SCÉNARIO CATASTROPHE : CONSÉQUENCES D’UNE GUERRE NUCLÉAIRE USA-CORÉE DU NORD QUI S’ÉTEND À LA RUSSIE, À LA CHINE ET À L’EUROPE ?

2ème et dernière partie (la 1ère partie a été publiée sur ce site le 19 mai 2018)

Il est sûr que celui qui va lire cette analyse peut, au dernier paragraphe, ressentir un « choc » sur les conséquences d’une guerre nucléaire, mais il n’y a pas moyen d’en changer le texte à moins d’en changer le sens. L’objectif de l’auteur n’est pas d’effrayer, mais de « prévenir », d’ « éclairer », de « réveiller » les décideurs des grandes puissances, aveuglés par leur désir maladif de domination, sur ce qu’il résultera si une guerre éclate entre les États-Unis et la Corée du Nord. Et aussi « sensibiliser l’opinion internationale » que ce qui s’est passé en 1914, alors que rien ne laissait transparaître une Guerre mondiale, peut se reproduire aujourd’hui. De guerre conventionnelle, elle peut passer à l’emploi d’armes nucléaires. Des conséquences d’une guerre nucléaire à petite échelle, mais par des dommages apocalyptiques et collatéraux, la guerre touchera les autres puissances qui n’ont pas pris part au conflit nucléaire. Aussi la question que pose l’auteur : « La Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne sortiront-ils indemnes d’une guerre nucléaire si elle venait à éclater ? »

L’Auteur : Medjdoub Hamed, Chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective.
www.sens-du-monde.com

Le président américain Donald Trump a reçu aujourd’hui le président sud-coréen Moon Jae-in. Selon AFP Washington, « Le président américain Donald Trump a affirmé mardi que son sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, prévu le 12 juin à Singapour, pourrait être reporté », tout en jugeant que ce dernier était « sérieux » dans sa volonté de dénucléariser son pays. C’est la première fois que le locataire de la Maison Blanche évoque ouvertement un possible report de ce face-à-face historique dont il avait accepté le principe le 8 mars à la surprise générale après des mois de surenchère verbale avec l’homme fort de Pyongyang.

  • « Il est possible que ça ne marche pas pour le 12 juin», a dit M. Trump, assis dans le Bureau ovale au côté de son homologue sud-coréen Moon Jae-in. « Si la rencontre n’a pas lieu, elle aura peut-être lieu plus tard », a-t-il ajouté évoquant « certaines conditions », sans élaborer. » (1)

    Cette déclaration du président a été faite le 22 mai. Deux jours après, le ton monte entre Pyongyang et Washington. La vice-ministre nord-coréenne des affaires étrangères a jugé jeudi « stupides » des mises en garde du vice-président américain Mike Pence, qui avait affirmé que « ce serait une grave erreur pour Kim Jong-un de penser qu’il pourrait se jouer de Donald Trump ». […] Il a également déclaré que le royaume ermite pourrait finir comme la Libye de Mouammar Kadhafi, « si Kim Jong-un ne passe pas un accord » avec Washington sur la dénucléarisation.

L’optimisme laisse désormais place au doute. Washington et Pyongyang ont renoué ces derniers jours avec une rhétorique menaçante alors que les dirigeants des deux pays doivent toujours se rencontrer le 12 juin à Singapour. Pyongyang menace à présent d’annuler le sommet historique dont la tenue a été également mise en doute par Donald Trump. « Nous ne quémanderons pas auprès des États-Unis pour un dialogue, ni ne nous donnerons la peine de les persuader s’ils ne veulent pas s’asseoir avec nous », a ajouté Cheo Son-hui, en précisant qu’elle recommanderait à Kim Jong-un d’annuler le sommet si Washington persiste « dans des actes illégaux et insultants ». « La question de savoir si les États-Unis nous rencontrent à la table des négociations ou lors d’une confrontation nucléaire dépend entièrement de la décision et du comportement des États-Unis », a-t-elle dans une déclaration publiée par l’agence officielle KCNA. » (2)

Le ton est très menaçant. Il faut insister sur la déclaration de l’agence officielle de la Corée du Nord KCNA. Aux États-Unis de choisir « une rencontre à la table des négociations ou lors d’une confrontation nucléaire ».

Il ne fallut pas longtemps pour que les États-Unis réagissent. Une provocation de trop. Le même jour, le 24 mai, c’est le coup de théâtre. Donald Trump annule le sommet historique avec Kim Jong-un. C’était pour ainsi dire prévisible. Cependant, moins de 24 heures après, un nouveau coup de théâtre. Le président américain affiche de nouveau son optimisme sur les discussions avec Pyongyang, et affirme que le sommet avec son homologue nord-coréen pourrait avoir lieu le 12 juin.

Il est évident que le président américain ne voulait pas faire retomber la faute sur lui en passant pour celui qui a refusé le dialogue, alors que le leader nord-coréen est prêt à discuter sur les modalités pour mettre fin à la crise. Et surtout des périls que laissent entrevoir cette crise si elle ne trouve pas solution. Le risque d’une confrontation nucléaire est réel, et ses conséquences en destructions et pertes humaines sans commune mesure avec une guerre conventionnelle. Par conséquent, on peut présager, eu égard à ces défis, que le président Donald Trump rencontrera Kim Jong-un le 12 juin 2018. Le problème n’est pas Trump ou Kim, mais comment sortir de ce cercle vicieux. D’autre part, si une guerre nucléaire éclate, et que Donald Trump aurait refusé de rencontrer Kim Jong-un, l’administration Trump sera tenue pour responsable pour n’avoir pas négocié avec la Corée du Nord pour protéger le peuple américain.

On comprend dès lors que les tergiversations pour faire monter les enchères ou non, le président Donald Trump « doit » rencontrer le président Kim Jong-un. Dans l’analyse précédente (Voir 1ère partie, note de renvoi au bas du texte), on avait qualifié ce rendez-vous comme une « Nécessité historique », dans le sens qu’il va de l’intérêt de leurs pays et du monde.

  1. Comment en est-on arrivé là ? Les États-Unis et la Corée du Nord veulent en « découdre » mais ne coupent pas les ponts ?

 Comment en est-on arrivé là, et que furent les obstacles érigés sur le parcours diplomatique qui allait concrétiser ce sommet historique ? Tout d’abord, alors que le président sud-coréen était tant attendu pour aider le président américain à voir plus clair dans les intentions du leader nord-coréen, il demeure que celui-ci n’a pas dévoilé toutes ses cartes. Et c’est cela qui a créé l’incertitude. Il faut mentionner les erreurs ou plutôt les entorses faites à la déclaration de Panmunjeom du 27 avril . La Corée du Nord, par la voix du premier vice-ministre des Affaires étrangères nord-coréen Kim Kye-gwan, a formulé ses griefs aux Américains et Sud-Coréens au sujet des manœuvres conjointes « Max Thunder », qui ont lieu du 14 au 25 mai 2018 à la base aérienne de Gwangju. Et ces manœuvres viennent contredire l’esprit et la lettre de la déclaration de Panmunjeom du 27 avril .

Ce document historique signé le 27 avril 2018, demandait à la Corée du Nord et du Sud d’éviter toute provocation, ou tout acte d’hostilité envers la partie adverse. Au point 2 et sous-point 1 qui s’y rattache. « 2. Le Nord et le Sud s’attacheront en commun à atténuer la grave tension militaire et à éliminer effectivement le danger de guerre dans la péninsule coréenne. La réduction de la tension militaire et l’élimination du danger de guerre dans la péninsule coréenne s’avèrent particulièrement importantes pour le destin de la nation et cruciales pour une vie pacifique et stable des Coréens.

Le Nord et le Sud sont convenus de cesser sur tous les plans, notamment sur terre, sur mer et dans l’air, tous genres d’actes d’hostilité l’un à l’égard de l’autre de nature à provoquer une tension et un conflit militaire.

« Dans l’immédiat, ils sont convenus de cesser à partir du 1er mai l’émission par haut-parleur et l’épandage de tracts et tous les autres actes d’hostilité dans les parages de la ligne de démarcation militaire, d’en supprimer les moyens correspondants et de transformer la zone démilitarisée en une zone de paix réelle. » (3)

Et ces manœuvres militaires conjointes qui ne devraient pas avoir lieu en raison de la déclaration du 27 avril se sont déroulées. La réaction nord-coréenne était très légitime dans ce qu’elle a qualifié comme une « provocation », annonçant dans la foulée l’annulation de la réunion bipartite du 16 mai « qui devait étudier la façon de mettre en œuvre la déclaration du sommet inter-coréen de Panmunjom du 27 avril qui prévoit de mettre fin officiellement à la guerre de Corée et de parvenir à une complète dénucléarisation » de la péninsule. La Corée du Sud a qualifié la décision de la Corée du Nord de « regrettable ».

Le premier vice-ministre des Affaires étrangères nord-coréen Kim Kye-gwan a aussi averti : « Si les États-Unis essaient de nous acculer pour forcer notre renonciation unilatérale au nucléaire, nous ne serons plus intéressés par ce genre de dialogue et ne pourrons que reconsidérer notre poursuite du sommet RPDC-USA », déclare Kim Kye-gwan. (4)

La réponse que firent les Américains et les Sud-Coréens n’étaient pas très convaincantes. Le ministère sud-coréen de la Défense a annoncé que ces manœuvres ne visent pas « à l’attaque d’une tierce partie ». Pour la porte-parole du département d’État américain Heather Nauert, lors d’un point de presse, « Kim Jong-un a dit précédemment qu’il comprenait la nécessité et l’utilité pour les États-Unis et la République de Corée de poursuivre leurs manœuvres conjointes », a souligné Heather Nauert, porte-parole du département d’État américain lors d’un point de presse. « Nous n’avons rien entendu de ce gouvernement ou du gouvernement de la Corée du Sud pour indiquer que nous ne continuerions pas ces exercices ou que nous ne continuerions pas à planifier notre rencontre entre le président Trump et Kim Jong Un le mois prochain », a-t-elle ajouté. (4)

Donc une situation qui s’envenime explique pourquoi les résultats lors des consultations à Washington, entre le président américain et le président de la Corée du Sud, sur la situation politique dans la péninsule coréenne n’ont pas été bons. Et les choses ne se sont pas passées comme ce qu’a déclaré le président américain, après la rencontre historique des présidents coréens, le 27 avril 2018. « Je viens d’avoir une longue et très bonne conversation avec le président Moon de Corée du Sud. Les choses se passent très bien, la date et l’endroit de la rencontre avec la Corée du Nord sont en train d’être fixés », a tweeté le président. Donald Trump a aussi dit avoir informé le Premier ministre japonais « des négociations en cours ». […] M. Trump et Moon « ont estimé que la pression sans précédent exercée par les États-Unis, la République de Corée et la communauté internationale (…) a mené à ce moment important », a rapporté la présidence américaine. » […] Par ailleurs, le ministre américain de la Défense Jim Mattis a eu une conversation téléphonique avec son homologue sud-coréen Song Young-moo, auquel il a « réaffirmé l’engagement à toute épreuve des États-Unis à défendre la Corée du Sud en utilisant tout l’éventail des capacités américaines », a déclaré le Pentagone dans un communiqué.

« Les deux parties ont promis de poursuivre leur coopération étroite pour appliquer les résolutions des Nations unies et pour soutenir les efforts diplomatiques visant à parvenir à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible », ajoute le communiqué. » (5)

Les États-Unis ont crié victoire trop vite. Le jugement du président américain sur la situation de la Corée du Nord était prématuré, eu égard aux enjeux que renferme cette région explosive à plus d’un titre. Il est évident par les propos et menaces qu’ils tiennent les uns envers les autres révèlent qu’ils veulent en découdre, cependant sans dépasser la ligne rouge et donc couper les ponts. En effet, M. après avoir déclaré qu’il n’est pas opportun de maintenir cette rencontre dans sa lettre, il ajoute : « Si vous changez d’avis en ce qui concerne ce très important sommet, s’il vous plaît n’hésitez pas à m’appeler ou à m’écrire ». Le président américain avait beaucoup investi d’un point de vue politique dans ce sommet, allant jusqu’à évoquer à plusieurs reprises l’hypothèse d’un prix Nobel de la paix, mise en avant par certains élus républicains. Dans son courrier, le président américain évoque la puissance militaire américaine en guise de mise en garde : « Vous évoquez votre arsenal nucléaire, mais le nôtre est si massif et puissant que je prie Dieu que nous n’ayons jamais à en faire usage », écrit-il. Et il a raison le président américain d’invoquer Dieu pour éviter une apocalypse probablement à l’échelle d’une grande partie du monde.

 « J’avais l’impression qu’un merveilleux dialogue était en train de s’instaurer entre vous et moi », écrit-il à Kim Jong Un, assurant qu’il serait très heureux de le rencontrer « un jour ». Il prend d’ailleurs soin de remercier aussi ce dernier pour la libération des trois « otages » américains : « C’était un très beau geste qui a été très apprécié ». Donald Trump termine sur une note sombre, voyant dans cette « occasion ratée », un « triste épisode dans l’Histoire. » (6

  1. Un jeu à somme nulle ne peut se retourner contre l’histoire. Les défis des puissances

 La Corée du Nord a réagi de même. Par l’agence officielle de presse nord-coréenne KCNA, le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères, Kim Kye-gwan, note que la République populaire démocratique de Corée reste ouverte à l’idée de régler ses différends avec les États-Unis « à tout moment et de quelque façon que ce soit. » « Nous tenions en haute estime les initiatives du président Trump, sans précédent chez aucun autre président, pour parvenir à un sommet historique entre la Corée du Nord et les USA », déclare-t-il. « Nous disons une fois de plus aux États-Unis que nous sommes ouverts à un règlement de nos problèmes à tout moment et de quelque façon que ce soit. » « Nous avions espéré qu’une « solution à la Trump » serait une manière sage d’alléger les inquiétudes de part et d’autre, de respecter nos exigences et de résoudre les problèmes de manière réaliste », poursuit Kim Kye-gwan. « Annoncer que le sommet est annulé a été une surprise pour nous et nous n’avons pu nous empêcher de penser que c’était une véritable honte », a ajouté le vice-ministre.

Pour le président sud-coréen Moon Jae-in, « Je suis très perplexe et il est très regrettable que le sommet entre la Corée du Nord et les États-Unis ne se tienne pas le 12 juin ainsi qu’il avait été prévu », a-t-il dit, d’après des propos rapportés, lors d’une réunion avec ses conseillers à la sécurité. Mais Moon a exhorté Trump et Kim à dialoguer directement. « La dénucléarisation de la péninsule coréenne et l’instauration d’une paix permanente sont des entreprises historiques qui ne peuvent être ni abandonnées, ni retardées », a déclaré le chef de l’État sud-coréen, cité par l’agence de presse Yonhap. »

Pour le Japon, le chef de la diplomatie japonaise, Taro Kono, a dit comprendre la décision de Trump. « Ça n’a aucun sens d’avoir des discussions qui ne produisent pas de résultats », a-t-il dit en marge d’un déplacement à Mexico, rapporte l’agence de presse Kyodo.

Son homologue chargé de la Défense, Itsunori Onodera, a minimisé la portée de cette annulation. « L’important, ce n’est pas la rencontre USA-Corée du Nord en soi, même le fait que cette rencontre devienne une occasion de progresser sur les questions de dénucléarisation et des enlèvements (ndlr, de ressortissants japonais par des agents nord-coréens) », a-t-il dit. » (7)

Pour la Russie, la France, la Grande-Bretagne, la Chine, les Nations-Unis par la voix du secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, tous se disent préoccupés et exhortent les parties à poursuivre leur dialogue en de trouver une « voie vers la dénucléarisation pacifique et vérifiable de la péninsule coréenne ».

Aux États-Unis, ce sont les démocrates, en tant qu’opposants à Trump, qui ont critiqué l’annulation comme une victoire pour Kim Jong-un, selon la cheffe du groupe démocrate, Nancy Pelosi. Elle a accusé Trump d’avoir légitimé un « voyou » dirigeant un « État policier ». (7)

Après avoir donné la position des uns et des autres sur l’annulation du sommet du 12 juin par le président américain et le revirement de dernière minute de Donald Trump, il faut maintenant tenter de comprendre pourquoi cette confusion entre les protagonistes dans la crise nucléaire nord-coréenne. Le premier élément est avant tout cette « vérité » qui, toute paradoxale qu’elle soit, énonce que « la péninsule coréenne aura à déterminer qui sera la puissance mondiale de demain. » Comment comprendre cette « vérité » ?

La péninsule coréenne, par sa situation géographique, apparaît un carrefour de rencontre des trois plus grandes puissances du monde. Et personne ne pourra disconvenir sur cette affirmation même si les États-Unis sont très loin de cette région, mais ils disposent des bases militaires abritant des forces appréciables et ont avec la Corée du sud des liens très étroits. Ce sont les États-Unis qui protègent de leur parapluie nucléaire la Corée du Sud. Les États-Unis ont un régime politique démocratique mais c’est le pays le plus impérialiste du monde. En face, la Chine qui a un régime communiste, est dirigée par un pouvoir politique entre les mains d’une nomenklatura, qui contrôle étroitement toute la société et réprime toute expression dissidente qui touche au pouvoir monopolistique. L’objectif de ce système est de maintenir le monopole. La Russie n’est pas éloignée de ce système puisqu’elle sort du pouvoir monopolistique de l’ex Union soviétique. La différence réside de son système politique qui reste autoritaire mais se veut démocratique qui est en fait une démocratie tout au plus de façade. Ces deux puissances non seulement n’ont pas reçues leur mutation historiquement parlant mais se voit menacées par la présence des États-Unis en Corée du Sud. Une présence pour ainsi dire insidieuse qui peut affecter profondément leurs systèmes politiques monopolistiques, eu égard de la mondialisation et surtout au formidable progrès de la communication.

Aujourd’hui, il y a une nouvelle mondialisation, une nouvelle donne, « les humains sont interconnectés ». Toutes les frontières se sont ouvertes pour la pensée humaine via les nombreux moyens qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Et surtout Internet qui pose problème aux deux puissances qui n’ont pas encore réussi leur mutation. Qui se traduit par une crainte pour le futur de ces pouvoirs monopolistiques ou semi-monopolistiques.

Dès lors, de cette articulation, la présence des États-Unis devient très gênante. En particulier pour la Chine qui est devenue la « deuxième puissance économique du monde ». Et ce rang auquel elle a accédé en seulement trente ans (1980-2010), aujourd’hui lui donne pratiquement des ailes et aspire, en quelques décennies, à l’horizon 2050, à supplanter les États-Unis. Et les États-Unis ont beaucoup décliné. Il est évident que, dans la dynamique de l’histoire, « le déclin des États-Unis s’est opéré concomitamment avec l’ascension de la Russie et surtout de la Chine. » Et les événements sont aujourd’hui en train de s’accélérer.

Note perturbatrice dans cette accélération de l’histoire, l’élection de Donald Trump, 45ème président des États-Unis qui cherche « à redonner la grandeur à l’Amérique. » Durant la campagne électorale, il n’a cessé d’affirmer que le monde avait perdu confiance au leadership des États-Unis et que lui seul pouvait rétablir la bonne image à travers le monde. Cependant, il demeure que le monde a beaucoup évolué et entre l’affirmer et le réaliser, il existe un fossé pour ainsi dire infranchissable. Pour la simple raison qu’il ne peut le réaliser que si les puissances adverses, i.e. la Russie et la Chine, déclinent. Comme cela fut pour l’effet inverse qui a permis aux deux puissances de réussir leur ascension au détriment des États-Unis. Ce qui est impossible, trop tard, « un jeu à somme nulle ne peut se retourner contre l’histoire. » Sauf s’il y a un déclin généralisé, par exemple en cas d’un conflit nucléaire généralisé. C’est dire des défis des puissances qui se posent en cette première moitié du XXI ème siècle

  1. La crise nucléaire nord-coréenne, par ses conséquences, peut rebattre toute la géographie politique et économique du monde

 Dans ce carrefour de rencontre des trois grandes puissances du monde, il faut rappeler la proposition d’un double moratoire au sujet des essais nucléaires et balistiques de la Corée du Nord. En effet, l’ex-Premier ministre français Dominique de Villepin a fait une proposition qui paraissait donner une solution à la crise nucléaire nord-coréenne. Selon lui, les sanctions ne font qu’exacerber le conflit, « nourrissent l’obsession de Kim Jong-un. »

Il s’interroge : « Est-ce que nous n’avons pas franchi un seuil qui nous oblige à reconsidérer l’approche vis-à-vis de la Corée du Nord ? Il déplore l’impasse de la crise nucléaire nord-coréenne. Nous pouvons certes maintenir un régime fort de sanctions, mais cela a un effet contre-productif. Il resserre les relations entre les dirigeants nord-coréens et leur peuple. Il maintient sous tension le régime, sans pour autant l’obliger à écouter et à s’ouvrir. Au contraire. Il poursuit dans la voie de son obsession. » (8)

Pour lui, l’escalade verbale au deuxième semestre 2017 entre les États-Unis et le Corée du Nord n’a fait qu’envenimer la situation, et le durcissement des sanctions économiques internationales ont eu un effet contre-productif, et donc ne pouvaient résoudre la crise, et seule une réponse diplomatique serait la solution. Comme scénario de sortie de crise, il reprend une proposition chinoise et russe. L’idée d’un double moratoire. « D’un côté, les États-Unis accepteraient de geler les manœuvres militaires qu’ils font à intervalles réguliers avec la Corée du Sud. (…) De l’autre côté, la Corée du Nord accepterait de rentrer dans un cycle de négociations pour limiter sa capacité nucléaire, à travers un système de contrôle ». Il cite en exemple l’accord sur le nucléaire iranien. Mais pour l’heure, les Américains s’y opposent. (8)

D’évidence, la proposition russe et chinoise à laquelle adhère Dominique de Villepin « paraît »une promesse de sortie de crise. Et j’insiste sur « paraît ». Mais il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu’en fait la Russie et la Chine cherchent un « recul » des États-Unis de leur présence dans la péninsule coréenne.

Et que dit l’ex-premier ministre, il faut « tirer les leçons du passé. » Depuis le discours historique du 14 février 2003, qu’il a fait au Conseil de Sécurité, refusant l’invasion de l’Irak par les États-Unis, Dominique de Villepin qui a « porté avec panache la voix de la France à la tribune des Nations-unies », n’en démord pas de sa conviction : une patiente et minutieuse diplomatie doit tout tenter pour éviter la guerre. (8) Mais dans a réalité, la guerre a-t-elle été évité en Irak en 2003 ? Non ! De même, si une guerre il y aura dans la péninsule coréenne, pourra-t-elle être évitée ? Non ! Elle ne pourra être évitée que si chaque partie comprend qu’elle ne fera aucun gain. Plus grave encore, si toutes les parties perdront sur tous les plans, c’est alors là le rôle de la diplomatie d’« éclairer », de « relier » les parties vers le même objectif : la « paix ». « Arriver à un consensus pour la paix puisque personne ne fera de gain, tous perdront dans une guerre nucléaire. Des villes détruites et peut-être des millions de vies humaines perdues. Pour un objectif vain. »

Et pourquoi la proposition russe et chinoise d’un double gel « l’arrêt des opérations militaires américano-sud-coréennes dans la région contre un gel du programme nucléaire de Pyongyang » est refusée par les Américains ? La raison est simple. Et que Dominique de Villepin n’a pas pris en compte.

Si les États-Unis acceptent ce moratoire, non seulement ils « perdent toute crédibilité » auprès de leurs alliés qui sont la Corée du Sud, le Japon et Taïwan, mais un premier recul entraînera un « deuxième recul », et ainsi de suite jusqu’à leur « retrait total de l’Asie. » En effet, il est très probable que la Corée du Nord, confortée par le recul de la première puissance du monde, reprendra son programme nucléaire et balistique. Par ce recul, la Corée du Nord, comme la Russie et la Chine savent que les États-Unis pourraient encore reculer parce que Washington ne voudrait pas d’un conflit nucléaire qui mettrait le territoire américain en danger. Non pas que les États-Unis veulent éviter la guerre, et là, il faut le préciser. Ce n’est pas par peur, bien au contraire, ils sont prêts à répondre par la guerre. Tout simplement, ils estiment que la Corée du Sud ne vaut pas la peine d’une guerre nucléaire avec la Corée du Nord. Donc « perdre de crédibilité vis-à-vis de leurs alliés n’a pas tellement d’importance. »

Sauf que pour les États-Unis, une autre motivation bien plus grande, on peut même dire « immensément grande » dépassant tout ce que l’on peut imaginer, où même le recul, la perte de crédibilité vis-à-vis de ses alliés apparaissent comme dérisoires, c’est la donne à la fois, « géopolitique, géostratégique, géoéconomique. » Et cela dépasse ce que Benjamin Habib a écrit le 5 septembre 2017 sur la crise nord-coréenne. « Si jamais l’administration Trump continuait à bomber le torse, tout en ne faisant rien, elle laisserait les alliés régionaux des États-Unis dans une situation risquée, et donnerait à la Chine un boulevard dans la reconfiguration politique régionale en Asie du Nord-Est. Les alliances américaines avec les États situés dans cette région, en particulier la Corée du Sud, s’en trouveraient contestées, indépendamment de ce que Donald Trump pourrait faire par la suite. » (9)

Ce n’est pas seulement un « boulevard » que donnerait l’administration Trump à la Chine, mais les « Clés de l’Asie » à la Chine. Acceptant les conditions de la Corée du Nord, c’est pour les États-Unis le début de la fin de leur présence en Corée du Sud. Et progressivement, en une décennie ou deux, de toute l’Asie. Dès lors, la dénucléarisation de la Corée du Nord et le contrôle par l’AIEA ne posera pas de problèmes en échange du recul des États-Unis jusqu’au retrait des forces américaines de la Corée du Sud.

La réunification des deux Corées qui s’en suivra, par elle-même, signifiera la perte du rôle de la présence militaire et du parapluie nucléaire américain. Pour la Chine, en particulier, c’est une « victoire historique sur les Américains et sur l’Occident. » Dès lors, les deux Corées réunifiées, la Corée du Nord se trouvera inévitablement « enserrée » comme dans un étau entre l’ancienne Corée du Nord et la Chine. Ce sera Hong-Kong bis, le régime politique perdra toutes ses avancées. « Le suffrage universel sera supprimé et la démocratie bannie. » Puis viendra Hong-Kong 3, Taïwan sera cueilli comme un fruit mûr par la Chine. Même processus, suffrage universel et démocratie bannies. Évidemment, le processus ne va pas s’arrêter là. La présence des forces américaines à Okinawa au Japon sera remise en cause.

L’ascension de la Chine sera fulgurante. Perdant sur tous les tableaux, les États-Unis n’auront pas d’autres choix que de se retirer. Leur présence militaire au Japon n’aura plus de sens. Ils retireront leurs forces sans coup férir. Leur présence sera inutile, elle n’a plus de sens. Dans ce film d’événements, on comprend l’importance que revêt la crise nucléaire nord-coréenne sur le plan mondial. Une Asie sous l’influence totale de l’Asie ne s’arrête pas là. Il est clair que sur le plan géofinancier et géomonétaire, toutes les réserves de change de l’ancienne Corée du Sud, de Taïwan, et même du Japon avec ses 1000 milliards de dollars US vont se convertir au renminbi chinois ou yuan. Par la puissance monétaire de la Chine, le yuan chinois va progressivement remplacer le dollar américain en Afrique et en Amérique du Sud. Le dollar perdra sa place de première monnaie du monde, en tant que monnaie de réserve et de facturation des transactions financières (matières premières, etc.). De même, pour les monnaies européennes, i.e. l’euro, la livre sterling…

Quant à la fameuse phrase de J. B. Connaly, « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème. », elle sera inversée. Ce sera désormais « Le yuan est notre monnaie, mais c’est votre problème. »

Tout ce développement a été très succinctement résumé pour comprendre que la crise nucléaire a un impact central dans le devenir du monde. Le monde entier peut se transformer. Et on comprend que la crise nucléaire nord-coréenne, par ses conséquences, peut rebattre toute la géographie politique et économique du monde. On ne peut plus parler de déclin de l’Occident, mais pratiquement de sa chute au bénéfice de la nouvelle et première puissance économique, financière et monétaire du monde. Comme ce qui s’est passé en 1945 pour l’Europe au profit des États-Unis.

Le problème n’est pas le nucléaire, l’Union soviétique, une puissance nucléaire à parité avec les États-Unis, a disparu de l’histoire par un seul trait, c’était l’extrême faiblesse de son économie, de ses finances et de sa monnaie qui a provoqué la fin de son existence. Une mort économique qui a signé sa disparition.

  1. Le rendez-vous historique du 12 juin 2018, à Singapour

On comprend dès lors ce que signifie le rendez-vous historique du 12 juin 2018. Et les stratèges américains savent tout cela, et donc conscient du danger auquel l’Amérique est confrontée aujourd’hui face à la crise nucléaire nord-coréenne, et les conséquences qu’elle peut entraîner. On comprend pourquoi Rex Tillerson a été remplacé par Mike Pompeo, Gina Haspel est devenue chef de la CIA, et John Bolton conseiller à la sécurité, tous les trois réputés dans la ligne dure, et donc adeptes d’une ligne politique musclée. Précisément, Donald Trump a changé son équipe en vue des négociations avec la Corée du Nord.

Aussi venons-en au rendez-vous du 12 juin 2018, à Singapour. Comme on dit, il se tiendra sûrement combien même on assiste aux tergiversations de part et d’autre. Pourquoi les décideurs nord-coréens comme américains tergiversent ? Pour la simple raison que chaque partie ne démord pas de sa position. Ils savent que rien de tangible ne va sortir des négociations. Kim Jong-un va exiger des garanties pour la sécurité de son pays. Et donc la fin des manœuvres militaires conjointes entre la Corée du Sud et les États-Unis en échange du gel des essais nucléaires et balistiques. Combien même Donald Trump offrira la levée des sanctions et une aide économique considérable pour rehausser l’économie nord-coréenne et lui promettre sa mise à niveau avec l’économie sud-coréenne, la clause conditionnelle centrale que demandera le leader nord-coréen restera toujours le gel des manœuvres militaires conjointes. En d’autres termes, les États-Unis doivent opérer un recul comme l’ont demandé Russes et Chinois. Et tout doit se jouer dans la décision américaine d’accepter ce « gel ou non ».

La réponse sera certainement un « non catégorique » du président américain. Ici, nous ne prédisons en rien la décision de Donald Trump, ce sont les enjeux qui le prédisent, à moins que, comme l’écrit Benjamin Habib, l’administration Trump veuille offrir un « boulevard » à la Chine. Et on peut en douter.

Quant à la dénucléarisation de la péninsule coréenne, Kim Jong-un avancera la dénucléarisation de son pays mais inclura aussi le départ des troupes américaines stationnées en Corée du Sud, ce qui implique forcément le parapluie nucléaire américain. Il est évident que si les États-Unis acceptent, comme on l’a déjà écrit, la dénucléarisation de la péninsule profitera à la Chine qui se verra débarrassée de la présence très proche à ses frontières et lui permettra d’asseoir son leadership ensuite à l’Asie.

Au final, rien de tangible ne sortira de la rencontre Donald Trump-Kim Jong-un. Tout juste « gagner du temps ». Chaque partie restera sur sa position. Le seul élément positif sera la rencontre historique du leader nord-coréen avec le président américain. Une première dans l’histoire de l’humanité. Une rencontre de la première puissance du monde avec un petit pays qui a l’arme nucléaire. « Une décision sage de l’Amérique comme l’appel sage de la Corée du Nord au dialogue. » Aucune partie ne veut la guerre, surtout si elle devient nucléaire.

Précisément, Donald Trump comme Kim Jong-un, cette rencontre leur a permis de montrer à l’opinion internationale qu’ils ne veulent pas guerre. Par conséquent, si un conflit éclate, ni Donald Trump ni Kim Jong-un ne seront tenus pour responsables de ce qui adviendra ensuite.

Il faut rappeler la menace que Donald Trump a faite à la Corée du Nord, le 19 septembre 2017, aux Nations-Unies. Une véritable mis en garde dans toute l’acception du terme. Le président américain a menacé, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, de « détruire l’ensemble de la Corée du Nord », si elle poursuivait son programme nucléaire. Des propos succédant à une longue escalade verbale américano-nord-coréenne. « La poursuite effrénée de l’arme nucléaire et de missiles par la Corée du Nord est un danger pour le monde entier », a affirmé Donald Trump le 19 septembre à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies. « Aucune nation sur Terre n’a intérêt à ce que cette bande de criminels acquière l’arme nucléaire », a-t-il poursuivi. « Nous n’aurons pas d’autre solutions que de détruire l’ensemble de la Corée du Nord », a-t-il poursuivi, précisant que les États-Unis étaient « prêts et disposés et capable de le faire » tout en espérant « que cela ne [soit] pas nécessaire ». (10)

Il est clair que si le rendez-vous du 12 juin 2018 n’aurait été que symbolique et qu’aucune partie n’ait fait des concessions, la péninsule coréenne va courir un danger et entraîner une partie du monde avec elle. Et les mots du président américain prononcés aux Nations-Unis ne sont pas des mots en l’air. D’autant plus que, même si le déclin est criant, et les marges de manœuvres de plus en plus étroites, les États-Unis ne vont pas lâcher prise dans l’environnement stratégique de l’Asie. Et ils ne peuvent abandonner leurs alliés, car « en les abandonnant, et cela est paradoxal, ils s’abandonnent eux-mêmes ». Le problème n’est plus l’impérialisme américain, mais la survie de tout l’Occident qui compte en tant que puissance non seulement nucléaire mais surtout économique, financière et monétaire. Se rappeler encore le talon d’Achille de l’URSS, qui a provoqué le naufrage d’une grande puissance nucléaire. Et c’est cela qui n’est pas perçu par les analystes, les politiques notamment Dominique de Villepin.

Et tout finalement joue sur l’économique. Pour les États-Unis, leur puissance ne sont pas les arsenaux nucléaires qu’ils détiennent ou les milliers d’ogives nucléaires qu’ils alignent face à la Russie et la Chine, ou leurs 10 groupes aéronavals qui sillonnent mers et océans, mais leur dollar américain qui règne et encore aujourd’hui en maître sur le monde. Et ce dollar est contesté par les puissances montantes. Et c’est là le grand problème.

Il existe, par conséquent, un véritable danger de guerre nucléaire précisément pour ces enjeux non-dits mais qui sont affirmés. Le risque cependant d’une guerre nucléaire est qu’elle peut toucher non seulement les puissances qui sont directement concernées dans le conflit, i.e. les États-Unis, la Corée du Nord, la Corée du Sud et le Japon, mais aussi les puissances qui pensent qu’elles ne sont pas concernées par une guerre nucléaire. Et c’est ce péril qui n’est pas pensé qui peut se produire.

  1. Une proposition « revue et restructurée» pour créer, en Corée du Nord, un climat de confiance et poussera à la paix

 « Chaque site dont disposent les Nord-Coréens susceptible de représenter un risque pour le peuple américain qui est détruit, éliminé, démantelé, est une bonne nouvelle pour le peuple américain et pour le monde », a dit Mike Pompeo. « Les États-Unis seront prêts à lever leurs sanctions contre la Corée du Nord si cette dernière accepte de démanteler complètement son programme d’armement nucléaire », a déclaré dimanche Mike Pompeo. Les États-Unis sont prêts à « lever les sanctions » pour permettre des investissements américains privés dans les secteurs nord-coréens de l’énergie, de l’agriculture et des infrastructures. […] 

« Ce que le président Kim obtiendra des États-Unis, c’est ce que nous avons de meilleur, nos entrepreneurs, nos preneurs de risques, nos financiers (…) Ils obtiendront du capital privé qui arrivera (chez eux). La Corée du Nord est désespérément en manque d’énergie […] pour sa population. Ils ont un grand besoin d’équipements et de technologies agricoles », a dit Mike Pompeo. Le secrétaire d’État américain a ajouté qu’une telle initiative permettrait à la Corée du Nord de connaître une prospérité économique comparable à celle de sa voisine du Sud. »

Mais alors ce que les États-Unis proposent par la voix du secrétaire d’État américain à la Corée du Nord prospérité économique, investissements, technologie alors que, comme le dit lui-même le secrétaire d’État que « chaque site contenant un missile intercontinental dont disposent les Nord-Coréens susceptible de représenter un risque pour le peuple américain qui est détruit, éliminé, démantelé, est une bonne nouvelle pour le peuple américain et pour le monde. » Mais alors pourquoi attendre ? Et même cette proposition rejoint la proposition de Dominique Villepin pour éviter la guerre.

Comme nous l’avons écrit dans la première partie, « On verra que la proposition « revue et restructurée » de l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin et paradoxalement la proposition aussi « revue et restructurée » du président américain Donald Trump d’« enrichir la Corée du Nord par le commerce, par la remise à niveau de l’économie nord-coréenne » participeraient à éviter la guerre. En clair, il y a des solutions à la crise nucléaire qui, si rien n’est fait, pourraient avoir des conséquences catastrophiques pour le monde. » (Voir 1ère partie, note de renvoi au bas du texte)

En effet, la proposition du secrétaire d’État Mike Pompeo est aussi celle du président Donald Trump. Puisque la Corée du Nord est déjà une puissance nucléaire déclarée, chercher à démanteler son arsenal nucléaire sans que les Américains n’en fasse autant en Corée du Sud n’a pas de sens. Les Américains n’obtiendront jamais le démantèlement des arsenaux nord-coréens s’ils ne font pas autant. Et donc à se retirer de la Corée du Sud. Pour la Corée du Nord, la maîtrise de l’arme nucléaire est la condition de leur survie.

La seule solution pour éviter une guerre nucléaire et donc taire la menace des sites de missiles dont disposent les Nord-coréens qui pèse sur le peuple américain, est d’affronter la réalité et répondre judicieusement à la réalité. Reprendre la proposition de Dominique de Villepin pour qui les sanctions économiques internationales sont contre-productives, et la lier avec la proposition de Mike Pompeo et Donald Trump. Ce qu’on a appelé une proposition « revue et restructurée ». En clair, les points sont :

  1. Mettre fin à cette condition d’exiger une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » qui est irréaliste si les Américains ne font pas autant en Corée du Sud.
  2. Accepter la Corée du Nord comme une puissance nucléaire. Il faut partir du principe que tous les pays qui ont passé le seuil nucléaire sont devenus des puissances nucléaires déclarées. A-t-on imposé au Pakistan, à l’Inde le démantèlement de leurs arsenaux de missiles nucléaires. Et avant eux, à la France, au Royaume-Uni ? Et Israël, un très petit État qui se targue de posséder 200 missiles nucléaires voire plus. Et Israël n’adhère ni au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ni n’accepte de placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’AIEA.

Pour rappel, le 25 septembre 2014, les pays membres de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont rejeté le projet de résolution, présenté par les délégations de 18 pays arabes, qui propose d’appeler Israël à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et placer les installations nucléaires israéliennes sous le contrôle de l’AIEA. Pourquoi ces deux poids deux mesures ? Donc il y a une injustice flagrante.

Par conséquent, imposer un démantèlement des installations nucléaires nord-coréennes n’a pas de sens, il est trop tard. Sauf évidemment si les États-Unis arrêtent leurs manœuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud, il est certain que la Corée du Nord s’exécutera et démantèlera ses arsenaux. Une telle décision américaine reviendrait à dire que les États-Unis auront ouvert un boulevard à la Chine qui aura alors à exercer une emprise totale sur l’Asie, puis sur les autres continents. En d’autres termes, Washington a remis à Pékin les « clés de l’Asie. »

  1. L’arrêt des essais nucléaires nord-coréens. Les essais balistiques nord-coréens doivent être règlementés et les polygones de tirs choisis dans des espaces très peu peuplés comme par exemple en direction de la mer de Chine continentale vers l’espace étendu du Pacifique où il n’y a que quelques îles.
  2. Maintenir les forces américaines en Corée du Sud, comme garant de la sécurité de la Corée du Sud. Par ce maintien, les États-Unis constitueront toujours un contrepoids à la Chine. Ce contrepoids, salutaire à plus d’un titre, permet à l’Amérique de protéger ses alliés d’Asie.

 5. Les États-Unis sont libres de mener des manœuvres conjointes avec l’armée sud-coréenne et sans restriction. La Corée du Nord doit accepter ces manœuvres puisqu’elle est détentrice d’armes nucléaires qui l’immunisent contre toute agression.

  1. Lever toutes les sanctions internationales.
  2. Investir en Corée du Nord, transfert de capitaux pour la création d’entreprises économiques pour élever le niveau de vie de la population.

Ces sept points, par la clarté des options militaires équilibrées des deux parties et l’impact économique qui sera très positif pour la Corée du Nord, permettront d’enclencher un processus nouveau à la fois dans les relations intercoréennes et dans les rapports entre la Corée du Nord et les États-Unis. Normalement, du fait des concessions de part et d’autre, un climat de confiance va s’instaurer et poussera vers la paix. Et l’ouverture économique pour la Corée du Nord apportera un changement total dans ses rapports avec l’extérieur. « Une Corée du Nord respectée et respectueuse. »

Si les États-Unis ne prennent pas les devants, et restent « bloqués dans leurs prétentions », parce qu’au final « la paix ou la guerre dépend d’eux », et maintiennent leurs exigences, une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » promettant en échange qu’une prospérité économique, la Corée du Nord ne pourra pas accepter. Non seulement pour des raisons idéologiques – régime politique nord-coréen communiste du type stalinien –, morales – la Corée du Nord n’acceptera pas une transaction commerciale contre son arsenal nucléaire –, mais aussi pour des raisons géopolitiques et géostratégiques en Asie où la Chine est le pivot central.

En conséquence, les États-Unis auront à choisir entre : 1. Une situation conflictuelle qui pourrait déboucher sur une guerre, et sera une catastrophe pour l’Asie et une autre partie du monde. 2. Ou la paix qui est rémunératrice pour tous.

  1. La paix mondiale prise en otage dans le « poker menteur aux surenchères belliqueuses »

Aujourd’hui, il existe réellement une impasse entre les trois grandes puissances, les États-Unis, la Russie et la Chine. Et des enjeux autrement géostratégiques, géopolitiques et géoéconomiques qui dépassent largement la Corée du Nord risquent, par leurs conséquences possibles dans un avenir très incertain, par précisément la crise nucléaire de la Corée du Nord d’affecter durablement la paix mondiale. En effet, si la Chine et la Russie avaient voulu régler la crise nucléaire nord-coréenne, celle-ci aurait certainement été très vite résolue. Mais que font la Chine et la Russie ? Certes ils votent au Conseil de Sécurité les sanctions économiques internationales, mais sur le terrain la situation est autre. Les Américains reprochent à ces deux puissances de ne pas les appliquer dans leur intégralité. D’autre part, la Russie et la Chine ont proposé le « gel des manœuvres militaires conjointes contre l’arrêt des tests nucléaires et balistiques nord-coréens. » Ce qui n’est qu’une façon détournée utilisant un faux pacifisme pour obtenir un recul des États-Unis en Corée du Sud. Et comme nous l’avons souligné un recul entraîne un autre recul jusqu’au retrait des troupes militaires américaines de la Corée du Sud, laissant la région libre à la Russie et surtout à la Chine.

La méfiance de part et d’autre entre les puissances est bien réelle. Un média occidental écrit : « La deuxième rencontre Kim-Xi, le 7 mai dans la station balnéaire chinoise de Dalian, semble avoir constitué un tournant. Elle s’est suivie d’un soudain durcissement de la position nord-coréenne, comme l’a remarqué Donald Trump quelques jours avant d’annoncer jeudi l’annulation du sommet. « Les choses ont changé après cette rencontre et je ne peux pas dire que cela me rende très heureux », avait témoigné le président américain, avant de qualifier son « ami » Xi Jinping de « joueur de poker de niveau mondial ». Une accusation rejetée vendredi par Pékin. « Nous n’avons pas d’arrière-pensées », a assuré le porte-parole de la diplomatie chinoise, Lu Kang. » (12)

La Chine se défend d’avoir des arrière-pensées, et c’est tout à fait normal, de bonne guerre peut-on dire. Cependant, le président a bien montré qu’« une partie de poker se joue aujourd’hui, à l’échelle mondiale, entre Pékin et Washington. » Le problème est que cette partie de poker peut se terminer très mal. Pour la simple raison que croire que les armes nucléaires ne sont pas que des moyens de défense, de dissuasion, ou de survie pour les petits pays. Les armes nucléaires peuvent être défensives, dissuasives et offensives. Par exemple, Hiroshima et Nagasaki, en août 1945, « nucléarisées », ont obligé le Japon à « capituler ». Sans ces deux bombes nucléaires que la « Science a permise à l’homme », les États-Unis auraient-ils réussi à vaincre le Japon, en une semaine ? Entre le largage des bombes et la capitulation ? Donc c’est définir mal les armes nucléaires, en ne leur attribuant que le caractère dissuasif. Les armes nucléaires sont extrêmement offensives, destructrices, apocalyptiques si elles sont utilisées dans cette perspective.

Et aujourd’hui, il y a des appels que cela pourrait mal finir cette guerre de mots entre les deux dirigeants américain et nord-coréen. Certes il y a une détente aujourd’hui mais la menace de guerre est là, la Corée du Nord a les arsenaux nucléaires. Et à l’occasion du message du Nouvel An, le 1er janvier 2008, Kim Jong-un a annoncé que le bouton nucléaire se trouve sur mon bureau. « Notre force nucléaire nationale est en mesure de faire face à toute forme de menace nucléaire des États-Unis et constitue une dissuasion efficace contre leurs aventures inconsidérées. 

Les États-Unis ne peuvent provoquer une guerre contre moi et notre État. Tout le territoire métropolitain des États-Unis est à la portée de notre frappe nucléaire, et le bouton de lancement des armes nucléaires se trouve sur mon bureau. C’est la réalité, et non une menace, il faut s’en rendre bien compte.

Nous avons exaucé le vœu des grands Président et Général qui ont voué toute leur vie à préparer le potentiel de défense nationale le plus efficace possible pour une sauvegarde sûre de la souveraineté nationale, et nous sommes munis d’un puissant moyen de maintien de la paix, désir tant caressé par le peuple entier en acceptant des privations pendant de longues années… » (13)

Il est évident que la paix mondiale n’a jamais été aussi en danger qu’aujourd’hui. Et le message ne souffre d’aucune ambiguïté. Et comme déclare Dominique de Villepin, interrogé sur la crise nucléaire nord-coréenne : « nous sommes dans une situation d’une gravité exceptionnelle ». « Ce n’est pas une menace qu’il faut prendre à la légère et ce n’est pas parce que c’est loin que la menace est moindre. » Dominique de Villepin a même évoqué le risque « d’une frappe nucléaire ».

« L’accident, y compris nucléaire, est possible dans cette zone d’incertitude. Et c’est pour cela que nous devons créer les conditions pour sortir de cette zone de grand risque. » (14)

Ou encore le pape qui, lui aussi, redoute qu’un « accident » déclenche une guerre nucléaire. Il a déclaré que le monde était « à la limite » face au risque de guerre nucléaire et a expliqué que la situation le terrifiait. Le pape argentin s’exprimait dans l’avion qui le conduisait au Chili et au Pérou, au surlendemain d’une alerte au missile – qui s’est avérée sans objet – ayant semé la panique à Hawaï, alors que la Corée du Nord laisse planer la menace d’attaque nucléaire. Interrogé sur cette menace, le pape a déclaré : « Je pense que nous sommes à la limite ». « J’ai vraiment peur. Il suffirait d’un accident pour tout précipiter », a-t-il déclaré aux journalistes qui l’accompagnent. (15)

Ceci est révélateur que ce qui se passe dans la péninsule coréenne est très grave, et le problème est que seules quelques voix s’élèvent pour avertir du danger d’une guerre nucléaire. Il y a une menace qui pèse sur le monde sinon pourquoi cette rhétorique guerrière, ce rendez-vous historique du 12 juin, entouré d’un flou entretenu, avec ce « j’y vais j’y vais pas » de Trump qui est très compréhensible parce que le président sait qu’il joue « une partie d’un poker menteur. »

Un poker menteur aux surenchères belliqueuses. Une guerre aurait des conséquences désastreuses et entraînerait les protagonistes dans une aventure incertaine aux conséquences incalculables. Les deux camps savent que ce serait le pire des scénarios. De l’avis de tous les experts, la Corée du Nord n’a aucun intérêt à partir en guerre, comme l’explique Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique. Face à la Corée du Sud, au Japon et aux États-Unis, « elle ne pourrait pas faire face seule aux capacités militaires de ces trois pays ».

De plus, Kim Jong-un n’a pas annoncé de mobilisation militaire. C’est bientôt la saison des récoltes et comme le rappelle Joe Bermudez, analyste pour le site 38North, il ne peut pas se permette de vider, en cette période, ses usines et ses champs au risque de déclencher une famine pour son peuple.

La Maison Blanche de son côté ne semble pas encline à déclencher une guerre. Le ministre de la Défense James Mattis s’est exprimé à plusieurs reprises, comme pour apaiser les propos de son président, rappelant que « la guerre est une tragédie bien assez connue, il n’y a pas besoin de faire un dessin, cela serait catastrophique », rajoutant que toute intervention armée (à propos de frappes préventives) entraînerait de la part de Pyongyang des conséquences difficiles à imaginer précisément, mais à la gravité certaine « d’un niveau inédit depuis 1953 », c’est-à-dire depuis la fin de la guerre de Corée. » (16)

La réponse du ministre de la Défense américain James Mattis est claire. Une guerre serait catastrophique pour l’ensemble du monde. Il n’y a pas besoin de faire un dessin. Ce qu’on peut dire est que la paix mondiale est réellement prise en « otage » dans ce « poker menteur aux surenchères belliqueuses. »

  1. Scénario catastrophe : Une guerre nucléaire USA-Corée du Nord qui s’étend à la Russie, à la Chine et à l’Europe ?

Non, il faut faire un dessin. Que se passera-t-il si une guerre venait à éclater entre les États-Unis et la Corée du Nord ? Tout d’abord, pour répondre, résumons très brièvement la position des trois puissances du monde. La Russie, en premier. Non seulement, elle renaît sur les cendres de l’ex-Union soviétique, mais depuis 2014, avec l’annexion de la Crimée, et en 2015, elle a bouleversé totalement les donnes en changeant le rapport des forces au Moyen-Orient. Avec l’Iran, la Syrie, le Hezbollah, et même la Turquie qui est pourtant un allié important pour les États-Unis, et membre de l’OTAN, a rallié cet axe pour ne pas se trouver évincé de la région moyen-orientale. Donc la Russie marque des points coup sur coup.

Pour la Chine, devenue deuxième puissance économique du monde, le temps est venu pour s’imposer sur la scène mondiale. Comme le déploiement d’armements de guerre sur les îles contestées de Spratleys en mer de Chine. Les avancées de la Russie en Ukraine et au Moyen-Orient lui permettent aussi de son côté, par mimétisme, de s’imposer dans la crise nucléaire nord-coréenne. Et la péninsule coréenne pour la Chine sur le plan de l’évaluation géostratégique mondiale revêt plus d’importance que « l’annexion de la Crimée et le changement de rapport de force au profit de la Russie » réunis. Comme nous l’avons souligné, si les États-Unis reculent et quittent la Corée du Sud, la Chine aura alors toute liberté pour transformer l’Asie et étendre son influence sur le monde.

Pour les États-Unis, c’est l’érosion de leur suprématie militaire. Mise à mal par les guerres lancées par Bush junior, le désastre en Irak (2003-2011), l’évacuation des contingents américains d’Irak, le 31 décembre 2011, un deuxième désastre en Ukraine en 2014 avec l’annexion de la Crimée – le gendarme du monde ne put s’opposer à cette annexion – , un troisième désastre en 2015-2017, au Moyen-Orient, avec la perte d’influence presque totale en Syrie et en Irak, et enfin un quatrième désastre avec la crise nucléaire de la Corée du Nord, en 2017. La Corée du Nord menace les États-Unis de « guerre nucléaire ».

Sur la place principale de Pyongyang, samedi, Choe Ryong-hae, un proche conseiller de Kim Jong-un, s’est adressé à la foule et a réitéré son avertissement à Washington : « Si les États-Unis mènent une provocation imprudente contre nous, notre pouvoir révolutionnaire répliquera dans l’instant par une frappe destructrice et nous répondrons à la guerre totale par la guerre totale et à la guerre nucléaire par notre style de guerre nucléaire. » (17)

Donc tout est dit sur la puissance militaire américaine. Confrontés aux « menaces croissantes » de la part de la Chine et de la Russie, qui cherchent à créer un monde conforme à leurs modèles autoritaires, pour la Chine étendre leur hégémonie aux pays d’Asie, pour la Russie, par nostalgie, revenir indirectement au système qui a prévalu en regagnant l’influence de l’ex-puissance soviétique, les États-Unis n’arrivent pas à trouver une réponse pour arrêter cette perte d’hégémonie. Même s’ils adoptent une nouvelle stratégie, les États-Unis savent qu’ils peuvent être surclassés surtout avec la Chine. On comprend cette navigation à vue sans réel plan de riposte face à leurs deux adversaires. Comme par exemple, le « retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien. » Ou la « reconnaissance de Jérusalem, capitale d’Israël. » Ou encore le « First america » de Donald Trump pour regagner la grandeur de l’Amérique. Ce qui est difficile compte tenu que « le monde évolue à somme nulle. » Si un pays perd, l’autre pays gagne, mais cela évolue, le perdant peut être à nouveau gagnant, mais il n’empêche que le gagnant a déjà gagné. Et c’est cela qui est compliqué, l’histoire ne peut retourner en arrière. Donc perdant et gagnant sont à relativiser au regard de l’histoire. Et de là, on peut déduire que si la Russie et la Chine ont gagné, ces deux pays n’ont pas tout gagné, comme les États-Unis ont certes perdu, mais ils n’ont pas tout perdu. Mais une chose est certaine, c’est qu’ils ont tous « augmenté » en pertes ou en gains.

Ceci étant, revenons à la crise nucléaire de la Corée du Nord, et au rendez-vous du 12 juin 2018. Considérons que les États-Unis auront fait très peu de concessions et c’est normal, ils ne veulent pas perdre. Sauf à ouvrir tous les moyens économiques et financiers pour ramener le niveau économique en quelques années à celui de la Corée du Nord en échange d’une « dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible ». Comme on l’a dit, cette exigence unilatérale est non seulement irrecevable mais « irréaliste » compte tenu des enjeux que renferme la péninsule coréenne dans le partage de la puissance du monde. Il est indéniable que la Corée du Nord refusera les conditions américaines. Sauf bien entendu, si les États-Unis font autant en Corée du Sud. Une « péninsule coréenne dénucléarisée » va inévitablement vers la « réunification ». Dès lors, la protection de la Corée du Sud par le parapluie nucléaire américain n’étant plus nécessaire, les États-Unis seront forcés d’opérer le retrait de leurs forces de la péninsule. Ce que les États-Unis n’accepteront pas pour des considérations géostratégiques et certainement avec l’assentiment de la Corée du Sud. Cette dernière ne veut pas se transformer en Hong-Kong 2.

Après le rendez-vous du 12 juin 2018, la situation va néanmoins s’apaiser puisque probablement la rencontre Trump-Kim va se passer bien et le contact poli entre les deux présidents coréen et américain se passera aussi bien. Il est évident que les contacts diplomatiques entre les États-Unis/Corée du Nord d’une part, et les deux Corées d’autre part, ne seront pas coupés. Il y aura des hauts et des bas dans les tractations diplomatiques, pendant un temps plus ou moins long dont on ne peut savoir la durée selon les offres que chaque partie aura à mettre encore sur la table pour résoudre la crise nucléaire nord-coréenne. Cela pourrait demeurer des mois, un an, deux ans…. mais viendra un temps où tout viendra à s’épuiser, les attentes n’ont pas apporté ce pourquoi la Corée du Nord avait aspiré. Et c’est alors de nouveau l’« impasse ».

La réponse va venir de la Corée du Nord. Elle reprendra ses tests nucléaires et balistiques. De nouveau la pression des sanctions internationales. Mais c’est toujours l’« impasse », et cette situation ne peut demeurer dans l’état. Les menaces ne peuvent durer indéfiniment. Et il n’y a pas de sortie de crise. Supposons comme a craint Dominique de Villepin ou le pape François un « accident » qui va changer complètement les donnes. Pour rappel, l’« accident » de l’histoire de 1914 que fut l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois et son épouse a changé le cours de l’histoire. La mort de l’héritier de l’Empire Autriche-Hongrie a provoqué la Première Guerre mondiale, et mit fin aussi à cet Empire, et aussi à l’Empire allemand et l’Empire ottoman. Ces accidents relèvent des impondérables que ne commande pas l’homme. On peut encore citer la mort du marchand ambulant tunisien Mohamed Bouazizi qui déclencha le « Printemps arabe ». L’histoire donc est pleine d’accidents historiques qui ont changé le cours de l’humanité.

Supposons que lors d’un test missile nord-coréen, au cours du survol, un accident se produise. Le missile tombe sur une agglomération habitée du Japon, et entraîne des destructions et des pertes de vies humaines. Que va-t-il se passer ? Tout porte à croire qu’il serait vu comme une « provocation », un « acte agressif. » Et par des accords de défense mutuelle, les États-Unis et le Japon vont réagir. Et c’est le début du déclenchement d’une spirale infernale. Que vont faire les États-Unis ? Il faut souligner que seuls les États-Unis sont sous la menace nucléaire nord-coréenne alors que ni la Russie ni la Chine ne sont concernées. De plus, c’est une nouvelle situation à laquelle ils n’ont jamais été confrontés. Ce n’est pas comme avec la Chine et la Russie où la dissuasion nucléaire joue comme facteur de paix.

Par conséquent, pour à la fois montrer leur fermeté que la « provocation » ayant touché un pays allié ne sera pas impunie du fait que la Corée du Nord n’a pas respecté l’espace aérien du Japon et a entraîné « destructions et mort d’hommes » et profiter de cet événement pour détruire les arsenaux nucléaires nord-coréens qui mettent en danger leur territoire, les États-Unis vont riposter par une offensive massive. Les États-Unis n’emploieraient que des armes conventionnelles mais qui seront extrêmement destructrices. Il est clair qu’elles ne viseront que les points stratégiques où sont conservées les armes nucléaires, les sites de production d’armements nucléaires, les missiles balistiques.

La Corée du Nord va riposter en visant toutes les bases américaines en Asie, et n’utilisera que des armes conventionnelles. On peut penser qu’elle évitera de s’en prendre à la Corée du Sud, mais uniquement les points où sont implantées les bases américaines. D’autant plus que si la capitale sud-coréenne Séoul qui se trouve à 50 kms de la frontière est bombardée, Pyongyang serait aussi bombardé. Et les plans de riposte sont certainement préparés et prêts à l’exécution. Comme d’ailleurs les plans offensifs américains. Les destructions massives en Corée du Nord opérées par l’aviation américaine et les attaques missiles poseront un problème de riposte à la Corée du Nord.

Cependant, avec la formidable puissance militaire américaine, ses bases dans le Pacifique (Corée du Sud, Japon), ses groupes aéronavals (flotte de surface et sous-marines), les États-Unis vont submerger la Corée du Nord par les destructions opérés sur son territoire. La Corée du Nord n’a aucune chance pour contenir l’offensive aérienne des États-Unis dont le souci de l’état-major américain est de mettre à tout prix à genoux la Corée du Nord. L’objectif suprême pour Washington est le démantèlement de l’arsenal nucléaire nord-coréen. Et la guerre ayant commencé, pour les États-Unis, les bombardements ne cesseront que lorsque la Corée du Nord décidera de négocier la fin des attaques contre « un contrôle et une dénucléarisation complète, vérifiable, et irréversible de tous les armements nucléaires et balistiques qu’elle détient », comme les États-Unis l’ont toujours exigé.

La Chine et la Russie pourraient-ils s’interposer entre les États-Unis et la Corée du Nord dans cette guerre ? D’emblée peut-on répondre : « ils n’ont aucun moyen de s’interposer sauf à provoquer une Troisième guerre mondiale. » Ce qu’ils ne voudront jamais. Le régime chinois risquera-t-il la destruction de villes chinoises dont Pékin, la capitale, peuplée de plus de 21 millions de pékinois, pour sauver la Corée du Nord. De même pour le régime russe, acceptera-t-il la destruction de villes russes dont Moscou, la capitale, peuplée de plus de 12 millions de moscovites, pour sauver la Corée du Nord. Quant aux États-Unis, ils ne pourraient plus reculer. Ils sont obligés d’aller jusqu’au bout pour détruire cette « épée de Damoclès nucléaire nord-coréenne » suspendue sur leur territoire. Par conséquent, ni la Chine ni la Russie qui ne sont pas menacés directement par un pays dotés de l’arme nucléaire ne le voudront.

Il faut se rappeler les déclarations citées par KCNA. « Très en verve, le porte-parole cité par KCNA a également promis aux États-Unis de les « annihiler », de les « réduire en cendres » et de les « plonger dans les ténèbres ». Les alliés asiatiques du pays de Donald Trump ont également eu droit à leur scénario catastrophe : « Les quatre îles de l’archipel (japonais) doivent être coulées à l’aide d’une bombe nucléaire » a continué le porte-parole, estimant que l’existence du Japon n’était plus « nécessaire » à proximité de la Corée du Nord. Quant à la Corée du Sud, elle devrait simplement être « balayée par le feu », selon ce même porte-parole. » (18)

Les États-Unis vont donc mettre toutes leurs forces pour annihiler définitivement la puissance nucléaire de la Corée du Nord. Confrontée à cette situation d’annihilation et ne comptant plus sur l’aide de la Russie et de la Chine, la Corée du Nord va compter que sur soi. Et comme les USA ont décidé d’en finir avec le régime nord-coréen, et les Nord-Coréens ne voudraient pas se rendre comme l’a fait le Japon en 1945, en capitulant sans condition, après Hiroshima et Nagasaki, la Corée du Nord va passer à une offensive nucléaire. Elle n’aura pas d’autre alternative que de faire appel à ses arsenaux nucléaires. Ses missiles nucléaires de courte, moyenne et longue portée étant soit cachées soit mobile jamais sur place, leur usage va changer complètement le cours de la guerre.

On peut penser que les premières cibles pour la Corée du Nord seront essentiellement les bases militaires en Corée du Sud, au Japon (Okinawa), l’île de Guam… Des destructions et pertes humaines considérables résulteront auxquelles répondra immédiatement une riposte nucléaire américaine tout aussi massive sur des points de regroupements militaires. La situation nouvelle qui se pose tant pour les États-Unis que pour la Corée du Nord est que non seulement le Conseil de sécurité ne peut plus rien dans la résolution du conflit, puisqu’il n’a pu arrêter la première phase de la guerre qui était conventionnelle, mais que l’issue du conflit dépendra essentiellement des États-Unis et surtout de la Corée du Nord pour mettre fin à ce début de conflit nucléaire.

Pourquoi surtout la Corée du Nord ? La réponse vient d’elle-même, les États-Unis voudront éliminer à tout prix l’« épée de Damoclès nucléaire nord-coréenne » qui pèse sur leur territoire. Pour eux, négocier l’arrêt de la guerre ne passe que si la Corée du Nord s’engage à prendre des mesures totales, vérifiables et irréversibles en vue de l’abandon de ses armes nucléaires. Donc le cours de la guerre dépend essentiellement de la décision de la Corée du Nord. Si la Corée du Nord s’engage à détruire ses arsenaux nucléaires ainsi que les sites où s’effectuent ses essais nucléaires et balistiques et à accepter toutes les inspections américaines ou internationales, la guerre nucléaire déclenchée par la Corée du Nord s’arrêtera de facto.

Si la Corée du Nord refuse, la guerre nucléaire se poursuivra. Et on peut penser qu’avec l’usage d’armes nucléaires, et les destructions opérées par les États-Unis et la Corée du Nord ont dépassé toute mesure. La Corée du Nord, sous la pression américaine, pourrait utiliser les missiles intercontinentaux pour s’attaquer aux villes américaines comme elle avait menacé de le faire. Et c’est là le risque que la guerre va monter au cran extrême. Ce qu’on a appelé une « Guerre Nucléaire Graduée Équilibrée » qui va entraîner toutes les grandes puissances et les pays alliés dans la guerre.

Avec une panoplie d’armes nucléaires (bombe A et bombe H) et les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), ayant une portée de plus de 13 000 km, pouvant toucher tout le territoire américain, la Corée du Nord pourrait cibler une petite ville de moindre importance où se trouvent des bases militaires importantes. Et si la cible est touchée, alors c’est un embrasement graduel qui va être enclenché. Toute ville américaine détruite sera suivie d’une ville coréenne détruite, et selon l’importance de chaque ville. Le Japon sera touché notamment Okinawa où se trouvent les bases américaines. L’île de Guam qui abrite des bases américaines.

Si les bombardements américains se poursuivent sans arrêt avec des armes tactiques nucléaires de quelques kilotonnes de TNT et de moyenne puissance sur la Corée du Nord, il y a le risque que la Corée d Nord qui ne détient que quelques dizaines de bombes qu’elle s’attaque à la capitale américaine. Si Washington est touché par un missile balistique intercontinental (ICBM), alors la guerre va prendre un ordre de dimension totalement nouveau. Ce sera alors la guerre des capitales.

Toujours dans le cadre d’une Guerre Nucléaire Graduelle Équilibrée, la capitale nord-coréenne, Pyongyang, sera touchée par un missile nucléaire. À son tour, la Corée du Nord en représailles cible par une attaque nucléaire la capitale sud-coréenne, Séoul, et japonaise, Tokyo. Et il faut souligner que la Corée du Nord n’a pas besoin de centaines de missiles nucléaires, une dizaine ou deux suffiront pour provoquer des destructions apocalyptiques aux États-Unis et à ses alliés.

Au total, on aurait quatre capitales – Washington, Pyongyang, Séoul, Tokyo – frappées par des missiles nucléaires, et plusieurs villes détruites, en particulier en Corée du Nord qui va recevoir le poids le plus lourd de destructions et de pertes humaines qui se chiffreront par millions de morts. Pour ces seuls pays, les deux Corées, le Japon et les États-Unis, en plus des villes et capitales détruites, des dizaines de millions d’êtres humains périront dans les heures ou les jours qui suivent.

Que se passera-t-il pour le reste du monde, en particulier pour les autres puissances nucléaires ? Si l’Inde et le Pakistan se trouveront à l’écart, en revanche la Russie et la Chine se trouveront dans le viseur des Américains qui estimeront que ces deux puissances n’ont pas joué franc jeu dans ce « poker mondial. » Considérant que s’ils acceptaient la destruction de leurs villes et de leur capitale, Washington, et arrêter la guerre, après avoir détruit la Corée du Nord, ils seront les grands perdant, et donc sortiront très affaiblis de cette guerre qui aura des conséquences considérables dans leurs rapports avec les autres puissances, les États-Unis décident pour « équilibrer les pertes » de frapper à nouveau, et, cette fois, ils visent Pékin et Moscou, capitales de la Chine et de la Russie.

Le coup est calculé. Les Américains savent que ce sont eux et leurs alliés et bien sûr la Corée du Nord qui ont souffert le plus de cette guerre, la Russie et la Chine, frappées à leur tour, hésiteront de procéder à une riposte contre les États-Unis. Russes et Chinois savent que s’ils répliquent, et détruisent des villes américaines, eux aussi vont voir, par exemple, Saint-Pétersbourg et Shanghai détruites. Et c’est ce raisonnement qui va amener la Russie et la Chine à accepter la destruction de leurs capitales et ne pas procéder à une riposte qui ne fera qu’engendrer d’autres destructions de villes de part et d’autre. Ainsi la situation des destructions et pertes humaines est plus ou moins équilibrée.

Cependant, ils restent les puissances alliées des États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne qui n’ont pas été touchées. La Russie ou la Chine décident, en représailles de frapper leurs capitales. Considérée comme une riposte nucléaire russe ou chinoise contre les Alliés des États-Unis, et par conséquent Londres, Paris, Berlin touchés par des missiles nucléaires et donc détruites, la France et le Royaume-Uni pourront-ils riposter ? Le même raisonnement va jouer comme pour la Russie et la Chine face aux États-Unis. S’ils ripostent, ils doivent supporter les conséquences. D’autres villes en France et au Royaume-Uni seront touchées, par exemple, Birmingham, Glasgow, Lyon, Marseille. Précisément pour éviter d’autres pertes qui se compteront par millions de morts, la France et le Royaume-Uni, deux puissances nucléaires s’abstiendront de riposter.

Ainsi constate-on le paradoxe qui des pays qui n’ont pas participé au conflit nucléaire se trouvent malgré eux engagés dans le conflit avec des pertes inimaginables et surtout sans possibilité de riposte. Ce qu’on a appelé l’exigence d’une Guerre Nucléaire Graduelle Équilibrée. Il était nécessaire que toutes les puissances subissent le même sort dans le sens qu’aucune puissance ne sort indemne de cette catastrophe nucléaire. Et donc, une Troisième Guerre mondiale nucléaire graduelle, mais « non totale ».

Ce scénario-catastrophe est-il possible ? Avant de répondre à cette question, il faut signaler que l’auteur n’invente rien. Ce qu’il décrit là, il ne faut pas oublier, est un scénario extrême. Et tous les États-majors des armées de pays détenant un arsenal nucléaire ont pensé et étudié ce cas de guerre extrême. Qu’ils soient américain, russe, chinois, français, britannique, c’est une situation qui peut se poser. Leur capitale bombardée, la question qui se pose : « Que doivent-ils faire les forces armées de ces pays en pareil cas ? » Par conséquent, ils ont des plans d’état-major déjà prêt et précis pour vite répondre à la situation de guerre. C’est le job des États-majors des armées. L’auteur ici ne fait que simuler un scénario-catastrophe qui peut survenir.

Aussi revenons à la question : « Ce cas de guerre extrême est-il possible ? » On pourrait répondre à cette question autrement. La Première Guerre mondiale qui a dévasté l’Europe était-elle possible ? La Deuxième Guerre mondiale qui a dévasté le monde était-elle possible ? La destruction du World Trade Center aux États-Unis en moins d’une heure et fit plus de 6000 morts était-elle possible ? Le WTC était supposé le sanctuaire le plus protégé du monde. De même les capitales occidentales, russe, chinoise, nord-coréenne sont-elles plus protégées que l’étaient Hiroshima et Nagasaki ? Donc toute guerre est à relativiser, a fortiori nucléaire, elle peut faire les destructions les plus inimaginables. Le seul inconvénient est que le monde n’a pas fait jusque-là l’expérience d’une véritable guerre nucléaire et se sent protégé par l’existence chez chaque partie d’arsenaux nucléaires suffisant pour dissuader la guerre.

Cela est juste, mais l’homme doit tenir compte du grain de sable qui peut gripper la machine qui assure la sûreté mondiale, et cela est en rapport avec des « impondérables » que l’homme ne peut prévoir ni arrêter les conséquences qui peuvent survenir. Et c’est la raison pour laquelle, dans des conflits politiques qui peuvent provoquer une hécatombe apocalyptique à l’échelle du monde, « l’homme doit user de sagesse et ne pas se recroqueviller dans des postures qui peuvent provoquer le clash. » Et c’est aussi pourquoi nous avons proposé des décisions sages qui vont en rapport avec la crise nucléaire nord-coréenne et ses soubassements dans le « poker menteur mondial. » Car tout repose sur ses soubassements, dont les enjeux qui opposent les puissances paradoxalement déterminent l’avenir du monde.

Les points que nous avons cités sont très simples et surtout très réalistes pour résoudre la crise nucléaire de la Corée du Nord. Bien plus, elle tue à la fois l’agressivité de la Corée du Nord dans l’œuf et répond d’une manière claire aux ambitions de la Chine de mettre sous sa coupe l’Asie. Ambitions qui seraient tuer leurs régimes démocratiques, leur liberté d’expression et donc museler les peuples. Le communisme a été une nécessité pour l’histoire pour faire avancer les peuples, et cette nécessité est en train de « se terminer », d’être dépassée par une nouvelle dynamique de l’histoire. Et ceci est valable pour l’impérialisme américain.

Aussi les préconisations que nous avons faites plus haut ont tout leur sens. Les États-Unis doivent « accepter la Corée du Nord comme une puissance nucléaire. » Ils doivent « abandonner cette exigence », une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » de la Corée du Nord qui n’a pas de sens. Ils doivent éviter de pousser la Corée du Nord dans ses derniers retranchements qui n’annonceront rien de bon, qui pourraient même si elle se sentait menacée à utiliser ses armes nucléaires. Ils doivent « maintenir leurs forces de combat en Corée du Sud, comme garant de la sécurité de la Corée du Sud » et des autres pays d’Asie démocratiques. »

Ils doivent « lever toutes les sanctions internationales et Investir en Corée du Nord pour élever le niveau de vie des Nord-coréens. » Avec le temps, l’agressivité va fondre et laisser place à la confiance dans leurs relations avec l’extérieur, notamment la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis. Puisque ces trois pays vont chercher, par les investissements, la croissance économique, à apporter la prospérité, et 25 millions de Nord-coréens ne demandent que du travail, de la dignité pour vivre, et ce ne sont pas les missiles nucléaires qui leur donneront à manger, à être heureux, à rire, à se sentir libre.

Si les États-Unis ne répondent pas intelligemment à la crise nord-coréenne, ils risquent d’en payer le prix le plus grave de l’histoire. Comme d’ailleurs les autres puissances qui n’ont pas participé au conflit nucléaire. La Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ne sortiront pas indemnes d’une guerre nucléaire entre les États-Unis et la Corée du Nord.

Et cette analyse comme il a été dit en préambule, et comme l’espère l’auteur, servira à « prévenir », à « éclairer », à « réveiller » les décideurs des grandes puissances, aveuglés par leur désir maladif de domination, sur ce qu’il leur coûtera d’aller à contre-courant de l’histoire. Tel est le message que veut faire passer l’auteur dans cette analyse d’une situation extrême du monde.

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