Une semaine après le test d’une bombe H par Pyongyang, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté de nouvelles mesures de rétorsion économique contre le régime.
Une semaine après le sixième test nucléaire effectué par la Corée du Nord, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé lundi d’imposer au régime une série de nouvelles sanctions économiques, dans l’espoir de stopper sa course à l’armement. Après le charbon, le fer, l’or, les terres rares, le plomb, les crustacés ou le poisson, les pays membres des Nations unies ont désormais interdiction d’acheter du textile nord-coréen. Par ailleurs, le volume de pétrole livré au pays ne devra pas dépasser la quantité vendue ces douze derniers mois.
C’est la huitième série de sanctions imposée par la communauté internationale au régime de Pyongyang depuis 2006, et la troisième pour l’année 2017. Un rythme qui s’accélère à mesure que le régime de Kim Jong-un multiplie les réussites dans son programme balistique et nucléaire, déjouant tous les pronostics. Le but des sanctions est d’une part d’étrangler financièrement le pays pour l’empêcher de poursuivre sa recherche militaire, et de l’autre de l’empêcher de se fournir en produits et matériaux utiles à l’armement, comme le carburant d’avion. Toutes ces interdictions ne s’appliquent pas «en cas de besoins humanitaires essentiels», la Corée du Nord devant prouver que le fruit de ces échanges est destiné à la population.
Même si ces dernières sanctions sont forcément une mauvaise nouvelle pour Pyongyang, on peut, une fois de plus, douter de leur efficacité. Elles pourraient même pousser le régime à accélérer son programme nucléaire et balistique avant que leurs effets ne s’en ressentent, et servir de prétexte à de nouvelles démonstrations de force. Jusque-là, les mesures de rétorsion économique n’ont pas détourné les dirigeants nord-coréens de leur priorité absolue, le développement d’un armement de dissuasion nucléaire. Le pays montre même des signes de développement économique, alors que, selon des témoignages recueillis sur place, la population a d’énormes besoins en termes d’alimentation, de santé, d’hygiène ou de formation.
Et l’application des sanctions décidées par l’ONU est problématique. La Chine partisane du statu quo envers sa voisine nord-coréenne et qui s’est opposée, lundi, à la demande américaine d’embargo pétrolier, est le principal partenaire commercial de Kim Jong-un. Or Pékin ne publie aucun chiffre sur ses exportations vers la Corée du Nord, et les échanges commerciaux transfrontaliers sont très nombreux. Beaucoup d’entreprises chinoises faisant fabriquer les vêtements dans des usines nord-coréennes pour profiter de la main-d’œuvre bon marché, l’application des contrôles restera liée au bon vouloir des autorités chinoises.
La nouvelle résolution interdit aussi de délivrer de nouveaux permis de travail aux dizaines de milliers de Nord-Coréens employés à l’étranger, notamment dans les forêts russes et les chantiers de la péninsule arabique, mais le contrôle va s’avérer difficile. Et, par définition, les sanctions n’auront aucun effet sur les sources de devises que sont les nombreuses activités criminelles et de contrebande développées depuis des années par Pyongyang.
Article de Laurence Defranoux
http://www.liberation.fr/planete/2017/09/12/nucleaire-nord-coreen-des-nouvelles-sanctions-inefficaces_1595739
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