L’EPR, FLEURON DU NUCLÉAIRE FRANÇAIS AUX MULTIPLES DÉBOIRES

L’EPR, qui doit être lancé pour la première fois en Chine dans six mois environ, est un réacteur nucléaire de troisième génération conçu pour offrir une puissance et une sûreté améliorées, mais dont les chantiers ont accumulé les revers en France et en Finlande.

Lancée en 1992, cette technologie présentée comme le fleuron de la filière nucléaire française a été codéveloppée par le français Areva et l’allemand Siemens, au sein de leur filiale commune Areva NP, dont Siemens s’est depuis retiré.

EDF vient de prendre le contrôle de cette activité dans le cadre de la réorganisation de la filière nucléaire française orchestrée par l’État.

Conçu pour fonctionner 60 ans, l' »European Pressurized Water Reactor » se fonde sur la technologie des réacteurs à eau sous pression, la plus utilisée dans le monde.

Il offre une puissance très élevée (1.650 mégawatts) et bénéficie d’une multiplication des systèmes de sauvegarde pour refroidir le cœur du réacteur en cas de défaillance, d’une coque de protection en béton et acier, et d’un récupérateur de corium censé réduire les conséquences en cas d’accident grave.

Le premier chantier a été lancé à Olkiluoto (Finlande) en 2005, pour le compte de l’électricien TVO, avec Areva et Siemens directement maîtres d’œuvre. Mais les contretemps et dérapages budgétaires se sont accumulés.

TVO avait déploré en octobre un énième retard dans la mise en service de l’EPR, désormais prévue en mai 2019. Elle était initialement prévue pour 2009.

Un contentieux oppose TVO à Areva et Siemens, chaque partie imputant les retards à l’autre et réclamant des milliards de dédommagements. L’affaire est en cours d’arbitrage.

Le deuxième EPR, en chantier depuis 2007 à Flamanville (Manche) a également accumulé les déboires, à cause notamment d’anomalies découvertes sur la composition de l’acier du couvercle et du fond de la cuve.

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exige que le couvercle de la cuve soit remplacé avant la fin 2024.

EDF, maître d’œuvre, a reporté à plusieurs reprises la mise en service du réacteur. L’électricien prévoit de démarrer l’EPR de Flamanville fin 2018, pour une mise en service commerciale en 2019, quand le calendrier initial tablait sur 2012. Son coût a entre-temps plus que triplé à 10,5 milliards d’euros.

Deux autres EPR sont en construction à Taishan (Chine), par une coentreprise détenue à 51% par l’électricien étatique chinois CGN, à 30% par EDF et, depuis 2012, à 19% par l’électricien de la province du Guangdong.

Ils devraient être les premiers au monde à fonctionner: leur mise en service débutera mi-2018, a en effet indiqué mardi la présidence de la République française, en marge d’une visite d’Emmanuel Macron en Chine.

L’EPR a aussi été retenu par EDF pour un projet de deux réacteurs à Hinkley Point en Angleterre.

En juillet, EDF a annoncé s’attendre à un surcoût de 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d’euros) pour cet énorme chantier, ce qui porte l’investissement total à 19,6 milliards de livres, soit environ 22,3 milliards d’euros.

Le groupe évoque un « risque » de retard de 15 mois pour le premier réacteur, censé entrer en service fin 2025, et de 9 mois pour le second, qui doit démarrer six mois plus tard.

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