COMMUNIQUÉ COMMUN DES GROUPES ANTINUCLÉAIRES QUI ONT DÉCIDÉ DE QUITTER LE RÉSEAU SORTIR DU NUCLÉAIRE

Le Réseau Sortir du nucléaire n’est plus l’outil dont a besoin le combat pour l’arrêt du nucléaire en France. Reconstruire une force antinucléaire au plus près des groupes et des luttes de terrain est désormais nécessaire.

 

Pendant des années, nous, groupes antinucléaires, avons été membres et adhérents du Réseau Sortir du nucléaire. Le Réseau avait  été constitué pour mutualiser les moyens et élargir les échanges entre groupes afin d’amplifier les luttes locales ou thématiques pour l’arrêt du nucléaire civil et militaire.

Mais au fil des ans, le Réseau est devenu une structure professionnalisée, de plus en plus déconnectée de l’activité réelle des groupes antinucléaires de terrain.

Ainsi l’équipe salariée s’est-elle fortement étoffée jusqu’à atteindre, et parfois dépasser, la quinzaine de permanents, l’argent des dons et de la boutique en ligne étant essentiellement affecté au fonctionnement de la structure.

Depuis 2010, le Réseau Sortir du nucléaire traverse une crise interne déclenchée par l’éviction d’administrateurs légitimes, lors d’une assemblée générale où des méthodes inadmissibles ont été utilisées. Le licenciement injustifié d’un salarié a eu lieu quelques mois après, malgré les engagements de cette Assemblée générale. Les procédés employés sont indignes d’un mouvement militant, et ce coup de force n’aura jamais été accepté par de nombreux groupes dont plusieurs ont quitté le réseau à cette occasion.

Pendant 6 ans, de nombreux militant-e-s ont tout tenté pour remettre le Réseau sur les rails, lui redonner un élan démocratique, une véritable combativité et entreprendre une indispensable régionalisation au plus près des groupes, malgré les manœuvres de déstabilisation et les blocages de l’équipe en place entre 2010 et 2015.

Alors même que le désastre de Fukushima avait suscité en 2011 quantité de prises de conscience et de mobilisations spontanées, les actions et campagnes menées par le Réseau sont de moins en moins nombreuses, et ne cessent de perdre en visibilité, fermeté et efficacité.

Pire, elles s’orientent de plus en plus vers des thématiques certes importantes, comme la lutte pour les énergies renouvelables, mais qui nous détournent de notre objectif  fondamental, l’arrêt du nucléaire civil et militaire.

Les groupes spécifiquement antinucléaires sont de moins en moins nombreux et les moyens dont ils disposent se réduisent sans cesse.

La nouvelle équipe élue en 2015 aura réussi à réhabiliter les militants exclus et à organiser un congrès qui aurait pu être riche d’avancées pour la lutte antinucléaire. Mais elle a fait face à de nombreuses obstructions tout au long de l’année 2015, et c’est dans des conditions très difficiles et désunie qu’elle est arrivée au congrès.

Les « conservateurs » (ceux qui ont évincé les militants en 2010), au prix d’incroyables blocages de procédure, organisés avec une partie des salariés, soucieux de protéger la place qu’ils avaient prise dans la structure, auront réussi à saborder le congrès.

Dans ces conditions, il est de notre devoir de faire savoir aux sympathisants et donateurs du Réseau Sortir du nucléaire que nos groupes tirent le constat que ce réseau n’est pas réformable.

Englué dans un fonctionnement bureaucratique, orienté vers la recherche des dons indispensables pour faire vivre une structure d’une quinzaine de salariés et qui accapare près de 70 % du budget, il n’est plus l’outil de lutte dont a besoin le combat antinucléaire en France, et au contraire il l’affaiblit.

C’est pourquoi les collectifs antinucléaires signataires de cet appel (dont plusieurs membres s’étaient fortement impliqués depuis 6 ans dans une rénovation du réseau qui s’est au final avérée impossible) ont décidé de quitter le réseau Sortir du nucléaire et demandent désormais à ne plus apparaître dans la communication du réseau en tant que groupes membres.

Notre départ du Réseau n’est pas une fin mais le début de la construction d’une autre forme d’organisation, horizontale et ouverte à tous les groupes antinucléaires.

En attendant, nous vous demandons de réorienter votre soutien vers les associations et groupes antinucléaires de votre région.

Au plus près des luttes de terrain, nous continuerons le combat contre le nucléaire civil et militaire.

Groupes signataires :

Arrêt du nucléaire 34 (ex SDN 34) ; Arrêt du nucléaire Lot (ex SDN Lot) ; Stop nucléaire 26/07 (ex SDN 26/07) ; Arrêt du Nucléaire Savoie ; Amis de la Terre Poitou ; Tchernoblaye ; Bien profond.