NUCLÉAIRE : LES APPÉTITS D’UNE INDUSTRIE HABITUÉE À RÉGNER EN MAÎTRE

Toute la semaine, «Libé» publie des enquêtes sur les enjeux de la COP 26. Aujourd’hui, le regain de forme du nucléaire, poussé par le Président.

Bataille classique d’un lobby qui n’a plus besoin de démontrer sa puissance ou retour en grâce justifié par le souci de lutter contre le réchauffement climatique ?

À quelques jours de l’ouverture de la COP 26 à Glasgow, Libération va toute cette semaine se mettre encore plus «au vert» que d’habitude, en publiant chaque jour de multiples enquêtes, reportages, portraits, décryptages, entretiens liés aux enjeux du climat. En démarrant par une enquête sur le regain de forme du nucléaire, au cœur des enjeux de la COP, au cœur aussi du rapport qui sera remis ce lundi au chef de l’État sur les «Futurs énergétiques 2050».

Plus que probable candidat à sa succession, Emmanuel Macron ne fait pas mystère de sa volonté de relancer un secteur en disgrâce depuis la catastrophe de Fukushima.

Dans sa besace : la construction de six nouvelles centrales EPR, et, c’est plus nouveau, de petits réacteurs modulaires pour remplacer les centrales à charbon ou au gaz, grosses émettrices de CO2. «Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire», plaide l’Élysée.

Qu’importe si la seule centrale EPR en construction, Flamanville, n’est toujours pas opérationnelle après dix ans de retard. Au diable aussi le pognon de dingue qu’elle aura coûté.

Voir le vent ainsi tourner en faveur du nucléaire ne plaît évidemment pas aux anti-atomes.

Cela les inquiète d’autant plus que le lobby anti-éoliennes donne lui aussi de la voix, avec une certaine efficacité auprès des milieux complotistes, d’extrême droite, voire de droite.

Au-delà des risques d’accidents et de l’épineuse gestion des déchets, les antinucléaires estiment qu’il sera plus rapide de développer massivement les énergies renouvelables si l’on veut tenir les engagements de lutte contre le réchauffement. Et moins coûteux.

Ils ont aussi sans doute raison de s’inquiéter des appétits d’une industrie habituée à régner en maître. Si ce regain de forme se traduit par un recul des investissements dans le renouvelable et le retour d’une hégémonie à contre-courant, ce n’est pas une bonne nouvelle. Mais juré, craché, foi d’«en même temps», la macronie jure que non…

Par Paul Quinio, publié le 24 octobre 2021 à 21h05

Photo en titre: Devant la centrale nucléaire de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne, en 2017. (Idriss Bigou-Gilles)

https://www.liberation.fr/environnement/nucleaire/nucleaire-les-appetits-dune-industrie-habituee-a-regner-en-maitre-20211024_D2COOZX45VDABKB6XYZYC67QX4