Pressée depuis plusieurs années par l’Autorité de sûreté nucléaire, l’Université Toulouse 3 Paul-Sabatier a commencé à évacuer ses déchets radioactifs en 2020. 265 sources sont encore stockées dans une soute.
Tous les étudiants qui fréquentent l’établissement ne le savent peut-être pas. Mais il existe au sein de l’Université Toulouse 3 Paul-Sabatier un local un peu différent des autres servant à entreposer… des déchets radioactifs. Au même titre que les grandes centrales dédiées à la production d’électricité comme Golfech, cette activité nucléaire dite de proximité (qui existe aussi dans le domaine médical ou industriel) fait l’objet d’une surveillance active de la part de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Du cobalt ou du tritium utilisé en laboratoire
“Comme beaucoup d’universités scientifiques en France, plusieurs laboratoires de Paul-Sabatier utilisent des substances radioactives, telles que le cobalt ou le tritium, destinées à des expériences. Il n’y a rien d’exceptionnel à cela”, explique Simon Garnier, chef de la division de Bordeaux de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), dont le périmètre d’action comprend toute la Nouvelle-Aquitaine et une bonne partie de l’Occitanie. Reste que tout l’enjeu de cette activité réside dans la capacité d’évacuation des déchets radioactifs. Et dans ce domaine, l’Université Paul-Sabatier semble éprouver les pires difficultés.
Tout aurait déjà dû disparaître en 2017
Ainsi, si dans son bilan d’activité de l’année 2020, l’ASN indique que la faculté a pu “procéder à l’évacuation des déchets radioactifs présentant les plus forts enjeux de radioprotection, en dehors de quatre objets toujours entreposés”, cela fait plusieurs années que l’organisme invite les instances dirigeantes de Paul-Sabatier à accélérer la cadence. En réalité, suite à une première inspection datant de 2014, l’université aurait dû faire place nette avant la fin de l’année 2017. Constatant que toujours rien n’avait été entrepris à cette échéance, l’ASN avait alors mis en demeure l’établissement au sujet des éléments les plus irradiants, pouvant représenter un danger pour les personnels ayant accès à la soute à déchets nucléaires.
265 sources de déchets radioactifs toujours stockées à l’Université Toulouse 3
À l’époque, 372 sources de déchets radioactifs y avaient été recensées par l’ASN. Après les premières évacuations de 2020, 265 éléments y sont toujours stockés, comme par exemple des gants contaminés suite à des manipulations. “Le problème est que certaines de ces sources sont présentes dans la soute depuis plusieurs dizaines d’années. Il s’agit de déchets historiques dont on ne connaît pas les fournisseurs et qui sont donc extrêmement difficiles à caractériser. C’est un travail long et coûteux, sans compter le transport qui peut s’avérer aussi très délicat”, concède Simon Garnier.
Pas de risque imminent
Même s’il n’y a pas de risque imminent en raison des bonnes conditions de stockage et de l’accès restreint au local, la situation ne peut, toutefois, pas s’éterniser, estime le responsable de l’ASN. D’autant que d’autres universités ont su trouver des solutions. “Cela prendra du temps, mais l’université Paul-Sabatier doit encore faire de gros efforts pour régulariser son cas”, assure Simon Garnier.
Un renouvellement d’autorisation de détention de déchets nucléaires sous conditions
En attendant, l’ASN a renouvelé l’autorisation de détention de sources de rayonnements ionisants de la soute à déchets de Paul-Sabatier. Tout en assortissant cette autorisation de prescriptions fermes. Comme la caractérisation précise de l’ensemble des sources périmées et des déchets contaminés. Ou la fourniture d’un programme d’évacuation des objets radioactifs en justifiant les éventuelles impossibilités.
Par Nicolas Mathé, publié le 2 juillet à 17h04
Photo en titre : 265 sources de déchets radioactifs restent à évacuer de la soute de l’Université Toulouse 3 Paul-Sabatier ©ASN
https://www.lejournaltoulousain.fr/societe/toulouse-evacuation-dechets-radioactifs-universite-paul-sabatier-enfin-commence-124898/
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