Le groupe japonais contrôlant le site de traitement des combustibles usés de Rokkasho vient de reporter pour la vingt-troisième fois l’ouverture de son site.
C’était il y a 31 ans. En janvier 1987. Le groupe japonais Japan Nuclear Fuel Limited (JNFL), détenu par les dix grands électriciens du pays, annonçait qu’il avait choisi, au terme de longs pourparlers, la SGN – une filiale de COGEMA plus tard fondue dans Areva – pour construire au nord du pays sa première usine de retraitement de déchets nucléaires usés.
Cherchant à maîtriser l’ensemble du cycle du combustible afin de gérer les stocks de « crayons » de combustibles accumulés dans les piscines de refroidissement de ses dizaines de réacteurs, le pays se proposait de mêler sur le gigantesque site de Rokkasho des technologies françaises à des procédés développés par des acteurs nippons. Tokyo évaluait alors le coût du chantier à 4,6 milliards de dollars et promettait un lancement des opérations de retraitement en 1997.
23ème report
Le 22 décembre dernier, JNFL a annoncé qu’il repoussait pour la… 23ème fois la date d’achèvement de son usine de retraitement. Le site pourrait peut-être entrer en activité complète en 2021, soit avec 24 années de retard, quand le centre de production de MOX qui lui est associé pourrait, lui, être inauguré en 2022. Les investissements engloutis dans le projet devraient dépasser, selon les dernières estimations de la société, les 26 milliards de dollars, soit plus de cinq fois le montant initialement annoncé.
Sur place, des ouvriers travaillent mais l’usine, qui aurait dû théoriquement traiter 800 tonnes de déchets par an, tourne au ralenti du fait d’une multitude de problèmes techniques et réglementaires. Les ingénieurs japonais ont notamment mis des années à mettre en place le délicat procédé de vitrification des déchets qu’ils n’avaient pas voulu acheter aux Français. Ils ont préféré tenter d’adapter à grande échelle une technologie expérimentée sur le site de Tokai, au nord de Tokyo. Mais les essais ont maintes fois échoué.
Nouvelles normes
Pour justifier son dernier retard, le groupe explique aussi qu’il doit adapter ses anciennes infrastructures aux nouvelles normes de sécurité imposées par le régulateur japonais (NRA) après la catastrophe de Fukushima. « Nous avons des constructions supplémentaires et du travail de consolidation à faire » pour garantir la sécurité, a expliqué Kenji Kudo, le PDG de JNFL.
https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0301122528968-nucleaire-30-ans-apres-son-annonce-lusine-japonaise-ne-fonctionne-toujours-pas-2143420.php
Commentaires récents