Vulnérabilité extrême de certains équipements, pelotons spécialisés de gendarmerie sous-dimensionnés… Auditionné jeudi par la commission d’enquête parlementaire, Yannick Rousselet, le responsable nucléaire de l’ONG écologiste, a été très critique sur la protection des sites nucléaires français. Au-delà du risque inhérent à ces sites, la menace terroriste mériterait, selon lui, un effort accru, en termes de sûreté et de sécurité.
La toute nouvelle commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires <http://www2.assemblee-nationale.fr/15/autres-commissions/commissions-d-enquete/commission-d-enquete-sur-la-surete-et-la-securite-des-installations-nucleaires> a débuté ses travaux jeudi avec, notamment, l’audition de Yannick Rousselet, le responsable nucléaire de Greenpeace France.
Pendant un peu moins d’1h30, il a exposé ce qu’il pense être les limites du système de protection des installations françaises. L’ONG écologiste a en effet réussi par le passé à pénétrer dans l’enceinte de plusieurs centrales nucléaires <http://www.lepoint.fr/societe/intrusion-a-la-centrale-nucleaire-de-cattenom-greenpeace-devant-le-tribunal-correctionnel-03-01-2018-2183683_23.php> .
Les pelotons de gendarmerie sous-dimensionnés
Yannick Rousselet a particulièrement ciblé les PSPG, les pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie <https://www.interieur.gouv.fr/Archives/Archives-des-dossiers/2013-Dossiers/Les-PSPG-au-caeur-de-la-chaine-de-contre-terrorisme> . Des unités « créées et entraînées pour faire face à une menace terroriste contre les centres nucléaires de production d’électricité« , explique le site du ministère de l’Intérieur.
Mais selon Yannick Rousselet, ces pelotons spécialisés « ne permettent pas de répondre à tous les scénarios d’attaques » :
Quand EDF vous dit qu’il y a 1.000 gendarmes, ça paraît énorme. En fait, il y a 20 pelotons, donc vous divisez par 20, puis vous divisez par le fait qu’ils font les « 3×8 » et, en plus, il y a les pourcentages classiques d’absents pour congés maladies, etc. Yannick Rousselet
Au final, estime le responsable de Greenpeace, « quand il se passe quelque chose, c’est 4 ou 5 gendarmes au maximum » qui se trouvent sur le site. Et parfois, « ils ne sont pas là du tout« , notamment lorsqu’ils sont mobilisés pour couvrir des étapes du Tour de France…
« Défense passive »
Yannick Rousselet estime nécessaire d’insister sur la notion de « défense passive » : il faudrait selon lui prévoir des installations qui peuvent « résister » par elles-mêmes – notamment grâce à leur design -, aux intrusions.
Le responsable de Greenpeace France a aussi évoqué le manque de protection de certains équipements « annexes » : « On a des installations qui ont des sources froides qui viennent de la rivière ou du canal d’à côté. Si une des écluses (….) venait à rompre, le canal se viderait et les pompes de la centrale pomperaient de l’air ! » Tout aussi grave, Yannick Rousselet ajoute que certaines stations de pompages sont « accessibles à partir de l’extérieur des sites, de manière extrêmement facile« .
« Transport de plutonium d’un bout à l’autre de la France »
Autre problème majeur : la localisation de l’usine de retraitement de La Hague, située dans la Manche :
On transporte toutes les semaines du plutonium d’un bout à l’autre de la France, je ne sais pas qui a pensé cela à l’époque mais cela paraît complètement fou…Yannick Rousselet
Selon Yannick Rousselet, cela « pose un vrai problème de sécurité« . Car si les camions sont escortés, « les escortes ont tendance à prendre la routine et à s’endormir« . Le membre de Greenpeace France assure qu’il est ainsi très facile de repérer les habitudes de transports des équipages.
Avions et drones
Par ailleurs, selon lui, « tout le monde sait que les installations nucléaires ne résistent pas aux chutes d’avions« . Pour pallier ce problème, Yannick Rousselet défend l’installation de missiles sol-air à proximité des sites ainsi que la circulation « en permanence » d’avions militaires prêts à intercepter des avions suspects :
« Dans (la catastrophe) Germanwings, le (pilote) est passé au-dessus de Cadarache avant de claquer son avion sur la montagne… Il y a bien deux Rafales qui ont décollé d’Orange, mais ils sont arrivés quand l’avion était déjà par terre » Yannick Rousselet
Le responsable de Greenpeace a par ailleurs nié être à l’origine du survol d’installations nucléaires par des drones en 2014 <http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2015/01/29/dix-sept-sites-nucleaires-ont-ete-survoles-par-des-drones-depuis-octobre_4565967_3244.html> : « Nous aussi on a enquêté, mais on est resté devant un mystère.«
Par Maxence Kagni
Pour écouter la vidéo (3mn55s), cliquer sur :
http://www.lcp.fr/la-politique-en-video/securite-nucleaire-le-cri-dalarme-de-greenpeace-devant-les-deputes
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