PYONGYANG DOIT ARRÊTER SON « COMPORTEMENT MENAÇANT », DIT TILLERSON

Le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a réclamé vendredi un « arrêt prolongé du comportement menaçant de la Corée du Nord » comme condition à l’ouverture de discussions entre Washington et Pyongyang.

Il n’a pas dit combien de temps devait durer cette « pause » à ses yeux.

« La Corée du Nord doit gagner son droit de revenir à la table des discussions. Les pressions doivent se poursuivre et se poursuivront jusqu’à la dénucléarisation« , a déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée aux programmes balistique et nucléaire nord-coréens.

Le secrétaire d’État américain a affirmé ensuite devant la presse que les États-Unis n’accepteraient aucune condition préalable à des discussions avec la Corée du Nord.

Rex Tillerson a proposé mardi des discussions directes entre les États-Unis et la Corée du Nord « sans condition préalable« , un changement de ton remarquable de la part de Washington qui exigeait jusqu’à présent que Pyongyang accepte en premier lieu que la finalité d’éventuels pourparlers soit de renoncer à son arsenal nucléaire.

Mais la Maison blanche a contredit quelques heures plus tard son chef de la diplomatie en affirmant qu’il ne pouvait y avoir de discussions sans une « amélioration fondamentale du comportement » du gouvernement nord-coréen.

L’ambassadeur de Corée du Nord auprès des Nations unies, Ja Song-nam, n’a fait aucune mention de la pause demandée par Tillerson. Ja Song-nam a assuré que le régime de Pyongyang ne constituerait une menace pour personne du moment qu’on ne porterait pas atteinte à ses intérêts.

Aux yeux de l’ambassadeur nord-coréen, cette réunion du Conseil de sécurité n’est qu’une « mesure désespérée tentée par les États-Unis, terrifiés par la puissance incroyable de notre république qui a réussi la grande cause historique d’achever son programme d’armement nucléaire« .

Pas intéressée

La Corée du Nord a fait comprendre qu’elle n’était pas intéressée par des négociations avec les États-Unis tant qu’elle n’aura pas développé un missile capable d’atteindre le territoire américain.

À l’issue de son dernier test, effectué avec un nouveau modèle de missile balistique intercontinental allant plus haut et plus loin que les précédents, la Corée du Nord a affirmé pouvoir atteindre le sol américain.

Le chef du Pentagone James Mattis a déclaré vendredi devant des journalistes que les analyses du dernier test nord-coréen se poursuivraient, mais, qu’à son avis, le nouvel ICBM ne constituait pas une menace imminente pour les États-Unis.

Le ministre japonais des Affaires étrangères, Taro Kono, a expliqué devant le Conseil de sécurité que la Corée du Nord n’était pas intéressée par des pourparlers.

La Corée du Nord est « loin d’être prête » à abandonner ses programmes balistique et d’armement nucléaire, a ajouté le chef de la diplomatie japonaise.

« Le dernier test a été effectué 75 jours après les provocations du mois de septembre. Certains optimistes ont vu dans ce silence de 75 jours un signal positif, mais le test de novembre a montré à quel point la Corée du Nord continuait à développer inlassablement ses programmes balistique et d’armement nucléaire« , a dit Taro Kono.

Devant le Conseil de sécurité, Rex Tillerson a appelé la Chine et la Russie à accroître leurs pressions sur la Corée du Nord en allant au-delà de la seule application des sanctions de l’Onu, une idée à laquelle les deux pays sont réfractaires.

L’ambassadeur de Chine auprès des Nations unies, Wu Haitao, a insisté sur la nécessité pour tous les pays d’appliquer les sanctions prononcées par le Conseil de sécurité de l’Onu, mais a estimé que des sanctions unilatérales pourraient compromettre son unité.

Vassili Nebenzia, l’ambassadeur de Russie auprès des Nations unies, a fait part d’une position similaire.

En place depuis 2006, les sanctions de l’Onu ont été renforcées pour la dernière fois en septembre dernier, après un sixième essai nucléaire nord-coréen.

Prenant la parole devant le Conseil, le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres a souhaité le rétablissement immédiat des canaux de communication avec la Corée du Nord, y compris les canaux inter-coréens, afin de réduire le risque de malentendus qui pourraient déboucher sur un conflit armé.

Article de Michelle Nichols; Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian pour le service français, édité par Tangi Salaün)

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