que les industries les plus polluantes se débarrassent des énergies fossiles” observe Sébastien Jumel, très favorable à la création d’une filière dédiée aux SMR. “Actuellement des chercheurs réfléchissent à des tout petits réacteurs de nature à produire de l’énergie décarbonée, propre et sûre pour permettre, en 2035-2040, à notre industrie de se décarboner, d’avoir une industrie verte” appuie le député communiste.

SMR : un mensonge du lobby nucléaire selon Stéphane Lhomme

Ces petits réacteurs modulables présentent-ils LA solution de demain ? Stéphane Lhomme, directeur de l’observatoire du nucléaire en doute fortement. Pour lui, ce courrier de la Normandie adressé à Emmanuel Macron est totalement inutile parce que ce nouveau concept de réacteurs a du plomb dans l’aile.

Stéphane Lhomme : D’ores et déjà, on peut mettre ce courrier au tri ou au recyclage parce que ça n’aboutira jamais ! La filière des SMR n’existe pas, elle n’existe pas en France, elle n’existe pas sur le plan mondial. Il y avait un seul projet avancé aux États-Unis et tout a été annulé pour des raisons tout simplement financières. Parce que ce qui a été présenté au début, c’est-à-dire une production d’électricité importante à un coût très bas, s’est révélé être exactement l’inverse. C’était tellement cher que tous les financeurs se sont retirés et tout est tombé à l’eau. Donc il n’y a pas de filière SMR.

France Bleu Normandie : C’est pourtant le projet retenu par Emmanuel Macron. Il se trompe ?

Stéphane Lhomme : Il fait fausse route. Emmanuel Macron n’est pas un spécialiste. Il se positionne en fonction de ce que des experts viennent lui raconter. Et on sait que le lobby nucléaire est important et puissant en France, donc on lui raconte de belles histoires. Ce n’est pas que lui, la plupart du personnel politique est totalement ignorant de ces questions. Rappelez vous, il n’y a pas si longtemps, Emmanuel Macron disait qu’il fallait fermer quatorze réacteurs nucléaires en France et peu de temps après, il disait qu’il faut construire quatorze réacteurs nucléaires !

France Bleu Normandie : La France est à une période charnière avec des réacteurs vieillissants. Il faut faire des choix stratégiques à long terme. Quelle serait la bonne direction pour remplacer les 56 réacteurs qui progressivement arriveront à l’âge de la retraite ?

Stéphane Lhomme : Progressivement mais beaucoup plus vite qu’on ne le croit. Il ne faut pas oublier la crise de la corrosion sous contrainte. Et il y a quelques mois à peine, on avait 32 réacteurs sur 56 qui étaient à l’arrêt. Alors qu’est-ce qu’on fait ? Il suffit de regarder de manière objective l’évolution des énergies et de l’électricité sur la planète. Le nucléaire, c’était 17 % de l’électricité mondiale en 2001, ce n’est plus que 9 % aujourd’hui. Et les renouvelables, c’est 35 % de l’électricité mondiale, c’est-à-dire quatre fois plus que le nucléaire. Il n’y a pas que les éoliennes, les renouvelables c’est aussi l’hydraulique, les panneaux solaires, la géothermie. Aujourd’hui 90 à 95 % des nouveaux moyens de production d’électricité sur Terre sont des renouvelables”. Interview de Stéphane Lhomme à réécouter en intégralité en cliquant en haut de cet article

De Didier Charpin,  France Bleu Normandie (Calvados – Orne), publié le mardi 12 décembre 2023 à 8h15, mis à jour le mardi 12 décembre 2023 à 12h09

Photo en titre : L’observatoire du nucléaire doute de la réalisation de petits réacteurs modulables pour fournir de l’électricité © Maxppp – Martin ROCHE

https://www.francebleu.fr/emissions/l-invite-du-6-9-de-france-bleu-normandie-calvados-et-orne/aucun-avenir-pour-les-smr-petits-reacteurs-modulables-stephane-lhomme-observatoire-du-nucleaire-2954124

NUCLÉAIRE : LA FRANCE COMPTE 1,76 MILLION DE M3 DE DÉCHETS RADIOACTIFS RÉPARTIS SUR PRÈS DE 1.000 SITES

La majorité de ces déchets est de faible activité. Mais plus de 4.000 m3 de déchets sont de haute activité, avec une durée de vie pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’années.

La France compte quelque 1,76 million de m3 de déchets radioactifs à gérer, un chiffre en progression de 14% depuis le dernier inventaire quinquennal, souligne mardi 12 décembre un bilan de l’Andra, l’agence publique chargée du sujet. C’est environ 220.000 m3 de plus qu’au 31 décembre 2016, selon ce bilan à fin 2021 établi par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

Plus de 90% du total est de très faible activité ou de faible et moyenne activité à vie courte. Ces matériaux sont en partie stockés en surface dans des centres de l’Andra dans l’Aube. Le reste du stock est composé de déchets de faible activité à vie longue (103.000 m3), de moyenne activité à vie longue (39.500 m3) et enfin et surtout de 4.320 m3 de déchets à haute activité.

Un site souterrain en construction dans la Meuse

Ces derniers forment en effet la quasi-totalité (97,2%) de la radioactivité recensée dans les déchets avec des niveaux à plusieurs milliards de becquerels par gramme . Ils proviennent de la production électrique nucléaire (à plus de 90%), des activités de recherche associées et de la Défense. Radioactifs jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’années, ils doivent être enfouis dans un site souterrain profond en cours de préparation dans la Meuse (projet Cigéo).

Ces volumes n’incluent cependant pas ce que la France considère comme des « matières » et non comme des « déchets » : en l’occurrence les éléments de combustibles usés qui pourraient être un jour réutilisés dans de potentiels réacteurs de « 4ème génération » si ceux-ci devaient être mis au point.

Selon l’Andra, les combustibles usés en attente de retraitement représentent quelque 14.500 tonnes de métal lourd, l’uranium issu du retraitement des combustibles usés 34.200 tonnes. La France recense aussi plus de 300.000 tonnes d’uranium appauvri.

Ce bilan ne prend en outre pas en compte les déchets faisant l’objet de modes de gestion « spécifiques » : résidus de minerais d’uranium (stockés sur d’anciens sites miniers), ou encore déchets « en situation historique » comme ceux immergés en mer à une époque où cela était admis.

Au total, l ‘Hexagone compte près de 1.000 sites sur lesquels se trouvent des matières et déchets radioactifs à fin 2021, précise l’inventaire.

Information fournie par Boursorama avec Media Services, publié le 12/12/2023 à 12h08

Photo en titre : AFP / LOU BENOIST

https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/nucleaire-la-france-compte-1-76-million-de-m3-de-dechets-radioactifs-repartis-sur-pres-de-1-000-sites-78dd7ff065b88d52b205fc4378c76ddf

LA CHINE MET EN AVANT LE PREMIER RÉACTEUR NUCLÉAIRE À L’HÉLIUM RELIÉ À SON RÉSEAU : UNE NÉCESSITÉ FACE AUX SÉCHERESSES À RÉPÉTITION QU’A SUBI LE PAYS

La Chine a inauguré un nouveau réacteur nucléaire. Il est officiellement utilisé pour fournir de l’électricité au réseau régional après un test de 168 heures. Il a la particularité d’être refroidi à l’hélium, et non à l’eau. Car le pays est en pénurie dans de nombreuses régions.

Pourquoi est-ce important ?

La Chine a beau toujours être l’une des plus grandes pollueuses de la planète, c’est aussi le pays qui développe le plus vite ses sources d’énergies renouvelables. Elle a largement fait le pari du nucléaire, manquant de peu, l’année dernière, son objectif de 58 gigawatts produits par l’atome – il était fixé à 60. Mais ça n’est que partie remise.

Un réacteur à l’hélium

Dans l’actualité : la Chine a inauguré en grande pompe le réacteur nucléaire de Rongcheng Shidaowan, mercredi dernier. Non pas qu’il soit plus performant que les autres, au contraire même. Mais c’est la première application commerciale d’une technologie qui n’était plus très souvent utilisée de nos jours, à part dans le cadre expérimental.

Rongcheng Shidaowan est un réacteur nucléaire refroidi à l’hélium. À ne pas confondre avec la fusion à l’hélium : il s’agit bien d’une réaction nucléaire de fission classique, à ceci près qu’on utilise ce gaz noble et pratiquement inerte comme fluide de refroidissement, plutôt que de l’eau. On parle de GCR, pour gas-cooled reactor.

Ça n’est pas vraiment novateur, bien que Pékin présente cela comme une « réalisation historique » ; le Rongcheng Shidaowan n’est même pas particulièrement productif. Il n’est capable de produire qu’environ 200 mégawatts, rapporte Business Insider, là où d’autres arrivent à atteindre les 1.400 mégawatts avec des réacteurs plus classiques, voire bien plus encore.

Plus sûr et indépendant de l’eau

Mais la particularité – et l’intérêt – de ce réacteur à l’hélium, c’est qu’il n’utilise pas d’eau. Or, la Chine est frappée par des sécheresses à répétition ces dernières années, au risque d’enrayer sa transition vers le nucléaire à cause de difficultés à refroidir les centrales. Un réacteur a en effet besoin de 1.500 à 2.800 litres d’eau pour chaque mégawatt d’énergie produit pendant une heure. Cette eau ne disparait pas de la surface de la Terre bien sûr, mais il faut en assurer un approvisionnement suffisant pour ne pas risquer de surchauffe.

Ce réacteur à l’hélium est donc plus sûr, car non dépendant du débit des cours d’eau de la région. Il est aussi capable de s’arrêter automatiquement en cas de défaut du système de refroidissement, détaille l’agence de presse chinoise Xinhua.

Quant à la production réduite, elle n’est pas forcément vue comme un problème, si cette technologie permet d’installer des réacteurs dans des endroits dépourvus d’eau en suffisance.

Et l’Empire du Milieu compte bien augmenter son recours à l’atome. Il construit actuellement 22 nouveaux réacteurs nucléaires, tandis que 55 autres réacteurs civils sont déjà en service. C’est le troisième pays au monde le plus doté, après la France (56) et les USA (93).

Par Matthias Bertrand, publié le mardi 12 décembre 2023

Photo en titre : Un modèle réduit du réacteur de Shidaowan exposé en août 2023. (Photo credit should read CFOTO/Future Publishing via Getty Images)

https://fr.businessam.be/author/matthias-bertrand-2/

JIMMY VA INDUSTRIALISER SES CHAUDIÈRES NUCLÉAIRES DÈS 2026

La start-up Jimmy conçoit et opère des générateurs thermiques basés sur la fission nucléaire pour fournir aux industriels une chaleur décarbonée.

Pour générer cette chaleur, la start-up a conçu un micro-réacteur de type HTR (réacteur à haute température), qui utilise l’uranium comme combustible, le graphite en tant que modérateur de fission et où le fluide caloporteur est l’hélium.

Dès 2026, Jimmy veut industrialiser son premier générateur et équiper son premier client, un industriel de l’agroalimentaire, en chaleur industrielle bas carbone. Une aubaine pour de nombreux secteurs industriels désireux de produire la chaleur nécessaire à leurs process en limitant leur impact carbone. La solution développée par Jimmy pourrait leur permettre de se passer des actuelles chaudières à gaz ou au fioul.

Antoine Guyot, co-fondateur de Jimmy, a répondu aux questions des Techniques de l’Ingénieur.

Techniques de l’Ingénieur : Quel cheminement vous a conduit à co-créer Jimmy en 2020 ?

Antoine Guyot : Après avoir été diplômé d’une école d’ingénieurs en 2018, j’ai travaillé dans le domaine du conseil en stratégie. Domaine que j’ai quitté car je ressentais l’envie de créer quelque chose. La problématique climatique s’est rapidement imposée à moi, et le constat qui va avec : aujourd’hui, le devenir écologique va à l’encontre des marges. En poussant cette réflexion, l’idée de développer une énergie peu chère et décarbonée s’est vite imposée comme étant le moyen le plus efficace de limiter les émissions de CO2 dans l’atmosphère. En ce sens, la fission nucléaire présente un intérêt particulier, puisqu’elle produit une très grande quantité de chaleur, avec un coût du combustible très faible. Il faut donc être en capacité de mettre en œuvre des réacteurs nucléaires à bas prix, pour que les industriels n’aient plus à choisir entre économie et écologie. C’est l’objet même de la genèse de Jimmy.

Les chaudières nucléaires développées par Jimmy ciblent spécifiquement les industriels. Pour quelles raisons ?

Fournir une grande quantité de chaleur grâce au nucléaire permet de résoudre plusieurs contraintes rencontrées par certains secteurs industriels. En effet, ces derniers consomment de la chaleur en grande quantité, leurs besoins sont prévisibles et ils ne sont pas mobiles.

Aussi, ils sont prêts à assumer des risques, puisqu’ils en gèrent au quotidien sur les sites industriels. Ainsi, les besoins des industriels correspondent pleinement aux atouts d’une chaudière nucléaire.

Après avoir identifié les clients potentiels, l’enjeu a consisté à être en mesure de réaliser l’outil en tant que tel, et notamment la réaction nucléaire. Nous avons étudié les différentes filières de réacteurs existantes, et nous nous sommes arrêtés sur le HTR, dont la chaîne industrielle est mature. La maturité de la chaîne industrielle est un facteur clé pour espérer développer un outil sûr et performant. Aussi, le HTR est un réacteur qui a des propriétés de sûreté intrinsèques, ce qui est intéressant pour en faire usage dans différents contextes industriels. 

Enfin, les réacteurs HTR fournissent de la chaleur à plus haute température, ce qui permet d’aller conquérir de nombreux marchés. 

En quoi le fait de recourir à des technologies déjà mâtures était important pour développer Jimmy ?

Cette approche constitue l’ADN de Jimmy. Une fois le choix du réacteur HTR arrêté, notre démarche, qui caractérise notre vision du projet, a été de reprendre toutes les briques technologiques existantes pour créer un réacteur low tech. Nous ne voulions pas entrer dans un travail de requalification des technologies que nous aurions développées à partir de ce qui existe. L’idée est d’utiliser des techniques déjà éprouvées, pour être en mesure de fournir une offre énergétique sure, économique et écologique. 

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Nous sommes actuellement en phase de conception et nous préparons aujourd’hui la demande d’autorisation de création. Notre design est conçu pour optimiser l’industrialisation du générateur et de son réacteur, avec l’objectif de proposer un modèle le plus évolutif possible.

Quelles sont les contraintes auxquelles vous faites face ?

La première contrainte est de développer un outil sûr. La deuxième est que cet outil sûr soit rentable. 

Le travail scientifique est mature dans notre projet, puisque les combustibles et les matériaux utilisés sont déjà qualifiés. Les enjeux se situent surtout sur notre capacité à simplifier suffisamment nos réacteurs et à les industrialiser. Ainsi, toutes les pièces constituant l’intérieur de notre réacteur seront fabriquées en série.

Et la contrainte de sûreté ?

En termes de sûreté, notre interlocuteur est l’ASN, avec qui nous échangeons très régulièrement. L’évaluation de la sûreté de nos réacteurs est pour l’ASN une mission qui diffère un peu de ses prérogatives habituelles. De notre côté, nous sommes un acteur privé, nouveau dans le monde du nucléaire et nous devons faire nos preuves. Il y a donc des deux côtés – Jimmy et l’ASN – un travail à faire pour évaluer de manière pertinente et efficace la sûreté de notre outil.

Plus largement, l’ASN a initié une démarche d’actualisation de ses procédures pour répondre au mieux aux nouveaux enjeux et spécificités que recouvrent les SMR. Les tailles, formes et puissances de ces nouveaux réacteurs sont en effet très différentes (et moindres) de celles des réacteurs opérationnels traditionnels. 

Quand est prévue la phase d’industrialisation à proprement parler ?

Le démarrage du chantier est prévu pour début 2026 et doit prendre fin la même année, c’est l’objectif. Pour être en mesure de réaliser cela, la structure du bâtiment est conçue de façon à pouvoir assembler rapidement les réacteurs puis les générateurs. 

De même, nous voulons mener le plus grand nombre de tests possibles au sein de nos installations, afin de limiter au minimum les tests à effectuer sur le site du client. 

Avez-vous des concurrents sur la technologie des chaudières nucléaires ?

En réalité, nos principaux concurrents, à l’heure actuelle, sont le gaz et la biomasse. Au niveau technologique, des projets similaires sont en développement aux Etats-Unis, sur des niveaux de chaleur moins élevés. Nous n’avons pas de concurrents au niveau européen sur les micro-réacteurs HTR. Des projets sont en cours sur des réacteurs à sels fondus, mais nous sommes là sur du long terme, puisqu’il faut tout réinventer technologiquement.

Enfin, prévoyez-vous de recruter d’ici à 2026 et le passage à l’industrialisation du projet ?

Nous sommes actuellement 60 salariés. Nous prévoyons de doubler ce chiffre d’ici 2026, pour atteindre les objectifs et passer concrètement à une phase d’exploitation où l’entreprise devient de plus en plus industrielle. Cela passe par la construction d’une plateforme industrielle, c’est l’ambition qui nous anime actuellement.

Propos recueillis par Pierre Thouverez dans Énergie, publié le 11 décembre 2023 

https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/jimmy-va-industrialiser-ses-chaudieres-nucleaires-des-2026-128803/

VLADIMIR POUTINE A INAUGURÉ LUNDI DEUX NOUVEAUX SOUS-MARINS NUCLÉAIRES

Selon le président russe, huit autres appareils du même type sont actuellement en cours de construction dans les chantiers navals.

La Russie renforce sa flotte. Lors d’un déplacement à Severodvinsk, près d’Arkhangelsk, dans le nord-ouest du pays, Vladimir Poutine a inauguré lundi deux nouveaux sous-marins à propulsion nucléaire. Après six ans de travaux, le « Krasnoïarsk » et l’ « Empereur Alexandre III », des submersibles de quatrième génération, vont renforcer la flotte du Pacifique, basée en Extrême-Orient. « Ces redoutables porte-missiles, sans équivalent dans leur catégorie, entrent en service au sein de notre marine », s’est sobrement félicité le président russe au cours d’une cérémonie de lever de drapeau prévue pour l’occasion.

La mise en service de ces deux bâtiments n’est que le début d’un programme plus large de renforcement et de modernisation de la marine de Moscou. Vladimir Poutine a ainsi promis d’accroitre la présence navale russe « dans l’Arctique, l’Extrême-Orient, la mer Noire, la mer Baltique et la mer Caspienne ». « Le travail visant à consolider la puissance maritime de la Russie se poursuivra sans aucun doute », a-t-il ajouté. Parmi les chantiers en cours figurent huit autres sous-marins nucléaires de diverses classes, produits un peu partout en Russie, a détaillé le chef d’État. 

Depuis le début de l’offensive en Ukraine, et en réaction aux revers militaires que les forces russes y ont essuyés en 2022, la Russie a entamé un renforcement de son armée. Et ce, malgré les multiples sanctions occidentales liées au conflit. Dans cette optique, le Parlement a entériné, en octobre dernier, une envolée des dépenses militaires. 

Par M.G avec AFP, publié le 11 décembre 2023 à 16h13

Photo en titre : Vladimir Poutine visite l’un des nouveaux sous-marins. – Mikhail KLIMENTYEV / POOL / AFP

https://www.tf1info.fr/international/guerre-ukraine-russie-vladimir-poutine-inaugure-deux-nouveaux-sous-marins-nucleaires-2279067.html

PROJET D’UN NOUVEAU BARRAGE HYDROÉLECTRIQUE SUR LE RHÔNE EN AVAL DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE DU BUGEY


 Notre président et son gouvernement ont sollicité la CNR (Compagnie Nationale du Rhône) dans le cadre du renouvellement de sa concession, pour l’étude d’un projet de nouveau barrage hydroélectrique qui viendrait augmenter sa production d’énergie renouvelable dans le cadre de la loi de transition énergétique et pronucléaire.

L’endroit choisi par la CNR se situe juste en aval de la centrale du Bugey et donc des futurs EPR. Une concertation menée sous le contrôle de la commission du débat public démarre tambour battant pour 3 mois. Fin février le dossier de la concertation sera clos. Puis le dossier sera remis au président qui prendra la décision de construire (ou pas ?!) ce barrage.

À la lecture du document de la CNR, on ne peut que constater que ce projet est très impactant et destructeur pour les derniers kilomètres vierges de tout aménagement du Rhône, du milieu naturel, des ressources en eau, de la bétonisation et de l’emprise sur les terres cultivables (digues), le patrimoine humain, et des conséquences potentielles, non-identifiées, sur ce fabuleux site (classé) de la confluence du Rhône avec la rivière d’Ain.

Le développement des énergies renouvelables ne saurait se faire au détriment du vivant ! C’est le cas ici !

Par ailleurs, Joël Guerry a fait une étude sur la complémentarité qu’il juge effective entre barrage et le fonctionnement des centrales.  On peut le constater sur quasiment l’ensemble des sites de centrales nucléaires françaises

La CNR ne reconnaît pas la complémentarité évidente avec le fonctionnement des EPR qui ne pourront fonctionner sans un volume d’eau du fleuve dont les scientifiques prédisent la baisse de l’étiage pour les décennies à venir ! Nous ne pouvons qu’éprouver notre plus grand scepticisme quant à ces dénégations peu convaincantes !!! …et nous interroger sur la nécessité d’un ouvrage dont le coût s’avère nettement disproportionné eu égard à sa production potentielle (la plus faible des ouvrages construits et exploités par la CNR) qui pourrait tout juste suffire à alimenter les EPR pour leur fonctionnement !

Ce projet est mené avec le soutien d’élus de l’Ain (dont le maire de Loyettes) qui y voient l’opportunité d’y adjoindre un pont (par ailleurs nécessaire à la fluidification du trafic routier entre l’Ain et l’Isère mais pas à Loyettes déjà saturé !)

Face à ce projet de barrage, les élus de St Romain de Jalionas très impactés se sont inquiétés et mobilisés. Des élus, des citoyens de St Romain et de toute la vallée impactée ont créé un collectif auquel, à titre personnel, plusieurs membres de SDN BUGEY ont déjà adhéré.

Vous trouverez ci-dessous l’appel de ce collectif pour participer à la mobilisation.

Rendez vous sur le site de la consultation et contribuez à cette mobilisation qui prend vraiment de l’ampleur ! Ne laissons pas les technocrates et autres nucléocrates décider du devenir de notre région !

 » Les seuls combats perdus sont ceux que l’on a pas voulu mener  » car  » La plus haute fonction de l’écologie, c’est la compréhension des conséquences » (F.Herber)

Message du collectif STOP BARRAGE

Vous le savez peut-être, la CNR envisage de construire un barrage sur le Rhône entre Loyettes (01) et Saint Romains de Jalionas (38). Cet ouvrage coûteux et rhônicide affecterait les derniers 25 km de Rhône encore sauvages.

La concertation préalable consultable ici https://concertation-rhonergia.fr/ a débuté le 1er décembre 2023, elle se terminera le 29 février 2024.

Un collectif de citoyens opposés au Barrage Rhônergia (c’est son nom) a vu le jour le 27 novembre, si vous aussi vous êtes opposé à ce barrage et souhaitez le rejoindre, vous trouverez son actualité ici https://www.stopbarrage.fr/ Vous pourrez vous abonner à sa page facebook et signer sa pétition en ligne.

Si vous souhaitez recevoir la newsletter du collectif et connaître ses actions vous pouvez laisser un message avec vos coordonnées à l’adresse .

Une précision : le collectif s’oppose au barrage mais ne traite pas du nucléaire.

N’hésitez pas à transférer ce message autour de vous.

Le collectif STOP BARRAGE RHÔNERGIA vous remercie.

https://www.change.org/p/stop-au-barrage-rhonergia-sur-le-dernier-tron%C3%A7on-sauvage-du-fleuve-rh%C3%B4ne

NUCLÉAIRE : ORANO VA FOURNIR L’URANIUM ENRICHI D’ONTARIO POWER AU CANADA

(Boursier.com) — À l’occasion du World Nuclear Exhibition (WNE), le groupe Orano a conclu un accord de partenariat avec Ontario Power Generation (OPG), un électricien canadien et exploitant de centrales nucléaires, pour fournir de l’uranium enrichi. Il s’agit pour Orano du premier contrat de fourniture d’uranium enrichi pour un projet de développement d’un réacteur SMR.

Selon les termes de cet accord de partenariat, Orano fournira une partie de l’uranium enrichi pour alimenter le réacteur SMR1 BWRX-300 développé par le constructeur GE Hitachi. D’une puissance de 300 MWe, il s’agit du premier projet de réacteur SMR installé au Canada, qui sera exploité par OPG sur le site de la centrale nucléaire de Darlington, située à 70 km à l’est de Toronto au Canada.

Rappelons qu’Orano produit de l’uranium enrichi pour ses clients français et étrangers en vue de fabriquer des combustibles destinés à alimenter les centrales nucléaires de production d’électricité. Le groupe dispose avec sa plateforme industrielle du Tricastin de 30% de la capacité occidentale de production d’uranium enrichi qui correspond à la consommation en électricité bas carbone de 90 millions de foyers, soit l’équivalent de la France, l’Allemagne et du Royaume-Uni. Les équipes d’Orano travaillent à un projet industriel visant à augmenter de 30% les capacités d’enrichissement sur site du Tricastin afin de contribuer à la sécurité d’approvisionnement de ses clients.

Par Alexandra Saintpierre, publié le 10/12/2023 à 17h07

Photo en titre : Crédit photo © Orano

https://www.boursier.com/actions/actualites/news/nucleaire-orano-va-fournir-l-uranium-enrichi-d-ontario-power-915676.html

LES ÉTATS-UNIS SE PROCURENT DE L’EAU LOURDE IRANIENNE PAR LE BIAIS D’UN INTERMÉDIAIRE, SELON LE MAE IRANIEN

L’eau lourde, une forme d’eau qui contient de l’hydrogène lourd, est considérée comme la matière nucléaire la plus recherchée après l’uranium.

Les États-Unis se procurent de l’eau lourde des réacteurs nucléaires de l’Iran par le biais d’un intermédiaire, malgré les sanctions, a révélé samedi le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian

S’exprimant lors d’un événement organisé à Téhéran, capitale de l’Iran, le chef de la Diplomatie iranienne, s’est fait l’écho des déclarations répétées des responsables de l’agence nucléaire iranienne.

Il a ajouté que les secteurs les plus sanctionnés de l’Iran, notamment les missiles et le nucléaire, sont également les plus avancés.

Hossein Amir-Abdollahian a évoqué les propos d’un fonctionnaire européen qui, après avoir effectué des tests, a affirmé que l’eau lourde iranienne était  » de la meilleure qualité  » au monde.

L’eau lourde, une forme d’eau qui contient de l’hydrogène lourd, est considérée comme la matière nucléaire la plus recherchée après l’uranium. L’Iran est l’un des rares pays à la produire avec une grande pureté.

En septembre, Behrouz Kamalvandi, porte-parole et chef adjoint de l’agence nucléaire iranienne, déclarait que l’eau lourde produite en Iran « se classe au premier rang mondial en termes de qualité« , ajoutant que des pays européens avaient manifesté leur intérêt pour cette ressource.

L’Iran vend un litre d’eau lourde pour 1 000 dollars, avait-il indiqué, précisant que le produit est utilisé pour diagnostiquer et traiter des maladies graves comme le cancer.

En août, le chef de l’agence nucléaire iranienne, Mohammad Eslami, indiquait que l’eau lourde de l’installation nucléaire de Khandab, dans le centre de l’Iran, faisait l’objet d’une demande particulièrement élevée, ajoutant que d’importants investissements étaient réalisés dans les produits dérivés de l’eau lourde.

L’achat d’eau lourde iranienne avait déjà été révélé par Behrouz Kamalvandi en avril, lorsqu’il avait déclaré que Washington avait « une fois de plus » manifesté son intérêt pour l’achat d’eau lourde à l’Iran en raison de sa « bonne qualité« .

« Nous sommes conscients que l’eau lourde produite en Iran est l’une des meilleures au monde et que même les Américains ont essayé de l’acheter après en avoir analysé les propriétés« , aurait-il déclaré.

L’impasse dans laquelle se trouvent les négociations prolongées visant à relancer le pacte nucléaire de 2015, qui permettait à l’Iran de conserver jusqu’à 130 tonnes d’eau lourde, a aggravé les tensions entre Téhéran et Washington.

En avril 2016, après la conclusion de l’accord historique, des responsables américains auraient déclaré leur intention d’acheter 32 tonnes d’eau lourde à l’Iran pour une valeur de 8,6 millions de dollars, une décision critiquée par les Républicains.

Cette mesure avait été rapidement suivie d’une loi de la Chambre des représentants des États-Unis qui a bloqué l’achat d’eau lourde à l’Iran.

En novembre 2019, l’organe de surveillance nucléaire des Nations unies a annoncé que le stock iranien d’eau lourde pour les réacteurs (131,5 tonnes) avait franchi la limite fixée dans l’accord conclu en 2015 avec les puissances mondiales.

Le réacteur nucléaire à eau lourde d’Arak, également connu sous le nom d’Arak ou IR-40, situé dans le nord-est de l’Iran, est la principale installation iranienne de production de dérivés de l’eau lourde.

Par Syed Zafar Mahdi, traduit de l’anglais par Alex Sinhan Bogmis, publié le 10 décembre 2023

https://www.aa.com.tr/fr/monde/les-%C3%A9tats-unis-se-procurent-de-leau-lourde-iranienne-par-le-biais-dun-interm%C3%A9diaire-selon-le-mae-iranien/3078737

PYONGYANG REVENDIQUE SA « MONTÉE AU RANG DE PUISSANCE NUCLÉAIRE MONDIALE »

SÉOUL, 10 déc. (Yonhap) — L’Agence centrale de presse nord-coréenne (KCNA), porte-parole officiel du pays, a revendiqué dans un commentaire publié dimanche matin que la Corée du Nord a accompli « une montée subite au rang de puissance nucléaire mondiale, et le rêve de suprématie des impérialistes américains n’est plus qu’illusion », avançant que le régime d’unipolarité mené par les États-Unis est arrivé à son terme.

L’agence nord-coréenne a indiqué que «l’avènement des nouvelles puissances comme la Russie et la Chine freine fortement la tentative des États-Unis de conquête de la suprématie mondiale». Elle a d’ailleurs noté que les Brics, le bloc économique composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, a affiché son opposition à un régime d’unipolarité dirigé par les États-Unis. D’après la KCNA, les Brics disposent désormais « d’une possibilité de bâtir un nouvel ordre économique mondial » avec l’acceptation de l’adhésion de nouveaux pays membres.

Selon les commentaires du média d’État, les États-Unis perçoivent l’avènement de ces nouvelles puissances et communautés internationales comme un « grand défi » et des « éléments dangereux », alors qu’ils tentent de diviser le monde en deux blocs, démocratique et autoritaire, et d’exercer des pressions politiques, économiques et militaires.

La KCNA a estimé que les divisions du monde dont ont fait mention les Etats-Unis et les pays de l’Occident lors de l’Assemblée générale des Nations unies tenue en septembre dernier est « une expression de la peur face à l’avancée de l’humanité vers la multipolarité », ajoutant que « le monde d’unipolarité des États-Unis est tel un château de sable sur une plage, et sa disparition soudaine n’est plus qu’une question du temps. »

(jhoh@yna.co.kr), publié le 10.12.2023 à 09h54

Photo en titre : Armes nucléaires nord-coréennes (Photomontage Yonhap)

https://fr.yna.co.kr/view/AFR20231210000100884

PETITE CHRONIQUE DE LA FRANÇATOMIQUE – AVIS DE TEMPÊTE SUR LE NUCLÉAIRE

La Françatomique prétend relancer l’industrie nucléaire militaro-civile sans avoir tiré toutes les conséquences des catastrophes passées ou évitées de justesse. La tempête qui s’est abattue début novembre sur l’ouest de la France est l’occasion de revenir sur les défauts récurrents des centrales nucléaires.

« La tempête Ciaran a endommagé le réseau électrique dans le Cotentin, privant la centrale de Flamanville de sa ligne d’évacuation. Les deux réacteurs ont donc dû être îlotés. C’est-à-dire que leur puissance a été très rapidement réduite pour fournir de l’énergie au site sans faire appel aux diesels de secours. » ?

Cet extrait d’un communiqué[1], publié le 3 novembre puis mis à jour le 9 novembre 2023 par la Société Française d’Énergie Nucléaire (Sfen)[2], n’a pas fait la une des médias. Pourtant, une centrale nucléaire qui perd son alimentation électrique nous fait courir un risque grave. Mais comme l’indique le titre du communiqué (« Tempête Ciaran : ilotage réussi des deux réacteurs de Flamanville »), la manœuvre de sauvegarde a réussi. Dès lors pourquoi s’intéresser à ce non-événement ? Et bien parce que l’histoire a montré que la perte de contrôle d’un réacteur nucléaire était possible et avait des conséquences dramatiques. Et parce que tous les enseignements n’ont pas été tirés des catastrophes passées ou évitées de justesse.

Pour commencer, qu’est-ce que l’ilotage d’un réacteur nucléaire ?

C’est une procédure malheureusement célèbre puisque c’est un essai d’ilotage qui a enclenché la catastrophe de Tchernobyl en 1986.

La Sfen explique dans son communiqué : « Iloter un réacteur signifie, qu’en cas de défaillance du réseau, la puissance du cœur est très rapidement abaissée, de l’ordre de 25 % de sa valeur nominale. Et environ 5 % sur ces 25 % est dirigée vers la turbine pour que l’alternateur suffise à fournir l’énergie nécessaire aux équipements essentiels de l’installation. Il s’agit cependant d’un transitoire qui doit être réalisé avec soin. ».

Un « transitoire » c’est une situation délicate de déséquilibre de fonctionnement du réacteur. La chaleur à évacuer est en proportion beaucoup plus importante, par rapport à l’électricité à produire, qu’en fonctionnement « normal ». Il faut arriver très rapidement à un nouvel état d’équilibre. Sans celui-ci une surchauffe du réacteur peut se produire et provoquer une fusion partielle ou totale du cœur dont résulteraient des émissions plus ou moins massives de radioactivité dans l’environnement.

Lors de la tempête du 27 décembre 1999 une tentative d’ilotage avait échoué à la centrale nucléaire du Blayais. Le démarrage in-extremis des diesels de secours avait alors permis d’éviter la catastrophe.[3]

Que savons-nous des effets d’une forte tempête sur les réacteurs d’une centrale nucléaire ?

Pour pouvoir évacuer la puissance thermique du cœur du réacteur, même réduite à 25% de sa valeur nominale, il faut de l’électricité pour alimenter les pompes de refroidissement. Mais encore faut-il que celles-ci fonctionnent. Or une tempête peut provoquer, en plus des ruptures d’alimentations électriques externes, une inondation des locaux qui abritent les pompes, les rendant inopérantes. Ce fut le cas à la centrale nucléaire du Blayais dans la nuit du 27 au 28 décembre 1999. Les digues de protection n’étaient pas suffisamment hautes pour protéger la centrale.

L’Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN), ancêtre de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), avait alors publié deux rapports sur le déroulement et les conséquences de l’inondation[4]. L’IRSN avait ensuite engagé une recherche visant à améliorer la connaissance du risque de submersion et à adapter les mesures permettant de le réduire[5]. Selon l’IRSN, suite à la réévaluation du risque, des travaux n’ont été engagés que pour deux centrales nucléaires (Gravelines près de Dunkerque et ses 6 réacteurs, Le Blayais en Gironde et ses 4 réacteurs) parmi les cinq centrales les plus exposées en cas de tempête (les deux citées précédemment, Penly et Paluel en Normandie avec respectivement 2 et 4 réacteurs, Flamanville dans le Cotentin avec 2 réacteurs)[6].

Est-il bien raisonnable de maintenir en fonctionnement des réacteurs nucléaires soumis à de fortes tempêtes ?

La Sfen indique dans son communiqué : « L’intérêt de l’ilotage d’un réacteur, plutôt que son arrêt, est qu’il permet d’éviter l’utilisation des diesels de secours. De plus, il permet un retour rapide de la production électrique sur le réseau lorsque les conditions d’exploitations normales sont revenues. C’est-à-dire, dans le cas présent, la réparation des lignes d’évacuation de l’électricité. »

Mais pourquoi donc faudrait-il éviter l’utilisation des diesels de secours ? Et bien tout simplement parce que leur démarrage et leur bon fonctionnement ne sont pas garantis. Plusieurs médias ont enquêté à ce sujet. Franceinfo, par exemple, a relaté plusieurs départs de feu au démarrage de groupes électrogènes diesels d’ultime secours installés dans les centrales françaises après la catastrophe de Fukushima. EDF en a recensé sur 7 des 20 générateurs fournis par Westinghouse. Ces incidents ont été observés dans les centrales de Nogent-sur-Seine, Cattenom, Golfech et Flamanville, justement, début 2021.

Et pourquoi serait-il intéressant, pour EDF, d’iloter plutôt qu’arrêter un réacteur ? Et bien tout simplement pour maximiser la production nucléaire. Mais ce n’est pas forcément un bon choix, ni une option possible.

Le 3 novembre après-midi les réacteurs N°2 et N°3 de la centrale nucléaire de Paluel se sont arrêtés automatiquement, « en raison d’un dysfonctionnement de la ligne d’évacuation de l’électricité » selon EDF. Il ne semble pas que les diesels de secours aient été utilisés à ce moment-là.  Les 2 réacteurs sont restés à l’arrêt une dizaine de jours. Le 3 novembre, moins de 4 heures après le début de l’ilotage, le réacteur N°1 de Flamanville était reconnecté au réseau. Mais le réacteur N°2, iloté puis arrêté, a été remis en service 20 jours plus tard. L’ilotage a donc été un « jeu » à somme nulle. De plus, pendant la tempête, un réacteur était à l’arrêt pour réduire la puissance fournie au réseau interconnecté du fait de la forte production des éoliennes[7]. Il y avait alors un fort excédent de production en France, des exportations conséquentes vers nos voisins européens et aucun risque de manquer d’électricité malgré le nombre élevé de réacteurs arrêtés ou déconnectés du réseau (20 au total en comptant ceux de Flamanville et de Paluel).

Les pires tempêtes possibles sont-elles prises en compte ?

En décembre 1999, la tempête avait provoqué une inondation de la centrale nucléaire du Blayais. Une catastrophe majeure avait été évitée de justesse. En mars 2011, au Japon, celle-ci s’est réellement produite et ses conséquences sont incalculables.

Le 8 août 1948, le port de Dielette, à proximité immédiate de la centrale de Flamanville, avait été submergé par des vagues de plus de 10 mètres.[8] Or, dans le rapport d’évaluation complémentaire de sûreté de la centrale, publié suite à la catastrophe de Fukushima, on peut lire que la « Cote Majorée de Sécurité pour les tranches 1 et 2 de Flamanville est donc aujourd’hui évaluée à 7,79 m NGF N. Ce niveau est retenu pour le dimensionnement des installations. [9]».

Le dimensionnement des ouvrages de protection contre les risques de submersion est donc basé sur une hypothèse démentie par les faits. Et ce n’est qu’un exemple qui montre que l’industrie nucléaire est bien loin d’avoir pris en compte toutes les tempêtes possibles.

Quels constats tirer de cet épisode ?

Malgré plusieurs tempêtes qui les ont interrompues par le passé, rien n’a été fait pour sécuriser les lignes électriques externes aux centrales nucléaires. C’est ainsi que les centrales nucléaires de Flamanville et de Paluel se sont trouvées fort dépourvues lors de la tempête Ciaran.  Rien n’a été fait non plus pour éviter les ennuis en prévoyant l’arrêt anticipé des réacteurs exposés à une forte tempête, lorsqu’elle est annoncée à l’avance. Et tout n’a pas été fait pour renforcer la protection contre les risques d’inondation en cas de forte tempête.

A contrario, les pressions économiques et politiques poussent EDF à maximiser la production nucléaire, même lorsqu’elle n’est pas nécessaire à l’équilibre du réseau électrique et en dépit des risques que cela comporte.

La Françatomique semble être en « ilotage » sur ses certitudes et turpitudes. Elle ignore superbement tous les signaux d’alerte. Son « contrôle-commande » est défaillant comme l’a été celui de la centrale de Civaux fin août 2023[10]. La Françatomique prétend pourtant relancer l’industrie nucléaire militaro-civile alors qu’elle n’a ni les moyens économiques, ni les moyens techniques nécessaires et encore moins les connaissances scientifiques suffisantes des aléas naturels qui peuvent enclencher des catastrophes majeures.

NOTES

[1] « Tempête Ciaran : ilotage réussi des deux réacteurs de Flamanville »

https://www.sfen.org/rgn/tempete-ciaran-ilotage-reussi-des-deux-reacteurs-de-flamanville/

[2] La Sfen est un des principaux organes de communication du lobby nucléaire français.

[3] France Inter, « Affaires sensibles« 

https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/video-affaires-sensibles-ca-cassera-un-jour-l-incident-du-blayais-rappelle-qu-en-france-vingt-ans-apres-un-accident-nucleaire-est-toujours-possible_4824839.html

[4] « L’inondation de la centrale du Blayais en décembre 1999 »

https://www.irsn.fr/actualites/linondation-centrale-blayais-decembre-1999

[5] « Pour la Science », 22 février 2023, « Comment réduire le risque de submersion marine des centrales nucléaires ? »

https://www.pourlascience.fr/sr/article-partenaire/comment-reduire-le-risque-de-submersion-marine-des-centrales-nucleaires-24785.php

[6] Les centrales nucléaires en bord de cours d’eau peuvent aussi être inondées en cas de fortes crues et de rupture de barrages.

[7] Voir le site « Nuclear Monitor » qui présente de manière synthétique les disponibilités et indisponibilités de réacteurs ainsi que les productions électriques par type d’énergie et la consommation totale en France au pas de 15 minutes.

https://nuclear-monitor.fr/#/mix?date=2023-11-02T20:00:00.000Z

[8] Étude de Daubord, C. et al., (2015), rapport technique final du projet NIVEXT, page 113, fiche tempête T 33, signalée dans la base de données « Tempêtes et Submersions Historiques » de l’IRSN

https://bddtsh.irsn.fr/

http://refmar.shom.fr/documents/10227/382855/Rapport-NIVEXT.pdf

[9] EDF – 2011 – RECS FLAMANVILLE 1‐2 N°3 ‐ 9/40

https://www.edf.fr/sites/groupe/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/carte-des-implantations/centrale-flamanville%203%20-%20epr/rapport_devaluation_complementaire_de_surete_-_2011.pdf

[10] https://www.asn.fr/content/download/191247/download_file/INSSN-BDX-2023-0040.pdf

Par François VALLET, Ingénieur en génie climatique, énergétique et environnement, publié le 09 décembre 2023

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Photo en titre : centrale de Flamanville, ©EDF

https://blogs.mediapart.fr/francois-vallet/blog/091223/petite-chronique-de-la-francatomique-avis-de-tempete-sur-le-nucleaire

NUCLÉAIRE : L’IRAN ESTIME DE PLUS EN PLUS « INUTILE » LE RETOUR À L’ACCORD DE 2015

L’accord de 2015 encadrant les activités nucléaires de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales a volé en éclats

La relance éventuelle de l’accord conclu en 2015 sur le nucléaire est devenue de plus en plus « inutile » pour l’Iran, a déclaré samedi le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.

« Aujourd’hui, plus on avance, plus le JCPOA (acronyme de l’accord sur le nucléaire en anglais, NDLR) devient inutile« , a affirmé M. Amir-Abdollahian lors d’un discours devant les étudiants de l’Université de Téhéran.

L’accord de 2015 encadrant les activités nucléaires de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales a volé en éclats à la suite du retrait de Washington en 2018 décidé par le président de l’époque, Donald Trump. 

Son successeur, Joe Biden, a tenté de le ranimer mais les négociations engagées entre Téhéran et les cinq pays toujours signataires (Chine, Russie, Royaume-Uni, France et Allemagne), avec la participation indirecte des États-Unis, sont au point mort depuis l’été 2022. « Étant donné que les lignes rouges (de l’Iran) ont parfois été ignorées par l’autre partie, nous ne sommes pas actuellement sur la voie de revenir à l’accord« , a indiqué M. Amir-Abdollahian.

« Bien entendu, cela ne signifie pas que nous ayons laissé l’accord de côté. Si l’accord sert nos intérêts, (nous l’accepterons) avec tous ses défauts« , a-t-il ajouté. 

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a appelé en octobre la communauté internationale à ne pas faillir en Iran comme elle l’a fait en Corée du Nord, aujourd’hui dotée de la bombe atomique.

Par i24NEWS – AFP, publié le 09 décembre 2023 à 14h52

Photo en titre : Ibrahim AMRO / AFPHossein Amir-Abdollahian

https://www.i24news.tv/fr/actu/international/1702129948-nucleaire-l-iran-estime-de-plus-en-plus-inutile-le-retour-a-l-accord-de-2015

LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE BRENNILIS DEVRA ÊTRE DÉMANTELÉE AU 31 DÉCEMBRE 2041

Le site nucléaire des monts d’Arrée, à l’arrêt depuis 1985, entre dans sa dernière étape de démantèlement. Dix-sept années seront nécessaires pour supprimer du paysage les installations subsistantes.

La Commission locale d’Information (Cli) des monts d’Arrée, qui suit le dossier du démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère) à l’arrêt depuis 1985, a tenu sa réunion publique annuelle, jeudi 7 décembre 2023, à la salle communale. Une soixantaine de personnes, dont un faible nombre d’habitants du territoire, y ont participé.

La première partie fut consacrée au fonctionnement de la Cli. Plusieurs membres ont dénoncé « un manque criant de transparence » dans la publication des données relatives à la radioactivité sur le site et dans le cours de l’Ellez.

Le site de l’ancienne centrale nucléaire des monts d’Arrée, par décret ministériel, est voué au démantèlement complet. La directrice du site, exploité par EDF, Marianne Fajeau, a précisé le calendrier de cette ultime étape qui consistera entre autres au démantèlement du réacteur, partie la plus sensible et radioactive.

Le calendrier

De 2024 à 2027, il s’agira de préparer le chantier. 2028 et 2029 seront consacrées à l’installation des ateliers blindés, permettant de 2030 à 2036, de démanteler la cuve et les structures activées.

En 2037 et 2038, ce sera au tour de l’assainissement de l’enceinte et des sols. Les années 2039 et 2040 verront la démolition de l’enceinte. La fin du chantier est à ce jour annoncée pour le 31 décembre 2041.

Le retour à l’herbe est désormais prévu pour 2041. Un chantier pharaonique évalué en 2020 à 850 millions d’euros.

La troisième et dernière partie de la réunion fut centrée sur la radioprotection des travailleurs.

Par Ouest-France, publié le 08/12/2023 à 15h55

Photo en titre : Marianne Fajeau a présenté le planning prévisionnel du démantèlement qui s’étalera sur les dix-sept prochaines années. | OUEST-France

https://www.ouest-france.fr/bretagne/brennilis-29690/la-centrale-nucleaire-de-brennilis-devra-etre-demantelee-au-31-decembre-2041-35cb39de-95ac-11ee-b272-8726d29c568a

ÉLECTRICITÉ : 100 MILLIARDS D’EUROS, LA FACTURE COLOSSALE POUR RACCORDER LA FRANCE

Le patron du gestionnaire du réseau de transport d’électricité a indiqué, lors du Forum zéro carbone organisé par La Tribune, que les investissements dédiés au développement du réseau de transport pourraient avoisiner les 100 milliards d’euros d’ici à 2040-2045. Des investissements du même ordre de grandeur sont attendus pour le réseau de distribution, géré par Enedis, a-t-il précisé.

RTE, le gestionnaire du réseau de transports d’électricité, présentera à la fin du printemps, son programme d’investissements à l’horizon 2040, à travers son nouveau schéma décennal de développement du réseau (SDDR). « Ces investissements seront considérables, nous le savons déjà » avait lancé Xavier Piechaczyk, le patron de RTE, devant les sénateurs à la fin du mois d’octobre. Interrogé ce jeudi 7 décembre à l’occasion du Forum Zéro Carbone, organisé par La Tribune, France Urbaine et la ville de Paris, à l’Hôtel de ville de Paris, sur un possible montant d’investissements proche de 100 milliards d’euros, le dirigeant a confirmé qu’il s’agissait du bon « ordre de grandeur ».

Des milliards « avec plusieurs zéros »

« Vous avez raison c’est de cet ordre de grandeur-là d’ici à 2040, voire 2045 pour le transport d’électricité. C’est du même ordre de grandeur pour la distribution [dont le réseau est géré par Enedis, ndlr]. Donc vous voyez que ce sont des volumes de milliards avec plusieurs zéros », a-t-il répondu.

Le président de RTE a ajouté que ces chiffres seraient « à confirmer » au printemps 2024, lors de la présentation du SDDR. Les prévisions du gestionnaire s’appuieront sur les données de la nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) mise en consultation par le gouvernement fin novembre.

Pour mémoire, le précédent plan d’investissements, publié en 2019, s’était chiffré à 33 milliards d’euros. Cette fois-ci, le seul raccordement des 18 GW d’éolien en mer, prévus dans le cadre de la Stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC) à l’horizon 2035, devrait coûter plus que ces 33 milliards d’euros.

Transport, distribution… des investissements du même ordre que le programme du nouveau nucléaire

« Le volume d’investissements à faire dans les réseaux, que ce soit la distribution ou le transport d’électricité en France, pour atteindre la neutralité carbone est du même ordre que le programme du nouveau nucléaire français, si on construit 14 ou 15 EPR 2. Donc c’est absolument considérable », a encore illustré Xavier Piechaczyk.

Compte tenu de ces futurs investissements, « financés par de la dette », Xavier Piechaczyk a souligné le besoin d’avoir en France des opérateurs « solides d’un point de vue économique ».

La facture d’électricité va mécaniquement augmenter

Quid des impacts sur la facture d’électricité ? « Le but c’est que l’ensemble du système électrique demain ne coûte pas plus cher au mégawattheure », a affirmé le patron de RTE, en précisant qu’il était toutefois « normal » que « la facture d’électricité augmente » dans les années à venir « parce qu’on va consommer plus en volumes ». En parallèle, les factures de carburants et de gaz des Français devraient, elles, mécaniquement diminuer.

« En revanche, notre enjeu collectif c’est de contenir les coûts unitaires, a-t-il insisté. (…) C’est ça qui va garantir l’incitation à ce que les ménages et les entreprises quittent les hydrocarbures et viennent vers l’électricité », a-t-il conclu.

Par Juliette Raynal, publié le 08 décembre 2023

Photo en titre : Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, au Forum zéro carbone, organisé par La Tribune à l’Hôtel de ville de Paris, le jeudi 7 décembre. (Crédits : La Tribune)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/reseau-electrique-rte-concocte-un-plan-d-investissement-colossal-de-pres-de-100-milliards-d-euros-985125.html

L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE CONTINUE DE DÉCLINER DANS LE MONDE

Si l’effervescence française donne l’impression contraire, l’industrie nucléaire, grevée par ses retards et ses surcoûts, est en recul de par le monde. C’est la principale conclusion du « World Nuclear Industry Status Report », le seul rapport mondial non-étatique sur le sujet.

Dans l’univers très peu transparent de l’industrie nucléaire, le « World Nuclear Industry Status Report » (WNISR) dont la dernière édition vient de sortir, est la seule source d’information indépendante et critique compilant des données précises et actualisées sur l’atome à l’échelle mondiale.

Ce rapport qui compte pas moins de 540 pages, disponible sur internet, est publié chaque année depuis quinze ans par une équipe internationale de spécialistes, coordonnée par Mycle Schneider. À la fois consultant international sur l’énergie et observateur critique du nucléaire, il réfute d’être réduit à un statut d’« opposant », son travail portant d’abord sur la collecte et l’analyse de données (1) .

Même l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), autre source d’information, mais favorable, elle, à l’atome, et dont les données et les responsables proviennent des États ou des entreprises qui leur sont liées, a dû réviser à la baisse sa présentation de l’activité réelle du parc de réacteurs dans le monde, suite aux données publiées par le WNISR.

L’un des premiers constats du rapport est qu’en dépit de l’effervescence de la France – qui possède le plus fort taux mondial de nucléaire dans sa production électrique – cette source d’énergie est marginalisée au niveau mondial par les énergies renouvelables.

Ainsi, en 2022, les investissements dans les renouvelables (sans compter les barrages hydroélectriques) ont atteint « 495 milliards de dollars ». Un record historique. Et « 14 fois plus que dans le nucléaire », qui a dû se contenter de 35 petits milliards.

L’âge d’or du nucléaire a cessé depuis quarante ans

La capacité de production électrique supplémentaire installée des renouvelables en 2022 – hydroélectricité incluse cette fois – a atteint 348 GW, contre seulement 4,3 GW pour les centrales nucléaires.

Si les panneaux solaires et les éoliennes se sentent pousser des ailes, il n’en est pas de même des centrales, dont l’essor, après avoir décollé autour de 1965, a cessé vers 1985. Depuis lors, les mises en service de réacteurs se sont effondrées et leur nombre est rarement plus nombreux que celui des arrêts d’activité.

Ainsi, au cours des vingt dernières années, on a compté 105 fermetures de réacteurs et seulement 99 mises en service. Et encore, la Chine a-t-elle, à elle seule, fait bouger les lignes :  elle a mis en service 49 réacteurs et n’en a arrêté aucun. Mais dans le reste du monde, le solde est une « réduction nette de 55 unités ». À la mi 2023, on compte donc 407 réacteurs en activité, d’une capacité de 365 GW, quatre de moins que l’année d’avant et 31 de moins qu’en 2002.

Ainsi, le parc nucléaire mondial vieillit : l’âge moyen des réacteurs en service continue d’augmenter et est passé de 30 ans à la mi 2022 à 31,4 ans à la mi-2023. Les deux tiers du parc mondial fonctionnent depuis plus de trente ans et un quart depuis plus de 40 ans 

Une production en baisse, dépassée par les renouvelables

Réduction de la taille, vieillissement… La production d’électricité nucléaire s’en ressent : elle a chuté de 4 % l’an dernier et sa part dans l’électricité mondiale est tombée à moins de 10 %, un record depuis quarante ans.

Même aux États-Unis, qui possèdent le parc le plus puissant au monde, la part de la production nucléaire dans l’électricité est tombée à 18 %, la plus basse depuis 25 ans. En revanche, le solaire et l’éolien dépassent désormais les 12 % de la production mondiale d’électricité.

Si les capitaux se concentrent désormais sur les énergies renouvelables, dont les solutions de stockage (généralement par batteries) compensent de mieux en mieux l’intermittence et ce, « à un prix qui baisse », c’est que la production nucléaire est, elle, chère.

Le WNISR rappelle que, selon une modélisation de Lazard, selon les conditions financières, le nucléaire peut coûter jusqu’à quatre fois plus cher que l’éolien terrestre.

Ce surcoût résulte notamment de la durée grandissante et des aléas des chantiers. Sur les 58 réacteurs en construction dans le monde, 24 subissent un retard, dont 9 ont des retards accrus sur ceux déjà annoncés. En 2022, sur les16 réacteurs qui devaient effectuer leur connexion au réseau, sept seulement l’ont réellement fait.

Des chantiers qui s’allongent

Il faut dire que la durée de construction s’allonge. Celle des huit réacteurs livrés en Chine entre 2020 et 2022 a été de 6,5 ans. Celle des sept réacteurs livrés dans le monde en 2022 a été de 9 ans (soit 108 mois). C’est 1,7 année de plus que ceux livrés l’année d’avant. Sept réacteurs sont en construction depuis plus de dix ans (120 mois) au Brésil, en Inde, au Japon et en France. EDF promet, pour sa part, de livrer ses futurs EPR2 en 105 mois.

L’autre conséquence, c’est aussi l’envolée des coûts. Alors qu’EDF et l’État français promettent la construction de six EPR2 pour 51,7 milliards d’euros, soit 8,6 milliards pièce, au Royaume-Uni, le coût de la construction des deux EPR d’EDF à Hinkley Point C  a été revu à 37 milliards d’euros , soit 18,5 milliards pièce. Aux États-Unis, où vient d’entrer en service le premier des deux réacteurs de Vogtle (Géorgie), le coût de construction des deux unités prévues est de 32,4 milliards d’euros, soit 16,2 milliards pièce.

Petits réacteurs : « pas de progrès notables »

Cette envolée des coûts a aussi eu raison du projet américain NuScale, le plus avancé de SMR, ces « small modular reactors » (petits réacteurs modulaires) présentés comme la meilleure solution pour remplacer rapidement des centrales à charbon.

Le WNISR estime, pour sa part, que la couverture médiatique mondiale des SMR est déconnectée de la réalité. En dehors de Chine et de Russie, il n’y a pas de progrès notable : pas de mise en service, ni de lancement de construction, ni même de certification de conception. Au contraire, le projet le plus avancé, NuScale, a été abandonné, puisque son coût par kilowatt se révélait deux fois plus élevé que celui du plus cher des EPR européens.

Encore 27 000 « réfugiés » de Fukushima

Les entreprises qui développent le nucléaire se réduisent finalement à une poignée d’acteurs publics, dont les constructeurs chinois, avec 23 réacteurs en construction en Chine ; le russe Rosatom, avec 24 projets, dont 19 à l’export ; le français EDF, qu’il a fallu renationaliser, et le sud-coréen Kepco, lui aussi en difficulté financière.

Le WNISR n’omet pas d’aborder certains volets délicats. Sur les 212 réacteurs arrêtés dans le monde, seulement 22 ont été démantelés, sans progression depuis l’an dernier : 17 aux USA, quatre en Allemagne, un au Japon. Et toujours aucun en France, ni en Russie, au Royaume-Uni, ou au Canada.

L’autre point, ce sont les catastrophes. Douze ans après celle de Fukushima, alors qu’on a à peine commencé à évacuer les débris des quatre réacteurs, on compte encore 27 000 des 165 000 habitants évacués en urgence qui vivent  comme des réfugiés .

(1) Le WNISR précise qu’il est soutenu financièrement par 7 organismes, basés dans 4 pays, dont 3 fondations. Aucun soutien financier ne dépasse 40 % du budget total. Il précise qu’aucun organisme n’a d’influence sur le contenu du rapport, dont le contenu ne leur est pas communiqué avant publication. Nucléaire. L’EPR chinois arrêté, quid du parc français ?

Par André THOMAS., publié le 06/12/2023 à 17h44

Photo en titre : Le coût unitaire des réacteurs construits par EDF à Hinkley Point C est réévalué à 18,5 milliards d’euros pièce, contre un devis promis en France de 8,6 milliards pour les EPR 2. | AFP

Pour écouter () et retrouver cet article, cliquer sur : https://phplist.amisdelaterremp.fr/lists/?m=16614&uid=05de3a3148ebce886ead9db371d0d882&p=view&pi=ViewBrowserPlugin

L’UE SE FIXE L’OBJECTIF 42,5% DE RENOUVELABLE DANS LE MIX ÉNERGÉTIQUE D’ICI 2030

À l’occasion de la COP 28, le président de la République a rappelé la nécessité de la solidarité entre les États pour atteindre les objectifs fixés lors de l’Accord de Paris en 2015. À l’échelle européenne cet objectif consiste à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, objectif pour lequel le Parlement européen a récemment défini de nouvelles directives.

« Je pense que cette COP a été une COP de prise de conscience sur la question du charbon » affirmait Emmanuel Macron sur X (anciennement Twitter) le 5 décembre 2023. Le président de la République, en déplacement pour assister à la COP 28 aux Émirats Arabes Unis qui se déroule du 30 novembre au 12 décembre, est revenu sur le sujet de la décarbonation. S’il insiste particulièrement sur la nécessité de développer l’énergie nucléaire, les récents objectifs de l’Union européenne encouragent plutôt les États membres à davantage s’emparer des énergies renouvelables, dont le nucléaire ne fait pas partie.

La France, à la traîne dans le secteur des énergies vertes

Ces nouvelles directives ont été votées par le Parlement européen le 13 septembre 2023. Elles visent à accélérer les mesures prises par les gouvernements pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 selon les engagements pris lors de l’Accord de Paris. Alors que le programme initial consistait à atteindre 32% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique de l’UE d’ici 2030, le nouvel objectif a été fixé à 42,5%. Les États membres sont même largement encouragés à atteindre les 45%, et à augmenter les innovations dans le domaine de 5%. Selon le communiqué du Parlement européen, « cette nouvelle législation accélère le processus de validation de projets d’énergies renouvelables comme de nouvelles centrales électriques, les panneaux solaires ou les éoliennes ».  

En 2021, la part des énergies renouvelables représentait 21,8% en moyenne au sein de l’UE, soit près de deux points de plus que l’objectif de 20% d’ici 2020. À l’échelle nationale, même si la France a largement augmenté sa production d’énergies vertes, passant de 19,3% en 2021 à 26% en 2022 selon les chiffres du ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, elle ne fait pas partie des meilleurs élèves. En 2020, la Suède affichait déjà 60% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique national, suivie de la Finlande qui présentait 43%. 

Par Leena Lecointre, (Source :  Français à l’Étranger), publié le 07 décembre 2023

https://www.francaisaletranger.fr/2023/12/07/lue-se-fixe-lobjectif-425-de-renouvelable-dans-le-mix-energetique-dici-2030/

LE CONSEIL DE L’UE CONSACRE LE NUCLÉAIRE PARMI LES TECHNOLOGIES « STRATÉGIQUES » POUR LA DECARBONATION

Après le Parlement européen le mois dernier, le conseil de l’UE a également retenu le nucléaire parmi les technologies comprises dans le Net-Zero Industry Act (NZIA). Elle bénéficie, à ce titre, d’avantages comparables aux renouvelables.

Pour améliorer les capacités industrielles de l’UE dans les technologies nécessaires à la transition énergétique, la Commission européenne a proposé mi-mars un texte pour une industrie décarbonée en Europe.

L’exécutif européen compte ainsi privilégier le financement et le développement de plusieurs technologies considérées comme indispensables pour atteindre la neutralité carbone de l’Union d’ici 2050.

Le nucléaire — fission, cycle du combustible et réacteurs modulaires avancés — figurait parmi celles-ci, sans toutefois bénéficier du statut de « stratégiques », comme pouvaient l’être les renouvelables par exemple.

Les 27 ont rectifié le tir jeudi (7 décembre) en conseil de l’UE, actant leur « approche générale » du NZIA, offrant au nucléaire une place au soleil des technologies dites « stratégiques » pour l’industrie. Ce, malgré la réticence des Allemands et de leurs alliés, Autrichiens et Luxembourgeois notamment, opposés au développement du nucléaire.

Par conséquent, le nucléaire, comme les autres technologies stratégiques, bénéficiera de procédures de permis rationalisées : un guichet unique dans chaque État membre, une digitalisation totale des procédures pour respecter des délais de 9 à 12 mois pour obtenir des autorisations.

Sans surprise, l’approche sied aux intérêts français, même si à l’origine, la situation était moins évidente. La France a dû à plusieurs reprises taper du poing sur la table – le président de la République, Emmanuel Macron, en personne – pour que le nucléaire trouve sa place dans l’imaginaire industriel bruxellois.

Opposition allemande

« C’est un texte positif et efficace », a déclaré le ministre de l’Industrie française, Roland Lescure, en ouverture du conseil. « La France portait une demande forte d’inclusion du nucléaire », complète son cabinet.

À cette fin, la France et huit autres États membres — Bulgarie, Croatie, République tchèque, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie et Slovénie — ont transmis à la présidence espagnole du conseil de l’UE en amont de la réunion une déclaration conjointe rappelant l’intérêt de soutenir le nucléaire et son financement. 

Côté allemand, la pilule est plus difficile à avaler.

« Si nous nous calons sur les discussions en cours à la COP28, nous nous rendons compte que nous devons décarboner rapidement, et cela n’est pas possible en misant sur le nucléaire », a déclaré en ce sens Sven Giegold, secrétaire d’État à l’Économie et à l’Action climatique allemand, lors du conseil.

Le ministre luxembourgeois, lui, « regrette que les technologies nucléaires soient considérées comme ‘stratégique’ ».

Quoi qu’il en soit, le nucléaire est à la fois soutenu par les États membres et par les parlementaires européens. Néanmoins, la méthode diffère.

Les États membres reconnaissent le nucléaire comme « stratégique », car deux listes de technologies sont identifiées, alors que le Parlement européen, lui, confond toutes les technologies utiles à la décarbonation dans une liste unique.

Il y aura donc des discussions à ce sujet lors des négociations à venir pour finaliser le texte, nous confie le cabinet de M. Lescure. Mais « a priori, il y a peu de chances que le nucléaire soit finalement exclu. Nous veillerons à ce que cela reste inchangé ».

Comble du bonheur pour les Français, les autres technologies nucléaires, non prévues dans la liste des technologies « stratégiques », sont retenues comme technologies « net-zéro » et jouissent, à ce titre, de certains avantages.

Question des financements

Le prochain combat à mener relève du financement européen de projets nucléaires.

« La neutralité technologique doit aussi s’appliquer au financement », a déclaré M. Lescure, lors du conseil, bien que le NZIA « n’est pas un texte de financement, mais réglementaire », rappelle son cabinet.

En effet, «il n’y a pas de dispositions financières dans le texte, si ce n’est pour dire qu’il ne comporte pas de dispositions financières, ce qu’a tenu à rappeler l’Allemagne », complète le cabinet.

« Les fonds de l’UE ne doivent pas alimenter des technologies qui ne sont pas soutenues par tous les États membres. Il était donc crucial pour nous d’exclure les questions de financement du NZIA et de ne pas toucher aux réglementations européennes existantes », a déclaré Sven Giegold.

Le NZIA n’a donc pas d’incidence sur les capacités ou non de financer le nucléaire, par des fonds européens ou non. Selon le cabinet de M. Lescure, le statu quo sur ce point n’est, pour le moment, pas un problème.

Il rappelle en effet que le nucléaire peut toujours être financé par la Banque européenne d’investissement et certains fonds européens, possiblement la plate-forme de financement de technologies Strategic Technologies for Europe Platform (STEP) en cours de négociation.

Par ailleurs, le cabinet de M. Lescure a tenu a rappeler que la France avait demandé en juillet, avec ses alliés de l’Alliance du nucléaire, à ce qu’à l’avenir, «les fonds de l’UE qui ne permettent pas de financer le nucléaire, le permettent », dans un esprit «d’impartialité» de l’UE entre le nucléaire et les renouvelables. 

En outre, le Parlement européen propose dans sa position que 25 % des revenus du marché carbone soient fléchés vers le financement des technologies listées dans le NZIA. Cette possibilité n’est pas retenue par le conseil, mais ne demande qu’à être débattue lors du trilogue à venir le 13 décembre.

« Nous pouvons maintenant entamer les négociations et les terminer avant les élections européennes », a déclaré Christian Ehler, rapporteur du Parlement sur le NZIA, sur X.

Par Paul Messad | Euractiv France, édité par Frédéric Simon, publié le 07 décembre 2023 à 17h29, mis à jour à 18h23

Photo en titre : De gauche à droite : Roland Lescure (ministre délégué à l’industrie, auprès du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, France), Matevž Frangež (secrétaire d’État au ministère de l’économie, du tourisme et des sports, Slovénie), lors du conseil «Compétitivité» à Bruxelles, du 7 décembre 2023. [Union européenne, 2023]

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/le-conseil-de-lue-consacre-le-nucleaire-parmi-les-technologies-strategiques-pour-la-decarbonation/

« LE NUCLÉAIRE N’A RIEN D’UNE ÉNERGIE VERTE »

Le Parlement européen vient d’inscrire l’atome parmi les « technologies vertes ». Il n’en est rien, selon Stéphane Lhomme, directeur de l’Observatoire du nucléaire.

Les supporters de l’atome se sont félicités le 21 novembre de voir le Parlement européen inclure le nucléaire parmi les technologies dites « vertes », ou « propres », permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Passons vite sur le caractère ridicule de ce vote : il ne suffit pas qu’une énergie émette peu de CO2 pour être « verte » ou « écologique ».

Le nucléaire est en effet l’une des énergies les plus dangereuses et polluantes qui soient : mines d’uranium, production de déchets radioactifs, rejets continus radioactifs et chimiques des centrales dans l’air et l’eau, etc.

Rappelons aussi que la part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité est passée de 17,1 % en 2001 à 9,2 % à ce jour, un véritable effondrement qui va continuer avec la fermeture inéluctable dans les années à venir d’au moins 160 vieux réacteurs sur les 400 encore en service sur Terre : si c’est vraiment le nucléaire qui doit combattre le réchauffement climatique, celui-ci a de beaux (et chauds !) jours devant lui.

Mais ce qu’il est important de préciser, c’est que les députés européens ne vont ni financer ni construire des centrales nucléaires. Il en est de même des divers chefs d’État ou de gouvernement qui rivalisent ces derniers temps, à celui qui annoncera plus de futurs réacteurs que son voisin. Tous ces beaux parleurs prétendent « sauver le climat » — quand ce n’est pas carrément « la planète » — avec :

  • de puissantes machines comme l’EPR français — ou du moins son successeur l’EPR2, prétendument « moins cher, plus sûr, plus facile à construire »—, ou l’AP1000 américain ;
  • une multitude de petits réacteurs modulaires, les fameux SMR, qui doivent pulluler sur Terre aussi sûrement qu’un virus du Covid.

Une électricité ruineuse 

Or, il y a quelques semaines, le 9 novembre, on apprenait par l’agence Reuters que l’entreprise américaine NuScale Power avait renoncé à son projet de petit réacteur modulaire, « portant un coup aux ambitions américaines d’une vague d’énergie nucléaire pour lutter contre le changement climatique ».

Il faut dire que le projet devait être préfinancé par les futurs clients — des entreprises et des collectivités locales — qui ont fini par se retirer en dépit d’une garantie de 1,4 milliard de dollars sur dix ans et d’une subvention de 600 millions de la part du département américain de l’énergie. En effet, le projet promis en 2020 annonçait fièrement une puissance de 720 MW pour un coût de 3,6 milliards… avant de passer à 462 MW pour 9,3 milliards, c’est-à-dire quatre fois plus cher que prévu.

« Les renouvelables 2 à 3 fois moins chères »

Aux dernières nouvelles, l’électricité ainsi engendrée était projetée aux environs de 120 dollars par mégawattheure, probablement beaucoup plus en réalité, mais dans tous les cas, ce serait un tarif totalement rédhibitoire : les énergies renouvelables produisent aujourd’hui une électricité abondante à un tarif 2 à 3 fois moins cher, et l’écart ne fait que s’agrandir.

Il s’agit d’un coup fatal pour l’industrie nucléaire, car NuScale était le seul projet de SMR validé par les autorités américaines et, de façon générale, tous les autres projets (tel Nuward en France) vont se fracasser sur le même problème : comme annoncé le 14 octobre 2021 dans une tribune publiée par Le Monde« s’ils voient le jour, les petits réacteurs nucléaires modulaires produiront une électricité ruineuse ».

Et il est de plus en plus probable qu’ils ne voient même pas le jour. Sauf à s’adresser aux Russes ou aux Chinois — ce qui est exclu pour la plupart des clients potentiels, pour la plupart situés en Europe —, il ne reste donc plus à l’industrie nucléaire et ses supporters que la piste des gros réacteurs comme l’EPR français ou l’AP1000 américain.

Surcoûts, retards

L’un comme l’autre sont d’ores et déjà des désastres industriels et financiers. Annoncé à des dizaines d’exemplaires aux États-Unis, l’AP1000 a été annulé presque partout, sauf en Caroline du Sud… où le chantier a finalement été stoppé et abandonné, et en Géorgie, où un seul réacteur a pu démarrer, avec sept ans de retard et un coût multiplié par deux.

Quant à l’EPR, le suspense demeure à Flamanville, où le réacteur est supposé démarrer en 2024 avec douze ans de retard et un coût multiplié par cinq (selon les estimations de la Cour des comptes). Les EPR de Finlande et de Chine, mis en service également avec de longues années de retard, sont régulièrement arrêtés pour d’inquiétants dysfonctionnements. Quant au chantier d’Hinkley Point, en Angleterre, il suit la voie de son frère français avec de lourds retards et surcoûts.

Bien sûr, EDF et les autorités françaises annoncent désormais des EPR2, « plus faciles et moins chers à construire », mais qui peut encore croire à ces belles paroles ? Rappelons que l’industrie nucléaire française est aussi en grave défaillance sur les chantiers des réacteurs Iter (fusion nucléaire) et RJH, un réacteur de recherche dont la mise en service est désormais annoncée pour 2034… au lieu de 2014.

Pas de chance, le RJH était prévu pour appuyer la recherche sur la prolongation de la durée de vie du parc existant, sur les EPR2, et sur les SMR. Il arrivera longtemps après la bataille et après avoir anéanti quelques milliards de plus, mais qui se soucie de cette gabegie ?

Des macroniens aux communistes en passant par le RN, l’essentiel pour les adeptes de l’atome est de clamer qu’ils vont « sauver le climat », alors qu’ils veulent juste gaspiller dans le nucléaire les milliards qui permettraient justement de prendre les mesures nécessaires (plans d’économies d’énergie et de développement des renouvelables).

Voilà qui nous ramène aux députés européens : après leur vote ubuesque, ils s’affairent déjà à d’autres questions, incapables d’expliquer comment les industriels européens vont bien pouvoir trouver les ressources humaines et financières pour construire les nombreux réacteurs annoncés : en France même, malgré la propagande du VRP de l’atome, Jean-Marc Jancovici, les jeunes ingénieurs et techniciens manquent à l’appel et, d’autre part, EDF et l’État français sont dans des situations financières catastrophiques. Il est impossible de savoir si quelqu’un ou quelque chose va « sauver le climat », mais une chose est sûre, ce ne sera pas le nucléaire…

Après cet article, lire aussi :

. Enquête — Nucléaire

. Le nucléaire n’est pas bon pour le climat

Précisions

Dans les tribunes, les auteurs expriment un point de vue propre, qui n’est pas nécessairement celui de la rédaction. –  Titre, chapô et intertitres sont de la rédaction.

 Par Reporterre, publié le 7/12/202)

https://reporterre.net/Le-nucleaire-n-a-rien-d-une-technologie-verte

LES PARTISANS DU NUCLÉAIRE FONT PRESSION SUR M. BIDEN POUR QU’IL INCLUE L’INDUSTRIE DANS L’ALLÈGEMENT FISCAL SUR L’HYDROGÈNE

L’industrie nucléaire américaine fait pression sur l’administration du président Joe Biden pour qu’elle inclue les réacteurs existants dans un programme de subvention de l’hydrogène, arguant du fait que les objectifs américains visant à lancer une économie « propre » de l’hydrogène pourraient échouer sans eux.

Cette campagne de lobbying reflète les enjeux importants pour l’industrie nucléaire, qui est en difficulté depuis des années face à la montée en puissance de l’électricité bon marché produite par les centrales au gaz naturel et à l’expansion rapide de l’énergie éolienne et solaire.

Le Trésor américain devrait publier dans le courant du mois des orientations sur le crédit d’impôt pour l’hydrogène, connu sous le nom de 45V, qui a été défini dans la loi sur la réduction de l’inflation. L’agence n’a pas souhaité faire de commentaires.

L’hydrogène dit « vert » est un combustible fabriqué à partir d’eau à l’aide d’électrolyseurs ; les représentants de l’industrie et du gouvernement affirment qu’il peut être considéré comme « propre » si sa production est alimentée par des sources d’énergie pratiquement sans carbone telles que l’énergie solaire, l’énergie éolienne et l’énergie nucléaire.

À l’heure actuelle, l’hydrogène vert n’est pratiquement pas produit en raison de son coût élevé. L’administration Biden considère que l’hydrogène propre est essentiel pour s’attaquer aux industries difficiles à décarboniser, comme l’aluminium et le ciment, (voir NDLR) et offre des subventions à la production de 3 dollars par kilogramme dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act).

Le Trésor étudie actuellement les détails du crédit 45V, y compris une proposition dite « d’additionnalité » soutenue par des groupes favorables aux énergies renouvelables, qui ferait en sorte que les avantages ne soient accordés qu’aux producteurs d’hydrogène qui alimentent leurs installations avec de nouvelles sources d’énergie à faible teneur en carbone, plutôt qu’avec des sources existantes.

Une décision est attendue dans le courant du mois.

Le secrétaire adjoint à l’énergie, David Turk, a déclaré lors du sommet COP28 à Dubaï que les agences étaient divisées sur la conception du 45V. « Il s’agit d’un crédit d’impôt important. Nous devons faire les choses correctement« , a déclaré M. Turk.

AUGMENTER LES ENJEUX

Les partisans de l’additionnalité affirment que le fait de détourner l’électricité nucléaire existante du réseau électrique pour produire de l’hydrogène laisserait un vide dans la production d’électricité qu’il faudrait combler en brûlant des combustibles fossiles à l’origine du changement climatique.

Les réseaux électriques américains auront toujours besoin d’électricité si l’énergie nucléaire est détournée pour produire de l’hydrogène, a déclaré Julie McNamara, directrice adjointe du programme Climat et énergie de l’Union of Concerned Scientists, un groupe de défense des intérêts scientifiques.

Les capacités en matière d’énergies renouvelables étant encore balbutiantes, cela « signifie que la seule chose qui a la capacité de monter en puissance lorsque l’énergie nucléaire est détournée pour l’électrolyse, ce sont les centrales au charbon et au gaz« , a-t-elle ajouté.

Mais les partisans de l’industrie nucléaire affirment qu’une approche plus souple est nécessaire pour faire fonctionner l’économie de l’hydrogène.

« Permettre aux réacteurs nucléaires existants de se qualifier contribuera à garantir que l’hydrogène propre est disponible et suffisamment abordable pour être utilisé par les clients d’un large éventail d’industries« , a déclaré le sénateur démocrate Tom Carper dans une lettre adressée récemment à la secrétaire au Trésor, Janet Yellen.

« Ce serait une énorme erreur involontaire que d’exclure le nucléaire existant de l’éligibilité », a déclaré Doug Vine, directeur de l’analyse énergétique au sein du groupe de réflexion sur la politique environnementale « Center for Climate and Energy Solutions » (Centre pour les solutions climatiques et énergétiques). L’énergie nucléaire est efficace pour produire de l’hydrogène, contrairement à l’énergie solaire et éolienne qui est intermittente, a ajouté M. Vine.

Pour faire monter les enchères, le ministère de l’énergie a accordé en octobre des subventions d’un montant de 7 milliards de dollars à sept centres de production d’hydrogène propre dans le cadre de sa stratégie de relance de la production. Trois de ces centres prévoient d’utiliser des centrales nucléaires existantes.

Constellation CEG.O , un exploitant de centrales nucléaires, a déclaré qu’il prévoyait de construire une installation d’hydrogène propre de 900 millions de dollars dans sa centrale de LaSalle, dans l’Illinois, grâce à une partie de la subvention d’un milliard de dollars qu’il a reçue pour le centre d’hydrogène du Midwest.

« L’économie du projet est telle qu’il faut vraiment avoir accès au crédit d’impôt pour le faire fonctionner« , a déclaré Mason Emnett, premier vice-président de Constellation chargé de la politique publique.

Xcel Energy XEL.O , un exploitant de centrales nucléaires qui devrait également recevoir de l’argent du programme Hub, a déclaré dans une lettre récente adressée au Trésor que l’exclusion des installations existantes limiterait la capacité de l’industrie à développer l’hydrogène.

Par Nicole Jao et Timothy Gardner, (information fournie par Reuters), publié le 06/12/2023 à 21h33

https://www.boursorama.com/bourse/actualites/les-partisans-du-nucleaire-font-pression-sur-m-biden-pour-qu-il-inclue-l-industrie-dans-l-allegement-fiscal-sur-l-hydrogene-4383dc9a8cadcb6c752442b55407b4bc

NDLR : Pour mériter réellement le qualificatif de « propre », l’hydrogène ne devrait pas être fabriqué avec de l’électricité « sale », entendez par là d’origine nucléaire. Mais dès qu’il n’y a presque plus d‘émission de CO2, on qualifie de « propre » le moyen utilisé pour une fabrication. Et les millions de tonnes de déchets de mines d’uranium ainsi que les déchets radioactifs que produit l’industrie nucléaire (sans oublier les déchets des démantèlements à venir), c’est ça une industrie propre ?

ROSATOM : LA RUSSIE À LA CONQUÊTE DE L’ARCTIQUE AVEC SON NOUVEAU RÉACTEUR NUCLÉAIRE DE BRISE-GLACE

Rosatom, géant russe de l’énergie atomique, a dévoilé un nouveau réacteur pour équiper son futur brise-glace à propulsion nucléaire, navires qui permettent aux russes de traverser les voies maritimes gelées. Moscou espère ainsi développer la « Route maritime du Nord » pour rallier l’Europe à l’Asie, un enjeu d’autant plus grand depuis que le pays a été privé des marchés européens en réponse à l’offensive en Ukraine.

La Russie s’impose encore un peu plus dans la région de l’Arctique. Le géant russe de l’énergie atomique Rosatom a dévoilé mardi un nouveau réacteur destiné à équiper son futur brise-glace à propulsion nucléaire, navire qui peut opérer en continu et permet de traverser des voies maritimes gelées.

Un enjeu crucial pour les ambitions polaires de Moscou, qui veut faire des eaux de l’Arctique une route commerciale vers l’Asie. Les brise-glaces à propulsion nucléaire sont mieux adaptés à la « Route maritime du Nord », à cause de la puissance requise et des possibilités limitées de ravitaillement. Pour rappel, la Russie possède la seule flotte de brise-glace à propulsion nucléaire au monde.

Le réacteur RITM-200 « fera partie du système énergétique de tous les brise-glace modernes », a prédit Vladislav Païkov, directeur général adjoint de ZiO-Podolsk, qui fait partie de la branche ingénierie de Rosatom, lors d’une présentation à Podolsk, au sud de Moscou. Il a alors affirmé que ce type de réacteur était « beaucoup plus léger, beaucoup plus compact et beaucoup plus puissant que des réacteurs similaires avant lui ».

Maxime Koulinko, directeur général adjoint du directoire « Route maritime du Nord » de Rosatom, a indiqué de son côté que le nouveau brise-glace, baptisé « Tchoukotka », devrait entrer en service d’ici 2026. Le navire sera adapté à la fois à la mer et aux fleuves, a-t-il précisé.

Lire aussi : Gaz russe : Gazprom annonce sa première livraison à la Chine via l’Arctique

L’Arctique, région stratégique pour Moscou

Un nouveau réacteur qui permet à la Russie d’accélérer son développement de l’Arctique, région qu’elle juge essentielle pour exporter vers l’Asie ses hydrocarbures. La conquête de l’Arctique est d’autant plus intéressante pour Moscou qu’elle lui offre une alternative aux sanctions faisant suite à l’offensive en Ukraine qui ont privé la Russie d’une grande partie des marchés européens. Tirant profit de la fonte des glaces, sous l’effet du réchauffement climatique, la Russie espère ainsi imposer sa « Route maritime du Nord » pour rallier l’Europe à l’Asie. Il souhaite même que cette voie de l’Arctique soit en mesure à l’avenir de concurrencer le canal de Suez, situé dans l’est de l’Égypte. Le pays compte mettre ainsi en place des infrastructures pour transporter 150 millions de tonnes de marchandises via cette route maritime d’ici 2030. D’ailleurs, début octobre, la Russie avait annoncé l’arrivée depuis la Chine d’un premier navire par cette « Route maritime du Nord ». Des photos diffusées par le responsable russe montre un porte-containers appelé le Newnew Polar Bear.

De son côté, Gazprom avait également affirmé en novembre avoir livré à la Chine pour la première fois du gaz naturel liquéfié (GNL) via cette voie maritime.

L’utilisation de cette route maritime « permet de réduire considérablement le délai de livraison du GNL aux pays d’Asie-Pacifique », s’était réjoui la société russe.

Depuis des années, la Russie construit dès lors des infrastructures portuaires, des installations de gaz naturel liquéfié et des brise-glaces. Mais naviguer dans les conditions extrêmes de l’Arctique reste un défi de taille et cette route reste, pour le moment très loin de pouvoir supplanter le canal de Suez.

Lire aussi : Énergie : la Chine et la Russie renforcent leur collaboration en Arctique, danger pour les puissances occidentales

Militarisation de la zone

Mais les choses avancent du côté russe, notamment sur le plan militaire. La Russie partageant la région avec ses ennemis occidentaux : États-Unis, Canada et Européens du nord. Ainsi, même en pleine offensive en Ukraine, la Russie muscle sans cesse son dispositif arctique, rouvrant ou modernisant des bases et aérodromes datant de l’époque soviétique.

« La Russie a aussi déployé des missiles S-300 et S-400, rallongé des pistes pour accueillir des avions capables de transporter des bombes nucléaires et construit d’imposantes installations radar », liste Malte Humpert, fondateur du contre de réflexion américain « The Arctic Institute ».

En août dernier, la flotte du Nord, en charge de l’Arctique, a mené des exercices militaires incluant plus de 8.000 militaires et plusieurs sous-marins.

« La concurrence et la militarisation accrues dans la région arctique, notamment de la part de la Russie et de la Chine, sont préoccupantes », constatait en novembre l’amiral Rob Bauer, chef du comité militaire de l’Otan. « Nous devons rester vigilants et nous préparer à l’inattendu ».

Par latribune.fr avec AFP, publié le 06 décembre 2023 à 18h31

Photo en titre : Le géant russe de l’énergie atomique Rosatom a dévoilé mardi un nouveau réacteur destiné à équiper son futur brise-glace à propulsion nucléaire. (Crédits : NATALIE THOMAS)

Pour écouter (4mn36s) ou retrouver cet article, cliquer sur : https://www.latribune.fr/economie/international/rosatom-la-russie-a-la-conquete-de-l-arctique-avec-son-nouveau-reacteur-nucleaire-de-brise-glace-985038.html

TRIPLER LES CAPACITÉS DE PRODUCTION NUCLÉAIRE : UNE DÉCLARATION FALLACIEUSE, IRRÉALISTE ET HORS-SOL

Ce samedi 2 décembre, sous l’impulsion de la France, une vingtaine de pays rassemblés à Dubaï pour la COP28 ont annoncé leur volonté de tripler les capacités de production d’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2050, prétendument au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Le Réseau « Sortir du nucléaire » juge cette déclaration fallacieuse, irréaliste et hors-sol.

La science ne viendra pas au secours du nucléaire

« Nous savons par la science, la réalité des faits et des preuves qu’on ne peut pas atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 sans nucléaire ». C’est par cet argument que John Kerry, émissaire américain pour le climat, appuie la déclaration des pays signataires. Le texte de la déclaration mentionne plusieurs rapports scientifiques pour justifier cette ambition nucléaire au nom de la lutte contre le changement climatique, dont ceux du GIEC. Cet argument est fallacieux. Il convient en effet de rappeler que le GIEC n’est en aucun cas prescripteur. Ses rapports visent à modéliser plusieurs trajectoires illustrant des évolutions techniques et sociales possibles pour contenir le réchauffement à 1,5°C. Or, d’une part, parmi les scénarios, certains envisagent un déclin du nucléaire voire le restreignent à un rôle totalement marginal. Et d’autre part, ce sont in fine les capacités industrielles des différents pays, les possibilités de financement des évolutions technologiques possibles ou encore leur acceptabilité sociale qui détermineront leur faisabilité.

Le gouffre financier du nucléaire

En ce qui concerne les possibilités de financement, l’invitation faite aux organisations financières internationales de financer le nucléaire, sonne comme un appel à l’aide désespéré. La réalité de la filière nucléaire aujourd’hui, c’est que l’électricité qu’elle produit coûte de plus en plus cher et qu’elle n’attire pour tous financements que ceux, publics, des pays moteurs dans cette course à l’atome pour des raisons qui n’ont rien de climatiques… et cela même au détriment des énergies renouvelables ! Le tout pour une technologie inaboutie et hasardeuse. Des SMR qui n’ont toujours pas vu le jour, et des EPR dont les déboires sont de notoriété publique. Face à cette réalité, l’appel aux organisations financières internationales apparaît d’autant plus comme une tentative de s’accaparer des financements au profit de seuls pays aux complexes militaro-industriels développés, et au détriment de tous les autres.

Le nucléaire ne sauvera pas le climat

Enfin et surtout, cette déclaration pourrait-elle réellement constituer une bonne nouvelle pour le climat ? Aux côtés d’organisations de défense du climat, nous avons rappelé à plusieurs reprises que l’impératif climatique nécessite une diminution rapide des émissions de GES et ne peut s’accommoder des délais hors-sol de construction d’hypothétiques EPR [1]. Au-delà d’être hors délai, le nucléaire ne répondra jamais qu’à une infime partie des objectifs de décarbonation à atteindre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. À l’échelle européenne, Yves Marignac, de l’Institut négaWatt fait le calcul : si l’Europe construisait, comme l’ambitionne Luc Rémont, PDG d’EDF, entre 1 et 1,5 réacteurs par an dans la décennie, le nucléaire représenterait en 2040 moins de 3% des 6000 à 7000 TWh d’énergie décarbonée qui seront nécessaires à l’Europe pour respecter ses engagements climatiques. Soit une goutte d’eau bien coûteuse et dangereuse, alors que d’autres scénarios sont envisageables et possibles.

Cette COP se sera démarquée des autres par des déclarations et des actions des lobbys pro-nucléaires et pétroliers. À croire que ces COP, régulièrement dénoncées pour leur inefficacité climatique, ont maintenant franchi le pas de l’action climaticide.

Contact presse : Réseau « Sortir du nucléaire » : Marion Rivet – 06 64 66 01 23

NOTE [1] Luc Rémont, PDG d’EDF, a lui-même récemment jugé « très exigeant » l’objectif d’un nouvel EPR en 2035 : https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-le-patron-d-edf-luc-remont-juge-tres-exigeant-l-objectif-d-un-nouvel-epr-en-2035-984041.html

Par Le Réseau Sortir du Nucléaire, publié le 06 décembre 2023

https://www.sortirdunucleaire.org/Tripler-les-capacites-de-production-nucleaire-une 

RÉFORME DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE : NOUVELLE GRÈVE EN VUE À L’IRSN

Déçue par l’échange avec la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher qui s’est tenue hier, l’intersyndicale de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) promet un mouvement de grève le 20 décembre prochain pour contester la fusion avec l’Autorité de sûreté nucléaire qu’elle juge trop risquée et incertaine. Ce jour-là, le projet de loi organisant la fusion doit justement être présenté en Conseil des ministres.

L’échange entre les salariés de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, qui s’est tenu hier à l’Ecole Polytechnique à Palaiseau (Essonne), n’a pas convaincu l’intersyndicale de l’IRSN du bien-fondé du projet de loi organisant la fusion de l’institut avec l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme du secteur. L’intersyndicale appelle ainsi à la grève le 20 décembre prochain, date à laquelle devrait être présenté le projet de loi en Conseil des ministres (soit une semaine après le calendrier initial) ont fait savoir plusieurs représentants syndicaux de l’institut, lors d’un point presse ce mardi.

« L’idée est de manifester le jour du passage du projet de loi en Conseil des ministres. Si cette présentation devait être une nouvelle fois reportée, l’appel à la mobilisation le sera aussi », a toutefois précisé Philippe Bourachot, délégué syndical central CGT de l’IRSN.

En parallèle de cet appel à la grève, l’intersyndicale prévoit de rencontrer des groupes parlementaires, mais aussi d’intervenir dans les Commissions locales d’information (CLI) afin « de toucher les élus », a précisé François Jeffroy, délégué syndical CFDT à l’IRSN. L’intersyndicale envisage également de rencontrer d’autres ministres.

Un projet retoqué en mars dernier

A l’origine de la contestation, le gouvernement entend fusionner l’ASN, qui prend des décisions sur l’arrêt ou le redémarrage d’un réacteur nucléaire par exemple, et l’IRSN son bras technique, dans l’optique de « fluidifier les processus d’examen » afin de créer une « organisation optimale dans le cadre de la relance nucléaire ». Pour mémoire, l’exécutif a acté la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2 et étudie la possibilité d’en bâtir huit autres. Il soutient aussi le développement de petits réacteurs nucléaires modulaires, dits SMR.

En mars dernier, ce projet de fusion avait été retoqué par le Parlement alors que l’exécutif avait tenté de le faire voter dans le cadre d’un amendement au projet de loi d’accélération du nucléaire. L’objectif, cette fois-ci, est de le faire adopter via un véhicule législatif dédié, dont l’étude au Parlement doit commencer début 2024.

Perte d’indépendance et moindre transparence ?

L’intersyndicale s’oppose farouchement à cette fusion, qui doit donner naissance à l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection et (ASNR). Comme plusieurs experts et élus, elle redoute une perte d’indépendance et une moindre transparence alors que le projet prévoit de réunir au sein d’une même entité l’étape d’expertise et celle de prise de décision. Deux phases qui sont aujourd’hui clairement séparées et qui font l’objet de publications distinctes.

Lundi, quelque 500 salariés de l’IRSN se sont rendus à l’École Polytechnique pour échanger avec la ministre sur ce sujet. 400 autres salariés ont suivi les échanges à distance, tandis que 60 agents de l’ASN étaient également présents, selon l’intersyndicale de l’IRSN, qui emploie au total près de 1.750 collaborateurs.

Cette rencontre était initialement prévue le lundi 27 novembre dernier au Beffroi de Montrouge (Hauts-de-Seine), mais avait été annulée par la ministre, moins de 48 heures avant, provoquant un certain émoi des salariés, selon les représentants syndicaux. L’organisation de ce premier rendez-vous, reporté in extremis, a représenté une somme de 105.000 euros, comme nous le précisions dans notre newsletter Contre-Courant du 28 novembre dernier.

« Abattement » et « déception » des salariés

Ce lundi 4 février, une heure entière a été consacrée aux questions des salariés, au nombre d’une quinzaine selon l’intersyndicale. Selon François Jeffroy, la réunion s’est déroulée dans un « ton cordial ». Il décrit néanmoins une « sorte d’abattement » et de « déception » à l’issue des échanges. « La question du « pourquoi cette réforme ? » a été posée trois fois », a-t-il souligné. « Mais elle est restée sans réponse », déplore-t-il.

Les collaborateurs de l’IRSN auraient également partagé auprès de la ministre leur crainte d’une « désorganisation » du système « au pire moment » et que cela donne des « arguments aux détracteurs du nucléaire », a rapporté François Jeffroy. L’intersyndicale reproche par ailleurs à la ministre « d’adopter continuellement le point de vue de l’ASN contre l’IRSN » et « d’essayer d’opposer les salariés de l’IRSN et les agents de l’ASN ».  Pour l’heure, le syndicat FO de l’ASN n’a pas répondu à nos sollicitations.

Par Juliette Raynal, publié le 05 décemnbre 2023 à 18h42

Photo en titre : Avec la fusion, l’IRSN redoute une perte d’indépendance et une moindre transparence. (Crédits : Juliette Raynal pour La Tribune)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/reforme-de-la-surete-nucleaire-nouvelle-greve-en-vue-a-l-irsn-984949.html

À LA COP28, MASCULINITÉ ATOMIQUE

À Dubaï, des dirigeants, des business men, des lobbyistes décident de déployer notamment le nucléaire. Une sorte de « doudou » pour ces hommes qui semblent vouloir continuer à produire et consommer sans limite. Et des femmes crient dans le désert.

La 28ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) ressemble à un concours de virilité. L’événement a lieu à Dubaï, aux Émirats arabes unis, qui n’est pas l’endroit le plus féministe de la planète. Haut lieu d’exploitation des énergies fossiles, l’Émirat doit accueillir près de 90 000 personnes –essentiellement des hommes– dans un espace pharaonique climatisé. L’Expo City Dubaï est comme une mini-ville de 5 km2 dont la construction a mis en danger la vie d’ouvrier.res migrant.es qui ont dû travailler dur par des températures très élevées.

Ni féministe, ni écolo, ni social, le décor est planté.

L’entrée en scène des décideurs a fait le tour de la Toile. Une photo saisissante montre un bataillon d’hommes bien décidés. Puis la photo officielle de dirigeants mondiaux alignés a confirmé la première impression. Sur cette photo officielle prise le 1er décembre, il y aurait 15 femmes parmi les 133 dirigeants. Et une d’entre elles, Hilda Heine, membre du conseil consultatif, aurait démissionné après avoir appris que le président de la COP28 profitait de sa position pour détourner les rencontres à son profit.

Au lieu de revenir aux fondamentaux de ces COP, -la préservation de la planète, la fin des énergies fossiles pour 2050- les dirigeants semblent donner la priorité au business. La première grande annonce a été le triplement des capacités de l’énergie nucléaire dans le monde. Une vingtaine de pays, la France en tête, portait cette idée fièrement affichée par le président Emmanuel Macron, qui a partagé une photo sur laquelle il occupe une place centrale, entouré d’hommes.

L’annonce sur le nucléaire a été accompagnée d’une autre nouvelle : 118 pays, dont la France, se sont engagés à tripler les capacités d’énergies renouvelables. Mais vu le gouffre financier que représente le nucléaire, il est peu probable que les investissements dans le renouvelable soient à la hauteur des enjeux.

Doudou pour dirigeants

Sur France inter dimanche 3 décembre, Marine Tondelier, numéro 1 des Verts, a vu dans cette accoutumance au nucléaire un objet transitionnel, un « doudou » des dirigeants qui veulent croire et faire croire que tout peut continuer comme avant en consommant à l’infini, sans chercher à réinventer une forme de sobriété.

La directrice des programmes de Réseau action climat, Anne Bingault a regretté de voir le chef d’État français « jouer le VRP » du nucléaire. « Coûteux, lent à mettre en œuvre et présentant des risques spécifiques, le nucléaire a un potentiel de développement extrêmement limité au niveau mondial », a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter), appelant à « se concentrer » sur « les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique » qui évitent une surconsommation de l’énergie.

Tandis que sur Europe1, l’Eurodéputée écologiste Karima Déli rappelait : « Il faut miser sur les énergies renouvelables. Le nucléaire est une fausse solution (…) À l’heure où il faudrait agir concrètement, on a les yeux ailleurs, c’est dramatique pour le climat ».

Mais ces élues et activistes du climat ne sont pas au cœur des décisions prises à Dubaï par des business men. Une coalition d’ONG baptisée Kick big polluters vient de révéler que 2.456 lobbyistes des énergies fossiles sont présents à la COP28 de Dubaï. C’est quatre fois plus qu’à la COP27. Ils sont plus nombreux que les représentants des dix pays les plus vulnérables au changement climatique.

Et certains dirigeants, aidés de leurs lobbyistes, n’hésitent pas à tordre la réalité pour servir leurs intérêts. À commencer par  le président de ce sommet, le Sultan Al-Jaber, par ailleurs président de la principale compagnie pétrolière des Emirats arabes unis, l’Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc), qui entrave les efforts diplomatiques pour diminuer les énergies fossiles très lucratives pour lui. L’objectif des COP est pourtant de sortir de ces énergies en 2050… Mais, selon la la BBC , le Sultan a profité du sommet pour conclure de nouveaux marchés… Une vidéo diffusée par le quotidien britannique The Guardian le 3 décembre montrait que le président de la COP28 remettait en question la nécessité de sortir des énergies fossiles pour limiter le réchauffement à 1,5 °C… Un comportement qui a donc fait fuir une des rares femmes

L’ONU a beau réunir des dirigeantes à la COP28 pour rappeler que les femmes sont les premières victimes de la crise climatique mais aussi les premières porteuses de solution, leur voix porte très peu dans le brouhaha des business men.

Par Isabelle Germain, publié le 5 décembre 2023

https://www.lesnouvellesnews.fr/a-la-cop28-virilite-nucleaire/

AU ROYAUME-UNI, LE SITE NUCLÉAIRE LE PLUS TOXIQUE D’EUROPE CIBLÉ PAR DES CYBERATTAQUES

D’après le quotidien the Guardian, le site britannique de retraitement et de stockage de déchets nucléaires Sellafield, sur la côte nord-ouest de l’Angleterre, a été piraté par des hackers liés à la Russie et à la Chine.

Sur les photos, c’est un bien joli coin de campagne anglaise en bord de mer d’Irlande, au nord-ouest de l’Angleterre, avec ses vaches qui paissent et sa petite cité portuaire. Mais la carte postale s’arrête net à la ligne d’horizon, barrée d’une multitude d’énormes cheminées, de silos en béton, de bâtiments aveugles.

Bienvenue à Sellafield, site industriel le plus dangereux d’Europe

Il abrite sur 6 km2 le plus grand stock de plutonium de la planète et des milliers de tonnes de déchets radioactifs, enfermés dans des silos et des étangs artificiels pas toujours très étanches. Héritage de décennies d’armement nucléaire et de production d’énergie atomique.

À écouter : Le piratage, plus puissant que jamais

Selon l’enquête du Guardian, ce site a été piraté par des cyber-groupes liés à la Russie et à la Chine. Des logiciels malveillants ont été détectés dans les réseaux informatiques de Sellafield en 2015 mais les violations sont peut-être plus anciennes et rien ne dit qu’elles ont cessé. Elles concernent certaines des activités les plus sensibles du site : transport de déchets radioactifs, surveillance des fuites, système anti-incendie, mais aussi protocole nucléaire d’urgence en cas d’attaque étrangère. Le quotidien affirme que ces actes de piratage ont été dissimulés pendant des années à l’autorité régulatrice du nucléaire britannique, qui pointe des défaillances à répétition en matière de cybersécurité.

Pourtant les jours de Sellafield ne sont absolument pas comptés

Si une partie des installations doit être démantelée – projet sans cesse repoussé – l’activité de cette méga-décharge est censée durer jusqu’en… 2 130.

C’est ici qu’à partir de 1947 le Royaume Uni a fabriqué du plutonium pour ses armes nucléaires pendant la guerre froide. C’est également là qu’a ouvert la première centrale nucléaire civile du pays, qui a fermé il y a 20 ans. Initialement baptisé Windscale, le site a changé de nom après un grave accident en 1957. En 2005, une fuite de matière radioactive a mis huit mois à être détectée.

À écouter : Questions sur la sûreté nucléaire

L’exploitation de Sellafield coûte 2,5 milliards de livres sterling (presque 3 milliards d’euros) chaque année mais son arrêt n’est pas du tout à l’ordre du jour. Il va bien falloir démanteler (un peu) et stocker (beaucoup) les déchets radioactifs des futurs réacteurs britanniques : Hinkley Point en construction, Sizewell C en projet. Le Royaume Uni a de grandes ambitions nucléaires, il fait partie de la vingtaine de pays, dont la France, qui ont appelé samedi 2 décembre depuis la Cop 28 de Dubaï à tripler la production d’énergie atomique dans le monde d’ici 2050.

Réchauffement climatique ou hiver nucléaire, sommes-nous vraiment condamnés à choisir ?

Par Anthony Bellanger avec Louise Bodet, publié le mardi 5 décembre 2023

Photo en titre : Les tours de refroidissement encore en activité de la centrale nucléaire de Sellafield, derrière le village de Seascale, dans le nord de l’Angleterre, le 26 septembre 2002. ©AFP – Odd ANDERSEN / AFP

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-histoires-du-monde/histoires-du-monde-du-mardi-05-decembre-2023-8511791

CHINE : ENTRÉE EN SERVICE COMMERCIAL DE LA PREMIÈRE CENTRALE NUCLÉAIRE DE QUATRIÈME GÉNÉRATION AU MONDE

BEIJING, 6 décembre (Xinhua) — La première centrale nucléaire de quatrième génération au monde, centrale nucléaire de réacteur à haute température refroidi au gaz (high temperature gas-cooled reactor, HTGR) de Shidaowan de la Chine, est officiellement entrée en service commercial, ont annoncé mercredi l’Administration nationale de l’énergie et China Huaneng Group.

Le projet, situé dans la province du Shandong et caractérisé par des droits de propriété intellectuelle totalement indépendants de la Chine, est développé conjointement par China Huaneng Group, l’Université Tsinghua et la société China National Nuclear Corporation.

Le HTGR est un type de réacteur avancé qui utilise la technologie de l’énergie nucléaire de quatrième génération et constitue une orientation de développement clé de l’énergie nucléaire, a déclaré Zhang Zuoyi, concepteur en chef du programme majeur de la centrale nucléaire HTGR et doyen de l’Institut de l’énergie nucléaire et des technologies des nouvelles énergies de l’Université Tsinghua.

Avec la « sûreté » comme caractéristique clé, le réacteur peut rester dans un état sûr et éviter une fusion ou une fuite de matières radioactives. Cette capacité est maintenue même en cas de perte totale de la capacité de refroidissement, sans aucune intervention, a ajouté M. Zhang.

Plus de 500 entreprises spécialisées dans la conception et le développement, la construction d’ingénierie, la fabrication d’équipements, la production et l’exploitation ont participé au projet. Le taux de localisation des équipements de la centrale nucléaire a dépassé 90%, a déclaré Zhang Yanxu, un responsable du projet.

L’exploitation commerciale de la centrale nucléaire revêt une grande importance pour la promotion de la sécurité, ainsi que pour les capacités scientifiques, technologiques et d’innovation du développement de l’énergie nucléaire de la Chine, a-t-il noté.

La construction de la centrale nucléaire HTGR de Shidaowan a débuté en décembre 2012 et a produit de l’électricité pour la première fois en décembre 2021. (voir NDLR)

Par French.news.cn, publié le 06 décembre 2023 à 15h01

Photo en titre : Xinhua/Song Kunyang

https://french.xinhuanet.com/20231206/d072005ab3b943b394af2f3b2a4c64f7/c.html

NDLR : Donc 9 ans de construction et 2 ans de mise au point avant production officielle.

L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE CONNAIT UNE « BAISSE SPECTACULAIRE »

C’est une baisse « absolument spectaculaire ». Selon le rapport sur l’état de l’industrie nucléaire mondiale 2023, l’atome ne pesait plus que 9,2 % dans le mix électrique mondial en 2022, niveau le plus bas depuis 40 ans.

Le nucléaire, énergie d’avenir ? Vraiment pas, selon les auteurs du rapport sur l’état de l’industrie nucléaire mondiale 2023 (WNISR2023), dévoilé mercredi 6 décembre à Bruxelles. Comme tous les ans, l’équipe menée par l’analyste indépendant Mycle Schneider aligne les faits en réponse aux promesses mirifiques de l’industrie nucléaire et de ses promoteurs.

La réalité décrite dans le cru 2023, une somme de près de 200 pages, n’est guère engageante. L’atome ne pesait plus que 9,2 % dans le mix électrique mondial en 2022, son niveau le plus bas depuis quarante ans. Quant à la production mondiale d’électricité d’origine nucléaire, elle a décru de 4 % en un an, pour atteindre son plus bas niveau depuis le milieu des années 1990. En 2022, les 407 réacteurs en activité dans le monde ont produit 2 546 térawattheures (TWh), soit 4 % de moins qu’en 2021. Une baisse « absolument spectaculaire » qui s’inscrit dans une tendance de long terme, observe Mycle Schneider, coordinateur et éditeur du rapport.

« La France a subi cette chute de façon chaotique »

La France, qui multiplie les annonces sur la relance du nucléaire et les enveloppes à destination de la filière, ne fait pas exception. « Entre 2010 et 2022, la France a perdu 129 TWh de nucléaire, rappelle Mycle Schneider. C’est plus que ce que l’Allemagne a perdu en sortant du nucléaire de manière planifiée au jour près, organisée et coordonnée. La France a subi cette chute de façon brutale, imprévue, chaotique. »

Une perte de production liée à la découverte d’un problème de corrosion sous contrainte et à des retards de maintenance accumulés pendant la pandémie, mais qui s’inscrit dans une tendance de plus long terme. « Entre 2005 et 2015, 9 années sur 10, on produisait plus de 400 TWh d’électricité nucléaire. Depuis 2015, on n’y arrive plus. Luc Rémont, le nouveau PDG d’EDF, a annoncé que l’objectif du groupe était d’atteindre à nouveau 400 TWh en 2030, mais que ce sera très dur. »

Un avenir douteux

Selon le rapport, les perspectives d’avenir de l’atome ne sont guère meilleures. Certes, en marge de la COP28 de Dubaï, une vingtaine de pays, parmi lesquels la France, ont appelé à un triplement de la production nucléaire dans le monde d’ici 2050. Cet objectif n’est « pas réalisable », affirme Mycle Schneider. Il nécessiterait en effet une accélération prodigieuse du rythme de construction des réacteurs de puissance. « Nous avons calculé que pour maintenir le parc nucléaire mondial à son niveau actuel, en se fondant sur l’hypothèse que tous les réacteurs existants aillent au terme de leurs prolongements d’autorisation d’exploitation — ce qui est peu probable —, il faudrait construire 270 réacteurs d’ici 2050. Soit dix par an. » À titre de comparaison, 103 réacteurs ont été connectés au réseau entre 2003 et 2023. « Il faudrait donc doubler la cadence de construction et de mise en service pour seulement maintenir le statu quo. Mais rien n’indique qu’on en prend le chemin », observe l’analyste.

Au 1er juillet 2023, cinquante-huit réacteurs étaient en construction dans le monde. « De nombreux réacteurs sont encore loin d’être achevés », lit-on dans le rapport. Sur les 16 réacteurs dont le démarrage était prévu en 2022 recensés dans le WNISR2021, seuls 7 ont effectivement commencé à produire de l’électricité. Près d’une dizaine de réacteurs sont en construction depuis plus de dix ans : Mochovce 4 en Slovaquie (en construction depuis 38 ans), Bushehr 2 en Iran (47 ans), mais aussi Angra 3 au Brésil, le prototype Fast Breeder Reactor (PFBR), Kakrapar 4 et Rajasthan 7 et 8 en Inde, Shimane 3 au Japon, et Flamanville 3 en France.

Du côté des petits réacteurs modulaires (SMR), le rapport ne dénombre que quatre installations en fonctionnement et ne fait état d’aucune « avancée majeure, malgré l’attention croissante des médias et les engagements de financement public supplémentaires ». En Chine, deux réacteurs de ce type ont été mis en service en juin 2022, à l’issue d’un chantier qui devait prendre 5 ans et en a duré 10.

Le nucléaire ne sauvera pas le climat

La Russie exploite, elle aussi, deux SMR embarqués sur une barge et raccordés au réseau en décembre 2019, neuf ans plus tard que prévu. Ailleurs, on en est au stade du concept, insiste Mycle Schneider. « En Occident, il n’y a pas un seul design qui ait été certifié. On est très très loin d’une première mise en service », insiste-t-il. NuScale, le concepteur du SMR le plus avancé aux États-Unis, a mis fin début novembre 2023 à un projet de six modules devant être installé dans une communauté de communes de l’Utah. En cause, une explosion des coûts estimés, qui a conduit les municipalités à jeter l’éponge en dépit de subventions fédérales massives.

Pour Mycle Schneider, la conclusion de ce bilan désastreux est limpide : le nucléaire ne sauvera pas le climat. Surtout dans un contexte où les énergies renouvelables et les solutions de pilotage et de stockage qui y sont associées sont de plus en plus efficaces et de moins en moins coûteuses. « En Chine, le photovoltaïque a pour la première fois produit plus d’électricité que le nucléaire, alors même que c’est le seul pays qui a vraiment investi dans l’atome ces vingt dernières années », indique l’analyste.

De fait, la production d’énergie nucléaire chinoise a augmenté de 3,2 % entre 2021 et 2022, contre 16 % de hausse pour l’éolien et 31 % pour le solaire, indique le rapport. Les énergies renouvelables hors hydroélectricité représentaient 15 % du mix électrique fin 2022, contre 5 % pour l’atome. « Depuis 2010, l’Allemagne, qui a fermé ses derniers réacteurs en avril 2023, a su compenser la perte de 106 TWh de production nucléaire par environ 150 TWh de renouvelables et près de 70 TWh de baisse de consommation, tout en baissant de 50 % la production issue du charbon, de 20 % celle du lignite et de 10 % celle du gaz. »

Moins cher et plus rapide que le nucléaire

Un choix crucial d’allocation des ressources est donc à faire, plaide-t-il. « La seule question à se poser, c’est : si je dépense un euro dans une stratégie énergétique aujourd’hui, de combien puis-je réduire les émissions de gaz à effet de serre et dans combien de temps ? L’option la plus efficace pour le climat, c’est un mix de sobriété, d’efficacité, de réponse à la demande et de stockage, puis les énergies renouvelables. C’est non seulement moins cher, mais surtout beaucoup plus rapide. Tout investissement dans le nouveau nucléaire est une catastrophe pour une protection efficace du climat, car le capital humain et financier limité est détourné des options disponibles produisant des résultats à court terme. »

Pour l’heure, les États nucléarisés ne semblent pas convaincus par cette démonstration. « Il existe un énorme fossé entre la perception du public et des décideurs et la réalité industrielle », regrette l’analyste.

Par Émilie Massemin, publié le 06 décembre 2023 à 15h28

Photo en titre: La production mondiale d’électricité d’origine nucléaire a décru de 4 % en un an. 

https://reporterre.net/L-energie-nucleaire-connait-une-baisse-spectaculaire

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NUCLÉAIRE : UN AUTRE ORGANE CONSULTATIF RÉCLAME LA PUBLICITÉ DES EXPERTISES AVANT TOUTE DECISION

Les expertises techniques et scientifiques sur la sûreté des centrales nucléaires doivent être rendues publiques « en amont » de toute décision, dans la perspective de la réforme controversée de la gouvernance de la sûreté, demande un organe consultatif dans un avis publié lundi.

Dans son avis, le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire (HCTISN) demande que « le nombre et la qualité des évaluations de risques scientifiques et techniques en amont des décisions soient maintenus voire confortés ».

« Ces évaluations de risques doivent être rendues publiques, au moins pour les décisions les plus importantes ; la société civile doit savoir sur quelles bases scientifiques et techniques sont opérés les choix en matière de sûreté nucléaire et radioprotection », souligne le HCTISN.

Cet organe réunit une diversité d’acteurs – parlementaires, représentants d’associations, des commissions locales d’information (CLI), de syndicats, des exploitants (EDF, Framatome) – et son avis se veut un compromis.

Après un avis du Conseil national de la transition écologique (CNTE) rendu mercredi, cette autre instance consultative émet donc à son tour des réserves sur le projet de loi visant à fondre l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), l’expert technique du nucléaire, et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui prend les décisions sur les centrales, comme les autorisations de démarrage ou redémarrage de réacteurs.

Le HCTISN estime que « certains points risquent en effet d’être en retrait par rapport au droit en vigueur » et « d’autres sont laissés en suspens ou ont vocation à être précisés ultérieurement par le règlement intérieur » de la nouvelle entité, l’ASNR.

Six mois après avoir échoué à faire adopter au Parlement ce projet alors glissé dans un amendement législatif, le gouvernement a mis à la consultation un nouveau texte, qui réorganise la gouvernance de la sûreté afin de « fluidifier les décisions » en pleine relance du nucléaire.

Ses détracteurs, élus, experts, UFC-Que Choisir… redoutent une moindre indépendance de l’expertise et une perte de transparence.

Le projet de loi doit être présenté en conseil des ministres le 20 décembre, et arriver au Parlement en début d’année.

Lundi, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher est venue le soutenir devant environ 1.000 salariés de l’ASN et de l’IRSN, en présentiel ou en ligne, selon François Jeffroy, représentant de l’intersyndicale de l’IRSN.

« Pour les salariés, la ministre ne répond pas (à leurs) questions », a indiqué à l’AFP M. Jeffroy à l’issue de la réunion tenue en grande banlieue parisienne et chahutée à plusieurs reprises.

« Les échanges ont été francs et directs, mais respectueux, d’un côté comme de l’autre », a assuré de son côté le ministère.

Publié le mardi 05 décembre 2023 à 08h54

Photo en titre : © Vlastimil Sestak – stock.adobe.com

https://www.moneyvox.fr/energie/actualites/95470/nucleaire-un-autre-organe-consultatif-reclame-la-publicite-des-expertises-avant-toute-decision

AVEC SON SMR CALOGENA, LE GROUPE GORGÉ VEUT CHAUFFER LES VILLES AU NUCLÉAIRE

Lauréat de l’appel à projets « Réacteurs nucléaires innovants » de France 2030, le projet Calogena du groupe Gorgé vise à développer une chaudière nucléaire pour réseaux de chaleur et de froid. Raphaël Gorgé, le PDG du groupe, explique à L’Usine Nouvelle pourquoi et comment il se lance dans la course des SMR.

Dans le panorama des projets crédibles de SMR français, ces mini-réacteurs nucléaires modulaires, le projet Calogena est à part. Comme son grand frère Nuward d’EDF, il est porté non par une start-up, mais par un industriel : le groupe Gorgé. Et surtout par son dirigeant, Raphaël Gorgé, qui explique à l’Usine Nouvelle pourquoi il se lançait dans l’aventure. « Je trouvais dommage depuis longtemps, avant [le plan, ndlr] France 2030, qu’il n’y ait pas d’alternative privée alors que la France maitrise les petits réacteurs avec la propulsion nucléaire. Pendant longtemps, il n’y avait que l’américain Nuscale ».

Raphaël Gorgé raconte avoir rencontré une équipe d’experts du nucléaire français, des anciens du programme EPR, de Framatome, du CEA, qui partageaient la même envie. « Mais personne ne le faisait, car il s’agit d’un exercice difficile, ambitieux, estime le PDG. Il faut avoir la crédibilité suffisante et garder une certaine agilité pour en pas tomber dans les travers des grands projets par les grands groupes. Mais aussi être une ETI qui peut s’engager sur le long terme. »

Un concept presque trop simple

Le groupe Gorgé, qui réalise déjà « environ 15% de son chiffre d’affaires dans le nucléaire » était « le bon partenaire » pour cette équipe, explique le dirigeant. Spécialiste des drones navals et de l’impression 3D, le groupe (500 millions d’euros de chiffre d’affaires) a aussi une filiale, Baumert – spécialiste des portes de sécurité des centrales nucléaires, installées dans l’intégralité des réacteurs français et dans tous les EPR dans le monde – et une société d’ingénierie Seres (250 personnes), qui travaille sur les sujets de sûreté nucléaire avec TechnicAtome ou EDF. L’appel à projets réacteur nucléaire innovant de France 2030, doté de 500 millions d’euros, fait office le déclencheur. Mi-2022, Gorgé créé la filiale Calogena avec les 12 experts du nucléaire à son capital.

Dix-huit mois plus tard, le projet est sélectionné par France 2030 et décroche 5,2 millions d’euros de subvention, sous réserve de pouvoir en lever autant dans le privé. Cela ne devrait pas être un problème, car l’idée séduit même les autres start-up du SMR, d’autant plus qu’elle ne vise pas les mêmes marchés. Alors que les autres projets de SMR français visent à produire de l’électricité, comme Nuward, Naarea ou Newcleo, ou de la chaleur haute température comme Hexana ou Blue Capsule, Calogena vise le marché du bâtiment et des chaufferies urbaines.

Basée sur le concept des réacteurs à eau pressurisé (REP) du parc français actuel, mais en réduisant la pression à 5 bars au lieu de 60, la chaudière nucléaire de 30 mégawatts thermiques (MWt) fournira de la chaleur entre 70° et 110°C, ce qui est suffisant pour alimenter des réseaux de chaleur. En diminuant la puissance et la pression, on « est moins contraint pas les technologies de fabrication et de qualification » explique Raphaël Gorgé. Et en plongeant le réacteur dans une piscine, celle-ci assurera le refroidissement et laissera au moins 7 jours aux équipes pour intervenir en cas d’arrêt. Ce que l’on appelle la sureté passive.

La difficile question de l’acceptabilité

Le principal défaut de cette idée est qu’elle est presque trop simple, et risque donc d’être facilement copiée, ont remarqué les experts de France 2030. Raphaël Gorgé le sait. « Nous ne pensons pas déposer le design, mais nous avons déjà déposé trois brevets, qui portent surtout sur la sûreté, le contrôle de la réactivité et le confinement des matières radioactives », rappelle-t-il. De quoi avancer sereinement et commencer la phase d’avant-projet sommaire (APS) pour un dépôt de dossier à l’ASN (Autorité de sureté nucléaire) fin 2024.

Reste l’épineux problème de l’acceptabilité, même si les chaufferies nucléaires Calogena pourront être installé dans des bâtiments de 1 000 m² et des terrains de 3 000 m², à 10 ou 20 km des centres urbains, « les réseaux de chaleur modernes permettant de transporter l’eau chaude sur de longue distance ». Même si, selon une enquête de l’institut Cluster17 pour Calogena, réalisé mi-novembre, « plus de la moitié des Français sont prêts à voir un SMR installé dans leur propre commune », Raphaël Gorgé sait qu’il va être très vite confronté à la question de l’acceptabilité. Et sait qu’il ne pourra la régler seul. Il regarde déjà ailleurs. « Notre marché n’est pas forcément français, observe-t-il. Dans les pays du Nord ou d’Europe de l’Est où il y a moins d’opposition. »

Par Aurélie Barbaux, publié le 04 décembre 2023 à 14h00

Photo en titre : Corgé veut installer des chaufferies nucléaires à l’extérieur des villes. © abarbaux

https://www.usinenouvelle.com/editorial/avec-son-smr-calogena-le-groupe-gorge-veut-chauffer-les-villes-au-nucleaire.N2201203

À LA COP28, VIRILITÉ NUCLÉAIRE

La virilité constitue le noyau de la cellule du sommet COP28. Des business men, des lobbyistes en très grand nombre, décident de déployer le nucléaire notamment. Une sorte de « doudou » pour dirigeant.

La 28ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) ressemble à un concours de virilité. L’événement a lieu à Dubaï, aux Émirats arabes unis, qui n’est pas l’endroit le plus féministe de la planète. Haut lieu d’exploitation des énergies fossiles l’Émirat doit accueillir près de 90 000 personnes –essentiellement des hommes– dans un espace pharaonique climatisé. L’Expo City Dubaï est comme une mini-ville de 5 km2 dont la construction a mis en danger la vie d’ouvrier.res migrant.es qui ont dû travailler dur par des températures très élevées. Ni féministe, ni écolo, ni social, le décor est planté.

L’entrée en scène des décideurs a fait le tour de la Toile. Une photo saisissante montre un bataillon d’hommes bien décidés. Puis la photo officielle de dirigeants mondiaux alignés a confirmé la première impression. Sur cette photo officielle prise le 1er décembre, il y aurait 15 femmes parmi les 133 dirigeants. Et une d’entre elles, Hilda Heine, membre du conseil consultatif, aurait démissionné après avoir appris que le président de la COP28 profitait de sa position pour détourner les objectifs de la COP à son profit.

Au lieu de revenir aux fondamentaux de ces COP, -la préservation de la planète, la fin des énergies fossiles pour 2050- les dirigeants semblent donner la priorité au business. La première grande annonce a été le triplement des capacités de l’énergie nucléaire dans le monde. Une vingtaine de pays, la France en tête, portait cette idée fièrement affichée par le président Emmanuel Macron, qui a partagé une photo sur laquelle il occupe une place centrale, entouré d’hommes.

L’annonce sur le nucléaire a été accompagnée d’une autre nouvelle : 118 pays, dont la France, se sont engagés à tripler les capacités d’énergies renouvelables. Mais vu le gouffre financier que représente le nucléaire, il est peu probable que les investissements dans le renouvelable soient à la hauteur des enjeux.

Doudou pour dirigeants

Sur France inter dimanche 3 décembre, Marine Tondelier a vu dans cette accoutumance au nucléaire un objet transitionnel, un « doudou » des dirigeants qui veulent croire et faire croire que tout peut continuer comme avant en consommant à l’infini, sans chercher à réinventer une forme de sobriété.

La directrice des programmes de Réseau action climat, Anne Bingault qui a regretté de voir le chef d’État français « jouer le VRP » du nucléaire. « Coûteux, lent à mettre en œuvre et présentant des risques spécifiques, le nucléaire a un potentiel de développement extrêmement limité au niveau mondial », a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter), appelant à « se concentrer » sur « les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique » qui évite une surconsommation de l’énergie.

Tandis que sur Europe1, l’Eurodéputée écologiste Karima Déli rappelait : « Il faut miser sur les énergies renouvelables. Le nucléaire est une fausse solution (…) À l’heure où il faudrait agir concrètement, on a les yeux ailleurs, c’est dramatique pour le climat ».

Mais ces élues et activistes du climat ne sont pas au cœur des décisions prises à Dubaï par des business men. Une coalition d’ONG baptisée Kick big polluters vient de révéler que 2.456 lobbyistes des énergies fossiles sont présents à la COP28 de Dubaï. C’est quatre fois plus qu’à la COP27. Ils sont plus nombreux que les représentants des dix pays les plus vulnérables au changement climatique.

Et certains dirigeants, aidés de leurs lobbyistes, n’hésitent pas à tordre la réalité pour servir leurs intérêts. À commencer par le président de ce sommet, le Sultan Al-Jaber, par ailleurs président de la principale compagnie pétrolière des Émirats arabes unis, l’Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc), entrave les efforts diplomatiques pour diminuer les énergies fossiles très lucratives pour lui. L’objectif des COP est pourtant de sortir de ces énergies en 2050…

Mais, selon la BBC , le Sultan a profité du sommet pour conclure de nouveaux marchés… Une vidéo diffusée par le quotidien britannique The Guardian le 3 décembre montrait que le président de la COP28 remettait en question la nécessité de sortir des énergies fossiles pour limiter le réchauffement à 1,5 °C…

L’ONU a beau réunir des dirigeantes à la COP28 pour rappeler que les femmes sont les premières victimes de la crise climatique mais aussi les premières porteuses de solution, leur voix porte très peu dans le brouhaha des business men.

Par Isabelle Germain, publié le 5 décembre 2023

https://www.lesnouvellesnews.fr/a-la-cop28-virilite-nucleaire/

NDLR: Enfin un article qui me plait bien !

AU ROYAUME-UNI, LE SITE NUCLÉAIRE LE PLUS TOXIQUE D’EUROPE CIBLÉ PAR DES CYBERATTAQUES

D’après le quotidien the Guardian, le site britannique de retraitement et de stockage de déchets nucléaires Sellafield, sur la côte nord-ouest de l’Angleterre, a été piraté par des hackers liés à la Russie et à la Chine.

Sur les photos, c’est un bien joli coin de campagne anglaise en bord de mer d’Irlande, au nord-ouest de l’Angleterre, avec ses vaches qui paissent et sa petite cité portuaire. Mais la carte postale s’arrête net à la ligne d’horizon, barrée d’une multitude d’énormes cheminées, de silos en béton, de bâtiments aveugles.

Bienvenue à Sellafield, site industriel le plus dangereux d’Europe

Il abrite sur 6 km2 le plus grand stock de plutonium de la planète et des milliers de tonnes de déchets radioactifs, enfermés dans des silos et des étangs artificiels pas toujours très étanches. Héritage de décennies d’armement nucléaire et de production d’énergie atomique.

À écouter : Le piratage, plus puissant que jamais

Selon l’enquête du Guardian, ce site a été piraté par des cyber-groupes liés à la Russie et à la Chine. Des logiciels malveillants ont été détectés dans les réseaux informatiques de Sellafield en 2015 mais les violations sont peut-être plus anciennes et rien ne dit qu’elles ont cessé. Elles concernent certaines des activités les plus sensibles du site : transport de déchets radioactifs, surveillance des fuites, système anti-incendie, mais aussi protocole nucléaire d’urgence en cas d’attaque étrangère. Le quotidien affirme que ces actes de piratage ont été dissimulés pendant des années à l’autorité régulatrice du nucléaire britannique, qui pointe des défaillances à répétition en matière de cybersécurité.

Pourtant les jours de Sellafield ne sont absolument pas comptés

Si une partie des installations doit être démantelée – projet sans cesse repoussé – l’activité de cette méga-décharge est censée durer jusqu’en… 2 130.

C’est ici qu’à partir de 1947 le Royaume Uni a fabriqué du plutonium pour ses armes nucléaires pendant la guerre froide. C’est également là qu’a ouvert la première centrale nucléaire civile du pays, qui a fermé il y a 20 ans. Initialement baptisé Windscale, le site a changé de nom après un grave accident en 1957. En 2005, une fuite de matière radioactive a mis huit mois à être détectée.

À écouter : Questions sur la sûreté nucléaire

L’exploitation de Sellafield coûte 2,5 milliards de livres sterling (presque 3 milliards d’euros) chaque année mais son arrêt n’est pas du tout à l’ordre du jour. Il va bien falloir démanteler (un peu) et stocker (beaucoup) les déchets radioactifs des futurs réacteurs britanniques : Hinkley Point en construction, Sizewell C en projet. Le Royaume Uni a de grandes ambitions nucléaires, il fait partie de la vingtaine de pays, dont la France, qui ont appelé samedi 2 décembre depuis la Cop 28 de Dubaï à tripler la production d’énergie atomique dans le monde d’ici 2050.

Réchauffement climatique ou hiver nucléaire, sommes-nous vraiment condamnés à choisir ? (voir NDLR)

Avec Louise Bodet et Anthony Bellanger (production), publié le mardi 5 décembre 2023

Article provenant du podcast : Les histoires du monde,

Photo en titre : Les tours de refroidissement encore en activité de la centrale nucléaire de Sellafield, derrière le village de Seascale, dans le nord de l’Angleterre, le 26 septembre 2002. ©AFP – Odd ANDERSEN / AFP

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-histoires-du-monde/histoires-du-monde-du-mardi-05-decembre-2023-8511791

NDLR : OUI, il faut choisir mais pas entre réchauffement climatique ou hiver nucléaire car il existe d’autres alternatives crédibles, moins coûteuses et plus rapides à mettre en œuvre : c’est de développer les énergies renouvelables et le stockage.

POUR LE CONSEIL D’ÉTAT, LA POUBELLE NUCLÉAIRE DE CIGÉO EST « D’UTILITÉ PUBLIQUE »

Nouveau revers dans la lutte contre Cigéo : le 1er décembre, le Conseil d’État a rejeté le recours de trente-deux organisations contre la déclaration d’utilité publique (DUP) du mégaprojet d’enfouissement de déchets nucléaires. « Une décision peu compréhensible », selon France Nature Environnement (FNE), l’une des associations requérantes.

Pour rappel, ce projet contesté prévoit près de Bure, dans la Meuse, l’enfouissement à 500 mètres de profondeur des déchets les plus radioactifs issus des centrales nucléaires françaises. Le 7 juillet 2022, cette poubelle nucléaire était reconnue d’utilité publique : une déclaration qui permettait d’accélérer la mise en œuvre de l’installation, notamment l’acquisition de quelque 3 500 hectares de terres. Cette DUP avait été attaquée en septembre 2022, au vu « des nombreuses insuffisances de l’étude d’impact » du projet.

Le pavé de 200 pages rédigé par les associations — montrant entre autres des lacunes en matière d’impacts sur l’eau et sur la biodiversité ou sur le coût de ce projet — n’a pas convaincu le Conseil d’État. « Il estime que les mesures destinées à éviter les impacts sur l’environnement et la santé humaine sont suffisantes et que l’exigence de réversibilité du stockage est respectée », peut-on lire sur le site du Palais-Royal.

« Nous ne comprenons pas comment un tel projet a ainsi pu obtenir une DUP alors qu’il manque autant d’informations précises “de base”, ont noté les associations dans un communiqué commun, adossé à une analyse critique de la décision des juges. Il est encore temps de prendre la mesure de l’ampleur d’un tel projet, unique par sa dimension, sa dangerosité, sa longévité et à se rendre à l’évidence qu’il est impossible de maîtriser les risques inhérents. »

Les associations se sont dites « déterminées » à poursuivre leur combat, malgré la décision du Conseil d’État. Il faut encore que le projet passe les étapes de l’autorisation de création, dont le dossier a été déposé en janvier dernier. Les anti-Cigéo continuent ainsi de demander l’arrêt du projet.

Publié le 4 décembre 2023 à 17h44

Photo en titre : Le Conseil d’État a rejeté le recours contre la déclaration d’utilité publique du projet Cigéo. – Unspash/ CC/ Kilian Karger

https://reporterre.net/Pour-le-Conseil-d-Etat-la-poubelle-nucleaire-de-Cigeo-est-d-utilite-publique

ÉLECTRICITÉ : VERS UNE HAUSSE CONTENUE DES PRIX, À MOINS DE « DEUX CHIFFRES »

Il n’y aura pas d’augmentation à « deux chiffres » des factures d’électricité, a assuré la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, dimanche, en vantant les mérites de la réforme du marché européen de l’électricité et de la réorganisation du système de régulation en France.

Pourra-t-on se chauffer les prochains hivers sans craindre l’arrivée de sa facture d’électricité ? « Les augmentations à venir n’ont pas vocation à être à deux chiffres », a assuré Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique dimanche 3 décembre dans l’émission du Grand jury RTL-M6-Le Figaro sur l’ampleur des futures hausses.

« Aujourd’hui, demain, il n’y aura plus des envolées des prix telles qu’on les a connues en 2022 grâce à notre action au niveau européen et grâce à notre action au niveau français », a fait valoir la responsable en référence à deux accords clé conclus cet automne.

Les Vingt-Sept se sont entendus sur une réforme du marché européen de l’électricité

Le 17 octobre, les Vingt-Sept se sont entendus sur une réforme du marché européen de l’électricité, sur fond d’âpres pourparlers entre Paris et Berlin sur le nucléaire, qui doit permettre de limiter la volatilité des cours sur les marchés. Sans modifier structurellement le fonctionnement du marché de gros, la réforme proposée par la Commission européenne entend développer les contrats d’achats d’électricité de long terme à un prix décidé d’avance (PPA) pour lisser l’impact de la volatilité des cours du gaz sur les factures. Les États auront pour charge de les favoriser, par exemple en établissant des régimes de garanties publiques pour couvrir les risques de crédit des acheteurs, en particulier les entreprises. Le texte vise aussi à s’assurer que les fournisseurs d’électricité au détail disposent d’une couverture appropriée, potentiellement en imposant le recours à des PPA, pour réduire leur exposition à la volatilité du marché de gros.

La protection des consommateurs serait renforcée, si l’on en croit l’exécutif, notamment pour les clients vulnérables. L’accord des Vingt-Sept rend aussi obligatoire, après une période transitoire de trois ans, le recours à des « contrats pour la différence » (CFD) à prix garanti par l’État pour tout soutien public à des investissements dans de nouvelles centrales de production d’électricité décarbonée (renouvelables et nucléaire). Le texte permet également de recourir facultativement à ces contrats pour tous les investissements destinés aux centrales nucléaires existantes, un point cher à Paris qui veut prolonger ses réacteurs vieillissants.

La cible sera d’atteindre un prix de l’électricité nucléaire à 70 euros le MWh

Par ailleurs, en France, EDF et le gouvernement ont trouvé le 14 novembre un accord censé fixer le prix de référence de l’électricité nucléaire vendue par l’opérateur historique à 70 euros le MWh à partir de 2026. Dans cette nouvelle régulation, les éventuels revenus supplémentaires engrangés par EDF en cas de hausses de prix sur les marchés seront en partie reversés pour partie aux consommateurs, « afin d’éviter une explosion des prix similaire à celle de 2022 », a résumé la ministre de la Transition énergétique.

Lire aussi : EDF : quand la perte de clients se transforme en un jackpot de 20 milliards d’euros

« Aujourd’hui, nous reprenons le contrôle sur le prix de l’électricité et nous le reprenons avec des augmentations qui ont vocation à suivre, notre coût de production d’électricité, le coût du nucléaire, le coût de l’ensemble de notre réseau et qui est déconnecté du coût des fossiles », a souligné dimanche la ministre. En 2022, dans le sillage de la guerre en Ukraine, l’envolée des prix du gaz avait entraîné vers des sommets ceux de l’électricité.

Néanmoins, l’accord ne grave pas dans le marbre un tarif de l’électricité nucléaire autour de 70 euros le MWh, comme nous l’expliquions dans un précédent article. Ce chiffre correspond uniquement aux prévisions d’EDF des cours du marché entre 2026 et 2040, indépendamment de toute intervention étatique.

« Les 70 euros en moyenne renvoient aux résultats de nos anticipations sur le long terme, là où les prix peuvent se former sur 15 ans dès 2026, en tenant compte de l’ensemble des modèles économiques qu’on a sur la formation des prix de l’électricité », avait ainsi rectifié Luc Rémont, le PDG d’EDF, mardi 14 novembre.

« Nous pensons que c’est un niveau tout à fait réaliste […] vu les prix de gros orientés à la baisse », ajoute-t-on au sein de l’entreprise.

« Il s’agit d’une cible commerciale, et pas d’un prix régulé comme les 42 euros de l’ARENH (…). Cependant, bien malin celui qui peut dire quel sera le cours sur les bourses d’échange, ne serait-ce que dans trois ans », commente Jacques Percebois. Par ailleurs, nombre de spécialistes affirment qu’un tel système, s’il avait été mis en œuvre en 2022, n’aurait pas non plus permis de juguler la hausse des factures.

Lire aussi : Prix de l’électricité : l’État privilégie le marché sur la régulation

En septembre, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait déjà assuré qu’une hausse des tarifs réglementés de 10% à 20% était « exclue » lors de la prochaine réévaluation en février. L’État prend encore en charge 37% de la facture d’électricité des Français dans le cadre du bouclier tarifaire mis en place à l’automne 2021 pendant la crise énergétique mais cette protection est appelée à se réduire progressivement « courant 2024 » alors que les prix sur les marchés de l’électricité « sont en train de baisser ».

Prolongation du dispositif en soutien aux PME et collectivités

Mercredi soir, Agnès Pannier-Runacher avait aussi annoncé la prolongation du dispositif « d’amortisseur électricité » en soutien aux PME et collectivités qui auraient renouvelé un contrat d’électricité « au prix le plus haut » avant le 30 juin 2023, et dont les contrats courent sur 2024, voire 2025.

La Première ministre Élisabeth Borne indiquait quant à elle jeudi avoir reçu l’accord de la Commission européenne pour la prolongation en 2024 des aides à certaines entreprises prisonnières de contrats énergétiques très coûteux. « Avec le bouclier tarifaire pour la plupart des TPE, avec l’amortisseur électricité et les aides guichet, nous avons mis en place des mesures exceptionnelles pour accompagner les entreprises », a rappelé la cheffe du gouvernement, arguant qu’« aujourd’hui, les prix du gaz et de l’électricité ont baissé, mais certains restent prisonniers de contrats conclus quand les prix étaient particulièrement élevés. »

Le Sénat va lancer une commission d’enquête sur « la production, la consommation et le prix de l’électricité aux horizons 2035 et 2050 »

Au Sénat, le groupe centriste a décidé de choisir le dossier de l’énergie pour leur « droit de tirage » annuel, qui permet à chaque groupe parlementaire de lancer une commission d’enquête sur un sujet de son choix. Elle portera sur « la production, la consommation et le prix de l’électricité aux horizons 2035 et 2050 », selon le document déposé à l’initiative du sénateur de l’Essonne Vincent Delahaye. « Les ambitions du gouvernement sont-elles suffisantes ? La production sera-t-elle en phase avec la consommation ? EDF aura-t-il les moyens de supporter les évolutions souhaitées et à quel prix pour les consommateurs ? Le champ d’investigation est assez vaste », a affirmé le parlementaire auprès de l’AFP. Le sénateur centriste envisage cette commission d’enquête comme un prolongement de celle des députés Les Républicains à l’Assemblée nationale sur « la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France », qui avait accouché en avril 2023 d’un rapport dénonçant « un retard considérable » dans la capacité du pays à couvrir ses besoins en énergie, notamment en électricité. Les auditions sur cette commission d’enquête sur l’électricité devraient démarrer en janvier, avec un rapport rendu durant l’été.

Par latribune.frpublié le 

Photo en titre : « Aujourd’hui, demain, il n’y aura plus des envolées des prix telles qu’on les a connues en 2022 grâce à notre action au niveau européen et grâce à notre action au niveau français » a assuré la ministre de la Transition énergétique. (Crédits : GONZALO FUENTES)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/electricite-vers-une-hausse-contenue-des-prix-a-moins-de-deux-chiffres-984808.html

LE PRÉSIDENT DE LA COP28 TIENT DES PROPOS CLIMATOSCEPTIQUES

Jusque-là bien huilée, la présidence émiratie de la COP28 a commis son premier faux pas. Sultan Al Jaber a tombé le masque dans une vidéo datant du 21 novembre dernier et rendue publique le 2 décembre par The Guardian et le Center for Climate Reporting.

Réagissant à une remarque de l’ancienne présidente de l’Irlande Mary Robinson estimant qu’il fallait sortir des énergies fossiles, le président de la COP28 n’a pas mâché ses mots : « Je respecte la science, mais il n’existe aucune base scientifique ni aucun scénario pour affirmer qu’il faut sortir des énergies fossiles pour stabiliser le réchauffement à +1,5 °C », a-t-il déclaré.

Dans son sixième rapport d’évaluation, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) rappelle en toutes lettres que stabiliser le réchauffement à +1,5 °C implique justement de plafonner les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2025 au plus tard, en vue de les abattre de 43 % d’ici à 2030.

C’est peu dire que la sortie de Sultan Al Jaber a agacé les scientifiques. « À la lumière de cette déclaration, la Journée de la santé apparaît comme une hypocrisie totale. C’est une énorme trahison d’inviter la communauté de la santé à la table et d’ignorer tous les avertissements et les données scientifiques qui soulignent à quel point les dommages des combustibles fossiles sont désastreux sur notre santé et notre avenir. Un résultat qui n’aborderait pas l’élimination progressive des combustibles fossiles serait un échec », a déclaré, lors d’un point presse, Marina Romanello, directrice exécutive du Lancet Countdown.

Publié le 4 décembre 2023 à 10h12, mis à jour le 4 décembre 2023 à 13h38

Photo en titre : © Karim Sahib / AFP – Sultan Al Jaber, le président de la COP28, le 2 décembre à Dubaï.

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RENOUVELABLES ET NUCLÉAIRE S’AFFRONTENT À LA COP28

Alors que la France promeut l’atome à la COP28 de Dubaï, la Commission européenne préfère parier sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

Dubaï (Émirats arabes unis), correspondance

À la COP28 se livre une bataille sourde et sans pitié entre sources d’énergies décarbonées. Dans la synthèse de son sixième rapport d’évaluation, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) rappelle que si nous voulons avoir de bonnes chances de stabiliser le réchauffement à +1,5 °C, nous devons diminuer de 43 % nos émissions de à gaz à effet de serre entre 2019 et 2030. L’un des principaux leviers de cette décarbonation sera le remplacement du pétrole, du charbon et du gaz (1) par des sources d’énergie « décarbonées » : renouvelables mais aussi nucléaire.

Dans le centre des expositions de Dubaï, les lobbyistes des deux camps font feu de tout bois. Le premier round s’est produit le 2 décembre. À l’initiative de la France était organisé un happening, on ne peut plus officiel, consacré à l’atome. Les pontes tricolores de l’énergie avaient fait le déplacement. Luc Rémont, patron d’EDF, et Jean-Pierre Clamadieu, boss d’Engie, étaient au premier rang.

Tripler le parc nucléaire mondial

Sur scène, le président de la République a fixé l’ambition : tripler la capacité de production mondiale d’énergie nucléaire entre 2020 et 2050. Ce qui porterait à environ 1 200 GW la puissance totale du parc au mitan du siècle. Le tout a été décliné dans une déclaration dont la forme singe une décision de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Pratiquement au même moment, la présidente de la Commission européenne participait, elle aussi, à un événement parallèle. Cette fois, il n’était pas question d’énergie nucléaire. Ursula von der Leyen a proposé que le monde triple la capacité de production d’électricité d’origine renouvelable d’ici à 2030, éolien et solaire en tête. Avec pour objectif de porter ladite capacité installée à 11 000 GW.

L’ancienne ministre de la Défense de l’Allemagne a aussi proposé de doubler le rythme mondial de l’amélioration de l’efficacité énergétique, lequel passerait de 2 à 4 % par an. Cette déclaration a reçu le soutien officiel de 118 gouvernements.

Programme illusoire

La démarche française interroge. La déclaration affirme s’appuyer sur l’analyse du Giec pour fixer sa trajectoire. L’argument est un peu biaisé. Son rapport sur la stabilisation du réchauffement à 1,5 °C mentionne de nombreux scénarios énergétiques possibles, dont un seul table sur un triplement de la capacité nucléaire d’ici à 2050. Comme à leur habitude, les auteurs du réseau mondial de scientifiques ne font aucune proposition ni recommandation.

Autre remarque : tripler la capacité de production nucléaire en vingt-six ans semble totalement illusoire. Actuellement, seuls deux pays construisent en (petite) série des réacteurs : la Russie et la Chine. Ces deux pays ont la main-d’œuvre, le savoir-faire et, surtout, une abondance illimitée de capitaux. Ce n’est pas le cas de la France.

Chapeautant l’industrie nationale nucléaire, EDF est lourdement endettée (à hauteur de 64,5 milliards d’euros, à comparer aux 46 milliards d’euros de capitaux propres) et son parc de réacteurs tournera au ralenti pendant longtemps. Ces deux facteurs limitent très fortement son accès au marché des capitaux (banques, fonds d’investissement). Il n’est pas non plus certain que la Commission européenne autorise l’État à financer une partie du futur programme nucléaire français — encore moins à l’export — en raison des règles encadrant les aides d’État. Bruxelles et Paris s’opposent aussi depuis plus d’une décennie sur l’organisation de l’hydroélectricité dans l’Hexagone. EDF n’est pas en odeur de sainteté au sein de l’exécutif communautaire.

La France, comme bien d’autres pays, souffre d’un manque criant de professionnels : ingénieurs nucléaires, techniciens et ouvriers spécialisés. Ce qui explique, en partie, l’accident industriel de la construction de l’EPR de Flamanville. Reconstituer ces compétences prendra, encore une fois, du temps.

Pas étonnant, dans ces conditions, que la déclaration française n’ait été signée que par vingt-deux pays (2) dont aucun n’est capable d’engager un programme nucléaire d’ampleur, ni chez lui, ni à l’étranger.

Rédigés par l’Agence internationale de l’énergie, soutenus par la présidence émiratie de la COP28, les objectifs portés par la Commission européenne figureront à coup sûr dans la déclaration finale. Ce qui n’est pas du tout certain pour le programme français. Le 2 décembre, au cours d’une conférence de presse, Emmanuel Macron a souhaité qu’il soit « annexé » au futur accord de Dubaï. L’ambition faiblit déjà.

Notes

1 : Dans le monde, les sources d’énergies fossiles produisent 80 % de l’énergie que nous consommons et environ 60 % en France.

2 : La Bulgarie, le Canada, les Émirats arabes unis, les États-Unis, la Finlande, la France, le Ghana, la Hongrie, le Japon, la Corée du Sud, la Moldavie, la Mongolie, le Maroc, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède, l’Ukraine, la République tchèque et le Royaume-Uni.

Par Valéry Laramée de Tannenberg, publié le 4 décembre 2023 à 10h25

Photo en titre : Le président Emmanuel Macron s’exprime lors de la session Tripler l’énergie nucléaire d’ici 2050, lors de la COP28 à Dubaï, le 2 décembre 2023 – © AFP / Ludovic Marin

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BELGIQUE : PROLONGATION DES CENTRALES NUCLÉAIRES : “L’ACCORD AVEC ENGIE EST CONCLU”, SELON TINNE VAN DER STRAETEN

Le dossier sur la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires en Belgique connaît un nouveau rebondissement.

« L’accord avec Engie est conclu« . C’est ce qu’a déclaré le ministre fédéral de l’énergie, Tinne Van der Straeten, lors de l’émission De Zevende Dag diffusée dimanche sur la VRT. « À partir de demain (lundi, ndlr), les discussions politiques commenceront. La semaine suivante, ce sera discuté au sein du gouvernement et tout sera soumis au Conseil d’État« , a déclaré la ministre verte.

Pour rappel, le gouvernement fédéral a décidé en mars 2022, peu après le déclenchement de la guerre en Ukraine, qu’il souhaitait maintenir en service les deux plus jeunes réacteurs nucléaires, à savoir Doel 4 et Tihange 3, pendant encore 10 ans. Cela permettrait à notre pays d’être moins dépendant du gaz naturel de l’étranger pour son approvisionnement en énergie.

Après de longues négociations, Engie et le gouvernement sont parvenus au début de l’année à une sorte d’accord « provisoire » sur la prolongation de la durée de vie des deux centrales, sur le financement du démantèlement des centrales nucléaires et sur l’élimination des déchets radioactifs.

Au cours des derniers mois, ces accords ont été traduits en textes détaillés et négociés par les négociateurs du groupe énergétique français et les négociateurs du gouvernement belge.

Selon le cabinet Van der Straeten, les négociations avec Engie sont maintenant complètement terminées et un texte de 1.500 pages est sur la table. Les discussions sur ce texte seront entamées entre les partis gouvernementaux au cours de la semaine prochaine. La semaine suivante, l’objectif serait d’organiser un noyau et de donner le feu vert au sein du gouvernement.

Selon M. Van der Straeten, le texte sera encore soumis au Conseil d’État et l’ensemble du dossier pourra encore être discuté au Parlement « dans les délais« . L’accord doit également être soumis à la Commission européenne. M. Van der Straeten qualifie d' »absurde » le slogan selon lequel les textes actuels prévoient une prolongation possible de la durée de vie de 20 ans au lieu de 10.

Par Belga Agence, publié le 03-12-2023 mis à jour à 12h03

Photo en titre : Prolongation des centrales nucléaires : “l’accord avec Engie est conclu” affirme la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten ©PRE

https://www.dhnet.be/actu/belgique/2023/12/03/prolongation-des-centrales-nucleaires-laccord-avec-engie-est-conclu-selon-tinne-van-der-straeten-AQXQKTKNB5DTPBUNYNWEPTWS54/

FEU HENRY KISSINGER

Le terroriste atomique Henry Kissinger s’est éteint libre et honoré à l’âge de 100 ans.  Pendant ses 16 ans de 1961 à 1977 aux côtés de 4 présidents américains successifs il a pourtant fait de la menace de l’holocauste nucléaire l’impératif de sa démocratique diplomatie « humaniste » envers ses mêmes alliés et son propre peuple.

Homme de main eugéniste de l’Amérique d’alors il a cautionné avec ferveur les 42 essais atomiques aériens sommant 38,07 Mt de pollution radioactive éternelle commanditée par J.F Kennedy et acclamé les 687 tests nucléaires souterrains qui de J.F Kennedy à G. Ford totalisent 56,56 Mt. Feu le centenaire Henry Kissinger s’avère ainsi complice de 712 explosions atomiques d’une puissance de 94,63 Mt commises de 1961 à 1977 par l’Amérique à la moyenne compulsive d’une bombe nucléaire, sale par définition, détonée tous les 8 jours. Toujours accompagné par ces ignobles frappes récurrentes pour convaincre les états récalcitrants, il a secondé au mieux son mandat de crapule radiologique contre l’humanité.

L’héritage toxique qu’il abandonne au monde tient en peu de mots, en beaucoup de morts encore à venir et, bien plus grave, en d’incalculables malversations génétiques en devenir. Ce legs mortifère tétanise même à ne considérer que les 19 Mt accomplies par fission nucléaire sur les 38,07 Mt des essais atmosphériques sous Kennedy dont 19 Mt, la moitié, sont le fait de la fusion thermonucléaire. 61 ans après ces essais réussis de contamination de l’atmosphère, il reste au moins mille milliards de Sievert en circulation aérienne dispersés en nanoparticules radioactives flottantes, surtout plutonigènes, encore respirées partout dans le monde entier.

C’est là un potentiel de 200 milliards de doses létales aigües qu’il nous a légué lui et ses acolytes auxquels seuls les ignorants et les asservis rendent hommage. 

Publié dimanche 3 décembre 2023

https://aipri.blogspot.com

NDLR : comble de l’ironie, Kissinger a reçu le prix Nobel de la paix en 1973 !!!