Le premier souci de l’État pour garantir la pérennité de l’industrie nucléaire est de glisser les déchets sous le tapis. Depuis un quart de siècle chaque mandature a contribué à l’irréversibilité de l’enfouissement. Mais la palme revient incontestablement à François Hollande qui a accéléré le processus décisionnel en dépit d’échecs successifs. Cette semaine, il remet ça…
Alors que le plus grand nombre est mobilisé contre la scandaleuse la Loi travail, le gouvernement nous propose « une petite manipulation entre amis » dont il est devenu coutumier. Cette semaine arrive dans la plus grande précipitation à l’Assemblée nationale une proposition loi de Gérard Longuet et Christian Namy votée par le Sénat le 17 mai dernier « précisant les modalités de création d’une installation de stockage réversible en couche géologique profonde des déchets radioactifs de haute et moyenne activité à vie longue ». Un rapporteur a déjà été nommé et manifestement les débats vont aller très vite…
Le débat public sur le projet Cigéo a été conduit en dépit du bon sens évitant soigneusement d’associer le public à une réelle discussion sur l’opportunité et les objectifs de l’enfouissement à Bure tel qu’il est proposé par les « apprentis sorciers » de l’Andra…
…il n’est pas admissible que la proposition de loi Longuet arrive si rapidement devant les députés. D’ici le 11 juillet 2016, un travail législatif digne de ce nom ne sera pas possible. Il est urgent d’admettre l’opportunité d’un moratoire et de repousser à l’automne le débat en séance publique. Aucune modalité ne peut à ce jour garantir la sûreté d’une installation de stockage réversible en couche géologique profonde des déchets radioactifs de haute et moyenne activité à vie longue. Il conviendrait que les députés l’admettent. Et il serait donc pour le moins stupéfiant qu’ils engagent l’État et le pays dans une voie aussi périlleuse ne serait-ce qu’en application de l’article Premier de la Loi Bataille qui stipule que « la gestion des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue doit être assurée dans le respect de la protection de la nature, de l’environnement et de la santé, en prenant en considération les droits des générations futures. »
Et je laisserai le dernier mot à Madame Sené qui en 1998 écrivait :
« …Si la réversibilité est l’unique moyen de préserver l’avenir et qu’on ne soit pas capable de l’envisager alors nous ne pouvons-nous permettre d’augmenter les déchets existants car nous faisons peser sur le monde à venir une menace sans commune mesure avec le gain qu’il pourra en tirer. » Monique Sené, Gazette du nucléaire n°167/168, août 1998.
Il n’y a à donc aucune urgence si ce n’est celle de mettre un terme au plus tôt à l’exploitation du parc électronucléaire et à une accumulation de déchets que personne ne sait ni gérer ni maitriser…
https://blogs.mediapart.fr/guillaume-blavette/blog/260616/lassemblee-nationale-ne-doit-pas-graver-cigeo-dans-le-marbre-de-la-loi
NDLR : le 27 juin, un communiqué de presse commun du Réseau « Sortir du nucléaire« , de la Coordination BureStop et des Amis de la Terre France s’oppose également à une loi expéditive et truquée !
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