SÉOUL, 10 mai (Yonhap) — Lors de sa campagne, le président élu Moon Jae-in avait promis de rétablir le dialogue avec Pyongyang et de jouer un rôle actif, sur le plan diplomatique, pour contrer son programme d’armes nucléaires afin de mettre fin à près de 10 années de gel et d’inertie entre les deux Corées.
Mais des experts prévoient que son ambition de réconciliation fera face à de grands obstacles. Il faudra en effet, pour qu’un dialogue s’établisse à nouveau, que la Corée du Nord suspende ses essais nucléaires et balistiques. L’approche de Moon est double : chercher à la fois la dénucléarisation et le dialogue avec le régime nord-coréen.
«Moon sera ouvert au dialogue avec la Corée du Nord. Je pense que la révision par la Corée du Nord de son programme nucléaire constituerait une bonne base à partir de laquelle Moon pourrait appliquer sa politique à l’égard de la Corée du Nord», observe Kim Yong-hyun, professeur d’études nord-coréennes à l’université Dongguk.
Les relations intercoréennes ont été tendues au cours des neuf dernières années qui ont connu deux administrations conservatrices, jusqu’à la destitution de l’ex-présidente Park Geun-hye en mars dernier pour un scandale de corruption.
Les anciens présidents progressistes Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun ont mené une politique de rapprochement avec le Nord, de 1998 à 2008, qui a mené à la réconciliation et à des projets intercoréens. Moon a été chef de cabinet de Roh. Il pourrait relancer la politique de main tendue.
«La nouvelle administration devra d’abord chercher à convaincre la Corée du Nord de suspendre ses tests nucléaires et renoncer à lancer un missile balistique intercontinental (ICBM) si elle souhaite de meilleures relations», estime Cheong Seong-chang, chercheur à l’institut Sejong. «Il y a un besoin d’organiser des sommets entre les leaders des deux côtés.»
Les experts soulignent que Moon devra aussi être en phase avec les États-Unis et prouver que sa politique d’engagement ne va pas à l’encontre des sanctions internationales. Des voix notent en effet que Séoul pourrait être écarté du processus visant à apporter la paix sur la péninsule comme Washington et Pékin semblent être devenus plus actifs sur le dossier nucléaire nord-coréen.
«Moon devra envoyer un représentant spécial aux États-Unis dès que possible pour ajuster la position du gouvernement à celle des États-Unis», conseille Cheong. «Si le Nord promet de ne pas faire de test d’ICBM, alors les États-Unis comprendront probablement la volonté de Séoul d’avoir un dialogue intercoréen.»
Pour créer les conditions d’un retour aux discussions, des spécialistes recommandent de relancer des projets intercoréens, notamment avec la réouverture du complexe industriel conjoint de Kaesong (fermé en février 2016) et la reprise des circuits touristiques au mont Kumgang (suspendus en juillet 2008), au Nord. Toutefois, des analystes notent que cela serait contraire aux sanctions décrétées par le Conseil de sécurité de l’ONU contre Pyongyang.
Sur ce sujet précis, Moon a mis en garde contre toute précipitation. «Si la Corée du Nord engage des discussions sur la dénucléarisation après avoir gelé son programme nucléaire, nous pourrons relancer le complexe de Kaesong et le programme touristique», avait dit Moon à un forum fin avril.
«Moon doit poursuivre des politiques appelant à une meilleure communication avec le peuple, la Corée du Nord et la communauté internationale», préconise Yang Moo-jin, professeur à l’Université des études nord-coréennes.
D’autres observateurs anticipent que l’administration Moon cherchera dans un premier temps à apporter une assistance humanitaire et encourager les échanges intercoréens au niveau civil. Après le torpillage par le Nord d’une corvette de la marine sud-coréenne, Séoul a décidé en mai 2010 d’interdire les échanges transfrontaliers dans les domaines de l’économie et de la culture. L’année dernière, presque tous les échanges civils ont été suspendus suite à d’autres provocations.
«Vraisemblablement, Moon cherchera de manière agressive des échanges dans les secteurs non politiques, pour l’aide aux enfants et des réunions de familles séparées», prédit le professeur Kim de l’université Dongguk. Bon nombre d’experts estiment que le nouveau gouvernement réussira à réchauffer l’atmosphère cette année, à l’approche des Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, auxquels la Corée du Nord est invitée.
«La Corée du Sud devra prendre en main la gestion des sujets concernant la péninsule», suggère Yang. «Il faudra qu’elle soit sur la même longueur d’onde que les États-Unis et les autres pays voisins et qu’elle rétablisse des contacts informels avec la Corée du Nord.»
http://french.yonhapnews.co.kr/news/2017/05/09/0200000000AFR20170509000900884.HTML
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