L’EPFZ remet en cause la méthode utilisée par l’Agence internationale de l’énergie atomique pour évaluer les dangers liés à l’atome.
Les risques liés au nucléaire sont systématiquement sous-évalués, selon des chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et de l’Université du Sussex (GB). Dans une étude, ils remettent en question la méthode utilisée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour les évaluer.
L’ampleur des accidents est évaluée grâce à l’échelle internationale des événements nucléaires (INES). Composée de huit niveaux de gravité, elle permet de signaler un écart (0), une anomalie (1), un incident (2-3) ou un accident (4-7). Les catastrophes de Fukushima ou de Tchernobyl ont atteint le niveau maximal.
Peu précise et lacunaire
Pour les chercheurs Didier Sornette, Spencer Wheatley et Benjamin Sovacool, l’échelle n’est pas assez précise et la distinction entre «incident» et «accident» arbitraire: il n’y a pas de règles pour mesurer le nombre de morts ou les irradiations.
De plus, seule la moitié des événements recensés par les chercheurs ont été rapportés dans l’échelle de l’INES, ont constaté les scientifiques dans leur étude parue cet été dans les magazines scientifiques «Energy Research & Social Science» et «Risk Analysis».
Plus les incidents sont petits, moins ils ont de chance d’être découverts, enregistrés et rapportés au régulateur ou aux médias. Rien qu’en France, les centrales nucléaires enregistrent entre 600 et 800 petits incidents qui ne sont pas rapportés plus loin, bien qu’ils soient «importants pour la sécurité nucléaire», écrivent-ils.
Risques très élevés
La probabilité d’accidents de grande ampleur est donc sous-estimée par l’agence internationale, car elle ne prend pas tous les événements nucléaires en compte. Pour les chercheurs, les risques pour la société sont donc toujours «très élevés».
Les trois scientifiques proposent une autre méthode qui mesure le rapport conséquences/coûts des accidents atomiques. Pour cela, ils ont élargi le nombre de données récoltées.
La prise en compte des coûts permet d’inclure tous les effets négatifs, comme les pertes économiques, les destructions d’habitations, les dégâts à l’environnement et à la santé, ainsi que les coûts d’assurance ou d’évacuation. «Nous pensons que cette amélioration des données est très importante pour la juste compréhension du risque nucléaire», expliquent les scientifiques.
Ceux-ci estiment que des accidents comme ceux de Tchernobyl ou Fukushima devraient atteindre un niveau 10 ou 11. L’échelle devrait ainsi être étendue, permettant d’inclure toutes les conséquences. Les auteurs comparent l’échelle de l’INES à celle de Mercalli, qui mesure la puissance des tremblements de terre, remplacée depuis plus de 50 ans par celle de Richter.
Une nouvelle échelle permettrait de définir de manière plus rigoureuse et transparente les données d’incidents et d’accidents. Ainsi le risque pourra être mieux compris et donc réduit, estiment les chercheurs.
Initiative des Verts
Ces derniers ont analysé les données de 216 incidents liés à la sécurité et qui se sont déroulés entre 1952 et 2014. Les coûts de 18 des 29 incidents qui ont eu lieu depuis Fukushima ne sont pas encore connus, et n’ont pas pu être pris en compte. Les réponses apportées par l’industrie à la catastrophe de Fukushima n’ont donc pas pu être évaluées dans cette étude.
La population se prononcera sur l’initiative pour sortir du nucléaire le 27 novembre. Le texte, lancé après l’accident de Fukushima en 2011, réclame l’arrêt des centrales nucléaires après 45 ans de fonctionnement. (ats/nxp)
http://www.tdg.ch/suisse/risques-nucleaire-sousestimes/story/16369818
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