PRÉSIDENTIELLES 2017 : OÙ SONT PASSÉS LES DISSIDENTS ATOMIQUES ?

oeilCôté civil, l’inquiétude quant au coût de la filière nucléaire et de la gestion des déchets prend de plus en plus d’ampleur dans les milieux dits autorisés (économiques, industriels, médiatiques…). Ne devrait-il pas en être de même côté militaire ?

En effet, actuellement le coût de la maintenance de la bombe atomique est déjà d’environ 4 milliards d’euros par an. Ce qui est autant d’argent des contribuables détourné des véritables besoins sociaux propre à renforcer le sentiment de sécurité de la population. Or, il devrait passer à 6 milliards d’euros d’ici quelques années selon les projets de renouvellement des deux composantes (aérienne et océanique) en cours. Les études de recherche-développement ont déjà démarré et la commission de la défense de l’Assemblée nationale s’est mise en ordre de bataille en créant une « Mission d’information sur les enjeux industriels et technologiques du renouvellement des deux composantes de la dissuasion » dont les conclusions, n’en doutons pas, seront forcément positives !

Idem pour les déchets : selon le site de l’Andra, l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs, le militaire génère 9 % des déchets nucléaires. Et qu’ils soient civils ou militaires, c’est du pareil au même, il n’y a pas de bonne solution pour leur gestion.

Objectif de ce renouvellement : avoir des armes atomiques encore plus performantes qui vont renforcer l’insécurité, le risque de prolifération et donc d’utilisation de ces armes de destruction massive dont les différents organismes internationaux s’accordent à reconnaître qu’ils seraient dans l’incapacité de juguler la crise humanitaire (sanitaire, sociale, environnementale…) qui s’en suivrait.

Alors que démarre la course à la présidentielle, il n’est pas inutile  de rappeler qu’une des principales raisons de l’élection du président de la République au suffrage universel, adopté en 1962, était la volonté de doter ce dernier de toute la légitimité citoyenne pour appuyer sur le bouton rouge, pour déclencher l’apocalypse nucléaire.

D’ailleurs, nombre de candidats en sont bien conscients et, même si cela ne fait pas la une des médias, se sont empressés d’afficher leur détermination à pérenniser l’ensemble des composantes de l’arsenal nucléaire et pour cela à augmenter le budget militaire en conséquence…

C’est déjà le cas des Républicains qui ont, à la mi-juillet, publié leur programme pour 2017 dans lequel est prévu, comme on peut s’en douter, le maintien de l’arme nucléaire et l’engagement d’y consacrer 2 milliards supplémentaires pour le renouvellement.

Aucune voix dissonante d’apprenti candidat ne s’est encore fait entendre sur le sujet.

Vertes, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Mais il y a bien une seule promesse respectée jusqu’alors par les candidats à la présidentielle de gauche comme de droite, c’est bien celle-là.

Article rédigé par Patrice Bouveret (co-fondateur de l’Observatoire des armements http://www.obsarm.org/) et publié par le mensuel écologique SILENCE d’octobre 2016 (N° 449)