LES ARRÊTS DE RÉACTEURS VONT COÛTER 1 MILLIARD D’EUROS À EDF EN 2016

1-milliardL’électricien produira cette année 30 TWh de moins que prévu. La facture pourrait encore s’alourdir, selon les avis de l’Autorité de sûreté.
La facture des arrêts de réacteurs nucléaires enfle pour EDF. Jeudi soir, le groupe a révisé en baisse pour la troisième fois sa production nucléaire pour 2016, désormais prévue entre 378 et 385 térawattheures, contre 414 TWh initialement visés. « EDF fait de son mieux pour avoir le nombre maximum de réacteurs en service », mais « l’ASN (l’Autorité de sûreté nucléaire, NDLR) ne nous a pas autorisés à redémarrer certains réacteurs en dépit de notre demande », a justifié le PDG  d’EDF, Jean-Bernard Lévy, vendredi en marge d’une conférence sur l’énergie. « Nous pensons que ces réacteurs peuvent être opérationnels mais l’ASN n’est pas du même avis. Ils ont demandé davantage d’informations avant de prendre une décision, d’où le redémarrage tardif de certains réacteurs par rapport au programme initial que nous avions jusqu’à il y a deux jours », a-t-il ajouté. Les générateurs de vapeur de ces réacteurs font l’objet de contrôles suite à la découverte de taux de carbone trop élevés sur certains d’entre eux, grevant leurs performances en cas de problème.
Ces arrêts portent un rude coup aux finances d’EDF. Pour la troisième fois aussi, le groupe a révisé sa fourchette d’excédent brut d’exploitation (Ebitda), désormais fixée entre 16 et 16,3 milliards d’euros. Au début de l’année, EDF tablait sur 16,3 à 16,8 milliards d’euros, sans compter le rattrapage tarifaire imposé depuis par le conseil d’État sur les factures des années passées, et intégré, depuis la révision d’Ebitda de cet été, à la prévision d’EDF.
Au final, le coût des arrêts forcés de réacteurs suite aux contrôles et aux falsifications de dossiers à l’usine Areva du Creusot (Saône-et-Loire) entraîne ainsi pour EDF un manque à gagner d’au moins 1 milliard d’euros, reconnaît-on dans l’entourage du groupe. En volume, la perte de production est évaluée entre 29 et 36 térawattheures, qu’EDF aurait pu écouler entre 30 et 32 euros par mégawattheure. Vendredi, le titre a clôturé en baisse de 3,2%, à 9,78 euros.
Lourdes incertitudes
Les analystes financiers  s’inquiètent aussi des impacts pour 2017. En septembre, EDF a déjà revu à la baisse de 20 à 30 TWh sa prévision de production nucléaire pour l’an prochain (390 à 400 Wh prévu contre 420 TWh initialement visés). Et si le groupe a anticipé les contrôles sur plusieurs réacteurs qui auraient dû s’arrêter l’an prochain, il n’a pas pour autant relevé sa prévision de production, compte tenu des lourdes incertitudes qui persistent. L’examen des 6000 dossiers nucléaires que doit conduire Areva après la découverte, cet été, de falsifications sur un dossier de fabrication pourtant « non barré » d’un générateur de vapeur, prendra plus d’un an, et tous les acteurs s’attendent à trouver quelques anomalies.
Le coût final pour EDF dépendra ensuite des décisions de l’ASN, quand elle aura tiré ses conclusions sur les teneurs en carbone excessive des générateurs de vapeur : elle peut, en théorie, autoriser sans conditions la reprise de la production, demander des changements d’équipements ou imposer des conditions d’exploitation restrictives, notamment sur la cuve de l’EPR de Flamanville (Manche).
Article de Véronique Le Billon

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