SUISSE : LES DÉCHETS NUCLÉAIRES DU LAC MAJEUR INQUIÈTENT LE TESSIN

Suisse majeurDes parlementaires tessinois interpellent le gouvernement cantonal sur la sécurité d’un nouveau site d’entreposage à Ispra, en Italie.

Dès cet automne, la Lombardie accueillera jusqu’à 13 000 m³ de déchets nucléaires sur la rive du lac Majeur. Le dépôt se situe sur le site du Centre commun de recherche (CCR), un institut scientifique relevant de l’Union européenne, à Ispra (Province de Varèse). À vol d’oiseau, la commune frontalière est à 50 kilomètres de Locarno et du Mendrisiotto.

La nouvelle, parue dans la presse italienne, a suscité de vives réactions au Tessin. «Le Conseil d’État était-il informé de cette ouverture imminente et peut-il garantir la sécurité de la population et du territoire?» interpelle le député libéral-radical Sebastiano Gaffuri. «Vu la proximité, nous voulons savoir s’il existe des risques de pollution radioactive au Tessin», explique l’élu.

Porte-parole du CCR d’Ispra, Nina Kajander souligne que le site servira à stocker uniquement des déchets nucléaires du CCR, générés en partie par le démantèlement en cours de deux réacteurs nucléaires. Il ne s’agira pas du «deuxième plus grand dépôt du continent», contrairement aux affirmations de plusieurs médias italiens.

En attendant le dépôt national

Ce sera le second dépôt à Ispra, le premier étant plein. Nina Kajander souligne qu’il existe un dispositif exhaustif pour contrôler l’impact du CCR sur les alentours d’Ispra. «Tous les mois, des échantillons du sol, de l’herbe, des poissons, des eaux, du lait et autres produits agricoles sont recueillis et analysés, fait-elle valoir. Les résultats, transmis aux autorités italiennes, n’ont jamais dépassé les quantités réglementaires pour les substances radioactives.» Le site d’Ispra est en principe temporaire. Il est prévu que ses déchets nucléaires soient transférés d’ici à 2030 dans le dépôt national italien, en phase de planification, dont la localisation n’a pas encore été déterminée.

Les députés tessinois ne sont pas les seuls à se poser des questions. La maire d’Ispra, Melissa De Santis, a interpellé la Commission européenne et exigé du CCR qu’il organise un débat public sur ses activités. Pour Damiano Di Simine, responsable scientifique régional de l’association écologiste Legambiente, le dépôt d’Ispra est «relativement sécurisé». Le fait qu’il soit hébergé sur un territoire transfrontalier dépendant de la juridiction de la Commission européenne est plutôt rassurant, estime-t-il en substance, même si l’on ne peut jamais totalement exclure les risques de pollution radioactive.

«Pas de discussion spécifique avec la Suisse»

Au Tessin, Francesco Maggi, responsable de la section cantonale du WWF et chef des Verts au Grand Conseil, appelle à rester vigilant face à ce site supplémentaire d’entreposage: «Les déchets d’Ispra doivent être stockés à leur destination finale au plus vite, souligne-t-il, au même titre, d’ailleurs, que ceux du dépôt intermédiaire fédéral de Würenlingen (AG)

L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) dit être au courant du nouveau dépôt, sans pour autant posséder d’informations détaillées à son sujet. Le site d’Ispra n’a pas fait l’objet de discussion spécifique, indique pour sa part le porte-parole de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire, même si les autorités de surveillance des deux pays échangent régulièrement des informations dans le cadre de la commission italo-suisse pour la coopération dans le domaine de la sécurité nucléaire.

https://www.letemps.ch/suisse/2017/07/11/dechets-nucleaires-lac-majeur-inquietent-tessin