NUCLÉAIRE. FAUT-IL PROLONGER LA DURÉE DE VIE DES RÉACTEURS DE LA CENTRALE DE FLAMANVILLE ?

Une concertation nationale va être lancée pour savoir si l’on doit prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires de 1 300 MWe. Le n° 1 et 2 de Flamanville sont concernés.

La Manche compte deux réacteurs nucléaires d’une puissance de 1 300 MWe (1) sur le site du CNPE (Centre Nucléaire de Production d’Électricité) de Flamanville (Manche). Ces deux unités ont été mises en service en décembre 1986 puis mars 1987.

Il y a donc presque quarante ans. Une concertation va démarrer en janvier 2024 pour savoir s’il faut prolonger leur durée de vie au-delà de ces quatre décennies.

La démarche reproduit, « dans son esprit et sa réalisation », la concertation générique qui avait été organisée de septembre 2018 à mars 2019 pour le 4ème réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe du parc nucléaire français, réacteurs mis en service avant les réacteurs de 1 300 MWe.

Pourquoi ?

La durée de fonctionnement des installations nucléaires françaises n’est pas limitée par le décret qui les autorise. En contrepartie, la réglementation prévoit que chaque installation nucléaire doit faire l’objet d’un réexamen périodique tous les dix ans.

Seulement, confronté à un parc nucléaire vieillissant, le Gouvernement avait anticipé cette limite des 40 ans (2) en lançant des études permettant de préparer la prolongation de la durée de vie des centrales existantes à 60 ans et au-delà, en attendant la construction de réacteurs EPR2 de nouvelle génération.

Comment ?

C’est le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) qui s’apprête à organiser cette concertation sur « la phase générique du 4ème réexamen périodique des réacteurs de 1 300 MWe du parc nucléaire français », soit 20 réacteurs exploités par EDF, répartis sur 8 sites dont celui de Flamanville.

Deux garants de la Commission nationale du débat public (CNDP) ont également été désignés à la demande du HCTISN, pour accompagner la préparation méthodologique de la concertation.

Cette concertation s’ouvrira donc le 18 janvier 2024 et s’achèvera le 30 juin 2024, avec pour objectif de recueillir l’avis du public, notamment sur les dispositions proposées par EDF décrites dans son document intitulé « Note de réponse aux objectifs ».

Les premiers réacteurs concernés sont les réacteurs n° 1 des centrales nucléaires de Paluel et de Cattenom, dont les réexamens auront lieu en 2026. Ceux de Flamanville devraient suivre en 2028 et 2029.

NOTES:

(1) : La centrale de Flamanville possède également un réacteur en construction appelé « Flamanville 3 ». Il s’agit d’un EPR d’une puissance de 1 600 MW qui devrait démarrer en 2024.

(2) : La référence à 40 ans d’exploitation est liée à des hypothèses techniques pour la justification initiale de la conception de certains matériels et équipements des réacteurs.

Par Chrismaël Marchand, publié le 29 novembre 2023 à 13h05

Photo en titre : Les réacteurs n° 1 et 2 de la centrale nucléaire de Flamanville sont concernés par cette concertation qui démarrera en janvier 2024. (©EDF)

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FINLANDE : NOUVEL ARRÊT POUR LE RÉACTEUR EPR

Le réacteur nucléaire EPR Olkiluoto 3 (OL3) en Finlande, le plus puissant d’Europe, a cessé sa production mercredi à la mi-journée après s’être mis à l’arrêt automatiquement lors d’un test, a annoncé son exploitant TVO.

« La production d’électricité devait se poursuivre normalement pendant le test« , a dit Johanna Aho, responsable de la communication de TVO.

Avant cet arrêt à 13H35 locales (11H35 GMT), un test de maintien d’activité était en cours sur OL3, nécessitant la création d’un court-circuit momentané près de la centrale.

« Conséquence de ce test, la production d’Olkiluoto 3 s’est interrompue », selon TVO qui « enquête de façon approfondie sur les causes » de cet arrêt.

La production sur ce réacteur avait redémarré le mercredi 22 novembre après trois jours d’interruption en raison d’un défaut de fonctionnement dans la mesure de température dans le système de refroidissement du réacteur.

OL3 est le réacteur nucléaire le plus puissant en opération en Europe et fournit 14% de l’électricité de la Finlande.

Comme nombre d’autres chantiers d’EPR, il a été marqué par d’innombrables retards et d’énormes surcoûts qui ont été une des principales causes du démantèlement industriel de son constructeur, le groupe français Areva, depuis rebaptisé Orano.

Par AFP, publié le 29 novembre à 16h57, AFP

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Photo en titre : © Jonathan NACKSTRAND, AFP – OL3, le troisième réacteur de la centrale nucléaire d’Olkiluoto, le 2 mai 2023 sur l’île d’Eurajoki, dans l’ouest de la Finlande

https://actu.orange.fr/economie/finlande-nouvel-arret-pour-le-reacteur-epr-CNT0000029M8OC.html

MICHÈLE RIVASI, EURODÉPUTÉE : UNE VIE AU SERVICE DE L’ÉCOLOGIE

Michèle Rivasi, 70 ans, est décédée suite à une crise cardiaque, le mercredi 29 novembre 2023, à Bruxelles. Ici, on la voit lors d’une intervention en duplex dans le journal de TV5monde, le 14 février 2023. 

Michèle Rivasi est décédée ce mercredi 29 novembre 2023 à la suite d’un malaise cardiaque, à Bruxelles. Femme politique de conviction, fervente défenseure de l’environnement engagée au sein du parti écologiste, elle était élue au Parlement européen depuis quatorze ans. 

À la veille du 28ème sommet mondial sur le climat, la COP 28, à Dubaï, c’est une voix européenne pour la défense de l’écologie et la protection de l’environnement qui s’éteint. 

« Figure inspirante, stimulante et engagée, fondatrice d’associations comme la Criirad en 1986, au lendemain de Tchernobyl, le Criirem en 2005, Association Zones Blanches en 2014, toujours prête à défendre les principes qu’elle chérissait, Michèle Rivasi a consacré sa vie à la protection de la biodiversité et de notre santé, au combat pour la transparence de nos institutions dans l’intérêt des citoyens européens« , c’est en ces termes que le Parlement européen a annoncé le décès de la députée, ce mercredi 29 novembre 2023. 

Elle était notamment connue pour avoir fondé la CRIIRAD, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, au lendemain de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986. Professeure agrégée de sciences naturelles, elle émet publiquement des doutes sur la théorie du nuage radioactif qui s’arrête à la frontière, en parlant de « mensonge d’État« . Elle fait des prélèvements dans la nature pour analyser des résidus de radioactivité et fonde la Commission pour contrer le monopole de l’État sur ces études.

Un engagement écologiste

À l’époque où elle était députée, Michèle Rivasi a aussi lutté contre le scandale de la peinture au plomb dans les écoles. 

Elle a laissé une empreinte indélébile sur de nombreux aspects de la législation européenne, par son travail acharné et sa pugnacité sans égale.

Communiqué Parlement européen

« Élue députée de la Drôme en 1997, vice-présidente du conseil général de la Drôme, conseillère municipale à Valence, puis en tant que députée au Parlement européen en 2009, elle a travaillé sans relâche pour faire avancer les dossiers qui lui tenaient à cœur. Membre active d’EELV et des Verts/ALE, elle a laissé une empreinte indélébile sur de nombreux aspects de la législation européenne, par son travail acharné et sa pugnacité sans égale« , ajoute le communiqué du Parlement européen.

Lanceuse d’alerte

En 1997, Libération la qualifie de « bête noire du lobby nucléaire« . Dans le livre Ce nucléaire qu’on nous cache, co-écrit avec la journaliste Hélène Crié, elle dénonce des manipulations de chiffres par l’État, des mensonges, des dissimulations concernant le nucléaire. 

En janvier 2015, elle lance aux côtés de nombreux médecins comme Irène Frachon et d’élus écologistes l’appel pour une opération « Mains propres sur la santé » pour dénoncer la mainmise des laboratoires pharmaceutiques sur les décisions sanitaires en France.

En février 2023, l’eurodéputée s’était exprimée sur le plateau de TV5monde sur l’affaire des sms échangés entre la présidente de la Commission européenne et le PDG du laboratoire Pfizer, crée des remous à Bruxelles. Une affaire révélée par le New York Times qui avait saisi la justice pour obliger la Commission à dévoiler ces échanges. « Je me réjouis de cette saisie de la justice« , commentait alors Michèle Rivasi.

Michèle Rivasi figure parmi les premières femmes politiques à combattre le glyphosate. En octobre 2017, dans l’émission Le Bar de l’Europe sur TV5monde, elle n’hésite pas à viser les lobbys tout en dénonçant « l’opacité » du Parlement à ce sujet : « Quand on leur demande de nous donner les études scientifiques qui les ont conduits à conclure que le glyphosate n’était pas cancérigène, on nous répond ‘secret d’affaires’. Donc c’est opacité, et conflit d’intérêts. Ils ne sont pas dans l’intérêt général, ils ont aussi peur de procès par rapport à Monsanto ».

Pendant l’épidémie de Covid-19, ses positions contre la vaccination obligatoire, et ses déclarations dans lesquelles elle comparait le passé sanitaire à l’apartheid avaient suscité la polémique. 

Hommage politique

Son équipe au Parlement européen a tenu à saluer « son courage, son intégrité et sa proximité avec les gens. Ses qualités de cœur, jusqu’au bout ». Sa disparition « est une perte immense pour l’écologie politique, la démocratie européenne, et pour tous celles et ceux qui ont eu le privilège de la connaître et de travailler à ses côtés« . 

De nombreuses personnalités de sa famille politique ont fait part de leur tristesse via les réseaux sociaux. Sur X, anciennement Twitter, Marie Tondelier se déclare « sous le choc« . Marie Toussaint, future tête de liste EELV pour 2024, salue « la grande Michèle Rivasi« .

Par Terriennes, Isabelle Mourgere, publié le 29 novembre 2023 à 14h17

Photo en titre : Michèle Rivasi, 70 ans, est décédée suite à une crise cardiaque, le mercredi 29 novembre 2023, à Bruxelles. Ici, on la voit lors d’une intervention en duplex dans le journal de TV5monde, le 14 février 2023. ©TV5monde

https://information.tv5monde.com/terriennes/michele-rivasi-eurodeputee-une-vie-au-service-de-lecologie-2677573

LIVRET A : NON AU FINANCEMENT DE L’ARMEMENT, OUI AU FINANCEMENT DU LOGEMENT SOCIAL ET DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

Nos organisations rassemblées exigent que l’amendement parlementaire (Renaissance, Horizon, LR) au projet de loi de finances qui permet le détournement des fonds du Livret A et du LDDS, au profit du financement de l’industrie d’armement, soit retiré.

En effet, cet amendement est de toute évidence un cavalier législatif. C’est-à-dire un amendement qui n’a rien à voir avec le projet de loi de finances 2024, passé en force à l’Assemblée nationale par un nouveau 49.3 gouvernemental. Dès à présent, nous appelons l’ensemble des sénateurs à déclarer cet amendement irrecevable.

Nos organisations considèrent comme totalement inacceptable que l’épargne réglementée dite « épargne populaire » soit utilisée pour financer des activités d’armement, dont certaines sont interdites par le droit international. Ces fonds, ont vocation à répondre aux besoins de la population à travers, notamment, le financement du logement social et de la transition écologique.

Notre pays est confronté à une crise du logement gravissime. Il y a 4,15 millions de personnes mal logées en France et 330 000 sans domicile fixe (source : Fondation Abbé Pierre). La Fondation a également identifié 12,1millions personnes en situation de fragilité financière par rapport au logement. Celle-ci intervient dans un contexte d’inflation (notamment alimentaire) qui atteint des niveaux inconnus depuis plusieurs décennies.

Aussi, il y a urgence, en métropole et en outremer, à engager et financer un véritable plan d’urgence en matière de construction de logements sociaux pour répondre aux besoins de différentes populations : hébergements d’urgence, foyers pour travailleurs immigrés, jeunes travailleurs, parents isolés et femmes victimes de violence conjugale, résidences pour étudiants, logements pour les ménages avec ou sans enfants, résidences autonomie…

D’autre part, s’agissant de la transition écologique, contrairement aux engagements publics pris par le ministre Bruno Le Maire, le LDDS finance toujours des énergies fossiles et des industries toxiques. L’appellation « Livret de développement durable et solidaire » est aujourd’hui manifestement trompeuse.

Les fonds du Livret A et du LDDS doivent faire l’objet d’un traçage précis et incontestable afin de s’assurer que l’épargne réglementée réponde bien aux besoins sociaux et écologiques conformément à sa vocation.

Au-delà de l’actuel débat législatif sur le projet de loi de finances 2024, nos organisations rassemblées décident de s’engager résolument ensemble et dans la durée afin de créer les conditions d’un vaste débat public sur la nécessité d’orienter réellement l’épargne populaire vers la satisfaction des besoins sociaux, prioritairement le logement social et le financement de la transition écologique.

Communiqué commun : Abolition des armes nucléaires – Maison de vigilance – ALTERNATIVE MUTUALISTE – Association des familles victimes du saturnisme (AFVS) – Association nationale des communistes (ANC) – ATTAC France – CGT Banque de France – CGT Caisse d’épargne Île-de- France – CGT Énergie Paris – CNAFAL – Comité de Vigilance 70 – Comité National CGT des Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires (CNTPEP-CGT) – Confédération nationale du logement (CNL) – Convergence Nationale Rail – Convergence Services Publics – Droit à l’Énergie SOS Futur – Ensemble ! Mouvement pour une alternative de gauche écologique et Solidaire – GDS (Gauche démocratique et sociale) – Génération.s – ICAN France (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires) – INDECOSA-CGT national – INDECOSA-CGT : Associations départementales (Ain, Aveyron, Deux-Sèvres, Loire, Hautes Pyrénées, Puy-de-Dôme, Somme, Vaucluse, Yonne) – La France Insoumise (LFI) – MIR- France (Mouvement international de la Réconciliation) – Mouvement National de Lutte pour l’Environnement (MNLE) – Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN) Observatoire des armements – République et Socialisme – Réseau Éducation Populaire (Rep) – Réseau « Sortir du nucléaire » – Résistance Sociale – Stop Fuelling War (Cessez d’alimenter la Guerre) – STOP PRÉCARITÉ – SUD PTT – SUD Santé Sociaux 06 – Syndicat CGT des Retraités Caisse d’Épargne – Union des familles laïques (UFAL) – Union Locale CGT Paris 18 – Union des Syndicats CGT du groupe Caisse des Dépôts – Université européenne de la Paix – UPF (Union Pacifiste de France)

Communiqué du 29 novembre 2023

https://www.sortirdunucleaire.org/Livret-A-Non-au-financement-de-l-armement-Oui-au

NDLR : et il se peut aussi que le gouvernement fasse appel au livret A pour financer le nouveau programme électronucléaire en cours d’élaboration… À suivre…

ACCUSÉ DE CONFLITS D’INTÉRÊTS, LE PRÉSIDENT ÉMIRATI DE LA COP28 SE DÉFEND

Le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, s’est défendu mercredi d’avoir voulu user de sa position de président de la conférence de l’ONU pour promouvoir des projets pétroliers et énergétiques des Émirats dans plusieurs pays, comme des documents révélés cette semaine l’ont évoqué.

« Ces allégations sont fausses, incorrectes, inexactes« , a déclaré Sultan Al Jaber à Dubaï, interrogé par des journalistes lors d’un événement sur le site de la COP28 à la veille de son ouverture. « C’est une tentative de saper le travail de la présidence de la COP28. »

« Je vous pose une question : pensez-vous que les Émirats arabes unis ou moi-même ayons besoin de la COP ou de la présidence de la COP pour établir des accords ou des relations commerciales?« , a-t-il poursuivi.

Les nombreux documents révélés lundi par le Centre for Climate Reporting et la BBC ont été transmis par un « lanceur d’alerte« . Ils montrent que des briefings préparés pour Sultan Al Jaber avant des réunions avec des représentants de gouvernements étrangers contenaient systématiquement des points clés sur les deux sociétés qu’il dirige, la compagnie pétrolière nationale Adnoc et la société d’énergies renouvelables Masdar.

Ces briefings ont concerné des réunions avec près de 30 pays, selon ces documents. Ils récapitulaient la présence d’Adnoc et de Masdar dans différents pays et énuméraient à chaque fois leur potentiel commercial pour le pays concerné (projet de fourniture par Adnoc de diesel et de kérosène au Kenya ou projet pétrochimique d’Adnoc au Brésil).

« Je n’ai jamais, jamais vu ces éléments de langage, je ne les ai jamais utilisés« , a affirmé Sultan Al Jaber mercredi.

Le mélange flagrant des genres dans les documents, dont l’authenticité n’est pas contestée par la présidence de la COP28, a ruiné l’image que tentait de construire Sultan Al Jaber : celle d’un homme qui ne serait pas le lobbyiste en chef des énergies fossiles, capable au contraire d’être un pont entre le Golfe et les pays qui réclament la sortie rapide du pétrole.

Sultan Al Jaber a été pris « la main dans le sac« , a tonné l’ancienne cheffe de l’ONU Climat, Christiana Figueres, comparant sur X les révélations au scandale du diesel ayant touché Volkswagen en 2015.

Des sénateurs américains qui dénoncent depuis des mois l’influence des lobbys dans les COP, menés par Sheldon Whitehouse, ont estimé que ces informations « explosives sur des affaires secrètes pour augmenter la production de pétrole et de gaz, et les émissions générées par les énergies fossiles, (remettaient) en cause l’intégrité de l’ensemble de la conférence« .

Le climatologue américain Michael Mann a demandé la démission immédiate de Sultan Al Jaber ou un boycott de la COP28.

Par CDE et AFP, publié le 29 novembre 2023 à 11H10

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https://www.connaissancedesenergies.org/afp/accuse-de-conflits-dinterets-le-president-emirati-de-la-cop28-se-defend-231129

LE NUCLÉAIRE N’EST « PLUS UN TABOU » MAIS A ENCORE DU CHEMIN À PARCOURIR, SELON LE PATRON DE L’AIEA

L’énergie nucléaire a encore du chemin à faire pour concrétiser sa renaissance, même si elle n’est plus « tabou » en particulier dans l’arène des négociations climatiques, a déclaré mardi le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

« À la fin de cette semaine, la COP28 commence. Nous revenons de loin dans ces importantes réunions internationales« , a dit Rafael Mariano Grossi devant responsables et professionnels du nucléaire réunis au World Nuclear Exhibition (WNE), le salon du nucléaire civil organisé près de Paris. « Avant, jamais les pays qui recourent à l’énergie nucléaire n’auraient été prêts à le dire. C’était un tabou aux COP, le nucléaire n’était pas considéré comme faisant partie de la solution. Et cette fois, tous les pays qui utilisent le nucléaire vont fièrement s’unir et dire à la COP que pour eux le nucléaire fait partie de la solution » face au réchauffement climatique.

Grossi a cité les projets de pays européens, la Chine championne des constructions nouvelles, « des développements importants en Afrique » avec l’édification d’une centrale de plusieurs tranches en Égypte, le premier démarrage aux États-Unis depuis des décennies, et « peut-être des nouvelles à venir en Arabie saoudite« .

Selon lui, le monde devrait compter une douzaine de nouveaux pays nucléaires « dans la décennie à venir« , a-t-il aussi dit à la presse. Ghana, Kenya, Kazakhstan, Ouzbekistan, Philippines… dix pays sont en phase de décision et 17 moins avancés. « Tout cela pourrait signifier que nous sommes dans une situation extrêmement positive. Or ce n’est pas le cas : la réalité est que tous ces développements ajoutent bien moins de nucléaire qu’il n’en faudrait si nous voulons respecter les accords de Paris » sur le climat, a prévenu le responsable.

Selon le directeur de l’agence onusienne, le monde a gagné cette année 7 gigawatts (GW) de capacités supplémentaires, et 4 GW l’an dernier, « ce qui veut dire que nous sommes très en deçà du niveau qu’il faudrait« . Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, l’AIEA comme l’Agence internationale de l’énergie (AIE) tablent au moins sur un doublement des capacités de production nucléaire. Aujourd’hui « on a environ 400 réacteurs dans 31 pays, on aurait besoin du double ou peut-être plus« , selon M. Grossi.

Le responsable cite des obstacles politiques, avec par exemple les débats au sein de l’UE. Le financement est un autre sujet.

À la COP28 de Dubaï, six pays dont la France espèrent engager une quarantaine d’États à appeler à tripler les capacités de production nucléaire d’ici à 2050.

Par CDE et AFP, publié le 28 novembre 2023 à 13h42

Tous droits de reproduction et de représentation réservés – © Agence France-Presse

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/le-nucleaire-nest-plus-un-tabou-mais-encore-du-chemin-parcourir-selon-le-patron-de-laiea-231128

NDLR : Nous sommes à un tournant fondamental en matière d’énergie : ou bien on se lance (comme la France) dans une course folle à qui construira le plus de centrales nucléaires, ou bien on investit les fonds disponibles dans la recherche et le développement d’énergies propres et infiniment durables, donc basées sur l’énergie solaire ou ses dérivés. Ce choix engagera l’humanité pour des siècles (sauf destruction entre temps…)

PARIS « OUBLIE » LES OBJECTIFS RENOUVELABLES DANS SON PLAN ÉNERGIE-CLIMAT 2030

Contrairement aux autres pays européens, le plan national énergie-climat de la France ne mentionne pas de pourcentage chiffré pour les énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2030, lui préférant un pourcentage d’énergie « décarbonée » incluant le nucléaire.

Avant la fin de l’année 2023, les États membres devaient rendre à la Commission européenne le premier jet de leurs plans nationaux énergie-climat (PNEC) pour la période 2021-2030. Avec du retard, c’est désormais chose faite pour la plupart des 27 pays membres, dont la France.

Dans ces plans, les États membres doivent définir leur stratégie pour atteindre les objectifs climatiques et énergétiques européens définis pour 2030 et notamment le développement des renouvelables.

Suite à la révision de la directive sur les renouvelables (RED), actée en mars dernier, les 27 doivent dorénavant atteindre collectivement une part de 42,5 % de renouvelable dans la consommation finale d’énergie d’ici à 2030.

À cette fin, chaque État membre disposera d’un objectif « indicatif » — donc non contraignant — calculé en fonction de son PIB, de ses capacités de développement et de son niveau d’interconnexion avec d’autres pays.

Bien que la cible « indicative » pour chaque État membre ne sera officiellement définie que l’année prochaine dans un règlement séparé, l’objectif français devrait se situer entre 46 et 50 % selon la méthode de calcul utilisée précédemment pour définir les objectifs 2020 – l’objectif français était alors de 23%.

Or, pour le moment, la France n’a pas donné de chiffre ou de fourchette dans son PNEC, alors que d’autres pays comme l’Allemagne (40 %) et l’Autriche (46 % à 50 %) l’ont fait, tout comme d’autres pays pro-nucléaires comme la Tchéquie (30 %), la Roumanie (34 %) ou encore la Slovaquie (34,4 %).

En lieu et place de cet objectif, la France préfère avancer une cible de 58 % d’énergie « décarbonée » dans sa consommation finale d’énergie, confondant dès lors les énergies renouvelables et le nucléaire dans le même calcul.

Une manœuvre qui s’affranchit donc des contraintes adoptées par les 27 dans le cadre de la directive RED, qui fait uniquement référence à une part de renouvelables exprimée en pourcentage du mix énergétique.

Extrait du PNEC France pour 2021-2030, page 8

Sortir des fossiles avant tout

Dans son PNEC, la France se justifie : la « priorité » n’est pas de développer les renouvelables, mais « de tenir les objectifs de sortie des énergies fossiles »

« La stratégie française permet ainsi d’atteindre des niveaux de seulement 42 % d’énergie fossile dans le mix énergétique en 2030 et 29 % en 2035 (dont une sortie de la part résiduelle du charbon dans le mix électrique dès 2027) », peut-on lire dans le document.

D’ailleurs, cet objectif devrait non seulement prévaloir pour la France, mais aussi pour l’UE : « Il est important de rappeler que notre priorité en Europe doit rester la sortie des énergies fossiles », nous confie l’entourage de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Puisque l’un n’empêche pas l’autre, le cabinet de la ministre insiste sur le fait que « la France s’est engagée à respecter l’objectif européen de 42,5 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique européen d’ici 2030 ».

En ce sens, le PNEC rappelle que « la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie a été portée à 20,7% en 2022, marquant une accélération nette par rapport à 2021 (+1,3%), et plaçant la France à un niveau comparable à ses principaux partenaires européens, notamment l’Allemagne».

« Nous attendons de la Commission européenne qu’elle prenne bien en compte ces efforts », nous confie le cabinet.

La France étant le seul État membre des 27 à n’avoir toujours pas atteint ses objectifs renouvelables pour 2020, Paris et Bruxelles sont actuellement en discussion pour prendre en compte les efforts français en cours et éviter la sanction.

Mesures pour les énergies renouvelables

Pour autant, le PNEC n’est pas vide de renouvelables. Il fait en effet mention d’objectifs chiffrés en puissance installée ou en production estimé — 54 à 60 GW de photovoltaïque en d’ici 2030-2035 par exemple. 

Des objectifs que la France souhaite volontairement « prudents », mais avec un potentiel de développement « élevé » si l’on en croit les filières, dont les estimations sont rapportées dans le PNEC.

Reste que pour les associations environnementales, l’absence de pourcentage pour les renouvelables dans le plan français est une preuve de mauvaise volonté.

« Si la part des énergies renouvelables n’est pas explicite, c’est parce que le gouvernement ne veut pas qu’elle apparaisse, » tance auprès d’Euractiv France Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau action climat France.

À Bruxelles, le porte-parolat de la Commission européenne se garde de tout commentaire à l’emporte-pièce.

« La Commission évalue actuellement les projets de plans actualisés, notamment pour déterminer si les États membres ont inclus les contributions et mesures requises pour atteindre collectivement les objectifs actualisés de l’UE en matière d’énergies renouvelables pour 2030, » nous affirme-t-on.

L’exécutif « émettra des recommandations sur la base de cette évaluation», poursuit-on, sans préciser si le plan français est recevable ou non en l’absence d’objectifs renouvelables exprimés en pourcentage.

Les États membres devront « soumettre leurs PNEC finaux mis à jour pour le 30 juin 2024, en tenant compte des recommandations de la Commission », conclut Bruxelles, laissant à Paris une porte de sortie.

Par Paul Messad, Euractiv France, édité par Frédéric Simon, publié le 28 novembre 2023

Photo en titre : La ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher (C), lors d’une visite des installations d’ENVIE à Saint-Loubes, près de Bordeaux, en France, le 9 février 2023. [EPA-EFE/CAROLINE BLUMBERG]

Euractiv fait partie de The Trust Project

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/paris-oublie-les-renouvelables-dans-son-plan-energie-climat-2030/

NDLR: bien que « la ruse » soit grossière elle pourrait passer!!! La commission a bien fini par capituler puisqu’elle accepte dorénavant que le nucléaire soit mis dans le même sac que les renouvelables! 

LE PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ VA FAIRE L’OBJET D’UNE COMMISSION D’ENQUÊTE AU SÉNAT

Le groupe Union centriste du Sénat va utiliser son droit de tirage annuel pour demander la création d’une commission d’enquête sur la production, la consommation et le prix de l’électricité à moyen et long terme. Les premières auditions sont attendues en janvier 2024.

L’électricité, c’est autour de ce thème que va graviter la future commission d’enquête voulue par les sénateurs de l’Union centriste. Le groupe a décidé ce 28 novembre, au cours de sa réunion hebdomadaire, de faire usage de son droit de tirage annuel pour demander une commission d’enquête sur le thème proposé par Vincent Delahaye. Le sénateur de l’Essonne avait déposé il y a quatre semaines une proposition de résolution en vue de la création d’une création d’une commission d’enquête « sur la production, la consommation et le prix de l’électricité aux horizons 2035 et 2050 ».

Trois ans après sa retentissante commission d’enquête sur les concessions autoroutières, Vincent Delahaye récidive avec un autre sujet de préoccupation des Français, confrontés à des factures d’électricité toujours plus douloureuses, mais aussi des incertitudes sur les capacités de production de leurs centrales. La commission des lois doit encore se prononcer sur la recevabilité du périmètre d’enquête, avant que la conférence des présidents du 13 décembre ne donne acte de la demande des centristes. Les travaux du rapport pressenti devraient débuter en janvier, une saison ô combien d’actualité pour la thématique. L’hiver est traditionnellement une période à risque pour le réseau électrique, et le mois de février devrait être marqué par une nouvelle hausse des tarifs réglementés.

Une remise de rapport avant les Jeux olympiques de Paris 2024

« L’enjeu, c’est de faire un point complet sur les actions présentes et futures en matière d’électricité. Est-ce que depuis le discours du président de la République le 10 février 2022, on a fait le maximum pour améliorer notre production d’électricité » s’interroge Vincent Delahaye. Le parlementaire de l’Essonne se demande notamment si la production d’électricité va répondre à une demande en croissance, avec la décarbonation de l’économie. Le commissaire des finances s’interroge aussi sur les marges de manœuvre budgétaires d’EDF, lestée d’une dette importante, face au mur d’investissements à venir dans le nucléaire. Comment concilier des dépenses massives avec un prix supportable pour les particuliers, les acteurs économiques ou encore les collectivités locales ? Comment faire évoluer le marché européen de l’énergie ? Autant de réflexions larges que la commission d’enquête devra aborder.

À lire aussi : France 2030 : Emmanuel Macron veut « réinventer le nucléaire »

Il y a un an, le Parlement avait déjà eu l’occasion de se pencher sur les questions énergétiques, à travers la commission d’enquête lancée par les députés LR. Celle-ci visait « à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France ». En se projetant sur la France de 2050, Vincent Delahaye veut prolonger leur travail en insistant sur des réflexions prospectives. « Il y a la nécessité de réfléchir sur qu’on fait aujourd’hui, sur le temps long », insiste-t-il.

Toute commission d’enquête ayant une durée de vie de six mois maximum, le rapport devrait être rendu public en juillet 2024, avant la fête nationale et surtout la séquence olympique.

Ce mois-ci, le groupe LR a lancé sa commission d’enquête sur les conséquences du narcotrafic, et les écologistes ont l’intention d’investiguer sur les actions du groupe TotalEnergies en lien avec le réchauffement climatique.

Source : Public Sénat

Par Guillaume Jacquo, publié le 28 novembre 2023 à 14h59,

mis à jour le 28 novembre 2023 à 15h04

https://www.publicsenat.fr/actualites/economie/le-prix-de-lelectricite-va-faire-lobjet-dune-commission-denquete-au-senat

NUCLÉAIRE, BIOGAZ, HYDROLIEN, CHALEUR… LES BONNES ET MAUVAISES SURPRISES DE LA STRATÉGIE FRANÇAISE ÉNERGIE CLIMAT

Le 22 novembre, le ministre de la transition énergétique a mis en consultation pour un mois la stratégie française énergie climat ou SFEC. Elle reprend les grands objectifs nucléaires et renouvelables électriques du discours de Belfort d’Emmanuel Macron, mais le diable est dans les détails.

Elle ne débouchera pas, comme prévu par la loi Énergie climat de 2019, sur une grande loi de programmation énergie climat. La stratégie française énergie climat, ou SFEC, mise en consultation le 22 novembre jusqu’au 15 décembre, donnera en revanche lieu à une mise à jour de la stratégie nationale bas carbone (SNBC 3), à un décret de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3) pour la période 2024-2035 et à une loi sur la Production d’énergie, dont la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, promet que le projet sera présenté en conseil des ministres fin janvier 2024, ou début février 2024.

Une loi indispensable pour valider par un vote du Parlement la principale mesure de la SFEC : la relance d’un programme nucléaire civil prévoyant la construction par EDF de 6 réacteurs EPR2 et l’étude pour au moins 13 GW nucléaires supplémentaires, correspondant à 8 EPR2, avec une décision devant intervenir fin 2026.

Un pas de géant dans les renouvelables

Cette SFEC reprend les annonces faites par Emmanuel Macron le 22 février 2022 lors de son discours de politique énergie de Belfort. À savoir une accélération dans les renouvelables, avec un doublement du rythme de déploiement du photovoltaïque pour atteindre plus de 75 GW en 2035, contre 18 GW à fin du premier semestre 2023 et un effort inédit dans l’éolien en mer pour atteindre 18 GW installés en 2035, contre 1,5 GW à fin 2023. Comme promis par le président de la République, le rythme de l’éolien terrestre ne sera pas accéléré, mais les plus vieux parcs seront boostés et les nouveaux mieux répartis, pour atteindre avec le moins de résistance possible 40 à 45 GW en 2035, contre 21 GW aujourd’hui.

Il s’agit en effet de produire 177 TWh supplémentaire d’électricité à partir de renouvelables en 2035 (par rapport à 2022) pour répondre à la demande croissante. Un pas de géant. Le nucléaire ne pouvant pas faire davantage avant le démarrage du premier EPR2, qu’EDF ne pourra d’ailleurs pas mettre en service avant 2037, comme le laisse entendre son PDG, Luc Rémont.

EDF ne peut pas non plus promettre d’avantage d’hydraulique à court terme. Malgré un potentiel de 2,8 GW supplémentaires à l’horizon 2035, les investissements sont toujours bloqués à cause d’une promesse non tenue de Paris à Bruxelles de mise en concurrence des concessions. Pour sortir de cette crise, EDF et l’État sont d’accord pour sortir du régime de concession et passer à un régime d’autorisation, appliqué ailleurs en Europe. Mais tout est à faire. Quant à la petite hydro, même pas citée dans la SFEC, la ministre de la Transition énergétique, qui ne veut pas de conflit avec les écologistes ou les pêcheurs, renvoie les dossiers sur le bureau des collectivités locales, a-t-elle expliqué lors d’une audition au Sénat.

La part belle à la chaleur renouvelable

Mauvaise nouvelle aussi pour l’hydrolien marin ou fluvial, qui attend désespérément des tarifs de rachats d’électricité pour se développer. Si on peut lire dans la SFEC que « la PPE 3 pourra prévoir le lancement de premiers appels d’offres commerciaux hydroliens », ce sera « sous réserve de l’évolution des coûts de la technologie ». Presque un enterrement pour une technologie émergente qui a besoin de soutien public pour passer à l’échelle, mais qui a démontré qu’elle pouvait alimenter l’ile d’Ouessant, jusque-là totalement dépendante des groupes électrogènes !

Les acteurs du biogaz devront aussi rester sur leur garde. Si la SFEC propose bien de fixer un objectif de production de 50 TWh et 85 TWh en 2035, les trajectoires pourraient être révisées – sûrement pas à la hausse – en fonction des chiffres de consommation et de production de biomasse dont la « modélisation est en cours de finalisation dans le cadre de la préparation de la SNBC3 », explique le texte.

La SFEC promet en revanche de faire la part belle à la chaleur renouvelable, avec notamment l’objectif de quadrupler le rythme de déploiement des projets de géothermie. Le fonds chaleur va être porté à 820 millions d’euros en 2024. La récupération de la chaleur fatale devrait aussi devenir la règle avec une étude du potentiel de valorisation de la chaleur fatale pour toutes les installations industrielles existantes de plus 10 MW et nouvelles de plus de 5 MW. Il sera également demandé aux exploitants de réaliser des études de faisabilité de récupération de la chaleur fatale nucléaire, mais aussi des eaux usées.

Le nucléaire rappelé à ses devoirs

La relance du nucléaire prévue dans la SFEC ne va pas sans contrepartie pour la filière, qui doit poursuivre ses travaux et investissement pour garantir le stockage des combustibles usés et construire en Europe en filière industrielle européenne de conversion et d’enrichissement de l’uranium de retraitement, aujourd’hui dépendante de la Russie. Le texte annonce aussi une révision de la stratégie hydrogène pour la fin 2023, repousse officiellement la sortie du charbon à 2027 et détaille aussi quelques pistes pour réduire sa consommation d’énergie d’environ 30% d’ici 2030 par rapport à 2012, notamment en matière d’efficacité énergétique des bâtiments. La meilleure énergie étant celle qu’on ne consomme pas.

Par Aurélie Barbaux, publié le 27 novembre 2023 à 14h00

Photo en titre : À défaut de nouveau EPR2 avant 2937, la France mise sur l’éolien en mer. © EMDT 2023 – © Éoliennes en Mer Dieppe Le Tréport

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-l-etat-injecte-pres-de-100-millions-d-euros-pour-soutenir-ses-futurs-champions-984282.html

NUCLÉAIRE : L’ÉTAT INJECTE PRES DE 100 MILLIONS D’EUROS POUR SOUTENIR SES FUTURS CHAMPIONS

Six nouveaux lauréats de l’appel à projets « réacteurs innovants » décrochent une aide globale de 77 millions d’euros, à laquelle s’ajoute une aide technique du CEA de près de 19 millions d’euros. Parmi eux, la startup Jimmy remporte une large part du gâteau avec une aide substantielle de 32 millions d’euros.

La relance du nucléaire dans l’Hexagone ne passera pas uniquement par la construction de grands réacteurs atomiques de troisième génération de type EPR2. Elle passera aussi par le développement de petits réacteurs modulaires, dit SMR pour Small modular reactors, portés essentiellement par de nouveaux acteurs du marché, des startups à la PME familiale.

Pour soutenir ce mouvement de décloisonnement inédit dans la filière nucléaire, l’État a dégagé près d’un milliard d’euros dans le cadre du plan France 2030. C’est sur cette base qu’avait été lancé l’appel à projets « réacteurs nucléaires innovants », doté d’une enveloppe de 500 millions d’euros. Six porteurs de projets viennent de décrocher quelque 77 millions d’euros de soutien public (Jimmy, Renaissance Fusion, Calogena, Hexana, Otrera nuclear energy et Bue capsule) après que deux projets (Naarea et Newcleo) aient déjà bénéficié d’une première enveloppe d’aide de 25 millions d’euros l’été dernier.

32 millions d’euros pour la startup Jimmy

Outre ces 77,2 millions d’euros décaissés dans le cadre de l’appel à projets, les six aspirants nouvellement sélectionnés vont bénéficier d’un soutien technique du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) équivalent à un montant de 18,9 millions d’euros. L’aide totale dédiée à ces nouveaux entrants se chiffre donc à un peu plus de 95 millions d’euros.

Toutefois, ce montant global n’est pas réparti en six parts égales. Ainsi, sur les 77,2 millions d’euros, la startup Jimmy, qui entend valoriser la chaleur dégagée par la fission nucléaire grâce à son micro réacteur, rafle près de la moitié du gâteau avec une aide substantielle de 32 millions d’euros. Cette subvention publique, vient s’ajouter aux 20 millions d’euros levés depuis sa création en 2021, essentiellement auprès de business angels et d’un family office lillois.

« Ce soutien permet de lancer l’industrialisation de notre projet. Nous allons passer d’une entreprise qui conçoit à une entreprise qui réalise. Aujourd’hui, nous disposons de la plupart des devis nécessaires à l’assemblement », se félicite Antoine Guyot, cofondateur de la jeune pousse aux côtés de Mathilde Givret.

L’entreprise parisienne, qui emploie une soixantaine de collaborateurs, développe un micro réacteur à haute température d’une puissance de 10 à 20 mégawatts, censé remplacer les brûleurs à gaz. Elle vise essentiellement les industriels des marchés de la chimie, de l’agroalimentaire et les papeteries, tous grands consommateurs de vapeur.

Une technologie sur étagère prête pour 2026 ?

« Nous sommes la startup dont le développement est le plus avancé », se targue Antoine Guyot. Et pour cause, contrairement à d’autres nouveaux acteurs faisant le choix de technologies innovantes à l’image des réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium ou les réacteurs reposant sur la fusion nucléaire, la jeune pousse a choisi de reprendre des pièces déjà « sur étagère ». « Toute notre philosophie consiste à monter une nouvelle activité économique à partir de technologies existantes. Nous nous appuyons sur une supply chain déjà en place », précise cet entrepreneur issu du monde du conseil et dont l’intérêt poussé pour l’atome civil est le résultat des travaux de communication de l’ingénieur et consultant Jean-Marc Jancovici, grand défenseur du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Jimmy affiche ainsi un calendrier particulièrement audacieux avec la mise en service d’un premier réacteur prévue dans le courant de l’année 2026 sur le site d’un premier client industriel dont l’identité reste confidentielle. Reste que la jeune entreprise n’a pas encore déposé son dossier de demande d’autorisation de création auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), laquelle s’attend à recevoir ce document au premier trimestre 2024. Contacté par la rédaction, le gendarme du nucléaire indique tabler sur « au moins deux années d’instruction ».

Changement de paradigme

Le calendrier de Jimmy n’est donc pas à l’abri d’un glissement. D’autant qu’au printemps dernier, Bernard Doroszczuk, le président de l’ASN, avait alerté sur le besoin de nouvelles ressources pour instruire dans les délais le dossier de ces nouveaux acteurs. Surtout, le gendarme du nucléaire avait expliqué faire face à un véritable changement de paradigme alors que pendant des années son principal interlocuteur est resté EDF, aujourd’hui seul exploitant des 56 réacteurs du parc tricolore. Un monde d’unicité bientôt révolu.

Par Juliette Raynal, publié le 27 novembre 2023 à 19h00

Photo en titre : Vue du futur micro réacteur de la startup Jimmy, qui décroche une aide de 32 millions d’euros. (Crédits : Jimmy)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-l-etat-injecte-pres-de-100-millions-d-euros-pour-soutenir-ses-futurs-champions-984282.html

RÉFORME DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE : L’INTERSYNDICALE DE L’IRSN CRAINT « UNE BAISSE DU NIVEAU DE PROTECTION »

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a appelé lundi à faire la distinction « entre le projet de loi (…) et le travail qui doit être mené au niveau des directions de l’ASN et de l’IRSN pour mettre en place » cette nouvelle organisation.

Les syndicats de l’IRSN, expert français de la sûreté nucléaire, ont mis en garde lundi contre une « baisse du niveau de protection de la population« , conséquence annoncée selon eux de la réforme de la sûreté envisagée par le gouvernement, contre laquelle ils entendent faire grève. La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a appelé lundi à faire la distinction « entre le projet de loi (…) et le travail qui doit être mené au niveau des directions de l’ASN et de l’IRSN pour mettre en place » cette nouvelle organisation, les appelant implicitement à co-construire cette nouvelle structure dans laquelle elles vont fusionner, devant l’association des journalistes économiques et financiers.

Après avoir consulté les salariés lors d’une assemblée générale le 20 novembre dernier, l’intersyndicale « réaffirme son opposition à ce projet« , dans une première réaction officielle au projet de loi, avant qu’il ne soit présenté et débattu. Son adoption « conduirait à une dégradation du système de gouvernance de la sécurité nucléaire et à une baisse du niveau de protection de la population« , écrit l’intersyndicale, désappointée après l’annulation d’une rencontre prévue lundi avec la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, à qui elle avait en prévision adressé une lettre ouverte.

Les syndicats de l’IRSN ont déposé un préavis de grève pour le 13 décembre

Agnès Pannier-Runacher devait présenter le projet de loi aux personnels de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), gendarme des centrales, et de l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), son expert technique, que le gouvernement souhaite fusionner d’ici au 1er janvier 2025. Le report d’une semaine de cette rencontre a suscité de la « colère » parmi les salariés de l’IRSN, selon leurs représentants syndicaux, qui y ont vu un « manque de considération« . « Le report d’une semaine est lié à des contraintes d’agenda pour plusieurs participants« , a indiqué le cabinet de la ministre.

Pour les syndicats, cette loi va « dégrader la qualité de l’évaluation des risques nucléaires et radiologiques« , notamment du fait de la séparation dans des entités distinctes de différents types d’expertises. Autre sujet d’inquiétude, la perte de transparence vis-à-vis du public, avec la disparition de « l’obligation légale de publication des avis techniques et scientifiques qui s’impose aujourd’hui à l’IRSN« . Enfin, les syndicats estiment que cette réorganisation va se muer en désorganisation du système : ce projet, soulignent-ils, « va introduire des changements majeurs dans les modes de travail, les relations entre les acteurs de la sûreté et de la radioprotection, les statuts des personnels« .

Les syndicats de l’IRSN ont indiqué avoir déposé un préavis de grève pour le 13 décembre au matin, date à laquelle le projet de loi devrait être présenté en conseil des ministres.

Par TT avec AFP, publié le 27/11/2023 à 19h50

https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/reforme-de-la-surete-nucleaire-l-intersyndicale-de-l-irsn-craint-une-baisse-du-niveau-de-protection_AD-202311270910.html

PAKISTAN : UNE PUISSANCE NUCLÉAIRE NÉE DE L’ESPIONNAGE

L’acquisition de l’arme nucléaire par le Pakistan s’inscrit dans une toile historique et géopolitique complexe, enchevêtrée dans les fils de la rivalité régionale, du nationalisme et des manœuvres clandestines d’espionnage.

Abdul Qadeer Khan, souvent appelé le « père de la bombe atomique pakistanaise« , se trouve au centre de cette toile d’intrigues, ayant orchestré un réseau prolifique de transfert technologique nucléaire. Cette entreprise audacieuse n’était pas seulement un exploit scientifique et technique, mais aussi une opération d’espionnage sophistiquée, dont les ramifications se font encore sentir aujourd’hui.

Dans l’ombre de la partition de l’Inde en 1947, le Pakistan naissant se trouvait dans une position précaire, éclipsé par la taille et la puissance de son voisin, l’Inde. Dans les années 1970, le sous-continent indien était un chaudron de tensions politiques et militaires. La défaite du Pakistan et la création du Bangladesh en 1971 avaient laissé des cicatrices profondes et un désir ardent de revanche. Zulfikar Ali Bhutto, alors Premier Ministre du Pakistan, a juré de doter le pays de l’arme atomique, déclarant même qu’il était prêt à “manger de l’herbe” pour financer ce projet titanesque.

Le voisin et rival, l’Inde, avait mené son premier test nucléaire en 1974, baptisé « Smiling Buddha« , élevant ainsi les enjeux sécuritaires dans la région. Le Pakistan, ne voulant pas être laissé pour compte, a intensifié ses efforts pour acquérir la technologie et l’expertise nécessaires à la fabrication d’une bombe atomique.

Le rêve nucléaire pakistanais a pris forme sous l’impulsion du Dr Abdul Qadeer Khan, un scientifique aux ambitions démesurées et au patriotisme ardent.

Le réseau secret de Khan : espionnage et transfert technologique

Khan, alors employé d’une filiale d’Urenco aux Pays-Bas, a orchestré un réseau d’espionnage industriel sophistiqué, détournant technologies et savoir-faire pour alimenter le programme nucléaire clandestin du Pakistan. Les centrifugeuses, les composants cruciaux pour l’enrichissement de l’uranium, ont été reproduites avec une précision chirurgicale, échappant aux yeux scrutateurs des agences de renseignement locales.

L’une des personnes centrales de son réseau fut Henk Slebos, un Néerlandais qu’il a rencontré durant ses études. Au fur et à mesure que leur amitié se développait, Slebos est devenu un collaborateur clé de Khan dans son projet d’acquisition de technologies nucléaires. Slebos a utilisé son entreprise comme façade pour acheter et expédier des composants sensibles et des technologies du monde entier vers le Pakistan. Il a joué un rôle crucial en agissant comme intermédiaire, utilisant son réseau d’affaires et sa connaissance du commerce international pour faciliter les transactions. Au fil du temps, les activités de Slebos ont attiré l’attention des autorités. Il a été arrêté et jugé à plusieurs reprises mais n’a pas réellement été inquiété.

Cependant, le réseau de Khan ne se limitait pas à l’acquisition de technologie pour le Pakistan. Il a également facilité la prolifération nucléaire, vendant la technologie et l’expertise du Pakistan à des pays comme la Libye, l’Iran et la Corée du Nord.

Ces transactions lucratives ont non seulement aidé à financer le programme nucléaire pakistanais, mais ont également contribué à la dissémination de la technologie nucléaire à travers le monde, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale. Khan était considéré par un ancien directeur de la CIA comme “au moins aussi dangereux d’Oussama Ben Laden”.

Les failles du contre-espionnage et les défis de la non-prolifération

L’efficacité des opérations de contre-espionnage occidentales est remise en question par la pérennité du réseau de Khan, d’autant plus que la majorité des intermédiaires étaient Européens. Il y a eu aussi un certain laisser faire de la part des Américains qui ne voyaient pas d’un mauvais œil l’existence d’une bombe pakistanaise. Les services secrets néerlandais et internationaux étaient parfaitement au courant de ce qui se passait aux Pays-Bas mais il semblerait que les Américains aient, à deux reprises, expressément demandé aux Néerlandais de ne pas arrêter Khan.

Cela souligne l’extrême faiblesse des services de renseignements locaux et leur soumission aux décisions américaines car sans les médias ou les renseignements étrangers une partie des procès liés à Khan aux Pays-Bas n’auraient probablement jamais eu lieu.

Pour prévenir de futurs scandales de prolifération, il est impératif de renforcer le contrôle des exportations, en élargissant la liste des biens stratégiques nécessitant une licence d’exportation. Le cas du réseau de Khan illustre comment de nombreux biens ont pu être exportés librement sans infraction, faute d’exigence de licence.

Bien que le réseau de Khan ait été démantelé, les questions qu’il soulève demeurent pertinentes. Comment assurer la sécurité des technologies et des matériaux nucléaires mais pas que ? Comment prévenir la prolifération et promouvoir le désarmement ?

Sources :

. Albright, David, et Corey Hinderstein. Unraveling the A. Q. Khan and future proliferation networks. Washington Quarterly, no 2, 2005.

. Boquérat, Gilles. Le Pakistan en 100 questions, 2018.

. Chellaney, Brahma. The India-Pakistan-China Stategic Triangle and the Role of Nuclear Weapons. IFRI, 2002.

. NBC News. Pakistan’s Nuclear Father, Master Spy, 2003. https://www.nbcnews.com/id/wbna3340760.

. Slijper, Frank. Project Butter Factory : Henk Slebos and the A.Q. Khan Nuclear Network. Transnational Institute, 2007.

Par un « étudiant de la RENSIE02 de l’EGE » (École de Guerre Économique), publié le 27 novembre 2023

https://www.ege.fr/infoguerre/pakistan-une-puissance-nucleaire-nee-de-lespionnage

GUERRE EN UKRAINE. 400 LOCALITÉS PRIVÉES DE COURANT, INCIDENT À ZAPORIJIA… LE POINT SUR LA NUIT

Ce dimanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué que près de 400 localités du pays étaient privées d’électricité en raison des conditions météorologiques. À la centrale nucléaire de Zaporijia, l’Agence internationale de l’énergie atomique a révélé un nouvel incident. Retour sur les événements qui ont marqué la nuit du dimanche 26 au lundi 27 novembre 2023.

Le jour se lève en Europe et un 642ème jour de conflit armé s’ouvre en Ukraine après le début de l’invasion russe le 24 février 2022.

On fait le point sur les événements qui ont marqué ces dernières heures.

LIRE AUSSI : Drones abattus, porte-parole de Meta recherché… Le point du dimanche 26 novembre 2023

Près de 400 localités privées d’électricité

Dans son allocution quotidienne, publiée dimanche soir sur les réseaux sociaux et sur le site de la présidence, le chef d’État ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué que près de 400 localités du pays étaient concernées par des coupures de courant dimanche.

« Nos ingénieurs électriciens rétabliront dès que possible l’approvisionnement en électricité de toutes les villes et de tous les villages qui subissent actuellement des coupures de courant temporaires en raison des conditions météorologiquesa déclaré le président ukrainien dans son message. À l’heure actuelle, il s’agit d’environ 400 établissements répartis dans dix régions. »

Ces coupures d’électricité sont causées par des conditions météorologiques « extrêmement difficiles » dans le pays, précise Zelensky. Le pays est confronté à des températures hivernales et à des tempêtes de neige par endroits.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé début octobre que la Russie s’efforcera cet hiver de « détruire » le système électrique de son pays. Kiev réclame, pour faire face à cette menace, de nouveaux systèmes de défense antiaérienne à ses alliés occidentaux.

L’armée russe souhaite réoccuper Koupiansk

Selon le porte-parole de l’armée de terre ukrainienne, Volodymyr Fitio, les forces armées russes chercheraient à recapturer la ville de Koupiansk, dans la région de Kharkiv.

En direct à la télévision ukrainienne, le porte-parole a déclaré que « l’ennemi a l’intention d’avancer jusqu’à la localité de Sinkivka afin de poursuivre ses succès dans l’offensive sur Koupiansk ».

Comme relayé par le site d’information ukrainien Ukrinform, Volodymyr Fitio a ajouté que « l’ennemi devient plus actif, malgré les pertes en hommes et en matériel, il n’abandonne pas ses plans et tente de percer la défense ukrainienne, de trouver un point faible dans les lignes de défense. »

Occupée pendant les premiers mois de la guerre en 2022, la ville de Koupiansk avait été libérée, mais demeure sous le feu des bombardements russes, et est menacée par les progressions russes sur cette partie du front.

Incident électrique à la centrale nucléaire de Zaporijia

Ce dimanche 26 novembre 2023, l’Agence internationale de l’énergie atomique a révélé dans un communiqué que la centrale nucléaire de Zaporijia avait perdu « la connexion à sa principale ligne électrique hors site, ce qui l’a obligée à recourir à l’électricité de secours pour le refroidissement du réacteur ».

Le directeur général de l’agence onusienne, Rafael Mariano Grossi, a réagi, indiquant que « les événements d’aujourd’hui (dimanche, NDLR) démontrent une fois de plus l’extrême fragilité de la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires à la centrale nucléaire de Zaporijia. La plus grande centrale nucléaire d’Europe, située sur la ligne de front, reste confrontée à de nombreuses menaces potentielles en raison de cette guerre tragique ».

Des experts de l’AIEA présents sur le site de la centrale ce dimanche, ont également rapporté avoir entendu plusieurs roquettes tirées à proximité de la centrale. « L’équipe de l’AIEA n’a pas vu les projectiles en raison des nuages, mais le son distinctif indiquait qu’ils avaient été tirés d’un système de fusées à lancements multiples (MLRS) situé à proximité », poursuit l’AIEA dans son communiqué.

Moscou affirme avoir abattu deux missiles ukrainiens au-dessus de la mer d’Azov

Le ministère russe de la Défense a affirmé ce dimanche, dans un communiqué, que la « défense aérienne russe a localisé et détruit deux missiles ukrainiens au-dessus de la zone de la mer d’Azov », « vers 11 heures ».

Quelques heures plus tôt, les autorités russes avaient rapporté plusieurs attaques de drones ukrainiens, dans trois régions de la Russie.

Par Ouest-France, publié le 27/11/2023 à 05h15

Photo en titre : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’exprime lors du sommet international « Grain d’Ukraine » à Kiev, le 25 novembre 2023. | AFP PHOTO / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE

https://www.ouest-france.fr/europe/ukraine/guerre-en-ukraine-400-localites-privees-de-courant-incident-a-zaporijia-le-point-sur-la-nuit-c7077942-0242-4760-8d13-a04f2207af3e

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L’ACCORD FRANÇAIS SUR LE NUCLÉAIRE EXAMINÉ À LA LOUPE CONCERNANT LES AIDES D’ÉTATS

Selon Paris, l’accord trouvé entre le gouvernement et EDF pour réguler les prix de vente du nucléaire ne risque pas de constituer des aides d’États. Les experts sont, eux, plus prudents, tout comme la Commission européenne qui réserve son jugement.

Depuis que la guerre en Ukraine a aggravé la situation énergétique en Europe, les parties prenantes se démènent pour juguler les effets de la crise sur les prix de l’électricité.

En parallèle d’une réforme du marché européen de l’électricité, la France a engagé des pourparlers avec le plus gros producteur d’électricité d’Europe, EDF, pour réguler les prix de vente de son nucléaire.

Cette manœuvre répond à deux objectifs : stabiliser les prix de l’électricité et remplacer le système actuel d’Accès régulé à l’énergie nucléaire historique (ARENH) qui assure la concurrence sur le marché français de l’électricité.

L’ARENH garantit l’accès à la production nucléaire historique d’EDF à des prix avantageux afin de créer les conditions d’une concurrence équitable sur le marché français, conformément aux règles européennes en la matière.

Sauf que le dispositif disparaîtra au 31 décembre 2025. Pour maintenir une concurrence, EDF et le gouvernement prévoient ainsi de réguler le prix de vente de l’électricité nucléaire en captant une partie des rentes de l’entreprise lorsque le prix dépassera 78 €/MWh.

Dans sa forme, l’accord prévoit de redistribuer aux consommateurs les éventuels surplus de recettes. Il s’abstient toutefois de fixer un plancher de prix qui verrait l’État compenser EDF en cas de prix trop bas sur le marché, comme pourraient le permettre les contrats bidirectionnels compensatoires actuellement en discussion à Bruxelles (Contracts for Difference, CfD).

Bien que ce type de contrat pourrait théoriquement remplacer l’ARENH, l’Autorité de la concurrence française rappelait en 2020 le risque qu’il soit retoqué pour constitution d’aide d’État.

Or, la France ne souhaite pas prendre de risques, car s’il n’y a pas d’autre solution, l’exécutif pourrait devoir engager la division des activités d’EDF pour libéraliser le marché. En 2019, l’évocation de ce projet avait réveillé les syndicats et la rue, excités de nouveau cette année.

Mais avec l’accord trouvé à Paris, le gouvernement se dit à l’abri d’une possible atteinte au régime d’interdiction des aides d’État.

Pas d’aides d’État sur la forme

Après des discussions entre les exécutifs français et européen, « la Commission constate qu’il n’y a pas de points qui requièrent son accord dès lors que le prélèvement [de la rente] relève de la souveraineté fiscale des États membres et que la redistribution est suffisamment homogène pour ne pas distordre le marché intérieur », nous a confié le cabinet de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Contacté par Euractiv France, l’avocat associé en droit de la concurrence auprès du cabinet spécialisé August Debouzy, Renaud Christol, nous l’a confirmé.

« En substance, l’accord consiste à plafonner le montant des prix de vente que facture EDF aux fournisseurs alternatifs, tout comme le prévoyait l’ARENH. En revanche, cet accord ne prévoit pas de versement de sommes par l’état à EDF. Nous ne sommes donc pas dans le cadre des aides d’État ». Par conséquent, « la Commission n’a pas à contrôler cet accord avant qu’il soit mis en œuvre », conclut l’avocat.

Le porte-parolat de la Commission européenne, lui, est plus évasif.

À la question de savoir si l’accord pourrait constituer une aide d’État ou être contrôlé à ce titre, l’exécutif européen nous a répondu que «si une mesure constitue une aide d’État […], elle doit être notifiée par l’État membre concerné à la Commission pour évaluation ».

En clair, la Commission européenne ne dit pas clairement si l’accord constitue, ou non, une aide d’État ni même s’il doit être contrôlé à ce titre pour le moment. Au bénéfice de son doute, certains détails de l’accord sont encore inconnus, comme la grille de répartition des rentes captées.

Attention à la sélectivité…

À ce stade, les informations manquent sur les critères de redistribution.

Dans le document de consultation publique diffusé mardi (21 novembre), « aucun mot sur la “clé de répartition” des bénéfices entre ménages, entreprises et électro-intensifs », a fustigé sur X le chercheur au think tank sur la transition écologique IDDRI, Andreas Rüdinger. C’est pourtant «LA question à régler », selon lui.

En pratique, si les rentes captées par l’État sont redistribuées à tous les consommateurs ou à toutes les entreprises, il n’y a pas d’aides d’État, nous explique Étienne Durand, maître de conférence en droit public à l’Université de l’Essex en Angleterre. En revanche, « si la redistribution concerne uniquement les entreprises électro-intensives par exemple, elle serait qualifiée d’aide d’État et devra donc faire l’objet d’un contrôle par la Commission européenne », prévient-il.

Autrement dit, le critère de sélectivité des bénéficiaires de la redistribution jouera le rôle d’arbitre. Mais ce n’est pas le seul, puisqu’un autre critère se révèle tout aussi crucial.

… et à la contestabilité des tarifs

L’autre interrogation que pose cet accord concerne la situation des fournisseurs alternatifs.

Pour maintenir un système concurrentiel, « il va falloir en effet assurer la ‘contestabilité des tarifs ’, c’est-à-dire la capacité des fournisseurs alternatifs à proposer des offres similaires à celles d’EDF « fourniture », nous explique l’expert en marché de l’énergie chez Colombus Consulting, Nicolas Goldberg. Or, en l’état des connaissances du projet, rien n’est moins sûr ».

À ce sujet, les représentants du secteur seront « très réactifs pour s’assurer que le droit de la concurrence sera respecté », affirme chez Montel le président de l’Association française indépendante de l’électricité et du gaz, Géry Lecerf. Pour le moment, l’association entretient de « forts doutes ».

Et si les fournisseurs alternatifs ne peuvent finalement répliquer les prix, la France se fera « retoquer par la Commission européenne », conclut M. Goldberg.

Bref, l’examen de l’accord est loin d’être terminé.

Durant la période de consultation publique, qui se terminera le 20 décembre prochain, chacun de ces experts pourra faire part de son avis. Et si jamais la consultation se solde par un avis « fortement négatif » des acteurs consultés, « l’accord pourrait être modifié », nous confie Maître Christol.

Pour avancer plus sereinement, profiter également du cadre en cours de négociation au niveau européen, M. Rüdinger suggère que le dispositif pensé par EDF et le gouvernement se maintiennent pendant seulement trois ans, le temps de réfléchir à un CfD « qui permette une visibilité parfaite des revenus d’EDF et des prix pour le consommateur, moyennant la résolution des problèmes de gouvernance d’EDF sur sa position dominante ».

Par Paul Messad, Euractiv France, publié le 2è novembre 2023 à 12h58, mis à jour à 13h17

Photo en titre : Le ministre français des Finances Bruno Le Maire (à droite) et Luc Rémont (à gauche), nouveau président-directeur général d’EDF, posent pour des photos sur une colline surplombant la centrale nucléaire de Penly d’EDF à Petit-Caux, près de Dieppe, en France, le 9 décembre 2022. [EPA-EFE/CHRISTOPHE PETIT TESSON]

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/laccord-francais-sur-le-nucleaire-examine-a-la-loupe-des-aides-detats/

POLYNÉSIE FRANÇAISE : ÉTUDIER LE VOLET JURIDIQUE DU SUIVI DU NUCLÉAIRE

Tahiti le 23 novembre 2023. Le 30 novembre prochain, les maîtres de conférences et professeurs en droit d’universités françaises et étrangères, ainsi que des représentants du CIVEN et de la DSCEN alimenteront le séminaire de recherche consacré au traitement juridique contemporain des conséquences sanitaires du fait nucléaire en Polynésie française.

Près de trente ans après leur cessation, les essais nucléaires français réalisés sur le territoire polynésien continuent d’alimenter les débats au sein de la société polynésienne et de structurer les rapports entre l’État et sa collectivité d’outre-mer.

Ces 193 essais nucléaires sont un fait historique, objectif. Leurs conséquences, en termes de santé publique ou d’environnement par exemple, demeurent en revanche l’objet de questionnements.

La mise en place par l’État d’un mécanisme d’indemnisation des victimes des rayonnements ionisants, les mesures de surveillance ou de réhabilitation des espaces ou bien encore la reconnaissance de la dette de la France à l’endroit de la Polynésie française ne suffisent pas à éteindre la controverse.

Le 30 novembre prochain, les maitres de conférences et professeurs en droit d’universités françaises et étrangères, ainsi que des représentants du CIVEN et de la DSCEN alimenteront le séminaire de recherche consacré au traitement juridique contemporain des conséquences sanitaires du fait nucléaire en Polynésie française.

Cette journée de conférence se tiendra alors même qu’un livre vient de sortir pour traiter de ce volet juridique, rédigé par Grégoire Calley et Florence Poirat intitulé « Le traitement juridique contemporain du fait nucléaire en Polynésie française. »

Par Bertrand PREVOST le jeudi 23 novembre 2023 à 18h46

https://www.tahiti-infos.com/Etudier-le-volet-juridique-du-suivi-du-nucleaire_a220818.html

CENTRALE NUCLÉAIRE DU BLAYAIS : NON-RESPECT D’UNE PRESCRIPTION PERMANENTE DES RÈGLES GÉNÉRALES D’EXPLOITATION

Le 10 novembre 2023, l’exploitant de la centrale nucléaire du Blayais a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté relatif au non-respect des règles générales d’exploitation (RGE) concernant la réalisation d’appoints en eau borée au circuit primaire du réacteur 4 sans pompes primaires en service.

Le bore, présent dans l’eau du circuit primaire sous forme d’acide borique dissous, permet de modérer, par sa capacité à absorber les neutrons, la réaction en chaîne. L’exploitant réalise régulièrement des appoints en eau borée au circuit primaire afin de maintenir l’inventaire en eau.

Le 31 octobre 2023, le réacteur 4 était à l’arrêt, à la suite du déclenchement automatique des mécanismes de protection de la turbine survenu le 27 octobre. Les pompes primaires étaient à l’arrêt et le circuit primaire était refroidi par le circuit de refroidissement à l’arrêt.

L’exploitant a procédé durant l’après-midi du 31 octobre 2023 à des appoints en eau borée au circuit primaire sans pompe primaire en fonctionnement. En application des RGE, ces appoints doivent être réalisés avec au moins une pompe primaire en fonctionnement afin d’homogénéiser la concentration en bore dans le circuit primaire et d’éviter le risque de dilution. Toutefois, l’exploitant disposait d’un dispositif automatique anti-dilution opérationnel. Ce dispositif empêche des appoints d’eau à une concentration en bore trop faible.

Cet événement n’a pas eu de conséquence sur l’installation, les personnes et l’environnement. Néanmoins, en raison du non-respect d’une prescription permanente des RGE, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

Date de la dernière mise à jour : 23/11/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/non-respect-d-une-prescription-permanente-des-regles-generales-d-exploitation

ONU : LA FRANCE POURSUIT SA POLITIQUE DE LA CHAISE VIDE !

La diplomatie française va laisser son siège onusien une nouvelle fois vide, en ne participant pas à la seconde réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), qui se tiendra au siège de l’ONU, New York, du 27 novembre au 1er décembre 2023.

Le président Macron aurait pu faire le choix d’une participation de la France sous le statut d’État observateur, démontrant alors une attitude responsable, comme membre permanent du Conseil de sécurité, et de respect de ses propres mots sur l’importance du multilatéralisme. Mais non, il a fait le choix du renoncement et de rendre encore plus illisible la voix de la France et de ses valeurs progressistes.

La Seconde Réunion du TIAN, réuni sous l’égide des Nations Unies, va accueillir les 69 États parties (dont l’Irlande, l’Autriche, Malte, Mexique, le Kazakhstan…), plus une trentaine d’États (Brésil, Indonésie, Liechtenstein, Mozambique, Algérie) qui ont lancé leur processus de ratification de cette nouvelle norme internationale. À ces États, il se rajoute des États observateurs (Allemagne, Australie, Singapour, Qatar, …). Cette réunion se déroule alors que de multiples forums (G7, G20) soulignent le danger pour la sécurité internationale posé par les armes nucléaires ; et alors que l’Ukraine est agressée par la Russie puissance nucléaire et qu’il existe des tensions nucléaires fortes au sein du Moyen-Orient.

En parallèle de cette Seconde réunion, il se tiendra une conférence parlementaire, réunissant une trentaine de délégations (Italie, Allemagne, Belgique, Canada, …), dont de France, avec la présence des sénateurs Guy Benarroche, Guillaume Gontard, et de Hinamouerra Cross-Morgant, représentante de l’Assemblée de Polynésie Française.

Pour Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France « L’absentéisme de la France est regrettable, car elle abîme son image d’État responsable. Cette attitude est à l’opposé du travail fait par les parlementaires qui n’ont cessé ces derniers mois de faire vivre le TIAN, notamment lors de la loi de programmation militaire. Leur mobilisation pour cette seconde réunion est manifeste, 70 d’entre eux appellent le président à occuper ce siège, laissé jusqu’à présent vide ».

Pour Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements : « Participer comme observateur à cette réunion, aurait été une occasion rêvée pour le président Macron de manifester sa volonté que le France soit une “puissance d’équilibre”, en venant dialoguer avec les États présents en faveur du désarmement nucléaire, conformément aux engagements pris notamment dans le cadre du Traité de non-prolifération. »

À l’occasion de cette seconde réunion, ICAN France publie une nouvelle bande dessinée sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), expliquant son processus de création au sein de l’ONU, ses spécificités et l’attitude des puissances nucléaires.

À télécharger ici :

. Communiqué de presse, ONU : La France poursuit sa politique de la chaise vide, 23 novembre 2023

. BD – Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, crédit Aymerick Paccoud / ICAN France, novembre 2023

https://icanfrance.org/onu-la-france-poursuit-sa-politique-de-la-chaise-vide/

Par ICAN France, publié le 24 novembre 2023

CORROSION SOUS CONTRAINTE ET FATIGUE THERMIQUE : QUAND LES CERTITUDES D’EDF SE FISSURENT

L’hiver dernier, le phénomène de corrosion sous contrainte a stoppé simultanément et longtemps plusieurs réacteurs nucléaires. Outre la menace induite sur l’approvisionnement en électricité, ce phénomène qu’EDF jugeait impossible a plongé l’exploitant dans l’urgence et le désarroi. Et a mis en lumière les limites de ses études et de ses contrôles. Un problème de vérifications et d’anticipation loin d’être réglé et bien plus profond que de la corrosion.

En 2021, à Civaux (Nouvelle-Aquitaine) une fissure est découverte sur un circuit de refroidissement [1] au cœur d’un des réacteurs les plus récents. Profonde de plusieurs millimètres, elle fait toute la circonférence du tuyau. Et elle se situe sur un tronçon qui ne peut pas être isolé ; s’il rompt, c’est la fuite assurée.

Une fois le tuyau découpé et analysé en laboratoire, le diagnostic tombe : le métal inoxydable a été rongé par une corrosion particulière, dite sous contrainte [2] (CSC). Un phénomène pourtant impossible d’après les choix de conception, de matériaux et de fabrication d’EDF.

Le problème est grave et l’incompréhension totale. Puisque l’impossible est survenu au cœur de Civaux, il peut être partout. Cette crainte est vite confirmée lorsqu’une nouvelle fissure de CSC est repérée au cœur d’un autre modèle de réacteur, à Penly (Normandie). Le bon sens voudrait alors qu’EDF s’assure de l’état de l’ensemble de ses réacteurs.

À lire aussi : https://www.sortirdunucleaire.org/France-Anomalie-generique-Fissures-au-coeur-de-plusieurs-reacteurs

Quand les vérifications posent problème

Mais vérifier le cœur des 56 réacteurs nucléaires français ne se fait pas comme ça. Il faut non seulement les arrêter, mais aussi contrôler des dizaines de mètres de tuyaux dans des zones radioactives et difficiles d’accès. Hic supplémentaire, puisque la CSC ne pouvait pas arriver, EDF n’a pas conçu de technique pour la détecter. Il existe bien les contrôles par ultrasons, utilisés pour déceler d’autres altérations, mais la méthode est inadaptée à la CSC. Elle n’est pas fiable sur le métal inoxydable et n’indique pas la profondeur des fissures, paramètre crucial pour déterminer si la rupture est possible.

Alors vite, EDF développe une technique pour détecter et caractériser les fissures de CSC. Et vite, EDF étudie ce phénomène qu’il n’avait pas anticipé. L’industriel réduit rapidement le périmètre de ses vérifications : seuls certains circuits de certains réacteurs seraient « sensibles » à cette corrosion [3]. Fort de ses nouvelles certitudes, il choisit alors de découper ces tuyaux et de les remplacer intégralement, à l’identique [4].

Pourquoi tout remplacer au lieu de réparer les parties fissurées ? Parce que la méthode de contrôle qu’EDF a développée n’est pas très fiable, elle donne de faux positifs. En plus, elle n’est pas réalisable partout : dans certaines zones l’analyse des résultats est difficile, voire impossible. Elle doit être complétée par d’autres types d’examens car elle ne donne d’informations ni sur la longueur des fissures ni sur leur évolution [5]. Et elle coûte cher en temps, en argent et en dose de rayonnement. Il faut quatre contrôleurs spécifiquement formés et toute une semaine pour examiner deux soudures. D’ailleurs, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) le dit : il ne sera pas possible de vérifier toutes les tuyauteries susceptibles d’être concernées par la CSC [6].

Quand les problèmes questionnent les vérifications

Et puis début 2023, une fissure de CSC très profonde (23 mm sur 27 mm d’épaisseur) est découverte à Penly, sur une portion de circuit qu’EDF avait classée « non sensible » [7]. Comme quoi, les études et les nouvelles certitudes d’EDF sont à revoir. Le périmètre des vérifications aussi.

À lire aussi : Fissures-a-Penly-fissures-ailleurs

EDF comprend alors que les réparations effectuées provoquent des contraintes qui favorisent la corrosion. L’industriel épluche ses dossiers : au moins 320 soudures sont à vérifier. Les contrôles prendront des années. Les capacités matérielles et humaines d’EDF et les contraintes de production (temps et durée des arrêts) dictent le calendrier.

Au même moment, les contrôles réalisés avec la technique « améliorée » révèlent des fissures d’un autre genre sur deux réacteurs : les chocs de température fatiguent le métal qui, à force de dilatation et de contraction, finit par se fissurer. Cette fatigue thermique est bien connue mais est apparue… dans des zones où elle n’était pas censée arriver. Les études de conception d’EDF n’avaient pas prévu la sollicitation répétée de ces tuyauteries. La découverte remet en question le périmètre des contrôles de surveillance de la fatigue thermique dans tous les réacteurs d’EDF. Mais pas seulement.

Mise bout à bout avec la CSC, la fatigue thermique soulève plus largement la question des vérifications et pointe le véritable problème : l’arrogance d’EDF, qui trop confiant, ne remet en question ses calculs et ses études que lorsqu’il est déjà trop tard. On le voit bien, EDF ne maîtrise pas tout ce qui est à l’œuvre dans ses réacteurs. Or, ses vérifications sont conditionnées à ses connaissances. Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l’industriel doit encore mener un volume d’études colossal pour déterminer les causes profondes de la CSC [8]. Et doit réviser toute la stratégie de contrôle de son parc nucléaire [9].

Remplacer à l’identique sans avoir compris ce qui fissure les tuyauteries, limiter les contrôles, utiliser une méthode bancale et coûteuse, laisser en l’état des zones possiblement endommagées, tout ça par manque de moyens, de compétences et d’humilité… Non, l’approvisionnement en électricité en France n’est pas si bien sécurisé. Oui, il peut y avoir encore de longs arrêts de réacteurs, pour corrosion, fatigue thermique ou autre phénomène soi-disant impossible. C’est le prix à payer quand un État décide de tout miser sur une technologie pas si bien maîtrisée.

Notes

[1] Le circuit d’injection de sécurité (RIS) est relié au principal circuit de refroidissement du réacteur. Il permet de continuer à refroidir le cœur en cas de fuite de celui-ci.

[2] La CSC est une fissuration activée par la température d’un matériau au contact d’un milieu agressif et soumis à une contrainte. IRSN, Repères n°57

[3] EDF a défini des lignes « sensibles ou fortement sensibles » sur les 16 réacteurs les plus récents (Chooz, Civaux, Belleville, Cattenom, Golfech, Nogent, Penly) – note d’info EDF du 27/07/2022

[4] Pour les circuits RIS des réacteurs les plus sensibles qui n’ont pas été contrôlés en 2022 (Cattenom 1 et 2, Belleville 1 et 2, Nogent 1 et 2, Golfech 2) – note d’info EDF du 16/12/2022

[5] Avis IRSN 2023-00067 du 12 mai 2023

[6] Courrier ASN CODEP-DEP-2023-007194 du 30 mars 2023

[7] Communiqué de presse ASN, 7 mars 2023

[8] Avis IRSN 2023-00067 du 12 mai 2023

[9] IRSN, Repères, n°57

Par Laure Barthélemy pour le Réseau Sortir du Nucléaire, publié le 24 novembre 2023

Photo en titre : © Civaux André Paris 4

https://www.sortirdunucleaire.org/Corrosion-sous-contrainte-et-fatigue-thermique?id_rubrique=70

Message du Réseau Sortir du Nucléaire

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NUCLÉAIRE : LE PATRON D’EDF LUC RÉMONT JUGE « TRES EXIGEANT » L’OBJECTIF D’UN NOUVEL EPR EN 2035

Dans une interview accordée ce vendredi matin à Franceinfo, Luc Rémont a détaillé la feuille de route d’EDF pour les mois à venir. Nouveau réacteur EPR en 2035, mise en service de celui Flamanville, consommation cet hiver, tarifs en hausse, le dirigeant s’est montré pédagogue et déterminé.

La mise en service en 2035 du premier réacteur du nouveau parc nucléaire est un objectif « très exigeant », a reconnu ce vendredi matin le PDG d’EDF Luc Rémont, qui s’exprimait à l’occasion d’une interview à la radio Franceinfo.

« C’est très exigeant, ça doit venir de pair avec tout le travail que nous devons faire sur le parc nucléaire existant pour augmenter le niveau de production et nous sommes bien en chemin pour augmenter le niveau de production », a souligné le dirigeant, nommé il y a un an par le gouvernement pour redresser l’entreprise en grande difficulté.

« C’est la responsabilité d’EDF, donc toutes les équipes d’EDF, tout le monde (…), l’ensemble de la filière industrielle qui travaille avec nous, qui concerne des centaines de milliers de personnes en France, sont mobilisées pour atteindre cet objectif », a-t-il assuré, à propos du programme de construction de six nouveaux réacteurs de type EPR2, dont le premier doit être mis en service à horizon 2035-2037 à Penly.

Redresser la situation financière d’EDF

« C’est exigeant encore une fois, mais c’est à nous de remonter cette capacité de construction à l’échelle industrielle », a dit le patron d’EDF. Après une production nucléaire tombée à un plus bas depuis 30 ans en 2022 (279 térawattheures, TWh) à cause de la crise de la corrosion, le groupe vise un objectif ambitieux de 400 TWh d’ici à 2030 pour redresser sa situation financière, fragilisée par une dette de 65 milliards d’euros.

Lire aussi : Production nucléaire : comment EDF tente de redresser la barre

Le PDG a par ailleurs confirmé le calendrier de mise en service -avec 12 ans de retard- de l’EPR de Flamanville:

« Nous prévoyons de charger le réacteur (avec le combustible) au premier trimestre 2024 (…) et de le raccorder au réseau à la mi- année 2024 ».

Avec un parc nucléaire qui affiche ce vendredi une capacité disponible de 43 GW sur une puissance totale de 61,4 GW, Luc Rémont a estimé que la France pouvait aborder l’hiver « avec confiance » même s’ « il faut rester vigilant » et que les efforts de sobriété doivent être poursuivis. « L’énergie qu’on ne consomme pas à la fin, c’est toujours la meilleure », a-t-il souligné.

Le patron d’EDF a aussi appelé à « changer de monde » sur l’énergie hydraulique, afin de développer les capacités supplémentaires qui sont aujourd’hui bloquées pour des raisons juridiques. La question de la sobriété et de l’efficacité a aussi été évoquée par Luc Rémont, qui estime qu’une baisse de consommation de 30% est « accessible de façon rationnelle, en investissant un petit peu, et avec des retours sur investissement relativement courts ».

Rassurer sur les hausses tarifaires

Le PDG est aussi revenu sur l’accord trouvé avec l’État pour redéfinir le nouveau cadre de régulation des prix de l’électricité en France. Interrogé sur les craintes de nouvelles hausses tarifaires, le dirigeant a assuré que ce nouveau modèle donnerait « une protection beaucoup plus forte à l’ensemble de nos concitoyens ».

Lire aussi : Facture énergétique : la double peine des ménages ruraux

À l’occasion d’une interview accordée ce jeudi à Franceinfo, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a, lui, déclaré que les tarifs payés par les consommateurs vont à nouveau connaître une hausse de 10% au 1er février 2024. Ce, alors même que les prix de l’électricité ont baissé sur les marchés. D’autres « hausses régulières » devraient suivre.

La fin du bouclier tarifaire

Depuis près d’un an, le gouvernement met progressivement fin à son bouclier tarifaire, ce qui fait mécaniquement gonfler les factures. Après l’avoir mis en place fin 2021, celui-ci va continuer de le diminuer, en revalorisant le tarif réglementé de vente (TRV) d’EDF dès le 1er février 2024.

Lire aussi : Électricité : pourquoi les factures vont continuer de flamber

Après avoir été rehaussé de 4% en février 2022, puis de 15% et 10% en février et août 2023, cet abonnement encadré par les pouvoirs publics et payé directement par 21 millions de foyers (mais aussi indirectement par de nombreux autres, à travers des offres indexées), sera ainsi renchéri de 10%. Surtout, d’autres « hausses régulières » devraient suivre, au moins jusqu’en 2026, a précisé le locataire de Bercy.

Par latribune.fr, (avec AFP), publié le 24 novembre 2023 à 11h23

Photo en titre : La mise en service en 2035 du premier réacteur du nouveau parc nucléaire est un objectif « très exigeant », a reconnu ce vendredi matin sur Franceinfo le PDG d’EDF. (Crédits : Reuters)

Pour écouter cet article (ETX Studio) ou le retrouver, cliquer sur : https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-le-patron-d-edf-luc-remont-juge-tres-exigeant-l-objectif-d-un-nouvel-epr-en-2035-984041.html

« LA STRATÉGIE POUR L’ÉNERGIE ET LE CLIMAT EST UNE TROMPERIE »

La France a dévoilé le 22 novembre sa stratégie pour sortir des énergies fossiles. Elle mise sur le nucléaire et les renouvelables, sans moyens concrets, regrette Anne Bringault, du Réseau Action Climat.

Pas besoin de lire entre les lignes pour déchiffrer les grands choix du gouvernement en matière de politique énergétique. Publié le 22 novembre, un document présentant la stratégie française pour l’énergie et le climat affiche l’ambition de rompre avec la « dépendance aux énergies fossiles » en réduisant la part du pétrole et du gaz d’ici à 2035. Problème : les moyens envisagés « manquent cruellement de concret », regrette Anne Bringault, directrice des programmes du Réseau Action Climat (RAC), qui pointe aussi l’un des grands absents de cette stratégie : le climat.

Reporterre — Que faut-il retenir du document publié le 22 novembre par le gouvernement sur la stratégie hexagonale pour l’énergie et le climat ?

Anne Bringault — Il faut d’abord souligner la tromperie du titre. Ce document intitulé « Stratégie française pour l’énergie et le climat » traite, en réalité, uniquement d’énergie. C’est pour le moins surprenant étant donné qu’il doit contenir trois documents : la troisième édition de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC).

Mais la France n’arrive pas à atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 dans les nouvelles modélisations, ni celui de la baisse de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030. Elles sont pourtant, selon les experts de Giec [1], des conditions indispensables pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C inscrit dans l’Accord de Paris. Ce document est principalement une programmation pluriannuelle de l’énergie. Rien ne figure par exemple sur l’agriculture, pourtant deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre.

Quelles sont les avancées ?

Sur les énergies renouvelables, on constate une volonté d’accélérer leur développement (notamment sur le solaire où la filière explose), sauf pour l’éolien terrestre qui reste un sujet visiblement tabou puisque son expansion n’est pas affichée, alors que l’on sait que des projets sont en discussion.

La notion de « sobriété » est citée dans cette stratégie ce qui est une avancée, même si l’on peut regretter qu’elle ne soit imaginée qu’en termes de régulation du chauffage des logements qui ne doivent pas dépasser les 19 °C. La sobriété n’est pas activée sur l’aérien, le transport de marchandises ou la production industrielle (ciment, acier) nécessaire à la construction de bâtiments neufs.

Quels sont les moyens envisagés et mis en œuvre pour arriver à ces objectifs ? Sont-ils suffisants ?

Les hypothèses envisagées pour atteindre cet objectif de baisse de la consommation d’énergie à partir de 2025 manquent cruellement de concret. Seule figure l’accélération de l’efficacité énergétique, et notamment la rénovation des bâtiments. Des moyens financiers supplémentaires ont été prévus dans le projet de loi de finances, fléchés sur la rénovation globale. Mais la rénovation thermique des maisons individuelles considérées comme des passoires énergétiques n’existe pas dans les textes actuels.

« La France ne respecte pas les règles qu’elle avait pourtant acceptées »

Ce qui met en évidence la nécessité de faire politiquement autrement : la rénovation thermique des maisons individuelles requiert un débat de fond afin de construire des mesures d’accompagnement (comme réfléchir à aider les personnes qui n’en ont pas les moyens, ou qui sont isolées ?). Celui-ci n’est absolument pas prévu, et laisse présager deux scénarios : soit la mesure ne verra pas le jour, soit elle arrivera de manière très brutale et sera donc rejetée par la population.

En parallèle, on apprenait via Le Monde que la France refusait de payer son amende à la Commission européenne à cause de son retard dans le déploiement des énergies renouvelables. La France n’endosse-t-elle pas le rôle de mauvais élève ?

La France est le seul pays européen à n’avoir pas atteint son objectif, fixé en 2009 par une directive européenne, de 23 % d’énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique…) dans sa consommation finale brute énergétique en 2020. Ne l’ayant pas non plus atteint, la Belgique, les Pays-Bas, la Slovénie, le Luxembourg et Malte y sont parvenus en rachetant des « volumes statistiques » d’énergies renouvelables à des États ayant dépassé leur propre objectif. La France n’a pas voulu choisir cette option et ne respecte ainsi pas les règles qu’elle avait pourtant acceptées quelques années auparavant.

Dans son argumentaire, le gouvernement affirme que grâce au nucléaire et son énergie bas carbone, il n’a pas de raison de payer l’amende. En quoi le nucléaire peut-il freiner les avancées sur les énergies renouvelables ?

La France partait pourtant avec de l’avance sur certains voisins européens, notamment sur l’hydraulique, les possibilités de gisement, et d’installation d’éolien en mer. Mais le lobby du nucléaire, très puissant, a rapidement érigé le secteur du renouvelable en ennemi et a empêché le développement de projets. Le gouvernement justifie de ne pas avoir à payer d’amende au motif que la France possède l’une des productions électriques les plus décarbonées d’Europe, grâce à son parc nucléaire. Ce qui, finalement, ne répond pas à la question posée, et n’est pas à la hauteur du chiffre européen fixé à 42,5 % de renouvelables.

[1] Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Par Fanny Marlier, publié le 23 novembre 2023 à 09h42, mis à jour le 23 novembre 2023 à 13h26

https://reporterre.net/La-France-cancre-des-energies-renouvelables

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LES DÉPUTÉS EUROPÉENS NE VONT NI FINANCER NI CONSTRUIRE DES RÉACTEURS NUCLÉAIRES

Les supporters de l’atome se sont félicités mardi 21 novembre 2023 de voir le Parlement européen inclure le nucléaire parmi les technologies dites « vertes » ou « propres » permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Passons vite sur le caractère ridicule de ce vote : il ne suffit pas qu’une énergie émette peu de co2 pour être « verte » ou « écologique« , et le nucléaire est en effet une des énergies les plus dangereuses et polluantes (mines d’uranium, production de déchets radioactifs, rejets continus radioactifs et chimiques des centrales dans l’air et dans l’eau, etc…).

Rappelons aussi que la part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité est passée de 17,1% en 2001 à 9,2% à ce jour, un véritable effondrement qui va continuer avec la fermeture inéluctable dans les années à venir d’au moins 150 vieux réacteurs sur les 400 encore en service sur Terre : si c’est vraiment le nucléaire qui doit combattre le réchauffement climatique, celui-ci a de beaux (et chauds !) jours devant lui…

Mais ce qui est important de préciser, c’est que les députés européens ne vont ni financer ni construire des centrales nucléaires. Il en est de même des divers chefs d’État ou de gouvernement qui rivalisent ces derniers temps, à celui qui annoncera plus de futurs réacteurs que son voisin. Tous ces beaux parleurs prétendent « sauver le climat » – quand ce n’est pas carrément « la planète » ! – avec :

de puissantes machines comme l’EPR français – ou du moins son successeur l’EPR2, prétendu « moins cher, plus sûr, plus facile à construire » –, ou l’AP1000 américain ;

une multitude de petits réacteurs modulaires, les fameux SMR, qui doivent pulluler sur Terre aussi sûrement qu’un virus du Covid.

Or, il y a quelques jours à peine, le 9 novembre 2023, on apprenait par l’agence Reuters que l’entreprise américaine NuScale Power avait renoncé à son projet de petit réacteur modulaire, « portant un coup aux ambitions américaines d’une vague d’énergie nucléaire pour lutter contre le changement climatique« .

Il faut dire que le projet devait être pré-financé par les futurs clients – des entreprises et des collectivités locales – qui ont fini par se retirer en dépit d’une garantie de 1,4 milliard de dollars sur dix ans et une subvention de 600 millions de la part du département américain de l’énergie. En effet, le projet promis en 2020 annonçait fièrement une puissance de 720 MW pour un coût de 3,6 milliards… avant de passer à 462 MW pour 9,3 milliards, c’est-à-dire 4 fois plus cher que prévu.

Aux dernières nouvelles, l’électricité ainsi générée était projetée aux environs de 120 dollars par mégawattheure, probablement beaucoup plus en réalité, mais dans tous les cas ce serait un tarif totalement rédhibitoire : les énergies renouvelables produisent aujourd’hui une électricité abondante à un tarif 2 à 3 fois moins cher, et l’écart ne fait que s’agrandir…

Il s’agit d’un coup fatal pour l’industrie nucléaire car NuScale était le seul projet de SMR validé par les autorités américaines et, de façon générale, tous les autres projets – comme Nuward en France – vont se fracasser sur le même problème : comme annoncé par votre serviteur le 14 octobre 2021 dans une tribune publiée par Le Monde, « S’ils voient le jour, les petits réacteurs nucléaires modulaires produiront une électricité ruineuse » (cf https://urlz.fr/oxXX ).

Et il est de plus en plus probable qu’ils ne voient même pas le jour. Sauf à s’adresser aux Russes ou aux Chinois ce qui est exclu pour la plupart des clients potentiels, pour la plupart situés en Europe, il ne reste donc plus à l’industrie nucléaire et ses supporters que la piste des gros réacteurs comme l’EPR français ou l’AP1000 américain.

L’un comme l’autre sont d’ores et déjà des désastres industriels et financiers. Annoncé à des dizaines d’exemplaires aux USA, l’AP1000 a été annulé presque partout, sauf en Caroline du Sud… où le chantier a finalement été stoppé et abandonné, et en Géorgie où un seul réacteur a pu démarrer, avec 7 ans de retard et un coût multiplié par deux.

Quant à l’EPR, le suspens demeure à Flamanville où le réacteur est supposé démarrer en 2024 avec 12 ans de retard et un coût multiplié par cinq (selon les estimations de la Cour des comptes). Les EPR de Finlande et de Chine, mis en service avec aussi de longues années de retard, sont régulièrement arrêtés pour d’inquiétants dysfonctionnements. Quant au chantier d’Hinkley Point en Angleterre, il suit la voie de son frère français avec de lourds retards et surcoûts.

Bien sûr, EDF et les autorités françaises annoncent désormais des EPR2, « plus faciles et moins chers à construire« , mais qui peut encore croire à ces belles paroles ? Rappelons que l’industrie nucléaire française est aussi en grave défaillance sur les chantiers des réacteurs ITER (fusion nucléaire) et RJH, un réacteur de recherche dont la mise en service est désormais annoncée pour 2034… au lieu de 2014 !

Pas de chance, le RJH était prévu pour appuyer la recherche sur la prolongation de la durée de vie du parc existant, sur les EPR2, et sur les SMR ! Il arrivera longtemps après la bataille et après avoir anéanti quelques milliards de plus, mais qui se soucie de cette gabegie ?

Des macroniens aux communistes en passant par le RN, l’essentiel pour les adeptes de l’atome est de clamer qu’ils vont « sauver le climat« , alors qu’ils veulent juste gaspiller dans le nucléaire les milliards qui permettraient justement de prendre les mesures nécessaires (plans d’économies d’énergie et de développement des renouvelables).

Voilà qui nous ramène aux députés européens : après leur vote ubuesque, ils s’affairent déjà à d’autres questions, incapables d’expliquer comment les industriels européens vont bien pouvoir trouver les ressources humaines et financières pour construire les nombreux réacteurs annoncés : en France même, malgré la propagande du VRP de l’atome Jean-Marc Jancovici, les jeunes ingénieurs et techniciens manquent à l’appel et, d’autre part, EDF et l’État français sont dans des situations financières catastrophiques.

Il est impossible de savoir si quelqu’un ou quelque chose va « sauver le climat« , mais une chose est sûre, ce ne sera pas le nucléaire…

Par Stéphane Lhomme, Directeur de l’Observatoire du nucléaire, message reçu le jeudi 23 novembre 2023

Vous trouverez ci-dessous l’annonce d’une conférence qu’anime Stéphane Lhomme mardi prochain à 18h30 à Montpellier

CENTRALE NUCLÉAIRE DE GRAVELINES : NON-RESPECT DE LA CONDUITE À TENIR PRÉVUE PAR LES RÈGLES GÉNÉRALES D’EXPLOITATION

Le 27 octobre 2023, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un évènement significatif pour la sûreté relatif au non-respect de la conduite à tenir prévue par les règles générales d’exploitation du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Gravelines en cas de concentration en bore inférieure à celle requise dans le circuit primaire.

Pour contrôler la réaction nucléaire dans le cœur du réacteur et assurer ainsi la maîtrise de la réactivité, l’exploitant dispose de deux moyens principaux :

  • ajuster la concentration de bore dans l’eau du circuit primaire, le bore ayant la propriété d’absorber les neutrons produits par la réaction nucléaire ;
  • introduire les grappes de commande dans le cœur ou les en retirer ; ces grappes de commande contiennent des matériaux absorbant les neutrons.

Les règles générales d’exploitation sont un recueil de règles approuvées par l’ASN qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite des réacteurs associées.

Le 22 octobre 2023, alors que le réacteur 3 était en puissance et effectuait des essais de redémarrage, un aléa matériel sur les grappes de commande a amené l’exploitant à procéder, au matin du 23 octobre 2023, au repli du réacteur en arrêt normal sur générateur de vapeur. Le repli du réacteur a été réalisé avec une concentration en bore attendue inférieure à celle définie dans les règles générales d’exploitation. La concentration en bore requise en arrêt normal sur générateur de vapeur n’a été retrouvée qu’au bout d’une heure et 49 minutes. Les règles générales d’exploitation, qui prévoient le rétablissement de la concentration en bore dans le réacteur sous une heure, n’ont donc pas été respectées.

Cet évènement n’a pas eu de conséquence pour les personnes et l’environnement. Néanmoins, compte tenu du non-respect des règles générales d’exploitation, cet événement qui a affecté la fonction de sûreté maîtrise de la réactivité du réacteur a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

Date de la dernière mise à jour : 23/11/2023

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/non-respect-de-la-conduite-a-tenir-prevue-par-les-regles-generales-d-exploitation14

LE NUCLÉAIRE CLASSÉ VERT PAR L’EUROPE POUR DE BON : CE QUE CE RETOURNEMENT VA CHANGER !

Le Parlement européen a officiellement reconnu, mardi, le nucléaire comme une industrie verte, marquant une victoire politique cruciale au moment de boucler un texte qui établit la liste des technologies nécessaires à la décarbonation.

Le vote du Parlement européen positionne enfin le nucléaire aux côtés des énergies renouvelables, les députés reconnaissant bien son rôle crucial dans la décarbonation de l’Europe. Le texte adopté par les eurodéputés fixe un objectif ambitieux pour 2030, avec la production de 40 % des besoins annuels de l’UE localement. Il élargit aussi la liste des technologies couvertes, y compris la fission et la fusion nucléaires.

La législation, qui doit encore être négociée avec les États membres, tend à soutenir la souveraineté énergétique du Vieux continent. Mais un vrai premier pas a été fait.

Le Parlement européen consacre le nucléaire comme acteur clé de la transition énergétique

Le Parlement européen a donc voté en faveur de l’inclusion du nucléaire parmi les technologies vertes à soutenir. Ce scrutin, qui intervient dans le cadre de l’« Acte sur l’industrie Zéro-Net », fixe un objectif ambitieux pour 2030, visant à produire 40 % des besoins annuels de l’UE localement, pour renforcer la compétitivité de l’UE face à la Chine et aux États-Unis.

Les députés européens ont étendu la portée de la législation à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, couvrant composants, matériaux et machines pour produire des technologies zéro-net.

Le nucléaire est ainsi reconnu au même niveau que les énergies renouvelables. Si le nucléaire est déjà largement régulé nationalement, cette décision est vue comme un soutien important à l’industrie. Le projet vient conforter la possibilité d’une vraie souveraineté énergétique européenne.

Une centrale nucléaire, en Finlande © Wikipedia

Des simplifications réglementaires qui aideront au développement de l’énergie nucléaire

L’« Acte sur l’industrie Zéro-Net », plus particulièrement, permet aux États membres de choisir les technologies à favoriser parmi une liste élargie. Les eurodéputés ont innové en ajoutant des critères environnementaux aux appels d’offres publics, qui avantagent potentiellement les fournisseurs européens.

La simplification des procédures et des financements mais aussi l’accélération des octrois de permis pour les implantations industrielles, sont également prévues. La législation a d’ailleurs été assez nettement adoptée avec 376 voix pour, 139 contre et 116 abstentions. La discussion sur la forme finale de la loi commencera une fois que le Conseil aura adopté sa position.

La décision de reconnaître le nucléaire comme une technologie verte souligne en tout cas la nécessité pour l’Europe de soutenir d’un point de vue réglementaire ces industries pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Alors que le nucléaire est désormais positionné au même niveau que les énergies renouvelables, cette décision ne modifie pas fondamentalement la régulation nationale. Elle offre malgré tout ce soutien symbolique à une industrie qui joue un rôle essentiel dans la transition énergétique.

Source : Parlement européen

Par Alexandre Boero, (Chargé de l’actualité de Clubic), publié le 23 novembre 2023 à 09h26

Photo en titre : Une centrale nucléaire française © aérophoto / Shutterstock

https://www.clubic.com/actualite-510010-le-nucleaire-classe-vert-par-l-europe-pour-de-bon-ce-que-ce-retournement-va-changer.html

NDLR : bravo à l’industrie nucléaire. Elle est plus forte pour convaincre des députés que pour construire des réacteurs, nucléaires. Mais auront-ils « l’audace » (et « le ridicule ») de les peindre en vert ?

COÛTS CACHÉS : L’HÉRITAGE OUBLIÉ DU NUCLÉAIRE AU ROYAUME-UNI

L’impact financier et écologique des réacteurs nucléaires britanniques, un héritage coûteux à démanteler.

L’industrie nucléaire britannique, jadis un symbole de progrès et d’innovation, fait aujourd’hui face à un défi colossal: le démantèlement de ses installations. Ce processus, non seulement coûteux mais aussi prolongé, soulève des questions cruciales sur la viabilité économique et environnementale du nucléaire.

Comparaison des Coûts : Nucléaire vs Énergies Renouvelables

Le programme nucléaire du Royaume-Uni, initié entre 1957 et 1995, a conduit à la construction de 14 réacteurs désormais arrêtés et 9 encore en fonctionnement. Conçus principalement selon deux modèles – le Magnox et l’AGR – ces réacteurs visaient initialement à la fois la production d’électricité et, pour certains, la fabrication de plutonium de qualité militaire. Toutefois, la rentabilité de ces réacteurs a été mise en question, surtout en comparaison avec des alternatives plus économiques et écologiques comme l’éolien ou le solaire.

Les réacteurs Magnox, de capacité moyenne (350MW) et orientés vers la production de plutonium, généraient une électricité coûteuse. Le modèle AGR, conçu par la suite pour des capacités plus importantes (environ 1.2GW), visait une meilleure efficacité thermique, mais avec des coûts de production encore élevés.

Le Futur de l’Énergie au Royaume-Uni : Repenser la Stratégie Nucléaire

La décision récente du gouvernement britannique de soutenir la construction de deux nouveaux réacteurs EPR à Hinkley Point C, malgré leur conception non éprouvée, leur retard considérable et un budget dépassant de 50% les prévisions initiales, soulève des inquiétudes. Ces réacteurs, bien que prometteurs en termes de capacité (3.2GW cumulés), ne satisfont qu’une seule des conditions nécessaires au succès d’un programme nucléaire moderne.

Coûts Élevés du Démantèlement Nucléaire : Un Fardeau pour le Futur

Par ailleurs, le coût du démantèlement des 23 réacteurs existants et des deux réacteurs en construction à Hinkley Point C est étonnamment élevé. D’après l’Autorité de Démantèlement Nucléaire du Royaume-Uni (NDA), le coût s’élèverait à environ 149 milliards d’euros fin 2022. Stephen Thomas, professeur de politique énergétique à l’Université de Greenwich, estime même que les coûts pourraient atteindre 260 milliards d’euros, en raison des tendances actuelles des coûts.

La Réalité des Coûts du Nucléaire face aux Alternatives Renouvelables

Cette situation met en évidence le coût réel, souvent sous-estimé, de l’énergie nucléaire. Alors que l’industrie prétend souvent que le nucléaire est une option économique, ces chiffres démontrent le contraire. De plus, la comparaison avec les énergies renouvelables, notamment l’éolien offshore et le solaire, révèle une disparité encore plus grande. Par exemple, les coûts de démantèlement d’une ferme éolienne ou d’une ferme solaire à l’échelle du GW sont nettement inférieurs, se chiffrant en dizaines de millions d’euros, contre des milliards pour le nucléaire.

Il est donc crucial de reconsidérer la place du nucléaire dans la stratégie énergétique britannique, surtout à une époque où des alternatives plus abordables et écologiques sont disponibles. La transition vers des sources d’énergie renouvelables, plus durables et économiques, devient une priorité incontournable pour l’avenir énergétique du Royaume-Uni et du monde.

Le démantèlement du parc nucléaire britannique révèle les coûts cachés et les défis environnementaux du nucléaire. Alors que le monde se tourne vers des solutions énergétiques plus durables, le Royaume-Uni doit repenser sa stratégie énergétique, privilégiant des alternatives plus économiques et écologiques comme l’éolien et le solaire.

Publié le mercredi 22 novembre 2023

Photo en titre : L’impact financier et écologique des réacteurs nucléaires britanniques, un héritage coûteux à démanteler.

https://energynews.pro/couts-caches-lheritage-oublie-du-nucleaire-au-royaume-uni/

LA FRANCE, CANCRE DES ÉNERGIES RENOUVELABLES

La France a dévoilé le 22 novembre sa stratégie pour sortir des énergies fossiles. Elle mise sur le nucléaire et les renouvelables, sans moyens concrets, regrette Anne Bringault, du Réseau Action Climat.

Pas besoin de lire entre les lignes pour déchiffrer les grands choix du gouvernement en matière de politique énergétique. Publié le 22 novembre, un document présentant la stratégie française pour l’énergie et le climat affiche l’ambition de rompre avec la « dépendance aux énergies fossiles » en réduisant la part du pétrole et du gaz d’ici à 2035. Problème : les moyens envisagés « manquent cruellement de concret », regrette Anne Bringault, directrice des programmes du Réseau Action Climat (RAC), qui pointe aussi l’un des grands absents de cette stratégie : le climat.

Reporterre — Que faut-il retenir du document publié le 22 novembre par le gouvernement sur la stratégie hexagonale pour l’énergie et le climat ?

Anne Bringault — Il faut d’abord souligner la tromperie du titre. Ce document intitulé « Stratégie française pour l’énergie et le climat » traite, en réalité, uniquement d’énergie. C’est pour le moins surprenant étant donné qu’il doit contenir trois documents : la troisième édition de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC).

Mais la France n’arrive pas à atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 dans les nouvelles modélisations, ni celui de la baisse de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030. Elles sont pourtant, selon les experts de Giec [1], des conditions indispensables pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C inscrit dans l’Accord de Paris. Ce document est principalement une programmation pluriannuelle de l’énergie. Rien ne figure par exemple sur l’agriculture, pourtant deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre.

Quelles sont les avancées ?

Sur les énergies renouvelables, on constate une volonté d’accélérer leur développement (notamment sur le solaire où la filière explose), sauf pour l’éolien terrestre qui reste un sujet visiblement tabou puisque son expansion n’est pas affichée, alors que l’on sait que des projets sont en discussion.

La notion de « sobriété » est citée dans cette stratégie ce qui est une avancée, même si l’on peut regretter qu’elle ne soit imaginée qu’en termes de régulation du chauffage des logements qui ne doivent pas dépasser les 19°C. La sobriété n’est pas activée sur l’aérien, le transport de marchandises ou la production industrielle (ciment, acier) nécessaire à la construction de bâtiments neufs.

Quels sont les moyens envisagés et mis en œuvre pour arriver à ces objectifs ? Sont-ils suffisants ?

Les hypothèses envisagées pour atteindre cet objectif de baisse de la consommation d’énergie à partir de 2025 manquent cruellement de concret. Seule figure l’accélération de l’efficacité énergétique, et notamment la rénovation des bâtiments. Des moyens financiers supplémentaires ont été prévus dans le projet de loi de finances, fléchés sur la rénovation globale. Mais la rénovation thermique des maisons individuelles considérées comme des passoires énergétiques n’existe pas dans les textes actuels.

« La France ne respecte pas les règles qu’elle avait pourtant acceptées »

Ce qui met en évidence la nécessité de faire politiquement autrement : la rénovation thermique des maisons individuelles requiert un débat de fond afin de construire des mesures d’accompagnement (comme réfléchir à aider les personnes qui n’en ont pas les moyens, ou qui sont isolées ?). Celui-ci n’est absolument pas prévu, et laisse présager deux scénarios :

. soit la mesure ne verra pas le jour,

. soit elle arrivera de manière très brutale et sera donc rejetée par la population.

En parallèle, on apprenait via Le Monde que la France refusait de payer son amende à la Commission européenne à cause de son retard dans le déploiement des énergies renouvelables. La France n’endosse-t-elle pas le rôle de mauvais élève ?

La France est le seul pays européen à n’avoir pas atteint son objectif, fixé en 2009 par une directive européenne, de 23 % d’énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique…) dans sa consommation finale brute énergétique en 2020. Ne l’ayant pas non plus atteint, la Belgique, les Pays-Bas, la Slovénie, le Luxembourg et Malte y sont parvenus en rachetant des « volumes statistiques » d’énergies renouvelables à des États ayant dépassé leur propre objectif. La France n’a pas voulu choisir cette option et ne respecte ainsi pas les règles qu’elle avait pourtant acceptées quelques années auparavant.

Dans son argumentaire, le gouvernement affirme que grâce au nucléaire et son énergie bas carbone, il n’a pas de raison de payer l’amende. En quoi le nucléaire peut-il freiner les avancées sur les énergies renouvelables ?

La France partait pourtant avec de l’avance sur certains voisins européens, notamment sur l’hydraulique, les possibilités de gisement, et d’installation d’éolien en mer. Mais le lobby du nucléaire, très puissant, a rapidement érigé le secteur du renouvelable en ennemi et a empêché le développement de projets. Le gouvernement justifie de ne pas avoir à payer d’amende au motif que la France possède l’une des productions électriques les plus décarbonées d’Europe, grâce à son parc nucléaire. Ce qui, finalement, ne répond pas à la question posée, et n’est pas à la hauteur du chiffre européen fixé à 42,5 % de renouvelables.

Par Reporterre, publié le 23 novembre 2023 à 09h42, mis à jour le 23 novembre 2023 à 13h26

Photo en titre : Le gouvernement veut accélérer le déploiement des renouvelables, notamment le solaire, mais aussi l’énergie nucléaire. Ici la centrale de Cruas, en Ardèche. – © Colin Matthieu / hemis.fr / hemis.fr / Hemis via AFP

https://reporterre.net/La-France-cancre-des-energies-renouvelables

DRÔME : DES JOURNALISTES PORTENT PLAINTE CONTRE LES GENDARMES POUR VIOLENCES ET ENTRAVE À LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

Les gendarmes ont exigé qu’une interview filmée devant la centrale du Tricastin soit effacée.

Mi-septembre, des journalistes de la Radio Télévision Suisse (RTS), venus réaliser un sujet sur le débit du Rhône, se sont vus interdire par les gendarmes de filmer une interview avec pour arrière-plan la centrale du Tricastin (Drôme). France Bleu Drôme Ardèche rapporte dans un article daté de ce lundi que les journalistes ainsi que Reporter Sans Frontières déposent plainte auprès du parquet de Paris pour entrave à la liberté de la presse et violences.

Intimidation, menaces et « violences psychologiques »

Alors qu’ils rangeaient leur matériel sur un parking de magasin, six hommes du Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie sont intervenus pour réclamer l’effacement des images. D’après les journalistes, il y aurait eu intimidation, menaces et « violences psychologiques », ce que confirme l’homme interviewé, le conseiller régional écologiste Olivier Royer.

De leur côté, les gendarmes déclarent que l’intervention ne dépassait pas le cadre de la normalité, surtout « dans cette période particulièrement sensible ». Les journalistes ont effacé les images sur le moment, mais ont pu les récupérer plus tard, via une manipulation technique.

Par 20 Minutes avec agence, publié le 22/11/23 à 11h22

Photo en titre : Les gendarmes déclarent que l’intervention ne dépassait pas le cadre de la normalité, surtout « dans cette période particulièrement sensible ». (Illustration) — Tmeier1964 / Pixabay

Pour retrouver ou écouter cet article (1mn17s), cliquer sur :

https://www.20minutes.fr/societe/4063514-20231122-drome-journalistes-portent-plainte-contre-gendarmes-violences-entrave

NDLR : Nucléaire civil et liberté de la presse ne font pas bon ménage semble-t-il !

DISSUASION : LA FRANCE S’OFFRE UN NOUVEAU MISSILE BALISTIQUE CLAIREMENT PLUS PERFORMANT (M51.3)

Plus loin, plus précis et capable d’emporter plus de charges utiles… Le M51.3, le futur missile nucléaire balistique de la force océanique stratégique, est censé pénétrer les défenses antimissiles les plus hermétiques jusqu’à l’horizon 2035. Le M51.4 devrait ensuite prendre le relais

La France s’est offert une nouvelle assurance-vie… Le M51.3, la nouvelle version du missile balistique français M51, est plus qu’une nouvelle version. « C’est vraiment un nouveau missile en termes de capacités », explique dans un entretien accordé à La Tribune le patron des activités défense d’ArianeGroup, dont le nom ne peut pas être cité pour des raisons de sécurité. Emporté sur les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), le nouveau missile nucléaire stratégique à têtes multiples, doté d’une portée intercontinentale (10.000 km), dispose notamment d’un nouveau dernier étage avec des capacités de manœuvrabilité innovantes dans l’espace. Ce qui lui permettra en principe de mieux pénétrer les défenses antimissiles. « On fait vraiment un step avec le M51.3 en termes de performances », souligne-t-il. « Le M51 est un concentré de technologies alliant puissance, précision et fiabilité », a-t-il par ailleurs posté sur le réseau Linkedin.

« En termes de complexité et de performances, pour nous industriels, c’est du même niveau que la mise en service du M51.1. Le M51.2 était une version intermédiaire, transitoire », précise-t-il.

Tiré pour la première fois samedi sans charge nucléaire, le M51.3 bénéficie d’ailleurs d’une « nouvelle charge utile qui comprend une évolution des têtes du CEA et puis les gadgets qui vont avec », observe le patron des activités défense d’ArianeGroup, qui restera extrêmement discret sur toutes ces nouveautés opérationnelles et les gadgets. Seule concession, le M51.3 sera significativement plus performant en termes de capacités d’emport (charge utile). Il ira également plus loin en améliorant sa précision par rapport au M51.2. Pour l’état-major des armées, le glaive doit toujours l’emporter sur le bouclier (défense antimissile balistique). En tout cas potentiellement. Dans un contexte international très évolutif, la dissuasion ne fonctionne que si elle demeure crédible dans toutes ses dimensions, y compris technologiques.

Les trois indicateurs clés, les « 3P »

Les performances du M51 doivent être continuellement adaptées dans le cadre d’un programme incrémental, et, par conséquent, améliorées en fonction du développement de nouvelles versions des défenses antimissiles des pays que la France doit à tout prix dissuader. Concrètement avec l’objectif de pénétrer les défenses antimissiles balistiques. À cet égard, ArianeGroup assure « une veille active et précise sur l’évolution des défenses adverses potentielles (auto-directeurs des intercepteurs, radars d’alerte et de conduite des opérations, ndlr), qui se renforcent partout dans le monde, en particulier au sein des grandes puissances dotées de l’arme nucléaire », avait assuré début mai à l’Assemblée nationale, le conseiller militaire d’ArianeGroup, Charles-Henri du Ché. En 2022, 376 tirs balistiques militaires avaient été recensés, contre seulement 186 de lanceurs civils. Soit une année record en termes de lancements militaires. Dans cet esprit d’amélioration en continu, chaque évolution technologique du M51 se doit en principe de doter la dissuasion de performances qui anticipent l’évolution des défenses à horizon de vingt ou trente ans.

« Pour anticiper l’évolution des menaces, répondre aux objectifs politiques et opérationnels, donc contribuer en permanence à la crédibilité de la dissuasion, il a été décidé dans les années 2000 de procéder au développement incrémental du M51 », avait expliqué fin janvier l’Assemblée nationale l’ancien PDG d’ArianeGroup, André-Hubert Roussel.

Mais comment mesurer les performances d’un missile, qui ne servira a priori jamais. Les essais en vol et les tirs d’acceptation (12 depuis le début du programme) permettent de les mesurer à travers une série d’indicateurs appelés les « 3P » :

. la portée, qui permet de définir à la fois les objectifs accessibles et les zones de patrouille des sous-marins associés

. la pénétration, qui contribue à l’efficacité du système d’armes en tenant compte des systèmes de défense

. et enfin, la précision, associée à la puissance de la charge.

Le vol de qualification du M51.3, qui a eu lieu samedi depuis le centre d’essais de la Direction générale de l’armement (DGA) à Biscarrosse, permettra de mesurer avec précision tous ces trois indicateurs. Cet essai en vol a permis de recueillir « à peu près un téraoctet de données », précise-t-il.

Le M51.3 aura-t-il plusieurs autres vols de qualification ? « Très peu », indique le patron des activités défense d’ArianeGroup, qui n’a pas souhaité donner le chiffre exact. La DGA et ArianeGroup, maître d’œuvre du programme M51 et des programmes Ariane, ont déjà un travail d’analyse et d’exploitation « d’environ un an sur le vol que l’on vient de faire, observe le patron des activités défense d’ArianeGroup. « On étudie toutes les données de ce vol d’essai de façon très détaillée. On ne s’arrête pas simplement sur la trajectoire. Nous avons installé plus de 600 mesures sur ce missile pour en maîtriser le comportement pendant toutes les phases de vol : sous l’eau, dans l’atmosphère, dans l’espace et en rentrée », précise-t-il. ArianeGroup installe également des capteurs lors des tirs d’acceptation réalisés à partir d’un SNLE, comme celui du 19 avril au large du Finistère lancé par « Le Terrible ».

Outre ce vol d’essai, ArianeGroup s’appuie aussi en grande partie sur ses modélisations héritées de plus de 50 ans de dissuasion nucléaire. Ce vol de qualification, qui permet de comparer les données recueillies avec les prévisions issues de la modélisation, pourrait être l’occasion pour ArianeGroup de recaler ses modèles de simulation. « Ces essais en vol sont majeurs. On recale nos modèles à chaque vol depuis maintenant plusieurs dizaines d’années au regard de tout l’historique des générations, précise le patron des activités défense d’ArianeGroup. En fonction des évolutions, on attaque des domaines de vol qui sont un peu différents. Mais on dispose de beaucoup de simulations comportementales dans notre système de simulation comme la connaissance de l’environnement et de la haute atmosphère à travers tous nos essais en vol. C’est un savoir majeur ».

Quelles innovations sur le M51.3 ?

Avec le programme M51, « nous sommes dans l’innovation technologique maîtrisée, nous sommes condamnés au succès entre guillemets, rappelle le patron des activités défense d’ArianeGroup. Quand nous lançons un développement, il faut qu’il aboutisse ». Pas question donc de se lancer dans une nouvelle version du programme M51 à partir de technologies qui ne seraient pas matures avec des TRL (Technology readiness level ou niveau de maturité technologique) trop bas. Contrairement à ce qui s’est passé sur le développement d’Ariane 6 avec le « succès » que l’on connaît (approche Test & Learn)… « Et il faut que nous soyons raisonnablement convaincus avec notre client (le ministère des Armées, ndlr) que nous parviendrons à livrer à l’heure. Ce qui a été le cas pour le M51.3 : le missile a été tiré à deux mois près par rapport aux dates contractuelles qui avaient été définies en 2014 », précise-t-il.

Pour autant, comment concilier à la fois le besoin opérationnel du M51, qui doit évoluer pour s’adapter aux nouvelles défenses antimissiles à la demande de l’état-major des armées, et le diamètre intangible du tube lance-missiles des SNLE ? Grâce à l’innovation, indique-t-il. ArianeGroup a cherché à optimiser la masse du M51.3, en remplaçant un certain nombre de structures métalliques par de l’aluminium lithium et des composites en carbone thermoplastique pour permettre à la nouvelle version du M51 d’être capable d’emporter plus de masse en termes de charge utile. ArianeGroup a également beaucoup travaillé sur une amélioration de la propulsion solide.

Entrée en service en 2025

Le M51.3 entrera en service opérationnel à bord d’un SNLE à l’horizon 2025, confirme-t-il. Cette version, dont les premiers exemplaires ont été commandés en 2019, sera déployée sur les quatre sous-marins de la Force océanique stratégique (FOST). À ce jour, les SNLE sont dotés des M51.1 et M51.2, mis en service dans la marine nationale, respectivement en septembre 2010 et en septembre 2016. La France va consacrer en 2024 au programme M51 près de 858 millions d’euros en crédits de paiement contre 810 millions en 2023 (+5,91 %). À ces dépenses, s’ajoutait jusqu’en 2023 le coût de l’adaptation des SNLE actuellement en service au missile M51. Soit trois des quatre SNLE de classe Le Triomphant, Le Terrible ayant été construit directement en version M51.

Par Michel Cabirol, publié le 22 novembre 2023

Photo en titre : Avec le programme M51, « nous sommes dans l’innovation technologique maîtrisée, nous sommes condamnés au succès entre guillemets », rappelle le patron des activités défense d’ArianeGroup. (Crédits : ArianeGroup)

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/dissuasion-la-france-s-offre-un-nouveau-missile-balistique-clairement-plus-performant-m51-3-983736.html

NDLR: Voilà un article qui me rassure: au moins, si nous sommes attaqués, nous aurons l’immense plaisir de savoir qu’on aura tué, nous aussi, beaucoup de gens!

POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS PLUS DE 15 ANS, L’URANIUM DÉPASSE 80 DOLLARS LA LIVRE

(Agence Ecofin) – Après des années de baisse liées à la méfiance mondiale vis-à-vis du nucléaire, les prix de l’uranium sont repartis à la hausse depuis quelques mois. À la faveur de la transition énergétique, ils profitent de la relance de projets de centrales nucléaires qui entrainent une hausse de la demande.

Les prix de l’uranium ont franchi pour la première fois la barre des 80 dollars la livre depuis plus de 15 ans. Sur la bourse américaine Nymex, les contrats à terme sur le yellowcake, une forme brute d’uranium, ont en effet dépassé 80,25 dollars lundi dernier, rapporte Bloomberg.

Ce pic historique intervient après des mois de hausse des prix du combustible, dans un contexte mondial marqué par le retour en grâce du nucléaire. Selon Colin Hamilton, directeur de la recherche sur les matières premières à BMO Capital Markets, les contrats d’approvisionnement avec les services publics chargés d’acheter l’uranium pour les centrales nucléaires continuent de s’intensifier. Au Niger par exemple, le canadien Global Atomic a déjà conclu des accords similaires de plus de 250 millions $ pour la future production de son projet d’uranium Dasa.

« Il y a très peu de production non engagée disponible pour répondre aux besoins non couverts des services publics », explique M. Hamilton, ce qui contribue à la hausse des prix des contrats à terme.

Conscients des opportunités disponibles actuellement sur le marché, les producteurs d’uranium et les compagnies qui disposent de projets en régime de maintenance et entretien s’activent pour les remettre en production. C’est le cas du numéro 1 mondial du secteur, le géant minier Kazatomprom qui a décidé fin septembre de mettre un terme à ses restrictions dès 2025 afin d’exploiter ses mines d’uranium à plein régime.

Selon un rapport publié en mars dernier par Ecofin Pro, la plateforme de l’Agence Ecofin dédiée aux professionnels, la Namibie, le Niger, l’Afrique du Sud, le Malawi et la Mauritanie sont les pays africains les mieux positionnés pour profiter de la hausse de la demande et des prix. Aidés de compagnies australiennes et canadiennes principalement, ces pays s’apprêtent en effet à relancer des mines à l’arrêt ou à en construire de nouvelles.

Par Emiliano Tossou, publié le 22 novembre 2023 à 12h56

https://www.agenceecofin.com/uranium/2211-113905-pour-la-premiere-fois-depuis-plus-de-15-ans-l-uranium-depasse-80-dollars-la-livre

NDLR: …et si le nucléaire se redéveloppe, ce n’est probablement que le début d’une hausse du prix du combustible nucléaire.

LA MÉTHODE D’EDF POUR PASSER DE 280 À 400 TWH DE PRODUCTION NUCLÉAIRE EN 2030

Si revenir à 360 térawatt-heure (TWh) de production électronucléaire en 2030, contre 280 TWh en 2022, serait déjà un exploit industriel, EDF promet d’aller au-delà, jusqu’à 400 TWh. Il en va de la souveraineté industrielle du pays. On sait maintenant comment l’électricien compte s’y prendre.

EDF veut « moxer » les réacteurs 900 MW pour ne recharger le combustible que tous les 18 mois.

La balle est désormais dans le camp d’EDF. Si l’électricien national a obtenu un accord sur la régulation du prix de l’électricité nucléaire post Arenh qui lui est favorable, calé sur un coût global de production de 70 euros du mégawattheure prenant en compte les investissements dans la maintenance du parc, le réseau et les nouveaux réacteurs, cela n’est pas sans contrepartie. EDF doit impérativement garantir à minima un volume de production de son parc nucléaire historique autour de 360 TWh d’ici à 2030 alors qu’il était descendu à 280 TWh en 2022, un plus bas historique. Or ce dernier n’était pas uniquement lié au problème de corrosion sous contrainte ou à une désorganisation des plannings de maintenance due au Covid.

Misant de plus en plus sur sous la sous-traitance, EDF n’a pas su adapter sa maintenance au vieillissement du parc, anticiper le renouvellement des compétences et gérer la complexité accrue des arrêts avec les modifications post Fukushima. La durée de quasiment tous les arrêts de tranche – que ce soit pour rechargement du combustible (35 jours, 4 000 à 5 000 actions à mener), pour visite partielle (90 jours, 12 000 actions) ou pour visite décennale (150 à 180 jours, plus de 20 000 actions) – dérapait quasi systématiquement, réduisant d’autant la disponibilité du parc et donc la production« Le premier jalon des arrêts de tranche était respecté dans 1 cas sur 44 en 2019. On avait vraiment un problème », explique Étienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire lors d’un point sur le sujet avec la presse.

Numériser les opérations de maintenance

Pour revenir à la normale d’ici à 2025, un programme d’amélioration de la performance des arrêts de maintenance baptisé START 2025, pour « Soyons Tous Acteurs de la Réussite des arrêts de Tranche », a été lancé en 2019. Il est découpé en quatre grands chantiers. Le premier est d’adapter l’organisation à chaque site, avec en plus la mise en place d’équipes mutualisées, comme le font les Chinois de CNG. Le deuxième chantier concerne les compétences, « car réaliser des arrêts de tranche, cela ne s’apprend pas à l’école », rappelle Étienne Dutheil. Le troisième vise à industrialiser la phase de préparation des arrêts à l’échelle du parc avec un outil numérique pour en diviser par deux la durée. Sur les arrêts simples, il a déjà permis de passer de 18 à 11 semaines là où il a été installé. « Nous sommes en train de changer aussi notre système d’information pour faciliter la recherche des pièces », explique Étienne Dutheil.

Enfin, Start 2025 vise aussi à responsabiliser les équipes en leur redonnant des marges de manœuvre afin que les sites eux-mêmes fixent la durée des arrêts. « On n’a plus d’arrêts qui débutent avec des gens qui nous disent : ce n’est pas possible », observe le directeur de l’exploitation d’EDF.

Donner de l’autonomie aux sites

Le programme, qu’Étienne Dutheil dit avoir voulu « le plus participatif possible » pour que « les solutions viennent du terrain », a été expérimenté sur certains sites volontaires et est entré en 2023 dans une phase de déploiement généralisé, mais selon une feuille de route définie par chaque site. Plus question d’un « projet qui descend de Paris et qu’on applique de A à Z, ce qui peut conduire parfois à traiter des problèmes que l’on n’a pas », explique le dirigeant.

Une méthode qui marche. Avec « leur planning », à Paluel (Seine-Maritime), « une visite partielle a par exemple été menée en 100 jours, ce qui n’avait pas été vu depuis 12 ans ! », continue Étienne Dutheil. Des succès qui « changent aussi complètement l’état d’esprit ». La qualité du travail serait en plus au rendez-vous, avec un taux d’arrêts fortuits qui n’augmente pas, à 3,1%.

Modifier 13 turbines 900 MW

Contenir la durée des arrêts de tranche et enfin démarrer l’EPR de Flamanville 3 ne vont néanmoins pas suffire à remonter la production à 400 TWh. EDF veut augmenter la puissance des réacteurs 900 et 1 300 MW. Pour les 900 MW, il suffit de remplacer le corps basse pression de la turbine, comme cela a déjà été réalisé sur 9 réacteurs il y a dix ans. Mais « cela avait été arrêté, car la loi TECV [loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, ndlr] plafonnait la puissance [nucléaire] installée », explique Étienne Dutheil. L’opération pourrait être menée sur 13 autres réacteurs 900 MW, durant n’importe quel type de visite, avec un gain potentiel de 30 à 40 MW de puissance électrique. Et ce, dès 2027. Le délai « est assez court, mais on s’est mis en ordre de bataille pour tenir cet objectif », assure Étienne Dutheil.

Changer les caractéristiques du MOX

La modification envisagée pour augmenter la puissance des réacteurs 1 300 MW est plus complexe et n’a jamais été réalisée. « On avait lancé des études mais qui avaient été arrêtées puisque la loi TECV les rendait impossibles à mettre en œuvre. On est en train de rouvrir le dossier », explique le directeur de la division nucléaire.

Pour diminuer la fréquence des arrêts de tranche pour rechargement de combustible, et donc mécaniquement augmenter la disponibilité du parc, EDF envisage aussi de changer les caractéristiques du combustible MOX, à base de plutonium recyclé, pour passer les cycles de 12 à 16 mois à l’horizon 2028. « Cela concerne tous les réacteurs de 900 MW, sauf les 4 de Bugey, qui sont déjà en cycle long », précise Étienne Dutheil.

Un « moxage » des tranches 1 300 MW sur des cycles de 18 mois est aussi à l’étude. Cela nécessitera d’adapter le système de protection du réacteur ainsi que les conditions de réception du combustible neuf « qui sont les mêmes que celles quand on évacue du combustible usé, puisque c’est un combustible retraité ». Ce serait une première. « Cela a été fait pour nulle part ailleurs », dans le monde, selon Étienne Dutheil. Encore un défi.

Par Aurélie Barbaux, source : L’Usine Nouvelle, publié le 20 novembre 2023 à 10h00

Photo en titre : © EDF/Philippe Eranian

https://www.usinenouvelle.com/article/la-methode-d-edf-pour-passer-de-280-a-400-twh-de-production-nucleaire-en-2030.N2196558

PLUS DE RENOUVELABLES, DE NUCLÉAIRE ET DE SOBRIÉTÉ : L’ÉTAT PROPOSE SA STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE

Développer massivement l’énergie solaire, l’éolien en mer, le nucléaire, mais aussi « maîtriser la consommation »: le gouvernement présente son projet de stratégie énergétique, destinée à « sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles« .

Sortir des énergies fossiles 

Cette « Stratégie française pour l’énergie et le climat » (SFEC), un document de 102 pages, doit être mise en ligne mercredi pour consultation publique, jusqu’au 15 décembre. Elle sera intégrée dans une loi sur la Production d’énergie attendue début 2024.

Ses grands traits étaient connus depuis le discours sur l’énergie prononcé en février 2022 à Belfort par Emmanuel Macron. Deux lois de début 2023 sur « l’accélération » du nucléaire et des énergies renouvelables ont en outre planté le décor.

Objectif : « sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles », explique le gouvernement, la consommation d’énergie finale du pays restant aujourd’hui composée à 37% de pétrole et 21% de gaz.

Pour le climat et la souveraineté du pays, il faut viser « une économie plus sobre, plus efficace et approvisionnée de manière quasi-intégrale en énergies bas-carbone produites et maîtrisées sur notre sol ».

Cette dépendance aux énergies fossiles, « c’est ce qui pèse sur la facture des Français, c’est ce qui l’année dernière a conduit les prix à s’envoler parce que les énergies fossiles sont produites en Russie, au Moyen-Orient, et on n’a pas la maîtrise des prix », a expliqué la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur LCI mercredi.

« En produisant de l’énergie chez nous, on crée des emplois, on peut installer des sites industriels et on maîtrise notre facture », a-t-elle ajouté.

Quelles énergies en 2035?

Demain sera largement électrique. Sur le front nucléaire, « tous les réacteurs seront maintenus en exploitation tant que les exigences de sûreté seront strictement respectées et en recherchant des gains de puissance là où cela est possible », avec en parallèle le lancement d’un nouveau programme de réacteurs nucléaires (six puis huit EPR2), prône le document.

Il faudra aussi « massifier la production de toutes les énergies renouvelables ».

À commencer par l’éolien en mer, à hauteur de 18 gigawatts de capacité (GW) en 2035 (soit une trentaine de parcs comme celui au large de Saint-Nazaire, le seul en service aujourd’hui en France).

L’énergie solaire photovoltaïque devra doubler son rythme annuel de déploiement, pour atteindre plus de 75 GW en 2035 dans le scénario central (avec possibilité d’ambitions renforcées), ajoute le projet, transmis également à Bruxelles.

L’éolien terrestre, que le président souhaitait ralentir, garderait finalement son rythme actuel, et verrait ses capacités doubler, à 40 GW en 2035. Le gouvernement appelle cependant à « une répartition équilibrée » et à investir dans le « repowering », c’est-à-dire le remplacement d’anciennes éoliennes par de nouvelles plus puissantes.

L’électricité seule ne suffira pas, notamment pour les industries ou le chauffage. Les capacités en biogaz (issues des déchets alimentaires, agricoles, etc.) seraient multipliées par 5 d’ici 2030, à 50 TWh. En 2050, il n’y aurait plus que du « gaz bas carbone ».

L’Etat veut aussi quadrupler le rythme de déploiement de la géothermie d’ici 2035.

Réduire la consommation

Mais pour parvenir à s’approvisionner avec des énergies locales et bas-carbone, la France devra réduire de 40 à 50% sa consommation d’énergie en 2050 par rapport à 2021 (-30% en 2030 par rapport à 2012).

La « sobriété va devenir un mantra des 30 années qui viennent », dit la ministre.

Cela passera notamment par la rénovation de l’habitat et le véhicule électrique.

« Ce chiffre peut paraître colossal mais la plupart des modes de consommation bas carbone sont intrinsèquement très +efficaces+ », insiste-t-on au ministère : une pompe à chaleur bien plus qu’une chaudière au fioul, idem pour une voiture électrique.

Une transition pour tous ?

« Le sujet est de faire en sorte que l’écologie ne soit plus un produit de luxe », dit la ministre, évoquant les aides (prime à la casse, bonus) et l’économie en carburant des voitures électriques.

Avec le temps, « la transition, ce sera de nouvelles filières industrielles, avec des prix qui vont progressivement converger vers le prix des solutions carbonées ».

Cette stratégie sera intégrée à une loi. Elle fera en outre l’objet d’un décret prochain, décrivant ces grandes orientations par énergie par périodes quinquennales.

Le ministère se dit « très à l’écoute des acteurs, élus, associations de consommateurs… », « ouvert  » à d’éventuels « ajustements » à l’issue de la consultation, indique le cabinet.

Par Connaissances des énergies avec AFP, publié le 22 novembre 2023 à 12h02

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/plus-de-renouvelables-de-nucleaire-et-de-sobriete-letat-propose-sa-strategie-energetique-231122

LE NUCLÉAIRE INTÈGRE LA LISTE DES TECHNOLOGIES VERTES À SOUTENIR DU PARLEMENT EUROPÉEN

Le Parlement européen a voté ce mardi en faveur de l’inclusion du nucléaire parmi les technologies vertes à soutenir pour assurer la compétitivité et la souveraineté de l’Europe face à la Chine et aux États-Unis. Le texte prévoit d’octroyer à ces filières des assouplissements réglementaires.

Pour tenir ses objectifs – réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 par rapport à 1990 – l’Union européenne veut renforcer la production européenne de technologies à « zéro émission », nécessaires à la décarbonation, en octroyant aux filières concernées des assouplissements réglementaires. Le Parlement européen a voté, ce mardi 21 novembre, en faveur de l’inclusion du nucléaire parmi la liste de ces technologies. Ce texte n’est pas crucial pour l’industrie nucléaire, mais il marque une victoire politique et symbolique importante pour un secteur en plein renouveau.

Lire aussi : UE : la France arrache la reconnaissance du rôle du nucléaire pour le climat

« Je me réjouis que nous ayons pu intégrer le nucléaire au même niveau que les énergies renouvelables dans les technologies nettes zéro. Toutes ces sources de production d’énergie sont indispensables à la décarbonation de notre économie », a réagi l’eurodéputé Christophe Grudler (Renew, centriste).

Le Parlement européen a adopté cette mesure avec 376 voix pour, 139 contre et 116 abstentions. La proposition doit toutefois encore être négociée avec les États membres pour être pleinement validée.

Ces derniers doivent adopter leur propre position prochainement et pourraient également plaider pour l’inclusion du nucléaire parmi les filières clé de la transition énergétique, aux côtés des panneaux solaires, des éoliennes, des batteries ou des pompes à chaleur…

Le nucléaire ancre sa place

Avec ce texte, il s’agit pour l’UE d’apporter un soutien réglementaire à ces industries pour atteindre la neutralité carbone en 2050, mais aussi de bâtir sa souveraineté énergétique. Le projet initial de « règlement pour une industrie à zéro émission » de gaz à effet de serre, présenté le 16 mars, citait déjà le nucléaire parmi les moyens de décarboner l’économie, ce qui constituait une première victoire pour la France et une dizaine d’autres pays de l’UE comme les Pays-Bas, la Suède ou la Pologne, qui misent sur cette technologie. Mais, en pratique, n’étaient concernés que les futurs réacteurs de 4ème génération et les petits réacteurs modulaires également en cours de développement. En outre, l’essentiel des aides était réservé à une liste restreinte de filières, dites « stratégiques », dont le nucléaire restait exclu.

Le plan prévoit notamment une simplification et une accélération des procédures et des octrois de permis pour les implantations industrielles, ainsi que des facilités de financement. Il innove en ajoutant des critères environnementaux aux appels d’offres publics, disposition qui pourrait avantager des fournisseurs européens dont les tarifs sont parfois plus élevés.

Lire aussi : Le gouvernement prépare son projet de loi « industrie verte »

La contre-attaque de l’UE

Il fixe par ailleurs à 2030 l’objectif de produire sur le sol européen 40% des besoins de l’Union sur ces marchés, également convoités par la Chine et les États-Unis, qui ont mis en place leurs propres mesures de soutien. Le fameux « IRA » outre-Atlantique, pour Inflation Reduction Act, le grand plan climat lancé par Joe Biden. Ce programme est en fait un énorme plan d’aides à la transition énergétique qui offre aux industriels étrangers des subventions et des crédits d’impôts à la production et à l’achat pour les technologies uniquement fabriquées aux États-Unis.

Le texte européen est ainsi « une réponse à l’IRA qui nous met sur un pied d’égalité, ce n’est plus l’Europe qui demande quelque chose à ce sujet mais d’un seul coup l’Europe qui est plus forte. Cela crée un rapport différent et vis-à-vis des entreprises c’est rassurant, car cela redonne un cadre » aux relations transatlantiques, estimait en mars la secrétaire d’État en charge de l’Europe, Laurence Boone.

Par latribune.fr, (avec AFP), publié le 21 novembre 2023 à 15h46

Photo en titre : La proposition doit toutefois encore négociée avec les États membres pour être pleinement validée. (Crédits : Unsplash licence – Lukáš Lehotský)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/le-nucleaire-integre-la-liste-des-technologies-vertes-a-soutenir-du-parlement-europeen-983791.html

NDLR : Nos gouvernants ont fait le choix dramatique d’investir des dizaines de milliards d’Euros dans une seconde vague d’investissements dans le nucléaire plutôt que dans les économies d’énergies et le renouvelable. L’Histoire jugera.

JULIEN TCHERNIA, PDG D’EKWATEUR, AU JDD : « NOUS ALLONS AVOIR L’ÉLECTRICITÉ LA PLUS CHÈRE D’EUROPE »

Le patron d’Ekwateur s’inquiète de l’accord sur le tarif de l’électricité nucléaire conclu entre l’État et EDF.

Créé en 2016, Ekwateur est un fournisseur alternatif d’électricité et de gaz renouvelables, mais aussi de bois de chauffage, avec des bûches et des pellets fabriqués en circuit court. Son PDG et cofondateur décrypte pour nous les récentes annonces du gouvernement sur l’accord trouvé avec EDF pour fixer un nouveau prix moyen pour l’énergie nucléaire française ces quinze prochaines années.

L’État et le gouvernement se sont entendus sur le prix de l’électricité produite par les centrales nucléaires : ça sera 70 euros le MWh. Est-ce une bonne nouvelle pour les consommateurs ?

Une bonne nouvelle, NON. Depuis 2002, le prix moyen de l’électricité sur les marchés français n’a jamais été supérieur à 70 euros le MWh en moyenne, chaque année. Sauf pendant la crise énergétique l’année dernière où le prix de l’énergie nucléaire avait atteint 165 euros. Mais quand on regarde la moyenne, on permet donc à EDF de fixer un prix qui est le plus élevé depuis 2002. Donc, oui, je trouve que 70 euros, c’est cher.

Pourquoi avoir fixé ce prix alors ?

C’est un choix du gouvernement de faire supporter aux consommateurs les investissements d’EDF pour créer de nouvelles centrales et renouveler le parc nucléaire français. Dans le privé, lorsqu’une entreprise fait un choix technologique, elle en tire un prix de revient qui est son seuil de compétitivité. Si ce prix est trop cher par rapport au marché, elle fait faillite et les actionnaires perdent leur argent. Là, avec EDF, on a l’État actionnaire qui décide de faire un choix d’investissement, dans de nouvelles centrales, et qui s’assure que tous ses clients seront obligés de le payer ! Moi, qui suis plutôt libéral, j’ai du mal à comprendre ça. Et ce qui m’inquiète, c’est qu’en prenant une telle décision on est parti pour avoir le prix de l’électricité le plus cher d’Europe pour les quinze prochaines années.

Qu’aurait-il fallu faire ?

Pour moi, en tant que citoyen, le parc nucléaire historique, celui construit du temps du monopole d’EDF, doit être hors marché. C’est une sorte de patrimoine commun. C’est-à-dire qu’il devrait produire un volume d’énergie vendu à prix coûtant à tous les Français. Une sorte de service public de l’énergie, limité au parc nucléaire historique. Parce que ce n’est pas aux Français de payer les choix stratégiques de l’EPR et des futures centrales. C’est EDF qui en profitera, si ce nouveau parc est rentable et qui perdra de l’argent si ce n’est pas le cas.

Vous pensez que la poursuite de la hausse des prix de l’électricité est inéluctable ?

En soi, le prix d’électricité, ce n’est pas très compliqué : plus on en produit, moins c’est cher. C’est la loi de l’offre et de la demande. Ce qui a fait exploser les prix, c’est la raréfaction de l’électricité, avec la crise en Ukraine et le fait qu’une partie importante des centrales nucléaires françaises étaient à l’arrêt. Aujourd’hui les choses vont mieux, mais, en tant que citoyen, je ne suis pas rassuré pour autant. EDF peut connaître de nouvelles difficultés dans le maintien de son outil de production. Et les cours du pétrole, du charbon ou du gaz peuvent encore s’envoler au moindre incident géopolitique. Il suffit que la guerre entre Israël et le Hamas s’étende et nous aurons un gros problème sur les prix du pétrole et du gaz. La France s’était créé un parc électronucléaire pour se défendre des chocs pétroliers. Mais on se rend compte que malheureusement, ce parc électronucléaire marche beaucoup moins bien que prévu et ne nous protégera pas face à un choc géopolitique.

« Notre parc nucléaire marche beaucoup moins bien que prévu »

Pour produire plus, on compte aussi sur les renouvelables. Pourtant on entend souvent dire que l’électricité verte serait plus chère à produire…

Ce n’est plus vrai. En 2007, on trouvait de l’électricité renouvelable jusqu’à 500 euros du MWh. Mais les technologies se sont considérablement améliorées et aujourd’hui, on trouve du renouvelable à moins de 70 euros le MWh. Et les nouveaux parcs solaires que l’on construit produisent une électricité à 55 euros le MWh. En Espagne, où l’ensoleillement est meilleur, on tombe même à 20 euros. Pour revenir au prix de 70 euros fixé pour l’électricité nucléaire, c’est déjà le prix de l’éolien. Si les coûts de production continuent de baisser, notre électricité nucléaire va devenir définitivement trop chère. Le week-end dernier, l’énergie en France valait 88 euros. Elle ne coûtait que 5 euros en Espagne et au Portugal. Pourquoi ? Parce qu’en raison de la météo, ces deux pays ont produit du 100 % renouvelable. Alors bien sûr, on ne peut pas faire une généralité de la vérité d’un week-end ni en tirer une règle. En revanche cela montre que le renouvelable peut être plus que compétitif.

Comment se porte votre propre business après ces années de hausse continue des prix ?

Au moment de crise, avec la hausse des tarifs, nous avons perdu des clients : nous sommes passés de 300 000 compteurs desservis à un peu moins de 200 000. Nous sommes aujourd’hui remontés à 250 000 compteurs et nous progressons tous les mois. Nous avons repris les clients d’Iberdrola cet été et nous venons de racheter le fournisseur Mega Énergie, qui va nous apporter 17 000 compteurs supplémentaires. Nous avons 40 % de clients professionnels et 60 % de particuliers. Et parmi les professionnels, notre plus gros client c’est la direction des achats de l’État : nous fournissons l’électricité de tous les ministères de France et de cinquante-quatre services publics. Et à partir du 1er janvier 2024, nous les fournirons également en gaz. Nous allons faire un peu plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 300 l’an dernier, mais c’est biaisé car notre secteur est évidemment dépendant du prix de l’énergie. Ce qui compte c’est que nous sommes rentables depuis deux ans et que nous allons le rester.

Source : Le Journal Du Dimanche, par Lomig Guillo, publié le 20/11/2023 à 09h31

Photo en titre : Julien Tchernia © kalamari.agency

https://www.lejdd.fr/economie/julien-tchernia-pdg-dekwateur-au-jdd-nous-allons-avoir-lelectricite-la-plus-chere-deurope-139765

PETITE CHRONIQUE DE LA FRANÇATOMIQUE – COP 28, ÉTHIQUE ET NUCLÉAIRE

À quelques jours de la COP 28 à Dubaï, le gouvernement français cherche des soutiens à sa « relance du nucléaire », comme l’indique le site internet « Connaissance des énergies » (1) : « La France et cinq autres pays espèrent engager une quarantaine de pays à appeler à tripler les capacités de production nucléaire d’ici 2050 pour limiter le réchauffement climatique, lors de la COP28 à Dubaï, a annoncé mercredi à l’AFP le ministère français de la Transition énergétique ».

Avant de faire ce type de déclaration la ministre Agnès Pannier-Runacher et son cabinet auraient dû lire ceci : « Le choix de développer l’énergie nucléaire a des conséquences temporelles comparables à celles du changement climatique sans que le fardeau des conséquences des décisions d’aujourd’hui ne soit porté par ses décideurs. Plus encore, ce choix énergétique va accélérer le développement des installations nucléaires et multiplier les risques qui leurs sont associés. »

Il est vrai que ce n’est qu’une contribution au débat public sur le projet d’EDF de construire de nouveaux EPR à Penly et ailleurs. Mais elle ne vient pas de n’importe qui. C’est la commission d’éthique et de déontologie de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) qui l’a publiée par un communiqué du 3 mars 2023, après en avoir délibéré le 26 février 2023 (2). Il est vrai également que le gouvernement souhaite dissoudre l’IRSN dans l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) (3). Les “dessous du projet” ont d’ailleurs été clairement identifiés dans un dossier de la cellule investigation de Radio France, présenté samedi 7 octobre 2023 sur France Inter (4).

Dans sa contribution au débat public, la commission de l’IRSN aborde aussi le problème des déchets radioactifs : « Les installations et le cycle du combustible nucléaire ont pour particularité d’engendrer des effets sur des durées qui dépassent largement la période pendant laquelle la société bénéficie de leurs aménités. Ainsi, le démantèlement de
l’usine Eurodif, qui a pourvu aux premiers besoins en matières fissiles, est-il prévu sur une durée d’au moins trente ans.

L’objectif de production pour les EPR est 2130, tandis que les déchets générés par l’industrie nucléaire, notamment ceux qui ont une forte activité et une durée de vie longue, seront dangereux pendant plusieurs siècles

L’hypothétique réversibilité des choix technologiques et les croyances mises dans le progrès technique qui la permettraient ne doivent pas conduire à faire l’impasse sur les débats démocratiques et plus largement, légitime une démarche éthique. ».

À propos de la “gestion” des déchets nucléaires, France 2 a mis en évidence qu’EDF, Orano et l’Andra avaient caviardé un rapport de l’IRSN qui ne leur convenait pas (5), au prétexte de la protection de secrets commerciaux. Il concerne la prochaine « saturation » des piscines de stockage de « combustibles usés » à La Hague. Cette saturation pourrait, en théorie, conduire l’ASN à exiger l’arrêt de la production de « combustibles usés » et donc d’électricité nucléaire (6.)

La commission de l’IRSN indique enfin : « Or, l’arrêt prématuré du débat national sur l’avenir du nucléaire est en contradiction avec l’impératif de réfléchir et de partager les conséquences de ce choix décisionnel, le débat n’ayant pu aborder les questions éthiques y afférant. ».

En effet la loi d’accélération des procédures administratives, nécessaires aux prolongations des réacteurs existants et à la construction de nouveaux réacteurs, avait été présentée par le gouvernement et votée par le Sénat sans attendre la fin du débat public. La Françatomique ne s’embarrasse ni d’éthique, ni de démocratie, ni d’ailleurs des conventions internationales qu’elle a ratifiées, comme la convention d’Espoo (7).

La limitation du réchauffement climatique a bon dos lorsqu’il s’agit de sauver le soldat nucléaire de la débâcle. Un certain Nicolas Sarkozy nous avait déjà fait le coup en 2009 à l’occasion du sommet de Copenhague.

En 2011 se produisait la catastrophe de Fukushima !
Éthique et nucléaire sont dans le bateau COP. Éthique tombe à l’eau. Que reste-il lorsque Tsunami survient ?

NOTES

1 https://www.connaissancedesenergies.org/afp/cop28-france-etats-unis-royaume-uni-et-dautres-pays-vont-appeler-tripler-les-capacites-de-production-nucleaire-dici-2050-231115
2 https://www.irsn.fr/actualites/communication-commission-dethique-deontologie-lirsn-pour-contribution-debat-public
3 https://reporterre.net/Nucleaire-Projet-loi-fusion-IRSN-ASN
4 https://www.radiofrance.fr/franceinter/surete-nucleaire-enquete-sur-les-dessous-du-projet-de-fusion-entre-l-asn-et-l-irsn-3546700
5 https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/complement-d-enquete/video-dechets-nucleaires-le-scenario-noir-de-l-arret-des-centrales-edf_6116022.html
6 https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/expertise/rapports_gp/IRSN_Rapport_GPU_Cycle-2016_25052018v21012020.pdf
7 https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/la-france-nucleaire-ignorerait-trop-ses-voisins-alerte-un-comite-de-lonu-f128d86a-6782-11ee-a5bb-3c3a0f3f3a5e

Texte de François Vallet, publié par Alain le 21 novembre 2023

https://www.cyberacteurs.org/blog/?p=10556

FUKUSHIMA : 12 ANS APRÈS L’ACCIDENT, UNE DÉCONTAMINATION DES SOLS AU BILAN MITIGÉ

En mars 2011, un puissant séisme puis un tsunami frappaient la côte orientale du Japon. La succession de ces deux événements a entraîné un accident d’ampleur dans la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, qui a provoqué la fusion du cœur de trois des réacteurs de la centrale. A la clé, un accident nucléaire classé au niveau 7 sur l’échelle internationale INES, comme l’accident de Tchernobyl.

Il s’agissait donc d’un accident nucléaire dit « majeur », qui a entraîné des rejets radioactifs dans l’air dans les jours qui ont suivi, des rejets d’eau contaminée (selon des travaux de l’IRSN, la contamination de l’océan provoquée par l’accident pourrait représenter la plus grande pollution radioactive marine de l’Histoire) et des dépôts radioactifs significatifs sur les sols d’une partie du Nord-Est du Japon.

Dans une étude menée par le BRGM avec des chercheurs français et japonais, publiée dans la revue scientifique PNAS, nous avons adapté un outil de modélisation de l’érosion des sols pour prendre en compte leur contamination. Il s’agissait d’estimer la quantité d’éléments radioactifs encore présents dans les sols dans la région de Fukushima pour prévoir l’évolution de la contamination radioactive des paysages.

Ces travaux montrent que pour l’heure, le bilan est mitigé : les opérations de décontamination ont été efficaces là où elles ont pu être menées, mais il reste encore 67 % du césium 137 initial, principalement stocké dans les forêts, situés sur les pentes fortes de cette région montagneuse.

De quelle radioactivité parle-t-on ?

De très importants rejets radioactifs ont ainsi eu lieu dans l’environnement à la mi-mars 2011, entraînant l’évacuation des populations dans un rayon de 20 km autour de la centrale et une contamination durable des territoires autour de celle-ci.

La répartition géographique et l’ampleur de cette contamination dépendent à la fois de la trajectoire du panache radioactif formé par les rejets de la centrale qui ont eu lieu pendant plusieurs jours et de la survenue de pluie ou de neige dans les zones traversées par le panache.

Rabattues au sol par les précipitations, les substances radioactives ont entraîné deux conséquences principales : une élévation permanente du débit de dose radioactive ambiant dû au rayonnement gamma émis par les radionucléides contenus dans les dépôts, et une contamination des sols et de la végétation. On parle des retombées initiales, ou de l’inventaire initial, car il faut dresser un inventaire des radionucléides en présence.

Pour quantifier cet inventaire initial, on utilise des becquerels par mètre-carré (Bq/m2), qui décrivent le nombre de désintégrations radioactives par seconde et par unité de surface. Le césium 137 est l’un des radionucléides les plus problématiques, car il a été émis en grandes quantités et il présente une demi-vie relativement longue de 30 ans. C’est pourquoi notre étude s’est concentrée sur ce dernier.

Une décontamination par le décapage des sols

Pour réduire le débit de dose dans l’air et permettre le retour des habitants dans les zones évacuées, les autorités japonaises ont mis en œuvre un programme de décontamination des sols sans précédent à ce jour dans l’histoire. Ces opérations ont été réalisées entre 2013 et 2023 et se sont concentrées sur les zones cultivées et résidentielles.

Elles ont consisté à retirer la végétation et à décaper les cinq premiers centimètres du sol. Tous les matériaux retirés ont été stockés localement sur des parcelles agricoles, dans un premier temps, avant d’être entreposés pour 30 ans dans des sites dédiés à proximité du site de la centrale accidentée.

La couche superficielle des terres agricoles a été retirée et a été stockée dans des sacs en attendant son évacuation vers des sites de stockage temporaires, en 2014. Olivier Evrard, Fourni par l’auteur

Ces cinq premiers centimètres de sol ont été remplacés par du sol « sain » provenant généralement de matériaux extraits de carrières locales aménagées pour l’occasion (essentiellement du granite concassé) et mélangés avec la couche de sol résiduelle. Une approche efficace, comme l’ont montré des travaux de 2019, que nous avons par la suite approfondis en 2023.

Un tel décapage du sol a permis de réduire les concentrations en césium 137 d’environ 80 %, et de ramener la radioactivité résiduelle à des niveaux proches de la radioactivité naturelle moyenne. Cette approche contraste avec la stratégie adoptée à Tchernobyl en 1986, où les zones les plus contaminées restent encore interdites d’accès aujourd’hui.

Ce programme n’a toutefois pas traité les forêts, qui couvrent pourtant la plus grande partie des surfaces contaminées – 80 % – qui se situent principalement sur des pentes abruptes dans cette région montagneuse.

Quand l’érosion transporte le césium 137… et déplace le problème

Une fois que le césium 137 atteint la surface du sol, il est rapidement fixé aux particules fines du sol et reste concentré dans les quelques centimètres supérieurs du sol, ce qui le rend susceptible d’être transféré vers l’aval par l’érosion hydrique lors des précipitations.

De quelles quantités parle-t-on ? Tout dépend de la concentration initiale des retombées de radiocésium, et de l’ampleur de la perte de sol, en fonction des processus d’érosion locaux.

Pour évaluer la dispersion du césium 137 par érosion hydrique, nous avons eu recours à un modèle de ruissellement et d’érosion, en y ajoutant un module prenant en compte la concentration en césium dans les premiers centimètres de sol. L’objectif de ce nouveau modèle était de simuler le ruissellement et les transferts de sédiments et de césium 137 associés à travers le paysage, selon différents scénarios. Autrement dit, estimer ce qu’auraient été les flux et le stock de césium 137 sans la mise en œuvre de la décontamination.

Localisation de la zone d’étude (carte A), reconstitution des retombées initiales de césium 137 (carte B), et utilisation des terres du bassin versant étudié (carte C). R. Vandromme et coll., PNAS, Fourni par l’auteur

Ce modèle a pu être calibré et utilisé grâce à des mesures en rivière obtenues entre 2014 et fin 2019 par les équipes japonaises du National Institute for Environmental Studies sur un petit bassin versant de 44 km2 représentatif de la zone contaminée.

Une décontamination partielle au bilan mitigé

Pour évaluer le transfert et les sources de césium 137 associé aux sédiments, nous avons modélisé tous les événements pluvieux qui se sont produits de juin 2014 à décembre 2019, soit 296 événements. Les résultats ont permis de montrer l’importance des événements extrêmes dans la dynamique sédimentaire du bassin versant dans cette région : plus de la moitié des déplacements de sédiments et de césium se produisent pendant moins d’1 % du temps !

Lors de précédents travaux, des chercheurs du LSCE et leurs collègues avaient déjà montré que les concentrations de césium 137 dans les sédiments transportés par les systèmes fluviaux drainant le principal panache de pollution radioactive avaient diminué d’environ 90 % entre 2011 et 2020.

Notre étude montre qu’après la décontamination de 16 % de la surface du bassin versant réalisée par les autorités japonaises, environ 67 % du césium radioactif initial subsiste encore dans les paysages, majoritairement dans les forêts. Le flux de césium 137 dans les rivières n’a été réduit que de 17 % par rapport aux simulations du cas fictif où aucune opération de décontamination n’aurait été menée.

Les opérations de décontamination ont donc été efficaces sur les surfaces traitées, mais comme elles n’ont pu être réalisées que sur une faible proportion de la surface du territoire, en raison de la présence majoritaire de forêts sur des pentes fortes et de la difficulté technique de décontaminer de telles zones, leur portée reste limitée.

Cette étude soulève des questions sur le rapport coût-bénéfice d’une entreprise de décontamination partielle, étant donné que, en 2019, seuls 30 % des habitants étaient retournés vivre dans la région. Cet outil de modélisation pourrait également servir à simuler des scénarios de gestion dans l’éventualité de futurs accidents nucléaires ou industriels

Source : The Conversation   (21/11/2023)

Par Rosalie Vandromme,  Chercheuse érosion des sols, BRGM et Olivier Évrard, Directeur de recherche, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)

Déclarations d’intérêts

. Rosalie Vandromme a reçu des financements du BRGM et de l’ANR (Agence Nationale de la Recherche)

. olivier.evrard@lsce.ipsl.fr a reçu des financements du CEA, du CNRS, de l’ANR/Agence Nationale de la Recherche.

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Photo en titre : Douze ans après la catastrophe de Fukushima, la décontamination des sols pose encore question. Philip Fong / AFP

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QUELLE PERCEPTION ONT LES FRANÇAIS DU NUCLÉAIRE ET DE SON CONTRÔLE ?

Communiqué de presse : Depuis 2005, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) mène chaque année une enquête [1] d’opinion auprès des Français sur leur perception du nucléaire et de son contrôle. Cela lui permet de suivre l’évolution de leur perception vis-à-vis du risque nucléaire, de l’information qu’ils reçoivent, du contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection.

Le baromètre 2022 – 2023 fait état :

  • d’une évolution favorable de la perception du nucléaire par les Français, même si des différences existent en matière de gestion des installations et des activités nucléaires selon qu’il s’agit d’usage médical, industriel ou la gestion des déchets ;
  • d’une amélioration continue de la perception des contrôles et des précautions prises en France ;
  • d’une progression de la notoriété de l’ASN auprès du grand public ;
  • d’un consensus autour de l’attitude que l’on attend des pouvoirs publics face à un accident nucléaire avec le souhait de mettre en œuvre strictement le principe de précautions, mais aussi une demande d’information et de transparence totale.

Le rapport des Français au nucléaire

L’enquête montre que le rapport des Français au nucléaire a évolué quel que soit le jugement porté sur ce type d’énergie : ils sont désormais 46%, contre 43% en 2021, se déclarant favorables au nucléaire : un niveau record jamais atteint.

Toutefois, la gestion des installations et des activités nucléaires fait l’objet d’appréciations différenciées. L’écart de satisfaction est sensiblement différent entre les traitements médicaux qui mettent en œuvre des rayonnements ionisants (satisfaction entre 66 et 76%), les installations nucléaires (satisfaction entre 50 et 63%) et la gestion des déchets (satisfaction entre 31 et 38%).

La protection des installations nucléaires françaises est jugée satisfaisante pour certains risques (incendie, inondations, sismiques), mais reste insuffisante pour d’autres types d’agressions (attentats terroristes, cyber attaques et réchauffement climatique).

La perception des contrôles et des précautions prises en France

En ce qui concerne la perception des contrôles et des précautions prises en France à l’égard du nucléaire, les résultats de l’étude montrent une continue amélioration avec en 2022 plus d’un Français sur deux (56%) qui juge efficace le contrôle de la sûreté des centrales nucléaires, niveau qui n’avait pas été atteint depuis 2014. Cette opinion est partagée par 69% des riverains proche des installations nucléaires (0 – 10 km) interrogés.

La connaissance des acteurs

Sur la connaissance des acteurs de la sûreté nucléaire, l’enquête montre une stabilité pour la plupart des acteurs. La notoriété de l’ASN auprès du grand public connait une progression : 42% de personnes interrogées connaissant l’organisme, un pourcentage qui a doublé depuis sa création en 2006.

Le rapport du public face au risque nucléaire

Face au à un accident nucléaire, grand public et riverains considèrent que le risque zéro n’existe pas (94 et 92% de personnes interrogées) et qu’il est important de respecter les conduites à tenir (94 et 96% de personnes interrogées). L’enquête montre un consensus autour de l’attitude que l’on attend des pouvoirs publics avec 89% des Français qui estiment nécessaire d’appliquer strictement le principe de précaution et d’établir un conseil d’experts pour aider à la décision publique.

La demande d’information reste élevée avec 83% du grand public et 77% des riverains proche d’installations nucléaires souhaitant être informés des différents scénarios possibles d’un accident nucléaire.

La confiance à l’égard des divers acteurs pour transmettre l’information la plus fiable en cas d’accident reste fragile, voire minoritaire, à l’exception des acteurs associatifs qui recueillent 63% d’opinions favorables. Sur le plan local, 59% de riverains proche des installations nucléaires jugent que les élus locaux donneraient l’information la plus fiable. En revanche, la défiance est particulièrement marquée auprès des opérateurs des sites nucléaires, l’Etat, les médias et les réseaux sociaux. Il est plus que jamais essentiel d’informer les populations en vue de développer une culture de sécurité et de précaution.

Sur les comportements à adopter en cas d’alerte nucléaire, les résultats montrent que ceux-ci sont aujourd’hui globalement bien connus des riverains proches des installations nucléaires (83% se disent prêts à avaler un comprimé d’iode sur consigne du préfet, 79% écouteraient la radio et enfin 73% se mettraient à l’abri dans un bâtiment).

En revanche, certains comportements, comme le fait de ne pas aller chercher ses enfants à l’école, ne sont pas assez connus ou restent trop peu appliqués. Cela confirme que la culture de sécurité et de radioprotection en France doit être renforcée.

Voir et télécharger l’analyse et les graphiques

Baromètre de l’ASN 2022-2023 (PDF – 4.76 Mo)

Publié le 20/11/2023 à 09h00

https://www.asn.fr/l-asn-informe/actualites/quelle-perception-ont-les-francais-du-nucleaire-et-de-son-controle

Note de facteur à l’article ci-dessus :

  • La réalité du délabrement du nucléaire français et mondial n’a aucune importance, seule la perception qu’en ont les peuples importe !
  • Extrait : « La demande d’information reste élevée avec 83% du grand public et 77% des riverains proche d’installations nucléaires souhaitant être informés des différents scénarios possibles d’un accident nucléaire. »

Voilà une demande qui est facile à satisfaire pour l’ASN : il lui suffira de distribuer aux riverains tous les scénarios soigneusement planqués depuis toujours par EDF et tous les médias qui y ont eu accès via « La farce cachée du nucléaire« , extrait : 

« les doses sont déjà effarantes : 6200 mSv à 2 km alors que la dose létale est de l’ordre de 2500 mSv pour un enfant et de 5000 mSv pour un adulte. »

LA MÉTHODE D’EDF POUR PASSER DE 280 À 400 TWH DE PRODUCTION NUCLÉAIRE EN 2030

Si revenir à 360 térawatt-heure (TWh) de production électronucléaire en 2030, contre 280 TWh en 2022, serait déjà un exploit industriel, EDF promet d’aller au-delà, jusqu’à 400 TWh. Il en va de la souveraineté industrielle du pays. On sait maintenant comment l’électricien compte s’y prendre.

La balle est désormais dans le camp d’EDF. Si l’électricien national a obtenu un accord sur la régulation du prix de l’électricité nucléaire post Arenh qui lui est favorable, calé sur un coût global de production de 70 euros du mégawattheure prenant en compte les investissements dans la maintenance du parc, le réseau et les nouveaux réacteurs, cela n’est pas sans contrepartie. EDF doit impérativement garantir à minima un volume de production de son parc nucléaire historique autour de 360 TWh d’ici à 2030 alors qu’il était descendu à 280 TWh en 2022, un plus bas historique. Or ce dernier n’était pas uniquement lié au problème de corrosion sous contrainte ou à une désorganisation des plannings de maintenance due au Covid.

Misant de plus en plus sur sous la sous-traitance, EDF n’a pas su adapter sa maintenance au vieillissement du parc, anticiper le renouvellement des compétences et gérer la complexité accrue des arrêts avec les modifications post Fukushima. La durée de quasiment tous les arrêts de tranche – que ce soit pour rechargement du combustible (35 jours, 4 000 à 5 000 actions à mener), pour visite partielle (90 jours, 12 000 actions) ou pour visite décennale (150 à 180 jours, plus de 20 000 actions) – dérapait quasi systématiquement, réduisant d’autant la disponibilité du parc et donc la production. «Le premier jalon des arrêts de tranche était respecté dans 1 cas sur 44 en 2019. On avait vraiment un problème», explique Étienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire lors d’un point sur le sujet avec la presse.

Numériser les opérations de maintenance

Pour revenir à la normale d’ici à 2025, un programme d’amélioration de la performance des arrêts de maintenance baptisé START 2025, pour « Soyons Tous Acteurs de la Réussite des arrêts de Tranche », a été lancé en 2019. Il est découpé en quatre grands chantiers. Le premier est d’adapter l’organisation à chaque site, avec en plus la mise en place d’équipes mutualisées, comme le font les Chinois de CNG. Le deuxième chantier concerne les compétences, « car réaliser des arrêts de tranche, cela ne s’apprend pas à l’école », rappelle Étienne Dutheil. Le troisième vise à industrialiser la phase de préparation des arrêts à l’échelle du parc avec un outil numérique pour en diviser par deux la durée. Sur les arrêts simples, il a déjà permis de passer de 18 à 11 semaines là où il a été installé. « Nous sommes en train de changer aussi notre système d’information pour faciliter la recherche des pièces », explique Étienne Dutheil.

Enfin, Start 2025 vise aussi à responsabiliser les équipes en leur redonnant des marges de manœuvre afin que les sites eux-mêmes fixent la durée des arrêts. « On n’a plus d’arrêts qui débutent avec des gens qui nous disent « ce n’est pas possible » », observe le directeur de l’exploitation d’EDF.

Donner de l’autonomie aux sites

Le programme, qu’Étienne Dutheil dit avoir voulu « le plus participatif possible » pour que « les solutions viennent du terrain », a été expérimenté sur certains sites volontaires et est entré en 2023 dans une phase de déploiement généralisé, mais selon une feuille de route définie par chaque site. Plus question d’un « projet qui descend de Paris et qu’on applique de A à Z, ce qui peut conduire parfois à traiter des problèmes que l’on n’a pas », explique le dirigeant.

Une méthode qui marche. Avec « leur planning », à Paluel (Seine-Maritime), « une visite partielle a par exemple été menée en 100 jours, ce qui n’avait pas été vu depuis 12 ans ! », continue Etienne Dutheil. Des succès qui « changent aussi complètement l’état d’esprit ». La qualité du travail serait en plus au rendez-vous, avec un taux d’arrêts fortuits qui n’augmente pas, à 3,1%.

Modifier 13 turbines 900 MW

Contenir la durée des arrêts de tranche et enfin démarrer l’EPR de Flamanville 3 ne vont néanmoins pas suffire à remonter la production à 400 TWh. EDF veut augmenter la puissance des réacteurs 900 et 1 300 MW. Pour les 900 MW, il suffit de remplacer le corps basse pression de la turbine, comme cela a déjà été réalisé sur 9 réacteurs il y a dix ans. Mais « cela avait été arrêté, car la loi TECV [loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, ndlr] plafonnait la puissance [nucléaire] installée », explique Étienne Dutheil. L’opération pourrait être menée sur 13 autres réacteurs 900 MW, durant n’importe quel type de visite, avec un gain potentiel de 30 à 40 MW de puissance électrique. Et ce, dès 2027. Le délai « est assez court, mais on s’est mis en ordre de bataille pour tenir cet objectif », assure Etienne Dutheil.

Changer les caractéristiques du MOX

La modification envisagée pour augmenter la puissance des réacteurs 1 300 MW est plus complexe et n’a jamais été réalisée. « On avait lancé des études mais qui avaient été arrêtées puisque la loi TECV les rendait impossibles à mettre en œuvre. On est en train de rouvrir le dossier », explique le directeur de la division nucléaire.

Pour diminuer la fréquence des arrêts de tranche pour rechargement de combustible, et donc mécaniquement augmenter la disponibilité du parc, EDF envisage aussi de changer les caractéristiques du combustible MOX, à base de plutonium recyclé, pour passer les cycles de 12 à 16 mois à l’horizon 2028. « Cela concerne tous les réacteurs de 900 MW, sauf les 4 de Bugey, qui sont déjà en cycle long », précise Étienne Dutheil.

Un « moxage » des tranches 1 300 MW sur des cycles de 18 mois est aussi à l’étude. Cela nécessitera d’adapter le système de protection du réacteur ainsi que les conditions de réception du combustible neuf « qui sont les mêmes que celles quand on évacue du combustible usé, puisque c’est un combustible retraité ». Ce serait une première. « Cela a été fait pour nulle part ailleurs », dans le monde, selon Étienne Dutheil. Encore un défi.

Par Aurélie Barbaux, publié le 20 novembre 2023 à 10h00

Photo en titre : EDF veut « moxer » les réacteurs 900 MW pour ne recharger le combustible que tous les 18 mois. © EDF/Philippe Eranian

https://www.usinenouvelle.com/article/la-methode-d-edf-pour-passer-de-280-a-400-twh-de-production-nucleaire-en-2030.N2196558

NUCLÉAIRE : INQUIÉTUDE EN FINLANDE APRÈS L’ARRÊT DE L’EPR D’OLKILUOTO 3 À L’APPROCHE DE L’HIVER

Inquiétude en Finlande. Alors que l’hiver commence, le réacteur nucléaire EPR de conception française Olkiluoto 3 (OL3) mis en service commercial en avril dernier après 13 ans de retard, rencontre encore quelques soucis. Depuis dimanche, il est à l’arrêt en raison d’un nouveau problème technique. Cette fois, il s’agissait d’un défaut détecté dans l’îlot de turbines. Un problème sans trop de conséquences dans la mesure où le réacteur devrait reprendre sa production mardi, selon son exploitant, TVO.

« Les recherches ont révélé que la cause de la panne était un dysfonctionnement de la mesure de la température dans le système de refroidissement du générateur », a indiqué TVO dans un communiqué. « Après les travaux de réparation, l’installation fera l’objet d’autres inspections et tests. Selon les estimations actuelles, la centrale devrait reprendre sa production le 21 novembre à midi », a-t-il ajouté.

Construit par le groupe français Areva avec l’allemand Siemens, le réacteur nucléaire d’Olkiluoto 3, sur la côte sud-ouest finlandaise, est entré en service mi-avril, 18 ans après son lancement.

Lire aussi : Pays moteur dans la relance du nucléaire, la Suède va investir fortement dans l’atome

Le réacteur le plus puissant d’Europe

Avec une puissance de 1.600 mégawatts, Olkiluoto 3 est le réacteur nucléaire le plus puissant en opération en Europe et fournit 14% de l’électricité de la Finlande. Comme nombre d’autres chantiers d’EPR, il a été marqué par d’innombrables retards et d’énormes surcoûts qui ont été une des principales causes du démantèlement industriel d’Areva.

Mi-octobre, des dommages dans l’îlot de turbine du réacteur avaient été détectés. Selon l’opérateur finlandais TVO, ils n’ont pas d’incidence sur la sécurité. Pour rappel, la production régulière du réacteur devait commencer cet été, mais elle avait été reportée à décembre, après l’observation de « matières étrangères » dans le réchaud à vapeur de la turbine. Pour le pays scandinave, l’hiver s’annonce tendu sur le plan énergétique avec le chamboulement du marché provoqué par la guerre en Ukraine.

Ce nouveau problème s’ajoute à la longue liste de déconvenues rencontrées par ce réacteur construit par le consortium franco-allemand Areva-Siemens. Celui-ci avait démarré en mars 2022 avec 12 ans de retard et une longue série d’échecs et de déboires qui ont en partie expliqué la lourde restructuration d’Areva.

Lire aussi : Nucléaire : après 12 ans de déboires, l’EPR finlandais Olkiluoto-3 commence enfin à produire de l’électricité

Dès 2006, trois ans après l’annonce du lancement du chantier, des retards dans la construction de la principale conduite de refroidissement avaient déjà reporté la mise en route du réacteur à 2010-2011. L’agence finlandaise de sécurité nucléaire STUK avait ensuite demandé en 2009 plusieurs centaines améliorations du fait de « problèmes liés à la construction », ouvrant un conflit entre l’exploitant du futur réacteur, le finlandais TVO, et Areva-Siemens, avec également des critiques sur le gendarme finlandais. Après plusieurs années de litiges et de retards supplémentaires, Areva avait finalement réglé son différend avec TVO en novembre 2018, en payant une compensation de 450 millions d’euros.

Les déboires de l’EPR

Lancé en 1992 comme le nec plus ultra de la technologie nucléaire française, le réacteur pressurisé européen (EPR) a été conçu pour relancer l’énergie nucléaire en Europe, au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl de 1986. Le nouveau modèle est présenté comme offrant à la fois une puissance plus élevée et une meilleure sécurité, mais sa construction s’avère un casse-tête, et pas uniquement en Finlande. En France, la construction de l’EPR de Flamanville, entamée en 2007, a, elle aussi, été affectée par des retards massifs, dus notamment à des anomalies dans le couvercle en acier et la cuve du réacteur.

L’EPR a aussi été retenu pour une centrale à deux réacteurs à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre. La production d’électricité est actuellement planifiée pour mi-2027, au lieu de 2025 au départ. Deux réacteurs EPR ont déjà été mis en service en Chine, faisant d’Olkiluoto le troisième en opération dans le monde. Les énormes surcoûts du chantier finlandais entamé en 2005 ont été une des principales causes du démantèlement industriel d’Areva, plombé par des pertes de plusieurs milliards d’euros. Une structure subsiste, dont la tâche essentielle est de boucler le chantier d’Olkiluoto, mais l’essentiel du groupe est passé dans le giron d’EDF. Malgré ce fiasco à Olkiluoto, le soutien au nucléaire civil a progressé ces dernières années en Finlande, stimulé par les préoccupations climatiques et les tensions énergétiques mondiales.

Lire aussi : Nucléaire : la bataille franco-américaine pour alimenter les centrales russes en Europe

Par latribune.fr, publié le 20 novembre 2023 à 13h35

Photo en titre : Avec une puissance de 1.600 mégawatts, Olkiluoto 3 est le réacteur nucléaire le plus puissant en opération en Europe et fournit 14% de l’électricité de la Finlande. (Crédits : Reuters)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-inquietude-en-finlande-apres-l-arret-de-l-epr-d-olkiluoto-3-a-l-approche-de-l-hiver-983676.html

LA FRANCE TESTE UN MISSILE BALISTIQUE DE LONGUE PORTÉE POUR RENFORCER SA DISSUASION NUCLÉAIRE

La France a procédé avec succès au tir d’essai d’un missile balistique de longue portée M51.3, renforçant ainsi la crédibilité des capacités de dissuasion nucléaire de la France, a déclaré dimanche le ministère de la défense.

Le missile, qui ne transportait pas d’arme nucléaire, a été tiré depuis le site d’essais de missiles de l’armée française de Biscarosse, dans le sud-ouest de la France, et a atterri dans l’Atlantique Nord, « à des centaines de kilomètres de toute côte« , a indiqué le ministère, sans donner plus de détails.

« Le vol a permis de confirmer une amélioration majeure du missile qui contribuera à la crédibilité durable de la dissuasion océanique de la France dans les décennies à venir« , a déclaré le ministère dans un communiqué dimanche.

Il a ajouté que le maintien de la crédibilité opérationnelle des armes nucléaires françaises était nécessaire compte tenu de l’environnement international.

Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le président Vladimir Poutine a averti à plusieurs reprises l’Occident qu’il serait prêt à utiliser des armes nucléaires pour défendre la Russie.

Le missile M51.3 est une version améliorée du M51, un missile balistique stratégique mer-terre à trois étages conçu pour être lancé à partir de sous-marins de la marine française. Le M51 a été testé pour la première fois depuis une base terrestre en 2006 et depuis un sous-marin en 2010, année de sa mise en service.

Le nouveau missile M51.3, qui devrait entrer en service vers 2025, est développé par la société aérospatiale ArianeGroup, une coentreprise entre Airbus et le groupe de défense français Safran.

Les missiles balistiques sont semblables à des fusées et suivent des trajectoires elliptiques après leur lancement, quittant souvent l’atmosphère terrestre pour atteindre l’espace inférieur, contrairement aux missiles de croisière, qui suivent généralement des trajectoires droites à basse altitude, propulsés par une poussée continue jusqu’à ce qu’ils atteignent leur cible.

Par REUTERS, publié le 19 novembre 2023 à 13h06, (© Reuters – 2023)

https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/La-France-teste-un-missile-balistique-de-longue-portee-pour-renforcer-sa-dissuasion-nucleaire-45393715/

Traduit par Zone Bourse/Pour accéder à l’article original, cliquer sur : https://www.marketscreener.com/news/latest/France-test-fires-long-range-ballistic-missile-in-bid-to-boost-nuclear-deterrence-45393715/

NDLR: Cela me rassure beaucoup de savoir qu’en cas d’attaque nucléaire sur la France, nous serions, nous aussi, en mesure de tuer des millions de personnes. 

COMMUNIQUÉ DU CEDRA, LES BRÈVES DE CIGÉO/BURE

Que s’est-il passé récemment ? Entre actualités, annonces et bilans ? Toutes les infos autour de Cigéo et de la nucléarisation du territoire en Meuse/Haute-Marne ne peuvent pas faire l’objet d’un communiqué systématique. Il y aurait beaucoup trop à dire. Nous vous proposons donc régulièrement un récapitulatif des actualités et articles intéressants sur le sujet ! 

Au menu aujourd’hui : 

*Une campagne de communication de l’Andra au coût exorbitant

*Le Cedra au Festival photo de Montier-en-Der

* »La Haute-Marne n’est pas une poubelle nucléaire », une photo au Lac du Der qui ravive un passé très proche

*Le Tour de France 2024 passera par la Haute-Marne 

*Décryptage de « Complément d’Enquête : déchets nucléaires, quand les poubelles débordent » 

*L’IRSN en difficulté (et la sûreté nucléaire d’autant plus)

*De bonnes nouvelles du côté de Stocamine

Bonne lecture !

Exemple d’article publié :

Une campagne de communication de l’Andra au coût exorbitant : 300 000 euros de propagande mensongère

C’est le coût de la dernière campagne de l’Andra ! Vous l’avez peut-être vue sur les panneaux publicitaires de vos villes : « À toi qui n’es pas encore né, l’Andra travaille déjà pour toi ». Plutôt habile à première vue, vous aurez bien compris que l’Andra s’adresse ici aux générations futures et semble flirter sur la décision du Conseil Constitutionnel qu’elle habille à sa sauce (lire notre communiqué ici).

Mais cette opération de communication composée d’un site internet dédié aux générations futures, d’un affichage intensif, et même d’un petit film emporte surtout la palme des fake news. La Coordination Stop Cigéo a réagi à la « Lettre de l’Andra aux générations futures » par ce communiqué.

Il semblerait que le budget dédié à la communication de l’Andra ait encore enflé ! Pour mieux camoufler ses misères ? Notre petite voix nous dit qu’elle n’aurait pas besoin de telles campagnes institutionnelles (eh oui, les affiches sont estampillées « République Française » !) si elle parvenait à convaincre que l’enfouissement de déchets radioactifs était maîtrisé et sûr. Oh, on sait, on voit le mal partout…

Lire l’article du 8 novembre de France Bleu « Projet Cigéo à Bure : une campagne de communication qui interpelle les antinucléaires »

Retrouvez les autres articles sur : https://cedra52.jimdofree.com/2023/11/17/communiqu%C3%A9-du-cedra-17-novembre-2023-les-br%C3%A8ves-de-cig%C3%A9o-bure/

LES ÉTATS-UNIS N’ARRIVENT PAS À DÉVELOPPER LEUR NOUVEAU MISSILE NUCLÉAIRE

Le Pentagone espérait concevoir sa nouvelle arme nucléaire et les systèmes qui l’accompagnent en dépensant 12 milliards d’euros. Le programme fait face à de nombreux problèmes imprévus et devrait coûter 92 milliards d’euros.

Alors que la Russie et la Chine augmentent l’efficacité de leurs missiles atomiques, les États-Unis sont à la traîne. Un retard qui inquiète même le secrétaire de l’armée de l’air américaine Frank Kendall. « Le programme de développement du missile balistique intercontinental LGM-35A est en difficulté et pourrait voir ses coûts augmenter », a déclaré l’homme politique lors d’un entretien organisé par le groupe de réflexion Center for a new american security.

Frank Kendall a refusé d’entrer dans le détail des problèmes rencontrés par le missile Sentinel, invoquant le fait qu’il n’avait pas le droit de divulguer d’informations importantes concernant ce programme. Selon lui, la vaste portée du programme Sentinel – qui comprend le développement immobilier, le génie civil, la création d’infrastructures de communication et de commandement et contrôle, ainsi que la production du missile lui-même s’est avérée difficile à créer et à développer pour l’US Air Force.

« Sentinel est l’un des programmes les plus vastes et les plus complexes que j’aie jamais vus. C’est probablement le plus grand programme que l’armée de l’air n’ait jamais entrepris », a encore déclaré le secrétaire de l’armée de l’air pour justifier les problèmes rencontrés par le gouvernement américain. Pour rappel, l’US Air Force a attribué à Northrop un contrat de 12 milliards d’euros pour développer le programme Sentinel afin de succéder au vieillissant Minuteman III, déployé pour la première fois un demi-siècle plus tôt. Le programme Sentinel devrait coûter environ 92 milliards d’euros au total.

Toujours selon Frank Kendall, les premières étapes du programme ont été marquées par une grande incertitude, notamment en ce qui concerne les coûts. Cette incertitude découle en partie des nombreuses décennies qui s’étaient écoulées depuis la création du Minuteman. Des problèmes imprévus apparaissent régulièrement et le Pentagone devra les résoudre, notamment des facteurs liés à l’infrastructure de commandement et de contrôle. L’office comptable du gouvernement américain a publié en juin 2023 un rapport d’évaluation des armements décrivant les problèmes rencontrés par le système Sentinel, qui entraîneraient le report de son lancement de 2029 à la période comprise entre avril et juin 2030.

Pourtant les États-Unis ont besoin de renouveler rapidement leurs missiles nucléaires. Les missiles Minuteman III ont été mis en service pour la première fois dans les années 1970, avec une durée de vie initialement prévue de 10 ans. Encore récemment un essai d’un Minuteman III non armé a été interrompu dans les cieux de la Californie car il prenait une trajectoire anormale, montrant ainsi la vétusté de cette technologie.

Par Thomas Romanacce, publié le 18/11/2023 à 18h30

Photo en titre : USAF

https://www.capital.fr/economie-politique/les-etats-unis-narrivent-pas-a-developper-leur-nouveau-missile-nucleaire-1485932

NUCLÉAIRE : LA BATAILLE FRANCO-AMÉRICAINE POUR ALIMENTER LES CENTRALES RUSSES EN EUROPE

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les pays d’Europe centrale et orientale dotés de réacteurs nucléaires de conception soviétique cherchent à diversifier leur approvisionnement en combustible. Et pour cause, celui-ci est assuré par le conglomérat russe Rosatom, qui n’essuie pour l’heure aucune sanction. Afin de rompre cette dépendance, le groupe américain Westinghouse et l’entreprise française Framatome sont entrés dans la course. Mais le premier a d’ores et déjà pris de l’avance.

C’est une situation pour le moins délicate. Presque deux ans après le début de la guerre en Ukraine, l’entreprise d’État russe Rosatom revêt toujours un rôle stratégique dans l’approvisionnement électrique de l’Europe. Sans essuyer aucune sanction, celle-ci alimente en effet toujours de nombreuses centrales atomiques sur le Vieux continent, de la Slovaquie à la Bulgarie, en passant par la République tchèque, la Finlande et la Hongrie. Au point que les achats de combustibles russes par l’Union européenne ont atteint en 2022 leur plus haut niveau depuis trois ans, soulignait il y a quelques mois le Royal United Services Institute du Royaume-Uni.

Mais cette dépendance pourrait bientôt s’éroder : depuis plusieurs mois, des accords fleurissent avec d’autres fournisseurs. Et notamment l’américain Westinghouse et le Français Framatome, désormais bien décidés à s’emparer de ce marché.

19 réacteurs de conception russe en Europe

Concrètement, il s’agit là d’assembler le combustible avant son chargement en centrale. Autrement dit, convertir l’uranium enrichi en oxyde d’uranium, de façon à former de petits cylindres appelés pastilles qui constituent le « carburant » final. Seulement voilà : « ces pastilles ne fonctionnent pas comme le pétrole ou le gaz : on ne peut pas les interchanger », précise Teva Meyer, chercheur à l’IRIS et spécialiste de la géopolitique du nucléaire civil. Autrement dit, chacune d’entre elle est dimensionnée, pensée, équilibrée pour les caractéristiques d’une centrale en particulier, et ne peut pas servir à alimenter une installation d’un autre modèle.

Or, seul Rosatom maîtrise pleinement cette ultime étape pour approvisionner les réacteurs que l’entreprise a vendu à l’étranger, et dont le design diffère de ceux d’EDF, par exemple. Et pour cause, ceux-ci sont de conception soviétique (ou russe pour celles construites après 1991) de modèle dit « VVER »Il en existe trois types : VVER-440, VVER-1000 et VVER-1200, au nombre de dix-neuf eu Europe.

« D’autres entreprises ont essayé d’entrer sur ce marché par le passé, notamment l’entreprise espagnole Enusa. Mais faute de contrat, les Occidentaux ont laissé tomber », explique Teva Meyer.

Cependant, la guerre en Ukraine semble avoir changé la donne. Car ces derniers mois, les exploitants des pays d’Europe centrale ont signé, les uns après les autres, des contrats avec Framatome ou Westinghouse pour diversifier l’approvisionnement de leurs VVER-440 et VVER-1000. L’exécutif tricolore affiche d’ailleurs sa volonté d’accélérer le mouvement : « Nous allons soutenir la coopération industrielle entre Framatome et l’énergéticien slovaque pour lui fournir du combustible », affirme-t-on au cabinet de la ministre de la Transition énergétique, Agnès-Pannier Runacher, qui a récemment fait le déplacement à Bratislava afin de vanter les mérites de l’atome.

Avec son usine suédoise, Westinghouse a pris de l’avance

Sur ce segment néanmoins, son concurrent américain pourrait bien rafler une bonne partie de la mise. En 2022, la République tchèque et la Bulgarie ont en effet contractualisé avec Westinghouse afin qu’il approvisionne une partie de leurs centrales nucléaires VVER, avant que la Bulgarie ne suive le pas en août 2023. Quelques mois plus tôt, l’entreprise annonçait d’ailleurs avoir conclu un accord de collaboration avec Enusa, afin de proposer des « alternatives à Rosatom pour la fabrication de combustible ».

« Westinghouse profite de son ancienneté sur ce marché, à l’inverse de Framatome qui commence tout juste à se positionner », souligne Teva Meyer.

En effet, depuis plusieurs décennies, les Américains ont pris de l’avance : dès la chute du mur de Berlin, en 1989, ceux-ci se sont intéressés à la question, avec la construction de premières usines en Europe. Faute de contrats, le groupe avait finalement fait machine arrière, laissant le champ libre à Rosatom : « Leurs combustibles n’étaient pas aussi performants, et la charge administrative pour changer de fournisseur s’avérait trop lourde », précise Teva Meyer.

Mais ne partant pas de zéro, celui-ci a su réinvestir très rapidement dans la filière à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014 : à la demande de Kiev, qui possède des réacteurs VVER-1000, Westinghouse s’est en effet activé pour mettre au point une filière d’assemblage des combustibles de type russe, en agrandissant dès 2016 son usine de Västerås, en Suède. « Et ils y sont parvenus, puisque Kiev ne dépend plus de Moscou pour l’approvisionnement de ces installations », expliquait il y a quelques mois à La Tribune Tatiana Romanova, professeure de relations internationales à l’Université d’Etat de Saint-Pétersbourg.

Accord de coopération entre Framatome et Rosatom

L’Hexagone dispose cependant d’un avantage de taille : avant la guerre, en décembre 2021, Framatome avait signé un accord « de coopération à long terme » avec Rosatom lui permettant d’approvisionner les centrales nucléaires sous licence russe. Ainsi, en théorie, l’entreprise tricolore n’aurait plus besoin de s’engager dans de longues procédures administratives si elle souhaitait fabriquer ses propres pastilles pour les réacteurs.

Fin 2022, l’entreprise française a d’ailleurs également signé avec l’opérateur bulgare pour alimenter la seule centrale de pays, aux côtés de Westinghouse. En juin 2023, Framatome a annoncé qu’il allait également fournir du combustible aux réacteurs slovaques. « Contrairement à Westinghouse, Framatome n’a pas encore livré de combustible, mais il commence à signer des contrats. Pour ce faire, il compte s’appuyer sur son usine de Lingen, en Allemagne », affirme Teva Meyer. Le groupe français explique ainsi avoir « développé depuis plusieurs années une solution industrielle » afin d’alimenter les réacteurs de conception soviétique, avec une réorientation des activités du site.

Changements de gouvernement

Reste à savoir s’il disposera à temps d’un appareil industriel suffisant pour répondre à cette nouvelle demande. « Pour Framatome comme pour Westinghouse, les usines restent aujourd’hui de taille réduite, et devront être agrandies », estime Teva Meyer.

Par ailleurs, les contrats restent suspendus à des décisions politiques. « Il faut recevoir une autorisation nationale pour changer de fournisseur de combustible, ce qui peut prendre plusieurs années. Entre le moment de la signature d’un accord et la livraison matérielle, un changement de pouvoir pourrait tout remettre en cause », note Teva Meyer. En Slovaquie, par exemple, Robert Fico a pris début octobre la tête d’un nouveau gouvernement de coalition avec le soutien du parti d’extrême droite pro-russe SNS. « On peut envisager qu’ils changent finalement d’avis, de manière à garder des liens avec la Russie », affirme le chercheur.

Il n’empêche : même la Hongrie, dirigée par le Premier ministre pro-russe Viktor Orbán, se tourne désormais vers des entreprises occidentales : le 12 septembre, Framatome et l’État hongrois ont en effet ratifié un accord pour diversifier l’approvisionnement de leurs réacteurs, puisque l’industriel français devrait bientôt fournir du combustible à la centrale Paks, de modèle VVER-2000. Cela ne veut cependant pas dire que le pays coupera ses liens avec Rosatom, loin de là : l’entreprise russe participera toujours au projet d’agrandissement de la centrale, avec la construction de deux nouveaux réacteurs d’ici à 2030.

Pour Rosatom, des affaires florissantes à l’export

Le conglomérat russe n’est d’ailleurs pas en reste. Car malgré la volonté des pays européens de trouver d’autres fournisseurs, Rosatom s’assoit sur un marché immense. « Pour l’assemblage combustible, il se tourne, en réaction, vers des pays non européens, afin d’alimenter leurs centrales, en Amérique du Sud ou aux Emirats Arabe Unis, par exemple. Y compris pour des réacteurs occidentaux », développe Teva Meyer.

Surtout, le groupe occupe la première place du podium pour le nombre de centrales nucléaires en projet ou en construction à travers le globe. De l’Égypte au Bangladesh en passant par la Turquie, la Chine, l’Inde ou l’Iran, les affaires s’avèrent florissantes. En février, le patron de Rosatom, Alexey Likhachev, a même affirmé avoir engagé des pourparlers avec une dizaine de pays, parmi lesquels « trois ou quatre » seraient « sur le point » de signer des accords intergouvernementaux. L’entreprise devrait donc engranger des revenus très confortables, tout en renforçant l’influence du Kremlin pour les décennies à venir sur une nouvelle génération d’acheteurs.

Par Marine Godelier, publié le 17 novembre 2023 à 12h22

Photo en titre : Framatome avait signé un accord « de coopération à long terme » avec Rosatom lui permettant d’approvisionner les centrales nucléaires sous licence russe. (Crédits : MAXIM SHEMETOV)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-la-bataille-des-franco-americaine-pour-alimenter-les-centrales-russes-en-europe-983422.html

STOP AU BARRAGE RHÔNERGIA

RDV LE LUNDI 27 NOVEMBRE à 18h30 au gymnase de Saint-Romain-de-Jalionas

Réunion organisée par le collectif : STOP AU BARRAGE RHÔNERGIA

POURQUOI SE MOBILISER ?

 Rendement dérisoire, gâchis financier.

 Détérioration de la ressource en eau dont l’eau potable.

 Bétonisation et défiguration du territoire, risques d’inondations.

 Destruction du patrimoine naturel et historique.

 Perturbation de la vie quotidienne (ViaRhôna, centre équestre, …)

 Sauvegarde du dernier tronçon sauvage du fleuve Rhône.

Par le collectif : STOP AU BARRAGE RHÔNERGIA

REJOIGNEZ NOTRE COLLECTIF CITOYEN

Contact : stopbarrage@gmail.com

Pour plus d’information, vous pouvez lire l’article « Pour faire opposition au barrage Rhonergia de la CNR » en cliquant sur : https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/c-est-comme-une-bombe-pour-la-faune-et-la-flore-un-projet-de-barrage-sur-le-rhone-conteste-2848565.html

Extrait de cet article : …« Certains dénoncent l’ambition masquée du projet : stabiliser le débit du fleuve pour sécuriser les installations nucléaires voisines, et surtout les futurs réacteurs EPR annoncés au Bugey»…

NUCLÉAIRE : EN IRAN, LES STOCKS D’URANIUM ENRICHI MONTENT EN FLÈCHE ET DÉPASSENT PLUS DE 22 FOIS LA LIMITE AUTORISÉE

Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), les stocks d’uranium enrichi s’élevaient à 4.486,8 kg à la date du 28 octobre soit plus de 22 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015 encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales.

Rien ne va plus entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui a condamné mercredi la décision « extrême » de la république islamique de bannir plusieurs de ses inspecteurs.

Lire aussi : Nucléaire : l’AIEA s’inquiète d’une « banalisation » du dossier iranien

D’après une source diplomatique, huit experts, Français et Allemands notamment, sont concernés. Washington, Paris, Londres et Berlin ont d’une même voix appelé l’Iran à revenir sur sa décision. En vain jusqu’à présent. Le directeur général de l’AIEA Rafael Grossi a reçu mercredi un courrier de Téhéran, arguant de « son droit » de révoquer l’accréditation des inspecteurs tout en disant « explorer les possibilités » de revenir sur sa décision.

L’Iran s’est affranchi progressivement de ses engagements

Un geste « sans précédent » qui intervient au moment où un rapport de l’AIEA dévoile que les stocks d’uranium enrichi de l’Iran s’élevaient à 4.486,8 kg à la date du 28 octobre (contre 3.795,5 kg mi-août), soit plus de 22 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015 encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales. Pour rappel, l’Iran s’est affranchi progressivement des engagements pris dans le cadre de ce pacte connu sous l’acronyme JCPOA, en réaction au retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président d’alors, Donald Trump.

Aujourd’hui donc, Téhéran a largement dépassé le plafond fixé à 3,67% équivalant à ce qui est utilisé dans les centrales nucléaires pour la production d’électricité : il dispose de 567,1 kg (contre 535,8 kg auparavant) de matière, enrichis à 20% et de 128,3 kg à 60% (contre 121,6 kg) quand il faut atteindre un enrichissement de 90% pour fabriquer une arme atomique. Téhéran a cependant ralenti depuis le printemps le rythme de production et des experts y voient le possible signe d’une volonté de Téhéran de désamorcer la situation, alors que des pourparlers informels avaient repris avec les États-Unis. Mais ces dernières semaines, l’animosité entre les deux pays ennemis est cependant remontée d’un cran avec le conflit entre Israël et le Hamas palestinien, que Washington et Téhéran s’accusent mutuellement d’aggraver.

L’AEIA regrette une banalisation du dossier par les puissances occidentales

Après le constat sans appel de l’AIEA, du 28 octobre, les puissances occidentales vont se concerter en vue du Conseil des gouverneurs. Lors de la précédente réunion, elles avaient brandi la menace d’une résolution mais le sujet est éclipsé par un agenda international chargé.

Malgré une escalade nucléaire impensable il y a encore peu de temps, Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA a récemment regretté « un déclin de l’intérêt des États membres », une « banalisation » du dossier.  Et a mis en garde le mois dernier contre un « échec » comparable au dossier nord-coréen. L’AIEA dénonce la déconnexion de nombreuses caméras de surveillance et l’absence d’explications au sujet des traces d’uranium découvertes en deux endroits non déclarés, Turquzabad et Varamin. Autant d’éléments qui entravent la mission de l’instance, chargée de « garantir le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire ». Car l’Iran poursuit son escalade et dispose désormais de suffisamment de matière pour fabriquer plusieurs bombes atomiques, même s’il nie avoir de telles intentions.

Les États-Unis permettent à l’Irak de continuer à se procurer en électricité auprès de l’Iran

Les États-Unis ont annoncé mardi renouveler pour une période de 120 jours une dérogation aux sanctions permettant à l’Irak de se procurer en électricité auprès de l’Iran. « Cette mesure va permettre à l’Irak d’utiliser ses propres fonds pour payer l’importation d’électricité d’Iran qui sera placé dans des comptes iraniens restreints en Irak », a déclaré à des journalistes un haut responsable du département d’État américain, en rappelant que « l’Iran ne peut utiliser ces fonds que pour des besoins humanitaires ».

En raison des sanctions américaines contre l’Iran, Bagdad ne peut pas payer directement Téhéran pour son gaz. Pour obliger Bagdad à verser ses impayés, Téhéran suspend régulièrement ses approvisionnements en gaz, essentiels pour les centrales électriques irakiennes, puisqu’ils couvrent un tiers des besoins du pays. Les impayés de Bagdad à Téhéran pour d’anciennes importations de gaz, avoisinent quelque 10 milliards de dollars, a indiqué le haut responsable sous couvert de l’anonymat. C’est la 21ème fois que Washington renouvelle cette dérogation aux sanctions depuis 2018, mais celle-ci est régulièrement dénoncée par l’opposition républicaine à l’administration Biden car elle donne à l’Iran accès à de l’argent frais.

Cette dernière risque d’être d’autant plus critiquée car l’Iran est accusé de soutenir le Hamas qui a lancé une attaque sans précédent sur le sol israélien, le 7 octobre. Les responsables américains expliquent que le renouvellement de la dérogation permet avant tout de soutenir l’Irak, qui en parallèle est engagé dans une transition énergétique. « Cela ne signifie aucun changement de politique vis-à-vis de l’Iran » a insisté le haut responsable, en soulignant que les États-Unis n’allégeaient pas leurs sanctions contre Téhéran.

Par latribune.fr avec AFP, publié le 17 novembre 2023 à 07h31

Photo en titre : Malgré une escalade nucléaire impensable il y a encore peu de temps, Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA a récemment regretté « un déclin de l’intérêt des États membres », une « banalisation » du dossier iranien. (Crédits : Morteza Nikoubazl)

https://www.latribune.fr/economie/international/nucleaire-en-iran-les-stocks-d-uranium-enrichi-montent-en-fleche-et-depassent-plus-de-22-fois-la-limite-autorisee-983404.html

PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ : COMPRENDRE LES ENJEUX DU NOUVEL ACCORD ENTRE L’ÉTAT ET EDF

Plafonnés depuis 2010, les tarifs de l’électricité d’origine nucléaire d’EDF devraient augmenter le 1er janvier 2026. Une mesure réclamée par l’électricien, mais qui pourrait réduire la visibilité des factures pour les ménages et les professionnels.

L’État français et Électricité de France (EDF) ont annoncé, mardi 14 novembre, avoir trouvé un accord sur le prix de l’électricité d’origine nucléaire : à partir de 2026, le mégawattheure (MWh) serait vendu par EDF aux alentours de 70 euros, soit nettement plus que le montant actuel – inchangé depuis 2011 – à 42 euros.

Pourquoi un nouvel accord était-il nécessaire après 2025 ?

Fruit de longues et difficiles négociations entre la direction d’EDF et le gouvernement, cet accord permet de prendre la suite du dispositif d’accès régulé à l’énergie nucléaire historique, ou Arenh, qui s’arrêtera le 31 décembre 2025. Le dispositif Arenh, voté en décembre 2010 par la loi NOME qui a organisé l’ouverture à la concurrence du marché électrique français, contraint EDF à céder, entre mi-2011 et fin 2025, une partie de sa production électrique d’origine nucléaire aux fournisseurs alternatifs, dans la limite annuelle de 100 térawattheures (sur une production annuelle moyenne de 377 TWh), afin que ceux-ci puissent revendre cette électricité à un tarif raisonnable pour le consommateur. Le but étant d’ouvrir le marché électrique à la concurrence, conformément aux politiques européennes.

Depuis 2012, EDF vend donc une partie de sa production à 42 euros le mégawattheure.

Pour quelle raison le tarif de l’électricité nucléaire va-t-il augmenter ?

EDF a plaidé pour revoir à la hausse le prix du mégawattheure fixé par l’Arenh, qu’il estime bien trop faible par rapport aux prix du marché de ces deux dernières années. Lorsque le prix de 42 euros le MWh a été fixé, fin 2011, il n’était pas bien éloigné des tarifs du marché de gros, où le mégawattheure se négociait généralement entre 40 euros et 55 euros. Ces prix sont restés stables jusqu’à l’été 2021, mais se sont envolés avec la soudaine reprise économique post-Covid et la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine : ils ont dépassé 200 euros/MWh et ont connu régulièrement des pics à plus de 400 euros/MWh.

Les prix actuels ont beau être revenus à des niveaux plus raisonnables (entre 90 euros et 120 euros/MWh), le plafonnement imposé par l’Arenh représente toujours un manque à gagner pour l’opérateur français, qui est contraint, jusqu’à fin 2025, de vendre dans un contexte de prix élevés, plus d’un quart de sa production à un prix deux à trois fois moindre que ceux du marché.

Le nouveau tarif négocié avec l’État pour prendre la suite du plafonnement de l’Arenh a donc pour objectif de limiter la casse pour les finances d’EDF lorsque les prix sur le marché de gros sont élevés. À cet égard, l’année 2022 a été catastrophique en raison d’une baisse historique de la production électronucléaire provoquée par l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires pour des problèmes de maintenance, ainsi qu’en raison des prix élevés de l’électricité qu’ils ont dû acheter pour compenser cette baisse. Le gouvernement a en plus relevé à 120 TWh le plafond de l’Arenh, ce qui a contraint EDF à céder davantage de sa production à ses concurrents à un prix très inférieur aux marchés dans le but de contenir le coût pour les consommateurs.

En 2022, EDF a cédé 43 % de sa production nucléaire à prix plafonné

Ces dernières années, l’État a eu davantage tendance à protéger le budget des ménages que les comptes d’EDF, mais le récent accord constitue un changement notable de ligne de la part du gouvernement.

La dette d’EDF s’est largement alourdie en 2022

Pourquoi le gouvernement change-t-il sa position vis-à-vis d’EDF ?

Le gouvernement a accédé aux demandes de l’électricien car EDF va devoir, dans les prochaines années, relever plusieurs grands travaux industriels coûteux en capitaux, tout en assainissant ses finances. La maîtrise de l’endettement d’EDF est un sujet prioritaire pour les finances publiques, tant la dette de l’entreprise s’est alourdie en raison du coût de l’énergie et de la faible disponibilité du parc nucléaire français. Établie à 43 milliards d’euros fin 2021, elle a bondi de presque 22 milliards d’euros en seulement un an, pour atteindre 64,5 milliards d’euros fin 2022.

La lente baisse des prix de l’électricité et la relance de la production nucléaire ont contribué à stabiliser ce creusement dans les six premiers mois de 2023, mais Bercy entend bien demander à EDF de rééquilibrer ses comptes plus durablement. « EDF doit être rentable. Nous ne sommes pas en Union soviétique. EDF doit dégager des moyens de financer ses investissements futurs », a déclaré le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, en présentant le nouvel accord.

L’autre raison tient aux défis industriels d’EDF, qui devra maintenir l’efficacité et la sûreté d’un parc nucléaire vieillissant, et assurer la construction de six nouvelles centrales. Des travaux considérables qui vont nécessiter de forts investissements financiers et mobiliser toute la capacité d’ingénierie de l’entreprise. La construction de six à quatorze réacteurs pour l’horizon 2035-2040 devrait coûter environ 51,7 milliards d’euros, tandis que le « grand carénage », le chantier qui vise à prolonger la durée d’exploitation des réacteurs existants à au moins cinquante ans, pourrait, lui, coûter environ 66 milliards d’euros.

Cet accord entraînera-t-il une hausse des prix sur les factures ?

Estimer les conséquences du nouvel accord État-EDF sur les futures factures d’électricité des ménages et des professionnels est un exercice périlleux, et probablement prématuré. Car, d’une part le futur prix est plus élevé que le prix plafond prévu par l’Arenh mais porte sur l’intégralité de la production nucléaire d’EDF, et non pas sur un maximum de 100 TWh, comme à l’heure actuelle. Et d’autre part l’accord conclu prévoit un mécanisme de redistribution des revenus d’EDF aux consommateurs lorsque le prix du mégawattheure dépasse un certain seuil : 50 % des revenus supérieurs à 78-80 euros le MWh, 90 % au-delà de 110 euros. Par ailleurs, le coût du mégawattheure n’est qu’une partie du coût facturé par EDF, il n’inclut pas les autres coûts (l’acheminement, par exemple), ce qui fait que la hausse du prix du MWh ne se répercutera pas telle quelle, finalement, sur le consommateur.

Un tel mécanisme vise à protéger particuliers et professionnels des fortes fluctuations du marché de l’électricité, notamment lors des périodes de prix élevés. Mais il n’écarte pas les craintes liées au manque de visibilité des factures dans un tel système. « Ces scénarios ne nous apportent aucune visibilité », juge Frank Roubanovitch, président de Cleee, une association regroupant de gros acheteurs. Interrogé par Le Parisien, François Carlier, directeur général de la CLCV, une association de défense des consommateurs, n’a pas mâché ses mots : pour lui, le nouvel accord « ne manquera pas de plomber une nouvelle fois la facture des ménages ».

Par Gary Dagorn, publié le 17 novembre 2023

Photo en titre : « De la vapeur d’eau s’échappe des tours de refroidissement de la centrale nucléaire du Bugey, à Saint-Vulbas, le 20 juillet 2023. » OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP https://img.lemde.fr/2023/11/16/0/0/1024/682/664/0/75/0/4e1783a_1700142975775-000-33ph9d3.jpg

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/11/17/prix-de-l-electricite-comprendre-les-enjeux-du-nouvel-accord-entre-l-etat-et-edf_6200672_4355770.html

BOMBES ATOMIQUES : « PEU DE GENS SAVENT QU’ILS SONT DANS LA ZONE MORTELLE »

Qui serait touché en cas de frappe stratégique sur les silos nucléaires ? Sébastien Philippe, physicien à Princeton, a réalisé une simulation inédite sur l’ensemble des États-Unis.

Les Américains appellent cela « la grande éponge« . 400 silos nucléaires subsistent aux États-Unis, sur les 1 000 creusés durant la guerre froide. Que se passerait-il si ces lanceurs souterrains étaient bombardés, condition sine qua non à toute offensive d’ampleur contre Uncle Sam ? Au tableau, derrière Sébastien Philippe, quelques équations traînent encore : le Français, ex-ingénieur à la Défense et physicien à l’université de Princeton, vient de publier ses estimations dans le magazine spécialisé Scientific American. Un aperçu chiffré de l’apocalypse.

L’Express : Moins intéressants que les sous-marins, car fixes, faciles à cibler, et vieillissants, les silos équipés de missiles nucléaires feraient tout de même diversion en cas d’attaque, selon les stratèges américains. Ils vont ainsi être rénovés à un coût estimé à des centaines de milliards de dollars. De quoi protéger les civils, selon les autorités. Vraiment ?

Sébastien Philippe : Jusqu’à présent, nous n’avions pas de point de comparaison suffisamment précis pour dire si un tel paravent sauverait des vies en cas d’attaque, comme cela est régulièrement affirmé par le gouvernement et le lobby de la Défense. En prenant en compte la localisation des silos encore armés – la plupart ont été identifiés dans le Colorado, le Wyoming, le Nebraska, le Montana et le Dakota du Nord – et la puissance nucléaire nécessaire pour les détruire, il est possible de calculer au plus près la trajectoire et l’importance des retombées radioactives. On peut alors identifier différents scénarios, en fonction des vents, sur la base des données météorologiques de l’année 2021. C’est ce que nous avons fait.

Taux d’exposition radioactive basée sur les pires météorologiques de 2021, en grays. De jaune clair, correspondant au niveau limite autorisé par an aux USA, à violet foncé, égal à une mort certaine en quelques heures. © / Sébastien Philippe, Svitlana Lavrenchuk and Ivan Stepanov

D’après cette modélisation inédite, possible aujourd’hui grâce aux données météorologiques très fines et complètes sur l’ensemble du globe, environ un à deux millions de personnes mourraient dans les semaines qui suivraient une telle attaque, des suites d’une irradiation aiguë. Selon les vents du jour de l’attaque, l’entièreté des États-Unis et une large partie du Mexique et du Canada pourraient être exposés à des retombées très importantes. Même l’Europe serait touchée, éventuellement touchée par le nuage radioactif, mais dans des proportions bien moindres. Ainsi, ces résultats, qui pour le moment n’ont pas été publiés dans une revue scientifique mais se basent sur la même méthodologie qu’une autre de nos études focalisée sur la Chine, montrent que les silos, parfois construits à quelques kilomètres des habitations, ne permettent pas de protéger les Américains. Au contraire, les silos les exposent à de très importants risques en cas d’attaque. Des risques bien plus élevés que les gains militaires espérés.

Ces estimations viennent préciser d’autres modèles plus sommaires et datant des années 1980. Elles font partie d’un dossier de Une de Scientific American, consacré au « nouvel âge nucléaire » et aux risques pour l’humanité. Pourquoi établir ce genre de scénarios catastrophes ?

Même si en 2023, le nombre et la localisation des silos sont globalement connus des Américains, après que le gouvernement a rendu public une partie des informations les concernant et à force de questions de riverains et d’associations, le grand public n’a pas conscience des risques qu’il encourt à cause des infrastructures nucléaires militaires. Peu de gens savent s’ils habitent dans la zone d’irradiation directement liée à l’explosion d’un site, ou qui serait sur le chemin du nuage. Ce ne sont pas des questions débattues aux Etats-Unis. Ni en France d’ailleurs.

Pourtant, la menace nucléaire et la course à l’armement regagnent du terrain, du fait de décisions de dirigeants élus par ces mêmes populations. Il est important d’être informé sur ces questions, pour prendre la mesure du sujet. Aux Etats-Unis, l’armée de l’air a publié en mars dernier une évaluation de l’impact environnemental de la rénovation des silos. Rien n’est dit en revanche sur les conséquences éventuelles pour les populations. Il nous faut rationaliser les décisions militaires nucléaires, qui sont souvent soumises à de nombreux biais, économiques, politiques, bureaucratiques, budgétaires. Si les Etats-Unis ont conservé leurs silos, c’est aussi et surtout pour les valoriser et éviter de donner l’impression de gaspiller…

On se rapprocherait à nouveau d’un hiver nucléaire…

Oui. La rénovation des silos américains fait partie d’un immense projet de renouvellement de l’arsenal nucléaire, estimé à plus de mille milliards de dollars. Cela s’inscrit dans une tendance mondiale de détricotage des traités contrôle et limitations des armements nucléaires signés depuis la guerre froide, qui avaient permis de faire réduire la taille des arsenaux américains et russes. La Russie, aussi en train de moderniser son arsenal, a mis sur pause New Start, dernier accord stratégique bilatéral avec les États-Unis et rompu sa promesse de ne plus faire d’essais. La Chine construit aussi de nouveaux silos, non loin des villes de Yumen, Hami et Ordos. D’après notre modèle théorique, là encore, des dizaines de millions de personnes pourraient mourir en cas de frappe nucléaire stratégique sur ces infrastructures. Selon notre étude, la moitié de Pékin pourrait périr selon la météo, car la ville est relativement proche de ces sites.

D’après la Federation of American Scientists (FAS), un collectif de chercheurs américains, ces images prises dans les champs du Xinjiang en 2021 montreraient des silos nucléaires en construction. © / AFP PHOTO /PLANET LABS, INC.

La France a aussi choisi de rénover ses missiles. Le pays va investir environ 54 milliards d’euros dans la dissuasion sur la période de 2024 à 2030, soit 13 % du budget militaire. En 2023, les neuf puissances nucléaires officielles détenaient environ 10 000 têtes nucléaires, soit 135 000 fois Hiroshima, selon les estimations – toutes ces informations ne sont jamais totalement publiques, par soucis stratégiques. Le monde est à la croisée des chemins. Soit on continue dans cette nouvelle course à l’armement nucléaire et dans cette accélération amorcée depuis le début de la guerre en Ukraine, soit on revient aux fondamentaux : contrôle, rationalisation, limitation.

Est-ce qu’un tel scénario noir pourrait arriver à la France ?

En France, nous avions aussi des silos, positionnés sur le plateau d’Albion à la croisée du Vaucluse, de la Drôme, et des Alpes-de-Haute-Provence. Mais ils ont été démantelés à la fin des années 1990. Les armes nucléaires françaises sont déployées sur les sous-marins lanceurs d’engins basés sur l’île Longue en Bretagne près de la rade de Brest. L’un d’entre eux est toujours en mer. En cas d’attaque, si l’ennemi veut éviter une riposte, toutes les bases nucléaires identifiées, ainsi que les bases aériennes qualifiées seraient probablement frappées. De quoi provoquer des dégâts majeurs pour les populations alentour et probablement des retombées importantes qui restent encore à modéliser. Dans ce cas comme dans le cas américain, les éponges nucléaires, si elles existent, finissent toujours par déborder.

Propos recueillis par Antoine Beau, publié le 16/11/2023 à 05h46

Photo en titre : Une explosion nucléaire photographiée en 1971 dans l’atoll de Mururoa, en Polynésie française. afp.com/

https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sciences/bombes-atomiques-peu-de-gens-savent-quils-sont-dans-la-zone-mortelle-PES3BFKBS5CKPJYNPEMG3BHFAA/

LA RUSSIE CHARGE UN MISSILE HYPERSONIQUE À CAPACITÉ NUCLÉAIRE DANS UN SILO-MÉDIA

MOSCOU, 16 novembre (Reuters) – Les forces russes ont chargé le système de missile hypersonique Avangard, capable de transporter des ogives nucléaires et conventionnelles, dans un silo de lancement dans le sud de la Russie, rapporte jeudi la chaîne de télévision du ministère de la Défense.

Le président russe Vladimir Poutine a dévoilé Avangard en 2018, en réponse au développement par les États-Unis d’une nouvelle génération d’armes et de système de défense antimissile.

Le missile se détache du planeur pour retomber vers sa cible, mais peu aussi changer brutalement de direction. Il suit en outre une trajectoire plus basse et plus plate qu’un missile balistique, ce qui le rend moins détectable.

La chaîne de télévision Zvezda, contrôlée par le ministère russe de la Défense, a montré des images d’un missile balistique transporté vers un silo de lancement dans la région d’Orenbourg, près du Kazakhstan, puis placé en position verticale avant d’être descendu dans un puits.

Le premier système de missile russe Avangard a été installé en 2019 sur le même site d’Orenbourg.

Reportage Guy Faulconbridge à Moscou et Olzhas Auyezov à Almaty ; version française Dagmarah Mackos, édité par Kate Entringer, © Reuters – 2023

Publié le 16 novembre 2023 à 11h42

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https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/La-Russie-charge-un-missile-hypersonique-a-capacite-nucleaire-dans-un-silo-Media-45371732/#AL

L’ASSÈCHEMENT DU RHÔNE MENACE LES CENTRALES NUCLÉAIRES : LA FRANCE FAIT PRESSION SUR LA SUISSE POUR AUGMENTER LE DÉBIT

Eau secours. Emmanuel Macron clôt ce jeudi 16 novembre sa visite d’État de deux jours en Suisse. Parmi les sujets à l’ordre du jour, le président de la République a abordé la question du Rhône dont il souhaite augmenter le débit. Refroidissement des centrales nucléaires, production hydroélectrique, irrigation, industrie, eau potable… les besoins français ne cessent d’augmenter alors que les effets du changement climatique pèsent déjà sur ce puissant fleuve.

« Le Rhône est pris en otage par le nucléaire ».

À grand renfort de pancartes et de banderoles, des manifestants anti-nucléaires franco-suisses se sont rassemblés mercredi 15 novembre au pied du barrage du Seujet, au cœur de Genève, alors qu’au même moment, Emmanuel Macron entamait sa visite d’État dans le pays. Au menu de cette visite, il y a la question du débit du Rhône que la France souhaite augmenter pour répondre à ses besoins, et notamment pour refroidir ses centrales nucléaires existantes et à venir. 

Ce que l’on sait peu, c’est que nos voisins helvétiques ont la main sur le robinet. Ils gèrent en amont, et notamment via le barrage du Seujet, son débit. Car le Rhône, le plus puissant fleuve français, prend sa source dans le glacier éponyme situé dans les Alpes suisses. Mais ce n’est pas la première fois que Paris demande à Berne de revoir cette gestion. Déjà en 2015, l’ancien président François Hollande avait fait part à son homologue de sa volonté d’accélérer les discussions autour d’un accord-cadre dans la gestion des eaux du fleuve.

Le Rhône, un réservoir d’eau stratégique pour la France

Huit ans plus tard, ce dossier est toujours d’actualité, et est même devenu incontournable. Emmanuel Macron veut accélérer les discussions car cette mainmise sur les vannes n’arrange pas la France et son économie. À onze reprises cette année, le pays a demandé aux Services industriels de Genève (SIG) de libérer davantage d’eau afin de satisfaire ses besoins.

Et ils sont nombreux. La France a notamment besoin de l’eau du Rhône pour refroidir ses quatre centrales nucléaires présentes le long du fleuve, mais aussi pour alimenter ses vingt centrales hydroélectriques, irriguer ses cultures, fournir en eau potable des millions d’habitants ou encore ralentir la salinisation du delta camarguais. Des besoins qui risquent encore d’augmenter avec l’implantation de deux nouveaux réacteurs de nouvelle génération (EPR2) sur le site de Bugey dans l’Ain, le long du Rhône.

Or, comme le souligne auprès de Novethic Thibault Laconde, ingénieur spécialiste des risques climatiques, « les centrales situées sur ce fleuve ont des besoins très importants en eau pour leur refroidissement, et le problème c’est que c’est le débit historique du Rhône qui a été pris en compte dans leur conception ». Mais d’année en année, ce dernier baisse, faisant ainsi courir un risque sur la production d’énergie, le Rhône générant près d’un quart de la production électrique du pays.

Une ressource fragilisée par le changement climatique

Dans un contexte de changement climatique, le fleuve le plus puissant de France est fragilisé. En mars 2023, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a tiré la sonnette d’alarme. Entre 1960 et 2020, le débit du Rhône a baissé de 7% à la sortie du Lac Léman, et de 13% en Camargue. Et cela n’ira pas en s’arrangeant, malgré un effet d’aubaine avec la fonte accélérée du glacier. Selon les prévisions, les débits d’étiage du fleuve (période de l’année où les cours d’eau sont les plus bas, NDLR) pourraient encore perdre 20% dans les 30 prochaines années.

« Un des éléments de solution serait pour la France de ne plus tenir pour acquis le débit important du fleuve, et de tenir compte de l’évolution de la disponibilité de la ressource », explique Thibault Laconde. Les industries doivent ainsi adapter leur besoin en eau ou à avoir des besoins de refroidissement plus raisonnables en ce qui concerne les centrales. « Il paraît donc indispensable pour le nouveau projet d’EPR à Bugey, que le refroidissement des réacteurs se fassent en circuit fermé de façon à limiter leur besoin en eau », précise-t-il.

Un accord sur le sujet est sur le point d’être finalisé entre la France et la Suisse. Au grand dam des associations environnementales. « Les sécheresses à venir doivent nous faire prioriser l’irrigation et les réseaux d’eau potable sur le nucléaire dangereux, remplaçable et incompatible avec un climat plus sec et des débits de rivières réduits », lance Delphine Klopfenstein-Broggini, conseillère nationale genevoise, auteure d’une question au Conseil fédéral sur le sujet.

Par Blandine Garot, publié le 16 novembre 2023, © 2023 Novethic – Tous droits réservés

Photo en titre : Des militants et élus écologistes suisses et français se sont rassemblés, mercredi, au barrage du Seujet, à Genève. Ils s’opposent à une hausse du débit du Rhône en faveur de l’industrie nucléaire française. F.Choffat / Réseau Sortir du Nucléaire

https://www.novethic.fr/actualite/energie/energie-nucleaire/isr-rse/emmanuel-macron-en-deplacement-en-suisse-pour-sauver-le-soldat-rhone-151892.htmlMOTS

RECOURS EN JUSTICE CONTRE LA DÉCLARATION D’ENQUÊTE PUBLIQUE DU PROJET CIGÉO

La CRIIRAD apporte son expertise sur le volet radiologique. Après une nouvelle réjouissante fin octobre : la reconnaissance par le Conseil constitutionnel de la protection des générations futures, obtenue à partir des questionnements autour du projet Cigéo, c’est un goût amer que laisse aux requérant·es la dernière audience en Conseil d’État qui s’est déroulée le 8 novembre dernier. Malgré un dossier scientifiquement circonstancié et étayé auquel la CRIIRAD a contribué, l’Andra a réussi à faire avaler son éternel discours : le projet Cigéo se veut adaptable et évolutif, c’est pourquoi toutes les réponses et garanties ne peuvent être apportées aujourd’hui… mais, n’ayez crainte elles le seront au fur et à mesure des différents jalons de ce projet pharaonique.

La CRIIRAD a été sollicitée en tant qu’expert scientifique pour contribuer au dossier déposé auprès du Conseil d’État, sur le volet radiologique de l’étude d’impact du projet Cigéo. Elle a ainsi dévoilé les lacunes, erreurs et insuffisances de cette étude et pointé les nombreuses preuves notables d’incompétence des auteurs. Vous pouvez retrouver le dossier sur notre page internet : https://www.criirad.org/projet-cigeo-landra-doit-revoir-sa-copie/

Cependant, rien n’est perdu ! Le dossier de Demande d’Autorisation de Création est en cours d’instruction par l’Autorité de sûreté nucléaire et la décision ne sera rendue que d’ici trois à cinq ans. Il est primordial que la CRIIRAD continue à suivre l’évolution de ce projet titanesque, mais ce travail, réalisé sur nos fonds propres, ne peut aboutir sans votre soutien financier.

Contact : Marion Jeambrun – 06 32 71 57 21

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Message reçu le 16 novembre 2023 à 16h03

CRIIRAD : http://www.criirad.org

Message de la CRIIRAD

La Criirad connaît actuellement des difficultés financières. Pour poursuivre son travail de vigilance et de décryptage et contre-balancer la désinformation sur les impacts réels des activités nucléaires, la CRIIRAD a besoin de votre adhésion et de vos dons. Pour nous soutenir : https://www.criirad.org/nos-campagnes/nous-soutenir/

NDLR: les sommes versées à la CRIIRAD sont déductibles à raison de 66 % du montant versé dans la limite de 20 % du revenu imposable

PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ NUCLÉAIRE : UN ACCORD AUX AIRS D’USINE À GAZ

L’État et EDF ont annoncé, ce mardi 14 novembre, être tombés d’accord sur le futur système de régulation des prix de l’électricité. Le but : protéger les consommateurs français tout en permettant à l’énergéticien de s’y retrouver financièrement. Mais de nombreuses questions restent en suspens, de l’impact réel du nouveau dispositif sur les factures, à sa compatibilité avec les règles européennes, entre autres. La Tribune fait le point.

Contre la hausse des factures d’électricité, difficilement contenues par le bouclier tarifaire, l’État a-t-il trouvé la solution magique pour « contrôler » les prix payés par les consommateurs, comme annoncé il y a quelques semaines par Emmanuel Macron ? Si l’on en croit le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, un accord décroché avec EDF et présenté ce mardi 14 novembre à Bercy permettra de protéger les Français de la flambée des cours. Posant « les bases de la nouvelle régulation de l’électricité nucléaire », ce nouveau système fera ainsi « entrer EDF dans le 21ème siècle », a-t-il affirmé. Après des mois de négociations tendues, celui-ci succèdera ainsi au mécanisme actuel de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), prévu pour s’arrêter fin 2025.

Concrètement, de quoi s’agit-il, et quel sera l’impact réel sur les factures d’énergie des consommateurs, particuliers comme industriels ? Ce nouveau modèle permettra-t-il à EDF d’investir dans le prolongement et le renouvellement de son parc atomique, alors que les montants engagés s’annoncent colossaux, et que le groupe essuie une dette de 64,5 milliards d’euros ? L’accord est-il compatible avec les règles européennes ? Enfin, quid des fournisseurs alternatifs, qui bénéficient aujourd’hui d’un certain volume d’électricité cédé par EDF à prix cassés ? La Tribune fait le point.

Quel impact sur la facture des particuliers ?

Difficile à dire à ce stade, mais d’après plusieurs observateurs, celles-ci pourraient en réalité augmenter. Selon le gouvernement, le nouveau système garantira un prix de l’électricité nucléaire « autour de 70 euros le mégawattheure (MWh) », contre environ 90 euros/MWh observés aujourd’hui sur les marchés. Cependant, rien ne garantit qu’un tel montant sera effectivement respecté par EDF. Et pour cause, l’accord ne plafonnera les tarifs que lorsqu’ils auront atteint un niveau extrême.

« 70 euros, ça ne correspond à rien d’autre qu’à la projection qu’EDF fait du prix moyen de marché de l’électricité sur 15 ans », souligne Nicolas Goldberg, senior manager Energie chez Colombus Consulting.

« J’ai beaucoup de mal à croire que les cours du marché s’élèveront à un tel prix. Bien malin celui qui peut dire quel sera le cours sur les bourses d’échange dans trois ans », ajoute l’économiste Jacques Percebois, qui siégeait à la fameuse Commission Champsaur de 2009, à l’origine de l’instauration d’un accès régulé à l’énergie nucléaire.

Dans le détail, l’idée sera plutôt de prélever 50% des revenus d’EDF lorsque l’entreprise vendra sa production au-delà de 78-80 euros/MWh, puis ponctionner 90% au-delà de 110 euros/MWh. Autrement dit, « il ne se passera rien avant d’atteindre 78 à 80 euros le MWh ! », précise à La Tribune Nicolas Goldberg. Et pour cause, cette fourchette de 78-80 euros renvoie au « coût du nucléaire existant et futur », ainsi qu’une « marge pour stabiliser la dette d’EDF », précise-t-on au sein de l’exécutif.

Aujourd’hui, un système de régulation des prix de l’électricité nucléaire existe déjà pour protéger les consommateurs, baptisé ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire). Concrètement, ce dispositif permet aux opérateurs autres qu’EDF de lui acheter un certain volume à un prix cassé, à 42 euros du mégawattheure (MWh), afin de répercuter ce tarif sur la facture de leurs clients. Mais depuis fin 2021, l’ARENH n’a pas suffi à protéger les ménages de la flambée des cours sur le marché, liée entre autres, à la guerre en Ukraine, obligeant l’État à dégainer son fameux bouclier tarifaire.

Résultat : le tarif réglementé de vente (TRV) d’EDF avait augmenté de près de 100% l’année dernière, même si la hausse avait été artificiellement limitée par le gouvernement. Or, selon les calculs de Jacques Percebois, cette augmentation du TRV aurait été encore plus importante avec le nouveau système ! Selon l’économiste, celui-ci ne deviendrait plus avantageux que l’ARENH qu’à partir d’un prix de marché autour de 120 euros le MWh.

Par ailleurs, ce mécanisme interviendra ex post, c’est-à-dire qu’il ne changera rien au prix de l’électricité sur les marchés. Il s’assimilera plutôt à une sorte de bouclier tarifaire reversé a posteriori aux clients, en cas d’envolée des cours – sans pour autant pouvoir contrôler cette dernière.

« Ce qui m’inquiète, c’est que le consommateur ne saura pas combien il paie réellement. Chaque année, cela dépendra de ce que l’État met au pot pour réduire ses factures. Cela revient à pérenniser le bouclier tarifaire :  vous taxez 50% des revenus d’EDF, (qui est détenu à 100% par l’État), quelque part entre 78 et 80 euros du MWh. Mais le prix continuera quand même de se balader à ces niveaux-là ! », fait valoir Nicolas Goldberg.

Les industriels sont-ils satisfaits ?

La CLEEE, qui représente une multitude d’entreprises grandes consommatrices d’électricité dans les secteurs industriel et tertiaire, dénonce quant à elle « un grand pas en arrière pour les entreprises françaises ». Selon elle, le prix de 70 euros du mégawattheure, mis en avant par le gouvernement, ne correspond pas à la réalité.

« Je ne conteste pas le prix de 70 euros le mégawattheure. Si on devait payer ce prix-là, cela ne me choquerait pas, même s’il est beaucoup plus élevé que les 42 euros mis en place dans le cadre de l’Arenh. Mais, en réalité, nous allons payer beaucoup plus cher que ces 70 euros », s’inquiète Frank Roubanovitch, le président de la CLEEE.

L’association estime, par ailleurs, que ce nouveau mécanisme protégera moins bien les entreprises en cas de crise et, surtout, qu’il ne leur donnera pas la visibilité suffisante pour investir.

« Pour les prix d’électricité en 2026, nous ne connaîtrons que début 2027 le montant qui nous sera rétrocédé. Nous avancerons donc à l’aveugle, alors que nous aurions besoin de connaître vers mi-2025 les prix de l’électricité de 2026 pour établir notre budget, fixer nos propres prix de ventes. Cela va être très compliqué pour prendre des décisions d’investissements. Ce manque de visibilité est délétère pour les entreprises. Cela fait des semaines que je le répète », déplore-t-il.

Lire aussi : Prix de l’électricité nucléaire : les entreprises fustigent l’accord entre l’Etat et EDF

EDF pourra-t-il financer ses investissements ?

Lors des négociations entre EDF et l’État, la question d’intégrer ou non, dans le prix de l’électricité, une partie des dépenses à venir pour le renouvellement du parc s’est posée. C’était en tout cas l’option privilégiée par EDF, qui compte sur une rotation des flux de liquidités dégagés par ses installations existantes afin de « préparer l’avenir ». Et pour cause, la construction des six premiers EPR2 voulus par Emmanuel Macron devrait coûter entre 52 et 56 milliards d’euros, selon un rapport publié l’an dernier par le gouvernement. D’autant que l’électricité générée par les futurs réacteurs promet d’être chère, avec des estimations situées entre 80 et 100 euros le MWh.

Mais dans un rapport publié en septembre, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) estimait quant à elle que le coût d’un ruban d’électricité nucléaire ne dépassait pas les 57 euros par MWh, excluant du calcul le prix de financement des nouveaux réacteurs. Dans cette même ligne, le ministère de l’Économie et des finances estimait alors qu’il fallait traiter ce sujet « à part », et établir les futurs prix de l’électricité sans tenir compte de ces investissements futurs, au grand dam d’EDF. L’objectif : proposer des prix les plus bas possibles aux consommateurs.

Depuis, le discours a bien changé. Car le nouvel accord permet de « garantir » le « financement » des futurs réacteurs, a assuré mardi Bruno Le Maire. « EDF doit être rentable. Nous ne sommes pas en Union soviétique ! », a-t-il ajouté. Exit, donc, le calcul de la CRE et ses moins de 60 euros par MWh : un prix autour de 70 euros le MWh « correspond aux coûts de production totaux de l’électricité nucléaire en France », affirme désormais l’exécutif. Le consommateur devra donc payer pour financer les futurs EPR2.

L’accord est-il compatible avec les règles européennes ?

Il s’agissait d’un des principaux sujets évoqués ces derniers mois : le nouveau cadre de régulation des prix du nucléaire se devait d’être euro-compatible. C’était là tout le sens de la réforme du marché européen de l’électricité, portée par la France à Bruxelles. Car la Commission, le Parlement et le Conseil devaient approuver le recours à des mécanismes post-marché, dans un environnement qui favorise bien davantage la concurrence aux monopoles d’État.

Après de longues tractations, un compromis voté mardi 17 octobre par les pays membres autorise ainsi l’accès à des contrats à prix fixes garantis par l’État. Et gravé dans le marbre la possibilité pour les entreprises de nouer des contrats sur le long terme avec EDF, afin d’échapper autant que faire se peut à la volatilité du marché. « La plupart des pays autorisaient déjà ces mécanismes, mais ils s’apparentaient à des dérogations. Là, ils vont vraiment intégrer le marché », explique Nicolas Goldberg.

« L’accord a été défini pour correspondre aux règles européennes et éviter des difficultés avec la Commission sur la mise en œuvre », a affirmé mardi Bruno Le Maire, indiquant « poursuivre les discussions » sur le sujet.

Concrètement, le texte approuvé par les Vingt-Sept le 17 octobre, qui devra cependant être validé en trilogue, autorise notamment l’État à redistribuer aux consommateurs les profits d’EDF qu’il ponctionne. Par ailleurs, le mécanisme n’introduit pas de prix plancher en dessous duquel la puissance publique indemniserait EDF, évitant des distorsions de concurrence. Reste à savoir si d’autres points feront blocage, alors que l’exécutif bruxellois et certains États membres veillent au grain.

« Ce que je crains, ce n’est pas que la France possède des centrales nucléaires. Ce que je crains, c’est que l’exploitant des centrales nucléaires puisse proposer des prix bon marché, inférieurs à la valeur du marché », avait d’ailleurs clarifié le vice-chancelier allemand à l’Économie, Robert Habeck, en septembre. Aux côtés d’autres États, comme l’Autriche ou les Pays-Bas, son gouvernement avait ainsi martelé sa volonté d’introduire des « règles du jeu équitables » lors des discussions sur la réforme du marché.

« Je trouve le gouvernement léger sur cette question. Il y a un point de vigilance sur la part de marché d’EDF. Dans l’exposé d’aujourd’hui, l’égalité entre EDF et les autres fournisseurs n’est pas expliquée. Comment ceux-ci auront-ils accès à la capacité nucléaire ? C’est un point important à approfondir », estime pour sa part l’ancien président d’ArcelorMittal France Philippe Darmayan, à l’origine d’un rapport sur la régulation du nucléaire.

Quid des fournisseurs alternatifs ?

De nombreux points restent d’ailleurs en suspens pour ces fournisseurs alternatifs, qui achètent vendent de l’électricité mais n’en produisent pas toujours. Fatalement, ceux-ci n’auront plus accès à une partie de l’électricité nucléaire à 42 euros le MWh, comme c’était le cas avec l’ARENH. Dans ce cadre, ceux-ci sont invités à signer des contrats de fourniture directement avec EDF, pour s’approvisionner sur le moyen terme. Mais les plus petits d’entre peuvent-ils se permettre de négocier selon les mêmes conditions que les mastodontes du secteur ?

Par ailleurs, « ils ne pourront pas dire aux particuliers ce qu’ils vont payer, car cela dépendra de la taxation restituée au consommateur », souligne Nicolas Goldberg.  « On va connaître a posteriori le surplus de rémunération à distribuer en fonction des ventes d’EDF sur le marché dont on ne sait pas dans quelles conditions elles vont être faites. Cela rend les choses beaucoup plus compliquées », conclut Vincent Maillard, DG d’Octopus Energy.

Par Marine Godelier avec Juliette Raynal, publié le 14 novembre 2023 à 19h34

Photo en titre : Bruno Le Maire et Luc Rémont (Crédits : Reuters)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/prix-de-l-electricite-nucleaire-un-accord-aux-airs-d-usine-a-gaz-983186.html

NDLR : Facturer le nucléaire au consommateur selon un système qui s’apparente à « une usine à gaz » me semble un peu cocasse…

PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ NUCLÉAIRE, VERS UNE FACTURE PLUS SALÉE ?

L’État et EDF se sont accordés sur une hausse du prix de l’électricité nucléaire. Si les effets sur les consommateurs restent incertains, ils s’annoncent défavorables.

« Autour de 70 euros le mégawattheure (MWh). » Ce sera le nouveau prix de référence pour l’électricité d’origine nucléaire à partir de 2026, a annoncé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire le 14 novembre. Un tarif obtenu après d’âpres négociations entre EDF et le gouvernement. « Avec cet accord, nous avons réussi à trouver un équilibre vital entre la compétitivité de notre industrie, la visibilité et la stabilité pour les ménages et le développement d’EDF », s’est félicité le locataire de Bercy.

Avec à la clé, des conséquences importantes, tant pour les consommateurs que pour EDF et la construction de nouveaux EPR. Reporterre a essayé d’y voir plus clair.

Un prix qui inclut tout le nucléaire, actuel et à venir

EDF vend chaque année entre un quart et un tiers de la production de son parc nucléaire à ses concurrents au prix de 42 euros le MWh, par l’entremise de l’accès régulé au nucléaire historique (Arenh). L’électricien accuse ce dispositif d’être en partie responsable de ses difficultés financières, puisque ce prix serait inférieur à ses coûts de production évalués à 48,36 euros/MWh en 2020. La disparition de l’Arenh au 31 décembre 2025 offre ainsi l’occasion de définir un nouveau prix pour l’électricité nucléaire.

Chacun des acteurs a tenté de tirer la couverture à soi. EDF plaidait pour un prix légèrement inférieur à 100 euros/MWh. En septembre, la Commission de régulation de l’énergie (CRE, une autorité administrative indépendante française chargée de veiller au bon fonctionnement du marché de l’énergie) a évalué le coût de production du nucléaire entre 57 et 61 euros/MWh pour la période 2026-2040, en incluant le futur coût de production de l’EPR de Flamanville, mais sans tenir compte de ceux des six futurs EPR2.

Finalement, le prix de 70 euros/MWh permet « à la fois de couvrir de façon soutenable l’ensemble des coûts du nucléaire existant, ainsi que les investissements futurs, en particulier dans le programme nouveau nucléaire EPR2 », explique le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Cette évaluation a fait bondir l’association Consommation, Logement, Cadre de vie (CLCV) : « Ni l’État ni la CRE ne sont choqués par le fait qu’aux États-Unis et en Finlande, le prix du nucléaire est de l’ordre de 30 euros/MWh. Ils nous imposent le double en nous disant que tout cela est très objectif. »

Pour Greenpeace, ce nouveau prix est au contraire sous-évalué. « Il comprend l’électricité qui sera produite par l’EPR de Flamanville, dont le prix de production avait pourtant été évalué en 2020 par la Cour des comptes dans une fourchette de 110-120 euros/MWh. Notre rapport sur les coûts de l’électricité bas carbone évaluait d’ailleurs le prix de production du seul parc nucléaire existant à 72 euros/MWh, proche des 70 euros retenus pour le parc existant et l’EPR », a écrit l’ONG à Reporterre.

La facture des consommateurs augmentera-t-elle ?

Cet accord est censé protéger les consommateurs de prix de l’électricité trop élevés. Pour l’heure, difficile de savoir si ce sera réellement le cas, tellement le mécanisme présenté par le gouvernement a des airs d’usine à gaz. Les observateurs interviewés par Reporterre en doutent fortement.

Dans une économie de marché, le prix de vente ne reflète pas seulement le coût de production ; il dépend aussi de l’offre et de la demande à un instant donné. C’est pourquoi le gouvernement a été obligé de mettre en œuvre un bouclier tarifaire en 2022 et 2023, pour pallier la flambée des prix de l’électricité due à l’indisponibilité historique du parc nucléaire français et des difficultés européennes d’approvisionnement en gaz causées par la guerre en Ukraine. Coût de l’opération, 40 milliards d’euros sur deux ans, a rappelé le ministre de l’Économie.

Le montant de la facture reste incertain avec ce nouveau mécanisme de redistribution. Ici, la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche). Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0 Deed/Maarten Sepp

Pour garantir aux consommateurs, particuliers comme industriels, un prix moyen de l’électricité nucléaire de 70 euros/MWh sur quinze ans à partir de 2026, le gouvernement et EDF ont décidé d’appliquer un mécanisme de redistribution. À chaque fois qu’EDF vendra son électricité nucléaire à un prix compris entre 78,80 et 110 euros/MWh, son gain sera taxé à hauteur de 50 % ; puis à 90 % au-delà de 110 euros/MWh. Cette rente sera ensuite « redistribuée automatiquement et directement aux consommateurs », a expliqué Agnès Pannier-Runacher.

Ce mécanisme de redistribution laisse les observateurs perplexes. « Avec ce système, on ne saura pas combien on paiera l’électricité l’année suivante. Ça dépendra de ce que l’État a collecté et peut redistribuer sous forme de bouclier tarifaire. C’est un mécanisme compliqué et difficilement lisible », juge Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting et Terra Nova.

Quant à Anne Debregeas, ingénieure chercheuse à EDF et membre de Sud énergie, elle ne voit tout simplement pas comment le prix cible de 70 euros/MWh peut être atteint, « sachant que les prix du marché sont depuis bien longtemps au-delà de 80 euros/MWh, et qu’ils étaient même à 140 euros/MWh il y a peu ».

Une redistribution « inadmissible »

Elle dénonce aussi un changement de doctrine forcément défavorable aux consommateurs, puisqu’ils ne paieront plus seulement à hauteur des coûts de production du nucléaire existant — le principe de l’Arenh — mais aussi pour la construction des nouveaux EPR. Enfin, « ils ne précisent pas comment ce prix va être répercuté au consommateur ni comment il va s’intégrer au calcul du tarif réglementé de vente. C’est hyper flou », explique-t-elle.

La CLCV, elle, dénonce un mécanisme « inadmissible […] qui augmentera injustement la facture des ménages de plus de 10 % », sans détailler le calcul qui lui permet d’arriver à ce résultat.

D’autres dispositifs ont été annoncés : le maintien du tarif réglementé de vente pour les particuliers et les petites entreprises, ainsi que son extension aux très petites entreprises de moins de dix personnes et de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires « quel que soit leur niveau de consommation électrique » (et plus seulement celles qui consommaient moins de 36 kilovolts ampères) ; et, pour les entreprises industrielles, des contrats à long terme « de l’ordre de dix ans », contre deux à trois ans actuellement, a précisé Bruno Le Maire.

Tout cela est censé inciter EDF à proposer des contrats à des prix inférieurs à 78,80 euros/MWh, tout en donnant davantage de visibilité aux industriels et en lissant leurs dépenses électriques sur du long terme. Là encore, les modalités exactes de ces contrats doivent être définies par EDF.

Ce nouveau prix permettra-t-il de financer la relance du nucléaire ?

Comme l’a dit Agnès Pannier-Runacher, ce nouveau prix est censé permettre à EDF d’éponger sa dette — 65 milliards d’euros — et de financer six nouveaux EPR. À condition que l’électricien arrive à faire tourner son parc à plein régime.

« C’est un accord exigeant, a commenté le PDG du groupe Luc Rémont lors du point presse. C’est-à-dire que pour être capable de dégager les [20 à 25 milliards d’investissements par an pour renouveler le parc], il nous faut effectivement produire plus. » Objectif, atteindre 360 à 400 TWh — contre 279 TWh en 2022, le plus bas niveau jamais atteint par EDF à cause des problèmes cumulés de corrosion sous contrainte et de retards de maintenance.

Autre question en suspens : et si le prix de l’électricité s’effondrait bien en dessous des 70 MWh, quid des capacités de financement d’EDF ? Dans ce cas-là, il ne couvrirait plus ses coûts de production nucléaire et n’aurait plus les moyens d’investir par ce biais. « EDF n’a aucun filet de sécurité. Mais c’était un risque qu’il était prêt à prendre », observe Nicolas Goldberg.

Le débat n’est pas clos. « Nous avons prévu de nous retrouver dans six mois, a annoncé Bruno Le Maire. […] Bien entendu, cet accord sera mis en consultation auprès des associations de consommateurs, de fournisseurs, des industriels et de tous les acteurs du marché pour une consultation publique, auxquels les parlementaires seront associés. » Les débats promettent d’être encore animés d’ici la mise en place de ce nouveau dispositif dans deux ans.

Par Émilie Massemin, publié le 15 novembre 2023 à 14h26, mis à jour le 16 novembre 2023 à 09h51

Photo en titre : Centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir et Cher), en août 2023. – © Noémie Coissac / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

https://reporterre.net/Prix-de-l-electricite-nucleaire-vers-une-facture-plus-salee

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INNOVATION NUCLÉAIRE EN ARCTIQUE : L’ALLIANCE ROSATOM-NORNICKEL

Au cœur de cette collaboration entre Rosatom et Nornickel se trouve la nécessité de répondre à la demande croissante d’électricité au-delà de 2030 dans la région industrielle de Norilsk. Cette demande accrue découle du développement continu de la région de Norilsk, qui nécessite une source d’énergie fiable et durable pour soutenir sa croissance économique.

Les détails de l’accord

L’accord signé par le Directeur Général de Rosatom, Alexei Likhachev, et le Président de Nornickel, Vladimir Potanin, explore diverses possibilités pour répondre à ces besoins énergétiques. Il envisage notamment la construction de centrales nucléaires et l’infrastructure nécessaire pour les exploiter. Une des options privilégiées pourrait être la mise en place d’une petite centrale modulaire (SMR) basée sur l’unité réacteur RITM-400 de dernière génération. Cette collaboration vise à permettre à Nornickel d’accéder à des technologies énergétiques avancées et à explorer le développement de centrales nucléaires à faible puissance dans les régions éloignées de la Russie.

Perspective sur l’avenir énergétique de la région de Norilsk

Selon Likhachev, les projets de Rosatom offrent des sources d’électricité fiables avec des tarifs prévisibles à long terme, ce qui les rend attrayants pour de grands consommateurs industriels. De plus, l’énergie nucléaire, en raison de l’absence d’émissions de CO2 lors de la production d’électricité, s’aligne parfaitement avec l’accent mis sur la durabilité environnementale dans la région de Norilsk. Cela signifie que de telles solutions énergétiques sont en demande pour les grands consommateurs industriels.

La société Norilsk-Taimyr Energy, une filiale du groupe Norilsk Nickel, exploite le système énergétique de la région éloignée de Norilsk, qui se trouve dans le cercle arctique, au nord de la Russie, et compte plus de 170 000 habitants.

L’accord entre Rosatom et Nornickel représente une avancée significative dans la résolution des besoins énergétiques futurs de la région industrielle de Norilsk. L’exploration de la possibilité de centrales nucléaires et de technologies énergétiques avancées témoigne de l’engagement à fournir des sources d’énergie durables et fiables pour soutenir le développement économique de la région.

Publié le mercredi 15 novembre 2023

Photo en titre : Nouveau partenariat entre Rosatom et Norilsk Nickel pour un projet de centrale nucléaire innovante, promettant un avenir énergétique plus propre et durable.

https://energynews.pro/innovation-nucleaire-en-arctique-lalliance-rosatom-nornickel/

NDLR : Comme disait Coluche : « Mais jusqu’où s’arrêteront-ils ? »

COP28 : FRANCE, USA, ROYAUME-UNI ET D’AUTRES PAYS VONT APPELER À TRIPLER LE NUCLÉAIRE D’ICI 2050

La France et cinq autres pays espèrent engager une quarantaine de pays à appeler à tripler les capacités de production nucléaire d’ici 2050 pour limiter le réchauffement climatique, lors de la COP28 à Dubaï, a annoncé mercredi à l’AFP le ministère français de la Transition énergétique.

« La France est à l’origine de cette proposition«  poussée par cinq pays – Royaume-Uni, États-Unis, Suède, Corée du Sud et les Émirats arabes unis, pays hôte de la conférence climatique de l’ONU, a indiqué le cabinet de la ministre Agnès Pannier-Runacher.

« La déclaration s’inscrit dans la stratégie de relance du nucléaire portée par la ministre en Europe et dans le monde« , a-t-il souligné.

La déclaration sera dévoilée le 2 décembre, au début de la COP28, lors d’un événement où est annoncée la présence « probable » du président français Emmanuel Macron en clôture et celles d’autres dirigeants mondiaux, selon le ministère.

Le texte vise à promouvoir trois messages : le triplement des capacités de production nucléaire d’ici 2050, le rôle du nucléaire dans la transition énergétique, et un appel à la Banque mondiale et aux banques de développement à faire des efforts pour financer le nucléaire, « ce qu’elles ne font pas aujourd’hui« .

« L’un des grands messages que la ministre souhaite porter à la COP28 (…) c’est qu’on n’arrivera pas à respecter la limitation du réchauffement planétaire à +1,5°C sans la contribution nucléaire« , a souligné le ministère, en référence à l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris sur le climat.

Le groupe va inviter tous les pays nucléarisés et les autres qui souhaitent construire des réacteurs, à rejoindre cette déclaration, soit « à peu près 40 pays« , à l’exception d’un acteur de premier plan, la Russie et son alliée biélorusse. La Chine, qui a contribué pour moitié aux 10 chantiers nucléaires lancés dans le monde en 2022, fait toutefois partie des pays ciblés.

Les grandes agences de l’énergie prévoient toutes un net essor des capacités de production nucléaire pour atteindre la neutralité carbone en 2050 : l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) tablent au moins sur un doublement et l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) sur un triplement.

La France, pays le plus nucléarisé au monde par habitant (56 réacteurs pour 68 millions d’habitants), est devenue le fer de lance européen de la relance de l’atome, à la tête d’une « alliance européenne du nucléaire » de 16 pays.

« C’est la première fois qu’il y aura des messages forts sur le nucléaire dans une COP« , assure le ministère.

Par AFP et CDE, publié le 15 novembre 2023 à 17h33

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/cop28-france-usa-royaume-uni-et-dautres-pays-vont-appeler-tripler-le-nucleaire-dici-2050-231115

NDLR : Que ne ferait-on pas pour pouvoir continuer à hyperconsommer (enfin, pour les riches des pays riches) ! Pauvre planète et pauvres humains qui nous succéderont…

RASSEMBLEMENT TRANSFRONTALIER À GENÈVE : « NON À LA CONFISCATION DES EAUX DU RHÔNE POUR LE NUCLÉAIRE ! »

Communiqué commun de Sortir du Nucléaire Suisse Romande, Sortir du Nucléaire Bugey, Sortir du nucléaire Isère, ContrAtom, Réseau « Sortir du nucléaire » et Nie Wieder Atomkraftwerke

Communiqué du 15 novembre 2023

Le rassemblement transfrontalier au barrage du Seujet en ville de Genève a rassemblé une vingtaine de représentants d’associations et d’élus de Suisse et de France. Ils et elles marquent leur opposition ferme de voir le débit du Rhône en aval de Genève régulé à l’avenir dans l’intérêt de l’industrie nucléaire française.

L’Accord franco-suisse sur la régulation du lac Léman que les chefs d’État tenteront de modifier à Berne est un enjeu de sécurité collective. Le Président français, qui souhaite installer deux nouveaux réacteurs nucléaires au Bugey (Ain), vient demander un débit suffisant lors des futures sécheresses pour répondre aux besoins disproportionnés d’eau de refroidissement pour ses centrales le long du Rhône côté français  [1]. Cette industrie accapare le tiers des ressources en eau des rivières françaises. La forte baisse annoncée de débit du Rhône [2] due à des sécheresses doit nous faire prioriser l’usage du Rhône pour l’agriculture et le réseau d’eau potable, pas pour le nucléaire. Les associations rassemblées au Seujet ce 15 novembre s’unissent pour dire : pas de collaboration entre capitales pour sauver les erreurs industrielles du gouvernement français !

« Les sécheresses à venir doivent nous faire prioriser l’irrigation et les réseaux d’eau potable sur le nucléaire dangereux, remplaçable et incompatible avec un climat plus sec et des débits de rivières réduits. » Delphine KLOPFENSTEIN-BROGGINI Conseillère nationale genevoise, auteure d’une question au Conseil fédéral sur le sujet.

« À cause de l’entêtement nucléaire du gouvernement, l’eau du Rhône va bientôt manquer pour répondre aux besoins vitaux. Un accord sur le Rhône : oui, mais pas en faveur du nucléaire ! » Jean-Pierre BURNET Conseiller municipal d’Allinges, Haute-Savoie.

📷 Photos et interviews libres d’accès. Mentionner : ©f.choffat 

Contacts presse :

  • Philippe de Rougemont – Sortir du Nucléaire Suisse Romande
  • Joël Guerry – Sortir du Nucléaire Bugey

Notes

[1] La France exploite 14 réacteurs nucléaires sur 4 sites sur les rives du Rhône, dont celui du Bugey à 70 km de Genève

[2] Étude française de l’impact du réchauffement climatique sur les eaux du Rhône et Arve :  https://www.rhone-mediterranee.eaufrance.fr/axe-rhone/gouvernance-franco-suisse-des-eaux-du-bassin-versant-du-rhone

Publié le 15 novembre 2023

https://www.sortirdunucleaire.org/Rassemblement-transfrontalier-a-Geneve-Non-a-la-58762

2% AU LIEU DE 43% : L’ONU ALERTE SUR LA TRAJECTOIRE DE RÉDUCTION DES ÉMISSIONS MONDIALES

À deux semaines de la plus importante COP depuis l’accord de Paris, l’humanité continue le « hors-piste« : selon l’ONU, les engagements actuels des pays mènent à 2% de baisse des émissions entre 2019 et 2030, au lieu des 43% préconisés pour limiter le réchauffement à 1,5°C.

Cette conclusion, établie par un rapport publié mardi, montre que les gouvernements doivent passer des « petits pas » aux « pas de géants lors de la COP28« , a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC).

Cette 28ème conférence des Nations unies sur le climat, du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, « doit être un véritable tournant » car « nous sommes hors piste » et « chaque fraction de degré compte« , a exhorté M. Stiell dans un message vidéo

« Le rapport publié aujourd’hui montre clairement que chaque fraction de degré compte, mais que nous sommes hors-piste« , a ajouté le leader onusien originaire de l’île de la Grenade.

« Des progrès centimètre par centimètre ne feront pas l’affaire« , a abondé le chef de l’ONU, Antonio Guterres, dans un communiqué. « Le temps est venu d’une supernova de l’ambition climatique dans chaque pays, ville, secteur« , a-t-il ajouté.

Le nouveau rapport est la synthèse annuelle des derniers engagements de réduction des émissions – appelés « contribution déterminée au niveau national » (NDC) – pris par les 195 signataires de l’accord de Paris de 2015, dont la COP28 doit établir le premier bilan officiel et, si possible, apporter les premiers correctifs.

Le rapport prend en compte 20 nouvelles NDC (inédites ou révisées) soumises depuis un an (Mexique, Turquie, Égypte, EAU, Norvège, etc…) mais pas l’actualisation des 27 pays européens ou du Brésil, soumises depuis octobre.

– Pic d’ici 2025 –

L’accord de Paris de 2015 fixe l’objectif de limiter le réchauffement moyen de la planète « nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels« , quand l’humanité a commencé à exploiter à grande échelle les énergies fossiles responsables des émissions de gaz à effet de serre, « et si possible à 1,5°C« .

Mais pour avoir 50% de chances de contenir le réchauffement mondial du climat à 1,5°C, les émissions mondiales doivent baisser de 43% d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2019, selon le dernier rapport du Giec, les experts mandatés par l’ONU.

Ces émissions doivent atteindre un pic d’ici à 2025, non seulement pour espérer limiter le réchauffement à 1,5°C mais aussi à 2°C ou 2,5°C, selon le Giec.

Dans son dernier rapport, le Giec estimait à 500 Gigatonnes (Gt) d’équivalent CO2 la quantité de gaz à effet de serre restant à émettre pour atteindre 1,5°C de réchauffement climatique, soit environ 12 années d’émissions mondiales actuelles.

Selon une récente réévaluation des scientifiques, ce budget carbone ne serait finalement que de la moitié, 250 Gt de CO2e, soit six années environ.

Le rapport publié mardi, « conformément aux conclusions de l’an dernier, indique que si les émissions n’augmentent plus après 2030 par rapport aux niveaux de 2019, elles n’affichent toujours pas la baisse rapide jugée nécessaire par la science dans cette décennie« , souligne l’ONU Climat.

En septembre, le premier bilan technique de l’accord de Paris, réalisé sous l’égide de l’ONU Climat pour préparer le bilan négocié par les États à la COP28, avait souligné la nécessité de sortir des énergies fossiles, d’accélérer dans les renouvelables et de débloquer les mécanismes financiers pour la transition et le développement.

Ce bilan de l’accord de Paris à la COP28 sera un préalable important à la révision obligatoire des NDC d’ici 2025 et la COP30 prévue au Brésil.

Lors de la COP26 en 2021 à Glasgow, les signataires de l’accord s’étaient engagés à réviser les NDC annuellement – au lieu de tous les cinq ans – mais seule une minorité d’entre eux l’ont fait depuis.

Par CDE et AFP, publié le 14 novembre 2023 à 12h23

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/2-au-lieu-de-43-lonu-alerte-sur-la-trajectoire-de-reduction-des-emissions-mondiales-de-gaz-effet-de-serre-231114

POURQUOI L’ÉTAT PAYERA L’ÉLECTRICITÉ NUCLÉAIRE PRESQUE DEUX FOIS PLUS CHER D’ICI À 2026

Le prix de l’électricité nucléaire va passer de 42 euros en 2023 à 70 euros en 2026. Si la répercussion sur le tarif du citoyen devrait être limitée, le prix de l’électricité augmentera de 10% en 2024.

Après de très longues négociations, l’État et EDF sont parvenus à un accord sur le prix de l’électricité nucléaire : dès 2026, le Mégawattheure coûtera 70 euros, contre 42 euros à l’heure où sont écrites ces lignes. C’est presque deux fois le tarif actuel.

Pourquoi une telle hausse ?

D’abord, car c’est plus proche de ce que coûte réellement à EDF la production de l’électricité nucléaire. Deuxième raison, l’entreprise a désespérément besoin d’argent pour investir, ne serait-ce que dans les six réacteurs EPR qu’a commandés l’État. De plus, EDF est très endetté, avec quasiment 65 milliards d’euros de dettes. D’ailleurs, à l’origine, l’entreprise voulait beaucoup plus augmenter le prix. 

Cette hausse ne concerne pas la totalité de ce que payent les utilisateurs, puisque seule l’électricité nucléaire est concernée, et non le gaz par exemple. Par ailleurs, le gouvernement vise la stabilité des factures, avec un nouveau système de taxation. Concrètement, quand les prix vont dépasser celui qui a été fixé aujourd’hui, l’État taxera les revenus d’EDF et les redistribuera aux consommateurs pour limiter la casse, afin d’empêcher les factures d’exploser. 

C’est la grande nouveauté de ce système qui entre en vigueur en 2026. D’ici là, les prix vont grimper : en 2024, ce sera d’environ 10%, par exemple.

Par Nathan Bocard, édité par Mathieu Terzaghi, publié le 14/11/2023 à 15h04

Photo en titre : Une centrale nucléaire (illustration), crédit : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/pourquoi-l-etat-payera-l-electricite-nucleaire-presque-deux-fois-plus-cher-d-ici-a-2026-7900320503

NDLR : Ne vous a-t-on pas toujours expliqué que l’électricité nucléaire était la moins chère à produire ? Ou bien c’est vrai et il n’y a pas besoin de cette phénoménale augmentation de son prix de vente, ou bien c’est faux et dans ce cas ce serait la preuve que les gouvernements nous ont menti depuis des décennies. À vous de juger ! Je penche personnellement pour cette dernière possibilité car comment expliquer cette phénoménale dette d’EDF de 65 milliards ?

MENACES SUR L’IRSN : LA DÉMOCRATIE ENVIRONNEMENTALE N’EST PAS EN OPTION !

Après l’échec à l’Assemblée nationale en mars dernier de la tentative d’intégrer au cours des débats sur le projet de loi dit « pour accélérer le nucléaire », la fusion de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), on aurait pu penser que le gouvernement en tirerait quelques leçons de démocratie environnementale.  Tout indique qu’il entend au contraire en contourner encore davantage les principes.

Il annonce en effet un projet de loi de création d’une nouvelle autorité de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. Si cette fois le gouvernement ne pourra se dispenser de l’obligation constitutionnelle d’étude d’impact, il a déjà saisi au vol la conclusion d’un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) pour étayer la soi-disant nécessité d’une fusion IRSN-ASN. Pourtant, ce rapport de l’OPECST, transmis à ses membres le jour même de sa mise au vote en juillet après des auditions à huis clos menées par deux rapporteurs, n’appuie pas sa conclusion en ce sens sur un diagnostic du système dual actuel et n’envisage pas les conséquences d’une moindre transparence de l’expertise avant une décision en matière de sûreté nucléaire.

En réalité, le gouvernement cherche avant tout à mettre fin à la publication des avis de l’IRSN préalablement aux décisions de l’ASN. Pourtant, la démocratie environnementale permet une meilleure prise en compte de la sûreté nucléaire lorsque de nouvelles infrastructures, de nouvelles technologies sont développées et n’est nullement une entrave à la politique industrielle. L’expertise et la recherche à ce sujet doivent contribuer à l’information du public, indissociable en démocratie de la préservation de l’environnement, et imposée par l’article 7 de la Charte de l’environnement, à valeur constitutionnelle.

Loin de ces considérations, le gouvernement a laissé libre cours à un jeu de pressions et de divisions dans la filière nucléaire.

La mobilisation importante des salariés de l’IRSN contre la fusion avec l’ASN, notamment par la grève et les manifestations, est suivie de représailles. Certains salariés de l’IRSN cherchant un emploi dans d’autres structures de la filière se sont vus interdits d’embauche ces derniers mois, une pratique illégale. Le gouvernement tente en outre de contourner l’intersyndicale, à travers la consultation directe des salariés. Ces intimidations et ces manœuvres doivent cesser ! Le gouvernement doit accepter un débat ouvert sur les conséquences de son projet, quand bien même il lui serait défavorable. C’est aussi cela, la démocratie environnementale et sociale.

Communiqué co-signé par : Les Amis de la Terre France, Attac France, l’Association pour l’emploi sans carbone, Global Chance, Greenpeace France, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Notre affaire à tous.

Publié le 15 novembre 2023 

https://www.greenpeace.fr/espace-presse/menaces-sur-lirsn-la-democratie-environnementale-nest-pas-en-option/

L’UFC-QUE CHOISIR DÉNONCE UN ACCORD DE MARCHANDS DE TAPIS NÉGOCIÉ DANS L’OMBRE

Alors que l’UFC-Que Choisir demande depuis de nombreuses années d’impliquer les associations de consommateurs dans l’élaboration du nouveau cadre de régulation du marché de l’électricité, le gouvernement est resté fidèle à sa tradition de non-prise en compte des demandes formulées par la société civile en négociant dans l’ombre à la fois les contours de la prochaine régulation de ce marché et le prix du nucléaire.

Notre association dénonce en conséquence les annonces gouvernementales du jour qui font peser un risque inflationniste injustifié sur les factures d’électricité des ménages, exige que le nouveau tarif du nucléaire soit dûment objectivé, et agira en tout état de cause par tous les moyens pour assurer aux consommateurs le bénéfice de tarifs de l’électricité compétitifs.

Une nouvelle régulation scandaleusement négociée dans l’ombre

Il y a plus de 2 ans, et face à une organisation du marché de l’électricité à bout de souffle, l’UFC-Que Choisir appelait à sa réforme complète et formulait des propositions concrètes de nature à assurer aux consommateurs de bénéficier de prix en lien non pas avec les prix explosifs de l’électricité sur les marchés internationaux, mais avec les coûts de production de l’électricité en France (1). Notre demandions alors « la mise en place d’un débat public sur le devenir de cette régulation, sur la base d’une transparence sur les coûts réellement supportés par EDF pour produire son électricité d’origine nucléaire ».

Avec plusieurs associations de consommateurs, l’UFC-Que Choisir a par la suite réitéré à de nombreuses reprises cette demande auprès du gouvernement. Alors qu’il nous indiquait, encore dernièrement, que les représentants des consommateurs seraient pleinement impliqués dans les discussions autour d’une nouvelle régulation du marché de l’électricité, il agissait en réalité dans l’ombre pour trouver un accord avec EDF. Alors que les consommateurs sont les principaux intéressés par l’organisation ayant un impact direct sur leurs factures, il est inacceptable que le gouvernement veuille leur en imposer une nouvelle, d’autant plus que le gouvernement est juge et partie, puisque EDF est désormais une entreprise 100 % publique.

Une hausse de 66 % du tarif du nucléaire, sans aucune objectivation

Le prix cible de 70 €/MWh de la production du nucléaire annoncé aujourd’hui ressemble à s’y méprendre au fruit d’une pathétique négociation de marchands de tapis. Si en fonction de paramètres fluctuant la Commission de régulation de l’énergie (CRE) – dans des rapports souvent confidentiels heureusement mis à la connaissance du grand public via des fuites dans la presse – estimait tantôt ce prix aux alentours de 50 €/MWh, tantôt autour de 60 €/MWh, EDF exigeait initialement de son côté un tarif plus proche de 100 €/MWh, puis de 75 €/MWh. Le gouvernement a beau jeu aujourd’hui d’indiquer que le prix retenu est moins-disant que la demande d’EDF. En quoi le prix de 70 €/MWh (qui correspond tout de même à une hausse de 66 % par rapport à l’actuel prix régulé du nucléaire) est objectivé à partir des coûts réellement supportés par EDF pour produire de l’électricité ? En rien.

Ce prix inclut-il une participation des consommateurs aux investissements futurs d’EDF dans le nucléaire ? Si oui, quel montant, sur la base de quelles hypothèses, et avec quelles garanties que l’électricien ne fera pas déraper les délais et les coûts de construction des nouvelles centrales, comme c’est actuellement le cas pour l’EPR de Flamanville ? Autant de questions auxquelles il aurait fallu répondre avant de fixer le prix du nucléaire, en impliquant non seulement les organisations de consommateurs mais également les parlementaires, représentants des citoyens. Cette défaillance dans la prise de décision publique traduit une nouvelle fois une faille béante dans l’organisation de nos institutions.

Pour le futur du marché de l’électricité, le gouvernement bâtit une usine à gaz !

Au-delà du prix du nucléaire qu’a obtenu EDF, le fonctionnement global de la nouvelle régulation du marché promue par le gouvernement ressemble à s’y méprendre à une usine à gaz. Si le maintien du tarif réglementé de vente a été annoncé, ses règles de calculs demeurent encore secrètes aujourd’hui, et rien ne garantit qu’il s’agira d’un tarif représentatif des coûts de production de l’électricité en France, d’autant plus que le prix de nucléaire de 70 €/MWh ne serait pas fixé et imposé à EDF, mais serait un simple objectif assigné au fournisseur historique.

En réalité, c’est en grande partie via un système de redistribution ex-post des bénéfices générés par EDF liés à la vente sur les marchés internationaux de son électricité nucléaire que les consommateurs pourraient bénéficier d’un tarif décorrélé des prix de marché. Mais est-ce que tous les consommateurs bénéficieraient de cette redistribution ? Rien n’est moins sûr, et il existe aujourd’hui un réel risque qu’une telle redistribution soit inégalitaire et que de nombreux ménages pourtant aujourd’hui fortement affectés par l’inflation ne bénéficient pas de la rente nucléaire.

Par l’UFC-que choisir, publié le 14 novembre 2023

Photo en titre : © olrat – stock.adobe.com

https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-marche-de-l-electricite-l-ufc-que-choisir-denonce-un-accord-de-marchands-de-tapis-negocie-dans-l-ombre-n113370/

L’ÉTAT ET EDF METTENT FIN À LEUR BRAS DE FER ET TROUVENT UN ACCORD SUR LE PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ NUCLÉAIRE

Après des mois de négociations tendues, l’État et EDF ont annoncé ce mardi un accord sur les prix de l’électricité qui seront fixés à 70 euros le mégawattheure, soit un prix beaucoup moins élevé que celui du marché de gros. Le gouvernement a, en parallèle, annoncé que le tarif réglementé sera étendu à toutes les très petites entreprises dès 2026.

Enfin. Après des mois de négociations tendues, l’État et EDF ont annoncé un accord sur les prix de l’électricité ce mardi 14 novembre. Réunissant le PDG d’EDF, Luc Rémont, le ministère de l’Économie, Bruno Le Maire, et la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, une rencontre s’est tenue ce matin. À l’issue de celle-ci, l’exécutif et l’énergéticien ont détaillé le nouveau modèle de régulation des prix de l’électricité nucléaire, alors que le mécanisme actuel de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) va s’arrêter fin 2025.

Dans le détail, un accord a été déniché sur un prix de vente moyen de l’électricité nucléaire « autour de 70 euros » le mégawattheure (MWh) a affirmé le locataire de Bercy ce mardi. Un prix de référence proche des coûts de production nucléaire d’EDF comme le souhaitait le gouvernement, évalués autour de 70-75 euros, et à 60 euros par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui ne couvrait que le parc nucléaire actuel et excluait les 6 nouveaux réacteurs que l’exécutif veut construire.

Lire aussi : Une démission de Luc Rémont : le scénario perdant qui inquiète l’État et EDF

« Avec cet accord, nous avons réussi à trouver un équilibre vital entre la compétitivité de notre industrie, la visibilité, la stabilité pour les ménages et le développement d’EDF », a commenté le ministre, promettant une « protection permanente » du consommateur sur les prix de l’électricité.

Pour arriver à ce prix moyen de 70 euros, l’État va taxer la quasi-totalité des revenus générés par EDF dès lors qu’il vendra son électricité sur le marché de gros au-delà de 110 euros. Objectif affiché : les redistribuer aux consommateurs.

Préserver la compétitivité des entreprises

Alors que l’électricité s’échange aujourd’hui autour de 120 euros le MWh pour livraison début 2025, ce prix de 70 euros est censé préserver la compétitivité de l’industrie française (en négociant des prix inférieurs) et ménager les factures des particuliers. « Pour les entreprises, cet accord préserve nos atouts de compétitivité », a notamment affirmé le ministre. Point important, dans l’optique de préserver ces dernières des fluctuations du prix de l’électricité sur le marché de gros, Bruno Le Maire a aussi précisé que le tarif réglementé sera étendu à toutes les très petites entreprises dès 2026.

« Toutes les entreprises de moins de dix personnes et de moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires auront droit à un tarif régulé, quel que soit leur niveau de consommation électrique. Il n’y aura donc plus de seuil à 36 kilovoltampères (kVA) », a fait valoir le ministre.

Jusqu’ici, les TPE les plus consommatrices d’énergie – à l’image des artisans-boulangers – qui étaient alimentées pour une puissance supérieure à 36 kVA n’avaient pas accès à ce tarif. Soulignant l’électrification massive des usages, Bruno Le Maire a indiqué qu’il était « indispensable pour le consommateur d’avoir de la stabilité des prix », assurant qu’elle serait « garantie » par ce nouvel accord, lequel permettra « aussi de garantir à nos compatriotes le financement de nos investissements futurs, en particulier dans les nouveaux réacteurs nucléaires ».

Cet accord permet ainsi, selon le gouvernement, de préserver les capacités d’investissement d’EDF, lesté d’une dette abyssale de 65 milliards d’euros, estimées à 25 milliards d’euros par an au cours des prochaines années. Pour autant, ce prix moyen est très éloigné des positions de départ d’EDF. Ce dernier poussait en effet pour un prix proche de 100 euros, il y a encore quelques semaines. Un bras de fer qu’a reconnu le ministre de l’Économie, confirmant que ces négociations entre EDF et son actionnaire unique « ont été longues, parfois difficiles, mais elles ont abouti ».

Taxer les revenus générés

Cette régulation, qui permet aux pouvoirs publics de garder « le contrôle de ce marché » comme l’a annoncé récemment Emmanuel Macron, va compléter deux outils qui permettront à EDF de faire face au mur d’investissements.

. L’un consiste à nouer des contrats de long terme avec de gros industriels énergivores.

. L’autre, expérimenté par EDF, permet de vendre sur les marchés de gros des lots d’électricité en avance à ses propres concurrents fournisseurs d’électricité alternatifs.

Lancées en septembre, des enchères ont fait ressortir des prix de 77 euros le MWh pour livraison 2027 et de 83 à 85 euros le MWh pour 2028. « Ce ne sont plus du tout des prix de guerre », a expliqué vendredi Luc Rémont au Sénat, en référence à la flambée des prix de l’électricité liée à la guerre en Ukraine, avec des pics à 1.000 euros le MWh en août 2022 sur le marché de gros.

Par latribune.fr, avec AFP, publié le 14 novembre 2023 à 7h50, mis à jour à 11h47

Photo en titre : Un accord a été déniché sur un prix de vente moyen de l’électricité nucléaire « autour de 70 euros » le mégawattheure (MWh) a affirmé le locataire de Bercy, Bruno Le Maire, ce mardi. (Crédits : YVES HERMAN)

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RÉFORME SÛRETÉ NUCLÉAIRE : LE PERSONNEL DE L’ASN SERA ASSOCIÉ, SELON LA DIRECTION

Le personnel de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sera informé, et associé, au projet de réforme de la sûreté nucléaire, a assuré lundi la direction de l’Autorité, répondant aux représentants des salariés, qui déplorent un « manque de transparence« , sur une réforme que le personnel « ne comprend toujours pas« .

« Notre souci est d’informer les personnels », a dit à l’AFP Daniel Delalande, directeur général adjoint de l’ASN, chargé des Affaires générales.

« C’est un projet structurant qui suscite beaucoup d’interrogations. Les représentants du personnel nous ont fait part de leurs inquiétudes, on comprend leurs questionnements, mais nous sommes en train de poser des éléments pour y répondre« , a-t-il déclaré.

Dans un contexte de relance du nucléaire en France, le gouvernement souhaite fusionner le gendarme des centrales, l’ASN, avec l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), l’expert du sujet.

Selon M. Delalande, « quand le projet de loi a été diffusé (le 6 novembre, NDLR), nous avons créé sur notre site intranet une page dédiée, avec le projet et des réponses à certaines questions« .

« Nous discutons avec les syndicats de l’ASN et de l’IRSN pour établir une commission de concertation. Nous espérons finaliser cela avant la fin du mois de novembre et engager les premières réunions« , a-t-il ajouté.

Selon lui, les représentants vont aussi devoir rendre un avis sur le projet de loi d’ici le 29 novembre via un conseil social d’administration exceptionnel de l’ASN.

Jeudi, ils ont interpellé le président de l’ASN, qui soutient le projet, déplorant de ne pas être « associés à la construction de la future autorité« , dans une déclaration lue en ouverture d’un conseil social d’administration.

L’UNSP-FO, seul syndicat représentatif, a lancé une enquête auprès des 500 salariés de l’Autorité. Les premières réponses, couvrant plus d’un tiers de l’effectif, montrent « 54% d’agents défavorables » au projet: « de nombreuses inquiétudes ont été exprimées par les agents et elles portent notamment sur les risques de désorganisation« , dit la déclaration, consultée par l’AFP.

Les agents ont en outre découvert dans le projet l’annonce de mesures salariales en faveur des salariés issus de l’IRSN, mais pas des fonctionnaires de l’ASN, explique Kalilou Thiam, représentant FO.

L’intersyndicale de l’IRSN (près de 1.800 salariés) est pour sa part très remontée contre ce projet, comme des experts ou des élus, au nom de l’indépendance de l’expertise qu’incarne le système dual ASN/IRSN, né dans les années 2000 des leçons de Tchernobyl.

Le projet de loi devrait arriver au parlement en début d’année.

Par AFP, publié le 13 novembre 2023 à 17h09

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/reforme-surete-nucleaire-le-personnel-de-lasn-sera-associe-selon-la-direction-231113

NOUVEAUX RÉACTEURS NUCLÉAIRES : L’AUTORITÉ ENVIRONNEMENTALE APPELLE EDF À REVOIR SA COPIE SUR LE SITE DE PENLY

L’autorité indépendante a rendu son avis concernant l’impact environnemental des travaux préparatoires à la construction de deux nouveaux réacteurs de type EPR2 sur le site de Penly (Seine-Maritime) et de leur exploitation. Et, selon elle, plusieurs éléments manquent ou doivent être complétés dans l’étude d’impact remise par l’électricien.

EDF doit revoir sa copie. C’est en effet ce que l’électricien s’est vu demander par l’Autorité environnementale. Cette dernière, qui a pour mission de rendre des avis sur l’impact environnemental de projets routiers ou énergétiques notamment, s’est penchée sur l’étude d’impact des travaux préparatoires à la construction de deux nouveaux réacteurs de type EPR2 sur le site de Penly (Seine-Maritime) et de leur exploitation.

Pour rappel, un an plus tôt, le directeur de projet pour les réacteurs nucléaires EPR2, Gabriel Oblin, estimait que « si la décision (politique) est prise rapidement, on vise de commencer les travaux préparatoires sur ce site à mi-2024, pour une mise en service à l’horizon 2035-2037 ».

Ces travaux préparatoires, prévus pour durer trois ans, comprennent le « terrassement, la préparation de la plateforme pour construire l’ouvrage » nucléaire, avait-il précisé. La construction des réacteurs devrait ensuite commencer fin 2027 avec un chantier mobilisant au total 7.500 personnes « dans sa phase haute » en 2029.

Or, dans un avis publié vendredi 11 novembre, l’autorité indépendante, qui précise qu’elle n’a pas évalué la sûreté nucléaire du site, estime que les principaux enjeux environnementaux de ce projet sont, pendant la phase des travaux, la santé des populations, le bruit en particulier, ainsi que la préservation du milieu naturel et de la biodiversité. Par la suite, pendant la phase d’exploitation, les enjeux seront « les risques d’atteintes à la population et aux milieux liées aux rejets radiologiques, thermiques et chimiques ainsi que la production de déchets nucléaires et d’émissions de gaz à effet de serre pour l’ensemble de la filière nucléaire ».

Lire aussi : Nucléaire : autour de Penly en Normandie, de nombreuses communes veulent aussi bénéficier de la rente des EPR

Pas de prise en compte de la remise en état du site

À ces égards, plusieurs éléments manquent ou doivent être complétés dans l’étude d’impact, selon l’Autorité. Elle regrette, par exemple, que l’étude d’impact n’ait pas pris en compte la remise en état du site si le projet n’aboutissait pas ou quand il ne sera plus exploité.

En outre, alors que le projet prévoit d’artificialiser 24 hectares de fonds marins, l’Autorité recommande de présenter des mesures d’évitement, de réduction et le cas échéant, de compensation.

L’Autorité émet également plusieurs recommandations pour la phase d’exploitation, comme par exemple la réduction des « normes proposées de rejet de certains polluants, en particulier de l’hydrazine, des détergents, des organohalogénés et des oxydants résiduels, chaque fois qu’il n’est pas démontré l’absence d’impact de leur rejet sur le milieu marin ». Elle recommande par ailleurs « de reprendre en profondeur l’étude des incidences du projet » sur les quatre sites Natura 2000 aux alentours du site.

EDF a dit prendre « acte de l’avis de l’Autorité » et a indiqué qu’il « rendra publique sa réponse avant l’enquête publique envisagée au cours du premier trimestre 2024 ». Le groupe a précisé à l’AFP qu’il rendra un « mémoire de réponse dans les prochaines semaines »« Les enjeux environnementaux sont au cœur du projet EPR2 », a également affirmé EDF qui dit attacher une vigilance particulière à ce que les enjeux liés à l’environnement fassent partie des sujets de la concertation continue menée avec le territoire.

Lire aussi : Nucléaire : coup dur pour EDF après la découverte à Penly d’une « fissure importante »

Un déploiement à l’international

Ce projet s’inscrit dans la colossale relance du nucléaire en France qui se caractérise par la prolongation des centrales existantes et la construction de six nouveaux réacteurs de type EPR 2 (dont les deux premiers seront ceux de Penly), voire quatorze.

Un vaste chantier pour l’électricien français qui vise également un déploiement à l’international. Début octobre, ses équipes se sont, en effet, rendues à Prague afin de commencer à remettre une offre ferme pour la construction d’un, voire quatre EPR en République Tchèque. Le groupe ambitionne également de décrocher des contrats en Finlande, en Suède, ou encore aux Pays-Bas où il mène actuellement une étude de faisabilité pour l’implantation de deux réacteurs sur le site de Borssele, au sud-ouest du territoire. De même, en Pologne, des discussions sont en cours pour le développement de 2 à 4 réacteurs sur un site au sud du pays, là où se concentre son industrie tandis qu’en Slovaquie, il est question de deux réacteurs. Sans oublier la Slovénie qui réfléchit à un réacteur qui pourrait également impliquer la Croatie et l’Italie, laquelle s’intéresse aussi au déploiement de petits réacteurs modulaires (SMR en anglais).

« Nous sommes en discussion, à différents stades de maturité, avec tous ces pays pour voir dans quelles perspectives nous pouvons les aider à développer des nouvelles capacités nucléaires », avait ainsi indiqué Vakis Ramany, directeur du développement nouveau nucléaire à l’international pour EDF, le mois dernier.

Lire aussi : Nucléaire : EDF en discussion avec 8 pays européens pour vendre ses EPR

Par latribune.fr, avec AFP, publié le 11 novembre 2023 à 12h15

Photo en titre : « Les enjeux environnementaux sont au cœur du projet EPR2 », a assuré EDF. (Crédits : BENOIT TESSIER)

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LA HAGUE. LE COLLECTIF PISCINE NUCLÉAIRE STOP DÉPLORE LA DÉPOLLUTION « PARTIELLE » DU RU DES LANDES

Ce dimanche 12 novembre 2023, le collectif haguais Piscine Nucléaire Stop a organisé une « balade bucolique pour célébrer la dépollution partielle du ru des Landes ».

Fidèle à ses actions parfois décalées, le collectif haguais Piscine Nucléaire Stop a organisé, au cours de l’après-midi de ce dimanche 12 novembre 2023, une « balade bucolique pour célébrer la dépollution partielle du ru des Landes ».

Une soixantaine de personnes ont marché dans les pas de ses membres le long de ce parcours de quelque 2,5 kilomètres. Dans la lignée des « Becquerel Tour » de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro) – un parcours de 7 kilomètres autour du complexe industriel d’Orano-La Hague -, cette balade était cette fois-ci dédiée à ce petit cours d’eau situé au nord du site nucléaire.

À lire aussi : Nucléaire. La Hague : l’ASN confiante sur le projet d’assainissement du Parc aux Ajoncs

120 m3 de « terres marquées »

« Nous avons marché ici dans le cadre du chantier de dépollution d’Orano qui a débuté, explique Guy Vastel, vice-président de l’Acro et membre du collectif Piscine Nucléaire Stop. Cette situation durait depuis 2016, lorsque l’Acro y avait révélé la présence de polluants. On peut donc dire qu’il a fallu du temps. »

Parmi les polluants mis en lumière par l’Acro : « Dans les sédiments et mousses aquatiques, du cobalt-60, de l’iode-129, du césium-137 et de l’américium-241, dont la présence est totalement anormale. »

La dépollution est longtemps restée en attente d’autorisation de travaux. Ces derniers, engagés par Orano, ont commencé début septembre. Un chantier de dépollution dont la pollution était qualifiée par l’industriel comme étant « très faiblement marquée ». 120 m3 de terres dites « marquées » doivent être retirées, sur une couche allant jusqu’à 60 cm et sur une surface à traiter de 260 m².

Mais pour le collectif Piscine Nucléaire Stop, cette dépollution telle qu’elle a été définie ne suffit pas

« Quand on regarde le dossier, on se rend compte que les champs, les terres autour du ruisseau aussi sont contaminées, et Orano n’y touche pas. Il a trouvé là une terre propre, la moindre des choses serait d’aller jusqu’au bout. C’est la conséquence des pollutions historiques de cette zone depuis des décennies. On peut admettre qu’une erreur peut arriver, mais il serait bon de l’assumer car ces pollutions n’ont été ni gérées ni assumées. Nous sommes en droit de réclamer une remise en état initial et nous en avons même le devoir si nous voulons léguer à nos enfants une terre saine. » (Guy Vastel, Vice-président de l’Acro et membre du collectif Piscine Nucléaire Stop)

Des contrôles

Il y a quelques semaines, Orano faisait savoir que des contrôles seraient réalisés à l’issue du chantier de dépollution, et ce jusqu’au 31 mars 2024. La réhabilitation de la zone devrait ensuite être engagée à l’automne prochain.

Par Ludivine Laniepcepublié le 13 novembre 2023 à 07h38

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Photo en titre : Au cours de l’après-midi de ce dimanche 12 novembre 2023, le collectif haguais Piscine Nucléaire Stop a organisé une « balade bucolique pour célébrer la dépollution partielle du ru des Landes ». (©Documents transmis à La Presse de la Manche)

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https://actu.fr/normandie/la-hague_50041/la-hague-le-collectif-piscine-nucleaire-stop-deplore-la-depollution-partielle-du-ru-des-landes_60325483.html

Message de MON ACTU : Voir mon actu, suivre La Presse de la Manche

SUISSE : L’INITIATIVE POPULAIRE : 120 000 SIGNATURES POUR RELANCER LE NUCLÉAIRE

L’initiative « Stop au blackout » du Club Énergie Suisse a déjà recueilli 120 000 signatures.

L’initiative « Stop au blackout » du Club Énergie Suisse a déjà recueilli 120’000 signatures. Elle a ainsi franchi la barre des 100’000 paraphes nécessaires. Le texte vise à lever l’interdiction de construire des centrales nucléaires en Suisse.

Le Club Énergie Suisse est en train de certifier les signatures récoltées, a indiqué sa présidente et membre de l’UDC soleuroise Vanessa Meury à Keystone-ATS, confirmant une information de la SonntagsZeitung.

L’initiative a été lancée par les milieux bourgeois dans le but de pouvoir à nouveau construire des centrales nucléaires en Suisse. La société et l’économie seraient à l’arrêt sans électricité, écrivait le comité d’initiative lors de son lancement en août 2022. Et d’ajouter que la Suisse doit maintenant veiller de toute urgence à un approvisionnement en électricité sûr, autonome et respectueux de l’environnement et du climat.

Pour ce faire, il est notamment prévu d’inscrire dans la Constitution que « toute forme de production d’électricité respectueuse du climat est autorisée ».

Ainsi, la construction de nouvelles centrales nucléaires serait à nouveau possible en Suisse. Le fait que cela soit actuellement interdit est critiqué par le comité comme étant une « interdiction technologique absurde ». Le comité d’initiative déplore que la combinaison de l’énergie hydraulique et de l’énergie nucléaire, respectueuses de l’environnement, soit abandonnée sans nécessité. (Ndf : Sic ! )

Par Keystone – ATS, publié le 12 novembre 2023 à 18h23

Photo en titre : En septembre 2022, des équipements de remplacement pour assurer le refroidissement de la centrale nucléaire de Leibstadt (illustration). KEYSTONE/Ennio Leanza

https://www.arcinfo.ch/suisse/initiative-populaire-120000-signatures-pour-relancer-le-nucleaire-1339589

NDLR : Espérons que le peuple Suisse rejettera cette initiative s’il y a une votation (en Suisse on dit votation)

LES ÉNERGIES RENOUVELABLES FONT BAISSER LES PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ, SELON UN EXPERT

BERLIN (dpa-AFX) – Selon les experts, les énergies renouvelables vont de plus en plus freiner les prix de l’électricité. « Plus il y aura d’installations d’énergies renouvelables avec leurs prix avantageux dans le système électrique, plus les centrales à gaz coûteuses détermineront rarement le prix de l’électricité sur le marché de gros », a déclaré à l’agence de presse allemande Fabian Huneke, expert du marché de l’électricité du groupe de réflexion Agora Energiewende.

Les énergies renouvelables feraient déjà baisser le prix futur de l’électricité. « On voit très clairement sur la bourse de l’électricité que les prix du marché à terme sont nettement plus bas pour les livraisons dans quelques années« . Si l’on commande actuellement de l’électricité pour l’année prochaine ou l’année d’après, le prix de l’électricité sur le marché de gros est d’autant plus bas que la livraison est encore éloignée. « On peut clairement attribuer cela à l’influence des énergies renouvelables, car le prix de l’électricité est nettement inférieur à l’évolution des prix des combustibles fossiles ou des prix du CO2« .

Huneke a rappelé un autre effet de baisse des prix : la suppression de la taxe sur l’électricité verte (EEG-Umlage) l’année dernière. Il a toutefois été largement occulté par la hausse des prix de l’électricité due à la crise énergétique. « En raison de la hausse des prix, nous n’avons même pas remarqué cet effet« , a déclaré l’expert. La taxe sur l’électricité verte de 3,72 centimes d’euro par kilowattheure, destinée à financer les énergies renouvelables, a été réduite à zéro au 1er juillet 2022 afin de soulager les consommateurs d’électricité.

D’autre part, Huneke s’attend à une hausse des prix en raison de l’augmentation des frais de réseau pour les réseaux de distribution d’électricité au niveau régional. Ces frais d’utilisation des lignes, strictement réglementés, sont répercutés par les gestionnaires de réseau sur les consommateurs d’électricité via la facture d’électricité. « L’électrification avec le raccordement des voitures électriques et des pompes à chaleur, mais aussi la production décentralisée croissante d’électricité dans les installations solaires et éoliennes, nécessitent une infrastructure performante« , a expliqué l’expert. Le tournant énergétique nécessite une offensive d’investissement dans les réseaux.

Au cours du premier semestre, le prix moyen de l’électricité pour les ménages était de 46,27 centimes d’euro par kilowattheure, selon l’association allemande de l’industrie énergétique BDEW. Avec 9,52 centimes d’euros, environ un cinquième de cette somme était consacré aux frais de réseau. Selon les sites de comparaison Check24 et Verivox, les tarifs du réseau augmenteront en moyenne de onze pour cent l’année prochaine dans toute l’Allemagne. Dans certains Länder, elles devraient toutefois baisser, comme dans le Brandebourg ou le Mecklembourg-Poméranie occidentale.

L’évolution des prix de l’électricité cet hiver continue de dépendre fortement des prix du gaz naturel, poursuit Huneke. Pour le gaz naturel, cela dépendra du froid et de la fiabilité des centrales nucléaires en France par exemple par rapport à l’hiver dernier./tob/DP/mis

Article traduit automatiquement : original (en allemand) sur: https://de.marketscreener.com/kurs/aktie/PNE-AG-478570/news/Experte-Erneuerbare-Energien-lassen-Strompreise-sinken-45306461/

Publié le 11 novembre 2023 à 15h15

https://www.zonebourse.com/cours/action/PNE-AG-478570/actualite/Les-energies-renouvelables-font-baisser-les-prix-de-l-electricite-selon-un-expert-45306461/

NDLR: Il va sans dire que la comparaison entre renouvelables et nucléaire aurait la même conclusion: le renouvelable revient moins cher que le nucléaire!

NUCLÉAIRE : CE LABORATOIRE DE RECHERCHE À CAEN LANCE UN PROJET À 33 MILLIONS D’EUROS

La construction du bâtiment DESIR a commencé sur les terrains du Ganil au nord de Caen. Un projet à 33 M €. Les premières expériences y sont espérées pour 2026-2027.

Son nom, c’est DESIR (Décroissance, Excitation et Stockage d’Ions Radioactifs). Le 10 novembre 2023, le chantier de cette future salle d’expériences a été inauguré sur le site du Ganil, au nord de Caen (Calvados).

La livraison du nouveau bâtiment du Ganil est prévue pour 2025

La livraison du bâtiment est prévue pour 2025 avec de premières expériences à l’intérieur espérées pour 2026-2027. 

Concrètement, ce bâtiment de 8 m de haut et semi-enterré à 3,50 m sous terre, va compléter deux installations déjà existantes : celle du grand accélérateur national à ions lourds (Ganil) et celle de Spiral2 (plus précisément le S3 de Spiral2 qui dès la fin d’année 2024 devrait permettre de recréer les conditions de formations de certains noyaux atomiques présents dans l’univers).

Ce qu’il faut savoir sur le GANIL :

Le Ganil (Grand accélérateur national d’ions lourds) a été créé en 1976 par le Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Il a été mis en service à Caen en 1983. Depuis près de 40 ans, des physiciens cassent des ions accélérés pour obtenir de nouveaux atomes et percer les secrets de la matière à l’échelle du noyau de l’atome. En juin 2019, l’Autorité de sûreté nucléaire a autorisé la mise en service de l’installation Spiral 2 au Ganil, un nouvel accélérateur très intense unique au monde. Un nouvel outil qui fait du GANIL un centre de recherche quasi unique au monde.

Le saviez-vous ? Comprendre la matière, l’infiniment petit est très (très) compliqué pour le commun des mortels. Pour vulgariser l’environnement de travail du Ganil, c’est-à-dire l’atome, l’établissement explique que « le noyau, caché au centre de l’atome est 100 000 fois plus petit que lui. Le noyau est comme un petit pois au milieu d’un terrain de foot. Et entre le pois et les bords du stade, du vide ».

Optimiser les expériences et les études

Ainsi, les faisceaux d’ions produits par les deux entités vont converger vers le bâtiment DESIR via 180 m de tuyaux sous-vide. Dix-huit spots d’expériences sont prévus dans ce nouveau bâtiment.

« DESIR va permettre d’optimiser les études qui étaient déjà possibles. » (Jean-Charles Thomas, chercheur au GANIL et responsable scientifique du projet DESIR.) 

En effet, grâce à la salle DESIR, les chercheurs nationaux et internationaux vont pouvoir étudier « très finement » les noyaux radioactifs. « Nous aurons des faisceaux d’ions très purs, manipulés à très basse énergie, pour avoir une très grande précision lors des expériences », explique la directrice du GANIL, Patricia Roussel-Chomaz.

Ainsi, les expériences pourront consister à mesurer la masse et la durée de vie des noyaux atomiques, et comment ils se désintègrent ou se déforment.

« Avoir une meilleure compréhension du noyau atomique, c’est comprendre les forces qui structurent ce noyau et c’est d’une certaine manière comprendre ce qui nous compose puisque nous sommes constitués d’atomes. » (Jean-Charles Thomas, chercheur au GANIL)

Une renommée à l’international

Ce nouvel outil d’expériences est forcément très attendu par les chercheurs du GANIL, mais également par ceux qui viennent d’ailleurs dans le monde. « 60% des chercheurs qui viennent faire des expériences chez nous sont des étrangers », continue Jean-Charles Thomas.

Parmi eux, on compte beaucoup d’européens comme des chercheurs italiens, belges, allemands. D’autres viennent de Pologne ou des Etats-Unis.

« Avec l’installation et le démarrage de S3, de SPIRAL2 et de DESIR, ça va être pour nous l’opportunité de montrer au gouvernement, que ce que nous faisons fonctionne bien et qu’il faut nous renforcer, au moins en ressources humaines », complète Jean-Charles Thomas.

40 millions d’euros pour le GANIL

En juin 2023, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, avait annoncé 40 M € pour renforcer et moderniser le GANIL. « Une partie de ces 40 M € va servir pour DESIR », précise la directrice.

« Nous sommes dans un temps où nous avons des signaux très positifs. Tout d’abord, on s’apprête à mettre en service de nouvelles installations et en plus, nous avons l’encouragement financier du gouvernement, qui va nous donner de l’air pour a priori les 30 ans qui viennent, on espère. » (Patricia Roussel-Chomaz)

L’ensemble du projet DESIR coûte 33 M €, dont deux tiers pour le bâtiment et les infrastructures et un tiers pour le procédé scientifique – toutes les lignes de transports pour les faisceaux.

Par Margaux Rousset, publié le 11 novembre 2023 à 18h16

Photo en titre : Le chantier du bâtiment qui va accueillir le projet DESIR du Ganil a commencé. ©GANIL/CEA-CNRS

https://actu.fr/normandie/herouville-saint-clair_14327/nucleaire-ce-laboratoire-de-recherche-a-caen-lance-un-projet-a-33-millions-deuros_60321331.html

ESSAIS NUCLÉAIRES FRANÇAIS : LES DEMANDES D’INDEMNISATION DE PROCHES REJETÉES

Vendredi 10 novembre, le tribunal administratif de Strasbourg a rejeté les demandes d’indemnisation de proches de personnes décédées à la suite des essais nucléaires français menés dans le Sahara algérien et en Polynésie entre 1960 et 1998.

Au départ, trois veuves et leurs enfants réclamaient la reconnaissance de leurs préjudices propres après la perte d’un conjoint décédé d’un cancer suite à l’exposition aux rayonnements ionisants

La loi du 5 janvier 2010 permet certes la reconnaissance et l’indemnisation des victimes directes de ces essais nucléaires, mais ne prévoit aucun dispositif pour leurs proches concernant leur préjudice moral, familial ou matériel.

Si ces familles avaient déjà obtenu, en tant qu’ayants droit et après avoir dû porter l’affaire en justice, une indemnisation accordée à leurs proches décédés, elles n’ont jamais obtenu d’indemnisation pour leur préjudice propre.

Dans son jugement consulté par l’AFP, le tribunal administratif de Strasbourg juge que comme le dispositif spécifique de la loi du 5 janvier 2010 n’intègre pas les proches des victimes, les règles du droit commun de la responsabilité doivent s’appliquer, avec prescription au bout de quatre ans.

« Une décision incompréhensible pour les familles« 

Le tribunal a calculé le point de départ de la prescription, soit la date à laquelle les plaignants étaient en mesure de déterminer l’origine de leur préjudice propre, au moment où ils avaient déposé la première demande d’indemnisation, en tant qu’ayants droit.

Entre cette première demande et la nouvelle, il observe qu’au moins quatre ans se sont écoulés, et rend donc un jugement de prescription.

« C’est une décision incompréhensible pour les familles« , a réagi leur avocate, Me Cécile Labrunie. « Pour nous le point de départ de la prescription, c’est le moment où ces familles avaient finalement obtenu l’offre d’indemnisation en tant qu’ayants droit, et donc la reconnaissance pour leur proche d’un statut de victime des rayonnements. » Selon elle, le tribunal n’avait pas estimé que l’État n’avait pas commis de faute, mais simplement que la procédure avait été initiée trop tardivement.

« Le combat ne fait que commencer. Il y a une discussion sur le point de départ de la prescription que nous porterons en appel. Le ministère des Armées ne pourra pas toujours se retrancher derrière des questions de recevabilité pour se dédouaner de sa responsabilité. »

Me Cécile Labrunie a enfin exprimé sa volonté de mener un « travail d’information » auprès des parlementaires pour les sensibiliser « aux carences » de la loi du 5 janvier 2010, « seul dispositif légal qui ne prévoit pas l’indemnisation des victimes par ricochet.« 

Au total, « la France a réalisé 210 essais nucléaires dans le Sahara et en Polynésie entre 1960 et 1996« , rapporte le site Vie publique.

Par Damien Renoulet & AFP, publié le 11/11/2023 à 05h00

Photo en titre : La Polynésie demande réparation pour le préjudice écologique des essais nucléaires. (archives)

Crédit : AFP / HO SIRPA

https://www.rtl.fr/actu/politique/essais-nucleaires-francais-les-demandes-d-indemnisation-de-proches-rejetees-7900319372

ÉLECTRICITÉ : RTE PRÉPARE LES ESPRITS À LA CONSTRUCTION DE NOUVELLES LIGNES À TRÈS HAUTE TENSION EN FRANCE

Pour réussir le pari de la transition énergétique, la France va devoir construire de nouvelles lignes électriques de 400 000 volts, a prévenu le patron de RTE Xavier Piechaczyk, devant les sénateurs. Or, ces immenses ouvrages, qui n’ont pas été construits en France depuis de nombreuses années, restent extrêmement difficiles à enterrer et poseront forcément des questions d’acceptabilité. Alors qu’une course contre la montre est enclenchée, le gestionnaire doit présenter sa nouvelle stratégie d’investissements au printemps 2024.

Les questions d’acceptabilité se posent aujourd’hui pour le développement des parcs éoliens et, dans une moindre mesure, pour les champs photovoltaïques. Elles se poseront demain pour « les nouvelles tranches nucléaires », mais aussi « pour les nouvelles lignes électriques », a prévenu Xavier Piechaczyk, le président du gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE, alors que la France va devoir construire de nouvelles autoroutes de l’électricité sur son territoire.

« Et ça c’est nouveau ! Cela fait de nombreuses décennies que la France n’avait pas développé de nouvelles lignes électriques à très haute tension sur son territoire national », a-t-il rappelé lors de son audition fin octobre au Sénat, sur l’avenir du mix électrique.

Plus de moyens de production… mais aussi plus de réseau !

Pour se désintoxiquer du pétrole, du charbon et du gaz à l’origine d’un réchauffement des températures à l’échelle du globe, l’Hexagone devra s’électrifier rapidement et massivement, via le déploiement des véhicules électriques et des pompes à chaleur, notamment. Elle devra aussi produire bien plus d’hydrogène propre pour décarboner les grands sites industriels… ce qui demandera énormément d’électricité aussi ! Résultat, la consommation de l’Hexagone devrait bondir d’environ 40 % d’ici à 2035, selon le scénario central de RTE. La France n’a donc d’autres choix que de mettre les bouchées doubles sur le développement des énergies renouvelables, étant donné que les premiers réacteurs nucléaires de type EPR 2 n’entreront pas en service avant 2035.

Mais pour s’électrifier vite, les seuls nouveaux moyens de production ne suffiront pas, il faut aussi plus de réseau.

« Je veux que vous entendiez que cette électrification passera par la construction de nouvelles lignes électriques sur le territoire national, y compris des grandes lignes 400.000 volts nouvelles », a appuyé le président de RTE devant les sénateurs.

Les lignes à 400 000 volts très difficiles à enterrer

Cette insistance est loin d’être anodine car ces immenses ouvrages transformeront forcément les paysages de leurs territoires. En effet, même si RTE s’attache à enfouir de plus en plus de lignes électriques (comme le montre son bilan électrique 2022), la technologie souterraine reste exceptionnelle pour les lignes à 400.000 volts, dites de très haute tension.

Ainsi, RTE se prépare d’ores et déjà à construire une seconde ligne à très haute tension aérienne entre la Normandie, place forte de la production d’énergies, et les Hauts-de-France, où les besoins électriques vont exploser entre le développement des méga usines de batteries et la bascule de nombre de sites industriels vers l’ère post-fossiles. Une autre consultation devrait s’ouvrir dans les prochaines semaines pour la construction d’une nouvelle ligne électrique dans la zone de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), autre bassin industriel devant opérer sa transition énergétique.

Des investissements par anticipation risqués

Au total, sur l’ensemble des quatre grandes zones industrialo-portuaires à décarboner, RTE a décidé d’investir, par anticipation, entre 1,5 et 2 milliards d’euros pour le développement et l’adaptation du réseau. Ce qui devrait permettre d’acheminer une capacité supplémentaire d’une douzaine de gigawatts.

« Lorsqu’il le faut, nous prenons des risques financiers pour faire des infrastructures par anticipation. Mais nous ne pouvons pas construire une politique d’investissements que par anticipation car cela pourrait relever de coûts échoués partout et il faut que nous gardions comme boussole que ces coûts fixes finissent dans la facture des entreprises et des ménages », a prévenu Xavier Piechaczyk.

Une course contre la montre

Dans cette optique, au second trimestre 2024, RTE devrait présenter son programme d’investissements à l’horizon 2040, à travers son nouveau schéma décennal de développement du réseau. « Ces investissements seront considérables, nous le savons déjà » a lancé le dirigeant.

Cette publication était initialement prévue au 1er trimestre 2024, mais « nous avons besoin de la PPE [programmation pluriannuelle de l’énergie, ndlr] du gouvernement », a précisé Xavier Piechaczyk. Or ce texte réglementaire est censé découler de la Loi de programmation sur l’énergie et le climat (LPEC), dont le calendrier ne cesse de glisser… « Nous avons besoin de visibilité et de planification », a martelé le président de RTE, tout en évoquant « une course contre la montre ».

Par Juliette Raynal, publié le 10 novembre 2023 à 6h46

Photo en titre : Un pylône électrique d’une ligne de 400.000 volts, en France  (Crédits : Wikimedia Commons)

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/rte-prepare-les-esprits-a-la-construction-de-nouvelles-autoroutes-electriques-en-france-982800.html

LE FINANCEMENT DU NOUVEAU NUCLÉAIRE ET LA RÉORGANISATION D’EDF SUSPENDUS AUX FUTURS PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ

À l’occasion d’une audition au Sénat le 8 novembre sur l’évolution de la production et de la régulation électriques, le PDG d’EDF Luc Rémont a fait un point d’avancement sur les projets de nouveau nucléaire et précisé son projet de réorganisation du groupe. Qui se fait attendre. Suspendu aux négociations sur les prix de l’électricité avec le gouvernement. 

Si les questions de la régulation des prix de l’électricité post-Arenh étaient au cœur des échanges avec les sénateurs le 8 novembre, lors d’une audition de la commission des affaires économiques, Luc Rémont était aussi interrogé sur le nouveau nucléaire. Les deux sujets sont d’ailleurs liés, notamment en ce qui concerne le financement des six nouveaux EPR2. Pour le PDG d’EDF, il n’est «pas possible d’aborder les questions de financement des outils industriels sans aborder la question de modèle économique».

Or pour EDF, ce dernier est lié à la manière dont seront construits les prix de l’électricité à long terme, EDF réclamant, comme ses gros clients industriels, de la visibilité. « Pour le financement des EPR, il faut d’abord avoir de la visibilité, assure-t-il. Il est trop tôt pour donner des éléments de certitude sur les modèles de financement du nouveau nucléaire. » Seule chose qu’il s’autorise à dire : « à ce stade, le groupe EDF n’aura pas les capacités à financer seul ces objets, pour tout un tas de raisons ». À commence par une dette de 65 milliards d’euros.

Pas de Nuward en service en 2030

De toute façon, EDF n’est pas prêt. Pour ce qui est des six EPR2, l’énergéticien est en au stade de la conception détaillée. « Dans tout ce qui définit les objets essentiels du réacteur, on est à 80-90% [de maturité, ndlr.] à ce stade. Nous entrons dans la phase de détail du schéma d’exécution », explique Luc Rémont. Or « le prix d’un objet industriel comme celui-ci dépend de l’objet que l’on construit, du temps que l’on y met et de la structure de financement. Il nous faut encore travailler un peu sur l’objet avec l’ensemble de la filière industrielle, beaucoup travailler sur le temps et sur la structure de financement ».

Bref, avant de définir les modes de financement, faut-il encore savoir exactement combien cela va coûter. EDF est encore moins prêt pour le petit réacteur modulaire Nuward, dont un premier exemplaire était demandé par le gouvernement pour 2030. « Le projet Nuward est dans un stade moins avancé que le projet EPR2 sur la définition des objets à construire, a expliqué Luc Rémont. Nous ne serons pas prêts à le mettre en service en 2030, nous serons prêts à le construire en 2030. »

L’avenir d’EDF lié à la nouvelle réglementation

La réorganisation d’EDF SA promise par Luc Rémont se fait elle aussi attendre. Mais elle se précise. « Les principes de cette transformation du groupe sont de renforcer les métiers qui concourent au succès industriel de ce projet, en commençant par la maîtrise d’ouvrage », c’est-à-dire « de dire ce que le client EDF, en tant que producteur, d’électricité souhaite ».

Pour ce faire, Luc Rémont veut « créer à nouveau au sein d’EDF une grande direction de la construction ». Une telle direction a en effet existé dans les années 1980-90 au moment où EDF a raccordé au réseau jusqu’à quatre réacteurs par an, mais qui en l’absence de construction à l’échelle s’était étiolée à l’intérieur du groupe », rappelle-t-il.

De plus, suite à la demande de l’État de prendre le contrôle de Framatome en 2017 et de la division des turbines Arabelle de General Electric, EDF va aussi être son propre fournisseur de composants. Une autre direction des métiers industriels sera donc créée, ainsi qu’une dédiée à l’ingénierie. En revanche, comme pour le financement des EPR2, Luc Rémont semble attendre qu’un accord avec le gouvernement soit trouvé sur la régulation des prix de l’électricité avant de présenter sa stratégie et la réorganisation du groupe associée, dévoilé partiellement lors d’une précédente audition le 27 juillet.

Par Aurélie Barbaux , publié le 10 novembre 2023 à 05h00

Photo en titre : Luc Rémont, le PDG EDF, était auditionné au Sénat le 8 novembre. © IANNIS G./REA/EDF

https://www.usinenouvelle.com/article/le-financement-du-nouveau-nucleaire-et-la-reorganisation-d-edf-suspendus-aux-futurs-prix-de-l-electricite.N2193703

LA RUSSIE SUSPEND LE PACTE DE DÉMANTÈLEMENT NUCLÉAIRE AVEC LE JAPON

Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les relations entre la Russie et le Japon se sont dégradées. Moscou a décidé de suspendre un accord de coopération sur le démantèlement des armes nucléaires.

La Russie a suspendu un accord de coopération avec le Japon sur le démantèlement des armes nucléaires russes, selon un document gouvernemental rendu public jeudi soir. Ce document, publié sur le portail officiel en ligne du gouvernement russe, indique que le Premier ministre Mikhaïl Michoustine a signé mardi un décret suspendant l’accord de 1993. Le document n’indique pas la raison de cette décision, mais précise que le ministère russe des Affaires étrangères en informera le Japon.

Déchets radioactifs dans la mer du Japon

Les relations entre les deux pays se sont dégradées depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 et après que le Japon s’est joint aux autres nations occidentales pour imposer des sanctions à Moscou.

En 1993, la Russie a accepté que sa flotte du Pacifique, basée à Vladivostok, cesse de déverser des déchets radioactifs liquides dans la mer du Japon, en échange d’une aide au traitement des déchets en vue de leur enfouissement sous terre.

Dans le cadre de l’accord suspendu avec le Japon, Tokyo a contribué au déclassement des armes, y compris au démantèlement des sous-marins nucléaires. Les médias japonais ont cependant rapporté que les travaux sont au point mort, Moscou ayant cessé d’envoyer les données nécessaires à Tokyo.

Par PS avec Reuters, publié le 10/11/2023 à 15h29

Photo en titre : Le président russe Vladimir Poutine, – Ramil Sitdikov

https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/defense/la-russie-suspend-le-pacte-de-demantelement-nucleaire-avec-le-japon_AN-202311100621.html

LES RAISONS DES MYSTÉRIEUX TRANSPORTS DU COMBUSTIBLE DE L’EPR DE FLAMANVILLE

Retours à l’envoyeur, casse-tête et marche forcée : l’affaire combustible de l’EPR

Fin octobre 2023, le journal Ouest-France signale de mystérieux transports de combustible nucléaire, quittant l’EPR de Flamanville (Normandie) pour être renvoyé là où il a été fabriqué (Drôme). Ce retour à l’envoyeur est dû à de sérieuses difficultés. Comme le révèle un récent document de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), une partie du combustible de l’EPR est en réalité inutilisable en l’état. Pourtant, EDF a assuré au média qu’il « n’y a pas de sujet combustible« . Retour sur ce sujet (qui existe bel et bien) et explications sur les raisons de ces mystérieux transports.

L’article est fouillé et détaillé. Étayé de plusieurs photos, dont l’une montre un camion estampillé « convoi radioactif« , quittant de nuit le site de l’EPR de Flamanville. Ouest-France titre « Nucléaire : étrange ballet de combustible à l’EPR de Flamanville« . EDF, interrogé par le média, l’a confirmé : il s’agit de « recycler 17 assemblages de combustible » initialement destinés à ce réacteur. Retour à l’envoyeur, Framatome, qui les a fabriqués dans ses usines de la Drôme (Romans-sur-Isère). Mais pourquoi ? Interroge Ouest-France. EDF reste évasif et ne lui répond pas. « Il n’y a pas de sujet combustible » affirme-t-il au journal local. Ah bon ? Vraiment ? Comme le retrace l’article de Ouest-France, ce n’est pourtant pas ce que disent les découvertes faites ces dernières années en France (sur des réacteurs en fonctionnement) et à l’étranger (sur le même modèle de réacteur que l’EPR). Ce n’est pas non plus ce que disent les dernières analyses de l’IRSN, qui fait de nouvelles révélations dans un document publié récemment sur son site internet  [1] . En réalité, et quoiqu’en dise EDF, il y a bien une « affaire combustible« , et une grosse. Corrosion accélérée, matériel hypersensible, défauts de conception, erreurs de fabrication, rupture et rejets radioactifs, problèmes pour charger la cuve… Quand on fait le tour de cette affaire combustible, on comprend aisément pourquoi EDF préférerait la taire, et pourquoi ces transports mystérieux ne sont pas si mystérieux que cela.

Pas d’affaire combustible ?

Pour comprendre la nécessité pour EDF de retourner son combustible là où il a été fabriqué, il faut revenir sur les problèmes que posent le combustible nucléaire du réacteur EPR. L’article de Ouest-France le fait d’ailleurs très bien, reprenant un à un les faits et les présentant de manière pédagogique.

Pour faire marcher un réacteur nucléaire, il faut charger sa cuve de combustible. Constitué de minerai radioactif extrait du sol (de l’uranium), le combustible nucléaire n’est pas liquide : il est solide, sous forme de petites pastilles. Ces pastilles sont empilées dans des tubes métalliques longs et fins qui sont appelés des « crayons« . C’est entre ces crayons que se produit la réaction nucléaire [2] . Ces crayons sont ensuite assemblés par paquets : ils sont mis dans une cage grillagée et dans laquelle ils sont maintenus par de petits ressorts. Chaque cage contient 265 crayons. Cet ensemble, appelé « assemblage combustible » [3], est immergé dans la cuve, dans de l’eau qui circule sous haute pression.

Une cuve mal conçue et des mouvements trop violents

Sauf que la cuve des réacteur EPR a été mal conçue : les mouvements de l’eau sont plus violents que prévu. Les assemblages de combustible sont trop secoués, ils vibrent et frottent contre la cuve. Ce défaut de conception, EDF l’a identifié depuis longtemps, mais il n’en n’a pas tenu compte. Des faits dénoncés par la Criirad, un laboratoire indépendant de surveillance de la radioactivité dès 2021 et confirmés par l’IRSN en 2022  [4].

Des ressorts et des crayons qui cassent

Les petits ressorts, qui maintiennent les crayons en place dans un assemblage ont aussi des problèmes : ils cassent. Parce qu’ils rouillent et ne résistent pas aux conditions extrêmes auxquelles ils sont soumis. N’étant plus maintenus par leurs ressorts, les crayons cassent à leur tour, à force d’être secoués contre une structure rigide. Les pastilles d’uranium se retrouvent alors hors de leur enveloppe, dans l’eau de la cuve et libèrent des gaz radioactifs qui se répandent dans les circuits. Ces ruptures des crayons causent plusieurs problèmes :

. des difficultés de maîtrise de la réaction nucléaire (puisque du combustible se disperse un peu partout la puissance de la réaction nucléaire n’est plus homogène dans la cuve),

. des surpressions dues à la présence de gaz radioactifs qu’il faudra relâcher dans l’atmosphère à un moment (ce qu’il s’est passé sur l’EPR de Taishan en Chine en 2021),

. des risques de dégradations supplémentaires car les morceaux de crayons cassés sont emportés par l’eau circulant à haute pression dans la cuve et dans le principal circuit de refroidissement. Ces débris peuvent abîmer et boucher les tuyaux dans lesquels circule l’eau, et deviennent de véritables projectiles pour le combustible dans la cuve.

Un métal hypersensible et une corrosion accélérée

Et puis il y a un phénomène déjà observé sur plusieurs réacteurs en France mais qui s’est aggravé sur le combustible des EPR : la corrosion accélérée. La paroi des crayons, cette gaine en métal dans laquelle sont empilées les pastilles d’uranium, rouille. Et se délite : le métal se détache par petits bouts, comme une peau qui pèle après un coup de soleil. La gaine des crayons devient moins résistante, et finit par casser. Cette corrosion accélérée et ces pelades, EDF les avaient déjà repérées en 2021 sur trois réacteurs français (à Chooz et Cattenom en région Grand Est et à Civaux en Nouvelle-Aquitaine). L’industriel avait fait état de « corrosion atypique des gaines de quelques crayons de certains assemblages« , de « traces blanchâtres » et de « particules de couleur blanche« . Sans jamais donner d’explication ni esquisser les risques et conséquences de ces phénomènes. Mais grâce au document publié récemment par l’IRSN, on sait que cette corrosion accélérée du combustible s’est aussi produite sur les EPR de Taishan. Et que ces assemblages étaient issus du même lot de fabrication que ceux destinés à l’EPR de Flamanville. Et qu’ils ont un gros problème : ils sont hypersensibles.

Le pourquoi des étranges transports de combustible et le casse-tête d’EDF

C’est cette hypersensibilité qui explique les discrets renvois de combustible de l’EPR de Flamanville aux usines où ils ont été fabriqués fin octobre. Le métal utilisé est trop fragile, il manque de fer. Il ne résiste pas aux conditions extrêmes auxquelles il est exposé dans la cuve (chaleur, radiations, variations de températures, chocs dynamiques, milieu oxydant) et les gaines des crayons se corrodent très vite, trop vite. C’est aussi ce qu’explique l’IRSN dans son document publié début novembre. C’est à cause de cette hypersensibilité que EDF a dû renvoyer 17 assemblages au fabriquant, au risque sinon de provoquer les mêmes dégâts que sur les EPR chinois.

En début d’année 2023, EDF avait déjà renvoyé 64 assemblages combustible. Car étant donné les défauts de conception et leur position très exposée dans la cuve, il fallait les renforcer. Au niveau de la structure grillagée (pour mieux résister aux chocs et aux vibrations) et du métal utilisé (pour mieux résister à la corrosion).

Cependant, parmi les assemblages qu’EDF n’a pas fait changer, certains sont défectueux : ils ont des crayons élaborés avec ce métal hypersensible. Donc sujets aux pelades et à la corrosion accélérée. Or ce phénomène, EDF ne le comprend toujours pas vraiment précise l’IRSN [5]. Comment le métal va résister ? Combien de temps avant que les crayons ne cassent et provoquent tous les dégâts survenus à Taishan ? EDF doit donc repenser entièrement son plan de chargement de la cuve de l’EPR, et c’est un véritable casse-tête. Quel assemblage mettre à quel endroit, étant donné les défauts de conception des uns et des autres, les mouvements d’eau trop violents ici et là, les incertitudes sur la résistance du métal ? D’autant que tous les assemblages n’ont pas été passés à la loupe par EDF.

Si EDF a finalement exclu certains assemblages de combustible « hypersensibles » pour les renvoyer à Framatome fin octobre, il en a donc aussi gardé et compte bien les utiliser. Pourquoi ? Probablement car il n’est pas possible de tous les remplacer, l’EPR de Flamanville devant être chargé de combustible d’ici quelques mois.

Et pour la suite ?

Pour utiliser malgré tout le combustible de l’EPR et faire démarrer son réacteur nucléaire, EDF va devoir mettre en place un programme de surveillance bien particulier. Et aussi lancer de nombreuses études pour mieux comprendre, entre autres, le phénomène de corrosion accélérée et la manière dont elle va affecter les crayons de combustible. Acquérir des données complémentaires est nécessaire car, comme le dit l’IRSN « le retour d’expérience ne permet pas, à date, une compréhension suffisante du phénomène » [6]. Et si certaines conditions permettront de limiter la corrosion accélérée, elle arrivera quoiqu’il en soit.

Il faudra donc examiner visuellement chaque assemblage, aller mesurer l’épaisseur du métal des crayons, vérifier l’absence de gaz radioactifs et de débris dans les circuits de l’EPR. Et décider si le combustible de l’EPR est réutilisable ou pas après quelques mois de fonctionnement. Mais pour l’IRSN, EDF devrait aller au-delà : l’industriel devrait étende sa surveillance au combustible des autres réacteurs en France.

Tout cela aura un coût, non seulement financier, mais aussi matériel et humain. Car ce genre de surveillance implique des activités sur des matières hautement radioactives. Dès que le combustible est utilisé dans la cuve d’un réacteur nucléaire, il change de nature : la fission des atomes de l’uranium donne naissance à de nouveaux composés chimiques. Ces produits de fission [7] sont comme des cendres brûlantes, ils sont les déchets les plus sales et les plus dangereux que produit la combustion nucléaire.

EDF veut lancer le réacteur nucléaire le plus puissant qu’il n’ait jamais construit à l’aveugle sur la route. Sans savoir comment ça va se passer dans le moteur ni dans son réservoir, tant il y a eu de malfaçons et de réparations.

En jonglant avec les défauts de conception par-ci et de fabrication par-là, en slalomant au milieu de phénomènes qu’il ne comprend pas vraiment, EDF va devoir conduire sa machine tout en douceur. Éviter les coups de freins et d’accélération et les virages serrés. Éviter les variations de puissance trop brutales et les arrêts d’urgence pour éviter la casse. Qui ne serait pas seulement du métal et de la tôle froissée… Compliqué quand on se met au volant pour la première fois.

Mais EDF s’entête. Il faut dire que renoncer maintenant reviendrait à admettre qu’il est allé trop loin et qu’il est incapable de rattraper toutes ses erreurs.

En dépit du bon sens, l’industriel persévère à vouloir coûte que coûte mettre son EPR en route. Et fonce tête baissée. Pas très responsable comme attitude, surtout quand le crash est susceptible de causer des dommages à tout le monde autour.

Notes

[1Avis IRSN n°2023-00151 du 13 octobre 2023 intitulé Réacteurs électronucléaires EDF – EPR – Corrosion du gainage en alliage M5 des assemblages de combustible

[2Réaction nucléaire : Processus entraînant la modification de la structure d’un ou de plusieurs noyaux d’atome. La transmutation peut être soit spontanée, c’est-à-dire sans intervention extérieure au noyau, soit provoquée par la collision d’autres noyaux ou de particules libres. La réaction nucléaire de certains atomes s’accompagne d’un dégagement de chaleur. Il y a fission lorsque, sous l’impact d’un neutron isolé, un noyau lourd se divise en deux parties sensiblement égales en libérant des neutrons dans l’espace. Il y a fusion lorsque deux noyaux légers s’unissent pour former un noyau plus lourd.   https://www.asn.fr/lexique/R/Reaction-nucleaire – 

Réaction en chaîne : Suite de fissions nucléaires au cours desquelles les neutrons libérés provoquent de nouvelles fissions, à leur tour génératrices de neutrons expulsés vers des noyaux cibles, etc. https://www.asn.fr/lexique/R/Reaction-en-chaine

[3Les crayons (4 mètres de long pour 6 mm de diamètre pour ceux des EPR) sont regroupés par paquets de 265. Ils sont maintenus ensemble par une structure grillagée et chacun d’eux est maintenu en place dans cette structure par de petits ressorts plats. Chaque bloc de 265 crayons forme un tout appelé « assemblage combustible« . Ce sont eux qui sont mis dans la cuve du réacteur. Pour charger la cuve d’un EPR, il faut 241 assemblages combustible, soit 63 865 crayons.

[4Avis IRSN n°2022-00154 du 21 juillet 2022 « Démonstration de sûreté et suffisance du programme d’essais physiques – Retour d’expérience des premiers EPR mis en service »

[5] « L’IRSN souligne toutefois que la compréhension fine du phénomène de corrosion accélérée du gainage M5 n’est pas acquise à ce stade. » Avis IRSN 2023-00151, page 3

[6] Avis IRSN 2023-00151, page 4

[7Les produits de fission sont des corps chimiques résultant de la fission d’un noyau atomique fissile : chaque noyau de matière fissile subissant une fission nucléaire se casse en deux (exceptionnellement trois) morceaux, qui se stabilisent sous forme de nouveaux atomes. Les produits de fission se forment suivant une distribution statistique (qui dépend faiblement du noyau fissile) et on y trouve des isotopes d’une bonne partie des éléments chimiques existants. Ce sont les « cendres » de la réaction nucléaire, qui constituent des déchets radioactifs ultimes. https://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_de_fission

Par le Réseau « Sortir du nucléaire », publié le 10 novembre 2023

https://www.sortirdunucleaire.org/Les-raisons-des-mysterieux-transports-du-combustible-de-l-EPR-de-Flamanville

L’ASN FAIT UN POINT DE SITUATION DES SUJETS DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE AVEC L’ASSOCIATION GREENPEACE

Note d’information : Le 7 novembre 2023, le collège de l’ASN a reçu une délégation de Greenpeace France pour aborder des dossiers relatifs au contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. Cette rencontre s’inscrit dans la démarche de dialogue avec les parties prenantes que l’ASN développe depuis sa création.

La délégation de Greenpeace a interrogé l’ASN sur les sujets d’actualité suivants :

  • L’état d’avancement du réacteur EPR de Flamanville
  • L’hydraulique du fond de cuve du réacteur EPR 2
  • Le phénomène de corrosion sous contrainte et de fatigue thermique affectant des réacteurs électronucléaires
  • L’incidence du changement climatique sur le fonctionnement des centrales de Gravelines et du Bugey
  • La poursuite d’exploitation des réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans
  • La gestion des déchets radioactifs 
  • Le dossier d’options de sûreté du petit réacteur modulaire Nuward
  • Le portail de signalement de l’ASN 
  • La fusion ASN/IRSN

Cette rencontre a permis à l’ASN de mieux appréhender les préoccupations et les avis de ses interlocuteurs et d’expliquer les principes et les modalités de son activité de contrôle.

Date de la dernière mise à jour : 10/11/2023

https://www.asn.fr/l-asn-informe/actualites/l-asn-fait-un-point-de-situation-des-sujets-de-surete-nucleaire-avec-l-association-greenpeace

FIN DU PROJET DE MINIS RÉACTEURS NUCLÉAIRES AMÉRICAINS, QUI TOMBE À L’EAU POUR UNE HISTOIRE D’ARGENT

 La vision ambitieuse d’une centrale nucléaire à petite échelle aux États-Unis s’est effondrée avec l’annulation du projet Carbon Free Power Project (CFPP), plombé par la question financière. De quoi remettre en cause l’avenir de l’énergie propre chez l’Oncle Sam, et même en Europe ?

Les Américains s’étaient pris à rêver du retour de l’énergie nucléaire bon marché et à petite échelle. Le rêve a été anéanti avec l’abandon du projet CFPP, pourtant porté par un concept novateur de petits réacteurs modulaires (SMR) de 2,7 mètres de diamètre. L’initiative a pris fin en raison de l’incapacité à attirer suffisamment de clients pour acheter l’électricité. Un échec lié à une histoire d’argent – comme souvent – qui soulève des questions sur la viabilité des SMR comme alternative énergétique.

Une ambition projet de petits réacteurs nucléaires, qui devait faire renouer les USA avec le nucléaire

En 2015, le projet SMR, mené par la société basée à Portland, NuScale, au nom de services publics de l’État de l’Utah, pour commencer, avait captivé les esprits. La promesse de réacteurs nucléaires miniatures capable de produire 77 mégawatts d’électricité était belle, même si la réalité a frappé cette semaine. La conception des petits réacteurs devait redynamiser l’industrie nucléaire locale, avec une mise en service prévue en 2030.

Depuis le début du siècle, les États-Unis n’ont fait sortir de terre que deux réacteurs. Abandonnés, ces SMR, au nom de code « Voygr », étaient censés diviser les coûts de production, mais les investisseurs ont perdu confiance, ce qui a précipité la mort du projet CFPP.

Les défis financiers ont hanté le projet depuis la fin de l’année dernière. Celui-ci faisait face à une lourde augmentation des coûts estimés, de l’ordre de 50 % (passant de 58 dollars par MWh à 89 dollars), ce qui a effrayé les services publics locaux. Les engagements d’achat d’électricité produite par le réacteur ne couvraient que 25 % de la production prévue, ce qui nécessitait une augmentation à 80% d’ici la fin de l’année pour garantir la viabilité. Les municipalités, initialement enthousiastes, ont alors été déçues, commençant même à perdre espoir.

À gauche, une vue à grande échelle du tiers supérieur du réacteur ; à droite, un concept de l’installation finale © Nuscale

Des sommes colossales gâchées, et l’avenir de l’énergie décarbonée loin d’être assuré

Dans l’État du Nouveau-Mexique, à Los Alamos, on voyait aussi le projet comme une solution de décarbonisation. C’est désormais l’incertitude qui domine. Les habitants sont pourtant inquiets de la transition vers des sources d’énergie propres en l’absence de la centrale nucléaire.

Bien que le projet CFPP ait échoué, NuScale, concepteur du réacteur Voygr, reste optimiste. Son PDG, John Hopkins, n’en démord pas et qualifie le projet d’« énorme succès », en raison des progrès réglementaires effectués. NuScale reste en avance sur ses concurrents avec son approbation de conception émise par l’autorité américaine du nucléaire. L’entreprise vise toujours à rendre opérationnelles ses usines d’ici le milieu des années 2030.

Les sceptiques, soulignant les coûts croissants (sans parler du financement de 1,4 milliard de dollars sur 10 ans qui avait été alloué par des fonds privés et fédéraux), appellent à une transition vers des sources d’énergie plus fiables. NuScale défend les SMR comme la voie à suivre pour une énergie sans carbone abordable. Mais alors que le projet CFPP a pris fin prématurément, le débat sur la viabilité des SMR persiste, mettant en lumière la nécessité de solutions énergétiques robustes pour atteindre des objectifs durables.

NuScale a aussi un projet de SMR en Europe, en Roumanie. L’entreprise ambitionne d’y bâtir 6 modules sur le site d’une centrale à charbon qui devrait être mise à la retraite. Elle vise également la Pologne, l’Ukraine et le Kazakhstan. Le Japon, la Corée du Sud et les Émirats arabes unis auraient aussi pris des engagements avec l’entreprise américaine.

Source : Wired

Par Alexandre Boero, chargé de l’actualité de Clubic, publié le 10 novembre 2023 à 08h57

Photo en titre : Le mini réacteur modulaire Voygr a une forme étonnante, avec 2,7 m de diamètre et 20 m de hauteur © NuScale

https://www.clubic.com/actualite-508336-fin-du-projet-de-minis-reacteurs-nucleaires-americains-qui-tombe-a-l-eau-pour-une-histoire-d-argent.html

NDLR : Enfin une bonne nouvelle ! Mais en Europe on est plus malins et en France plus particulièrement : nous aurons nos mini réacteurs !

LE PROJET DE LOI SUR LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE À L’ASSEMBLÉE EN FÉVRIER

Le nouveau projet de loi pour réformer la sûreté nucléaire dans le contexte de relance de l’atome en France sera examiné par les députés à partir du mois de février, selon le président de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale.

« Ce texte devrait être soumis au Conseil des ministres vers la mi-décembre et, selon nos informations, venir à l’ordre du jour de la séance publique en février 2024 », a indiqué Guillaume Kasbarian (Renaissance). Le gouvernement parle d’arrivée au parlement en « début d’année prochaine ».

Cette commission a entendu mercredi le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk.

Le gouvernement souhaite réunir au 1er janvier 2025 l’ASN, le gendarme des centrales, avec l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), organisme d’expertise et de recherche, un projet rejeté par le Parlement en mai après avoir été glissé dans un amendement législatif.

Pour le patron de l’ASN, « le projet de création d’une nouvelle autorité indépendante est motivé par les perspectives ambitieuses de développement que le gouvernement souhaite donner au nucléaire (…). Il s’agit d’adapter le système de contrôle à un nouveau contexte face à des perspectives de développement du nucléaire inégalées », a appuyé M. Doroszczuk.

« Plus vite le processus de préfiguration pourra être lancé et plus vite nous serons en situation de donner de la visibilité aux personnels », a-t-il ajouté.

Le responsable a été pressé de questions, notamment par les députés de l’opposition.

« En quoi le système actuel empêche-t-il d’atteindre nos objectifs ambitieux de relance du nucléaire ? Je n’ai toujours pas la réponse, » a demandé Benjamin Saint-Huile, du groupe

Doroszczuk a cité « le volume de travail face auquel nous nous trouvons, les modes de fonctionnement qui sont les nôtres et qui devront évoluer face aux nouveaux acteurs – qui ont une logique très différente des quatre interlocuteurs que nous avons aujourd’hui, et qui demain seront plusieurs dizaines.»

« Pour faire face à ce changement de paradigme, il nous faut une organisation resserrée, qui soit capable d’éviter, face aux risques sur les ressources, d’entretenir des doublons dans les expertises. Les compétences rares doivent être à l’intérieur d’une même unité, et il faut des processus d’instruction différents de ceux que nous mettons aujourd’hui en œuvre, » a-t-il ajouté.

Le projet veut créer une « Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection », pour « répondre efficacement, aussi bien en matière de niveau de sûreté que de rythme de charge, à la relance inédite du nucléaire ».

Des experts, des élus et l’intersyndicale de l’IRSN s’opposent à la disparition de celle-ci, au nom de l’indépendance de l’expertise qu’incarne le système dual ASN/IRSN, né dans les années 2000 des leçons de Tchernobyl.

Publié le mercredi 8 novembre 2023 à 18h34

Photo en titre : © Bernard 63 – stock.adobe.com

https://www.moneyvox.fr/actu/95039/le-projet-de-loi-sur-la-surete-nucleaire-a-assemblee-en-fevrier

LOIS ÉNERGIES RENOUVELABLES ET NUCLÉAIRE : LES CONDITIONS DE LA DÉROGATION ESPÈCES PROTÉGÉES SONT PRÉCISÉES

Consultation du 30/10/2023 au 24/11/2023

Afin d’obtenir la dérogation « espèces protégées » nécessaire à de nombreux projets d’énergie renouvelable, ceux-ci doivent répondre à plusieurs conditions cumulatives listées à l’article L. 411-2 du Code de l’environnement :

  • prouver qu’il n’existe aucune autre solution satisfaisante avec un impact moindre sur les espèces protégées ;
  • prouver que le projet ne nuit pas à la conservation des espèces dans leur aire de répartition naturelle ;
  • démontrer que le projet procède de l’une des raisons listées à l’article L. 411-2 du Code de l’environnement, notamment qu’il réponde à une raison impérative d’intérêt public majeur.

La loi n° 2023-175 du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, à son article 19, dispose que les installations de production d’énergie renouvelable et leurs infrastructures de raccordement seront automatiquement considérées comme relevant de la raison impérative d’intérêt public majeur si elles répondent à des critères établis par un décret en Conseil d’État. La même chose est prévue pour les projets de réacteurs nucléaires dans la loi n° 2023-491 du 22 juin 2023 relative à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants.

D’après ces lois, les critères doivent tenir en compte du type d’énergie, de la puissance de l’installation et de sa contribution aux objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

Les deux projets de décrets concernent l’hydroélectricité d’une part, et les autres types d’énergies renouvelables et le nucléaire d’autre part. 

Pour l’hydroélectricité, le projet de décret définit des seuils de puissance. Les installations dépassant ces seuils seraient automatiquement reconnues comme relevant d’une raison d’intérêt public majeur, tant que les objectifs de la PPE ne seraient pas atteints. Ces seuils sont fixés à :

. 3 MW pour la métropole continentale ;

. 1 MW pour les zones non interconnectées.

Cependant, ces seuils ne s’appliqueraient pas aux cours d’eau protégés par la « liste 1 » de l’article L. 214-17 du Code de l’environnement, ni aux technologies osmotiques et hydroliennes. Pour rappel, la « liste 1 » de l’article L. 214-17 du Code l’environnement français désigne les cours d’eau sur lesquels est interdite la construction de nouveaux ouvrages pour préserver la continuité écologique.

Le deuxième projet de décret concerne les autres formes d’énergies renouvelables et les réacteurs nucléaires. Il prévoit également des seuils de puissance à partir desquels les installations relèvent de la raison impérative d’intérêt public majeur, toujours lorsque les objectifs de la PPE ne sont pas atteints. Ces seuils sont définis par type d’énergie.

Par exemple, pour l’énergie solaire thermique, le seuil correspond à une puissance prévisionnelle d’au moins 2,5 MW. Pour les installations éoliennes terrestres, la puissance prévisionnelle devrait être d’au moins 9 MW. Les projets éoliens en mer sont automatiquement reconnus comme d’intérêt public majeur sans seuil spécifique.

Les seuils sont inférieurs dans les zones non interconnectées.

S’agissant du nucléaire, deux types d’installations pourraient prétendre répondre à la raison impérative d’intérêt public majeur :

  • le réacteur devrait avoir une puissance thermique prévisionnelle d’au moins 750 MW ;
  • pour les installations d’une puissance thermique prévisionnelle d’au moins 30 MW, pour bénéficier de la dérogation :
    • . le réacteur devrait bénéficier d’un soutien public en tant que technologie nucléaire innovante, reconnue dans le cadre d’un appel à projets officiel ;
    • . la réalisation du projet devrait être qualifiée de projet d’intérêt général.

La raison impérative d’intérêt public majeure pourrait également être octroyée à des projets d’installations d’entreposage de combustibles nucléaires.

Article de la lettre LAMY DE L’ENVIRONNEMENT, par Aude SANY, publié le 8 novembre 2023 

Source commentée : Projet de décret relatif aux conditions requises à l’article L. 211‑2‑1 du code de l’énergie et à l’article 12 de la loi n° 2023-491 du 22 juin 2023, pour qu’un projet d’installation de production d’énergies renouvelables ou de réacteur électronucléaire soit réputé répondre à une raison impérative d’intérêt public majeur, au sens de l’article L. 411‑2 du code de l’environnement

Photo en titre : © Gettyimages

https://www.actualitesdudroit.fr/browse/environnement-qualite/environnement/42863/lois-energies-renouvelables-et-nucleaire-les-conditions-de-la-derogation-especes-protegees-sont-precisees

PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ NUCLÉAIRE : LA LUMIÈRE AU BOUT DU TUNNEL

L’accord avec EDF est tout proche, a annoncé mercredi le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, à l’ouverture des Assises de l’industrie de L’Usine Nouvelle.

Un accord entre EDF et l’État sur le sujet ultra-sensible des prix de l’électricité nucléaire est « tout proche », s’est félicité Bruno Le Maire, mercredi matin. « Nos discussions sont (…) intenses avec le gouvernement et les administrations pour chercher la meilleure voie possible », déclarait au même moment le PDG d’EDF, Luc Rémont, auditionné par le Sénat. Après des semaines de fortes tensions, les deux parties ont fait converger leurs points de vue.

L’Arenh, qui régit le système, expire fin 2025. Il faut vite trouver un nouveau compromis ménageant deux intérêts financiers : celui d’EDF, accablé de dettes (65 milliards d’euros) et de besoins d’investissement (25 milliards par an) et celui des clients, entreprises et particuliers, qui doivent pouvoir bénéficier de prix de l’électricité « stables et proches des coûts de production » du parc nucléaire, selon la volonté d’Emmanuel Macron. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) vient d’évaluer ce coût à 60,7 euros le MWh, Luc Rémont le situe plus près de 70 euros.

À lire aussi: Les investissements d’EDF pourraient dépasser 20 milliards d’euros par an

Taxation. Selon Reuters, l’État et EDF se sont accordés sur le principe d’une taxation par paliers des revenus du groupe issus du nucléaire, lorsque les prix de vente sur les marchés excéderont ses coûts. Les montants prélevés seront ensuite distribués aux clients, ce qui les mettra à l’abri de fortes hausses des prix.

Les deux parties négocient encore le niveau des paliers ainsi que les modalités d’une clause de revoyure pour faire évoluer le système. Devant le Sénat, le PDG d’EDF a plaidé pour des contrats à long terme comme base du futur modèle économique du groupe, tout en reconnaissant la nécessité « d’instruments qui permettent aux pouvoirs publics de garder le contrôle (du) marché, notamment dans les situations tendues ».

Le projet d’accord sera soumis à une consultation de place, puis envoyé pour validation à Bruxelles. L’objectif est que la nouvelle régulation soit arrêtée début 2024.

Par Muriel Motte, publié le 8 novembre 2023 à 17h42 , mis à jour le 8 novembre 2023 à 17h44

Photo en titre : Photo d’illustration du siège EDF.  –  Sipa Press

https://www.lopinion.fr/economie/prix-de-lelectricite-nucleaire-la-lumiere-au-bout-du-tunnel

BRUXELLES APPORTE SON SOUTIEN À UNE ALLIANCE EUROPÉENNE DES PETITS RÉACTEURS NUCLÉAIRES

Lors du 16ème forum européen sur l’énergie nucléaire qui se tenait à Bratislava en Slovaquie lundi et mardi (6 et 7 novembre), la commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, a apporté son soutien au développement d’une alliance autour des petits réacteurs nucléaires (SMR).

Si les énergies renouvelables continuent de faire l’unanimité à Bruxelles, le nucléaire fait un retour en grâce dans le paysage énergétique européen, poussé par la France et son « alliance du nucléaire ».

Mardi (7 novembre) à Bratislava, l’exécutif européen a même franchi une nouvelle étape. Lors du 16ème forum européen annuel de l’énergie nucléaire (ENEF), la commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, a en effet apporté son soutien au lancement d’une alliance européenne des petits réacteurs nucléaires modulaires (small modular reactor, SMR, en anglais).

« Aujourd’hui, je peux confirmer que la Commission effectuera tous les travaux préparatoires en vue de lancer l’alliance industrielle dans les mois à venir »a-t-elle déclaré, suscitant l’enthousiasme chez les défenseurs du nucléaire qui réclament depuis plusieurs mois la mise en place d’un tel outil de coordination.

En parallèle, les industriels du secteur, des chercheurs, des organismes de réglementation, de potentiels clients et la Commission européenne ont déjà monté un « pré-partenariat européen SMR».

Quelques jours avant l’évènement, 12 ministres européens en charge de l’Énergie avait également fait pression en envoyant à Mme Simson et trois autres commissaires européens une lettre commune appelant à « la création d’une “alliance industrielle” pour les SMR au niveau de l’UE ».

Il s’agissait, en outre, du message principal de la réunion de l’« alliance du nucléaire » qui s’est tenue en marge de l’ENEF à l’initiative des ministres slovaques et françaises chargées de l’Énergie, Denisa Sakova et Agnès Pannier-Runacher.

Alliance du nucléaire : le financement des petits réacteurs à l’ordre du jour

L’Alliance du nucléaire se réunira de nouveau mardi (7 novembre) à Bratislava en Slovaquie. Le pays hôte souhaite aborder le rôle de la Commission européenne pour accélérer le développement de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR).

Nouveau paradigme

Avec cette déclaration de soutien de Mme Simson, la Commission européenne semble acter un nouveau paradigme.

« L’année dernière, à la même époque, nous étions plongés dans la crise de l’énergie. Un an plus tard, beaucoup de choses ont changé. Aujourd’hui, la conversation autour de l’énergie nucléaire — non seulement en Europe mais aussi dans le monde entier — a évolué », a-t-elle expliqué.

Selon elle, le nucléaire est dorénavant un moyen d’assurer la « sécurité de l’approvisionnement en électricité » à des prix stables et mesurés, un moyen d’atteindre les objectifs « ambitieux en matière de climat et d’énergie » fixés au niveau européen, ainsi que de conserver un «leadership technologique» permettant de préserver «l’autonomie stratégique de l’Europe en matière d’énergie ».

Des objectifs auxquels les SMR pourraient participer. « Pour toutes ces raisons, depuis 2022, la Commission s’est impliquée dans la mise en place d’un partenariat européen sur les SMR », a indiqué la commissaire européenne.

Depuis plusieurs années, la Commission de Bruxelles a lancé différentes alliances — sur les batteries, le solaire et l’hydrogène entre autres — dans le but d’accompagner le déploiement de filières industrielles en rassemblant gouvernements, chercheurs, et représentants de la société civile autour d’une thématique.

Les travaux peuvent porter notamment sur la définition d’une réglementation appropriée au niveau européen, ainsi que le partage de compétences et de connaissances pour le développement, la maintenance et la construction d’infrastructures.

Pour le solaire par exemple, le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, assurait lors du lancement officiel de l’alliance, qu’elle permettra de « créer des chaînes de valeur complètes pour le solaire photovoltaïque » en Europe afin de « réduire nos dépendances [énergétiques] ».

Concernant le nucléaire, Mme Pannier-Runacher a notamment insisté à Bratislava sur le fait que 300 000 emplois étaient attendus dans la filière d’ici à 2050. Également, fin avril, le président de la filiale SMR d’EDF Nuward, Renaud Crassous, déclarait à Euractiv France qu’il était nécessaire que « les autorités de sûreté et les réglementations nationales acceptent l’équivalence de certaines règles ».

Une alliance pourrait donc aider à fluidifier les discussions sur ce sujet.

En outre, une alliance européenne doit également assurer une place à l’UE dans la compétition mondiale, notamment avec la Chine et les États-Unis.

D’autant que le géant outre-Atlantique est déjà passé à l’attaque sur le Vieux continent officialisant, en Roumanie, la mise en route d’un SMR de technologie américaine avant 2030.

Un petit réacteur nucléaire américain sur le sol européen dès 2029, selon un haut fonctionnaire américain

Les États-Unis visent à déployer le premier petit réacteur nucléaire modulaire de fabrication américaine en Roumanie et en Tchéquie d’ici « 2029 », selon un fonctionnaire américain.

Convaincre Ursula von der Leyen

Afin de mener à bien les ambitions exposées à Bratislava, faut-il encore s’assurer du soutien de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dont l’approbation est nécessaire pour lancer officiellement une alliance des SMR.

Ce projet est « faisable », nous confie avec confiance l’eurodéputé français (Renew) et leader de l’intergroupe parlementaire sur le nucléaire, Christophe Grudler, présent mardi en Slovaquie.

Il faudra également compter avec la réticence des États membres traditionnellement opposés au nucléaire, Autriche et Allemagne en tête.

La France, de son côté, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Selon Mme Pannier-Runacher, l’UE doit assurer son soutien au nucléaire de plusieurs manières.

Technique et politique d’abord, en reconnaissant in fine que le nucléaire doit être traité au même niveau que les énergies renouvelables. Financier ensuite, en facilitant le recours à des financements d’institutions européennes, comme la banque européenne d’investissement ou la banque européenne pour la reconstruction et le développement.

« Les financements européens doivent être alignés entre le nucléaire et les renouvelables », a-t-elle déclaré à Bratislava, au côté de son homologue slovaque, Mme Sakova.

Les intentions de la France sont claires : « construire la feuille de route de la prochaine Commission européenne et mettre en place ces nouvelles politiques publiques », et affirmer que « l’Europe est en train de changer sur la politique nucléaire ».

Nucléaire : bilan et perspectives d’un retour en grâce en Europe

Au terme d’une saison 2022-2023 mouvementée, le nucléaire opère un retour remarqué sur le devant de la scène énergétique européenne. C’est le signe, si l’on en croit le ministère de l’Énergie français, d’un « excellent bilan » diplomatique. Récapitulatif.

Par Paul Messad (source Euractiv France), publié le 09 novembre 2023 à 10h44

Photo en titre : À gauche, la commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, à droite, la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, le 19 juin 2023 à Luxembourg. [Conseil de l’UE / Union européenne.

[Édité par Frédéric Simon]

https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/bruxelles-apporte-son-soutien-a-une-alliance-europeenne-des-petits-reacteurs-nucleaires/

NDLR : Tout cet argent qui ne sera pas investi dans le déploiement des énergies renouvelables… ! Agnès Pannier-Runacher aura au moins gagné un bel avenir politique.

LE KREMLIN DÉCLARE QUE LE DIALOGUE SUR LES ARMES NUCLÉAIRES AVEC LES ÉTATS-UNIS EST NÉCESSAIRE, MAIS QU’IL N’EST PAS PRÊT À SE FAIRE SERMONNER

Le Kremlin a déclaré mercredi que le dialogue stratégique avec les États-Unis sur les armes nucléaires était « absolument nécessaire« , mais que ces discussions ne pouvaient avoir lieu tant que Washington ferait la leçon à Moscou.

La Russie et les États-Unis, qui sont de loin les plus grandes puissances nucléaires, ont tous deux regretté la désintégration progressive des traités de contrôle des armements qui visaient à ralentir la course aux armements de la guerre froide et à réduire le risque de guerre nucléaire.

Mardi, la Russie s’est officiellement retirée d’un traité de sécurité historique qui limitait les principales catégories de forces armées conventionnelles, en invoquant ce qu’elle considère comme une expansion inacceptable de l’alliance militaire de l’OTAN. L’OTAN a déclaré que ses membres suspendraient l’application de ce même traité en réponse.

Interrogé sur la perspective d’un dialogue stratégique sur les armes nucléaires avec les États-Unis et l’Occident, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré : « Le dialogue est sans équivoque : le dialogue est sans aucun doute nécessaire. (Mais) il ne peut avoir lieu dans une situation où un pays fait la leçon à un autre pays. Nous n’acceptons pas une telle situation. Mais nous pensons que le dialogue est essentiel. Et nous sommes certainement prêts à l’entamer. Mais jusqu’à présent, la situation réelle n’a en rien changé ».

La guerre en Ukraine a déclenché la plus grande confrontation entre Moscou et l’Occident depuis les profondeurs de la guerre froide, bien que l’architecture de la sécurité de l’après-guerre froide se soit déjà effondrée avant le conflit.

Après les craintes d’une guerre nucléaire déclenchées par la crise des missiles de Cuba en 1962, les États-Unis et l’Union soviétique ont cherché à ralentir la course aux armements par ce qui est finalement devenu un enchevêtrement d’accords de contrôle des armements qui ont permis à chaque partie de mieux comprendre l’arsenal et les capacités de son ennemi.

UN DANGER À VENIR

Mais une grande partie de cette architecture s’est depuis effritée et le président Vladimir Poutine a signé la semaine dernière une loi annulant la ratification du traité d’interdiction complète des essais nucléaires afin d’aligner Moscou sur la position des États-Unis. M. Poutine a déclaré qu’il n’était pas prêt à dire si la Russie allait reprendre ses essais.

Le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, a déclaré plus tôt dans la journée de mercredi que le régime international de contrôle des armements avait été mis à mal et a imputé à l’Occident la responsabilité de ce qu’il a qualifié de risque accru d’utilisation d’armes nucléaires, chimiques ou biologiques.

Interrogé sur ces propos, M. Peskov, du Kremlin, a déclaré : « M. Patrushev est le secrétaire d’État à l’armement : M. Patrushev est le secrétaire du Conseil de sécurité. Il fait partie du Kremlin. Ses déclarations sont donc des déclarations du Kremlin. En ce qui concerne la Fédération de Russie, nous avons une doctrine (nucléaire) où tout est clairement énoncé. Il n’y a pas de changement. Le président l’a confirmé« , a déclaré M. Peskov.

Article traduit automatiquement Retrouvez l’article original

Par © Reuters 2023, publié le 08 novembre 2023 à 11h54

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NON À LA CONFISCATION DES EAUX DU RHÔNE : RASSEMBLEMENT TRANSFRONTALIER À GENÈVE

Alors que M. Macron se rendra le 15 au 16 novembre à Berne pour rencontrer M.Berset, président de la confédération et parler notamment de débit du Rhône pour refroidir les hypothétiques futurs EPR2 même en période de sécheresses à venir, à Genève Sortir du nucléaire et contrAtom (plus Stop Bugey si accord !) organisent un rassemblement transfrontalier sur le barrage où la régulation du Rhône côté suisse se fait : le barrage du Seujet. Sera présente la députée fédérale genevoise Delphine Klopfenstein, je cherche une conseillère régionale Aura ou un.e élu.e local.e français.e sans succès pour l’instant.

MANIFESTATION le 15 novembre:

10h : Rendez-vous sur place, banderoles, photographe, presse.

11h : Fin du rassemblement, cafés croissants au bistro offert par les organisateurs. Tri et finition des photos et interviews, envoi aux médias.

Par Philippe de Rougemont (Sortir du nucléaire Suisse romande)

Complément d’information

Les 15 et 16 novembre prochain, le Président français, Emmanuel Macron, vient à Berne pour une visite d’État. Au programme des discussions avec les autorités fédérales figure le projet d’accord, souhaité par les autorités françaises, concernant la régulation du débit du Rhône.

En effet, la France exploite 14 réacteurs nucléaires sur les rives du Rhône, dont ceux du Bugey à 70 km de Genève, pour lesquelles il est procédé à d’importants prélèvements d’eau dans le fleuve pour refroidir ces centrales.

Du fait du rejet de ces eaux à des températures sensiblement plus élevées, du réchauffement climatique et des canicules à répétition, l’eau du Rhône atteint de plus en plus fréquemment les températures maximales autorisées pour maintenir des conditions acceptables pour le maintien de la biodiversité, ce qui oblige l’exploitant à ralentir voire à arrêter complètement ces centrales pendant la période estivale.

Ce problème va s’aggraver avec le temps puisque le gouvernement français a décidé de construire 2 nouveaux réacteurs de type EPR au Bugey et que, par ailleurs, on estime que le débit du Rhône va diminuer de 10 à 30% à l’horizon 2050.

C’est pourquoi le gouvernement français fait pression sur les autorités fédérales pour substituer un accord d’État à l’accord privé qui régit actuellement les relations entre les compagnies françaises exploitantes et le canton de Genève. Le but est de contraindre la Suisse à assurer un débit minimum à l’entrée du territoire français.

Ce projet est inacceptable parce que :

– la France demande à la Suisse des concessions qu’elle n’a pas obtenu de la part de ses voisins de l’Union Européenne (Belgique et Luxembourg) pour les cours d’eau transfrontaliers.

– les cantons romands (Genève, Vaud et Valais) doivent rester maîtres de la gestion des eaux afin de préserver au mieux la biodiversité locale.

– la constitution genevoise prévoit que « les autorités cantonales s’opposent par tous les moyens à leur disposition et dans la limite de leurs compétences aux installations de centrales nucléaires, de dépôts de déchets radioactifs et d’usines de retraitement sur le territoire et au voisinage du canton ». Le site du Bugey étant à proximité de Genève, il n’est pas concevable de favoriser l’exploitation et l’extension de ce site.

Les associations antinucléaires (ContrAtom, Sortir du nucléaire, NWA) s’opposent donc à ce projet d’accord dont le but essentiel est d’assurer l’exploitation maximum des centrales nucléaires françaises existantes et futures.

Compléments d’information

. Étude française de l’impact du réchauffement climatique sur les eaux du Rhône et de l’Arve :

https://www.rhone-mediterranee.eaufrance.fr/axe-rhone/gouvernance-franco-suisse-des-eaux-du-bassin-versant-du-rhone

. Résumé par la RTS

https://www.rts.ch/info/suisse/14268616-des-negociations-francosuisses-sur-lusage-des-eaux-du-leman-se-dessinent.html

. Communiqué CH ouvrant négociation F-CH sur le Léman

https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-97441.html

L’EAU DU RHÔNE POUR L’EAU POTABLE ET L’AGRICULTURE, PAS POUR LE NUCLÉAIRE !

Message reçu le 08 novembre 2023 à 22h01

CENTRALE NUCLÉAIRE DE CIVAUX : DES RÉSERVES EN EAU ET DES BACTÉRIES EN DÉBAT

Selon la Commission locale d’information (CLI), la centrale nucléaire de Civaux est adaptée aux risques climatiques. Des projets de nouvelles réserves d’eau et de station de monochloramine sont en réflexion.

La construction d’une à deux réserves d’eau de 600 m3 chacune est actuellement étudié par l’Autorité de sûreté nucléaire au sein de la centrale de Civaux, selon Roger Gil, président délégué de la CLI (Commission locale d’information) de la centrale nucléaire de Civaux. La CLI a tenu son assemblée générale publique, mardi 7 novembre 2023, à la salle des fêtes de Civaux. Les ressources en eau, le dérèglement climatique ont été des sujets majeurs abordés.

« Un dispositif de préservation de l’eau »

Pour Roger Gil, « la centrale de Civaux a été, dès sa conception, orientée dans un dispositif de préservation de l’eau ». Il mentionne les dix-sept barrages en amont qui sécurisent les capacités de refroidissement des deux réacteurs.

Quant aux risques bactériologiques, « Civaux a la particularité de traiter les amibes par ultraviolet. Ce n’est pas un traitement chimique donc c’est dépourvu d’effets sur l’environnement. C’est très novateur car les autres centrales les traitent par monochloramine », commente Roger Gil.

L’autre risque bactériologique concerne le personnel par la présence potentielle de légionelle dans les circuits du site industriel. « Depuis vingt ans, nous n’avons pas eu à nous inquiéter de cas de légionellose. Si le seuil venait à être dépassé, l’option est de faire des chlorations des circuits. L’ASN a décidé d’abaisser ces seuils. » La CLI a débattu sur l’opportunité d’une station de monochloramine sur le site de Civaux, et sur le contrôle de traitement chimique par rapport à la rivière Vienne.

Publié le 08/11/2023 à 17h30

Photo en titre : Pour le président délégué de la CLI, la centrale de Civaux a été conçue pour faire face à l’évolution du climat. © (Photo NR-CP, Xavier Roche-Bayard)

https://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/commune/civaux/centrale-nucleaire-de-civaux-des-reserves-en-eau-et-des-bacteries-en-debat

DYSFONCTIONNEMENTS ET ALÉAS TECHNIQUES EN SÉRIE À LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE PALUEL

Deux unités de la centrale électrique sont à l’arrêt depuis vendredi 3 novembre 2023. Une troisième avait été déconnectée lundi 6 novembre 2023. Quant à la 4e ligne, elle est en maintenance programmée.

Mardi 7 novembre 2023, vers 15 h 30, l’unité de production n°1 de la centrale nucléaire de Paluel a été reconnectée au réseau électrique national annonce un communiqué de presse publié par EDF sur le site internet de la centrale. Elle avait été déconnectée le 6 novembre 2023, vers 1 h 45, suite au dysfonctionnement d’un système d’instrumentation. Cette déconnexion a été réalisée en toute sûreté et conformément aux procédures d’exploitation.

Toutes les unités à l’arrêt

Dans son communiqué, EDF indique aussi que les unités de production n°2 et n°3 sont à l’arrêt à la suite d’un aléa technique sur la ligne d’évacuation de l’électricité, survenu le 3 novembre 2023. Enfin, l’unité de production n°4 est à l’arrêt pour maintenance programmée. Aussi durant toute la journée du lundi 6 novembre 2023, aucune unité de la centrale nucléaire ne fonctionnait

Par la rédaction, publié le 8 novembre 2023 à 11h05

Photo en titre : La centrale nucléaire de Paluel compte quatre unités de production – DR

https://www.paris-normandie.fr/id464668/article/2023-11-08/dysfonctionnements-et-aleas-techniques-en-serie-la-centrale-nucleaire-de-paluel

ISRAËL ANÉANTIT GAZA, WASHINGTON MENACE L’IRAN DE GUERRE NUCLÉAIRE

Après des manifestations de masse à travers le monde contre la guerre génocidaire d’Israël à Gaza ce week-end, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’est rendu à Bagdad lundi. Dans la capitale irakienne, il a dénoncé les milices pro-iraniennes actives en Irak depuis que Washington a illégalement envahi le pays, renversé son gouvernement et l’a occupé de 2003 à 2011. 

Blinken a accusé ces milices d’avoir tiré sur les bases américaines en Irak et en Syrie après le début de la guerre de Gaza. Il a dit, : « À ceux qui chercheraient à profiter du conflit à Gaza pour menacer notre personnel ici ou ailleurs dans la région : Ne le faites pas. Les menaces émanant de milices alignées sur l’Iran sont totalement inacceptables, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour protéger nos gars. Nous ne cherchons pas à entrer en conflit avec l’Iran, nous l’avons dit très clairement, mais nous ferons ce qui est nécessaire pour protéger notre personnel ». 

Cet argument est un mensonge politique : l’Iran ne cherche pas la guerre avec les États-Unis, mais Washington cherche la guerre avec l’Iran. Blinken a publiquement menacé l’Iran et les forces pro-iraniennes en Irak, en Syrie et à travers le Moyen-Orient. 

Le soulèvement palestinien contre le blocus illégal de Gaza par Israël a commencé il y a un mois. Depuis lors, l’armée israélienne a tué plus de 10.000 Palestiniens, majoritairement des femmes et des enfants. Israël a bombardé les camps de réfugiés, les hôpitaux et les écoles de Gaza, coupé l’alimentation, l’eau et l’électricité et détruit la moitié des bâtiments.

Washington n’appelle pas à la retenue mais attise la crise, mettant le cap sur la guerre. Alors que le régime iranien a averti qu’il pourrait intervenir militairement pour tenter de protéger les Palestiniens d’un génocide si Israël envahissait Gaza, Washington traite les manifestations mondiales avec mépris, appuyant la guerre génocidaire à Gaza au prétexte qu’Israël a le « droit de se défendre ». Il a aussi envoyé au Moyen-Orient deux porte-avions et des batteries antimissiles, des armes qui ne sont utiles que contre des grandes puissances comme l’Iran.

Ces menaces à l’encontre de l’Iran sont apparues clairement cette semaine, avec l’annonce publique et inhabituelle de l’envoi d’un sous-marin nucléaire américain au Moyen-Orient. Un tel navire peut porter 154 missiles de croisière Tomahawk à tête nucléaire ou 20 missiles balistiques nucléaires. Un navire ainsi armé a une puissance de destruction totale de 23 ou 28 mégatonnes de TNT, soit entre 1.900 et 2.300 fois la puissance de la bombe atomique qui a détruit Hiroshima en 1945.

La chaîne d’information américaine CNN a commenté : « L’annonce est un message clair de dissuasion adressé à l’Iran et à ses mandataires dans la région ».

Soyons clair : Washington menace l’Iran et ses alliés d’une guerre nucléaire. Le soutien de Washington et de ses alliés impérialistes européens à la guerre génocidaire à Gaza les implique dans des crimes contre l’humanité. Mais c’est aussi un avertissement : Les puissances impérialistes n’hésiteront pas à prendre des mesures similaires contre l’Iran ou toute autre pays de la région.

Les dirigeants américains voient cette guerre comme une partie d’un conflit mondial pour préserver leur l’hégémonie et ne reculeront devant rien pour dominer le Moyen-Orient. 

L’article « L’axe Chine-Russie-Iran est une menace claire pour l’Amérique » d’Ariel Cohen, de l’influent Atlantic Council, expose l’hystérie belliqueuse qui infecte les dirigeants impérialistes. Dénonçant les liens entre la Russie, la Chine et l’Iran, il traite la guerre d’Israël contre Gaza d’occasion en or de détruire l’Iran pour intimider la Russie et la Chine : « La crise actuelle offre à Washington une occasion unique d’envoyer un message sans équivoque à Moscou et à Pékin: Reculez ou perdez l’Iran ». 

Toute action par l’Iran, écrit-il, doit conduire à l’anéantissement de son armée, de son industrie et de son État : « Si l’Iran passe outre les avertissements de Washington et cause des dommages inacceptables aux civils israéliens, il doit être sévèrement puni et son programme nucléaire, ses forces militaires, voire ses terminaux pétroliers détruits. La dictature djihadiste chiite kleptocratique n’y survivrait sans doute pas. C’est le message que Moscou et Pékin ne pourront ignorer ».

Si cette politique est insensée et criminelle, elle n’explique pas moins la voie suivie par Washington et ses alliés impérialistes européens, ainsi que leur fascination pour l’arme nucléaire. Cette politique est enracinée dans une crise de l’impérialisme américain et mondial qui a mûri au fil des décennies depuis la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991. 

En allant à Bagdad menacer l’Iran, Blinken suit la lignée de la diplomatie impérialiste américaine. Après la révolution iranienne de 1979, des dirigeants américains se sont rendus à plusieurs reprises en Irak pour encourager ce pays à faire la guerre à l’Iran. En 1983-4, Donald Rumsfeld, futur secrétaire à la défense lors de l’invasion de l’Irak en 2003, est allé inciter l’Irak à utiliser des armes chimiques contre les Kurdes alliés à l’Iran dans la guerre Iran-Irak de 1980-1988.

Mais Washington et ses alliés européens confrontent un monde très différent de celui lors de leur première guerre du Golfe contre l’Irak en 1991. Depuis, libérés de l’obstacle militaire et politique posé par l’existence de l’Union soviétique, ils ont lancé des guerres à travers cette région riche en pétrole — en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, en Ukraine et au-delà. Mais ces guerres, qui ont causé la mort de millions de personnes et entraîné des dépenses de milliers de milliards de dollars, n’ont pas eu l’effet de renforcer la position de Washington.

Tout d’abord, Washington vit aujourd’hui une crise militaire majeure. Ses alliés ukrainiens ont subi une défaite face à la Russie. Ses forces au Moyen-Orient sont face à un réseau de centaines de bases construites par l’Iran, la Russie ou leurs alliés en Syrie et dans toute la région, Moscou et Téhéran étant intervenus contre la guerre sale lancée par l’OTAN en Syrie en 2011. En outre, le traité que la Chine a conclu avec l’Iran lui offre non seulement des projets d’infrastructures à 400 milliards de dollars, mais une offre d’alliance et d’assistance miliaire.

Cette crise militaire et géopolitique ne fait qu’inciter la témérité de Washington. Avec 40.000 soldats au Moyen-Orient, loin des 200.000 qui ont envahi l’Irak en 2003, Washington ne peut pas, pour l’heure, envahir et occuper l’Iran, un pays quatre fois plus grand que l’Irak, ni combattre l’Iran, la Russie et la Chine dans des guerres conventionnelles. Ceci explique son recours politiquement criminel aux menaces nucléaires, même au risque de provoquer une conflagration entre les puissances mondiales.

Ensuite et surtout, l’impérialisme est confronté à un mouvement mondial de travailleurs et de jeunes qui se développe rapidement contre la guerre et le génocide israélien à Gaza. Depuis le début de l’attaque israélienne, des millions de personnes ont manifesté sur tous les continents. La question clé est de savoir dans quelle perspective ce vaste mouvement peut être unifié et politiquement armé pour mettre fin au génocide et à la troisième guerre mondiale émergente

Les menaces contre l’Iran révèlent que le massacre à Gaza fait partie d’une guerre mondiale, menée par les pays impérialistes, pour rediviser et piller les profits et les marchés de la planète. On ne peut stopper cette guerre en faisant pression sur des gouvernements ou des politiciens capitalistes. Elle procède du système capitaliste lui-même. Il est possible de stopper le génocide à Gaza, et la guerre mondiale. Mais ceci nécessite la construction d’un mouvement mondial, consciemment uni, pour transférer le pouvoir aux travailleurs, abolir le capitalisme et construire le socialisme

Par Alexandre Lantier, publié le 07 novembre 2023

https://www.wsws.org/fr/articles/2023/11/07/gocc-n07.html

MOSCOU S’INQUIÈTE DES CONSÉQUENCES DES ALLUSIONS À UNE “FRAPPE NUCLÉAIRE” ISRAÉLIENNE SUR GAZA

Considéré parmi les neufs pays dotés de l’arme nucléaire, Israël posséderait entre 80 et 90 ogives nucléaires à base de plutonium, mais refuse de reconnaître l’existence de son programme nucléaire militaire.

Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré mardi que les propos d’un ministre israélien qui avait suggéré l’idée qu’Israël procède à une frappe nucléaire sur Gaza, ont soulevé de nombreuses interrogations.

Interrogé lors d’une interview à la radio sur une hypothétique option nucléaire, le ministre du Patrimoine Amihay Eliyahu, membre d’un parti d’extrême droite au sein de la coalition gouvernementale, avait répondu : « C’est une solution« .

Sa remarque a été rapidement condamnée dans le monde arabe, a scandalisé les principaux radiodiffuseurs israéliens et a été jugée « choquante » par un responsable américain.

Lire aussi: Usage de la bombe nucléaire et sort des otages: des propos d’un ministre israélien font scandale

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, par ailleurs, suspendu M. Eliyahu dimanche des réunions du cabinet « jusqu’à nouvel ordre« .

Lundi dernier, le département d’État américain a rejeté comme « totalement inacceptables » les déclarations du ministre israélien.

« Nous continuons à penser qu’il est important pour toutes les parties de ce conflit de s’abstenir de toute rhétorique haineuse« , a déclaré le porte-parole adjoint Vedant Patel lors d’une conférence de presse.

L’Allemagne a condamné elle aussi les allusions à l’utilisation de bombes nucléaires dans la guerre de Gaza.

De telles déclarations sont inacceptables« , s’est indignée Kathrin Deschauer, porte-parole adjointe du ministère des Affaires étrangères, lors d’un point de presse à Berlin.

Israël posséderait entre 80 et 90 ogives nucléaires à base de plutonium et suffisamment de matériel pour en fabriquer plus de 200.

Il est ainsi considéré parmi les neuf pays dotés de l’arme nucléaire, avec la Russie, les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Inde et la Corée du Nord.

Son arsenal nucléaire serait composé d’environ 30 bombes à gravité destinées à être larguées par avion, le reste des ogives étant destinées à être larguées par des missiles.

Par TRT français, publié le 07 novembre 2023

Photo en titre : La centrale nucléaire israélienne de Dimona située dans le désert du Néguev / Photo: Getty Images (Getty Images)

https://www.trtfrancais.com/actualites/moscou-sinquiete-des-consequences-des-allusions-a-une-frappe-nucleaire-israelienne-sur-gaza-15722833

LA CHINE ET LES ÉTATS-UNIS DISCUTENT DE LA RÉGULATION DE LEUR ARSENAL NUCLÉAIRE

Selon Washington, Pékin dispose de « plus de 500 têtes nucléaires ». Cette discussion intervient alors qu’une rencontre Xi Jinping-Joe Biden pourrait bientôt avoir lieu.

Des échanges inédits depuis plusieurs années. Selon le porte-parole du département d’État américain Vedant Patel, les États-Unis et la Chine ont discuté, ce lundi 6 novembre, de la question du contrôle des armes nucléaires. Il s’agit des premiers échanges à ce sujet depuis la présidence de Barack Obama. Ils illustrent une nouvelle étape diplomatique entre les deux puissances. D’autant qu’une rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping est attendue mi-novembre.

Aucun progrès concret n’est attendu à l’issue de ces discussions, qui font suite à la visite fin octobre à Washington du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi.

À lire aussi : Chine-États-Unis : les scénarios d’une guerre entre géants

Éviter que « la compétition ne dégénère en conflit »

« Nous avons toujours appelé la Chine à s’engager véritablement sur la question de la régulation des arsenaux et de la réduction des risques stratégiques », a déclaré à la presse Vedant Patel, le porte-parole du département d’État américain. Il s’agit de « poursuivre les efforts visant à gérer la relation (entre les deux pays) de manière responsable et à s’assurer que la compétition ne dégénère pas en conflit », a-t-il ajouté.

À lire aussi : Pourquoi il faut s’habituer aux tensions entre les États-Unis et la Chine

Le président américain Joe Biden pourrait rencontrer son homologue chinois Xi Jinping la semaine prochaine à San Francisco en marge du sommet de l’Apec (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique). La réunion n’a pas été confirmée par Pékin.

La Chine disposait de « plus de 500 têtes nucléaires opérationnelles en mai 2023 » et est en voie d’en avoir « probablement plus de 1 000 d’ici à 2030 », un rythme plus rapide qu’estimé auparavant, selon un rapport du Pentagone diffusé mi-octobre. Les États-Unis possèdent environ 3 700 têtes nucléaires et la Russie 4 500, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, selon qui Pékin en compte 410.

Par B.L. avec AFP, publié le 06/11/2023 à 23h06, mis à jour le 07/11/2023 à 06h13

Photo en titre : Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, la Chine dispose actuellement d’un arsenal de 410 têtes nucléaires. © WENG QIYU / Imaginechina / Imaginechina via AFP

https://www.lepoint.fr/monde/la-chine-et-les-etats-unis-discutent-de-la-regulation-de-leur-arsenal-nucleaire-06-11-2023-2542157_24.php#xtor=CS3-190

UN AVANT-PROJET DE LOI POUR RÉFORMER LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE EN FRANCE

Le gouvernement, qui veut réformer la sûreté nucléaire dans un contexte de relance de l’atome, propose de réunir les deux institutions actuelles dans une « Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection« , à créer au 1er janvier 2025, selon un avant-projet de loi consulté lundi par l’AFP.

Six mois après avoir échoué à faire adopter au Parlement ce projet alors glissé dans un amendement législatif, le gouvernement présente cette fois un texte dédié de 18 articles, intitulé « projet de loi relatif à l’organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire« . Les consultations sur le texte vont s’étaler sur le mois de novembre, « afin de finaliser le projet de loi et de le présenter en conseil des ministres d’ici la fin de l’année« , a indiqué lundi le ministère de la Transition énergétique. « Le Parlement arrivera donc en début d’année prochaine« , ajoute-t-il.

Selon ce projet, la future Autorité « réunit les activités » des actuels Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), « sous le statut le plus protecteur en droit français, offrant le plus de garantie d’impartialité : le statut d’autorité administrative indépendante« , explique l’exposé des motifs. « Cette évolution permettra de répondre aux attentes en termes de délais et d’efficacité des processus d’expertise, d’instruction, d’autorisation et de contrôle« , ajoute-t-il, le gouvernement entendant « répondre efficacement, aussi bien en matière de niveau de sûreté que de rythme de charge, à la relance inédite du nucléaire« .

« La future autorité ne sera pas la juxtaposition des organisations et interfaces actuelles ; elle permettra au contraire de fluidifier les processus d’instruction, d’assurer un meilleur alignement des priorités et de renforcer le partage des informations« , dit-on encore.

Depuis des mois, l’intersyndicale de l’IRSN, l’organisme expert du secteur, est vent debout contre cette réforme, comme l’UFC-Que Choisir ou l’association des riverains de centrales (Anccli), qui redoutent une moindre indépendance de l’expertise et une perte de transparence.

Dans le projet, l’article 4 pose le principe d’une séparation entre processus d’expertise et de décision. Il laisse cependant à la future autorité le soin d’en définir l’organisation. Il reviendra aussi au règlement intérieur de la future autorité de définir les modalités de publication des futures expertises.

Soucieux de retenir et attirer les compétences, le projet prévoit que la future autorité administrative puisse avoir le statut d’établissement de recherche dont est aujourd’hui doté l’IRSN. Elle pourra en outre recruter des salariés de droit privé (statut actuel à l’IRSN). En termes de moyens, le gouvernement prévoit pour la mi-2024 un rapport destiné au PLF 2025 sur les besoins humains et financiers qui seront nécessaires à la future Autorité pour tenir ses objectifs « dans le nouveau contexte nucléaire »

Par Connaissance des Énergies et © Agence France-Presse, publié le 06 novembre 2023 à 21h41

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/un-avant-projet-de-loi-pour-reformer-la-surete-nucleaire-en-france-231106

NUCLÉAIRE AU MOYEN-ORIENT : UN AVENIR MAUSSADE

Autour de la centrale nucléaire de Zaporijia en Ukraine prolifèrent les avis éclairés, les scénarios d’apocalypse, les appels à la raison de l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique), les alertes de la presse mondiale soulignant que Zaporijia au bord du Dniepr est une des plus grosses centrales nucléaires du monde (voir à ce sujet le communiqué de Robin des Bois “Vers un nouveau Tchernobyl ?” du 24 avril 2014*).

Autour de la centrale nucléaire de Dimona dans le désert du Néguev en Israël construite à partir de 1958 avec le soutien de l’État français, l’AIEA déserte.

Les puissances et les deux vocations sont incomparables.

Zaporijia combine 6 réacteurs électrogènes de 1000 mégawatts. C’est une installation nucléaire civile. Le réacteur de Dimona a une puissance maximale de 150 mégawatts. Il est situé à 80 km de Gaza et à 40 km de la Cisjordanie. C’est une installation nucléaire militaire. Le réacteur est couplé à un atelier de retraitement des combustibles irradiés et d’extraction du plutonium, une sorte d’usine de La Hague (France) miniaturisée construite par une filiale de Saint-Gobain. Le plutonium n’est pas réutilisé pour faire du Mox (combustible mixte uranium-plutonium utilisé dans des centrales nucléaires à usage civil). Le plutonium de Dimona est utilisé pour faire des armes atomiques dont le nombre, la puissance et la gamme sont secrets, assez de toute façon pour jeter l’épouvante dans tout le Moyen-Orient et au-delà en cas de mise à feu volontaire ou accidentelle. La population du Moyen-Orient est estimée à 361 millions d’habitants.

Rafael Grossi, actuel directeur général de l’AIEA, préfère pour l’heure envoyer ses troupes au Japon pour mesurer le tritium et le césium-137 après les premiers lâchers d’eaux d’extinction des réacteurs de Fukushima dans l’océan Pacifique.

L’AIEA d’aujourd’hui n’est hélas plus celle de 2004, quand son directeur Mohamed El Baradei (prix Nobel de la paix en 2005) prônait à Jérusalem et dans le monde entier la création d’une ZEAN (Zone Exempte d’Armes Nucléaires) au Moyen-Orient. Il déclarait alors : “À mon avis, il y a 2 options au Moyen-Orient. Soit nous aurons, dans les 10 ou 20 prochaines années, 3 ou 4 pays qui essaieront d’acquérir des armes nucléaires et, pire encore, des groupes extrémistes qui essaieront de mettre la main sur des engins nucléaires. Soit nous essayons de mettre en place un système de sécurité fondé sur la confiance et la coopération.” (Sydney Morning Herald, 9 novembre 2004).

Aujourd’hui en effet, le profil nucléaire du Moyen-Orient a bien changé. Une centrale nucléaire est en exploitation aux Émirats-Arabes Unis. Les Émirats-Arabes Unis n’ont pas signé le TIAN (Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires). Deux réacteurs nucléaires sont en construction en Égypte à El-Dabaa. L’Égypte n’a pas signé le TIAN. Une centrale nucléaire est en construction en Turquie. La Turquie n’a pas signé le TIAN. L’Iran a lancé la construction d’une deuxième centrale nucléaire dans la province du Khouzestan. L’Iran a adopté le TIAN le 7 juillet 2017 mais ne l’a pas signé ni ratifié. L’Arabie Saoudite souhaite se doter de l’énergie nucléaire civile. La Chine, les États-Unis, la Corée du Sud et la France sont en concurrence pour obtenir le marché. La Jordanie entend se doter de centrales nucléaires flottantes dans le Golfe d’Aqaba. Ni l’Arabie Saoudite ni la Jordanie n’ont signé le TIAN. Pour se défaire de la dépendance au charbon et au gaz naturel, Israël envisagerait la construction d’une centrale nucléaire à usage civil.

Israël a dans les mains un formidable levier de décompression et d’apaisement au Moyen-Orient. En annonçant le projet révolutionnaire de procéder au démantèlement de son arsenal nucléaire, le gouvernement israélien entraînerait l’Iran dans la voie de la sagesse et l’obligerait à renoncer au projet d’élaborer des armes nucléaires qui lui est attribué. Le Moyen-Orient pourrait alors avoir en perspective la création d’une Zone Exempte d’Armes Nucléaires.

* https://robindesbois.org/vers-un-nouveau-tchernobyl/

Publié le 6 novembre 2023

Photo en titre : Réacteur nucléaire militaire de Dimona, Israël, 13 août 2016 © Moshe Shai/Flash90

https://robindesbois.org/nucleaire-au-moyen-orient-un-avenir-maussade/

COMMENT LA FRANCE CHERCHE À MOBILISER EN EUROPE AUTOUR DU NUCLÉAIRE

La ministre Agnès Pannier-Runacher multiplie les initiatives, cette fois en Slovaquie, pour prêcher le soutien à l’atome. La suite d’une action soutenue qui vise notamment à faciliter le financement du programme français.

Depuis qu’Emmanuel Macron s’est converti à l’atome, juste avant son deuxième mandat, sa ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher est sur tous les fronts pour prêcher les vertus de l’énergie nucléaire.

Fin septembre, elle avait réuni à Paris une vingtaine d’États membres de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pour plaider la cause de l’atome auprès des grands investisseurs et des marchés financiers.

C’est cette fois à Bratislava (Slovaquie) qu’elle participe, ces lundi 6 et mardi 7 novembre, aux travaux du Forum européen de l’énergie nucléaire. Sous la houlette de la Commission européenne, il réunit les ministres, les industriels et les régulateurs du secteur.

À l’ordre du jour, la place que peut occuper le nucléaire dans la transition énergétique. Au premier rang, la commissaire européenne estonienne Kadri Simson, qui a déjà appelé à un accroissement des investissements pour allonger la durée des centrales européenne en service, âgées de 30 ans en moyenne.

Premières victoires françaises

Agnès Pannnier-Runacher ne manquera pas de participer, en marge du Forum, à la réunion de l’Alliance européenne du nucléaire, qu’elle a elle-même créée, le 28 février dernier à Paris, et qui fédère quatorze États membres.

L’objectif est clair, indique le cabinet de la ministre, « il faut convaincre la Commission européenne de changer d’approche à l’égard du nucléaire ».

La France a certes déjà obtenu deux victoires majeures face aux opposants au nucléaire que sont notamment l’Allemagne, l’Autriche ou le Danemark. Tout d’abord l’inclusion, en 2022, du nucléaire (et du gaz) dans la « taxonomie » des énergies vertes. Une sorte de label – provisoire, cependant – qui doit faciliter des conditions avantageuses de financement.

Ensuite, le 17 octobre dernier, la France a obtenu un accord, à l’issue d’un long bras de fer avec l’Allemagne, pour que la réforme du marché européen de l’électricité autorise certains types de contrats favorables aux centrales nucléaires déjà existantes, dont elle est le deuxième plus gros exploitant au monde après les États-Unis.

« Il s’agit, désormais, indique l’entourage d’Agnès Pannier-Runacher, d’obtenir une feuille de route claire de la Commission européenne en faveur des petits réacteurs modulaires », ces SMR que l’industrie – EDF en tête – assure pouvoir multiplier avec des coûts et des délais moindres que ceux des gros réacteurs classiques.

Les énergies « décarbonées » et pas seulement « vertes »

La France souhaite également que la Commission cesse de plaider systématiquement pour les énergies « vertes » (essentiellement l’éolien et le solaire) et défende plutôt les énergies « décarbonées », ce qui inclurait l’atome.

« Il faut, enfin, estime le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, que les grands bailleurs de fonds européens tels que la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) financent les programmes nucléaires au même titre que les énergies renouvelables ».

Au passage, la ministre apportera son soutien aux offres des spécialistes français de l’atome, également du voyage : Framatome propose à la Slovaquie un combustible à ses centrales de conception russe ; EDF, confronté à la concurrence féroce de l’américain Westinghouse et du russe Rosatom, fait flèche de tout bois pour vendre EPR ou SMR en Slovaquie, en République tchèque, en Pologne, aux Pays Bas, en Suède, en Finlande, en Slovénie ainsi qu’en Italie.

« Une mise en scène » selon les ONG

Les ONG sont, elles aussi, du voyage à Bratislava. Parmi elles, France Nature Environnement, dont l’un des représentants, Guillaume Blavette, dénonce « une grand-messe visant à mettre en scène un supposé besoin de nucléaire, porté par la France, qui cherche à financer ses EPR, alors que cette énergie est bien trop chère et bien trop lente pour apporter une réponse à l’urgence du changement climatique ». 

Cette position est partagée par douze ONG européennes venues de France, du Danemark, de Slovaquie, de Hongrie et de Suède, qui estiment qu’investir dans le nucléaire « est mauvais pour le climat en raison de son coût, de ses retards, de son impact environnemental, de la dépendance à l’enrichissement d’uranium russe et de son caractère centralisé ».

La France est engagée dans un programme pouvant comprendre 14 réacteurs dont le coût des six premiers est estimé par EDF à 51,7 milliards d’euros, tandis que la prolongation du parc déjà en service doit coûter autant. Or EDF est déjà endetté à hauteur de 65 milliards.

Par André THOMAS, (Ouest-France), publié le 06/11/2023 à 19h49

Photo en titre : Agnès Pannier-Runacher en compagnie du PDG d’EDF Luc Rémont, sur le chantier du réacteur d’Hinkley Point C, au Royaume-Uni. | DANIEL LEAL / AFPVoir en plein écran

https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/comment-la-france-cherche-a-mobiliser-en-europe-autour-du-nucleaire-f48110e6-7cbc-11ee-bc47-f405893c2140

Sur le site de Ouest France, vous pouvez intervenir en réponse à la question : Êtes-vous favorable à une prolongation du bouclier tarifaire pour l’électricité ? Débattez !

HUIT ASSOCIATIONS DU MOUVEMENT CLIMAT FERMENT LE MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE POUR INACTION CLIMATIQUE

Ce matin à 7h45, huit associations du mouvement climat ont fermé le Ministère de la transition écologique pour inaction climatique et l’ont renommé le Ministère de la Trahison écologique.

Près de 200 militantes et militants des associations Alternatiba Paris, ANV-COP21, Dernière rénovation, Extinction Rébellion Île-de-France, Greenpeace France, Les Amis de la Terre France, Réseau « Sortir du nucléaire » et 350.org étaient présents pour dénoncer à l’unisson la politique énergétique du gouvernement, qui va à contre-sens de l’urgence climatique et sociale.

Des photos de l’action sont disponibles ici.

Alors que la prochaine décennie sera cruciale pour mettre la France sur la bonne trajectoire climatique, le gouvernement retarde encore la mise en œuvre des mesures qui s’imposent pour décarboner massivement et rapidement notre mix énergétique, et s’enlise dans la promotion d’hypothétiques solutions technologiques et dans les énergies fossiles. “Alors que nous vivons et ressentons déjà les conséquences du dérèglement climatique partout dans le monde, le gouvernement français continue de foncer tête baissée dans des choix énergétiques complètement à contre-sens de l’urgence. C’est pourquoi, huit organisations du mouvement climat s’unissent aujourd’hui autour d’une même demande : enclencher la transition énergétique afin de sortir au plus vite des énergies fossiles, et investir massivement dans la sobriété, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, sans gaspiller d’argent dans des technologies trop lentes et onéreuses comme la construction de nouveaux réacteurs nucléaires”, déclare Gaëlle Nourry-Gardien, porte-parole d’ANV-COP21.

“La communauté scientifique est unanime : contenir le réchauffement climatique mondial à 1,5°C maximum par rapport à l’ère pré-industrielle est vital pour préserver au mieux les conditions de vie des générations actuelles et futures. Pourtant, le gouvernement multiplie les annonces et les politiques publiques qui nous éloignent irrémédiablement de cet objectif. La relance du nucléaire, dont les nouveaux réacteurs sont inspirés de l’un des plus grands fiascos industriels français et qui ne seraient pas fonctionnels avant 2037 au mieux, est une aberration énergétique, écologique et climatique”, déclare Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique à Greenpeace France.

Lorette Philippot, chargée de campagne aux Amis de la Terre France ajoute : « Le gouvernement est encore loin d’être engagé pour la sortie des énergies fossiles. Bien au contraire, les importations de gaz fossile sous forme de GNL s’accélèrent avec la multiplication de projets d’importations et de contrats longue durée. En laissant entendre que le GNL serait vert, le gouvernement se rend complice des plans d’expansion de l’industrie fossile et notamment de Total. Résultat, 8 ans après l’Accord de Paris : Total est la première entreprise privée au monde en termes de développement de bombes carbone » .

« Face à l’urgence écologique et sociale, investir dans des infrastructures nucléaires qui seront prêtes dans 20 ans est insensé, alors qu’il existe des solutions qui peuvent être mises en place dès maintenant. Il y a 12 millions de personnes en situation de précarité énergétique en France, notamment dans les quartiers populaires, des personnes vulnérables. Des chantiers doivent être entamés dès maintenant. Il faut rénover urgemment les habitations, en allouant un budget de 5 milliards d’euros supplémentaires par an jusqu’à 2040 pour rendre possible la rénovation performante de 700 000 logements par an”, ajoute Léa Geindreau, coordinatrice d’Alternatiba Paris.

Contacts presse :
Alternatiba Paris : Prune Pont-Benoît
ANV-COP21 : Rémi Donaint
Dernière rénovation : Nicolas
Extinction Rébellion Île-de-France : Sébastien
Greenpeace France : Héloïse Pichon
Les Amis de la Terre France : Marion Cubizolles
Réseau « Sortir du nucléaire » : Marion Rivet
350.org : Sophie Guibert

Publié le O6 novembre 2023

Retrouvez ce communiqué sur le site : https://www.sortirdunucleaire.org/Huit-associations-du-mouvement-climat-ferment-le

Je vous propose de voir également le site plus complet car plus tardif: https://reporterre.net/200-militants-bloquent-le-ministere-de-la-trahison-ecologique    

UE : LES PAYS PRO-NUCLÉAIRES RÉCLAMENT UNE ALLIANCE POUR LE DÉVELOPPEMENT DES PETITS RÉACTEURS MODULAIRES (SMR)

Douze États membres de l’UE, dont la France, ont appelé la Commission européenne à créer une alliance industrielle. Objectif affiché, développer les petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Ils avancent « une solution pour la production d’une électricité sans énergie fossile dans les années 2030 ».

L’alliance des pays européens pro-nucléaires se fait entendre alors que débute ce lundi en Slovaquie le Forum européen de l’énergie nucléaire. La France, la Hongrie, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Suède ont écrit à la Commission européenne pour s’assurer de son soutien sur le développement des petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Des « projets innovants », qui doivent bénéficier « de la législation européenne existante et future », estiment-ils.

Lire aussi : Nucléaire : pourquoi tant d’attirance pour les SMR ?

La France à la manœuvre

« La France a été à l’initiative d’un courrier signé par 12 ministres européens à la Commission européenne », a confirmé à l’AFP le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, vendredi dernier.

Cette alliance européenne pour les SMR servirait également à « renforcer l’industrie nucléaire européenne et la sécurité d’approvisionnement et la compétitivité européenne ».

En mai dernier, les 12 États s’étaient déjà réunis à Paris avec la Belgique et l’Estonie avec lesquelles ils forment une alliance des pays européens pro-nucléaires, ainsi que l’Italie et le Royaume-Uni, afin d’établir une feuille de route du développement de l’énergie nucléaire. Objectif, déterminer de quelle manière « le nucléaire va contribuer à atteindre nos objectifs de neutralité carbone dans les 30 ans qui viennent », avait alors déclaré Agnès Pannier-Runacher devant la presse. La commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, avait indiqué être venue avant tout pour « écouter » les interrogations des uns et des autres concernant leur sécurité d’approvisionnement énergétique et leur développement industriel.

Produire une électricité sans énergie fossile

Les pays signataires ont avancé dans leur lettre que les petits réacteurs modulaires pouvaient « être une solution pour la production d’une électricité sans énergie fossile dans les années 2030 », assurant que « l’énergie nucléaire pourrait fournir jusqu’à 150 gigawatts (GW) à l’UE d’ici 2050 », contre 100 GW aujourd’hui.

Pour décarboner l’industrie, la Commission s’est déjà dite favorable au développement des réacteurs nucléaires de 4e génération, ainsi que des petits réacteurs modulaires.

La Russie compte « respecter le moratoire sur les essais nucléaires »

« Nous comptons continuer à respecter le moratoire sur les essais nucléaires instauré il y a plus de 30 ans », a indiqué vendredi dernier le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, soulignant toutefois que la potentielle réalisation « d’essais à grande échelle » par les États-Unis « (les) obligerait à faire de même ». La veille, le président Vladimir Poutine a signé la révocation de la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).

La Russie en reste néanmoins « signataire, avec tous les droits et obligations que cela implique », a rappelé le ministère des Affaires étrangères. Ouvert à la signature en 1996, ce traité n’est jamais entré en vigueur, car il n’a été ratifié que par un trop faible nombre d’États, parmi les 44 pays qui détenaient des installations nucléaires au moment de sa rédaction. Les États-Unis, par exemple, ne l’ont pas fait. Reste que, sur fond de conflit en Ukraine, la révocation russe a été perçue comme un très mauvais signal par les Occidentaux.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a ainsi dénoncé « un grand pas dans la mauvaise direction », exhortant Moscou à ne pas reprendre de tels essais. Du côté de Moscou, le ministère des Affaires étrangères a au contraire assuré que « la position la plus destructrice à l’égard du traité a été adoptée par les États-Unis, qui ont évité de le ratifier pendant près d’un quart de siècle sous des prétextes fallacieux ». La doctrine nucléaire russe prévoit un recours « strictement défensif » à l’arme atomique, en cas d’attaque de la Russie avec des armes de destruction massive ou en cas d’agression avec des armes conventionnelles « menaçant l’existence même de l’État ».

Par latribune.fr, publié le 06 novembre 2023 à 08h19

Image en titre : Les pays signataires avancent que les petits réacteurs modulaires pouvaient « être une solution pour la production d’une électricité sans énergie fossile dans les années 2030. (Crédits : DR)

https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/ue-les-pays-pro-nucleaires-reclament-une-alliance-pour-le-developpement-des-petits-reacteurs-modulaires-smr-982418.html

SEMAINE ANTINUCLÉAIRE 22-25 NOVEMBRE À CAEN

Date : du 22 novembre 2023 à 18h00 au 25 novembre 2023 à 22h00

Mercredi 22/11 à 18h

Projection-débat du film « L’explosion » (Jérôme Champion, 2007, 52’) sur la lutte de Chooz.

Entre 1980 et 1984, une opposition contre la construction d’un nouveau réacteur nucléaire dans les Ardennes mêle antinucléaires, autonomes, anarchistes et familles d’ouvriers de la sidérurgie menacés de licenciements.