Le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir d’urgence, mardi 29 août, pour condamner le nouveau tir de missile nord-coréen et envisager de nouvelles sanctions contre Pyongyang, lesquelles n’ont jamais arrêté les programmes nord-coréens depuis 2006
Rien ne semble arrêter la détermination nord-coréenne à poursuivre ses programmes nucléaires et de missiles balistiques. Après le tir de trois engins de courte portée samedi 26 août, la Corée du Nord a mené mardi 29 août un tir de missile balistique, <http://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/Le-conseil-securite-lONU-reunit-nouveau-tir-missile-nord-coreen-2017-08-29-1200872682> qui a survolé le Japon pour s’abîmer dans le Pacifique : un pas supplémentaire dans l’escalade des tensions autour des ambitions militaires de Pyongyang.
Déjà sept résolutions de l’ONU contre Pyongyang depuis 2006
Face à cette nouvelle provocation, le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir d’urgence, mardi 30 août, à la demande des États-Unis et du Japon afin de condamner ce nouveau tir et d’envisager de nouvelles sanctions économiques contre la Corée du Nord.
Cette nouvelle réunion intervient presque un mois après le vote de la résolution 2371, adoptée le 5 août et renforçant sept autres résolutions déjà votées depuis le premier essai nucléaire de Pyongyang, en 2006. Or force est de constater que ces multiples sanctions imposées depuis plus de dix ans n’ont en rien stoppé les programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord au point de s’interroger sur leur réelle efficacité.
Depuis 2006, les sanctions n’ont cessé de s’étendre et de se renforcer, en visant d’abord le matériel militaire et technique pour arriver, dix ans plus tard, à limiter les revenus d’exportation de la Corée du Nord. À chaque résolution, la communauté internationale affiche sa détermination dans sa lutte en faveur de la dénucléarisation de la Corée du Nord, convaincue de l’impact économique des sanctions qui visent à réduire les budgets de recherches militaires. Celle du 5 août vise ainsi à interdire des revenus tirés de l’exportation de charbon, de fer, de minerai de fer, de plomb, de minerai de plomb, de poisson et de crustacés.
Ces sanctions sont facilement contournées et non respectées
Selon Washington l’ensemble de ces nouvelles sanctions devrait conduire à priver la Corée du Nord « d’un milliard de dollars de recettes ». À condition que ces nouvelles mesures soient respectées par tous les membres des Nations unies, ce qui est loin d’être le cas.
Depuis des décennies, la Corée du Nord a réussi à entretenir et à préserver de nombreux réseaux commerciaux sur tous les continents, notamment en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-est. La Russie a même lancé en mai 2017 un service de ferry entre Vladivostok et le port de Rajin (Zone économique de Rason) en Corée du Nord. Les passagers sont des touristes chinois ou russes mais aussi des ouvriers nord-coréens travaillant en Sibérie.
En Corée du Sud et au Japon, les échanges se poursuivent également de façon très souterraine, à travers des réseaux chinois. Au Japon, la communauté nord-coréenne qui gère une partie des salles de jeux (Patchinko) réussit toujours à envoyer des millions de dollars à Pyongyang via des pays tiers ou centres financiers comme Hong Kong ou Singapour.
Enfin les produits d’exportation interdits comme les fruits de mer font l’objet d’un trafic en haute mer où ils sont vendus très cher à des intermédiaires qui les revendront au Japon.
Jusqu’à mars 2016, la Zone économique de Kaesong en Corée du Nord, gérée par les Sud-Coréens, rapportait plusieurs centaines de millions de dollars à Pyongyang. Elle a été fermée après le quatrième essai nucléaire.
Une résilience très ancienne
Ces résolutions, aussi sévères soient-elles sur le papier, ne peuvent être contrôlées par les inspecteurs de l’ONU qui sont trop peu nombreux.
Enfin, un régime capable de survivre à une famine qui a tué au moins un million de personnes dans les années 1990 ne risque pas de s’effondrer ou d’arrêter ses programmes militaires jugés prioritaires à la suite de ces nombreuses sanctions.
La résilience de la Corée du Nord vient d’une réalité simple : elle a déjà si peu qu’elle n’a rien à perdre. Elle s’est adaptée pour supporter les privations au point que le régime exploite également ces sanctions de l’ONU pour cimenter le peuple contre les « agresseurs extérieurs ».
Article de Dorian Malovic
http://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/Pourquoi-sanctions-lONU-sont-inefficaces-contre-Coree-Nord-2017-08-29-1200872790
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