COMMISSION D’ENQUÊTE SUR LA PERTE DE SOUVERAINETÉ ÉNERGÉTIQUE DE LA FRANCE

Le Député de Fessenheim, Raphaël Schellenberger, préside actuellement la « Commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France », « causée notamment par les problèmes de production et d’approvisionnement électriques en France ».

La proposition de résolution visait la période courant sur les deux précédents quinquennats. On peut s’interroger sur cette restriction préalable du champ d’investigation, et sur l’entretien de la confusion entre consommation d’électricité et consommation d’énergie, faisant mine d’oublier que l’électricité ne représente que 25% de la consommation d’énergie finale en France, et donc que le nucléaire n’est finalement qu’une petite partie du problème puisqu’il ne représente que 17,5% de l’énergie finale consommée en France…

En réalité, il est très vite apparu que le but de cette commission est de réécrire l’histoire du nucléaire et d’expliquer que ce sont des choix purement politiques et idéologiques qui ont conduit à la situation délicate que traverse actuellement l’énergie nucléaire en France.

L’indépendance énergétique désigne la capacité d’un pays à satisfaire l’ensemble de ses besoins en énergie sans faire appel à des importations sous quelque forme que ce soit. Avec un mix énergétique comprenant 63 % d’énergie fossile importée en quasi-totalité, on se demande comment la France a pu perdre une indépendance énergétique qu’elle n’a jamais eue. Pourtant, dans son bilan énergétique annuel, la France affiche un taux d’indépendance énergétique de 55% !!! Comment est-ce possible ?

Ce taux correspond à la contribution de l’énergie nucléaire et des énergies renouvelables à la production d’électricité dans le bilan en énergie primaire de la France. Mais comment l’électricité nucléaire produite avec de l’uranium importé en totalité peut-elle apparaître comme le principal facteur de l’indépendance énergétique ? La réponse tient dans une « convention statistique » coéditée par l’Agence Internationale de l’Énergie et Eurostat. Bien qu’on définisse l’énergie primaire comme celle que l’on prélève directement dans la nature, cette convention affirme que dans le cas de l’énergie nucléaire, l’énergie primaire considérée est la chaleur émise par le réacteur (NDLR : dont seul 1/3 est transformé en électricité, les 2 autres tiers étant rejetés dans la nature sous forme de chaleur) plutôt que le combustible utilisé pour le faire fonctionner.

Ce tour de passe-passe permet, en niant toutes les lois de la physique, de substituer une chaleur nationale (car produite en France) à de l’uranium importé principalement du Kazakhstan, d’Australie et du Niger. Mais il permet aussi que des ingénieurs des mines et des parlementaires finissent par être persuadés de l’indépendance énergétique de la France pour sa production d’électricité !

En réalité, l’indépendance énergétique de la France n’est que de 12 %, essentiellement grâce aux énergies renouvelables. Et si la France veut un jour être totalement indépendante en énergie, ce sera uniquement grâce aux énergies renouvelables.

Message de la CRIIRAD, reçu le 27 janvier 2023 à 15h29

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