Vendredi soir, le collège Jean-Rostand est resté ouvert à 18 heures, pour une réunion importante concernant les exercices qui vont avoir lieu les 27 et 28 mars, en cas d’accident nucléaire. Ce rendez-vous avait été programmé afin que les parents d’élèves du collège puissent prendre connaissance avec précision de l’exercice qui va se dérouler sur deux jours. Hélas! Ils ont été très peu à répondre présent, et c’est bien dommage, les réunions comme celle-ci sont riches d’enseignements. Le principal du collège, Claude Nabias, a reçu des représentants de la préfecture, de l’académie et de la centrale nucléaire de Golfech.
Après avoir présenté toutes les personnes à la tribune, il a laissé le soin à Bernard Burkel, directeur des services du cabinet du préfet de Tarn-et-Garonne, de présenter l’exercice qui doit avoir lieu à la fin de la semaine prochaine. Puis tous les intervenants ont rappelé les consignes en cas d’accident : comment les personnes seront alertées, les mesures lors d’évacuation. Concernant le collège lui-même, le responsable de l’académie a précisé les détails sur ce qui serait fait ou pas en direction des élèves si un accident devait avoir lieu durant la journée de cours.
Puis ce fut le moment des questions-réponses, et malgré le peu de personnes, elles ont été nombreuses, venant des parents et même des jeunes élèves, très intéressés par tout ce qui avait été dit durant plus d’une heure. On a eu droit, en fin de réunion, à la sirène telle qu’elle retentirait en cas d’accident. Une nouvelle fois, on peut regretter que si peu de parents aient répondu à cette invitation très enrichissante.
La Dépêche du Midi
https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/25/2766758-accident-nucleaire-college-prepare-exercice-fictif-aura-lieu-mardi-mercredi.html
————————————————————————————————————————————-
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DES AMIS DE LA TERRE MIDI-PYRÉNÉES
faisant suite au “ Debriefing ” de la simulation d’accident du CNPE de Golfech.
PPI à Golfech : la mystification !
Jadis, EDF et les pouvoirs publics abusaient les citoyens français en attestant que les centrales nucléaires étaient absolument sûres. Aujourd’hui, l’accident nucléaire majeur étant de plus en plus probable, ils tentent de faire croire aux riverains des centrales que les situations post-accidentelles dans l’environnement des centrales sont maîtrisables. Dans ce but, ils ont institué les PPI (Plans Particuliers d’Intervention).
Pour mettre en évidence l’imposture que représentent ces plans nous vous proposons ci-dessous, un bref compte-rendu du dernier PPI à Golfech, au modèle irréaliste et une fiction qui s’appuie sur des données réelles.
La fiction-bluff : 14 novembre 2002 , exercice PPI à Golfech.
9h 15 : “ Une brèche dans le circuit primaire du réacteur numéro 2 s’est produite au CNPE de Golfech. On peut craindre, au pire, la fusion du cœur ” Dans l’enceinte de la centrale, le PUI (Plan d’Urgence Interne) est déclenché.
9h 25 : Les sirènes installées sur le site du CNPE avertissent la population vivant dans la “ zone des 2 km ” que le PPI (Plan Particulier d’Intervention) vient d’être lancé.
6000 personnes, sous le vent, doivent être évacuées.
Après midi : fin de l’exercice :
Le directeur du CNPE se déclare “ satisfait de la réponse donnée à l’incident fictif ” relevant seulement “ une communication externe et surtout une interface Centrale-Préfecture-Autorité de sûreté plus perfectible ”
Selon le sous-Préfet en charge du PCO (Poste de Commandement Opérationnel) “ il est normal qu’un exercice de ce type occasionne quelques erreurs… à notre charge de pouvoir rectifier le tir au travers de l’analyse “ à froid ” de la journée ”
Une fiction réaliste : (Lundi) 23 décembre :
1h 08 : Une anomalie est signalée sur le tableau de contrôle du fonctionnement du réacteur numéro 2 du CNPE de Golfech.
1h 18 : Il s’avère indubitable qu’une brèche s’est produite dans le circuit primaire du réacteur est-ce une rupture de tubes GV, d’une tuyauterie primaire à la sortie du réacteur ou d’une pompe, de l’éjection d’une grappe de commande par rupture du manchon de traversée de couvercle ? Dans le bâtiment du réacteur, la radioactivité est intense ce qui exclu les GV.
L’alerte est donnée.
Il est interdit à toute personne de quitter le site sans autorisation : pourtant, lors de l’incendie de Vandellos en Espagne sur un réacteur français graphite gaz, les pompiers ont croisé sur leur chemin le personnel de la centrale qui s’enfuyait. Des personnels techniques qui sont à l’extérieur sont appelés à rejoindre la centrale le plus rapidement possible à un poste défini dans le PUI.
Depuis quelques secondes, on constate une montée lente mais inexorable de la température dans le cœur, malgré les manœuvres engagées pour stopper la réaction en chaîne : en effet, les circuits d’injection de sécurité restent inopérants, la brèche primaire est probablement trop importante. Même les circuits d’aspersion de l’enceinte s’avèrent impuissants.
1h 45 : La Préfecture est avisée de la catastrophe.
1h 50 : La pression croît dangereusement dans l’enceinte de confinement. La décision est prise d’ouvrir les vannes de largage de pression de l’enceinte au risque de détruire le filtre à sable et surtout de contaminer de vastes territoires.
1h 55 : Le Préfet déclenche le PPI.
La moitié des membres du PCO rejoint son poste.
Au PCO, la fébrilité de chacun est perceptible. La tension s’accroît vite entre les membres du PC décisionnel, du PC de réflexion et du PC de contrôle.
Dans la population l’émoi grandit de minute en minute ; des rumeurs contradictoires circulent. L’angoisse va crescendo et l’on assiste à des scènes d’hystérie.
Les gens fuient le plus vite possible, la zone dangereuse et les routes sont encombrées de véhicules. Deux accidents graves se produisent. La gendarmerie ne contrôle plus l’exode.
La centrale de Golfech était réputée sûre, l’enceinte de confinement a été sauvée grâce à sa dépressurisation à travers le filtre à sable, mais des myriades de radio- nucléides très nocifs ont été répandus. Cette radioactivité, transportée par le vent, a contaminé l’environnement d’une vaste région autour de Golfech ainsi que d’immenses territoires très loin de la centrale.
Vous devinez la suite.
Le 25 décembre, une grande étendue autour de Golfech est totalement vide d’habitants.
Les médias français consacrent toutes leurs émissions à la catastrophe.
Les responsables du CNPE et du PCO tentent de se disculper de toutes les charges qui sont portées contre eux. C’est la faute à l’intérimaire embauché par le sous-traitant qui n’a pas fait son travail : en réalité, le seul responsable est bien EDF.
Au Parlement, une séance extraordinaire consacrée à la catastrophe est très houleuse. Le gouvernement est démissionné du fait de son incompétence, le président nomme un militaire premier ministre et l’armée prend le contrôle de la situation et de la presse, les antinucléaires sont arrêtés préventivement pour propagation de fausses nouvelles susceptibles d’altérer l’ordre public, un incendie ravage le laboratoire de la Criirad.
À l’étranger la colère gronde.
Toute catastrophe industrielle est imprévisible sinon elle aurait été évitée.
Les catastrophes récentes d’AZF, de l’Erika, du Prestige l’ont, une nouvelle fois, prouvé
À quoi servent donc les PPI ?
Ils servent, après une catastrophe réelle, à disculper tous les responsables des sites industriels et les pouvoirs publics.
Ils servent, surtout, à mettre en condition la population riveraine de l’installation industrielle, à lui faire accepter la menace permanente qu’elle subit.
Tchernobyl a été le premier grand crime contre l’humanité dont s’est rendue coupable l’industrie nucléaire civile. Laisserons-nous se perpétrer d’autres crimes semblables ?
Par les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, 17 décembre 2002..
Contacts : Marc Atteia : 05 61 73 54 85 – Marc Saint Aroman : 05 61 35 11 06
Commentaires récents