LE DILEMME NUCLÉAIRE URGENT DE LA BELGIQUE

Bruxelles, 6 oct (EFE).- Comme tant d’autres pays, la Belgique tente de quadriller le cercle atomique: abandonner l’énergie nucléaire en 2025, qui contribue à 50% du «mix énergétique» belge, tout en accélérant la réduction des émissions de CO2. Et tout cela, sans alourdir la facture d’électricité des habitations et de l’industrie

Le récent accord de coalition de sept partis socialistes, libéraux, écologistes et démocrates-chrétiens qui a permis à la Belgique de sortir de près de deux ans de blocus institutionnel stipule que “le calendrier légal de la sortie du nucléaire sera respecté, comme prévu”, c’est-à-dire en 2025, comme prévu par une loi de 2002.

Cependant, le pacte laisse une porte ouverte pour retarder le retrait des réacteurs et indique qu’il préparera une étude sur la sécurité énergétique en Belgique. Si ce rapport révèle «un problème inattendu de sécurité d’approvisionnement, le gouvernement prendra les mesures appropriées, comme l’ajustement du calendrier légal».

La Belgique compte sept réacteurs nucléaires répartis sur deux centrales, Tihange (sud-ouest) et Doel (nord-est) d’une puissance de 2900 et 3000 mégawatts d’électricité (MWe), respectivement, qui en 2019 ont produit 48,8% de l’électricité du pays.

Les trois réacteurs de Tihange et les quatre de Doel ont été construits entre 1975 et 1985 et, à l’exception des extensions, ils seront définitivement fermés entre 2022 et 2025.

La deuxième source d’électricité en Belgique est le gaz (27%), un combustible fossile qui libère du CO2, tandis que les énergies renouvelables autour de 17%, le vent étant la source verte la plus importante, avec 5% du mix total. “. Et la fermeture des centrales nucléaires serait compensée par les énergies renouvelables et, surtout, par de nouvelles centrales à gaz.

Le débat nucléaire belge a déjà été alimenté par des chocs, comme les microfissures détectées depuis 2012 dans des bâtiments attachés à plusieurs de ses réacteurs qui ont conduit le pays à arrêter une partie de sa production depuis des années.

Et la controverse risque d’être encore plus encouragée par le gouvernement nouvellement lancé, qui compte respectivement des ministres de l’environnement dans les portefeuilles de l’énergie et de l’environnement, Tinne Van der Straeten et Zakia Khattabi, qui défendent que la date 2025 soit maintenue comme limite.

Des plateformes telles que Stop Nucléaire et des organisations environnementales comme Greenpeace prônent l’abandon de l’énergie atomique, tandis que les entreprises qui exploitent des centrales nucléaires, Engie et Electrabel, ont transféré le nouvel exécutif dirigé par le libéral Alexander De Croo pour qui, l’objectif de remplacer les énergies renouvelables dans cinq ans, ce n’est pas “réaliste”.

Ils demandent une décision avant fin 2020 pour pouvoir planifier leurs investissements et achats matériels à moyen et long terme.

Une étude récente menée par des chercheurs des universités de Louvain et d’Hasselt en collaboration avec les entreprises technologiques Vito et Imec, commandée par Engie, souligne que les énergies renouvelables atteindraient 50% de la production d’électricité en 2030, et même 66% dans le scénario le plus bas. Ambitieux ! Les prolonger permettrait également d’économiser 100 millions d’euros, ajoute-t-il.

Mais remplacer les réacteurs atomiques par des centrales à gaz libérerait 25 mégatonnes supplémentaires de CO2, un volume de gaz à effet de serre impossible à compenser en Belgique, qui devrait être échangé contre des droits d’émission ailleurs en Europe si elle veut atteindre les objectifs de l’accord de Paris.

L’étude indique qu’abandonner l’énergie nucléaire conduirait la Belgique à des pics d’émissions en 2026, plutôt que de les réduire, puis aplatirait la courbe et atteindrait un niveau inférieur au niveau actuel en 2030.

«La politique énergétique et climatique belge vit dans une sorte de réalité alternative où les chiffres ne comptent pas du tout», a résumé dans un débat dans «RTL» le professeur d’Énergie à l’Université de Liège Damien Ernst.

Outre ce scénario, le parti le plus voté du pays et exclu de la coalition gouvernementale, le nationaliste flamand N-VA, s’oppose fermement à la fermeture des centrales électriques, ce qui augure des frictions parlementaires autour d’un enjeu stratégique comme l’énergie, industrie et changement climatique.

Un sondage de l’institut démographique Kantar TNS publié en octobre 2019, et commandé par le “lobby” Forum Nucléaire, a montré que 46% des Belges se sont déclarés favorables à la prolongation de la durée de vie des centrales, contre 30% une année avant.

De plus, sur les 54% qui ne l’ont pas fait, 70% ont déclaré qu’ils étaient prêts à revoir leur position si cela permettait de réduire les émissions de CO2.

Alors que le débat progresse, la Belgique continue d’installer des panneaux solaires et des turbines «off shore» pour la production éolienne en mer du Nord, une source qui atteindra 2,26 gigawatts de puissance installée d’ici la fin de l’année.

En parallèle, la création d’une usine dans le port d’Ostende est à l’étude pour transformer les surplus d’énergie des pics de production non stockables en «hydrogène vert» par électrolyse, la première du pays.

Il devrait être opérationnel en 2025, aura une capacité maximale de 300 mégawatts par an et générerait environ 50000 tonnes d’hydrogène et serait ajouté à d’autres projets similaires qui contribueraient entre 12 et 25 mégawatts supplémentaires.

Par Javier Albisu, publié le 6 octobre 2020

Photo en titre : Vue générale de la centrale nucléaire de Tihange en B & # 233; lgica. EPA / JULIEN WARNAND / Archives

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