LE RISQUE NUCLÉAIRE AUX PORTES DE CALAIS

CalaisLe Calaisis fait désormais partie du périmètre de sécurité mis en place autour de la centrale de Gravelines. Mais en pratique, beaucoup d’incertitudes demeurent.

Sur le papier, c’est fait : le périmètre de sécurité autour de la centrale de Gravelines englobe le Calaisis. Mesurant à l’origine dix kilomètres de rayon autour du site, il a été doublé – comme tous les autres – après la catastrophe de Fukushima. Le décret a été publié en 2015. Donc, autour de Gravelines, il y a un cercle de vingt kilomètres de rayon où s’applique le PPI, le plan particulier d’intervention. Il définit les moyens préventifs mis en œuvre et les actions à déployer en cas d’incident sous l’autorité du Préfet. Mais ça, c’est sur le papier.

234 000 citoyens concernés

« En pratique, on en est toujours à la définition exacte du périmètre », détaille Dany Bogaert, le président de l’Association de défense du Calaisis, l’Adéca. Il sort d’une réunion où ce dossier a été évoqué et où il a exprimé des inquiétudes légitimes.

« Sur le Calaisis, le nouveau périmètre englobe Marck et une partie de Calais, à l’est. Autrement dit, il est estimé qu’il y a un risque pour les Calaisis qui habitent à 20 kilomètres de la centrale, pas pour ceux qui habitent à 20,1 kilomètres. » La remarque est prise en compte et sans doute faudra-t-il encore patienter avant d’avoir un PPI aux limites clairement définies. L’an prochain, sans doute.

Et après ? Les habitants, les premiers concernés, vont devoir être informés des risques et parades : comment se confiner, évacuer, ou quand ingurgiter les comprimés d’iode si l’ordre en est donné pour protéger la thyroïde ? « On parle, évidemment, de réunions publiques d’information, reprend Dany Bogaert, mais quel que soit le moyen de communication choisi, c’est la question du financement qui se posera. » D’autant que cette extension fait bondir le nombre d’habitants concernés. En y ajoutant, entre autres zones, le Calaisis, le plan particulier d’intervention passe de quelque 16 000 à plus de 230 000 habitants. « Une fois encore, qui va financer leur information ? », s’interroge Dany Bogaert. Les comprimés d’iode sont l’une des grandes interrogations. Jusqu’alors, les populations étaient invitées par courrier à retirer chez les pharmaciens les boîtes de comprimés puis à les stocker au domicile, ou dans des endroits identifiés pour les lieux publics comme les écoles ou les entreprises. Coûteux, ce système sera-t-il appliqué sur un périmètre beaucoup plus vaste alors que les taux de retrait étaient plutôt faibles sur les anciens dix kilomètres ? «Autour de la centrale de Gravelines, ce n’est qu’un foyer sur deux qui allait retirer les fameuses boîtes dans les pharmacies », précise Dany Bogaert.

Pas mal de questions subsistent face à un risque très improbable mais toujours possible. Ce sont les préfets, représentants de l’État, qui ont toutes les cartes en main pour mettre en œuvre des mesures de prévention nécessaires ; le Préfet du Nord a assuré que les choses avancent et continueront d’avancer dans ce domaine.

Laurent GEUMETZ

http://www.nordlittoral.fr/48980/article/2017-09-25/le-risque-nucleaire-aux-portes-de-calais