L’analyse des dernières images satellites du principal site d’expérimentations atomiques de la Corée du Nord témoigne d’un regain d’activités. Les chancelleries d’Asie sont en alerte.
Les chancelleries d’Asie sont en alerte depuis la publication de plusieurs rapports suggérant que le régime nord-coréen est sur le point d’enclencher son sixième essai nucléaire en dépit des mises en garde fermes des grandes capitales. Selon le think tank américain « 38 North », rattaché à la Johns Hopkins University, l’analyse des dernières images satellites du principal site d’expérimentations atomiques de la Corée du Nord témoigne d’un regain d’activités similaire aux mouvements traditionnellement repérés avant chaque essai.
En décortiquant des clichés pris samedi dernier, les experts de « 38 North », Joseph S. Bermudez et Jack Liu ont notamment repéré sur le site de Punggye-ri, au nord du pays, la présence de véhicules et de remorqueurs pouvant être utilisés pour déplacer une charge nucléaire ainsi que la mise en place de câbles de communication jusqu’au tunnel, où sont habituellement conduits les essais nucléaires. De l’eau est aussi pompée hors du tunnel avant d’être évacuée en aval, « sans doute pour que le tunnel reste à sec dans le but d’accueillir du matériel de contrôle ou de communication », ajoutent les analystes sur leur site dédié. « La conjonction de ces facteurs laisse fortement penser que des préparatifs d’essai sont en cours, englobant l’installation du matériel », écrivent-ils, avant de noter que ces activités ne permettent toutefois pas de proposer un calendrier clair de la prochaine explosion.
Ces commentaires viennent conforter les analyses faites par les gouvernements sud-coréen et américain qui estiment, eux aussi, que Pyongyang va très prochainement procéder à un nouvel essai nucléaire. Ils notent que plusieurs dates symboliques de la propagande nord-coréenne pourraient être, en avril, l’occasion d’un essai retentissant. Le 15 avril, le pays célèbrera, par exemple, le « Jour du Soleil » qui marque l’anniversaire de la naissance de Kim Il-sung, le « fondateur » du régime autoritaire décédé en 1994. «Nous évaluons que la Corée du Nord est capable de procéder à un test nucléaire dans les heures qui suivront l’ordre de Kim Jong-un», avait confié, en fin de semaine dernière, un officiel du ministère de la Défense sud-coréen à l’agence de presse Yonhap. «Nous surveillons de très près les installations liées aux activités nucléaires avec des moyens combinés Corée du Sud-États-Unis.», avait-il précisé.
Depuis l’arrivée à la tête du pouvoir, fin 2011, de Kim Jong-un, la Corée du Nord a considérablement accéléré la fréquence de ses essais nucléaires. Sous l’ensemble du règne de Kim Jong-il, seules deux explosions avaient été enclenchées. Son fils a déjà validé trois essais, dont deux l’an dernier, et semble déterminer à permettre à son armée de disposer rapidement de charges nucléaires miniaturisées susceptibles d’être installées sur des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM). Le jeune dictateur est convaincu que la maîtrise de cette arme nucléaire conforterait la stratégie de dissuasion du régime et permettrait de prévenir toute intervention armée des États-Unis contre Pyongyang.
Ayant intégré cette logique, les États-Unis s’interrogent aujourd’hui sur leurs capacités à stopper ces développements militaires en Corée du Nord. Officiellement, l’administration Trump, qui travaille actuellement à la mise d’un durcissement des sanctions mises en place contre Pyongyang, n’a pas exclu la possibilité d’une action militaire contre le régime avant qu’il ne finalise la conception de ces armes. Une option qui est toutefois vivement rejetée par ses alliés sud-coréen et japonais. Séoul et Tokyo estiment qu’aucune intervention n’est désormais en mesure d’assurer l’éradication totale de l’ensemble des capacités balistiques de l’armée nord-coréenne. Disposant de dizaines de lanceurs mobiles, Pyongyang pourra toujours réagir après une éventuelle agression américaine et frapper lourdement des cibles en Corée du Sud ou au Japon avec des missiles conventionnels
https://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/0211925010588-cette-nuit-en-asie-pyongyang-sappreterait-a-enclencher-son-sixieme-essai-nucleaire-2076072.php#ZXz5zxfcV5R2jw7e.99
Commentaires récents