Sept ans de retard et un devis qui a triplé en dix ans : le chantier de l’EPR de Flamanville a reçu vendredi la visite de Sébastien Lecornu, secrétaire d’État de Nicolas Hulot.
Après la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) et le futur site d’enfouissement de déchets à Bure (Meuse), le secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, Sébastien Lecornu, a visité vendredi dans le Cotentin (Manche) le centre de retraitement de la Hague et l’EPR de Flamanville. Une tournée des grands ducs du nucléaire avant le débat public sur la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), lancée ce printemps. Elle doit fixer le nombre et le calendrier de fermetures des réacteurs les plus anciens. Le point sur un dossier clé pour EDF et politiquement sensible.
1: Quand l’EPR de Flamanville entrera-t-il en service ? « Notre objectif est de faire en sorte que nous puissions charger le combustible nucléaire dans la cuve au mois de décembre, a précisé le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy. Le calendrier est tendu, mais nous y sommes habitués. » Trois jours plus tôt, Pierre-Franck Chevet, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), avait aussi émis des doutes sur ce calendrier. La mise en service commerciale ne pourra de toute façon avoir lieu qu’après la fermeture de Fessenheim, prévue en 2019.
2: Au final, combien coûtera l’EPR ? Démarré en avril 2007, l’EPR devait coûter 3,3 Mds € et entrer en service en 2012. Sauf que le chantier a accumulé les déboires, dont le point culminant fut en avril 2015, après la découverte par l’ASN d’une anomalie dans l’acier du couvercle et du fond de la cuve du réacteur. En juin 2017, EDF obtient de l’ASN l’autorisation d’exploiter la cuve, mais la confiance dans la technologie de l’EPR s’est érodée. La facture a explosé : autour de 11 Mds €.
3: La France construira-t-elle un second EPR ? EDF l’envisage sérieusement, probablement dans la Manche, où le nucléaire est bien accepté. EDF ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là. En 2017, Jean-Bernard Lévy plaidait pour la mise en service dans l’Hexagone « d’une trentaine de nouveaux EPR entre 2030 et 2050 ». Une provocation ? « Nous allons pour cela réduire les coûts de cet EPR nouveau modèle afin qu’il soit plus compétitif », plaidait Xavier Ursat, ancien patron de l’hydraulique devenu celui des projets EPR.
4: Combien d’anciens réacteurs seront fermés ? La bataille fait rage entre EDF et l’État, son actionnaire principal (83,5 %). Si ce dernier a reporté de 2025 à 2035 son objectif de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 % à 50 %, EDF a indiqué mardi dernier, par la voix de Philippe Sasseigne, le directeur du parc nucléaire français, « ne pas souhaiter arrêter d’autres réacteurs avant 2029 ». Ce qui n’a pas manqué d’irriter Nicolas Hulot, le ministre de la Transition énergétique qui, en juillet 2017, avait évoqué la fermeture de 17 réacteurs. Avant que l’État ne tranche le débat, Sébastien Lecornu a souhaité un « dialogue franc et sincère » avec EDF. « Il est temps, a-t-il conclu comme un avertissement, d’avoir une relation mature. »
http://www.leparisien.fr/economie/epr-de-flamanville-quatre-questions-sur-une-catastrophe-industrielle-03-02-2018-7538637.php
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