EN SUISSE : POUR L’INITIATIVE, LES VERTS DÉNICHENT DES ALLIÉS À DROITE

suisseLa fin du nucléaire a beau être la mère de toutes les batailles pour les Verts, ils ne peuvent pas la gagner seuls. Hier devant les médias, le Parti écologiste a détaillé une large palette d’organisations, de partis et de personnalités en faveur de l’initiative. De Dick Marty à Lolita Morena, tous sont prêts à s’engager pour imposer un âge limite aux centrales. Le scrutin est agendé au 27 novembre: il reste moins de deux mois pour convaincre.

«Les plus vieilles centrales du monde se trouvent en Suisse» a rappelé Regula Ritz (BE), co-présidente des Verts.  « Seule notre initiative peut mettre un terme à cette dangereuse expérience en temps réel

Prêts à la riposte

Alors que le parlement vient de mettre la touche finale à la Stratégie énergétique 2050, qui doit accompagner la sortie de l’atome décidée par le Conseil fédéral (voir encadré), le comité d’initiative craint que ses adversaires ne l’utilisent pour contrer leur texte. En charge de la communication, l’ancien conseiller national Christian van Singer (Verts/VD) est prêt à la riposte. «Cette stratégie règle l’approvisionnement, le développement des renouvelables et les économies d’énergie; l’initiative, elle, règle de façon planifiée la fermeture des centrales d’ici 2029

L’initiative veut en effet débrancher les réacteurs après quarante-cinq ans d’exploitation, et remplacer le nucléaire par des énergies renouvelables. Pour montrer qu’il ne s’agit pas d’un discours utopiste d’ayatollahs de l’écologie, des représentants de l’économie et quelques frondeurs de droite se sont aussi exprimés. «La sortie de l’atome est une opportunité formidable, a lancé Jean-Michel Bonvin, directeur d’une société active dans le domaine de la transition énergétique. L’Allemagne ou le Danemark nous montrent que c’est possible. Nous devons retrouver l’esprit de pionner des artisans des grands barrages».

Élus UDC en renfort

Xavier Challandes, élu UDC qui préside le Grand Conseil neuchâtelois, a surpris son monde en déclarant: «Le combat contre l’atome n’a pas de frontière politique. La Suisse doit montrer l’exemple pour les générations futures.» En porte à faux avec son parti, il assume: «De nombreux élus agrariens sont prêts à soutenir ce texte.» Une perspective sur laquelle mise aussi Daniel Brélaz (Verts/VD). «Certains parlementaires n’ont pas osé aller contre l’avis de leur groupe au Parlement, mais il y a des dizaines de PDC, PLR ou UDC qui vont s’engager localement.»

Depuis Fukushima, beaucoup d’eau a coulé dans les cuves de refroidissement. L’argument sécuritaire s’étant estompé, les initiants ont aussi martelé celui de la rentabilité. Le nucléaire serait un «fiasco», pour reprendre les mots de Kaspar Müller, spécialiste des marchés financiers. «Même les exploitants admettent que le secteur n’est plus rentable». Les initiants craignent que les contribuables paient la facture. «Quand ils gagnaient 1 milliard par an, les exploitants n’ont rien mis de côté, critique Daniel Brélaz. Dès 2018, ils devraient perdre 500 millions par an. Ils ne pourront pas alimenter les fonds de désaffection. Prolonger la durée de vie des centrales ne fera qu’augmenter les dettes.»

Pour l’ancien syndic de Lausanne, le vote se résume ainsi: «La mort du nucléaire est décidée. Reste à savoir jusqu’à quand va durer l’agonie. Et avec quels dangers financiers et sécuritaires.» (TDG)

http://www.tdg.ch/suisse/politique/stop-nucleaire-verts-denichent-allies-droite/story/26955097