L’énergie hydraulique a constitué, des décennies durant, un subventionnement croisé du nucléaire et valu aux exploitants d’énormes recettes. Aujourd’hui, Alpiq, Axpo et Cie sont en crise par leur propre faute. Ils ont investi beaucoup d’argent dans des centrales à gaz et à charbon à l’étranger. Ils ont construit de coûteuses centrales de pompage-turbinage qui se sont avérées des flops. Ils ont négligé les énergies éolienne et solaire.
Le niveau des redevances hydrauliques doit être rediscuté en 2020. Les entreprises exploitantes demandent leur suppression. En d’autres termes, elles ne veulent plus payer le loyer pour l’utilisation de l’eau naturelle des montagnes. Afin que les prix de l’électricité se reprennent un peu, il faut deux éléments: la mise au rancart d’autant de centrales nucléaires que possible en Europe et ensuite des redevances raisonnables sur le CO2, afin que le courant beaucoup trop bon marché tiré des centrales à charbon n’inonde pas le marché de l’électricité.
Les communes grisonnes qui ont accordé les concessions de droit d’eau aux entreprises productrices d’énergie de la plaine ont compris la nouvelle situation. Elles sont partisanes d’une sortie du nucléaire et soutiennent de ce fait l’initiative des Verts. Au cœur de leur réflexion: s’il y a moins d’électricité sur le marché, les prix actuellement trop bas du kilowattheure remonteront.
Les prix n’exploseront pas pour le consommateur car, désormais, on produit en Europe du courant à des coûts allant de 3,5 à 6 centimes, et la tendance est à la baisse. Un prix de marché de ce niveau permet aux exploitants d’installations hydrauliques de payer sans problème le loyer, au moins cette redevance hydraulique aux tarifs actuels.
Tandis que les communes grisonnes se défendent, c’est silence radio en Valais. La raison: le modèle de retour (au propriétaire initial) du conseiller d’État Jean-Michel Cina ne prévoyait pas une telle évolution. Il tablait sur une manne qui, apparemment, n’arrive pas. Les contestataires du loyer extra cantonaux continueront à pouvoir faire jouer les unes contre les autres des communes sans réel concept.
En matière de loyer de l’eau et de droit de retour. Après Tchernobyl et Fukushima, il faut sans doute une troisième catastrophe pour que le parc nucléaire le plus ancien du monde soit immédiatement débranché.
Article de Peter Bodenmann
http://www.hebdo.ch/hebdo/chroniques/detail/les-centrales-nucl%C3%A9aires-nuisent-%C3%A0-l%E2%80%99hydraulique
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